• l’année dernière
Les députés examinent en séance publique un projet de loi pour mieux réguler le numérique. Le texte, adopté en commission spéciale, contient une série de mesures comme un filtre anti-arnaques, la lutte contre les deepfakes, le bannissement des réseaux sociaux pour les cyber-harceleurs, ou encore le blocage quasi-instantané de certains sites au nom de la protection des mineurs. "Ce texte a un fil rouge, celui de la protection des Français dans l'espace numérique", avait indiqué le ministre en préambule de son audition le 19 septembre. Une séance à revivre sur LCP Assemblée nationale.

Category

🗞
News
Transcription
00:00:00 La parole est à Monsieur Jean-Noël Barrault,
00:00:02 ministre délégué chargé du Numérique.
00:00:04 Madame la Présidente, Monsieur le Président de la Commission
00:00:20 spéciale, Monsieur le Rapporteur général,
00:00:22 Madame la Rapporteure, Mesdames et Messieurs les députés,
00:00:25 l'insécurité que nos concitoyens rencontrent sur Internet,
00:00:29 sapent leur confiance dans la transition numérique.
00:00:33 Et tous les Français sont concernés par les désordres en
00:00:36 tous genres qui s'accumulent dans l'espace numérique,
00:00:39 et en particulier les Français les plus vulnérables.
00:00:42 Nos concitoyens les plus âgés ou les plus éloignés du numérique,
00:00:45 qui sont les proies privilégiées des cybercriminels,
00:00:49 nos enfants qui sont victimes en ligne d'atteintes brutales à leur innocence,
00:00:54 nos entreprises que la loi du plus fort place dans une situation
00:00:58 d'assujettissement vis-à-vis des géants du numérique,
00:01:01 et notre démocratie qui subit les coups de boutoir incessants des
00:01:05 professionnels de la désinformation et des ingénieurs du chaos.
00:01:09 Face à cela, depuis six ans, la France,
00:01:12 sous l'impulsion du président de la République,
00:01:14 a agi au niveau national avec des lois visant la désinformation,
00:01:21 la protection de l'enfance en ligne,
00:01:22 au niveau européen avec la construction d'un socle de
00:01:26 régulation de l'espace numérique européen,
00:01:28 et au niveau international avec des initiatives prises par le
00:01:32 président de la République, comme l'appel de Christchurch ou
00:01:34 le Forum de Paris sur la paix, qui ont contribué à éveiller
00:01:38 la conscience mondiale sur ces sujets.
00:01:41 Le projet de loi qui vous est proposé d'examiner poursuit le
00:01:46 même objectif et s'est formé à partir de trois affluents.
00:01:49 Le premier affluent, ce sont les deux règlements que
00:01:55 la France a portés et qui ont été adoptés au niveau européen
00:01:58 l'année dernière et que nous devons,
00:02:01 pour qu'ils puissent s'appliquer correctement,
00:02:05 adapter dans notre droit français.
00:02:08 Ces deux règlements mettent fin à une quinzaine d'années pendant
00:02:12 lesquelles les géants du numérique se retranchaient derrière
00:02:15 les différences de nos législations nationales au
00:02:18 niveau européen pour fuir toute forme de responsabilité.
00:02:21 C'est d'abord le règlement sur les services numériques,
00:02:24 le DSA, qui fait rentrer ces grandes plateformes dans l'ère
00:02:26 de la responsabilité en exigeant d'elles qu'elles partagent leurs
00:02:29 données avec les chercheurs, qu'elles fassent auditer leurs
00:02:32 algorithmes, qu'elles s'abstiennent de faire de la
00:02:34 publicité ciblée sur les mineurs et qu'elles tiennent compte et
00:02:38 corrigent le risque systémique qu'elles font peser sur la santé
00:02:40 de leurs utilisateurs, sur la qualité du débat public ou
00:02:43 encore sur la sécurité publique.
00:02:46 Le deuxième règlement, c'est le règlement sur les
00:02:48 marchés numériques qui, lui, vient mettre fin aux
00:02:51 pratiques commerciales déloyales qui ont permis à des géants
00:02:54 du numérique de s'octroyer des positions de monopole sur
00:02:56 certains marchés, plaçant les entreprises européennes,
00:02:59 les collectivités, les administrations et même les
00:03:02 particuliers dans un lien de dépendance et empêchant les
00:03:06 entreprises européennes concurrentes d'entrer sur ces marchés.
00:03:09 Et c'est ainsi que ce règlement sur les marchés numériques
00:03:11 édicte 26 pratiques qui seront désormais interdites dans les
00:03:17 États membres de l'Union européenne.
00:03:19 La préinstallation d'un navigateur, d'un moteur de
00:03:21 recherche ou d'un assistant personnel sur un smartphone,
00:03:24 l'auto-préférence qui consiste à faire apparaître de manière plus
00:03:29 favorable ses propres services que ceux de ses concurrents,
00:03:33 ou encore l'utilisation des données collectées sur l'un des
00:03:36 services proposés par une entreprise pour faire de la
00:03:38 publicité sur un autre de ces services.
00:03:40 Autant de pratiques qui seront désormais interdites.
00:03:43 Le deuxième affluent, ce sont les travaux parlementaires qui ont
00:03:47 été menés à l'Assemblée comme au Sénat ces six dernières années
00:03:51 pour mieux protéger nos concitoyens,
00:03:53 nos enfants, nos entreprises dans l'espace numérique.
00:03:57 Je pense aux travaux de Bérangère Couillard et de
00:03:59 Guillaume Gouffier-Valante sur l'exposition des mineurs au
00:04:02 contenu pornographique, poursuivis par quatre sénatrices
00:04:06 de tous bords qui ont publié un excellent rapport sur le sujet.
00:04:10 Je pense aux travaux de Bruno Studer ou de Laurent Marcangeli
00:04:12 sur la protection de l'enfance en ligne,
00:04:14 aux travaux d'Erwan Balanant sur la question du harcèlement,
00:04:17 à ceux de Philippe Latombe sur la question de la souveraineté
00:04:20 numérique dans le domaine de l'infonuagique,
00:04:23 ou encore ceux plus récents de Stéphane Vogeta sur l'influence en ligne.
00:04:28 Le troisième affluent à partir duquel ce projet de loi s'est formé,
00:04:32 ce sont les consultations que nous avons menées sous l'égide du
00:04:35 Conseil national de la refondation et en particulier sur la question
00:04:38 de la pacification de l'espace numérique.
00:04:42 Et au final, le fil rouge de ce texte qui vous est proposé d'examiner,
00:04:49 c'est celui de la protection de nos concitoyens, de nos enfants,
00:04:52 de nos entreprises et collectivités dans l'espace numérique.
00:04:56 Au chapitre de la protection de nos concitoyens,
00:04:58 d'abord, trois mesures importantes.
00:05:01 La première, c'est le filtre anti-arnaque qui servira de rempart
00:05:04 contre les campagnes de SMS frauduleux.
00:05:07 Nous avons tous reçu des faux SMS de la Sécurité sociale,
00:05:11 des impôts, de la vignette critères.
00:05:13 Nous avons tous hésité à cliquer.
00:05:16 Et en réalité, ce sont 18 millions de Français qui ont été victimes
00:05:19 l'année dernière de la cybercriminalité et en particulier
00:05:22 les Français les plus âgés, les plus vulnérables qui se
00:05:26 retrouvent entraînés dans la spirale infernale de l'usurpation
00:05:30 d'identité dont ils mettent parfois une décennie avant de se sortir.
00:05:34 Avec cette mesure, nous voulons couper le mal à la racine.
00:05:38 Et je me réjouis des travaux de la Commission spéciale qui ont permis
00:05:40 de clarifier le rôle notamment des navigateurs,
00:05:44 je pense aux amendements rapporteurs et ceux d'Éric Botorel,
00:05:47 dans le dispositif et qui va permettre de le sécuriser,
00:05:52 de le rendre un peu plus efficace.
00:05:53 On a aussi précisé la définition du hameçonnage dans le cadre de ces débats.
00:05:57 Deuxième mesure, la peine de bannissement,
00:06:00 peine complémentaire que le juge pourra prononcer pour des faits
00:06:03 de violence et de harcèlement en ligne.
00:06:07 Le harcèlement se propage sur les réseaux sociaux.
00:06:10 Les responsables en sont une minorité d'internautes qui parfois
00:06:14 se comportent comme des chefs de meute,
00:06:15 qui désignent à leur communauté des victimes et qui déclenchent sur eux
00:06:20 des haines ou sur elles des raids de haine et de violence.
00:06:24 Et je dis sur elles puisque les femmes sont 26 fois plus souvent
00:06:26 victimes de cyberharcèlement que les hommes sur Internet.
00:06:30 Avec cette peine de bannissement, nous préviendrons la récidive
00:06:35 en tapant ces chefs de meute là où ça fait mal,
00:06:37 puisqu'en confisquant leur notoriété, nous les priverons
00:06:43 de leur caisse de résonance.
00:06:45 Là aussi, une mesure qui a été renforcée,
00:06:47 sécurisée par la commission spéciale et dont nous allons parler
00:06:53 à nouveau dans le cadre de l'examen en séance.
00:06:56 Troisième mesure de protection, l'encadrement des jeux fondés
00:07:01 sur les chaînes de blocs, fondés sur le Web3.
00:07:04 Ces jeux existent depuis un certain nombre d'années.
00:07:05 Ils ne font aujourd'hui l'objet d'aucun cadre de protection,
00:07:10 protection des mineurs, protection contre les addictions,
00:07:14 lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme.
00:07:16 Le cadre qui est proposé, là aussi je veux saluer le travail
00:07:20 remarquable des rapporteurs sur ce sujet,
00:07:22 permettra de faciliter le développement en France d'innovation
00:07:28 tout en protégeant celles et ceux qui ont besoin de l'être.
00:07:33 Au chapitre de la protection de nos enfants,
00:07:36 ensuite une mesure forte qui consiste à confier à l'ARCOM le
00:07:40 pouvoir d'ordonner le blocage et le déréférencement des sites
00:07:43 pornographiques qui ne vérifieront pas l'âge de leurs utilisateurs.
00:07:46 Et il est urgent de prendre cette mesure parce que,
00:07:48 comme vous le savez, ce sont plus de 2 millions d'enfants
00:07:51 qui, dans notre pays, sont exposés chaque mois au
00:07:54 contenu pornographique et à des âges extrêmement précoces,
00:07:57 puisqu'à 12 ans, dans notre pays, la moitié des petits garçons
00:08:01 sont exposés à ces contenus avec des conséquences délétères
00:08:04 sur leur santé et sur leur développement affectif.
00:08:08 Pourquoi ?
00:08:09 Parce que les sites pornographiques ne vérifient pas l'âge de
00:08:11 leurs utilisateurs alors qu'ils y sont tenus par la loi.
00:08:14 Une procédure est en cours qui ira jusqu'à son terme et dont je
00:08:18 souhaite que le verdict soit exemplaire.
00:08:22 Mais pour l'avenir, il nous faut pouvoir agir plus vite
00:08:24 et avec cette mesure, nous le pourrons.
00:08:28 Certaines inquiétudes se sont exprimées pendant la commission
00:08:31 sur la confusion possible entre les obligations de moyens et les
00:08:35 obligations de résultats qui s'imposeront aux sites pornographiques.
00:08:40 Les rapporteurs ont proposé une rédaction qui me semble aller dans
00:08:43 le bon sens en rappelant bien que l'obligation absolue,
00:08:46 c'est celle de se conformer au code pénal qui interdit à quiconque
00:08:51 d'exposer des mineurs dans notre pays à des contenus pornographiques.
00:08:55 Deuxième mesure au chapitre de la protection de nos enfants,
00:08:58 la peine d'un an de prison et 250 000 euros d'amende pour les
00:09:03 hébergeurs qui ne retireront pas en moins de 24 heures les
00:09:06 contenus pédopornographiques qui leur sont signalés par les forces de l'ordre.
00:09:09 L'année dernière, ce sont 74 000 contenus pédopornographiques
00:09:13 qui ont été signalés par Pharoes à des hébergeurs.
00:09:17 Aujourd'hui, cette obligation existe, celle du retrait en moins de 24 heures,
00:09:21 mais elle n'est pas sanctionnée par une amende ou par une peine de prison.
00:09:25 À l'inverse de la peine déjà prévue pour le non-retrait de contenus terroristes,
00:09:30 nous alignons avec cet article les sanctions pour le non-retrait des
00:09:36 contenus pédopornographiques avec celle prévue pour le non-retrait des
00:09:41 contenus terroristes.
00:09:42 J'en viens maintenant au chapitre de la protection de nos entreprises
00:09:45 et de nos collectivités, avec d'abord l'encadrement des
00:09:48 avoirs commerciaux, l'interopérabilité et l'interdiction des
00:09:53 frais de transfert dans le marché de l'informatique en nuage.
00:09:56 C'est un marché qui est extrêmement concentré, entre les mains de trois
00:10:00 acteurs qui se sont livrés à des pratiques déloyales pour consolider
00:10:04 au fil des années un oligopole sur ce marché,
00:10:07 plaçant les entreprises utilisatrices, les collectivités utilisatrices,
00:10:12 les administrations utilisatrices dans une situation d'assujettissement
00:10:16 et de dépendance.
00:10:17 Nous devons mettre fin à la loi du plus fort.
00:10:20 C'est une question de souveraineté à laquelle, avec Bruno Le Maire,
00:10:24 nous veillons extrêmement attentivement avec ces mesures qui,
00:10:28 elles aussi, ont fait l'objet d'enrichissement et d'apports nouveaux
00:10:32 par le travail des rapporteurs et de la commission spéciale.
00:10:34 Nous rendrons de l'air et de la liberté aux entreprises de France
00:10:39 et au passage, nous réouvrirons ce marché de l'informatique en nuage
00:10:43 qui est aujourd'hui très significativement verrouillé.
00:10:46 Et puis une mesure de protection pour nos collectivités avec la création
00:10:51 d'une plateforme unique pour le respect de la réglementation en
00:10:57 matière de meublé de tourisme.
00:10:59 Il s'agit là de pérenniser, c'est un souhait de la ministre
00:11:02 Olivier Grégoire, une expérimentation qui a commencé
00:11:04 il y a quelques années associant cinq collectivités avec cinq
00:11:07 plateformes et qui permettra de manière beaucoup plus simple aux
00:11:10 collectivités de faire respecter en particulier la règle des 120
00:11:14 nuités.
00:11:15 J'en viens au quatrième chapitre, celui de la protection de notre
00:11:18 démocratie avec le pouvoir donné à l'ARCOM de mettre en demeure
00:11:22 et d'ordonner le blocage, le cas échéant, des sites Internet qui
00:11:28 diffuseront des médias frappés par des sanctions internationales,
00:11:32 à l'image de celles que l'Union européenne a prises à l'encontre
00:11:36 de RT France et de Spoutnik.
00:11:38 La désinformation est un véritable poison pour nos démocraties.
00:11:43 Avec cette mesure qui, elle aussi, a été complétée utilement par
00:11:47 des amendements de Quentin Bataillon lors de l'examen en commission,
00:11:51 nous allons compléter notre arsenal de mesures pour lutter plus
00:11:55 efficacement contre les ennemis de la démocratie.
00:11:59 Je veux saluer à ce stade de mon propos le travail remarquable du
00:12:03 rapporteur général, des rapporteurs sur chacun des parties
00:12:07 du texte dont ils avaient la responsabilité et des membres de la
00:12:10 commission spéciale qui ont contribué à l'enrichissement et à
00:12:13 la sécurité juridique du texte lors de l'examen en commission.
00:12:16 Je voudrais saluer en particulier deux ajouts qui me semblent
00:12:20 absolument déterminants avec l'adoption du stage de citoyenneté
00:12:24 numérique, la rapporteur et Caroline Yadan qui l'avaient porté,
00:12:28 qui pourra être prononcée comme une peine complémentaire par un juge
00:12:32 lorsqu'il considère que cela est nécessaire.
00:12:35 Et puis la fixation d'un objectif ambitieux pour le déploiement de
00:12:38 l'identité numérique en France, sujet porté par le rapporteur général.
00:12:42 Et je ne doute pas que nos débats dans cet auguste hémicycle nous
00:12:46 permettront d'enrichir et de sécuriser le texte un peu plus encore.
00:12:49 Je souhaite en particulier que ce débat nous permette de donner
00:12:52 suite au groupe de travail transpartisan sur les violences
00:12:55 urbaines de la fin du mois de juin, auquel 15 groupes politiques ont
00:12:59 souhaité s'associer avec l'extension de la peine de bannissement ou
00:13:04 provocation à la violence non suivie des faits et la création d'une
00:13:07 réserve citoyenne du numérique.
00:13:08 Et puis je souhaite également que ce débat en hémicycle nous
00:13:12 permette aussi de concrétiser le volet numérique du plan de lutte
00:13:15 contre le harcèlement scolaire que nous avons présenté la semaine
00:13:18 dernière avec la Première ministre et le ministre de l'Éducation
00:13:20 nationale, avec l'extension de la peine de bannissement au contrôle judiciaire.
00:13:25 Comme j'ai eu l'occasion de le dire en commission,
00:13:28 Mesdames et Messieurs les députés, il nous faudra veiller
00:13:30 collectivement à ne jamais enfreindre les bornes que nous fixent
00:13:34 les engagements européens de la France et notre Constitution.
00:13:39 Le respect des engagements européens de la France,
00:13:43 c'est ce qui permet à la France d'obtenir de grandes victoires,
00:13:45 comme ça a été le cas à de nombreuses reprises ces dernières années,
00:13:48 et singulièrement en 2022 avec l'adoption de DSA et de DMA.
00:13:53 On ne peut pas tricoter de grandes victoires à Bruxelles si on les
00:13:57 détricote le lendemain en rentrant à Paris.
00:14:00 C'est parfois un peu frustrant, mais c'est une exigence que l'on
00:14:04 doit avoir quand on emporte pour l'Europe une vision ambitieuse.
00:14:09 Et quant à notre Constitution, elle veille à ce que les mesures
00:14:12 que nous prenons, les mesures indispensables que nous prenons
00:14:14 pour sécuriser l'espace numérique ne viennent pas enfreindre
00:14:17 de manière disproportionnée les libertés fondamentales.
00:14:21 Et je pense évidemment à la liberté d'information et la liberté d'expression.
00:14:24 Mesdames et Messieurs les députés, la France ne tiendra pas son rang
00:14:27 de grande nation numérique si les Français, et notamment les plus
00:14:31 vulnérables, ne se sentent pas en sécurité sur Internet.
00:14:34 Ce constat, je sais que nous le partageons très largement.
00:14:37 Et quant aux réponses à lui apporter, je sais pouvoir compter
00:14:41 sur la sagesse de l'Assemblée.
00:14:42 Alors merci beaucoup.
00:14:44 Merci, Monsieur le Ministre.
00:14:47 Et maintenant, la parole est à Monsieur Paul Midi,
00:14:50 rapporteur général de la Commission spéciale.
00:14:52 Merci, Madame la Présidente.
00:15:00 Cher Monsieur le Ministre, cher Jean-Noël,
00:15:03 cher rapporteur, cher collègue.
00:15:05 Alors c'est une très bonne nouvelle que l'Assemblée nationale
00:15:09 travaille sur ce projet de loi de sécurisation et de régulation
00:15:12 de l'espace numérique.
00:15:13 C'est un sujet qui est au cœur de notre quotidien et je suis
00:15:16 convaincu que nous pouvons rassembler sur ce texte l'ensemble
00:15:19 de nos compatriotes, au-delà des clivages politiques traditionnels.
00:15:22 Nous avons tous collectivement beaucoup travaillé sur le sujet,
00:15:26 avec des débats de très grande qualité en commission.
00:15:28 Comme je l'espère, nous les aurons dans cet hémicycle.
00:15:31 Aujourd'hui, nous passons déjà plus de temps dans l'espace numérique
00:15:35 que dans l'espace public.
00:15:37 En moyenne, ce sont 4 heures par jour que les Français passent
00:15:40 dans l'espace numérique, et même pour nos jeunes de 15 à 24 ans,
00:15:44 4 heures par jour et ça continue d'augmenter chaque année.
00:15:47 Alors cet espace numérique, ce sont bien sûr les réseaux sociaux,
00:15:52 ce sont les plateformes de contenu vidéo, ce sont nos magasins en ligne,
00:15:55 ce sont nos jeux vidéo ou encore ce sont nos musées en version virtuelle.
00:16:00 Cet espace numérique, c'est un espace d'opportunités immenses.
00:16:03 C'est un espace de lien entre les uns et les autres,
00:16:06 de partage avec les amis, la famille, avec l'ensemble des concitoyens
00:16:11 de la communauté nationale, européenne et mondiale.
00:16:14 C'est un espace de création fantastique.
00:16:16 L'espace numérique, c'est un espace de libertés individuelles
00:16:20 qui sont très importantes, notamment la liberté de s'exprimer,
00:16:23 bien sûr, mais aussi la liberté de s'informer.
00:16:24 Mais cet espace numérique, c'est un petit peu aujourd'hui le Far West.
00:16:29 Plus de 50% de nos jeunes disent s'être fait harceler en ligne
00:16:33 avec des conséquences bien souvent trop dramatiques.
00:16:36 Je pense par exemple au cas très récent de Manon Lanza,
00:16:39 qui après son accident dans GP Explorer,
00:16:42 s'est fait littéralement lyncher, harceler, de remarque sexiste,
00:16:47 par des milliers d'internautes.
00:16:48 Mais je pense aussi au suicide de la jeune Linh Sze,
00:16:52 cyberharcelée à l'école et à l'appel de sa mère,
00:16:55 à la puissance publique pour combattre, je la cite,
00:16:59 l'impunité sur les réseaux sociaux qui ne peuvent continuer à gagner
00:17:02 de l'argent sur les propos haineux et injurieux.
00:17:04 Je ne veux pas, moi, vivre dans un monde où,
00:17:07 parce que tout le monde se sent anonyme,
00:17:09 il y a un sentiment d'impunité et ça donne un suicide suite à du
00:17:14 harcèlement toutes les deux semaines et un niveau de violence
00:17:16 inégalé dans le monde physique.
00:17:18 Deuxième point, 50% des arnaques ont maintenant lieu en ligne.
00:17:22 Ce sont 9 millions de Français, de nos compatriotes,
00:17:25 qui perdent de l'argent dans ces arnaques.
00:17:27 Nous avons tous reçu ce type de SMS, par exemple pour les fausses amendes.
00:17:31 Et ce sont aussi 80% de nos enfants, parfois les plus jeunes,
00:17:35 qui ont été exposés à la pornographie à cause d'Internet,
00:17:38 avec des troubles maintenant prouvés sur leur comportement à
00:17:41 l'adolescence et à l'âge adulte.
00:17:43 Et puis, d'une façon générale, pour ceux comme 80% des Français
00:17:47 qui sont utilisateurs quotidiens des réseaux sociaux,
00:17:49 c'est misogynie, sexisme, racisme, antisémitisme,
00:17:53 islamophobie et LGBT-phobie à tous les étages.
00:17:57 Et nous devons donc trouver les moyens d'y mettre fin.
00:17:59 Le chantier est donc immense pour rendre notre espace numérique
00:18:03 aussi civilisé et sûr que notre espace physique.
