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Alors que sort le film "Napoléon" du grand réalisateur américain Ridley Scott, ce 22 novembre, en France, le journaliste de "l'Obs" François Reynaert confronte les arguments des partisans et des détracteurs de Napoléon Ier. Oui, le jeune et brillant général de la Première République française qui devint empereur a créé nombre d'institutions pérennes, mais son règne, qui a inclus notamment le rétablissement de l'esclavage, fut hautement liberticide et alourdi par d'innombrables pertes humaines. Leçon d'histoire en quatre minutes dans ce nouvel épisode de notre série "Dis, Oncle Obs".

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Transcription
00:00 Ridley Scott, le grand réalisateur américain, sort un film sur Napoléon.
00:03 Immédiatement, ça ravive de vieilles passions pour ou contre Napoléon.
00:07 On va se poser la question, peut-on être vraiment fier de Napoléon ?
00:11 Un destin exceptionnel.
00:12 Il est né en 1769 en Corse, dans une petite famille de vieilles noblesses désargentées.
00:17 La Révolution française est en guerre contre toute l'Europe.
00:19 Et il décide de se faire un destin dans l'armée.
00:21 C'est un grand stratège.
00:22 Il devient un général adulé par tout le monde.
00:24 Il est tellement populaire que le gouvernement à Paris, qu'on appelle le Directoire,
00:28 décide de l'éloigner.
00:29 On va l'envoyer en disant "tu vas les conquérir l'Egypte".
00:31 Alors sur le terrain, c'est pas très brillant l'Egypte,
00:33 mais il a un tel sens de la propagande, de la publicité.
00:36 Et quand il revient en France, il est le plus populaire des généraux français.
00:39 Il décide que désormais le pouvoir va lui revenir.
00:42 Il va faire un coup d'État.
00:43 Il se fait nommer consul.
00:44 Il décide de monter un cran au-dessus.
00:46 Et là, il se fait sacrer empereur.
00:48 Il continue ses conquêtes.
00:49 Et en 1812, il va aller contre l'ennemi le plus vaste, qui est la Russie.
00:54 Et c'est pour Napoléon le commencement de la fin, comme on dit.
00:58 Il y a le pire des généraux face à lui, qu'on appelle le général hiver.
01:01 Napoléon est obligé de revenir.
01:03 C'est la déroute, la défaite, la retraite de Russie.
01:06 Il rentre en France.
01:07 Et là, les ennemis de la France se reprennent, réussissent à le battre.
01:10 Et lui, on décide de lui donner un petit hochet.
01:13 On l'envoie comme roi de l'île d'Elbe.
01:14 Oui, il n'aime pas être dans l'île d'Elbe.
01:16 C'est tout petit, c'est en face de l'Italie.
01:17 Qu'est-ce qu'il fait là ?
01:18 Réussi à revenir en mars 1815, pour 100 jours.
01:21 C'est le baroud d'honneur.
01:22 Il dit, ça y est, je vais reconquérir l'Europe.
01:24 Il repart à la bataille.
01:25 Et puis là, dans ce qu'est aujourd'hui la Belgique,
01:27 la célèbre ville de Waterloo, le 18 juin 1815, il est vaincu.
01:31 Les Anglais décident d'en finir avec Napoléon.
01:34 On le prend, on le met dans un bateau et on l'envoie dans une île
01:36 qui est au milieu de l'Atlantique et qui s'appelle l'île de Saint-Hélène,
01:40 là où il meurt en 1821.
01:42 Bâtisseur ou dictateur ?
01:44 Les défenseurs de Napoléon disent,
01:46 mais c'est quand même l'homme qui a ramené la paix en France.
01:48 Pendant la Révolution française, le pays était très divisé,
01:51 en particulier entre les gens qui étaient pour la République
01:53 et qui étaient contre l'Église catholique
01:55 et les catholiques qui étaient contre la République.
01:58 Eh bien lui, quand il arrive au pouvoir, il signe un concordat avec le pape.
02:01 Ça veut dire qu'il fait une entente avec l'Église catholique
02:03 et il recrée la paix à l'intérieur.
02:05 Donc, au moins, on ne se tue plus entre Français grâce à Napoléon.
