Docteur Krystel Nyangoh Timoh, gynécologue-obstétricienne au CHU de Rennes et directrice Recherche du réseau "Endobreizh", invitée de France Bleu Armorique ce jeudi 5 octobre.
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00:00 L'invité de France Bleu Armorique, on parle ce matin d'une maladie qui prend de plus en plus d'ampleur dans le débat public,
00:07 l'endométriose. - Cette maladie touche au moins une femme sur dix qui souffre énormément pendant leur règle. Depuis
00:13 2021, un réseau de professionnels de santé s'est monté en Bretagne,
00:18 endobrèse. Nous sommes avec la directrice recherche de ce réseau, également
00:23 gynécologue obstétricienne au CHU de Rennes, également maître de conférence.
00:27 Bonjour Christelle Niangotimo. - Bonjour, merci de m'avoir invitée pour parler de l'endométriose. - Et justement, le réseau endobrèse regroupe
00:34 180 professionnels dans toute la Bretagne. Pourquoi avoir créé ce réseau ?
00:38 - Eh bien, c'est pour répondre à la demande de patients. C'est une filière de soins de prise en charge de l'endométriose
00:44 mandatée par l'ARS dans la région, en accord avec la stratégie nationale de lutte contre l'endométriose. Le but,
00:50 raccourcir le délai de prise en charge, vous le savez, sept à dix ans inadmissible, et puis proposer des soins de proximité aux patientes.
00:57 - Hier, plusieurs ministres étaient présents au CHU. Vous les avez rencontrés. Qu'est-ce que vous leur avez demandé ?
01:02 - On leur a demandé de l'aide. De l'aide pour nous aider à structurer notre parcours de soins, de l'aide pour encore mobiliser,
01:09 sensibiliser les professionnels de santé de notre région, également pour développer la recherche clinique.
01:13 - Docteur Christelle Niangotimo, directrice recherche du réseau endobrèse, pourquoi on parle encore très peu de l'endométriose aujourd'hui ?
01:21 - Eh bien, parce que l'endométriose, à beau avoir été découverte au milieu du 19e siècle,
01:25 eh bien, c'est une maladie taboue qui provoque des douleurs aux patientes pendant leurs règles. Ces douleurs ont souvent été
01:31 banalisées. Or, ce n'est absolument pas normal d'avoir des règles douloureuses. Et la douleur de la femme, eh bien, a fait l'objet, on va dire,
01:39 de... comment dire...
01:42 de compromis.
01:44 - Est-ce que vous avez parlé de compromis ? Est-ce que, justement, les femmes ont tendance elles-mêmes à
01:48 peut-être éviter ce sujet ou du moins le minimiser ?
01:53 - C'est possible, mais j'aimerais qu'on enlève ce poids qu'ont déjà les patientes.
01:57 Voilà, il y a aussi, en fait, l'anonymisation de la société. Et donc, c'est un problème de société. Et si tous ensemble on leur dit "c'est
02:03 pas normal que tu aies mal",
02:05 prends-toi en charge, eh bien, ça les aidera également à légitimer leurs symptômes.
02:10 - Alors, pour parler, vous parlez de symptômes, où en est-on justement de la recherche de cette maladie ? Est-ce qu'il y a
02:15 aujourd'hui un traitement ?
02:17 - Non, pour le moment, il faut qu'on soit tous très humbles. Les seuls traitements qu'on a sont
02:21 automatiques. Ces traitements pour arrêter les règles, les traitements pour enlever les lésions, clairement, c'est insuffisant.
02:27 Là où on doit vraiment aller encore plus loin, c'est la prise en charge de la douleur paléopénique chronique pour améliorer la qualité de vie de ces
02:34 patientes. Donc, augmenter les prises en charge douleurs dans les structures de douleurs chroniques, et puis tout ce qui a accompagnement avec les traitements
02:41 complémentaires, multimodaux,
02:43 kinésithérapie, soins de support, là on doit aller encore plus loin.
02:47 - Et l'hôpital d'Orenne fait partie des centres de référence en France sur le sujet. Est-ce que ça veut dire que vous avez
02:53 plus de moyens pour cette recherche ? Ou pas forcément, justement, je vous vois sourire.
02:57 - On espère en avoir plus. Ce qu'on peut dire, c'est qu'on est totalement mobilisés pour la prise en charge des pathologies bénignes
03:04 douloureuses de la femme, qui clairement ont été un peu négligées ces derniers siècles.
03:09 - Est-ce que vous, de votre point de vue, vous espérez justement qu'on mette ce sujet sur la table et qu'une fois pour toutes, on
03:15 banalise peut-être ce sujet ? - Tout à fait, tout à fait. Que ce soit à l'hôpital, que ce soit dans les milieux professionnels,
03:22 que ce soit dans la vie
03:24 personnelle, qu'on banalise l'endométriose pour la prendre en charge réellement. - Merci docteur Christelle Nyango-Thimot,
03:30 directrice recherche du réseau
03:33 endobrèse et gynécologue obstétricienne à l'hôpital Sud d'Orenne. Vous êtes bientôt maître de conférence. Merci d'avoir été notre invité ce matin. - Merci.