00:18:07 Il s'agit non pas d'inventer de nouvelles règles et de changer
00:18:10 l'équilibre de nos lois, de notre cadre de liberté,
00:18:12 mais il s'agit de transposer les règles du monde physique
00:18:15 dans l'espace numérique.
00:18:17 Il ne s'agit pas de réinventer le fil à couper le beurre,
00:18:20 mais de faire simplement que ce qui est illégal dans le monde
00:18:23 physique, conformément aux lois que nous avons mis quelques siècles
00:18:27 à écrire et à voter dans ce pays, que ce qui soit illégal dans
00:18:30 le monde physique soit illégal dans le monde numérique.
00:18:33 Concrètement, grâce à ce texte, grâce au travail du gouvernement,
00:18:36 grâce au travail de l'ensemble des députés et de tous ceux qui ont
00:18:40 participé à la commission, nous combattrons le cyberharcèlement
00:18:44 à tous les niveaux.
00:18:45 D'abord grâce à la mise en place de mesures d'éducation et de
00:18:48 formation de nos jeunes, de leurs parents et de leurs professeurs,
00:18:51 en responsabilisant beaucoup plus fortement les plateformes de
00:18:55 réseaux sociaux grâce au DSA et en punissant les cyberharceleurs
00:18:59 avec la mise en place d'amendes et la peine de bannissement
00:19:02 des réseaux sociaux.
00:19:03 Nous combattrons les arnaques en ligne grâce au filtre anti-arnaque
00:19:06 qui doit protéger nos concitoyens contre les arnaques quasi
00:19:09 quotidiennes dont nous faisons tous l'objet.
00:19:11 Grâce à ce texte, nous pourrons protéger les mineurs de
00:19:15 l'exposition à la pornographie avec des solutions et des
00:19:17 mesures concrètes.
00:19:18 Ce texte sera aussi l'occasion de mieux réguler un certain nombre
00:19:22 d'activités dans le monde numérique, comme l'informatique
00:19:25 en nuages pour renforcer la concurrence,
00:19:27 les jeux à objets numériques monétisables pour soutenir
00:19:30 l'innovation et protéger nos jeunes,
00:19:32 ou encore l'allocation des meublés de tourisme pour soutenir
00:19:35 nos collectivités territoriales.
00:19:37 Enfin, nous permettrons bien sûr les changements législatifs pour
00:19:40 appliquer les règlements du DSA et du DMA mis en place par l'Union
00:19:44 européenne à l'occasion de la présidence française.
00:19:46 Vous voyez, chers collègues, le chantier est immense.
00:19:50 Nous sommes au début de l'histoire de cet espace numérique et je
00:19:54 nous souhaite donc à tous un très bon travail collectif et je suis
00:19:57 avec les rapporteurs à vente entière disposition.
00:20:00 Merci à tous.
00:20:01 Merci, Monsieur le rapporteur général.
00:20:04 La parole est à Madame Louise Morel,
00:20:07 rapporteure de la Commission spéciale.
00:20:09 Madame la Présidente, Monsieur le ministre,
00:20:25 Monsieur le Président de la Commission spéciale,
00:20:27 Mesdames et Messieurs les rapporteurs,
00:20:29 mes chers collègues, nous entamons aujourd'hui
00:20:31 l'examen du projet de loi visant à sécuriser et réguler l'espace
00:20:35 numérique et je voudrais commencer mon propos en remerciant
00:20:39 l'intégralité des députés qui ont pris part aux travaux préparatoires
00:20:42 à l'examen de ce texte pour la qualité de nos échanges.
00:20:45 Ces travaux préparatoires, ce sont plus de 50 auditions,
00:20:49 une centaine d'experts du numérique rencontrés et 30 heures de
00:20:52 débats au stade de la Commission spéciale.
00:20:54 Je voudrais saluer sur tous les bancs de notre Assemblée la volonté
00:20:59 sincère de chacun des députés qui ont pris part à ces travaux de
00:21:02 mieux réguler l'espace numérique, de sécuriser la navigation en ligne
00:21:06 et d'améliorer la qualité de l'expérience de nos concitoyens sur Internet.
00:21:11 Internet, il faut le rappeler, c'est d'abord un formidable
00:21:15 espace de liberté où chacun peut s'exprimer,
00:21:18 un lieu où naissent des projets de toutes sortes,
00:21:21 où les réseaux sociaux peuvent nous rassembler,
00:21:23 quel que soit l'endroit de la planète sur lequel nous vivons.
00:21:27 Mais Internet, c'est aussi des images pédocriminelles en libre accès,
00:21:32 des cyberviolences multiples, des escroqueries massives.
00:21:35 Nous avons aujourd'hui l'opportunité de mettre fin aux sentiments
00:21:40 d'impunité en ligne et pour cela, il nous faut interdire en ligne
00:21:44 ce qui est interdit hors ligne.
00:21:46 Nous ne pouvons pas tolérer en 2023 que des enfants victimes de
00:21:51 cyberharcèlement vont jusqu'à se suicider face à cette souffrance.
00:21:56 Nous ne pouvons pas tolérer que 18 millions de nos concitoyens soient
00:21:59 victimes chaque année d'arnaques en ligne.
00:22:02 Nous ne pouvons pas non plus tolérer que des mineurs,
00:22:05 par un simple clic, en quelques secondes,
00:22:08 accèdent à des millions d'images pornographiques alors que ce type
00:22:12 de contenu est interdit dans la vie réelle.
00:22:14 Pour toutes ces raisons, il a fallu bâtir un texte qui pose
00:22:18 des interdits, qui sanctionne des comportements illicites en ligne.
00:22:22 J'ai eu l'honneur d'être nommée rapporteure thématique des titres 1
00:22:25 et 2 de ce projet de loi et je voudrais revenir sur les avancées
00:22:29 très concrètes qu'il apporte dans la vie quotidienne de nos concitoyens.
00:22:33 Sur le titre 1, d'abord, qui entend protéger les mineurs en ligne,
00:22:37 nous mettons en place dans ce texte l'obligation pour les sites
00:22:41 pornographiques d'installer un mécanisme de vérification robuste
00:22:45 de l'âge de leurs utilisateurs sous peine de lourdes sanctions.
00:22:49 Pour compléter les échanges que nous avons eus en commission et
00:22:53 pour assurer que cette nouvelle obligation de moyens se cumule
00:22:57 avec l'obligation de résultats qui émanent de l'article 227.24
00:23:01 du Code pénal, je vous proposerai quelques amendements qui
00:23:04 renforceront encore ce double objectif.
00:23:07 Je précise également que les procès en cours devant le juge judiciaire
00:23:11 iront bien à leur terme.
00:23:12 Toujours sur le sujet de la pornographie,
00:23:15 ce texte donne à l'autorité administrative la possibilité
00:23:19 d'obliger les hébergeurs à retirer en moins de 24 heures
00:23:23 les contenus pédopornographiques en ligne.
00:23:25 Le non-respect de cette disposition, c'est un an d'emprisonnement
00:23:29 et 250 000 euros d'amende.
00:23:31 Nous portons ainsi un coup d'arrêt au développement des réseaux
00:23:34 pédocriminels.
00:23:35 Sur le titre 2 ensuite, ce projet de loi entend protéger
00:23:39 plus largement les citoyens dans l'environnement numérique.
00:23:41 Cela passe par la lutte contre le cyberharcèlement.
00:23:44 Aujourd'hui, ayons bien à l'esprit que près de 60% des 18-25 ans
00:23:49 ont déjà été victimes de cyberharcèlement.
00:23:52 Nous apportons dans ce texte une réponse pénale en permettant
00:23:55 aux juges d'infliger une peine complémentaire de bannissement
00:23:59 des réseaux sociaux pour les auteurs de ce type de violences.
00:24:02 Enfin, ce texte entend lutter contre les arnaques toujours
00:24:06 plus nombreuses et plus élaborées sur Internet.
00:24:08 Beaucoup de nos concitoyens se reconnaîtront dans quelques
00:24:11 SMS que j'ai reçus.
00:24:13 Votre colis a été livré, veuillez le récupérer en cliquant
00:24:16 sur ce lien.
00:24:17 Urgent, vous allez perdre vos droits au compte personnel
00:24:20 de formation ou encore critères.
00:24:22 Nos agents ont constaté que vous n'étiez pas muni
00:24:25 de la vignette réglementaire.
00:24:26 Veuillez la récupérer sur ce lien.
00:24:29 Je pourrais multiplier les exemples.
00:24:31 Ils agacent légitimement nos concitoyens et sévissent partout.
00:24:35 Ce projet de loi permettra une fois une arnaque signalée d'être
00:24:38 redirigée vers une page qui avertira l'utilisateur du caractère
00:24:43 frauduleux du site sur lequel il se dirige.
00:24:45 Mesdames et Messieurs les députés, je manque de temps pour vous
00:24:49 partager l'intégralité des avancées de ce texte,
00:24:51 mais je voudrais vous dire la fierté qui est la mienne d'être
00:24:55 rapporteur sur un texte qui entend sincèrement améliorer le rapport
00:24:59 au numérique de nos concitoyens.
00:25:00 Pour conclure, je dirais que nous avons la chance en France et en
00:25:04 Europe d'avoir des acteurs qui cultivent une culture de
00:25:07 l'innovation numérique et qui portent les valeurs de progrès
00:25:10 qui sont chères à notre pays.
00:25:11 Ils ont des solutions pour empêcher ces violences en ligne
00:25:14 et il nous appartiendra dans ce texte de leur donner un cadre
00:25:17 en veillant avec beaucoup d'humilité à trouver le juste
00:25:20 équilibre entre sanctions nécessaires et préservation des
00:25:23 libertés fondamentales sur Internet.
00:25:25 Je vous remercie.
00:25:26 Merci Madame la rapporteure.
00:25:29 La parole est à Madame Anne Le Hénanf,
00:25:35 rapporteure de la Commission spéciale.
00:25:38 Toutes mes excuses.
00:25:39 Merci Madame la Présidente.
00:25:43 Monsieur le ministre, Monsieur le Président de la Commission
00:25:47 spéciale, Monsieur le rapporteur général,
00:25:48 chers collègues, je me réjouis de vous retrouver
00:25:51 aujourd'hui pour l'examen en séance du projet de loi
00:25:54 "Sécuriser et réguler l'espace numérique".
00:25:57 J'ai eu l'honneur, en tant que rapporteur du titre 3,
00:26:01 de suivre l'encadrement du marché de l'informatique en nuages,
00:26:05 notamment des crédits cloud et des frais de transfert,
00:26:07 mais également la sécurisation de l'hébergement des données,
00:26:10 la portabilité ou encore l'interopérabilité.
00:26:12 Je tiens à saluer ici le travail de nos collègues sénateurs qui ont
00:26:16 enrichi ce texte et soulevé des débats que nous ne manquerons pas
00:26:19 de poursuivre dans cet hémicycle et de tous nos collègues pour le
00:26:23 travail effectué depuis plusieurs semaines.
00:26:25 Merci également aux acteurs du domaine qui,
00:26:28 jusqu'à la dernière minute, ont contribué à m'éclairer et
00:26:32 proposer un titre 3 le plus réaliste possible.
00:26:36 Le titre 3 anticipe en grande partie le règlement européen du
00:26:41 Data Act afin de favoriser la concurrence sur le marché du cloud
00:26:45 en régulant certaines pratiques tout en soutenant nos acteurs
00:26:48 français et européens.
00:26:50 Ce projet de loi s'inscrit dans la continuité des fortes évolutions
00:26:54 intervenues dans le domaine du droit européen,
00:26:57 DSA, DMA, Data Act.
00:26:59 Ces règlements ont permis d'harmoniser notre droit et de
00:27:04 faire de réelles avancées dans le domaine du numérique.
00:27:07 Je m'en félicite, d'autant plus que les positions
00:27:10 françaises ont été largement suivies par nos partenaires sur un
00:27:14 ensemble de sujets clés.
00:27:16 Cette trajectoire n'est pas achevée.
00:27:18 Il nous reste à adopter au niveau européen la version définitive du
00:27:23 Data Act.
00:27:24 Par ailleurs, les négociations sur l'IUCS,
00:27:28 Schéma Européen de Certification de Sécurité,
00:27:30 sont toujours en cours et la France y prend actuellement toute sa part.
00:27:34 Il nous faut donc garder à l'esprit,
00:27:37 et c'est ce que je me suis efforcée à faire tout au long des
00:27:40 auditions que nous avons menées et pendant nos débats,
00:27:43 qu'au-delà de l'adaptation de notre droit aux textes européens
00:27:47 déjà finalisés, nous devons également,
00:27:50 pour ce qui est de la partie où nous anticipons les textes
00:27:53 européens, trouver le juste équilibre pour adopter des
00:27:58 dispositions qui soient conformes autant que possible aux négociations en cours.
00:28:03 Au Sénat, comme en Commission spéciale,
00:28:06 la protection des données, et plus particulièrement leur
00:28:08 hébergement, ou encore la transparence sur leurs
00:28:10 conditions de sauvegarde, ont été au cœur des débats.
00:28:13 C'est un sujet essentiel et j'ai la conviction qu'il nous faut
00:28:18 trouver des solutions efficaces et pragmatiques en nous appuyant sur
00:28:22 l'expertise des acteurs auditionnés, mais aussi sur la réalité du
00:28:26 contexte, que ce soit sur le plan opérationnel ou réglementaire,
00:28:30 français comme européen.
00:28:33 C'est dans ce cadre que j'ai déposé en Commission un amendement de
00:28:36 suppression de l'article 10 bis A.
00:28:38 On dit souvent que l'enfer est pavé de bonnes intentions.
00:28:40 L'article 10 bis A en est un parfait exemple.
00:28:44 En inscrivant un tel dispositif dans la loi, nous ne ferions qu'affaiblir
00:28:47 à la fois la position française au niveau européen, mais surtout la
00:28:51 filière cloud française, au-delà même de l'aspect non opérationnel
00:28:55 du dispositif proposé.
00:28:56 Je tiens à rappeler qu'il existe déjà un certain nombre de
00:29:00 dispositifs législatifs et réglementaires qui ont été mis en
00:29:04 place ces dernières années, très souvent d'ailleurs à l'initiative
00:29:07 de la France, l'a rappelé le ministre tout à l'heure.
00:29:09 Le RGPD, le référentiel Secnum Cloud, le référentiel HDS pour les
00:29:13 données de santé, lequel connaît actuellement une révision.
00:29:16 De même, la circulaire du 31 mai dernier, actualisant la doctrine
00:29:20 dite "cloud au centre", établit un cadre réglementaire pour les
00:29:23 données des administrations centrales.
00:29:25 Sur ce dernier point, j'ai la conviction qu'il va nous
00:29:29 falloir aller d'ailleurs plus vite et plus loin.
00:29:31 Enfin, la filière du cloud français est en train de se structurer.
00:29:35 Nous avons des entreprises de grande qualité et nombre d'entre
00:29:38 elles sont engagées dans une offre de cloud sécurisée, Secnum Cloud,
00:29:44 ou en cours de certification.
00:29:45 Elles ont une ambition, celle d'occuper une place de
00:29:50 premier plan sur le marché du cloud européen.
00:29:53 Cette ambition nécessite du temps, un environnement porteur,
00:29:58 un accompagnement de la part de l'État et une organisation de la filière.
00:30:02 Instaurer dès maintenant une norme franco-française serait
00:30:05 contre-productif.
00:30:06 Les législateurs que nous sommes devons trouver un équilibre entre
00:30:10 deux priorités.
00:30:11 Protéger les données de nos concitoyens et organisations,
00:30:15 tout en créant l'environnement propice au développement d'une
00:30:19 filière cloud française sur un marché de 450 millions d'habitants.
00:30:24 Je me réjouis d'avance des débats qui s'ouvrent aujourd'hui dans
00:30:28 cet hémicycle sur un texte d'importance majeur pour la France.
00:30:32 Je vous remercie.
00:30:34 Merci Madame la rapporteure.
00:30:36 La parole est à Madame Mireille Clapot, rapporteure de la Commission
00:30:41 spéciale.
00:30:42 Merci Madame la Présidente, Monsieur le ministre,
00:30:52 Monsieur le Président de la Commission spéciale,
00:30:54 Monsieur le rapporteur général, Mesdames et Messieurs les
00:30:57 rapporteurs, chers collègues.
00:30:58 Nous examinons aujourd'hui un texte qui porte de nombreuses avancées
00:31:02 pour nos concitoyens.
00:31:03 Je me réjouis de voir que nous prenons à bras le corps la
00:31:06 protection des mineurs en ligne, les arnaques,
00:31:08 la question de la désinformation qui mine notre société.
00:31:11 Je tiens par ailleurs à saluer le travail de la Commission supérieure
00:31:15 du numérique et des postes, où députés et sénateurs œuvrent
00:31:18 ensemble pour produire des recommandations sur l'espace numérique.
00:31:21 J'aimerais mentionner ici deux avis de la CSNP rendus récemment.
00:31:25 Le premier sur la protection des mineurs à l'initiative de la
00:31:28 sénatrice Touane Bourra, l'autre sur la souveraineté
00:31:31 numérique, dont le groupe de travail a été mené par Anne Lehenant,
00:31:34 rapporteure des articles sur la cloud, que nous venons d'entendre.
00:31:37 Pour ma part, comme rapporteure sur les titres 5 et 6,
00:31:41 je vais analyser plus précisément les articles 16, 17 et 18,
00:31:45 dont j'aimerais vous dire un mot.
00:31:47 Ils sont techniques, mais ils sont essentiels pour avancer
00:31:50 vers une meilleure compréhension des plateformes en ligne et des
00:31:52 données qu'elles collectent.
00:31:53 L'article 17 d'abord, seul article concernant les
00:31:57 collectivités, avec la création d'une interface numérique
00:32:01 sur un sujet très sensible pour les communes,
00:32:03 les données relatives à la location des meublés de tourisme.
00:32:06 Vous connaissez l'engouement croissant des touristes pour les
00:32:10 locations chez l'habitant et le succès des plateformes qui mettent
00:32:13 en relation touristes et loueurs.
00:32:14 La législation, en particulier la loi ELAN, a donné de nouvelles
00:32:18 possibilités de contrôle aux communes et des obligations aux
00:32:22 plateformes et aux propriétaires.
00:32:23 Les communes qui ont choisi de mettre en place la réglementation
00:32:28 du changement d'usage et un numéro d'enregistrement peuvent
00:32:31 aujourd'hui solliciter les intermédiaires de location pour
00:32:34 obtenir des données sur les meublés loués sur leur territoire.
00:32:37 Cependant, la transmission aujourd'hui ne se fait qu'une fois
00:32:41 par an, manuellement, via des fichiers Excel,
00:32:43 ce qui est difficilement exploitable par les communes.
00:32:46 L'article 17 prévoit donc qu'un organisme unique sera chargé de
00:32:51 collecter les données auprès des plateformes et de les communiquer
00:32:54 ensuite aux communes qui en font la demande.
00:32:56 Il est estimé qu'environ 350 communes pourraient bénéficier
00:33:01 de ce dispositif.
00:33:02 C'est une réelle avancée qui va permettre notamment aux communes
00:33:05 de mieux contrôler le respect par les loueurs de cette fameuse limite
00:33:09 de 120 jours de location pour les résidences principales.
00:33:12 Et un de mes amendements adoptés en commission permettra même
00:33:16 une alerte dès que ce délai est dépassé.
00:33:18 Cet outil qui a été expérimenté dans cinq communes a rencontré
00:33:23 tellement de succès qu'on nous a proposé de l'élargir à toutes
00:33:26 les communes et à davantage de données pour en faire un outil
00:33:30 de pilotage de la politique de logement et de tourisme des communes.
00:33:33 Mais comme par ailleurs un règlement européen est en cours
00:33:37 de négociation sur le sujet, je pense prudent de rester dans
00:33:41 le cadre de cette loi SREN sur un cadre maîtrisé pour réussir
00:33:44 l'extension de cet outil aux 350 communes concernées.
00:33:48 Au cours de ces travaux, la Commission spéciale a adopté
00:33:51 plusieurs amendements.
00:33:52 D'abord, elle a élargi le spectre des données pouvant être transmises
00:33:57 par les plateformes à l'ensemble des données utiles pour mener
00:34:00 une politique publique du tourisme et de logement.
00:34:03 Ces données seront accessibles en source ouverte pour être
00:34:06 exploitées par tous et pas seulement par les communes.
00:34:09 Un comité de suivi de la mise en œuvre de cette interface sera
00:34:13 également mis en place et comprendra notamment
00:34:15 des représentants des communes.
00:34:17 Enfin, pour dissiper tout malentendu,
00:34:20 la Commission spéciale a précisé que cet organisme chargé
00:34:24 de collecter les données serait public.
00:34:27 Pour ce qui concerne les articles 16 et 18,
00:34:29 il porte précisément sur le PEREN, le Pôle d'expertise
00:34:32 de la régulation numérique dont je salue l'excellence.
00:34:35 L'article 16 précise que le PEREN peut mener des recherches sur
00:34:39 les risques systémiques au titre du DSA et élargit son accès
00:34:43 aux données publiquement accessibles des plateformes en ligne.
00:34:46 Ces activités d'expérimentation et de recherche sont très précieuses
00:34:51 et c'est pourquoi nous avons en Commission élargi encore
00:34:54 le champ de compétences au système d'intelligence artificielle générative.
00:34:59 Quant à l'article 18, il fixe les modalités de la collaboration
00:35:04 entre le PEREN et l'ARCOM, ce dernier étant désigné par le présent texte
00:35:08 comme coordinateur pour les services numériques en France.
00:35:11 Ces deux services collaborent déjà, mais il était nécessaire
00:35:14 de l'inscrire dans la loi.
00:35:16 L'ARCOM pourra ainsi plus facilement s'appuyer sur l'expertise
00:35:19 technique du PEREN pour mener à bien ses nouvelles missions.
00:35:23 Je conclue en saluant l'esprit constructif qui a prévalu
00:35:26 dans les travaux en Commission.
00:35:27 Je ne doute pas qu'il en sera de même dans nos futures discussions
00:35:30 en gardant à l'esprit le respect des libertés fondamentales
00:35:33 et des normes européennes.
00:35:35 Comme la langue des op, le numérique, c'est la meilleure
00:35:38 et la pire des choses.
00:35:40 Faisons en sorte de n'en garder que le meilleur.
00:35:43 Je vous remercie pour votre attention.
00:35:45 Merci Madame la rapporteure.
00:35:47 La parole est à M. Denis Massé-Guillard,
00:35:51 rapporteur de la Commission spéciale.
00:35:53 Merci Madame la Présidente, Monsieur le Ministre,
00:36:07 Monsieur le Président de la Commission spéciale,
00:36:09 Monsieur le rapporteur, mes chers collègues.
00:36:11 Nous débutons aujourd'hui les débats en séance sur le projet
00:36:15 de loi visant à sécuriser l'espace numérique pour lequel j'ai
00:36:19 l'honneur d'être rapporteur pour les titres 4 et 7.
00:36:22 J'ouvrirai mon propos sur le titre 7,
00:36:26 dont les dispositions vont permettre une mise en conformité
00:36:28 avec le RGPD en établissant des autorités de contrôle dédiées
00:36:33 au traitement de données au sein des différents
00:36:35 ordres juridictionnels.