02:08 Et puis surtout, Napoléon, c'est l'homme qui a bâti l'État.
02:11 Il a donné des institutions qui sont tellement puissantes qu'elles existent toujours.
02:15 Dans un discours, il a dit qu'il voulait donner à la France
02:17 un socle sur des masses de granit, tellement c'est solide.
02:20 Eh bien, ces masses de granit, c'est le code civil, les lycées,
02:23 la Légion d'honneur, la Cour des comptes.
02:25 Oui, disent les opposants à Napoléon,
02:28 mais à quel prix il a fait tout ça ?
02:29 Au prix de nos libertés.
02:31 La Révolution française, elle avait aboli l'esclavage
02:34 qui existait dans les colonies, en particulier aux Antilles.
02:37 Eh bien lui, quand il arrive au pouvoir, il rétablit l'esclavage.
02:40 Et puis, par ailleurs, la France est baïonnée.
02:42 Il n'y a pas de presse d'opposition, il n'y a pas de partis d'opposition.
02:45 Tout le monde doit être dans le sens de l'empereur.
02:47 Il fait rédiger ce qu'on appelle le "catechisme impérial",
02:49 un livre qui sert aux enfants pour apprendre la religion.
02:52 Eh bien, quand on apprend la religion à cette époque-là,
02:54 on doit aussi apprendre qu'il faut obéissance à l'empereur.
02:57 Et puis, par ailleurs, dans la France napoléonienne,
03:00 il y a officiellement des élections, ce qu'on appelle des plébiscites,
03:03 c'est-à-dire qu'ils posent des questions, est-ce que vous êtes pour ou contre ça ?
03:06 Mais ces élections sont truquées, elles se font à livre ouvert,
03:09 il n'y a pas de bulletin secret.
03:10 Donc, évidemment, si on vote contre lui,
03:11 on va être embêté par la police de Napoléon.
03:13 Donc, Napoléon, c'est un bâtisseur d'État, mais c'est aussi un dictateur,
03:17 un conquérant qu'on appelle aussi un ogre.
03:19 Il y a eu beaucoup de victoires de Napoléon, la plus célèbre, c'est Austerlitz.
03:23 Là, il se bat contre les Autrichiens et les Russes.
03:26 L'armée française est moins importante,
03:27 il réussit à écraser en une journée les deux plus puissantes armées qui sont face à lui.
03:32 Des victoires de Napoléon, il y en a plein d'autres.
03:34 Les grandes avenues de Paris, elle les chante encore,
03:36 l'avenue d'Hiena, l'avenue de Friedland ou bien l'Arc de Triomphe.
03:39 Mais, répondent les détracteurs de Napoléon,
03:41 après sa défaite de Russie, il a commencé à tout perdre.
03:43 Si vous regardez la carte de la France avant l'arrivée de Bonaparte ou de Napoléon,
03:48 elle est plus grande, elle ne devient en 1815.
03:51 Et puis, l'autre chose, c'est de voir à quel coup humain ont été faites toutes ces victoires.
03:56 À la fin de son règne, on l'appelait l'ogre parce qu'il y avait tellement plus de soldats
04:00 pour aller dans l'armée qu'on prenait des garçons de plus en plus jeunes,
04:02 des garçons de 16 ou 17 ans.
04:04 Napoléon, il n'avait rien à faire de la vie humaine.
04:07 On dit qu'il a dit un jour, sur une bataille, il y avait des cadavres partout,
04:10 "Une nuit de Paris repeuplera tout ça".
04:12 Ça voulait dire, on fera l'amour, on aura de nouveaux bébés.
04:14 Vous vous rendez compte de ce que ça représente comme mépris de la vie humaine.
04:17 Le pire, ça a été la campagne de Russie 1812.
04:20 Là, il est parti avec ce qu'on appelait la Grande Armée.
04:22 C'est 400 000 hommes.
04:24 Le retour, la retraite de Russie, il reste 40 000 hommes.
04:27 Il y en a 1 sur 10 qui sont rentrés et 9 sur 10 qui sont morts.
04:31 Ils sont morts pourquoi ?
04:32 Pour la seule gloire de Napoléon, c'est cher payé.
04:34 [Musique]

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