LA BANDE PREND LE POUVOIR - Faut-il torturer pour du jambon?

  • l’année dernière
La bande de 22H Max réagit aux maltraitances dans les élevages révélées par de nouvelles images de L214. 
Transcript
00:00 - Deuxième sujet, la bande prend le pouvoir, c'est vous qui prenez le pouvoir Pablo.
00:02 - Ah oui.
00:02 - Pour parler de cette nouvelle infiltration de l'association L214 dans un élevage, cette fois un élevage de porcs de la Marde.
00:09 On vous a pas mis des vidéos, on vous a mis quelques photos parce que c'est des scènes qui sont absolument terribles et insoutenables,
00:13 des castrations à vivre, des porcelets, pardon, mais qui sont claqués sur le béton.
00:18 Je vais arrêter là, ça provoque quoi en vous ?
00:20 - Bah c'est des images qui sont absolument immondes, insupportables.
00:25 C'est pas la première fois, hélas, que L214, cette association qui se bat pour le bien-être animal,
00:31 met en lumière ce type de pratiques dans des abattoirs, dans des entreprises et dans des usines françaises.
00:39 C'est ça qui est quand même important.
00:41 Je ne comprends pas en fait pourquoi encore aujourd'hui on en est à découvrir ce type d'images.
00:48 Alors, il y a toute une foultitude de raisons.
00:51 D'abord, il y a la responsabilité directe des gens qui pratiquent ce genre...
00:58 - Des éleveurs ?
00:59 - C'est absolument horrible.
01:00 Non mais de ces éleveurs-là qui frappent les porcelets sur le sol.
01:04 Ensuite, il y a la responsabilité des gens qui achètent, c'est-à-dire de la chaîne de distribution.
01:09 L214 parle notamment de RTA.
01:12 Moi j'attends, j'ai cherché avant de venir s'il y avait eu un communiqué de RTA.
01:17 Pour l'instant, c'est silence radio.
01:19 Peut-être que demain ils diront "Bon, effectivement on ne va plus travailler avec cette entreprise".
01:22 Mais ça pose la question de "Est-ce qu'ils connaissent véritablement l'origine de la viande qu'ils mettent dans leurs lardons et dans leurs jambons ?"
01:30 Je n'en suis pas très sûr.
01:31 Et ensuite, la troisième chose c'est "Où sont les inspecteurs du travail ?"
01:36 - Le préfet a ordonné aujourd'hui une inspection.
01:38 - Oui, c'est super.
01:39 - Après la dénonciation de L214.
01:41 - Ça ne va pas.
01:42 On n'a pas assez d'inspecteurs du travail sur le territoire français pour vérifier les conditions de travail dans les entreprises.
01:48 Je rappelle qu'on a quelques milliers d'inspecteurs du travail alors qu'il y a plus de 20 millions de salariés.
01:53 Donc il y a un ratio qui ne va pas.
01:55 C'est la même chose pour les animaux.
01:57 J'ai vu qu'au Canada, ils avaient des inspecteurs du bien-être animal.
02:00 Et que Justin Trudeau avait dit "Moi je veux qu'il y ait encore plus".
02:03 Ils en ont déjà.
02:04 Il y a déjà un groupe de gens qui s'occupent de ça.
02:07 Et il dit "Moi je veux qu'il augmente".
02:08 Nous, je ne crois pas qu'on ait des inspecteurs.
02:10 Enfin, je suis même certain qu'on n'a pas d'inspecteur du bien-être animal.
02:13 Peut-être qu'il serait temps de créer cette nouvelle catégorie de fonctionnaires.
02:17 Parce qu'en fait, on en a besoin pour éviter que des animaux subissent ce genre d'atrocité.
02:25 Il y a une chose, un verbe que vous avez employé.
02:27 C'est le verbe découvrir.
02:28 En fait, on ne découvre rien.
02:29 La question c'est de savoir est-ce qu'on a envie de voir vraiment.
