• l’année dernière
Un déjeuner partagé avec Fadila Khattabi, Ministre déléguée chargée des Personnes handicapées, pour parler de l'insertion, dans une chocolaterie modèle et éthique qui respecte les petits producteurs et de l'aggravation de la précarité alimentaire.

Loin des codes classiques de l´interview, LCP-Assemblée nationale a concocté un nouveau programme aux petits oignons pour croquer la politique autrement.
Avec la complicité de Jean-Pierre Montanay, Brigitte Boucher mettra son grain de sel dans cette cuisine pour passer le politique sur le gril.
« Cuisine et Confidences »... Quel rapport l´invité politique entretient-il avec la
gastronomie ? Sa gourmandise, ses talents ? Les orientations culinaires de ce boulimique de la politique ? Mais aussi « Les pieds dans le plat »... pour aborder les sujets d´actualité.
Et enfin « La face cachée de nos assiettes »... ou comment le contenu de nos assiettes en dit long sur notre société face à ses nouveaux enjeux.

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Transcription
00:00 ...
00:16 -Bonjour à tous et bienvenue dans "Politique à table"
00:19 sur LCP, l'émission qui cuisine les personnalités.
00:22 Nous sommes ensemble pendant une heure.
00:24 Aujourd'hui, nous recevons Fadila Katabi.
00:27 Merci d'avoir accepté notre invitation
00:29 pour présenter cette émission. Jean-Pierre Montaner.
00:32 -Bonjour, Mme Katabi.
00:33 -Vous êtes ministre déléguée
00:35 chargée des personnes handicapées.
00:37 Vous avez été nommée à l'occasion du dernier remaniement,
00:41 le 20 juillet dernier.
00:42 Professeur d'anglais à l'origine,
00:44 vous vous lancez en politique à l'âge de 40 ans,
00:47 au Parti socialiste, puis vous êtes tentée
00:49 par l'aventure En Marche, députée depuis 2017.
00:52 Vous avez occupé à partir de 2020 le poste de présidente
00:55 de la Commission des affaires sociales de l'Assemblée,
00:58 où vous avez eu à gérer la délicate réforme des retraites
01:01 ou la proposition de loi du groupe Lyot
01:04 pour abroger la réforme des retraites.
01:06 A cette occasion, vous avez invité les députés
01:09 à ouvrir leur chakra et à remettre la mosquée
01:13 au milieu du bled de punchline,
01:15 devenue culte pour les aficionados du Parlement.
01:18 Si on l'a vu, vous ne renez rien de vos origines algériennes,
01:22 vous avez plutôt décidé de nous envoyer des clins d'oeil
01:25 à l'Italie et à l'Angleterre.
01:27 -Exactement, parce qu'au menu, on a des lasagnes,
01:30 mais à quoi, mystère, et un dessert mythique,
01:33 une île flottante à la crème anglaise.
01:35 -Dans le Dessous des plats,
01:37 reportage dans une chocolaterie modèle et éthique
01:40 qui emploie du personnel handicapé
01:42 et respecte les petits producteurs.
01:44 -Dans les pieds dans le plat, la précarité alimentaire
01:47 s'aggrave. 15 % des Français ont du mal à faire
01:50 trois repas par jour.
01:52 Nous avons suivi Amina, qui galère.
01:54 -Allez, on passe à table.
01:56 Tout de suite, cuisine et confidence.
01:58 -Fadila Katabi, un peu comme avec l'ADN,
02:08 les lasagnes avec leur couche disent beaucoup de nous,
02:11 de ce que nous sommes au fromage et à la pâte phyllo.
02:14 Ce sont les soubereks, les lasagnes arméniennes,
02:17 aux poulets, aux saffrans, façon paella des lasagnes ibériques.
02:21 Les kayseri, yaglavesi, ce sont des lasagnes turques,
02:24 les bolognes, la sauce tomate, les bolognes,
02:26 universelles. Et puis, il y a les vôtres,
02:29 les lasagnes façon Katabi,
02:30 qui racontent votre vie.
02:33 Le thon de la Méditerranée et les poivrons rouges,
02:35 c'est l'Algérie, de vos parents.
02:37 La bechamel et le gruyère, c'est la France des terroirs.