00:36:37 Vient ensuite le titre 4, celui portant sur les jeux
00:36:43 à objets numériques monétisables, les jeux numes.
00:36:47 Ces jeux existent en France depuis plusieurs années,
00:36:49 évoluant jusque-là sans faire l'objet d'aucune réglementation.
00:36:53 L'enjeu ici, encadrer l'activité de ces entreprises
00:36:57 dans une logique de soutien à l'innovation et de protection
00:37:01 des consommateurs.
00:37:02 En raison de la nouveauté de ces acteurs,
00:37:05 c'est une expérimentation de 3 ans avec un point d'étape
00:37:09 à 18 mois que nous proposons tout d'abord de mettre en oeuvre
00:37:12 pour, à terme, fixer un régime adapté aux réalités
00:37:17 de ce secteur émergeant.
00:37:18 En commission, nous sommes venus renforcer la définition
00:37:22 proposée par le Sénat.
00:37:23 Nous avons surtout créé un cadre strict pour cette expérimentation.
00:37:28 Certaines préoccupations ont été soulevées lors de cet examen.
00:37:32 Aussi, dans la perspective de la séance,
00:37:35 j'avais pris l'engagement de travailler avec chaque collègue
00:37:38 qui le souhaitait, en travaillant bien sûr avec la majorité,
00:37:41 mais aussi les oppositions, pour aboutir ensemble
00:37:45 à des propositions constructives visant à renforcer
00:37:48 la protection des publics sensibles.
00:37:50 Et c'est ce que nous avons fait.
00:37:52 Le cadre que nous avons voté en commission
00:37:54 vient imposer au Genume un certain nombre d'obligations
00:37:57 sous la supervision de l'Autorité nationale des jeux.
00:38:00 Celle-ci aura en effet le pouvoir de contrôler le respect
00:38:04 de leurs obligations par les entreprises,
00:38:06 de les mettre en demeure et même de les sanctionner.
00:38:10 A noter que la mission ainsi confiée à l'ANJ est lourde
00:38:14 et elle impliquera en effet que nous lui donnons
00:38:17 des ressources supplémentaires dans le cadre du PLF.
00:38:21 Il faudra que nous soyons vigilants pour augmenter
00:38:23 les moyens que nous allons lui allouer.
00:38:27 Ce cadre s'apprête à être enrichi par un certain nombre
00:38:30 d'amendements pour lesquels je serai favorable
00:38:32 et qui résultent pour certains de ce travail
00:38:35 de construction transpartisan.
00:38:37 Je souhaite revenir sur trois d'entre eux.
00:38:40 Premier point d'attention, les casinos en ligne.
00:38:44 Certains souhaitent profiter de ce véhicule législatif
00:38:46 pour les légaliser, d'autres au contraire
00:38:49 s'en inquiètent vivement.
00:38:51 Je le redis fermement, il n'est pas question ici
00:38:54 d'autoriser cette forme de jeu d'argent et de hasard illégal.
00:39:00 Les casinos en ligne sont interdits, ils doivent le rester.
00:39:04 Le second point d'attention, les obligations en matière
00:39:07 de lutte contre l'addiction.
00:39:09 Il n'existe pas à ce jour de données formalisées
00:39:12 sur ce sujet en raison de la jeunesse de ces entreprises.
00:39:16 Mais il apparaît indispensable de pouvoir caractériser
00:39:19 à terme les éventuels risques qui leur seraient associés.
00:39:23 C'est pourquoi nous proposons ici que le rapport rendu
00:39:27 à mi-expérimentation devra faire l'état de l'impact sanitaire
00:39:31 de celle-ci sur les joueurs en termes d'addiction.
00:39:35 Troisième point d'attention, certainement un des plus importants,
00:39:39 l'accès des mineurs au jeunum.
00:39:41 Son interdiction est déjà inscrite dans l'article 15 bis
00:39:44 tel que voté en commission, mais nous avons souhaité
00:39:47 répondre favorablement aux préoccupations de certains
00:39:50 de nos collègues vis-à-vis de la possibilité laissée
00:39:52 aux entreprises de se contenter d'un système déclaratif.
00:39:56 C'est pourquoi, avec les amendements déposés
00:39:58 par les groupes Renaissance, Modem et Horizon,
00:40:02 nous exigeons désormais que les entreprises utilisent
00:40:05 un dispositif permettant de façon effective
00:40:08 de vérifier la majorité.
00:40:11 Enfin, je serai défavorable à tout amendement
00:40:15 qui viendrait affaiblir ce cadre,
00:40:17 et donc la protection des publics les plus sensibles.
00:40:21 Supprimer les articles 15 et 15 bis comme le proposent certains,
00:40:25 et je pense à la France insoumise pour ne pas les citer,
00:40:28 et à minima contre-productif si ce n'est irresponsable.
00:40:33 Car la conséquence serait très simple,
00:40:36 ils laisseraient évoluer librement, sans régulation,
00:40:39 ces entreprises. Résultat, aucune protection contre l'addiction,
00:40:44 aucune protection contre le blanchiment d'argent,
00:40:46 et peut-être que vous souhaitez que les enfants de 6 ans
00:40:48 soient sur les jeunumes. C'est votre choix,
00:40:50 ce n'est pas le nôtre.
00:40:51 Avec les articles 15 et 15 bis que nous avons votés
00:40:55 et que nous apprêtons à amender,
00:40:57 nous nous inscrivons parfaitement dans le double objectif
00:40:59 qui est le nôtre, soutenir l'innovation sur nos territoires,
00:41:03 tout en assurant la protection des consommateurs,
00:41:06 en particulier des publics sensibles.
00:41:09 Avec les articles 15 et 15 bis de ce projet de loi,
00:41:12 la France sera le premier pays au monde
00:41:14 à se doter d'une régulation pour cet écosystème.
00:41:18 Je vous remercie.
00:41:20 La parole est à M. Luc Lamiraud,
00:41:24 président de la Commission spéciale.
00:41:27 Merci, Madame la Présidente,
00:41:38 Monsieur le Ministre, Monsieur le Rapporteur général,
00:41:42 Mesdames et Messieurs les rapporteurs thématiques,
00:41:45 Madame la rapporteure de la Commission des Affaires européennes,
00:41:48 mes chers collègues.
00:41:50 Marc Andresen, l'un des développeurs de Mosaic,
00:41:55 le premier navigateur web complet,
00:41:58 nous avait averti il y a presque dix ans
00:42:00 le logiciel "dévore le monde".
00:42:03 Il prédisait ainsi un bouleversement majeur
00:42:06 de l'ensemble du monde économique
00:42:09 du fait de la révolution numérique.
00:42:12 Mais au-delà du strict champ économique,
00:42:15 il nous appartient, en tant que législateurs,
00:42:18 de nous assurer que le numérique ne dévore pas,
00:42:21 dans le même mouvement, les citoyens,
00:42:24 en particulier les plus fragiles
00:42:27 et, au premier chef d'entre eux, les mineurs.
00:42:31 Tel est l'objet du présent projet de loi
00:42:34 visant à sécuriser et réguler l'espace numérique
00:42:37 où s'règnent pour les intimes.
00:42:40 Tâche essentielle, mais ô combien ardue.
00:42:43 Une exigence d'humilité s'impose par nature aux législateurs.
00:42:47 Elle est d'autant plus forte dès lors que son action
00:42:50 porte sur le champ numérique,
00:42:52 un espace en perpétuel mouvement,
00:42:56 en recomposition permanente,
00:42:58 avec des ruptures soudaines et des innovations
00:43:02 qui émergent à une vitesse vertigineuse.
00:43:06 Sans doute davantage que dans les autres champs
00:43:08 de la vie sociale et économique,
00:43:10 l'ouvrage devra donc être remis sur le métier.
00:43:13 Il faut en être conscient et l'accepter avec modestie.
00:43:18 Néanmoins, cette exigence d'humilité
00:43:22 ne doit pas aboutir à une forme de paralysie collective
00:43:25 et de renoncement de la part des pouvoirs publics.
00:43:28 Elle doit être conciliée avec une autre exigence
00:43:31 d'égale importance qui est celle de l'action lucide,
00:43:34 mais déterminée.
00:43:36 Le numérique a créé un monde propre,
00:43:38 des mondes en réalité,
00:43:40 mais il n'est pas hors du monde physique,
00:43:44 car derrière toute action entreprise,
00:43:47 toute parole prononcée dans l'espace numérique,
00:43:50 il y a des conséquences dans le monde réel,
00:43:53 sur la vie bien réelle,
00:43:55 sur des personnes faites de chair et de sang,
00:43:59 et non d'une succession de 0 et de 1
00:44:02 comme un code binaire.
00:44:04 Ces conséquences peuvent être anodines
00:44:06 et parfaitement légales.
00:44:09 L'achat d'un bien, d'un service,
00:44:11 le partage de connaissances
00:44:13 ou encore l'accès aux arts et à la culture.
00:44:17 Elles peuvent aussi être délétères
00:44:19 et constituer des actes délictuels,
00:44:22 voire criminels, jusqu'à briser des vies.
00:44:26 C'est pourquoi l'action du législateur
00:44:28 est parfaitement légitime,
00:44:30 en dépit des spécificités objectives
00:44:33 d'un espace sans frontières
00:44:35 qui efface les distances et écrase le temps
00:44:39 et qui, de fait, remet en question
00:44:42 les déterminants classiques d'une action publique
00:44:46 qui s'inscrit par nature dans un espace fini.
00:44:50 Des initiatives ont déjà prospéré,
00:44:53 à l'image de l'importante proposition de loi
00:44:55 défendue par le président de notre groupe,
00:44:58 Laurent Marcangeli,
00:45:00 visant à instaurer une majorité numérique
00:45:02 et à lutter contre la haine en ligne.
00:45:05 Définitivement adoptée par le Parlement,
00:45:08 elle a été promulguée en juillet dernier.
00:45:12 La commission spéciale constituée
00:45:14 pour examiner ce projet de loi,
00:45:16 que j'ai eu l'honneur de présider,
00:45:18 a fait, je crois, œuvre utile.
00:45:21 Nous avons examiné plus de 660 amendements
00:45:24 au cours de 25 heures de débat.
00:45:27 À la suite de nos collègues sénateurs
00:45:29 qui avaient déjà enrichi le texte,
00:45:32 nous l'avons amélioré, complété, sécurisé.
00:45:36 Si nous défendons des options parfois différentes,
00:45:39 je suis persuadé que nous partageons
00:45:42 sur l'ensemble des bancs le même objectif,
00:45:45 celui d'assurer à nos concitoyens
00:45:47 la meilleure protection possible dans l'espace numérique,
00:45:51 dans le respect des libertés et droits fondamentaux
00:45:54 et de nos engagements internationaux,
00:45:57 notamment européens.
00:46:00 Cet objectif partagé s'est traduit
00:46:03 au cours de nos travaux en commission
00:46:06 avec l'adoption d'amendements
00:46:07 de la majorité comme des oppositions.
00:46:10 Je ne reviendrai pas dans le détail
00:46:12 sur les modifications apportées aux différents articles
00:46:15 que les rapporteurs ont avant moi présentés.
00:46:19 Je ne doute pas que le texte recueillera
00:46:21 un accord large au sein de notre Assemblée,
00:46:25 déjà considérablement enrichi,
00:46:28 amélioré lors des débats en commission spéciale.
00:46:31 Il le sera sans doute encore à l'issue
00:46:33 de notre examen en séance publique.
00:46:36 Pour finir, je souhaite remercier sincèrement
00:46:39 l'ensemble des collègues de tous les groupes politiques
00:46:42 qui ont participé aux travaux de la commission spéciale.
00:46:46 Nos débats ont été denses, riches, mais toujours sereins.
00:46:49 Je forme le vœu qu'il le soit de même dans les jours à venir.
00:46:52 Je vous remercie.
00:46:54 Merci, M. le Président.
00:46:57 La parole est à Mme Marietta Caramon-Ly,
00:47:00 rapporteure pour observation de la Commission des Affaires européennes.
00:47:03 Madame la Présidente, M. le Ministre,
00:47:11 M. le rapporteur général,
00:47:13 mesdames et messieurs les rapporteurs, chers collègues,
00:47:16 la Commission des Affaires européennes
00:47:18 s'est saisie pour observation du projet de loi
00:47:20 visant à sécuriser et réguler l'espace numérique.
00:47:23 L'échelon, bien sûr, européen, est plus que jamais pertinent
00:47:26 pour lutter contre la toute-puissance
00:47:29 des grandes plateformes remettre de l'ordre
00:47:31 dans le far-west numérique.
00:47:33 Je salue la part prise par la France
00:47:36 pour parvenir à un compromis à la fois
00:47:39 sur le règlement sur les services numériques, DSA,
00:47:42 visant à encadrer les activités des plateformes,
00:47:44 en particulier celles des GAFAM.
00:47:47 Il est entré en vigueur pour les plus grosses plateformes
00:47:50 le 25 août dernier.
00:47:53 Et le règlement également sur les marchés numériques,
00:47:56 ou le DMA, est visant, lui, à lutter
00:47:58 contre les pratiques anticoncurrentielles
00:48:01 des mêmes géants d'Internet.
00:48:03 L'Union européenne joue un rôle pionnier
00:48:07 pour établir un environnement en ligne
00:48:09 qui soit équitable, sûr et responsable.
00:48:13 C'est un motif de satisfaction,
00:48:15 une première étape qui nous oblige.
00:48:17 Notre rapport pour observation
00:48:19 formule une série de recommandations
00:48:21 pour améliorer, je dirais, le DSA et le DMA
00:48:25 en moyen terme, à l'occasion de leur réexamen,
00:48:29 mais également à court terme,
00:48:31 au titre de la phase de mise en œuvre qui s'ouvre.
00:48:34 J'appelle en particulier la France,
00:48:36 avec d'autres partenaires européens,
00:48:38 à saisir la Commission pour ouvrir une enquête de marché
00:48:41 en l'encontre du réseau X, anciennement Twitter,
00:48:45 la première liste de contrôleurs d'accès soumis au DMA,
00:48:48 dévoilée le mois dernier par la Commission,
00:48:51 comporte 6 acteurs qui enteignent les seuils quantitatifs
00:48:54 fixés par le texte.
00:48:57 Le réseau X n'y figure pas
00:48:59 et répond pourtant à plusieurs critères qualitatifs
00:49:02 qui peuvent être mobilisés à titre subsidiaire.
00:49:05 Attention au risque d'incohérence.
00:49:08 Twitter serait une très grande plateforme en ligne
00:49:11 au sens du DSA,
00:49:12 mais pas un contrôleur d'accès au sens du DMA.
00:49:16 L'Allemagne, en décembre 2022, a appelé justement à désigner
00:49:20 le réseau X comme contrôleur d'accès,
00:49:22 sans succès à ce stade,
00:49:24 en commission spéciale, le gouvernement nous a envoyé
00:49:27 aux enquêtes de marché ouvertes par la Commission,
00:49:30 mais le réseau X n'est pas concerné d'après nos informations.
00:49:34 Donc la France a poussé pour des législations européennes ambitieuses.
00:49:38 Soyons également fermes, Monsieur le Ministre,
00:49:41 et exigeants dans son application.
00:49:43 Et je sais que je peux compter sur votre engagement.
00:49:46 Je souhaite poursuivre aussi mon propos en formulant
00:49:48 deux autres points de vigilance
00:49:51 qui portent spécifiquement sur les dispositions du projet de loi.
00:49:54 En premier lieu, c'est la volonté du gouvernement
00:49:57 de pré-transposer les textes européens en cours de discussion
00:50:01 afin de guillouner les négociations,
00:50:03 me semble un peu contestable.
00:50:05 Il est important que la France fasse valoir ses intérêts.
00:50:08 C'est tout l'objet des échanges au Conseil de l'Union.
00:50:12 En revanche, la pratique de la pré-transposition
00:50:15 crée un risque d'incompatibilité native,
00:50:18 à vouloir quelquefois tordre un peu le bras,
00:50:20 comme je le disais en commission de ses partenaires,
00:50:23 la France peut se retrouver un petit peu le bras tordu.
00:50:26 J'en veux pour preuve l'encadrement des crédits cloud
00:50:29 qui figure dans le projet de loi,
00:50:31 mais qui a été écarté du compromis trouvé avec l'Union
00:50:35 sur le Data Act en juin.
00:50:37 Une approche européenne, donc, aurait permis de sécuriser
00:50:41 le dispositif qui déroge au principe de libre prestation
00:50:45 du pays d'origine,
00:50:46 et la scission en commission spéciale de l'article 7
00:50:49 n'apporte pas de garantie en la matière.
00:50:52 D'autre part, je m'inquiète du risque de contrariété
00:50:56 avec le droit de l'Union
00:50:57 qui frappe certaines dispositions du projet de loi.
00:51:00 Le gouvernement propose, par exemple, de nommer la DGCRF
00:51:05 parmi les autorités nationales compétentes
00:51:08 chargées de la mise en oeuvre du DSA,
00:51:10 et ce, alors même que le considérant du 112 du DSA précise
00:51:16 que les entités désignées doivent agir en toute indépendance
00:51:20 et ne pas recevoir d'instructions, y compris du gouvernement.
00:51:24 Vous en conviendrez que la DGCRF est un service de Bercy
00:51:29 et qui agit donc sous l'autorité de son ministre de tutelle.
00:51:32 Voilà quelque chose qu'il faudra peut-être
00:51:34 effectivement faire évoluer à l'avenir.
00:51:36 Pour conclure, il est regrettable
00:51:39 qu'on ait engagé la procédure accélérée sur ce texte.
00:51:44 Les délais d'examen sont extrêmement courts.
00:51:47 Notre Parlement devrait, de toute évidence,
00:51:50 adopter le projet de loi en première lecture
00:51:52 avant même que la Commission européenne
00:51:54 n'ait pu présenter ses observations
00:51:56 dans le cadre de la procédure de notification
00:51:58 prévue par la directive e-commerce.
00:52:01 À quoi donc cette procédure de notification sert-elle
00:52:03 si nous ne prenons pas le temps d'échanger des informations
00:52:07 avec les autorités européennes et l'évider de sa substance,
00:52:10 d'autant que nous, nous, parlementaires,
00:52:12 ne sommes pas associés aux échanges informels
00:52:15 entre le gouvernement et la Commission.
00:52:17 Alors voilà brièvement ce que je voulais dire,
00:52:19 Madame la Présidente, les questions,
00:52:20 les quelques réflexions que je souhaitais partager avec vous,
00:52:23 mais je sais qu'on est aussi finalement dans le débat
00:52:25 et les formations essentielles,
00:52:26 les formations qu'on pourrait avoir ici
00:52:27 pour faire évoluer le texte
00:52:30 et aussi les discussions avec la Commission européenne.
00:52:32 Merci, Madame la rapporteure.
00:52:36 J'ai reçu de Madame Mathilde Pannot
00:52:38 et des membres du groupe La France Insoumise,
00:52:39 Nouvelle Union Populaire, Écologique et Sociale,
00:52:42 une motion de rejet préalable déposée en application
00:52:45 de l'article 91, alinéa 5 du règlement.
00:52:48 La parole est à Madame Sophia Chikirou
00:52:50 pour une durée ne pouvant excéder 15 minutes.
00:52:54 Madame la Présidente, merci.
00:52:56 Monsieur le ministre, chers collègues,
00:52:57 le dépôt de cette motion de rejet
00:52:59 nous est apparu à mon groupe et moi comme une nécessité.
00:53:03 Le texte de loi que vous nous proposez
00:53:04 pour sécuriser et réguler l'espace numérique est un fauné.
00:53:08 Vous l'avez reconnu vous-même
00:53:09 lorsqu'on vous a auditionné en commission spéciale,
00:53:11 monsieur le ministre Barreau.
00:53:13 Je cite exactement votre réponse
00:53:15 quand je vous faisais remarquer l'insuffisance
00:53:16 et l'inefficacité de votre loi
00:53:18 pour relever les défis pourtant importants du numérique.
00:53:21 Vous m'avez répondu avec l'honnêteté qui vous caractérise.
00:53:25 Je suis d'accord avec vous,
00:53:27 ce texte en lui-même ne peut rien résoudre.
00:53:29 C'est un aveu à la fois honnête, en effet, et triste,
00:53:33 car justement, il y a une urgence à mettre un coup d'arrêt
00:53:35 aux abus des plateformes Internet,
00:53:37 à la maltraitance et au harcèlement numérique
00:53:39 et tout particulièrement à l'exposition des plus jeunes
00:53:42 à un Internet aux mains d'industriels sans scrupules.
00:53:45 Avant d'exposer toutes les raisons de cette motion de rejet,
00:53:50 permettez-moi quand même de verser à votre crédit,
00:53:53 en plus de votre honnêteté lors du débat en commission,
00:53:55 une autre qualité.
00:53:57 Vous avez fait l'effort de parler
00:53:59 avec les différents groupes parlementaires
00:54:01 et c'est assez rare pour être souligné
00:54:02 parce que nous, la France Insoumise,
00:54:03 nous avons eu le droit à deux rendez-vous
00:54:05 qui nous ont permis de se dire nos profonds désaccords.
00:54:09 Je salue aussi du coup la qualité,
00:54:11 ce qui est la même de monsieur le rapporteur général Paul Midi,
00:54:14 qui a permis que le travail parlementaire
00:54:16 se fasse dans une atmosphère respectueuse des divergences.
00:54:20 Ceci dit, j'en viens aux raisons de cette motion de rejet.
00:54:24 Nous estimons que nous ne pouvons pas voter cette loi.
00:54:27 Monsieur le ministre,
00:54:29 vous mettez dans ce texte de loi, pêle-mêle,
00:54:32 la lutte contre la pédopornographie,
00:54:34 la lutte contre les ingérences étrangères,
00:54:36 contre le cyberharcèlement,
00:54:38 contre l'exposition des mineurs à la pornographie,
00:54:40 le contrôle des nuités de location saisonnière,
00:54:43 la désignation de signaleurs de confiance,
00:54:46 la lutte contre les révoltes urbaines
00:54:47 et les manifestations non déclarées,
00:54:49 les arnaques en ligne,
00:54:51 et au milieu de tout ça,
00:54:52 un article que nous appelons tous ici l'article SORAR,
00:54:55 pour permettre à une entreprise,
00:54:57 l'entreprise SORAR de jeux d'argent,
00:54:58 d'échapper aux règles et à la fiscalité des jeux d'argent.
00:55:02 Alors évidemment, ce gloubi-boulga est indigeste,
00:55:05 aussi bien pour les enfants qui ne seront pas protégés,
00:55:08 plus protégés avant qu'après cette loi,
00:55:11 et pour les adultes qui risquent de voir
00:55:13 leurs libertés individuelles gravement mises en péril.
00:55:16 Quelle est donc la portée de cette loi pour protéger les enfants ?
00:55:20 Si j'en crois la tribune publiée par les représentants de Respect Zone,
00:55:24 Agir contre la prostitution des enfants,
00:55:26 le Conseil français des associations pour les droits de l'enfant,
00:55:29 Caméléon Association France,
00:55:31 Stop VO Enfance sans violence,
00:55:33 l'Observatoire de la parentalité et de l'éducation numérique,
00:55:36 les associations Crise internationale,
00:55:38 Éveil, la Fondation pour l'enfance,
00:55:40 et même l'Alliance des avocats pour les droits de l'homme,
00:55:43 cette loi est une régression même par rapport à la législation existante.