02:32 Est-ce qu'on a vraiment envie de voir la manière dont ce qu'on mange est produit.
02:36 Parce que L214, ça fait des années qu'il diffuse ces vidéos-là.
02:39 Ça touche un certain nombre de Français qui ont pu modifier leur comportement alimentaire, etc.
02:44 Manger moins de viande, arrêter de manger de la viande.
02:46 Mais en réalité, l'extrême majorité.
02:48 Et je me mets dedans, parce qu'on n'a pas envie de voir ça.
02:51 Non, mais on n'est pas sur le bon débat.
02:54 La question c'est, il y a des façons d'élever, de tuer et d'abattre des animaux
03:02 qui sont beaucoup plus acceptables que ce qui se passe là.
03:07 L'article L214, justement, c'est pour ça que l'association s'appelle comme ça.
03:11 C'est un article qui reconnaît une sensibilité aux animaux.
03:15 Il y a une façon, et d'ailleurs, les paysans, les agriculteurs, les éleveurs le savent très bien.
03:21 Il y a une façon pour tuer une vache ou un porc pour qu'il souffre le moins possible.
03:27 Là, c'est fait comme des porcs.
03:29 C'est pas possible. C'est ça qui n'est pas possible.
03:32 Moi, je ne suis pas pour qu'on arrête la viande du jour au lendemain,
03:36 même si je pense qu'il faut qu'on en mange beaucoup moins.
03:39 Mais par contre, je suis pour qu'il y ait une éthique de l'élevage, de l'abattage et après de la distribution.
03:45 Qui réagit autour de la table, Christophe ?
03:47 Il faut lire le livre d'Olivia Miochiejewski qui était paru il y a quelques années
03:50 qui s'appelle "Le peuple des abattoirs" et qui montre que derrière les animaux
03:54 victimes de mauvais traitements quand ils sont abattus, parfois, pas toujours,
03:57 il y a aussi les hommes qui travaillent dans ces abattoirs.
04:00 Et tuer n'est pas un acte qui laisse intacte.
04:02 Et tuer parfois dans des conditions déplorables crée aussi du traumatisme.
04:06 En réformant les abattoirs et en améliorant la manière dont on abat les animaux,
04:10 on rendra service aussi au peuple des abattoirs.
04:12 C'était un excellent livre qui se trouve encore et que vous pouvez lire.
04:16 Ça bouge dans la société.
04:17 Beaucoup de gens arrêtent la viande aussi pour ces raisons-là,
04:20 pour ne pas être complices en bout de la chaîne alimentaire d'éventuelles exactions.
04:24 Il y a un énorme mouvement aussi du côté des agriculteurs pour revenir, si possible,
04:28 à l'abattage à la ferme que j'ai connu moi dans la ferme où j'ai en partie grandi.
04:31 C'était comme ça.
04:32 Et puis pour être exemplaire, pour montrer que la qualité du produit,
04:36 c'est aussi la qualité du traitement infligé,
04:38 parce qu'il faut bien les tuer aux animaux qu'on veut manger.
04:41 Donc, il y a encore de grandes défaillances.
04:43 Est-ce que ce que vous décrivez là est compatible avec une filière industrielle de la viande, par exemple ?
04:49 Ce n'est pas compatible avec de la viande très peu chère.
04:52 Donc, le consommateur doit accepter de payer pour que l'animal ait été bien élevé,
04:58 bien nourri et bien tué.
05:00 Évidemment, c'est difficile à dire à des gens qu'on voit voler dans les supermarchés
05:04 parce qu'ils n'arrivent plus à remplir leur caddie.
05:06 Donc, il y a une contradiction là encore.
05:08 Mais il faut que la société en soit consciente et le plus vite possible améliore collectivement ceci.
05:13 Après, si tu as 300 porcs à tuer dans la journée et qu'il n'y a que deux salariés, par exemple,
05:17 pour des questions de coût, évidemment, ça va être compliqué qu'ils fassent ça de façon correcte.
