Etienne Davodeau signe une BD où le fleuve est un personnage à part entière... Il explique ici comme il s'y est pris pour la dessiner, il raconte l'histoire, dessine le héros de son enfance, et nous donne les 4 références qui l'ont construit.
ITW : Anne Douhaire
Image et son : Didier Mariani et Maxime Soulard
Montage : Maxime Soulard
Plus de BD sur France Inter :
https://www.radiofrance.fr/arts-divertissements/bd-manga/bandes-dessinees
Plus de leçons de dessin : https://www.youtube.com/playlist?list=PL43OynbWaTMLSUzMpmqwuKcJNbTeC5GhD
ITW : Anne Douhaire
Image et son : Didier Mariani et Maxime Soulard
Montage : Maxime Soulard
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00:00 Bonjour, je suis Etienne Davodot et je suis sur France Inter.
00:03 Le personnage principal de Loire, de mon point de vue, c'est la Loire.
00:12 Mais il n'empêche qu'en tant que personnage réel,
00:14 je vais vous dessiner celui qui ouvre le récit et qui le ferme,
00:20 que j'ai baptisé Louis.
00:22 Louis, c'est un cas exagénaire et qui un jour reçoit une invitation
00:29 qui le trouble un peu.
00:30 C'est la femme avec laquelle il a vécu au bord du fleuve il y a 25 ou 30 ans
00:34 et qui lui propose de revenir.
00:35 Donc ce personnage que je suis en train de vous dessiner,
00:38 c'est ce personnage qui fait un retour.
00:40 La particularité de ce personnage-là et de tous les autres de ce livre,
00:44 c'est que contrairement à ce que je fais souvent,
00:45 je ne donne pas accès à la personne qui va lire le livre à sa biographie.
00:49 On ne sait pas quel est son métier, on ne sait pas s'il a une famille,
00:51 on ne sait pas d'où il vient.
00:52 C'est même les personnages eux-mêmes qui décident de ne pas parler d'eux
00:54 puisqu'ils sont venus pour parler d'autre chose.
00:56 Et donc on ne sait rien de tous ces gens-là.
00:59 Je vous présente donc Louis, dont vous ne saurez pas grand-chose de plus,
01:02 pour l'instant en tout cas.
01:03 Mon livre Loire, c'est la tentative d'un portrait d'un fleuve en bande dessinée.
01:08 Donc j'ai imaginé des personnages comme Louis
01:11 qui ont vécu il y a très longtemps au bord de la Loire,
01:14 une belle histoire d'amour avec une femme qui,
01:16 20, 30 ans après, les invite à nouveau à revenir.
01:19 Et donc ils sont très intrigués.
01:20 Louis revient au bord de la Loire,
01:21 revoit Agathe si longtemps après.
01:24 Agathe n'est pas là et là l'histoire s'ouvre sur autre chose
01:26 puisque ces personnes qui reviennent au bord du fleuve
01:28 se retrouvent disponibles, vacants à autre chose.
01:31 Et là, Loire va prendre toute sa place.
01:33 Je pense que Gaston Lagaffe est un personnage un peu subversif.
01:38 On ne s'en rend pas forcément compte parce qu'il est très connu,
01:40 que c'est de l'humour, que c'est du gag.
01:42 Mais je crois que dans sa façon de mettre en scène
01:45 ce personnage un peu fainéasse qui refuse le travail,
01:48 je pense que Franquin a semé des petites choses
01:50 qui, sous couvert de l'humour, passent un peu inaperçues.
01:52 Et c'est pour ça que je crois que Gaston Lagaffe
01:54 a fait partie de ces personnages qui laissent penser
01:57 à un jeune lecteur qui a peut-être un peu plus
01:59 que la simple histoire qu'on nous raconte.
02:01 Son rapport à l'autorité, son rapport au travail,
02:03 son rapport à l'écologie même dans les derniers tomes de Gaston Lagaffe,
02:06 ça fait que j'ai gardé pour lui
02:09 une sorte d'affection un peu particulière.
02:11 Je me fous totalement que soient reprises des séries
02:14 comme Astérix ou Cortomaltès.
02:16 Et quand j'apprends que la série Gaston Lagaffe est reprise,
02:19 ça m'emmerde un peu et ça m'agace un peu.
02:23 Ma première référence, ce sera Jacques Tardy.
02:26 Il fait en bande dessinée ce qu'on n'a pas fait ailleurs.
02:29 La proximité, la souci de la documentation,
02:32 la précision narrative, la puissance du dessin
02:35 font que ces livres-là sont des livres majeurs
02:37 toutes catégories.
02:38 Pour comprendre un peu ce qu'est l'enfer de La Guerre des Tranchées,
02:41 il faut lire les livres de Jacques Tardy.
02:43 Ma deuxième référence, ce sera,
02:46 pas en bande dessinée mais en polar,
02:49 Jean-Patrick Manchette,
02:51 qui a écrit dans la série Noire tout un nombre de polar.
02:54 Dont Tardy, d'ailleurs, a adapté quelques-uns en bande dessinée.
02:57 C'est le polar à son meilleur.
02:59 C'est aussi intéressant pour moi parce qu'on catégorise beaucoup les choses.
03:02 Il y a le polar, il y a les littératures blanches.
03:04 Manchette, c'est quelqu'un qui est entre les deux.
03:06 Il fait réellement du polar.
03:07 Et en même temps, ses livres sont d'une qualité littéraire
03:10 qui fait que je les relis sans me lasser.
03:12 J'ai une petite passion pour le cinéma britannique
03:15 et en particulier pour le meilleur réalisateur,
03:17 à mes yeux, de cette branche du cinéma.
03:19 C'est Ken Loach, évidemment.
03:20 J'aime chez Ken Loach sa faculté de mettre en scène
03:25 des gens modestes, des ouvriers, des chômeurs,
03:27 des gens qui ont subi la politique de Thatcher
03:31 et de ses suivants en pleine gueule
03:33 et qui gardent malgré tout une énergie, une humanité, un humour
03:36 qui fait que ces films sont extrêmement réconfortants
03:41 et à la fois ils nous mettent en colère.
03:42 Et presque tous ces films fonctionnent là-dessus.
03:45 Quand j'ai eu 12-13 ans, on m'a offert plein de disques de Brassens.
03:48 Et à 12-13 ans, Brassens, en tout cas moi, à Brassens, on s'en fout.
03:51 Et puis j'y suis revenu un peu plus tard
03:54 après avoir lu un texte de Jacques Brel
03:56 qui disait que Brassens, c'était des préoccupations d'adultes.
03:58 Et donc j'ai été retourné une fois adulte.
04:00 Et depuis, Brassens ne me lâche plus.
04:02 Et puis j'ai eu la chance, un jour,
04:04 de pouvoir adapter le seul roman que Brassens a écrit
04:06 qui s'appelle La Tour des Miracles.
04:07 J'ai fait ça avec mon camarade David Prudhomme
04:09 et ça a été une façon assez magique
04:11 d'approcher au plus près l'univers de Brassens
04:14 puisqu'on a mis en image son texte
04:16 qui était assez inconnu à l'époque
04:18 et qui est d'ailleurs toujours assez discrètement présent en librairie.
04:21 Mais Brassens, ça fait partie des choses
04:23 qui vont sans doute m'accompagner jusqu'à mon dernier jour.
04:25 [Musique]
04:31 [Bruit de tambour]