00:55:48 Je les cite, pour que vous ne prétendiez pas
00:55:51 que c'est une posture que j'emprunterais là.
00:55:53 Voilà ce que ces défenseurs des enfants écrivent.
00:55:55 La majorité présidentielle vote une loi, c'était celle de 2020,
00:55:59 dont la constitutionnalité est confirmée,
00:56:01 et qui est sur le point d'être appliquée.
00:56:03 Et puis, cette même majorité sabote le dispositif existant au dernier moment
00:56:08 en votant une nouvelle loi qui s'apparente à une véritable bouée de sauvetage
00:56:13 pour les géants du porno, et qui affaiblit la protection des enfants.
00:56:17 Et toutes ces associations-là vous demandent de retirer le titre 1, monsieur Barrault.
00:56:22 Nous, les Insoumis, nous demandons aussi que la réalité que ces experts décrivent
00:56:27 soit prise en compte.
00:56:29 Et je demande ici aux députés qui sont assis sur tous les rangs
00:56:32 d'avoir en tête cette déclaration des associations
00:56:34 au moment de voter la motion de rejet.
00:56:36 La protection des enfants passe par la volonté politique
00:56:40 de mettre des moyens dans l'éducation numérique
00:56:42 et dans l'éducation sexuelle des adolescents.
00:56:44 Or, votre gouvernement ne fait rien pour appliquer et respecter la loi en vigueur
00:56:49 en matière de prévention et d'éducation sexuelle.
00:56:52 D'après une enquête de la Direction générale de l'enseignement scolaire,
00:56:56 seulement 13,5% des élèves en école primaire ont bénéficié
00:57:00 des trois séances annuelles d'éducation à la sexualité,
00:57:03 qui sont pourtant prévues dans le Code de l'éducation.
00:57:06 Malheureusement, monsieur le ministre, vous renvoyez cela à votre collègue
00:57:08 qui est à l'éducation pour un hypothétique futur projet de loi
00:57:12 censé répondre à l'impérieuse nécessité de mener une politique
00:57:15 de prévention et d'éducation.
00:57:16 Avec ce gouvernement, on a compris une chose.
00:57:18 Dès qu'il s'agit de moyens réels, nous sommes renvoyés au calende grec,
00:57:22 vu que de toute façon, la loi de finances passera sans discussion
00:57:25 avec un 49-3.
00:57:27 Je disais que ce texte est infauné.
00:57:30 Je m'explique, vous prétendez sécuriser et réguler,
00:57:32 mais ce que plusieurs associations et collectifs de défense des droits
00:57:35 et libertés voient dans ce texte, c'est votre intention obsessionnelle
00:57:40 de placer les internautes sous surveillance généralisée.
00:57:43 Au nom de la sécurité des enfants, dont on a vu qu'il n'en est rien,
00:57:47 vous allez imposer non seulement pour les sites pornos,
00:57:50 mais aussi pour les réseaux sociaux, des contrôles à l'entrée.
00:57:53 Contrôle d'identité pour tout le monde, vos papiers, s'il vous plaît.
00:57:57 Car je le dis à nos concitoyens qui sont laissés dans l'ignorance,
00:58:00 cette loi vise à ouvrir le chemin du contrôle d'identité
00:58:04 pour l'accès à Internet et aux services d'Internet.
00:58:08 Le gouvernement veut commencer par les plateformes pornos,
00:58:11 les jeux non monétisables, mais il va poursuivre
00:58:14 avec les réseaux sociaux et vous verrez que bientôt,
00:58:17 il s'attaquera aux messageries qui devront demander aussi une identification.
00:58:21 Vous ne pourrez plus ouvrir un compte et même posséder un compte
00:58:26 sans avoir au préalable donné votre carte d'identité à une société privée
00:58:31 qui, pour le compte d'une autre société ou de l'Etat, vérifiera votre âge,
00:58:35 vérifiera que vous n'êtes pas inscrit dans un fichier de condamné
00:58:39 à un bannissement numérique ou dans un fichier de condamné
00:58:43 pour appel à une manifestation non autorisée.
00:58:45 Ainsi, vous serez libre d'aller sur Internet à la seule condition
00:58:49 de vous identifier. C'est comme pendant le Covid.
00:58:52 Vous êtes libre de sortir avec autorisation préalable de sortie
00:58:55 consentie par la coercition sociale.
00:58:57 Si vous voulez une vie sociale, une vie citoyenne,
00:59:00 montrez patte blanche. L'Etat doit pouvoir tout savoir de vous.
00:59:04 C'est de cela dont nous parlons.
00:59:05 Les politesses de la Commission spéciale n'ont pas permis de cacher la réalité.
00:59:10 Peut-être que d'autres groupes ici estiment que ce n'est pas grave,
00:59:14 mais pour tous les défenseurs des droits fondamentaux et des libertés,
00:59:17 il y a alerte sur la dérive liberticide de ces mesures.
00:59:21 La double vérification que vous proposez est le cheval de Troyes
00:59:25 du contrôle d'identité numérique généralisé.
00:59:28 C'est une arnaque, ce qui est cocasse pour un gouvernement
00:59:32 qui prétend lutter contre les arnaques en ligne.
00:59:35 Je rappelle que le droit à l'anonymat en ligne est consacré
00:59:39 par le droit international et la Constitution française.
00:59:43 Si le gouvernement français fait sauter ce verrou,
00:59:46 nous nous dirigerons inexorablement vers une société
00:59:50 du contrôle social à la chinoise.
00:59:52 Vous ouvrez déjà la voie à la censure d'Etat avec votre filtre
00:59:56 dit "anti-arnaque", qui est prévu à l'article 6,
01:00:00 et qui permet à l'autorité administrative d'exiger le blocage
01:00:03 de certains sites par les navigateurs.
01:00:06 Évidemment, en principe, cela ne doit concerner que le site frauduleux.
01:00:09 Mais comment garantir qu'à terme, un gouvernement ne l'utilise pas
01:00:14 à des fins politiques ?
01:00:15 En France ou ailleurs, c'est bien le reproche que nous vous faisons
01:00:18 dans ce texte.
01:00:19 En voulant tout régler par la technique,
01:00:22 vous jetez nos principes de justice, de liberté d'expression
01:00:25 et de démocratie aux orties.
01:00:27 Et entre le modèle chinois du numérique et le modèle américain
01:00:31 des GAFAM, un autre espace numérique est possible.
01:00:35 Notre souveraineté nationale passe aussi par le numérique.
01:00:41 Nous avons 10 ans de retard, peut-être 15,
01:00:43 mais c'est encore jouable, à condition de faire autrement
01:00:47 que ce que vous faites.
01:00:48 J'en viens à ce sujet, celui de la souveraineté numérique,
01:00:52 car vous l'avez beaucoup à la bouche.
01:00:53 Mais concrètement, ce projet de loi ne permet encore rien,
01:00:57 et rien avant longtemps.
01:00:59 Le problème des règlements européens qui sont inscrits
01:01:01 dans ce texte de loi est qu'ils sont limités.
01:01:03 Ils sont le fruit d'un compromis entre beaucoup d'intérêts divergents
01:01:07 et sous influence des GAFAM et des géants du web.
01:01:10 A cela s'ajoute que la position française est antinomique
01:01:13 avec celle de l'Allemagne en matière d'hébergement des données.
01:01:17 Oui, dans l'idéal, la stratégie européenne pour les données
01:01:19 devrait permettre de mutualiser les moyens des différents pays européens
01:01:23 et ainsi abaisser les barrières à l'entrée d'un marché
01:01:25 qui sinon restera monopolisé par les géants américains.
01:01:29 Mais regardez les choses en face.
01:01:31 La différence de vue avec l'Allemagne sur l'indépendance numérique
01:01:35 laisse peu de place à une stratégie européenne cohérente et efficace.
01:01:40 L'Allemagne fait le choix d'élibérer des centres de données américains
01:01:44 afin d'obtenir la garantie de pouvoir pénétrer le marché américain.
01:01:48 Difficile dans ces conditions de développer une politique européenne cohérente.
01:01:52 Pour l'Allemagne, la souveraineté est un frein à l'exportation de ses biens.
01:01:56 Elle doit donc nécessairement passer par une alliance contractuelle
01:01:59 avec les marchés extérieurs, en l'occurrence américains.
01:02:03 Pour nous, notre souveraineté passe.
01:02:05 Tenez-vous bien par la planification écologique.
01:02:08 Monsieur Barreau, il est temps d'intégrer dans votre logiciel de ministre du numérique
01:02:13 la dimension écologique comme une dimension fondatrice
01:02:17 non seulement de notre souveraineté, mais aussi de notre équilibre territorial
01:02:22 et comme un moyen de faire l'égalité pour l'accessibilité de tous les citoyens.
01:02:31 Vous faites l'impasse totale sur la sobriété numérique et les enjeux écologiques du numérique
01:02:36 au moment où l'empreinte environnementale du numérique va passer
01:02:40 de 2,5% à 7% des émissions de gaz à effet de serre en France d'ici à 2030.
01:02:46 La consommation d'électricité va exploser dans les années à venir
01:02:49 et les data centers sont toujours plus énergivores.
01:02:53 C'est en pensant la dissémination des data centers sur l'ensemble du territoire.
01:02:57 C'est en pensant la consommation énergétique et l'utilisation de l'énergie produite
01:03:02 qu'on peut développer sur un plan quinquennal les infrastructures indispensables
01:03:07 pour stocker les données de santé, les données des entreprises et des collectivités
01:03:12 et ainsi mettre à l'abri cette richesse des puissances étrangères
01:03:17 et en même temps cette richesse qui est un véritable talon d'Achille
01:03:21 pour nos entreprises, nos sociétés et notre pays.
01:03:24 C'est en pensant aussi à un cloud souverain qui garantisse une maîtrise globale
01:03:29 de la chaîne de production matérielle et logicielle sans recours à la sauteraitance.
01:03:34 Malheureusement, ce projet de loi va nous mettre en retard
01:03:37 et vous refusez même l'idée d'une planification écologique dotée d'un agenda,
01:03:42 d'un budget, d'une stratégie globale.
01:03:45 Il en va pourtant de notre souveraineté économique et de la sécurité des données,
01:03:50 des collectivités, des entreprises et de nos concitoyens.
01:03:54 J'en arrive à un dernier sujet qui j'espère terminera de convaincre mes collègues
01:03:59 de voter la motion de rejet, pas de censure, ça c'est pour la prochaine fois.
01:04:05 Il s'agit de l'article 15, le fameux article SORAR.
01:04:10 Cet article est la preuve s'il en manquait encore que ce projet de loi est une fumisterie.
01:04:16 Vous avez d'abord tenté de le cacher en demandant une habilitation
01:04:19 à légiférer par ordonnance.
01:04:21 Puis vous essayez de nous amadouer en nous promettant une expérimentation
01:04:25 qui, on le sait tous ici, s'éternisera.
01:04:28 Ce débat est vraiment important, car l'Autorité nationale des Jeux
01:04:31 nous alerte sur le taux de prévalence.
01:04:33 Le taux de prévalence, c'est le taux de joueurs ayant une pratique jugée problématique
01:04:38 des jeux à objets numériques monétisables.
01:04:40 Ce taux s'élève à 20%.
01:04:42 C'est deux fois plus que pour les jeux d'argent classique.
01:04:45 Il monte à 27% dès qu'on parle de jeux du type SORAR.
01:04:49 SORAR, c'est le nom dit, le grand tabou de ce projet de loi
01:04:54 qui est créé en réalité exclusivement pour cette licorne française en déclin.
01:04:59 Soyons clairs.
01:05:00 SORAR propose des services à la lisière entre jeux d'argent et paris sportifs.
01:05:05 Il devrait y être assimilé.
01:05:07 Au lieu de ça, on crée un véritable régime d'exception pour une seule entreprise.
01:05:12 Le droit est précis.
01:05:13 L'article L321 du Code de sécurité intérieure indique que son réputé
01:05:18 est un acte de dénonciation.
01:05:20 Les jeux d'argent sont de hasard.
01:05:22 Toutes opérations sont offertes au public pour faire naître l'espérance
01:05:26 d'un gain qui serait dû, même partiellement au hasard,
01:05:29 et pour lesquels un sacrifice financier est exigé.
01:05:33 C'est exactement le principe du jeu SO5 de la société SORAR.
01:05:38 Elle regroupe absolument tous les critères d'un jeu d'argent.
01:05:41 D'ailleurs, ils ne s'en cachent même pas.
01:05:44 Vous pouvez collectionner des cartes au format NFT,
01:05:48 des milliers d'euros de cryptos à gagner.
01:05:51 Je ne vois vraiment pas ce qui les distingue foncièrement d'un jeu
01:05:54 d'argent et de hasard, si ce n'est, surprise, les cadeaux fiscaux
01:05:59 que vous apprêtez à leur faire.
01:06:01 Je sais que vous allez me répondre "innovation et liberté".
01:06:06 En réalité, vous déroulez le tapis rouge à ce type d'entreprise.
01:06:10 Vous voulez les favoriser alors qu'elles visent un public jeune.
01:06:14 Vous ne pouvez pas justifier cela par la création d'emplois.
01:06:16 C'est faux.
01:06:17 Vous l'ignorez peut-être, mais la société SORAR,
01:06:19 c'est peut-être des centaines de millions d'euros de levées,
01:06:22 mais c'est très peu de création d'emplois, à peine quelques dizaines.
01:06:25 Vous leur permettez aussi et surtout donc de bénéficier
01:06:28 d'un régime fiscal particulier.
01:06:30 On n'en connaît pas les contours.
01:06:31 Vous nous avez renvoyés au PLF, sauf que le PLF,
01:06:34 il n'y aura pas de discussion puisqu'il y aura un 49-3.
01:06:37 Donc, on va vous interroger là-dessus.
01:06:39 J'invite tous mes collègues à s'opposer à cet article 15.
01:06:42 Voilà, j'ai exposé en peu de temps les lignes rouges
01:06:45 qui nous poussent au rejet global de ce texte.
01:06:48 Je sais que de nombreux députés, y compris dans les rangs de la majorité,
01:06:52 membres de Renaissance même, partagent mon point de vue.
01:06:56 Nous ne sommes pas dans les caricatures,
01:06:58 ni les oppositions de circonstances.
01:07:00 Ce texte suscite des doutes chez vous.
01:07:03 La meilleure chose à faire quand on doute,
01:07:06 surtout quand on est en charge de la loi,
01:07:09 c'est de se donner le temps de lever les doutes.
01:07:11 Le rejet du texte est l'occasion de se remettre au travail
01:07:15 pour faire mieux.
01:07:17 Merci Madame la députée.
01:07:21 Monsieur le ministre, vous souhaitiez prendre la parole.
01:07:24 Merci Madame la Présidente.
01:07:35 Mesdames et Messieurs les députés,
01:07:39 en écoutant la défense de cette motion de rejet de la France insoumise,
01:07:45 en réalité, c'est la France insouciante que j'avais l'impression d'entendre.
01:07:50 Insouciante vis-à-vis de la détresse de nos concitoyens
01:07:54 dont les données personnelles ou les données bancaires sont pillées tous les jours
01:07:58 et qui se retrouvent sans solution dans la spirale infernale de l'usurpation d'identité.
01:08:03 Ils vous écrivent, Mesdames et Messieurs les députés,
01:08:06 ils vous appellent pour vous demander de trouver des solutions.
01:08:09 La solution, elle est là.
01:08:11 C'est le filtre anti-arnaque qui préviendra le pillage massif
01:08:15 des données personnelles et des données bancaires de nos concitoyens.
01:08:19 La France insouciante de la génération sacrifiée de nos enfants,
01:08:28 exposée à 12 ans, à 11 ans, à 10 ans, aux contenus pornographiques
01:08:33 déversés massivement par des sites pornographiques irresponsables sur Internet.
01:08:39 La solution, elle est là.
01:08:41 C'est l'article 1 et l'article 2 qui donnera à l'Arkom les pouvoirs suffisants
01:08:45 pour dissuader une bonne fois pour toutes les sites pornographiques
01:08:48 de s'abstenir d'appliquer la loi et de vérifier l'âge de leurs utilisateurs
01:08:52 partout et tout le temps.
01:08:55 La France insouciante face à la détresse des femmes harcelées sur les réseaux sociaux
01:09:01 qui voient constamment celles et ceux qui les harcèlent se réinscrire
01:09:05 sur les mêmes plateformes pour recommencer, pour les harceler une nouvelle fois.
01:09:10 La peine de bannissement des réseaux sociaux, vous le savez,
01:09:13 mesdames et messieurs les députés, ce sont les femmes harcelées incessamment
01:09:18 qui nous ont demandé de la prendre pour faire en sorte de faire cesser la récidive.
01:09:23 Alors, madame la députée, vous critiquez certaines des mesures du texte
01:09:27 et je commencerai par le cadre que nous voulons créer pour les jeux NUM,
01:09:31 les jeux à objets numériques monétisables.
01:09:34 Mesdames et messieurs les députés, c'est vrai, il y a des inquiétudes qui s'expriment
01:09:38 mais ce sont des jeux qui existent déjà.
01:09:41 Ce sont des jeux que nos enfants ont d'ores et déjà pris en main.
01:09:45 Alors qu'allons-nous faire ?
01:09:47 Allons-nous laisser les acteurs français cesser de développer ces solutions
01:09:51 et laisser entre les mains d'enfants, de nos enfants ou de personnes sensibles
01:09:57 ou de personnes surendettées ou de personnes qui sont pronts à l'addiction
01:10:01 des jeux à objets numériques monétisables qui viennent de partout ailleurs dans le monde ?
01:10:05 Ou allons-nous créer en France un cadre responsable pour le développement de ces activités
01:10:09 qui bénéficieront certes à des start-up qui ne manqueront pas de venir se développer
01:10:14 et de créer des emplois en France, mais aussi à un acteur qui est représenté
01:10:18 dans chacune de vos circonscriptions ? Je veux parler du PMU, de ses 1000 collaborateurs
01:10:23 des 60 000 emplois de la filière IPIC et des 14 000 points de vente
01:10:27 qui cherchent aujourd'hui évidemment des moyens de garantir la pérennité de ces emplois.
01:10:34 Vous critiquez madame la députée l'article 1 et l'article 2 de ce projet de loi
01:10:40 en vous référant à des tribunes imprécises d'activistes un peu perdus.
01:10:45 D'où viennent l'article 1 et l'article 2 de ce projet de loi mesdames et messieurs les députés ?
01:10:50 Ils viennent d'un rapport édifiant rédigé par des collègues sénatrices,
01:10:55 madame Annick Billon, sénatrice centriste, madame Alexandra Borchio-Fontain,
01:11:00 sénatrice LR, madame Laurence Cohen, sénatrice communiste,
01:11:05 madame Laurence Rossignol, sénatrice PS, qui toutes disent qu'il faut donner à l'ARCOM
01:11:10 le pouvoir de bloquer ces sites et qui disent qu'il faut que l'ARCOM publie un référentiel
01:11:18 pour que les sites se mettent en conformité.
01:11:21 Fiez-vous mesdames et messieurs les députés à ce que vous disent les sénatrices
01:11:25 qui se sont penchées sur le sujet plutôt qu'à des activistes à la dérive.
01:11:30 Et puis enfin madame la députée, et là franchement je ne peux pas vous laisser
01:11:34 dire ce que vous avez dit sur les compromis trouvés au niveau européen.
01:11:40 Il ne s'est rien passé pendant deux décennies s'agissant des géants du numérique
01:11:45 qui se sont retranchés en Irlande en profitant de l'absence d'accords européens,
01:11:51 en profitant de l'hétérogénéité de nos législations européennes.
01:11:55 Et il a fallu, et c'est vrai, il faut rendre crédit à cette majorité,
01:12:00 au président de la République, au commissaire européen français issu du groupe Renew,
01:12:05 toute l'énergie pour faire en sorte de convaincre tous les pays européens
01:12:10 d'adopter ces deux règlements majeurs qui vont mettre au pas,
01:12:14 pour la première fois dans l'histoire, les plateformes qui justement
01:12:17 échappaient complètement à leurs responsabilités.
01:12:20 Alors oui ce sont des compromis, mais l'Europe, ce sont des compromis.
01:12:25 L'Europe c'est une cause imparfaite et quand on est européen convaincu,
01:12:28 mesdames et messieurs les députés, c'est l'imperfection de la cause
01:12:32 qui fait la force de notre engagement, c'est précisément pour rendre l'Europe
01:12:35 meilleure que nous nous engageons.
01:12:38 Alors nous agissons en Europe et pas à pas nous créons les conditions
01:12:41 pour faire en sorte que les droits et les devoirs soient respectés
01:12:44 dans l'espace numérique. Ce projet de loi fait partie de ces pas progressifs
01:12:49 qui vont nous permettre d'obtenir gain de cause.
01:12:52 C'est la raison pour laquelle je vous demande, mesdames et messieurs les députés,
01:12:54 de rejeter massivement cette motion de rejet.
01:12:58 Merci monsieur le ministre.
01:13:01 Avant de vous donner la parole monsieur le rapporteur général,
01:13:05 je vais inviter tout le monde à s'écouter dans le calme.
01:13:08 Et monsieur le ministre, vous êtes avant tout un député aguerri,
01:13:12 je le sais très bien, et pour nous aider à pouvoir présider plus facilement,
01:13:17 je rappelle à tout le monde qu'il est interdit de brandir quoi que ce soit
01:13:20 dans cet hémicycle. Et voilà, je vous remercie.
01:13:24 Parce qu'après ça va être compliqué pour nous.
01:13:27 Non mais s'il vous plaît tout le monde, je précise gentiment au ministre...
01:13:39 Qui vient de crier quoi là ?
01:13:43 Non, et je précise gentiment pour que ça n'arrive plus,
01:13:51 on ne brandit rien, et je le dis gentiment.
01:13:54 Et dans la joie et la bonne humeur, monsieur le rapporteur, vous avez la parole.
01:14:03 Alors s'il vous plaît, je viens de demander à tout le monde de s'écouter, s'il vous plaît.
01:14:18 Monsieur le rapporteur est seul, monsieur le rapporteur général a la parole.
01:14:23 Merci madame la présidente.
01:14:25 Alors chers collègues sur cette motion de rejet,
01:14:29 moi je vous cite 5 chiffres très simples.
01:14:32 50%, 50% c'est la part de nos jeunes qui ont été dit avoir été cyber harcelés sur internet.
01:14:40 15, 15 jours c'est le nombre de jours qu'il y a entre chaque suicide de nos jeunes
01:14:48 dans ce pays après cyber harcèlement ou harcèlement scolaire.
01:14:52 50% à nouveau, 50% c'est la part des arnaques en ligne aujourd'hui dans notre pays.
01:15:00 9 millions, 9 millions ce sont le nombre de français qui se font arnaquer en ligne chaque année
01:15:08 et qui perdent de l'argent dans ces arnaques en ligne.
01:15:11 80%, ça sera le dernier chiffre, 80% ce sont la part des enfants qui dans notre pays
01:15:19 ont été exposés à la pornographie à cause d'internet, parfois très jeunes.