05:20 Évidemment.
05:21 Aziz.
05:22 En fait, ce qui est intéressant, c'est de voir que quand on achète une barquette de viande
05:25 qui a en effet été la plupart du temps dans un supermarché élevé dans ces conditions,
05:29 on n'a évidemment pas en tête ces images.
05:32 On refuse de les avoir.
05:33 C'est exactement ça.
05:34 On sait qu'elles existent.
05:35 On sait qu'elles existent.
05:36 Moi, je me souviens, j'ai plusieurs copains qui, pendant les vacances d'été, ont bossé là-dedans,
05:39 ont arrêté de manger de la viande, tellement ils ont été traumatisés par ce qu'ils ont vu.
05:42 Et certains ont repris parce qu'on oublie aussi.
05:44 Et on préfère oublier parce qu'on a en fait envie de manger un steak pas trop cher
05:47 parce qu'on n'a pas tant que ça d'argent.
05:50 Cette question aussi du rapport à, finalement, la mort de l'animal et à la souffrance animale,
05:55 quand elle est industrialisée de cette manière, elle est finalement extrêmement violente.
06:00 Dans les débats, bizarrement, reviennent davantage la corrida, la chasse.
06:04 Et quelque part, je trouve que quand on...
06:07 Moi, j'ai assisté par curiosité en tant que journaliste, dans des reportages, etc.
06:11 à ces deux pratiques, et j'ai vu que finalement, l'animal était bien traité.
06:15 Il y avait un art tout autour de ces pratiques.
06:17 Et il y a évidemment une violence...
06:18 On va parler de ce débat sur la corrida ce soir.
06:19 Il est glorifié en tout cas.
06:20 Non, mais ce que je veux dire...
06:21 Caron était là tout à l'heure, mais il n'est plus là.
06:23 Ce que je veux dire, c'est qu'on est face à cette mort, à cette violence.
06:26 Oui, il y a du sang.
06:27 C'est une réalité.
06:28 Mais tout ça est codifié.
06:30 Et c'est... comment dire ?
06:32 À la fin, on va manger un animal qu'on a chassé.
06:35 Et on n'a pas tué 300 porcs dans la journée de manière ultra-industrielle.
06:39 Oui, après, il va y avoir d'autres problèmes.
06:41 Si on va chasser des animaux qui ont été élevés précisément pour être chassés,
06:43 c'est aussi d'autres problèmes.
06:44 Bien sûr, mais alors il y a une chasse éthique qui se développe.
06:46 Le débat ne porte pas sur la chasse, mais le débat porte vraiment sur notre rapport à la mort,
06:50 sur notre façon de consommer et de voir l'animal.
06:52 Moi, effectivement, je trouve que la question qui se pose, c'est aussi la pédagogie qu'on va faire
06:59 pour faire en sorte que le consommateur consomme mieux, moins peut-être, mais mieux.
07:05 Et pour qu'on puisse arrêter de voir ce genre d'image,
07:08 je pense que si chacun, chez soi dans son caddie,
07:11 choisit de prendre moins de viande, RTA par exemple, moins cher, mais en tout cas...
07:15 Qui mange moins de viande autour de la table ?
07:17 Moi.
07:18 Beaucoup moins ?
07:19 J'essaie, j'ai fait le maximum.
07:20 On me dit "moins dans l'oreillette venue de la régie", mais on ne vous voit pas en régie.
07:24 On ne vous voit pas.
07:26 Christophe, non ?
07:27 Moins, un peu moins, j'ai l'impression.
07:28 J'ai l'impression, en tout cas, j'ai cette démarche.
07:31 C'est plus du tout obligatoire dans mon repas, alors que lorsque j'étais petit,
07:35 ma mère me mettait des enfants.
07:36 Matin, midi et soir.
07:37 Exactement, et maintenant, ce n'est plus du tout obligatoire.
07:39 Je me vends par semaine.

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