• l’année dernière
Transcription
00:00 "Derrière l'homme politique, cherchez la femme", c'est le message de Bernadette,
00:03 un biopic assez fantaisiste de Bernadette Chirac à découvrir en salle cette semaine.
00:27 On va suivre Bernide, tel a été son surnom, depuis l'accession au pouvoir de Jacques Chirac en 1995
00:35 jusqu'à la fin de son deuxième mandat. C'est un peu la revanche de Bernadette,
00:41 le film aurait pu s'appeler comme ça puisque c'est comment une femme qui a été élevée pour être une
00:46 femme d'homme politique dans l'ombre, prête à se sacrifier pour son mari, va finir par en avoir
00:51 vraiment marre et va essayer de prendre à son tour la lumière pour peut-être éclipser même la
00:57 popularité de son président de mari.
00:59 C'est une femme qu'on nous montre dès le départ très humiliée. On voit bien qu'elle est reléguée au
01:21 second plan, on l'appelle Berni, on l'appelle la torture, on l'appelle maman. Mais voilà, on la fait
01:27 asseoir dans la voiture à côté du chauffeur parce que le grand couple politique, c'est le président
01:31 et sa fille Claude, qui est joué par Sarah Girodo. Et que donc, elle n'a plus tellement la place
01:36 d'exister. En plus, on a peur qu'elle fasse des gaffes parce qu'elle dit n'importe quoi devant les
01:39 journalistes. Ça aussi, c'était assez marrant.
01:42 Moi, j'espérais, j'attendais Tati Daniel à l'Elysée. Et au lieu de ça, j'ai un hommage, vraiment,
01:50 c'est le terme qu'emploie Léa Domenach, un hommage à Bernadette Chirac. Voulait-on vraiment voir ça
01:56 au cinéma ? Je pose la question. Léa Domenach, pour ceux qui ne savent pas, est la fille d'un journaliste
02:01 qui était spécialiste de Jacques Chirac, qui a écrit pléthore de livres sur la question, Nicolas
02:06 Domenach. Et donc, je n'ai aucun doute sur le fait qu'elle connaisse le sujet du président et qu'elle
02:12 ait bossé le sujet de la Première Dame. Mon souci, c'est que tout ça est quand même extrêmement gentil
02:17 et qu'elle reconnaît elle-même avoir pas mal adouci le personnage de Bernadette Chaudron de Courcelles.
02:23 Tout ça est un peu gentil, c'est-à-dire que l'idée qu'on se fait d'une femme qui était un petit peu
02:29 sèche comme une biscotte, très méprisante avec le petit peuple, etc. Je ne sais pas si c'est la réalité.
02:36 En tout cas, ça aurait été plus drôle que de lâcher une petite phrase comme ça de temps en temps,
02:40 mais d'essayer de la sauver tout le temps malgré tout. Cette idée de vengeance, cette idée de femme
02:44 qui va s'accaparer le devant de la scène jusqu'à éclipser son président de mari, ça impose une
02:50 empathie, ça impose que finalement on adopte son point de vue. Et du coup, ça interdit davantage
02:58 de recul et peut-être davantage de sévérité avec ce personnage.
03:01 "Va falloir apprendre à désobéir, Madame Chirac."
03:03 "A partir de maintenant, ça va filer droit à l'Élysée."
03:05 "Mange, qu'est-ce que c'est que ce bordel ?"
03:07 Les scènes les plus belles du film, pour moi, sont les scènes les plus dramatiques. C'est les scènes
03:11 où Bernadette Chirac est confrontée à sa fille aînée, Laurence, qui est un peu, pour ceux qui
03:17 s'intéressent à la famille Chirac, c'est un peu le tabou de la famille Laurence. Elle était sans doute
03:21 aussi brillante que sa soeur Claude, mais elle a eu des graves problèmes psychologiques. Elle a fait
03:25 de l'anorexie et elle est morte après une tentative de suicide. Elle a été gravement handicapée,
03:32 elle a fini par mourir. C'est un peu vraiment le secret de la famille. Et là, le personnage existe
03:37 et il existe superbement grâce à une très bonne comédienne qui s'appelle Maud Wheeler. Et vraiment,
03:42 les scènes avec sa mère sont très belles, parce qu'on sent vraiment beaucoup d'occasion manquée
03:46 entre les deux. Bernadette est là pour s'occuper de sa fille, mais il y a toujours un impératif qui
03:51 l'empêche de s'en occuper vraiment. C'est vraiment des scènes qui sont très réussies grâce au talent
03:54 des deux comédiennes. Et effectivement, quand dans un film on s'attend de la fantasy, il y a une
03:58 espèce de rupture de ton qui n'est pas forcément très, très habile. Il y a Domna qui est peut-être
04:01 encore un peu tendre pour faire ça. Reste que c'est un film plutôt plaisant, avec ses défauts,
04:08 des vraies qualités aussi. Un bon spectacle divertissant, peut-être effectivement plus
04:13 pour une maison de retraite que pour des jeunes spectateurs, mais ça peut faire l'affaire.
04:17 Bernadette, elle est plutôt chouette, c'est bien. Bernadette, je vote pas pour elle, c'est bof.
04:22 [SILENCE]

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