01:15:24 Cette situation elle n'est pas acceptable, nous devons agir.
01:15:28 Ce texte il nous permet d'agir sur cette situation là
01:15:32 et donc je pense que ne pas voter ce texte ce serait une erreur.
01:15:36 Mais ne même pas le débattre serait une faute politique.
01:15:39 Merci.
01:15:40 Merci monsieur le rapporteur général.
01:15:43 Nous en venons aux explications de vote.
01:15:46 Monsieur Aurélien Taché.
01:15:48 Merci madame la présidente.
01:15:50 Bon, on a eu l'occasion en commission d'échanger avec monsieur le ministre,
01:15:54 avec monsieur le rapporteur général et l'ensemble des collègues
01:15:56 et j'ai trouvé moi aussi cette commission assez constructive.
01:15:59 Vous le savez les écologistes sont favorables à un certain nombre de mesures
01:16:02 qui contient ce texte, la transposition du DSA ne nous pose aucun problème.
01:16:06 D'autres objectifs sont aussi des objectifs que l'on partage,
01:16:09 lutter contre le cyber harcèlement, vous venez de le rappeler monsieur le rapporteur général.
01:16:12 La protection des mineurs face à l'exposition des films pornographiques
01:16:16 est aussi un objectif que l'on partage, mais si on prend un peu point par point.
01:16:19 Le début du dispositif du texte est consacré à ce point de la protection
01:16:23 des mineurs contre finalement les films pornographiques.
01:16:26 Bon, est-ce que véritablement avec le texte aujourd'hui on arrivera
01:16:29 à faire peser sur l'industrie pornographique la responsabilité qui est la leur ?
01:16:32 Je ne le crois malheureusement pas.
01:16:34 Est-ce qu'on arrivera à protéger aussi les acteurs, les actrices d'un certain nombre de pratiques
01:16:39 qui peuvent être absolument déplorables et illégales ?
01:16:42 Le conseil de l'égalité a l'air de penser que non.
01:16:45 Est-ce qu'on va réussir à protéger nos enfants de l'exposition ?
01:16:47 Je n'en suis pas totalement certain parce que le système que vous proposez finalement
01:16:51 c'est soit de mettre la carte bancaire, les enfants peuvent la prendre aux parents,
01:16:56 soit un espèce de système de double anonymat qu'on n'a pas encore très très bien compris.
01:16:59 Et ce qu'on a bien compris par contre c'est que l'ARCOM, l'autorité de régulation administrative
01:17:03 en charge de ces questions et qui n'est pas la justice, qui n'est pas totalement indépendante,
01:17:08 elle va pouvoir contrôler l'identité des uns et des autres.
01:17:10 Et ça c'est quand même un gros point d'inquiétude.
01:17:12 C'est un gros point d'inquiétude monsieur le rapporteur général parce qu'en plus
01:17:14 vous avez quand même fait un certain nombre de propositions au fur et à mesure des débats
01:17:18 pour nous démontrer que finalement vous souhaitiez vous mettre en place
01:17:21 un système d'immatriculation numérique, un système finalement un peu de contrôle
01:17:24 de l'identité numérique par l'État.
01:17:26 Donc tout ça me semble un petit peu flou et donc à ce stade je ne suis pas tellement convaincu par le dispositif.
01:17:33 Si on reprend un autre sujet qui vient d'être exposé par ma collègue Sophia Chikirou,
01:17:38 par exemple les fameux jeux numériques à objet monétisable.
01:17:43 Bon, tout le monde nous a dit, l'autorité de régulation des jeux,
01:17:47 les autorités qu'on a pu consulter, qu'il s'agissait visiblement de casinos en ligne déguisés.
01:17:52 Et ce que vous nous proposez à ce stade c'est une expérimentation qui finalement donnerait un cadre un peu plus souple,
01:17:57 un peu plus dérogatoire que ce que connaissent aujourd'hui les jeux d'argent.
01:18:00 Et moi je vous l'ai déjà dit pendant les débats, je suis frappé chaque jour de voir combien ces familles,
01:18:05 ces jeunes dans les quartiers populaires peuvent être finalement...
01:18:08 Merci de conclure chers collègues.
01:18:10 Je vais donc conclure.
01:18:11 C'est deux minutes pardon.
01:18:12 En fait je vais vous dire tout simplement ce que je pense.
01:18:14 Merci. La parole est à monsieur Christophe Nagellen pour le groupe Liott.
01:18:21 Merci Madame la Présidente.
01:18:24 En fin de compte sur ce texte nous serons sans doute pas d'accord sur tout.
01:18:30 Nous allons proposer un certain nombre d'amendements visant à l'améliorer.
01:18:35 Mais la réalité aussi c'est qu'il va plutôt dans le bon sens.
01:18:38 Et dans ce qu'est actuellement la jungle internet, on a besoin d'avoir une régulation plus forte.
01:18:45 Une régulation ce n'est pas une interdiction des libertés,
01:18:48 c'est juste lorsque des choses illégales sont faites que nous soyons en capacité de les sanctionner.
01:18:53 De plus on sait très bien que nous sommes en nécessité d'avoir ces transpositions européennes sur le Data Act.
01:19:01 Donc c'est pour ces différentes raisons.
01:19:04 Et en plus par principe nous votons contre les motions de rejet.
01:19:08 Parce que nous partons du principe que c'est dans cet hémicycle que doit se faire la loi
01:19:12 et que nous devons discuter que nous voterons contre cette motion de rejet.
01:19:16 Merci monsieur Nagelen. Madame Marie Guevenoue.
01:19:22 Oui merci madame la présidente.
01:19:24 Vous avez raison madame Chikirou d'avoir noté l'atmosphère respectueuse qui avait prévalu à nos débats aux commissions.
01:19:29 C'était somme toute effectivement assez agréable et constructif.
01:19:32 Et au fond ce serait bien que ça continue.
01:19:34 Et ce serait bien que les interventions de la France Insoumise ne servent pas à discréditer tout à la fois le projet de loi,
01:19:40 le ministre, le travail des sénatrices, même jusqu'à des entreprises au fond,
01:19:46 que vous jetez ici en anatème dans cet hémicycle.
01:19:49 Ce serait bien que oui on retrouve une atmosphère respectueuse.
01:19:53 Moi ma conviction en vous écoutant madame Chikirou c'est que vous n'avez ni envie de sécuriser,
01:19:57 ni envie de réguler le numérique.
01:20:00 Vous n'avez pas envie de réguler ces espaces.
01:20:03 Vous considérez que 9 millions de victimes d'arnaques c'est finalement pas un sujet.
01:20:07 Vous considérez que 50% de jeunes cyber harcelés ce n'est pas un sujet.
01:20:12 Vous considérez que des garçons de 12 ans dans notre pays,
01:20:16 la moitié des garçons de 12 ans dans notre pays qui sont exposés à un contenu pornographique,
01:20:20 ce n'est pas un sujet.
01:20:22 Et bien vous pensez que c'est pas un sujet.
01:20:24 Et bien nous nous pensons le contraire et nous rejetterons votre motion.
01:20:27 Merci madame la députée.
01:20:31 Je vous informe que sur le vote de la motion de rejet,
01:20:34 je suis saisie par le groupe La France Insoumise, nouvelle union populaire, écologique et sociale
01:20:38 d'une demande de scrutin public.
01:20:40 Le scrutin est annoncé dans l'enceinte de l'Assemblée Nationale.
01:20:43 La parole est à monsieur Aurélien Lopez Ligaurie.
01:20:46 Alors, merci madame la présidente.
01:20:51 Nous examinons la motion de rejet de La France Insoumise donc,
01:20:54 sur ce projet de loi numérique.
01:20:56 Alors nous partageons les inquiétudes de nos collègues.
01:20:59 Traçage étendu à tous les usagers par les réseaux sociaux avec l'article 5.
01:21:03 Généralisation de l'identité numérique avec l'article 4 AC.
01:21:06 De manière générale, en fait, des menaces sur notre vie privée et notre liberté d'expression.
01:21:11 Donc vous piétinez nos droits et tombez dans une dérive qu'on pourrait dire presque autoritaire.
01:21:17 Mais l'enfer est pavé de bonnes intentions.
01:21:19 Vous pensez peut-être bien faire, mais votre projet est un pas de plus vers une société de surveillance.
01:21:25 Mais ce projet de loi, c'est aussi une opportunité pour nous d'adopter des règles protectrices
01:21:30 pour les utilisateurs et pour nos entreprises.
01:21:33 Protectrices des utilisateurs avec le filtre anti-arnaque,
01:21:36 le retrait des contenus pédopornographiques ou les obligations de transparence des sites Internet.
01:21:41 Protectrices de nos entreprises avec l'encadrement des crédits cloud
01:21:45 et les obligations d'interopérabilité et de portabilité des fournisseurs cloud.
01:21:50 Alors nous voulons aller au débat.
01:21:53 Nous voulons voter pour des mesures qui vont dans le bon sens dans ce texte.
01:21:57 Et nous voulons avoir l'occasion de nous battre contre les mesures scandaleuses qu'il contient.
01:22:01 Alors la LFI a ce réflexe de déposer systématiquement une motion de rejet sur chaque texte.
01:22:06 Mais vu l'enjeu crucial que représente le numérique au 21e siècle,
01:22:11 il ne me paraît pas anormal d'avoir au moins, que ce soit une bonne idée d'au moins avoir un débat.
01:22:16 Au Rassemblement National, nous pensons qu'il faut ce débat.
01:22:19 Nous voterons donc contre cette motion de rejet, mais ce n'est pas un blanc-seing que nous donnons au gouvernement.
01:22:24 Nous nous réservons notre position de vote en fonction de l'évolution de ce texte.
01:22:28 Et nous serons particulièrement attentifs à l'article 5 et aux amendements du rapporteur Paul Midi. Merci.
01:22:34 Merci. La parole est à monsieur Jean-François Coulombe.
01:22:40 Madame la Présidente, chers collègues, monsieur le rapporteur, monsieur le ministre.
01:22:45 Voilà déjà plusieurs semaines que nous travaillons sur ce texte.
01:22:48 Et il faut bien avouer que nous restons sur notre fin.
01:22:51 Bien évidemment, nous nous accordons sur l'importance de traiter des sujets tels que l'accès aux mineurs à la pornographie,
01:22:57 la protection des citoyens et citoyennes contre le cyberharcèlement,
01:23:01 et encore l'encadrement et la prévention des arnaques sur Internet.
01:23:05 Mais votre texte se penche aussi sur la concurrence et la souveraineté au sein de l'informatique en nuage,
01:23:10 l'expérimentation de jeux monétisables, les plateformes de tourisme en location,
01:23:14 ou encore le traitement des données personnelles dans les juridictions.
01:23:18 Vastes sujets qui tous méritent bien plus qu'un texte bâclé, dont l'illisibilité le rend difficile à appréhender.
01:23:25 Proposer des textes confus et fourre-tout vous permet ainsi d'y glisser des mesures liberticides à titre soi-disant expérimental.
01:23:34 Nous tentons de voir plus loin que ces expérimentations qui se glissent dans ce projet de loi.
01:23:40 Car votre texte propose en réalité de nouvelles atteintes aux libertés fondamentales,
01:23:45 camouflées derrière des réalités cruelles et intolérables.
01:23:48 En l'état, votre texte n'offre aucune solution réelle de protection des citoyennes et des citoyens, mineurs comme majeurs, sur Internet.
01:23:56 La question épineuse de ce projet est finalement de savoir ce que nous sommes disposés à sacrifier collectivement comme libertés,
01:24:03 et surtout de voir jusqu'où ces dérives nous conduiront sur le long terme.
01:24:07 Ce projet de loi comporte les prémices de la fin de l'anonymat en ligne et du droit à la vie privée,
01:24:12 avec des déclarations du rapporteur général sur une extension d'un recours à l'identité numérique, à ce stade non solutionné.
01:24:20 Ce texte illustre le renoncement du gouvernement à débattre profondément sur des sujets impactant la vie des Françaises et des Français.
01:24:28 La question du numérique, de sa sécurité et de sa régulation ne sont même pas au cœur du texte.
01:24:33 C'est pour ces raisons que nous voterons la motion de rejet que dépose notre groupe La France Insoumise.
01:24:38 Nous pensons intimement que chacun des sujets abordés dans ce texte mérite une réflexion accrue,
01:24:43 et nous nous tenons à votre disposition pour élaborer ensemble une stratégie pérenne et respectueuse des libertés individuelles et collectives.
01:24:49 Merci monsieur le député. La parole est à monsieur Victor Haber Dassault.
01:24:55 Merci madame la présidente.
01:24:59 Nom des Républicains, nous pensons que nous abordons aujourd'hui une question essentielle,
01:25:03 la régulation du numérique, cruciale pour notre avenir et notre souveraineté.
01:25:07 De nombreux sujets variés doivent impérativement faire l'objet d'une nouvelle législation.
01:25:13 Voter cette motion reviendrait à considérer que ces enjeux et les débats affiliés n'ont pas leur place dans notre législation nationale.
01:25:20 Nous sommes un carrefour digital et face à des décisions qui influenceront l'avenir de notre pays,
01:25:25 nous pensons par conséquent qu'il faut avoir un débat et nous nous opposerons à la motion de rejet.
01:25:30 Merci monsieur le député. La parole est à monsieur Laurent Eskenégox.
01:25:35 Merci madame la présidente. Le groupe démocrate s'opposera bien évidemment à cette motion de rejet.
01:25:41 Le débat que nous ouvrons aujourd'hui est essentiel pour de nombreuses raisons.
01:25:45 Les règlements DSA et DMA sont des avancées majeures obtenues par la France
01:25:49 lors de la présidence du conseil de l'Union Européenne au premier semestre 2022.
01:25:54 Mais au-delà des avancées européennes essentielles pour lesquelles nous devons adapter notre droit,
01:25:58 ce texte est l'occasion d'aller encore plus loin sur de nombreux sujets.
01:26:02 Nous souhaitons tous avancer pour la protection de nos enfants.
01:26:05 Leur exposition à des contenus pornographiques n'a que trop duré.
01:26:09 Depuis trop d'années, les plateformes ignorent le droit, malgré les injonctions de l'Arc-com,
01:26:13 les plaintes des associations et les rappels à l'ordre.
01:26:16 Grâce à ce texte, grâce au référentiel, nous pouvons aller plus loin et plus vite
01:26:21 pour faire en sorte que ces sites respectent enfin leurs obligations,
01:26:25 participant à rendre le net plus sûr pour nos enfants.
01:26:28 Je voudrais saluer ici le travail du ministre, du rapporteur général,
01:26:33 ainsi que de l'ensemble des rapporteurs thématiques,
01:26:35 avec une intention appuyée pour le travail effectué sur la première partie du texte.
01:26:39 Car au-delà de la protection des mineurs, c'est tout un arsenal de luttes
01:26:42 contre le harcèlement et la haine en ligne qui est proposé,
01:26:44 avec la peine complémentaire de blocage, les sanctions pour les deepfakes
01:26:48 ou encore les amendes pour outrages sexistes.
01:26:51 Bien sûr, le projet de loi pourra être encore enrichi.
01:26:54 Bien sûr, certaines dispositions pourront être revues.
01:26:57 Je sais que sur les sujets abordés par ce texte, nous pourrons bâtir des consensus
01:27:01 et les démocrates participeront à les bâtir,
01:27:04 que ce soit sur la médiation en ligne que je porte,
01:27:07 la lutte contre la sextortion ou le renforcement de la régulation des influenceurs.
01:27:11 Mais tout cela ne sera pas possible sans un vrai débat parlementaire.
01:27:15 Chers collègues, je vous invite tous à y participer. Je vous remercie.
01:27:19 Merci, monsieur le député. La parole est à monsieur Hervé Soulignac.
01:27:25 Merci, madame la présidente. Cette motion de rejet a au moins le mérite,
01:27:29 monsieur le ministre, de vous faire entrer avec vigueur, pour ne pas dire ferveur,
01:27:33 dans le débat. Sur le fond, je ne reviendrai pas sur la primauté du droit européen,
01:27:39 qui n'est pas un détail pour nous, et donc l'obligation d'adapter notre droit.
01:27:45 Ce texte est-il un peu fourre-tout, comme l'a rappelé tout à l'heure
01:27:49 notre collègue Shikiru ? Oui, il est un peu fourre-tout.
01:27:53 Oui, mais ce n'est pas le premier, certainement pas le dernier,
01:27:57 et ça ne nous semble pas justifier en soi un rejet.
01:28:01 Ce texte répond-il à tout ? Non. Et un certain nombre de questions
01:28:06 n'ont pas été abordées. La question de l'éducation numérique est centrale.
01:28:10 Celle des jeux illégaux n'est pas traitée. La question écologique est aussi relativement
01:28:16 passée sous silence. La question du cloud souverain paraît être mise de côté.
01:28:20 Mais si ce texte est fourre-tout, comment est-il possible d'en rajouter un peu plus ?
01:28:26 Alors nous pensons que ce texte soulève surtout des sujets graves,
01:28:31 des sujets particulièrement sérieux, la protection de l'enfance,
01:28:34 la lutte contre la pédopornographie, le cyberharcèlement,
01:28:38 l'encadrement des fournisseurs de cloud. Et pour toutes ces raisons,
01:28:43 nous pensons que ces sujets doivent être débattus.
01:28:46 Si nous avons du retard sur un certain nombre de domaines,
01:28:50 n'en prenons peut-être pas plus. Et c'est en conscience que nous ne voterons pas cette motion de rejet.
01:28:55 Merci monsieur le député. La parole est à madame Agnès Carel.
01:29:00 Merci madame la présidente. Chers collègues, à travers cette motion de rejet préalable,
01:29:06 le groupe de la France Assoumise a le mérite de la cohérence.
01:29:10 Il ne dévie pas de sa ligne. S'opposer à tout et sur tous les sujets,
01:29:15 tout le temps et sans débat bien sûr, conformément à leur attachement profond à la démocratie.
01:29:20 Je veux d'abord vous dire ma déception profonde.
01:29:24 Les débats en commission sur ce texte, ambitieux et nécessaires,
01:29:27 ont été passionnés et passionnants, enrichissants pour tous
01:29:31 et surtout respectueux des opinions de chacun.
01:29:34 Je sais le travail acharné des rapporteurs de ce texte pour chercher le consensus
01:29:38 entre les différents groupes de cette Assemblée.
01:29:40 Alors voilà, je déplore la forme, mais plus encore, je désespère du fond.
01:29:46 Quoi que vous en dites, à travers cette motion de rejet préalable,
01:29:50 vous souhaitez rejeter d'un coup, d'un seul, l'ensemble de ce texte.
01:29:54 Vous qui prétendez être si attachés à la protection des mineurs.
01:29:58 Vous qui prétendez être si attachés à la lutte contre les violences sexuelles et sexistes.
01:30:03 Vous qui prétendez être pour une régulation stricte des acteurs économiques.
01:30:09 Vous nous proposez aujourd'hui de rejeter l'idée même d'un meilleur contrôle
01:30:14 de l'accès des mineurs à la pornographie.
01:30:16 Vous nous proposez de rejeter l'idée d'un bannissement des réseaux sociaux,
01:30:20 des cyberharcèleurs qui détruisent la vie de tant de personnes.
01:30:24 Vous nous proposez de rejeter l'idée d'une protection de nos concitoyens
01:30:28 face aux actes de cybermalveillance.
01:30:30 De rejeter l'idée d'une meilleure régulation des acteurs étrangers du cloud
01:30:34 qui écrasent aujourd'hui le marché européen.
01:30:37 Votre cohérence s'arrête donc à votre opposition systématique.
01:30:43 Et c'est là où commence l'action de tous les députés qui veulent agir
01:30:47 pour protéger nos concitoyens dont nous faisons partie.
01:30:51 Le groupe Horizon et Apparenté votera contre cette motion de rejet.
01:30:55 Merci Madame la Présidente.
01:30:56 Merci Madame la Députée.
01:30:58 Nous allons maintenant procéder au scrutin.
01:31:03 Je vais donc mettre en voie la motion de rejet.
01:31:06 Je vous prie de bien vouloir regagner vos places.
01:31:09 Le scrutin est ouvert.
01:31:13 Le scrutin est clos.
01:31:17 Voici le résultat du scrutin.
01:31:24 Votants 206, exprimés 204, majorité 103,
01:31:29 pour 32, contre 172, l'Assemblée nationale n'a pas adopté.
01:31:36 Nous en venons à la discussion générale.
01:31:39 La parole est à Monsieur Aurélien Taché pour le groupe écologiste NUPES.
01:31:43 Merci Madame la Présidente.
01:31:57 Monsieur le ministre, Monsieur le rapporteur général,
01:31:59 chers collègues, on va rentrer un petit peu plus dans le détail
01:32:02 de ce que je voulais vous dire sur ce texte
01:32:03 puisque je n'ai pas pu le faire, vos explications de vote,
01:32:05 et c'est bien normal, j'étais trop long Madame la Présidente.
01:32:07 Lorsqu'on propose une loi, on doit d'abord regarder
01:32:09 ce qu'elle peut apporter, mais aussi on doit regarder
01:32:11 ce qu'elle peut enlever à nos concitoyens.
01:32:14 C'est cet équilibre-là finalement qu'on doit toujours étudier.
01:32:17 Et aussi, je le disais tout à l'heure,
01:32:18 ce projet de loi sur le numérique est plein de bonnes intentions,
01:32:20 même parfois de bonnes idées, quand il s'agit de,
01:32:23 par exemple, transposer le DSA,
01:32:26 ou pour les objectifs, protéger nos enfants
01:32:28 ou lutter contre le cyberharcèlement.
01:32:30 Nous pensons qu'en l'état, il met aussi, malheureusement,
01:32:33 un certain nombre de libertés numériques en danger,
01:32:35 c'est de ça dont je voudrais vous parler.
01:32:37 Vous souhaitez, chers collègues de la majorité,
01:32:39 que le numérique ressemble au réel,
01:32:41 mais moi je veux que ce qui est aujourd'hui
01:32:43 un des derniers espaces de liberté
01:32:45 ne soit pas soumis à des contrôles injustifiés.
01:32:48 Au nom de la sécurité, le projet de loi
01:32:50 qui arrive aujourd'hui dans notre Assemblée
01:32:51 risque pourtant, si on n'y prend pas garde,
01:32:53 de renforcer cette logique de société de surveillance,
01:32:56 cette société du contrôle permanent,
01:32:57 et de faire reculer ces précieuses libertés.
01:32:59 Vous voulez par exemple mettre fin à l'exposition
01:33:01 des mineurs à la pornographie.
01:33:03 On est évidemment d'accord sur cet objectif.
01:33:05 Loin des jugements moraux ou d'un quelconque puritanisme,
01:33:08 il s'agit d'éviter qu'une majorité d'enfants
01:33:10 ne découvrent la sexualité à travers des pratiques
01:33:12 souvent bien éloignées de la réalité,
01:33:13 parfois extrêmes et même illégales,
01:33:15 qu'ils risquent de reproduire ensuite.
01:33:17 Mais c'est d'abord par l'éducation et la prévention,
01:33:19 ou en renforçant les possibilités de contrôle
01:33:21 données aux parents, que nous devons atteindre cette ambition.
01:33:23 Ainsi qu'en faisant peser la responsabilité de la régulation
01:33:26 sur l'industrie pornographique elle-même,
01:33:28 et non sur l'administration.
01:33:30 Car le système que vous nous proposez
01:33:32 repose sur une logique de surveillance et d'exclusion.
01:33:34 En donnant à l'ARCOM le pouvoir de contrôler
01:33:36 l'identité des utilisateurs,
01:33:38 et de fermer directement les sites qui contreviennent
01:33:40 à leurs obligations, vous allez finalement
01:33:42 mettre deux risques en exergue.
01:33:45 Un d'abord de censure du web,
01:33:47 car ça devrait être à la justice indépendante
01:33:49 de procéder à ces fermetures.
01:33:51 L'extension de ce principe pourrait en effet conduire demain,
01:33:53 en étendant l'émission de l'ARCOM,
01:33:55 à ce qu'elle puisse fermer tout site
01:33:56 qui ne convient pas au gouvernement.
01:33:57 Et je crois que c'est inutile de démontrer
01:34:00 pourquoi la démocratie et les libertés se trouveraient menacées.
01:34:03 La tentation qu'il y a eu par exemple,
01:34:05 à un moment, de mettre dans ce texte,
01:34:06 et je vous salue Monsieur le Ministre de ne pas l'avoir fait,
01:34:08 de couper les réseaux sociaux et messageries
01:34:10 dans certaines situations,
01:34:12 démontre que cette tentation est bien présente.
01:34:15 Vous ouvrez aussi une brèche dangereuse
01:34:16 sur la protection de l'anonymat.
01:34:18 Pour l'instant, elle serait limitée
01:34:19 aux sites pornographiques.
01:34:20 Mais on voit bien à travers vos propositions,
01:34:22 cher collègue Paul Midi,
01:34:24 que ça ne pourrait être qu'une première étape.
01:34:26 Or le respect de l'anonymat sur Internet,
01:34:28 ça doit rester une ligne rouge.
01:34:29 C'est ce qui permet à des journalistes d'investigation,
01:34:31 à des lanceurs d'alerte,
01:34:32 de travailler sereinement
01:34:33 et de nous fournir certaines informations
01:34:35 dont nous avons besoin en tant que citoyens.
01:34:37 Comment serons-nous informés demain
01:34:39 sur des sujets internationaux
01:34:40 de corruption, d'abus des autorités,
01:34:42 sans garantir les signalements anonymes ?
01:34:44 Alors que les états généraux de l'information démarraient hier
01:34:46 et que la journaliste Ariane Lavrieux
01:34:47 était arrêtée la semaine dernière,
01:34:49 soyons vigilants et refusons une société
01:34:51 où le droit à la vie privée
01:34:52 et la liberté d'expression
01:34:53 ne seraient plus vraiment protégés.
01:34:54 C'est le même danger que pourrait entraîner
01:34:56 la généralisation de l'identité numérique
01:34:58 ou le blocage direct des sites web par l'État
01:35:00 à travers le filtre à anti-arnaques
01:35:02 que vous aviez initialement imaginé.
01:35:04 Il est vrai, nous l'avons déjà dit,
01:35:05 que la lutte contre les arnaques,
01:35:06 notamment à travers les influenceurs,
01:35:08 doit devenir une priorité.
01:35:09 Mais cela ne peut se faire
01:35:10 au détriment des libertés numériques
01:35:11 et en faisant peser sur les navigateurs
01:35:13 des obligations démesurées.
01:35:14 N'oublions pas que la gouvernance d'Internet
01:35:16 repose sur un consortium mondial
01:35:17 et que si demain la France
01:35:18 ses oblige à fermer eux-mêmes certains sites,
01:35:20 les régimes autoritaires
01:35:21 qui jusqu'ici n'avaient jamais rien demandé
01:35:23 ne se priveront pas eux aussi
01:35:25 de demander cela aux navigateurs.
01:35:26 Et ce ne seront pas seulement les sites d'arnaques
01:35:28 qui seront visés, nous le savons, vous et moi.
01:35:30 La protection de nos données
01:35:31 et la souveraineté numérique sont essentielles,
01:35:33 mais pas au prix de nos libertés.
01:35:34 Et pour vraiment sécuriser l'espace numérique,
01:35:36 c'est surtout à ces géants du numérique
01:35:37 que sont les GAFAM
01:35:38 que vous auriez dû vous attaquer.
01:35:39 Notamment au quasi-monopole
01:35:41 dont ils disposent pour stocker nos données.
01:35:43 Mais ça ne vous dérange pas
01:35:44 que ces gigantesques entreprises,
01:35:45 qui échappent déjà pour beaucoup à l'imposition
01:35:47 et qui créent une concurrence déloyale
01:35:49 sur le monde de la technologie française,
01:35:50 puissent avoir accès à autant d'informations
01:35:52 sur la population qu'elles stockent
01:35:54 dans des serveurs à l'étranger.
01:35:56 En cas de problème,
01:35:57 vous ferez comme d'habitude,
01:35:58 vous demanderez un effort, un geste, bref,
01:36:00 vous demanderez à Bruno Le Maire de demander,
01:36:01 plutôt que de vous fier à la loi,
01:36:02 plutôt que de contraindre ces géants
01:36:04 à respecter des normes simples
01:36:05 que d'autres entreprises en France respectent déjà.
01:36:07 Nous devrions, par exemple,
01:36:08 obliger les entreprises
01:36:09 qui travaillent avec le ministère de la Défense,
01:36:11 celui des affaires étrangères
01:36:12 et dans tous les secteurs stratégiques,
01:36:14 de stocker leurs données en Europe.
01:36:15 Les usagers veulent plus de sécurité
01:36:17 pour leurs données et leurs échanges.
01:36:18 C'est aussi pour cela
01:36:19 que nous vous proposons de consacrer
01:36:20 le droit à communiquer
01:36:21 à travers des messagers cryptés.
01:36:22 Enfin, je vais vous parler
01:36:23 de ces fameux jeux numes
01:36:24 que j'évoquais tout à l'heure.
01:36:25 Ce sont des jeux qui, finalement,
01:36:27 s'apparentent plus à des jeux d'argent
01:36:28 qu'à des jeux vidéo.
01:36:29 Des jeux où des jeunes se ruinent,
01:36:30 où des familles s'endettent.
01:36:31 Non, on ne parle pas là de simples jeux
01:36:33 où on achète un item
01:36:34 pour être plus à l'aise.
01:36:35 On parle de dizaines de milliers d'euros
01:36:36 qui sont, finalement,
01:36:37 sous forme de crypto-monnaies échangées.
01:36:39 Nous ne voulons pas
01:36:40 de dérogation ou de réglementation
01:36:42 spécifique pour ces jeux.
01:36:43 Nous voulons ce qui s'applique
01:36:44 aux jeux d'argent,
01:36:45 à savoir les mineurs doivent être absolument protégés
01:36:48 et une législation ferme doit s'appliquer.
01:36:51 Vous l'avez compris,
01:36:52 il y a effectivement des mesures intéressantes
01:36:54 dans votre texte,
01:36:55 mais il manque d'ambition
01:36:56 pour protéger nos concitoyens,
01:36:57 pour véritablement protéger
01:36:58 leur liberté numérique.
01:36:59 Et nous tenterons,
01:37:00 tout au cours des débats,
01:37:01 d'améliorer le texte.
01:37:02 J'espère que nous y arriverons ensemble,
01:37:03 mais ce n'est pas encore tout à fait gagné.
01:37:05 Merci.
01:37:06 Merci, Monsieur le député.
01:37:08 La parole est à Madame Soumya Bouroua
01:37:12 pour le groupe Gauze Démocrate Républicaine
01:37:14 NUPES.
01:37:15 Merci.
01:37:32 Merci, Madame la Présidente.
01:37:34 Monsieur le ministre,
01:37:35 Monsieur le Président de la Commission spéciale,
01:37:37 Mesdames et Messieurs les rapporteurs,
01:37:39 chers collègues,
01:37:40 légiférer en matière de numérique
01:37:43 est désormais une habitude pour notre Assemblée.
01:37:46 Nous pourrions regretter cette inflation normative
01:37:49 dans le domaine,
01:37:50 s'entremêlant bien souvent aux directives
01:37:52 et règlements européens,
01:37:54 parfois en cours de discussion,
01:37:56 mais les enjeux sont si vastes,
01:37:58 les défis si nombreux,
01:38:00 la technologie si rapide,
01:38:02 qu'il n'y a rien d'aberrant
01:38:04 à remettre régulièrement sur l'ouvrage
01:38:06 notre législation en matière de régulation du numérique.
01:38:12 Cependant,
01:38:14 cela ne doit pas conduire à la précipitation,
01:38:17 tant les lignes de crête
01:38:19 que nous avons à emprunter sont délicates.
01:38:22 Si les députés du groupe GDR NUPES
01:38:25 partagent bien évidemment la nécessité
01:38:27 de protéger nos concitoyens dans l'espace numérique,
01:38:30 ils considèrent que cette ambition
01:38:32 mérite un examen serein et approfondi.
01:38:36 Or, ce projet de loi,
01:38:38 très dense,
01:38:39 qui embrasse de nombreuses branches du droit,
01:38:42 nous est présenté en urgence
01:38:44 dans des délais particulièrement serrés.
01:38:47 Le Conseil d'État a d'ailleurs alerté,
01:38:49 dans son avis,
01:38:50 sur les circonstances problématiques
01:38:52 d'examen de ce texte,
01:38:53 qui ne sont pas de nature
01:38:56 à permettre de garantir pleinement
01:38:58 la sécurité juridique de ce projet de loi.
01:39:01 En alternant des sujets aussi variés
01:39:04 que la pédopornographie,
01:39:06 les jeux à objets numériques monétisables,
01:39:08 en passant par les clouds
01:39:10 et la protection des consommateurs,
01:39:12 ce texte peine à donner un cap clair.
01:39:17 Le premier enjeu de ce texte
01:39:19 est l'articulation du principe d'égale valeur,
01:39:22 la protection des enfants et des adolescents sur Internet
01:39:25 est un impératif,
01:39:26 mais doit se concilier avec le droit de la vie privée.
01:39:30 En matière de pornographie,
01:39:31 nous nous inscrivons pleinement
01:39:33 dans la volonté du gouvernement
01:39:35 de restreindre réellement l'accès aux mineurs
01:39:38 et de faire appliquer, enfin,
01:39:41 l'interdiction d'accès.
01:39:44 Nous savons toutes et tous
01:39:46 les dégâts que cela fait sur les plus jeunes,
01:39:48 exposés aux pratiques les plus violentes,
01:39:50 sexistes, racistes,
01:39:52 quelles représentations des femmes
01:39:54 du corps de l'autre cela entraîne,
01:39:56 comment ne pas lutter contre une industrie
01:39:59 où le viol est constamment présent.
01:40:01 Le rapport de la Dédélication des droits des femmes,
01:40:03 porno, l'enfer du décor du Sénat,
01:40:06 nous a servi de base de travail pour ce texte
01:40:09 et je m'en félicite.
01:40:10 Nous soutiendrons l'ensemble des mesures
01:40:13 qui en sont issues.
01:40:15 Cependant, cette vérification de l'âge
01:40:18 doit comporter des garanties importantes
01:40:21 en matière de droit à la vie privée.
01:40:23 Les éditeurs ne doivent pas
01:40:25 posséder les données des utilisateurs.
01:40:28 Nous plaidons pour une technologie en double anonymat
01:40:32 par un tiers de confiance.
01:40:34 Nous ne pouvons vérifier l'âge à n'importe quel prix.
01:40:37 Je souhaite également alerter sur l'article 3
01:40:41 qui contourne des mots même du ministre,
01:40:44 le juge judiciaire.
01:40:46 L'alignement sur le régime antiterroriste
01:40:48 avec des retraits de contenus
01:40:50 dans des délais extrêmement courts
01:40:52 et dans les mains des autorités administratives
01:40:54 ne nous apparaît pas la réponse adaptée.
01:40:57 A force de contourner la justice,
01:40:59 nous affaiblissons petit à petit l'état de droit.
01:41:04 Cette même difficulté apparaît à l'article 6.
01:41:07 Là encore, si nous ne pouvons que partager
01:41:11 l'objectif contre les arnaques en ligne,
01:41:13 nous réfutons la possibilité
01:41:16 pour une autorité administrative
01:41:18 d'imposer le blocage de l'accès
01:41:20 à un service de communication au public en ligne
01:41:22 en raison des risques importants
01:41:25 pour l'exercice des libertés individuelles.
01:41:27 Le blocage de site ne devrait être autorisé
01:41:30 que par un juge judiciaire
01:41:32 afin de vérifier que la demande n'est ni erronée
01:41:35 ni abusive au regard des libertés fondamentales.
01:41:38 Par ailleurs, nous sommes opposés
01:41:41 à l'extension des amendes,
01:41:43 de l'amende forfaitaire d'électuel
01:41:45 à certaines infractions du droit de la presse commis en ligne.
01:41:47 Nous rappelons que la procédure d'amende forfaitaire
01:41:49 qui permet de prononcer une sanction pénale
01:41:51 en l'absence de procès
01:41:53 déroge à plusieurs principes du droit pénal
01:41:56 et de la procédure pénale,
01:41:58 tels que le droit au respect à la présomption d'innocence,
01:42:01 le principe du contradictoire et les droits de la défense,
01:42:04 le principe d'individualisation des peines
01:42:06 et enfin le droit d'accès au juge.
01:42:09 De même, nous nous opposons
01:42:12 à l'expérimentation concernant les jeunes honnes.
01:42:15 Nous ouvrons une brèche importante
01:42:17 dans l'interdiction, sauf dérogation,
01:42:19 des jeux d'argent et de hasard.
01:42:21 Il est pourtant estimé à 1,4 million de joueurs à risque,
01:42:24 400 000 à un niveau pathologique dans notre pays.
01:42:28 Il y a un enjeu véritablement de santé publique
01:42:31 qui est totalement absent de ce texte.
01:42:34 Aussi, si ce texte offre des réponses pertinentes
01:42:37 à des sujets cruciaux pour la protection des usagers d'Internet,
01:42:40 nous regrettons un texte trop vaste
01:42:43 présenté dans la précipitation
01:42:45 qui autorise le contournement du juge judiciaire
01:42:48 sur plusieurs articles au profit de l'autoritaire initiative.
01:42:51 Merci de conclure, chers collègues.
01:42:53 Je tiens à préciser qu'il n'y a rien de pire pour une présidente
01:42:56 que de couper la parole à un collègue,
01:42:58 quel que soit le collègue d'ailleurs.
01:43:00 La parole est à monsieur Christophe Nagelaine
01:43:02 pour le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:43:05 Merci, Madame la Présidente.
01:43:08 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:43:11 et de vous accueillir ici,
01:43:13 dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:43:16 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:43:19 et de vous accueillir ici,
01:43:22 dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:43:25 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:43:28 et de vous accueillir ici,
01:43:31 dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:43:34 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:43:37 et de vous accueillir
01:43:40 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:43:43 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:43:46 et de vous accueillir
01:43:49 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:43:52 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:43:55 et de vous accueillir
01:43:58 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:44:01 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:44:04 et de vous accueillir
01:44:07 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:44:10 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:44:13 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:44:16 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:44:19 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:44:22 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:44:25 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:44:28 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:44:31 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:44:34 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:44:37 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:44:40 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:44:43 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:44:46 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:44:49 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:44:52 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:44:55 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:44:58 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:45:01 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:45:04 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:45:07 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:45:10 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:45:13 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:45:16 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:45:19 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:45:22 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:45:25 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:45:28 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:45:31 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:45:34 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:45:37 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:45:40 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:45:43 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:45:46 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:45:49 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:45:52 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:45:55 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:45:58 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:46:01 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:46:04 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:46:07 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:46:10 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:46:13 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:46:16 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:46:19 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:46:22 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:46:25 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:46:28 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:46:31 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:46:34 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:46:37 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:46:40 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:46:43 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:46:46 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:46:49 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:46:52 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:46:55 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:46:58 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:47:01 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:47:04 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:47:07 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:47:10 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:47:13 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:47:16 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:47:19 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:47:22 Je suis très heureuse de vous accueillir
01:47:25 ici, dans le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires.
01:47:28 S'agissant des jeux à objets numériques monétisables,
01:47:31 d'hygiénum, nous reconnaissons leurs spécificités.
01:47:34 Néanmoins, si témoins notre exemple
01:47:37 de quelque chose que nous achetons à instanter
01:47:40 et qui, du fait du cours,
01:47:43 de l'action, de ce qu'il représente,
01:47:46 varie. C'est exactement
01:47:49 ce qui se passe aujourd'hui en bourse avec des actions
01:47:52 à l'ordre des jeux NUM. Il y a une taxation
01:47:55 au niveau de la FLAC-Tax de plus-value
01:47:58 réalisée lorsqu'il y a vente
01:48:01 d'un jeu NUM. Nous sommes amicement entre le jeu vidéo,
01:48:04 le jeu d'argent et le jeu de hasard, mais nous sommes exactement
01:48:07 dans la même situation que ce que peut l'être
01:48:10 une action boursière. Il faut impérativement clarifier cela.
01:48:13 C'est pour ça, avec pragmatisme et réalisme,
01:48:16 nous défendrons nos propositions pour un Internet
01:48:19 encadré, mais toujours espace de liberté.
01:48:22 Merci, M. Nagelen. 5 minutes pile.
01:48:25 Madame Marie Guevenoue
01:48:28 pour le groupe Renaissance.
01:48:31 Madame la Présidente, M. le Président de la Commission spéciale,
01:48:46 M. le Rapporteur général, Mesdames et Messieurs les rapporteurs spéciaux,
01:48:49 M. le Ministre, chers collègues,
01:48:52 la possibilité qui nous est donnée avec ce projet de loi
01:48:55 est une vraie chance. Elle nous permet de venir, d'une part,
01:48:58 transposer trois règlements européens, dont l'adoption
01:49:01 à l'initiative de ce gouvernement et cette majorité a été
01:49:04 un des marqueurs de la présidence de l'Union européenne.
01:49:07 Elle permet d'autre part de combler certaines lacunes actuelles
01:49:10 de notre dispositif de protection des citoyens en ligne,
01:49:13 dont les failles se sont dramatiquement révélées
01:49:16 ces derniers temps. Après l'adoption de ces trois règlements
01:49:19 qui constituent un véritable progrès en termes de protection
01:49:22 pour les citoyens comme pour les acteurs du numérique,
01:49:25 la France peut continuer d'être précurseur
01:49:28 en la matière pour favoriser l'indépendance de nos entreprises
01:49:31 nationales, renforcer l'attractivité
01:49:34 de l'offre cloud à la française et permettre
01:49:37 aux entreprises de se saisir pleinement des opportunités
01:49:40 économiques offertes par le numérique.
01:49:43 En ce qui concerne la protection des citoyens,
01:49:46 l'enjeu politique premier de ce texte est de construire
01:49:49 un nouveau continuum de sécurité entre les espaces
01:49:52 physiques et les espaces numériques pour que cessent
01:49:55 les zones de non-droit, le sentiment d'impunité
01:49:58 et les comportements parfois ignobles qui ont libre cours.
01:50:01 En cela, nous nous inscrivons aussi à la suite
01:50:04 du travail législatif entamé de longue date
01:50:07 par notre majorité. Dès 2020,
01:50:10 notre groupe avait adopté une loi qui donnait le pouvoir
01:50:13 à l'Arc-Homme de lutter contre l'accès de nos enfants
01:50:16 aux sites pornographiques. Depuis, ces mêmes sites
01:50:19 pornographiques ont mis toute leur force pour contourner
01:50:22 les obligations mises en place par le législateur.
01:50:25 Face à cette inertie et sans craindre la bataille
01:50:28 judiciaire qu'ils nous intenteront, nous devons aller plus loin
01:50:31 pour garantir partout la protection de nos enfants.
01:50:34 Aujourd'hui, nous nous fixons comme objectif
01:50:37 la mise en place rapide d'un référentiel
01:50:40 ambitieux et efficace qui permettra à l'avenir
01:50:43 de réellement contrôler que les utilisateurs sont majeurs.
01:50:46 C'est aussi avec ce principe de double anonymat
01:50:49 qui repose sur un tiers que nous voulons atteindre
01:50:52 efficacement ces objectifs de protection des mineurs
01:50:55 et de la vie privée. Dans ce but,
01:50:58 notre commission a adopté le doublement de la peine
01:51:01 encourue par les éditeurs de sites pornographiques
01:51:04 qui contreviendrait à l'obligation de vérification de l'âge.
01:51:07 Le groupe Renaissance souhaite également
01:51:10 poursuivre son action pour un espace numérique
01:51:13 plus responsable et plus protecteur. Nous souhaitons
01:51:16 que comme en commission, le débat sur l'anonymat
01:51:19 puisse aussi se tenir en séance.
01:51:22 Si chacun sait aujourd'hui dans cette Assemblée
01:51:25 que personne n'est anonyme sur le net, la plupart des Français
01:51:28 n'ignorent pas. La mise en place d'une identité numérique
01:51:31 permettant l'authentification des usagers et la levée
01:51:34 de l'anonymat et en aucun cas la suppression du pseudonymat
01:51:37 nous permettraient d'affirmer avec puissance
01:51:40 que personne, nulle part, ne peut agir en toute impunité.
01:51:43 Dans le prolongement de ce débat,
01:51:46 les derniers événements dramatiques nous obligent
01:51:49 à agir de manière résolue contre le harcèlement.
01:51:52 Dans la continuité du plan interministériel ambitieux
01:51:55 contre le cyberharcèlement qui a été présenté la semaine dernière
01:51:58 par la Première Ministre Elisabeth Borne, nous vous proposerons
01:52:01 d'introduire dans notre texte les dispositifs issus de ce plan.
01:52:04 Je tiens en effet à saluer le travail réalisé en commission
01:52:07 qui a permis d'enrichir le texte initial en créant
01:52:10 un volet fort de sensibilisation au cœur
01:52:13 de la protection numérique de nos enfants mais également
01:52:16 de la responsabilisation des parents. Nous proposerons
01:52:19 donc en ce sens la systématisation
01:52:22 de la certification PICS ainsi que l'introduction
01:52:25 d'un mécanisme permettant d'avertir les détenteurs
01:52:28 de l'autorité parentale dont les enfants seraient responsables
01:52:31 de cyberharcèlement.
01:52:34 Toujours dans l'objectif de mieux protéger les mineurs,
01:52:37 nous proposerons que les sites de jeux à objets numériques
01:52:40 monétisables soient eux aussi soumis
01:52:43 à une obligation de vérification d'âge.
01:52:46 Enfin, nous voulons donner aux forces de l'ordre et à notre justice
01:52:49 les moyens d'agir plus rapidement quand les réseaux sociaux
01:52:52 servent à appeler à des actions de destruction
01:52:55 comme cela a été le cas lors des épisodes de violences urbaines
01:52:58 au début de l'été. Responsabiliser les acteurs,
01:53:01 les plateformes aux utilisateurs, protéger
01:53:04 les citoyens les plus vulnérables, sanctionner
01:53:07 ceux qui ne respecteront pas les règles, voilà ce qui guide
01:53:10 notre action. L'objectif de ce texte est bien
01:53:13 de permettre une prise de conscience collective sur les dangers
01:53:16 et les nuisances dont l'espace numérique
01:53:19 est parfois le théâtre pour que demain,
01:53:22 nous puissions y diffuser la tranquillité et la sécurité
01:53:25 qui s'imposent notamment pour nos enfants. Je vous remercie.
01:53:28 Merci
01:53:31 Madame la première caster.
01:53:34 La parole est à Monsieur Aurélie Hain-Lopez Ligaurie
01:53:37 pour le groupe Rassemblement National.
01:53:41 Madame la Présidente, Monsieur le Ministre,
01:53:44 chers collègues, les élus de la minorité présidentielle
01:53:47 ne cessent de distribuer des leçons de morale
01:53:50 sur la liberté et la démocratie. Mais vous piétinez
01:53:53 ces valeurs aujourd'hui avec le projet de loi sécurisée
01:53:56 et régulière numérique. En soutenant
01:53:59 cette loi, nous avons décidé de faire un projet
01:54:02 de loi qui va permettre aux citoyens de se faire
01:54:05 compter sur la liberté et la démocratie.
01:54:08 En soutenant l'obligation de lier
01:54:11 l'identité numérique à l'identité physique,
01:54:14 c'est-à-dire en supprimant l'anonymat en ligne,
01:54:17 vous vous attaquez à la philosophie même de ce qu'est Internet.
01:54:20 Internet est et doit rester
01:54:23 un espace de liberté.
01:54:26 En obligeant les Français à fournir leurs documents d'identité
01:54:29 pour accéder aux réseaux sociaux, vous ferez d'Internet
01:54:32 une parodie de Safe Space Walk, autocensurée,
01:54:35 sans débat, sans dialogue, sans vie.
01:54:38 Cette fin de l'anonymat que vous préparez
01:54:41 est liberticide, mais surtout inefficace.
01:54:44 Tout simplement parce que la loi existe
01:54:47 et qu'elle est d'ores et déjà bien faite.
01:54:50 Quand une infraction est constatée, il y a une réquisition du procureur
01:54:53 ou une plainte, et derrière, une enquête de police.
01:54:56 Puis une condamnation s'il doit en avoir une.
01:54:59 Le problème aujourd'hui, c'est qu'il n'y a pas assez d'effectifs
01:55:02 et de moyens pour le recueil des plaintes et les enquêtes.
01:55:05 En vérité, au lieu de donner plus de moyens
01:55:08 à la police et à la justice, vous préférez
01:55:11 vous attaquer aux libertés des Français.
01:55:14 Pire, les amendements de M. le rapporteur Paul Midi ne sont en fait
01:55:17 que l'arbre qui cache la forêt, car même si ces amendements
01:55:20 sont rejetés, l'article 5 de ce texte
01:55:23 met lui aussi en danger l'anonymat en ligne
01:55:26 en exigeant des réseaux sociaux qu'ils empêchent
01:55:29 la création d'un compte par un individu condamné.
01:55:32 En d'autres termes, vous demandez aux réseaux sociaux
01:55:35 d'assumer le flicage des Français à votre place.
01:55:38 C'est inacceptable.
01:55:41 Vous avez perdu l'esprit.
01:55:44 Enfin, les seuls pays qui ont réussi à bannir l'anonymat
01:55:47 sont des régimes autoritaires comme la Chine.
01:55:50 Est-ce donc là réellement un modèle dont vous souhaitez vous inspirer ?
01:55:53 Dernière ligne rouge,
01:55:56 la souveraineté numérique est la grande absente
01:55:59 de ce projet de loi.
01:56:02 Comment pouvez-vous prétendre réguler l'espace numérique
01:56:05 si vous entretenez une dépendance
01:56:08 aux multinationales étrangères ?
01:56:11 Ce texte était pourtant le véhicule parfait
01:56:14 pour aborder cet enjeu de souveraineté numérique.
01:56:17 Et les sénateurs l'avaient bien compris
01:56:20 en introduisant l'article 10 bis A
01:56:23 qui entendait réserver la commande publique en matière de cloud
01:56:26 à des entreprises européennes et uniquement européennes
01:56:29 pour le traitement et l'hébergement des données sensibles.
01:56:32 Le but de cet article était clair,
01:56:35 expulser les GAFAM de la commande publique
01:56:38 et en passant, éjecter Microsoft du Health Data Hub
01:56:41 où sont stockées les données de santé des Français.
01:56:44 Cela avait deux avantages évidents.
01:56:47 D'une part, protéger nos données
01:56:50 sensibles pour des raisons de sécurité nationale
01:56:53 et d'indépendance stratégique.
01:56:56 D'autre part, de développer notre propre écosystème numérique
01:56:59 et de favoriser des entreprises françaises et européennes
01:57:02 comme Scalway, NumSpot ou OVH
01:57:05 qui sont d'ores et déjà prêtes à répondre
01:57:08 aux appels d'offres de l'Etat.
01:57:11 C'est cela l'Etat stratège que Marine Le Pen
01:57:14 ne cesse d'appeler de ses voeux.
01:57:17 C'est un Etat qui utilise la commande publique
01:57:20 comme un levier, non seulement pour exclure
01:57:23 tout risque d'ingérence sur notre sol,
01:57:26 mais aussi pour permettre le développement de notre propre industrie du numérique
01:57:29 dans un marché étouffé par les GAFAM.
01:57:32 La minorité présidentielle a trahi notre souveraineté
01:57:35 et notre écosystème numérique
01:57:38 en supprimant en commission cet article.
01:57:41 Vous vous moquez donc éperdument de notre souveraineté numérique
01:57:44 et vous avez également une peur bleue
01:57:47 de vous attaquer aux intérêts américains en Europe.
01:57:50 Alors heureusement,
01:57:53 il y a tout de même de bonnes mesures proposées par ce projet de loi.
01:57:56 L'interopérabilité et l'encadrement des crédits cloud
01:57:59 qui permettront aux clients de ne plus être captifs
01:58:02 d'un seul prestataire,
01:58:05 une meilleure prévention contre les fraudes en ligne
01:58:08 avec le filtre anti-arnaque
01:58:11 et surtout une meilleure pénalisation des plateformes
01:58:14 qui mettent à disposition des mineurs du contenu pornographique.
01:58:17 Mais ça ne suffit pas
01:58:20 à faire de ce texte une bonne loi.
01:58:23 Le groupe Rassemblement National sera extrêmement vigilant
01:58:26 sur la défense de l'anonymat en ligne
01:58:29 et sur la défense de notre souveraineté numérique.
01:58:32 Vous allez nous avoir sur votre chemin,
01:58:35 mais maintenant place au débat.
01:58:38 Merci monsieur le député.
01:58:41 La parole est à madame Ségolène Amiaux
01:58:44 pour le groupe La France Insoumise NUPES.
01:58:47 Madame la Présidente, monsieur le ministre,
01:59:06 messieurs les rapporteurs,
01:59:09 la Chine a réinventé le contrôle social à l'ère du numérique
01:59:12 et Macron souhaite le sien à la française.
01:59:15 Ce puissant système chinois
01:59:18 techno-sécuritaire vise à noter,
01:59:21 pister et juger les habitants du pays
01:59:24 et faire en sorte que chacun se tienne au carreau
01:59:27 sous peine de ne pas pouvoir emprunter
01:59:30 par exemple les transports en commun.
01:59:33 Un rêve pour monsieur Macron.
01:59:36 Et il ne s'en cache plus.
01:59:39 Depuis l'arrivée du président Macron,
01:59:42 nos libertés publiques s'effondrent peu à peu.
01:59:45 Les françaises et les français se sont engluées
01:59:48 dans un filet sécuritaire dénoncé par les associations
01:59:51 jusqu'aux plus hautes organisations internationales comme l'ONU.
01:59:54 Ce qui nous vaut le glorieux titre de démocratie défaillante.
01:59:57 Depuis six ans, plusieurs textes de loi
02:00:00 se trouvent du côté de la sécurité au détriment des libertés.
02:00:03 La loi sur la sécurité intérieure
02:00:06 avec l'état d'urgence dans le droit commun.
02:00:09 La loi anti-casseurs privant a priori
02:00:12 un individu de sa liberté de circuler ou de manifester.
02:00:15 La nouvelle doctrine de maintien de l'ordre
02:00:18 avec le recours au NAS retoqué par le Conseil d'Etat.
02:00:21 La loi sur le secret des affaires en 2018
02:00:24 mettant à mal la liberté d'informer.
02:00:27 La loi sur la sécurité globale souhaitant limiter
02:00:30 la diffusion d'images de policiers censurée par le Conseil constitutionnel.
02:00:33 La vidéosurveillance algorithmique
02:00:36 instaurée par la loi sur les Jeux olympiques 2024.
02:00:41 Et la loi de programmation de la justice
02:00:44 permettant dorénavant d'activer à distance
02:00:47 les caméras et les micros de vos téléphones portables.
02:00:50 Bienvenue en Macronistan.
02:00:53 Ce contrôle de la vie physique
02:00:56 est réel et souhaite trouver son modèle
02:00:59 pour nos vies numériques.
02:01:02 L'influence chinoise semble avoir porté ses fruits
02:01:05 jusqu'à l'Elysée dans les politiques liberticides et autoritaires
02:01:08 portées par la Macronie.
02:01:11 Vous l'aurez compris, ce texte ne nous convient absolument pas.
02:01:14 Si nous pouvons nous accorder sur le constat
02:01:17 de l'existence de violences et d'abus sur Internet,
02:01:20 reflets virtuels de ce qui se passe dans nos vies physiques,
02:01:23 nous ne pouvons que nous opposer à la réponse que vous y apportez.
02:01:26 Ce texte est mensonger et laisse croire
02:01:29 que le recours à des solutions techniques permettrait de protéger
02:01:32 les mineurs et les utilisateurs d'Internet de façon générale.
02:01:36 La solution technique que vous vendez à tout va
02:01:39 est un leurre, abandonné par l'Australie,
02:01:42 par le Royaume-Uni et les Etats-Unis.
02:01:45 Elle crée un sentiment contre-productif de protection,
02:01:48 mais est toujours contournable.
02:01:51 Il n'existe actuellement aucune solution technique
02:01:54 qui permette la vérification de l'âge
02:01:57 qui soit compatible avec le droit au respect de la vie privée
02:02:00 et le droit de l'anonymat sur Internet.
02:02:03 Même l'Arkom l'a récemment avoué en audition
02:02:06 et le référentiel ne sera pas applicable à court terme.
02:02:09 Ce texte est hypocrite.
02:02:12 Toutes ces dispositions visant à protéger les mineurs sur Internet
02:02:15 mettent en lumière l'abandon du gouvernement
02:02:18 en termes de politique d'éducation et de prévention
02:02:21 qui sont pourtant les premières armes à mobiliser,
02:02:24 surtout les plus efficaces.
02:02:27 Beaucoup d'élèves traversent aujourd'hui leur scolarité
02:02:30 sans avoir bénéficié d'une seule séance d'éducation à la sexualité.
02:02:33 Le 2 mars 2023, c'est le planning familial,
02:02:36 CidAction et SOS Homophobie qui ont saisi le tribunal administratif
02:02:39 à Paris pour que la loi de 2001 soit enfin appliquée.
02:02:42 Hypocrite toujours quand la police judiciaire
02:02:45 et la gendarmerie ne disposent pas des moyens suffisants
02:02:48 pour lutter efficacement contre la pédocriminalité.
02:02:51 Les moyens de la justice face aux géants du numérique
02:02:54 ont toujours été trop faibles
02:02:57 et face à ce constat d'échec,
02:03:00 nous ne remettons pas en question votre politique budgétaire
02:03:03 et vous choisissez tout simplement de contourner le juge judiciaire
02:03:06 en passant par les autorités administratives.
02:03:09 Après la loi Avia, en grande partie censurée par le Conseil de l'Etat,
02:03:12 ce projet de loi persiste
02:03:15 dans l'absence d'intervention du juge
02:03:18 et propose donc la seule qualification
02:03:21 de l'infraction par l'administration.
02:03:24 Cela va dans le sens de l'accroissement des pouvoirs administratifs
02:03:27 au détriment du pouvoir judiciaire
02:03:30 laissant à l'exécutif des pouvoirs toujours plus grands
02:03:33 et mettant à mal la séparation des pouvoirs.
02:03:36 Montesquieu, l'un des pères de la séparation des pouvoirs
02:03:39 écrivait que l'oppression commence toujours par le sommeil.
02:03:42 Vous ne faites là qu'endormir les Françaises et les Français
02:03:45 et nous serons toujours présents pour l'en empêcher
02:03:48 dans la rue comme dans cet hémicycle.
02:03:51 Ce projet de loi est une boîte de pandore sociale et sécuritaire
02:03:54 dont certains états totalitaires pourraient se vanter.
02:03:57 Nous ne sommes plus dans un roman dystopique
02:04:00 mais bien dans la réalité.
02:04:03 Comptez sur nous pour mettre un frein à la violence.
02:04:06 Comptez sur nous pour mettre un frein radical
02:04:09 à ces réformes toujours plus liberticides et autoritaires
02:04:12 afin d'éviter la création d'outils dont nous ne sommes toujours pas en mesure
02:04:15 de prédire les conséquences.
02:04:18 Merci Madame la députée.
02:04:21 La parole est à Monsieur Victor Haberdasso pour le groupe Les Républicains.
02:04:24 Madame la Présidente, Monsieur le rapporteur, Monsieur le ministre,
02:04:27 chers collègues,
02:04:30 le projet de loi sur l'espace numérique
02:04:33 apparaît comme un sujet de l'intérêt de la République.
02:04:36 Je voudrais donc vous demander de me donner des exemples
02:04:39 de ce que vous avez dit sur le sujet.
02:04:42 Je vais commencer par le projet de loi sur l'espace numérique.
02:04:45 Je vous ai déjà parlé de ce projet de loi.
02:04:48 Je vous ai déjà parlé de ce projet de loi.
02:04:51 Le projet de loi sur l'espace numérique apparaît comme un sujet
02:04:54 complexe, technique, qui façonne notre époque
02:04:57 et notre avenir, la régulation du monde numérique.
02:05:00 L'ère de la digitalisation est un changement majeur
02:05:03 qui bouleverse nos usages, notre économie et notre façon
02:05:06 d'appréhender les relations humaines.
02:05:09 C'est avec cette conviction profondément ancrée que j'avais proposé
02:05:12 de créer une commission permanente du numérique aux côtés des autres commissions
02:05:15 pour venir en appui et aiguiller le travail réalisé au sein de celle-ci.
02:05:18 Un travail régulier et exhaustif serait alors permis
02:05:21 en étroite relation avec le Parlement européen
02:05:24 et la Commission des affaires européennes en un mot.
02:05:27 Une commission spéciale temporaire ne paraît pas être suffisante
02:05:30 au regard des enjeux auxquels nous sommes confrontés.
02:05:33 Le Parlement doit s'emparer du numérique comme un sujet à part entière
02:05:36 et pas comme une variable d'ajustement.
02:05:39 Le présent projet de loi, récemment examiné par le Sénat,
02:05:42 témoigne de notre engagement à offrir à notre pays
02:05:45 une législation à la hauteur de ce que le monde numérique nous promet de meilleur.
02:05:50 Mais là où croient ceux qui sauvent, croient aussi le péril.
02:05:53 De la liberté, de la créativité, de la facilité des échanges,
02:05:56 il expose aussi les utilisateurs aux usages les plus sombres,
02:05:59 à l'insécurité, à la violence de la vie privée
02:06:02 ou au harcèlement, voire à l'injustice.
02:06:05 Le groupe Les Républicains a d'ailleurs été au cœur
02:06:08 de cette transformation législative avec une vision stratégique
02:06:11 et un sens des responsabilités. Je tiens ici à rendre hommage,
02:06:14 en particulier au travail des sénateurs Patrick Chez et Loïc Hervé.
02:06:18 C'est à la République de reprendre la main en protégeant nos concitoyens
02:06:22 et en anticipant le comportement les plus à risque.
02:06:25 Je pense comme vous, chers collègues, à nos jeunes parfois perdus
02:06:28 et esselés derrière leur écran, à nos aînés, aux populations les plus fragiles,
02:06:32 confrontés aux vendeurs d'amour, aux SMS, aux mails frauduleux
02:06:36 visant à usurper une identité, un numéro de carte bleue,
02:06:39 les coordonnées de cartes bancaires, voire de la sécurité sociale.
02:06:43 Le filtre anti-arnaque en ce sens apparaît comme un filtre de protection indispensable.
02:06:47 La vigilance et l'adaptabilité sont nos maîtres mots.
02:06:51 Ce texte est une nécessité, notamment pour la protection des mineurs
02:06:54 face aux sirènes de l'industrie pornographique.
02:06:57 Mais si l'objet est plus que légitime, les défis techniques seront nombreux
02:07:00 et les exemples dans d'autres pays doivent nous contraindre
02:07:03 à une vigilance accrue et à des efforts redoublés.
02:07:06 Nous resterons attentifs également au cadre de références
02:07:09 mises en place par l'ARCOM ainsi qu'à son utilisation.
02:07:12 Sur l'article 15 et la régulation des jeux numériques à objet monétisable,
02:07:17 le groupe Les Républicains insiste sur le soutien aux nouvelles technologies
02:07:21 et à l'innovation, mais tout en anticipant les risques associés,
02:07:25 en proposant donc de restreindre la portée de cet article
02:07:28 de l'expérimentation aux jeux de fantaisie sportives et épiques.
02:07:33 Il ne faut pas que cette nouvelle réglementation serve d'appel d'air
02:07:36 à des acteurs qui chercheraient par tous moyens à contourner les règles d'existence
02:07:40 et un premier bilan sera évidemment nécessaire.
02:07:43 Quant à l'article 10 bis A, voté au Sénat mais supprimé en commission spéciale,
02:07:48 nous proposons de le réintroduire en partie, mais en tenant compte
02:07:51 des défis auxquels les fournisseurs de stockage de données, entreprises
02:07:55 et administrations pourraient être confrontés.
02:07:57 Cette réintroduction vise ainsi à fixer un cap pour renforcer
02:08:00 la protection collective des données sensibles
02:08:03 contre les risques liés aux législations étrangères.
02:08:06 Nous pouvons également souligner le rôle majeur dans ce texte
02:08:09 que sera amené à jouer l'ARCOM.
02:08:12 Comme le précise l'article 25, l'ARCOM, la CNIL et la DGCCRF sont considérés
02:08:17 comme les autorités nationales pour la mise en œuvre du DSA
02:08:20 et nous pouvons saluer le rôle de coordinateur de l'ARCOM dans ce trio.
02:08:24 Toutefois, nous veillerons à ce que l'impératif d'indépendance
02:08:27 de ces autorités, comme le souligne le DSA, soit respecté,
02:08:30 ce qui n'est a priori pas tout à fait le cas de la DGCCRF reliée à Bercy.
02:08:34 Cela pose un problème de conformité aux droits européens.
02:08:38 Le groupe Les Républicains plaide pour une régulation équilibrée,
02:08:41 innovante et sécurisée garantissant à la France une souveraineté numérique,
02:08:45 car derrière cette notion de souveraineté, c'est la question de la protection
02:08:48 de nos valeurs et de notre modèle démocratique qui est en jeu.
02:08:51 Les événements tragiques de la fin juin ont d'ailleurs rappelé,
02:08:54 avec une acuité brutale, combien les réseaux sociaux peuvent agir
02:08:57 comme une poudrière. Le flot constant de messages, d'images
02:09:00 ou de vidéos transmis à la vitesse éclair, amplifié et a démultiplié
02:09:04 les violences comme si le pire était toujours certain.
02:09:07 Face à cette nouvelle menace numérique, nous demandons la capacité
02:09:10 à nos autorités d'intervenir plus efficacement contre les menaces
02:09:13 d'atteinte aux biens et aux personnes dans le strict respect des droits
02:09:17 et des libertés. Notre mission, chers collègues, est de façonner
02:09:20 une législation qui protège nos citoyens tout en favorisant l'innovation.
02:09:23 Cette dualité est le reflet de notre engagement, une France qui embrasse
02:09:27 son avenir numérique avec ambition et confiance, tout en affirmant
02:09:30 fermement qu'il faut un ou plusieurs gardiens dans le temple numérique.
02:09:34 Le changement, donc, dans la fidélité à nos valeurs.
02:09:37 Avec cette législation, et nous l'espérons avec nos propositions,
02:09:40 nous allons faire un pas de plus vers une France numérique plus forte,
02:09:43 plus souveraine et plus protectrice. Pour ces raisons, et si après
02:09:47 les sénateurs, les députés et les républicains sont entendus,
02:09:49 nous voterons en faveur de ce texte. Nous avons une responsabilité
02:09:53 collective de veiller à ce que le numérique soit à la fois un moteur
02:09:56 de progrès et un espace d'épanouissement.
02:09:59 Merci, Monsieur le député.
02:10:02 La parole est à Monsieur Erwann Balanant pour le groupe démocrate,
02:10:05 modem et indépendant.
02:10:08 Monsieur le ministre, Madame la Présidente,
02:10:18 Mesdames et Messieurs les rapporteurs,
02:10:20 Chers collègues,
02:10:22 Lors de nos travaux préparatoires sur ce projet de loi,
02:10:28 qui a été très joyeux aussi, je ne vous cache pas mon étonnement
02:10:32 face à la satisfaction exprimée par certains acteurs du numérique.
02:10:38 À les écouter, nous pourrions croire que l'espace numérique
02:10:42 était sain, sécurisé et que tout allait bien dans le meilleur des mondes.
02:10:48 Certains opérateurs considèrent déjà avoir mis en oeuvre les outils
02:10:53 de régulation et de contrôle pour protéger leurs utilisateurs.
02:10:58 Alors, s'il faut panier leurs efforts, puisque depuis quelques années
02:11:01 ils font effectivement des efforts, je crois qu'il reste beaucoup à faire
02:11:05 et nous ne pouvons pas nous contenter de leurs petites avancées.
02:11:09 D'ailleurs, je vous rappelle un des nombreux drames d'Internet
02:11:14 et de ses réseaux, c'est la plainte déposée contre TikTok
02:11:20 pour provocation au suicide, non-assistance à personne en péril
02:11:24 et propagande ou publicité des moyens de se donner la mort
02:11:27 par les parents d'une jeune femme, d'une fille,
02:11:31 qui s'était suicidée en septembre 2021.
02:11:34 Alors, si cette plainte ne vise effectivement qu'une plateforme,
02:11:37 elle nous rappelle que toutes les plateformes ont effectivement
02:11:41 un rôle à jouer et toutes doivent comprendre leurs responsabilités
02:11:44 qu'elles ont dans l'écosystème qu'elles créent
02:11:49 et la nécessité pour elles de maîtriser les risques relatifs
02:11:52 aux usages d'Internet.
02:11:54 Alors, le groupe Nébocrate ne peut donc que saluer,
02:11:57 Monsieur le Ministre, l'arrivée de ce projet de loi dans notre hémicycle.
02:12:01 Saluez aussi votre travail, votre détermination à faire de ce texte
02:12:05 un texte qui protège nos enfants, mais qui protège aussi les adultes
02:12:09 et qui protège aussi les entreprises.
02:12:13 Alors, nous nous apprêtons à discuter d'un projet de loi
02:12:16 qui répond aux enjeux de protection des internautes,
02:12:19 et je l'ai dit, à commencer par nos enfants.
02:12:22 Pour eux, il nous est urgent d'assainir cet écosystème numérique.
02:12:27 Lors des auditions, puis du travail en commission,
02:12:30 nous avons eu à cœur de doter l'État d'outils pertinents et efficaces,
02:12:35 non seulement pour punir, mais aussi pour que chacun,
02:12:39 en bonne intelligence, puisse utiliser ce formidable outil
02:12:41 d'émancipation, d'information et d'innovation qu'est le numérique.
02:12:45 Et je remercie à cette occasion les rapporteurs pour leur travail,
02:12:48 ainsi que l'aide précieuse apportée par les administrateurs.
02:12:52 Collectivement, nous avons travaillé pour trouver des compromis
02:12:57 sans lésiner sur un principe, celui de la responsabilité.
02:13:01 J'aime rappeler un concept que nous devrions décliner, d'ailleurs,
02:13:05 dans bon nombre de domaines, c'est le concept du pollueur-payeur.
02:13:08 Aujourd'hui, et dans cette logique, force est de constater
02:13:11 que certains acteurs ne jouent pas encore pleinement leur rôle
02:13:14 de réparation de l'écosystème que leurs algorithmes
02:13:19 et leurs systèmes polluent, en quelque sorte.
02:13:22 Alors, l'impunité ne peut exister sous aucun prétexte.
02:13:26 Nous avons trop d'exemples en tête pour illustrer le déferlement de haine
02:13:30 et les conséquences souvent dramatiques de ces comportements.
02:13:33 S'il faut reconnaître que les acteurs du numérique ne peuvent porter
02:13:37 à eux seuls les responsabilités des violences diffusées sur leur site,
02:13:40 au même titre que l'État, elles doivent à minima mettre en place
02:13:43 des solutions pérennes de modération et de régulation des contenus en ligne.
02:13:47 Alors, pour cela, nous devons aussi, nous, législateurs,
02:13:50 définir des interdits clairs et précis.
02:13:53 Et dans ce sens, la délectualisation de l'outrage sexiste et sexuel,
02:13:57 lorsqu'il est commis en ligne, en est un.
02:13:59 Le recours à l'amende forfaitaire délictuelle permettra alors
02:14:02 de réprimer plus efficacement, plus rapidement, ces outrages
02:14:05 dans l'espace public numérique.
02:14:08 Toutefois, l'AFD, l'amende forfaitaire délictuelle,
02:14:11 ne peut être la réponse à tous les cyberoutrages.
02:14:14 Nous devons nous garder de créer un délit d'outrage puni d'une telle amende
02:14:17 qui risquerait d'englober des infractions plus graves,
02:14:21 plus sévèrement réprimées, et pour lesquelles il est nécessaire
02:14:24 de laisser le temps à la justice de faire son travail.
02:14:27 Alors, nous devons aussi prévoir des sanctions à la hauteur de l'interdit.
02:14:31 La peine complémentaire d'interdiction et de suspension d'accès
02:14:34 aux comptes ayant été utilisées pour commettre des infractions
02:14:37 est une véritable avancée.
02:14:39 Aujourd'hui, je vous salue, Madame la rapporteure Louise Morel,
02:14:42 pour votre travail sur le sujet et l'écoute qui a été la vôtre
02:14:45 durant ce texte. Grâce aux recommandations du groupe de travail
02:14:48 sur les réseaux sociaux et les violences, elle pourra aussi être
02:14:51 prononcée en cas de provocation directe et publique à commettre
02:14:54 certaines infractions graves d'atteinte aux personnes et aux biens.
02:14:58 Enfin, pour conclure, nous devons assurer que le développement
02:15:01 en France de l'économie des objets de jeux numériques monétisables
02:15:05 se fera dans un cadre protecteur. Et je rappelle qu'aujourd'hui,
02:15:08 il n'existe rien. Donc si nous ne faisons rien, nous ouvrons la porte
02:15:12 à toutes les dérives. Si nous soutenons une telle expérimentation,
02:15:16 nous serons, le groupe démocrate, extrêmement attentifs à ce que
02:15:20 la protection des mineurs face à ces jeux prime sur le reste.
02:15:23 En tout état de cause, le groupe démocrate votera ce texte,
02:15:26 indispensable pour sécuriser et réguler notre espace numérique
02:15:30 et assurer la souveraineté de la France en la matière.
02:15:32 Je vous remercie.
02:15:34 Merci, Monsieur le député. La parole est à Monsieur Hervé Soulignac
02:15:39 pour le groupe socialiste et apparenté.
02:15:41 Monsieur le ministre, Monsieur le président de la commission,
02:15:53 Madame la rapporteure, Monsieur le rapporteur général,
02:15:56 peut-on raisonnablement prétendre réguler l'espace numérique ?
02:16:00 La question, me semble-t-il, se pose tant il est vrai que cet espace
02:16:03 semble se développer en échappant à toutes les règles,
02:16:06 toutes les lois et même parfois les notions les plus élémentaires de la morale.
02:16:10 La technologie avance ses pions, le politique lui court après,
02:16:14 sans parvenir à combler son retard.
02:16:17 Depuis six ans, les textes régulateurs se sont multipliés
02:16:20 au point de constituer un millefeuille un peu indigeste, disons-le,
02:16:24 et surtout impuissant. La preuve de cette impuissance,
02:16:28 ce sont les 150 000 requêtes annuelles adressées à Pharos
02:16:31 qui donnent lieu à une cinquantaine de poursuites judiciaires seulement.
02:16:34 Autant dire que c'est l'impunité qui triomphe.
02:16:37 Alors le chemin est étroit entre ceux qui considèrent
02:16:40 que toute régulation est attentatoire aux libertés
02:16:43 et ceux qui considèrent qu'on peut bien sacrifier
02:16:46 quelques libertés fondamentales pour combattre les délinquants de la toile.
02:16:50 Évidemment, une petite dose de mesures liberticides serait très efficace,
02:16:54 mais liberticides.
02:16:56 Une grande dose du respect de nos libertés fondamentales serait vertueuse,
02:16:59 mais relativement inefficace.
02:17:02 C'est ainsi, monsieur le ministre, que vous naviguez dans le triangle des bermudes
02:17:05 entre les lignes rouges de l'Europe, les limites de notre Constitution,
02:17:08 et les attachements divers que nous portons les uns et les autres
02:17:12 à l'endroit de nos libertés publiques et individuelles.
02:17:15 Alors d'abord, vous nous soumettez à un dispositif pour lutter
02:17:18 contre l'accès des mineurs aux sites pornographiques.
02:17:21 Monsieur le ministre, vous nous aurez toujours à vos côtés dans ce combat,
02:17:25 d'autant que jusqu'à présent, les plateformes se moquent ouvertement
02:17:28 du législateur et considèrent qu'elles ont fait leur travail
02:17:31 en faisant cocher la case "je suis majeur".
02:17:34 À ce stade, je ne peux pas affirmer avec certitude que vos résultats
02:17:38 seront bien meilleurs que ceux de vos prédécesseurs.
02:17:41 Désormais, les plateformes devront se conformer à un référentiel
02:17:44 que vous nous avez présenté comme une sorte de boîte à outils.
02:17:47 Or, pour le moment, la boîte à outils ressemble plutôt à une boîte noire.
02:17:51 Dès lors que le référentiel n'a pas été élaboré,
02:17:54 vous nous demandez en effet d'approuver un objet juridique qui n'existe pas.
02:17:59 Ce qui est plus préoccupant, c'est que personne ne semble tout à fait d'accord
02:18:04 sur ce que doit contenir ce référentiel.
02:18:07 L'Arkom, auditionné encore récemment, peine à masquer ses doutes
02:18:10 sur la mission qui lui est assignée.
02:18:13 Monsieur le ministre, vous le savez, les plateformes n'ont aucune intention
02:18:16 de se conformer à un nouveau cadre légal.
02:18:19 Elles chercheront par tout moyen à contourner ce nouveau cadre.
02:18:22 Elles utiliseront toutes les faiblesses du référentiel,
02:18:25 tous les recours juridiques.
02:18:27 Il convient de les bloquer et de les soumettre à des sanctions financières très lourdes
02:18:30 quand elles s'exonéreront de leurs obligations.
02:18:33 En tout état de cause, tant que 2,5 millions de mineurs
02:18:36 visiteront chaque mois un site pornographique, on légiférera à vide.
02:18:41 Permettez-moi maintenant de m'attarder un instant sur un objet non identifié,
02:18:45 pour ne pas dire un cavalier dans ce texte, les jonhumes.
02:18:48 Monsieur le ministre, puisque vous voulez réguler les jonhumes,
02:18:51 allez jusqu'au bout de la démarche et traitez de la question des jeux illégaux en ligne.
02:18:55 Le jeu illégal en ligne, c'est entre 2 et 3 milliards de chiffres par an,
02:18:59 soit à peu près l'équivalent du chiffre de tous les casinos terrestres français.
02:19:04 Ces montants colossaux profitent à des paradis fiscaux,
02:19:08 ne donnent lieu à aucune retombée nationale,
02:19:11 et la France offre une drôle d'image quand elle officialise les jonhumes,
02:19:15 mais refuse de se doter d'une législation sur les jeux en ligne.
02:19:20 Vous laissez ainsi filer plusieurs centaines de millions d'euros de recettes fiscales,
02:19:24 vous autorisez le développement des jonhumes sans cadre précis ni agrément nécessaire,
02:19:29 au seul motif que la France pourrait être pionnière.
02:19:32 Alors si vous ne savez pas vraiment définir les jonhumes,
02:19:35 je vais vous en donner ma propre définition.
02:19:38 Ça s'appelle pour moi tout simplement un marché avec des quotations qui fluctuent,
02:19:42 des actes de vente et d'achat qui génèrent des profits parfois étonnants,
02:19:46 et à travers l'article 15, vous reconnaissez implicitement ce marché,
02:19:50 mais vous ne l'encadrez pas vraiment,
02:19:52 et vous vous trouvez quelque part un peu en contradiction
02:19:55 avec l'intitulé même de votre projet de loi.
02:19:58 Enfin, nous alertons le gouvernement sur le fait que
02:20:01 si les nouveaux pouvoirs des administrations et des régulateurs,
02:20:05 je pense ici à l'ARCOM notamment,
02:20:07 ne s'accompagnent pas de moyens supplémentaires,
02:20:10 alors les dispositions du projet de loi resteront lettres mortes
02:20:14 à cet égard. Je rappelle que le PLF 2024 prévoit seulement 10 équivalents
02:20:19 en plein de plus pour l'ARCOM,
02:20:21 pas de quoi procéder aux contrôles et aux injonctions qui se profilent.
02:20:26 Vous l'aurez compris, monsieur le ministre,
02:20:28 nous reconnaissons des avancées intéressantes dans ce texte,
02:20:31 la recherche aussi d'un certain équilibre qui tranche avec d'autres textes
02:20:36 dans le passé qui ont été largement censurés par le Conseil constitutionnel,
02:20:41 mais également encore beaucoup d'interrogations qui demeurent et qui feront,
02:20:46 je n'en doute pas, tout le sel de nos débats. Je vous remercie.
02:20:50 Merci monsieur le député.
02:20:52 La parole est à madame Agnès Carel pour le groupe Horizon et Apparenté.
02:20:57 Merci madame la présidente.
02:21:10 Monsieur le ministre, monsieur le président de la commission spéciale,
02:21:14 monsieur le rapporteur général, mesdames et messieurs les rapporteurs thématiques,
02:21:18 mes chers collègues, sécuriser et réguler l'espace numérique,
02:21:23 voici les deux objectifs ambitieux que ce projet de loi s'est fixé.
02:21:28 Dans ce nouveau champ de liberté, la loi doit protéger en particulier
02:21:32 les plus vulnérables et c'est notre rôle aujourd'hui,
02:21:35 en examinant ce texte important, de trouver les solutions pertinentes
02:21:39 et équilibrées pour répondre aux enjeux des avancées numériques.
02:21:43 Mais dans cet espace sans frontières, l'action du législateur français,
02:21:47 seul, placerait la France dans une situation isolée, voire impuissante.
02:21:51 S'il en fallait une de plus, l'action conjointe des Etats membres
02:21:55 en la matière est une preuve qu'au-delà du symbole d'unité des peuples,
02:21:59 l'Union européenne sait se donner les moyens de sa souveraineté
02:22:03 et de sa compétitivité.
02:22:05 A ce titre, le groupe Horizon et Apparenté salue l'adoption
02:22:09 des différents règlements européens en partie transposés
02:22:12 au sein de ce projet de loi.
02:22:14 Le projet de loi que nous examinons aujourd'hui résulte d'un long travail
02:22:18 de nos collègues sénateurs, mais également des membres
02:22:21 de la Commission spéciale. Je salue à cette occasion
02:22:24 le président Luc Lamirault, le rapporteur général Paul Midi
02:22:28 et les rapporteurs thématiques, notamment ma collègue Horizon Anne Le Hénanf.
02:22:32 Nous avons auditionné de très nombreux spécialistes et organismes,
02:22:36 associations, entreprises, acteurs du numérique,
02:22:39 qui nous ont permis d'avancer et de mieux comprendre
02:22:42 les enjeux de ce texte et de faire évoluer certains aspects
02:22:45 par le biais de nombreux amendements votés en commission.
02:22:48 Construire un ordre public numérique est une nécessité.
02:22:51 Le groupe Horizon en a pris pleinement la mesure.
02:22:54 Nous avons souhaité, dès notre première niche parlementaire,
02:22:57 poser les jalons d'une protection efficace des mineurs
02:23:00 contre les externalités hélas négatives avérées
02:23:03 des réseaux sociaux pour les plus jeunes,
02:23:06 dans la lignée des recommandations du DSA.
02:23:09 C'était la profonde conviction de notre président de groupe
02:23:12 et de ses membres. Nous sommes heureux qu'elle ait trouvé un écho positif,
02:23:15 puisqu'elle a été votée à l'unanimité dans les deux chambres.
02:23:19 La loi Marcangeli vise également à redonner le pouvoir aux parents
02:23:23 pour qu'ils puissent jouer pleinement leur rôle de contrôle.
02:23:26 N'oublions pas que l'efficacité de toutes ces dispositions
02:23:29 tient aussi et surtout en un mot l'éducation.
02:23:33 Nous ne sécuriserons véritablement l'espace numérique
02:23:36 que si chacun d'entre nous est véritablement formé
02:23:39 aux opportunités et aux risques que ce nouvel espace virtuel présente.
02:23:43 Cet enjeu a pu trouver une place dans le présent projet de loi
02:23:47 et nous avons déposé plusieurs amendements visant à lui donner
02:23:50 une place encore plus importante, sa juste place.
02:23:53 Ce projet de loi comporte en outre un arsenal important
02:23:56 que nous soutenons. Protéger d'abord et avant tout
02:23:59 les mineurs face à l'exposition toujours plus importante
02:24:02 aux images pornographiques. Protéger nos concitoyens
02:24:05 contre les actes malveillants qu'il s'agisse de cyberharcèlement
02:24:08 ou d'arnaques en ligne. Protéger nos entreprises
02:24:11 et nos collectivités en posant les bases d'une souveraineté économique
02:24:14 et numérique au sein de l'Union européenne.
02:24:17 Il ambitionne également de réguler et encadrer les jeunes hommes,
02:24:20 jeunes humes, dont la situation résume bien la difficulté
02:24:26 dans laquelle nous nous trouvons. Le numérique va beaucoup plus loin,
02:24:30 beaucoup plus vite que nous et nous ne savons pas
02:24:33 de quoi demain sera fait. Alors comment réguler correctement
02:24:36 de manière équilibrée pour soutenir l'innovation
02:24:39 sans renier nos principes structurants ? Je crois à ce titre
02:24:42 que la rédaction de l'article 15 bis en commission
02:24:46 trouve cet équilibre intelligent. Nous souhaitons tout de même
02:24:49 que la protection des mineurs soit davantage assurée.
02:24:52 C'est le sens des amendements que nous avons déposés.
02:24:55 Enfin, si ce projet de loi a été l'occasion de souligner
02:24:58 le nouveau champ de risque et de danger que le numérique a ouvert,
02:25:02 n'oublions pas de rappeler l'immense opportunité qu'il constitue.
02:25:06 Une opportunité de simplification, notamment des rapports
02:25:10 parfois laborieux avec l'administration.
02:25:13 L'identification unique proposée par France Connect+
02:25:16 est déjà une grande avancée et la France se positionne
02:25:19 en leader sur l'identité numérique régalienne
02:25:22 aujourd'hui développée par France Identité.
02:25:25 Le groupe Horizon et Apparenté souhaite aller plus loin
02:25:27 en proposant une expérimentation permettant à nos concitoyens
02:25:30 d'accéder de manière sécurisée à une plateforme unique
02:25:34 rassemblant l'ensemble des services publics, impôts,
02:25:37 démarches d'assurance maladie, d'allocation familiale,
02:25:40 procuration de votes, inscriptions à l'école ou à la crèche
02:25:43 et j'en passe. Autant de démarches qui sont aujourd'hui effectuées
02:25:47 sur différents sites, au sein de différents organismes
02:25:50 qui communiquent parfois mal entre eux.
02:25:53 Nous sommes convaincus que le numérique constitue à ce titre
02:25:56 une chance inouïe dont il faut que nous nous saisissions.
02:25:59 Vous l'aurez compris, le groupe Horizon et Apparenté,
02:26:02 profondément convaincu de la nécessité de construire
02:26:05 ce nouvel ordre public numérique, votera en faveur de ce projet de loi.
02:26:09 Je vous remercie.
02:26:11 Merci Madame la députée.
02:26:14 La parole est à Madame Emmanuelle Ménard,
02:26:17 en tant que députée non inscrite.
02:26:40 Madame la présidente, Monsieur le ministre,
02:26:43 Monsieur le rapporteur, chers collègues,
02:26:46 chaque année, 136 milliards de vidéos pornographiques
02:26:50 sont visionnées dans le monde.
02:26:52 En France, un mineur sur trois, soit 2,3 millions d'enfants,
02:26:57 regarde du porno au moins une fois par mois pendant plus de 50 minutes.
02:27:02 Une proportion à peine plus faible que chez les adultes
02:27:05 qui sont 37% à en consommer.
02:27:08 Ce n'est pas tout.
02:27:10 Depuis 2017, le nombre de mineurs qui consomment du porno
02:27:13 ne cesse d'augmenter, plus 600 000 en cinq ans.
02:27:17 Et leur profil est de plus en plus jeune.
02:27:20 51% des garçons de 12-13 ans regardent des sites pornographiques chaque mois
02:27:25 et 21% des garçons de 10-11 ans.
02:27:29 Des chiffres glaçants, car derrière eux, c'est la santé mentale,
02:27:32 sociale, sexuelle et même la capacité à aimer de nos enfants
02:27:37 sont profondément abîmés.
02:27:39 Des dégâts qui risquent d'être de plus en plus importants,
02:27:42 puisque actuellement, 90% des vidéos en ligne
02:27:45 contiennent des violences verbales, physiques et sexuelles,
02:27:49 quand ce ne sont pas des actes de barbarie, des viols ou des incitations à l'inceste.
02:27:55 Pour protéger nos enfants de la pornographie,
02:27:58 le gouvernement a choisi l'autorité de régulation
02:28:00 de la communication audiovisuelle et numérique, l'ARCOM.
02:28:03 Son pouvoir ? Ordonner, sans décision judiciaire,
02:28:06 le blocage des sites pornographiques qui ne vérifient pas l'âge de leurs visiteurs.
02:28:10 Pour plus d'efficacité, nous dites-vous.
02:28:13 Nous devrions donc être rassurés, satisfaits même.
02:28:16 Et pourtant, ce n'est ni plus ni moins que le juge,
02:28:20 gardien de notre droit et de nos libertés,
02:28:22 qui est mis sur le banc de touche par le gouvernement.
02:28:25 Quelle claque ! Quelle irresponsabilité aussi,
02:28:28 car en le contournant, ce sont ces prérogatives que nous allons sous-traiter.
02:28:32 Tristes aveux d'impuissance de l'Etat, qui se refuse ainsi
02:28:36 à donner de véritables moyens à notre justice pour accomplir ses missions.
02:28:40 Vous préférez les confier à un autre ?
02:28:43 Assez peu efficace, il faut bien l'avouer,
02:28:45 puisque depuis 2020, moins de 10 sites ont été mis en demeure par l'ARCOM,
02:28:49 sans résultat concret.
02:28:51 Pour ma part, je crois urgent de lutter concrètement
02:28:54 contre la pornographie chez les mineurs.
02:28:56 Et pour cela, la première mesure devrait être
02:28:59 de rendre payants l'ensemble des sites et plateformes
02:29:02 délivrant des contenus pornographiques.
02:29:05 Une mesure simple, doublée d'une fermeture automatique,
02:29:08 dès lors que cette condition n'est pas respectée.
02:29:11 Les fournisseurs d'accès Internet qui ne fermeraient pas
02:29:14 les sites gratuits et les plateformes et sites qui diffusent librement du porno
02:29:17 seraient donc immédiatement sanctionnés.
02:29:20 Bref, il faut se donner les moyens d'agir,
02:29:23 car il y a urgence pour nos enfants.
02:29:26 L'urgence ne doit cependant pas servir de prétexte
02:29:29 à l'acceptation insidieuse d'une identité numérique
02:29:32 qui, in fine, pourrait permettre de contrôler chacun d'entre nous sur Internet.
02:29:36 Le gouvernement souhaite d'ailleurs que 80% des Français
02:29:39 soient détenteurs d'une identité numérique d'ici 2027
02:29:42 et près de 100% à l'horizon 2030.
02:29:45 Des objectifs inquiétants si cette identité numérique administrative
02:29:49 n'est pas clairement dissociée de l'identité numérique
02:29:52 qui nous est attribuée au quotidien pour naviguer sur la toile.
02:29:56 Car si aujourd'hui la cible est la pornographie,
02:29:59 pourquoi pas demain s'attaquer à l'alcool ou à l'accès aux courses en ligne ?
02:30:05 Tout aussi inquiétant, la liberté d'expression
02:30:08 semble être attaquée avec le retour, si l'on peut dire,
02:30:11 de la loi Avia dans l'article 5.
02:30:14 Un retour qui interroge, puisqu'elle avait été, je vous le rappelle,
02:30:17 quasiment intégralement censurée par le Conseil constitutionnel
02:30:20 en juin 2020. Chassée la censure, elle revient au galop.
02:30:24 Une censure qui pourrait se manifester par la création d'une peine complémentaire
02:30:28 visant à bannir des réseaux sociaux entre 6 mois et 1 an
02:30:32 une personne condamnée pour certains délits.
02:30:35 Alors si je partage naturellement avec vous la volonté de neutraliser
02:30:38 les internautes condamnés pour pédopornographie, proxénétisme,
02:30:42 apologie du terrorisme ou harcèlement sexuel,
02:30:45 je m'interroge sur les éventuelles manipulations
02:30:48 de l'information dont vous parlez et qui ne sont pas clairement identifiées
02:30:52 mais qui pourraient être censurées.
02:30:55 Autant de dangers que ce texte, surtout, ne parvient pas à neutraliser
02:30:58 et qui interroge sur le fait que les internautes

Recommandations