02:41 Les courgettes, c'est pour être dans l'air du temps,
02:44 et puis, il y a cette sauce arrabiata,
02:46 pimentée italienne, forte, que vous voulez abondante.
02:49 Et oui, "arrabiata", ça signifie "en colère".
02:52 La citoyenne, la députée indignée.
02:55 Mais on n'a trouvé personne pour faire ces lasagnes.
02:58 Alors, on va en déguster des classiques.
03:00 J'espère que vous allez vous en mettre.
03:02 -En tous les cas, ça sent très bon.
03:05 -C'est déjà pas mal. -C'est déjà pas mal.
03:07 -C'est quoi, les lasagnes façon Katabi ?
03:09 -Alors, c'est un plat...
03:11 J'adore, en fait, déjà faire la cuisine
03:14 et j'adore revisiter les plats, les recettes.
03:17 Et là, en fait, ce sont des lasagnes au thon
03:20 avec des poivrons rouges,
03:22 que je fais revenir à l'huile d'olive,
03:24 avec des oignons.
03:26 Je mets de la sauce, effectivement, arrabiata.
03:29 J'ai omis de dire que des câpres, aussi, avec le thon,
03:31 ça se marie très bien. -Pour relever les lasagnes.
03:34 -Pour relever les lasagnes.
03:36 Et puis, cette sauce béchamel,
03:38 qui apporte aussi sa spécificité, sa douceur, etc.,
03:42 par rapport à la sauce arrabiata, qui, elle, est épicée.
03:45 Bref, mes enfants adorent ce plat-là.
03:48 -C'est pour eux ? C'est une dédicace ?
03:50 -Un peu un clin d'oeil pour mes enfants,
03:52 parce qu'en fait, je tenais absolument,
03:55 comme j'étais extrêmement occupée tout au long
03:57 de ces dernières 20 années,
04:00 je tenais à faire la cuisine le week-end, absolument,
04:03 et à avoir mes enfants autour de moi, toute ma famille,
04:06 et très souvent, je leur disais "Qu'est-ce que vous voulez manger ?"
04:10 Et systématiquement, c'était les lasagnes.
04:12 -Ils ont quel âge, vos enfants ?
04:14 -Mes enfants sont grands, aujourd'hui.
04:16 Mon fils a 32 et ma fille a 25,
04:18 mais quand j'ai commencé la politique,
04:20 mon fils avait 12 et ma fille 5 ans.
04:22 Donc je tenais absolument à faire en sorte
04:25 de répondre à leurs attentes,
04:27 et je sais qu'ils adorent bien manger des bons produits.
04:30 -Ces lasagnes qui vont être un jour déposées,
04:32 j'en suis sûr, c'est la recette de votre maman,
04:35 c'est la recette d'un restaurant d'Algérie,
04:38 c'est vous qui l'avez complètement imaginée,
04:40 un jour, vous étiez en transe dans votre cuisine...
04:43 -Ah oui, en colère.
04:45 -Ah oui, indignée, arabiata !
04:47 -En fait, j'adore déjà la cuisine relevée,
04:49 donc inutile de vous dire que j'ai vécu une année en Angleterre,
04:53 j'ai un peu souffert de ce côté-là.
04:55 -La purge, oui.
04:56 -Et du coup, bon, j'adore en plus les produits frais,
04:59 donc courgettes, j'adore le poivron rouge,
05:02 d'ailleurs, quand je prépare, j'en croque systématiquement,
05:05 parce que je trouve ça cru, très bon,
05:07 et donc, en fait, c'est une recette complètement revisitée
05:11 de façon Fadi Lakatabi, c'est clair.
05:13 -Et c'est vous qui faites la sauce arabiata et la béchamel ?
05:16 -Ah oui, je prépare.
05:18 La sauce arabiata, il en existe dans le commerce,
05:20 déjà toute préparée, mais j'apporte ma touche personnelle.
05:24 -C'est une sauce tomate un peu pimentée.
05:26 -Mais ne relevez pas n'importe laquelle.
05:28 Il y en a qui sont très bien préparées.
05:30 -Vous ajoutez quoi, vous, dans cette sauce ?
05:33 -Je peux mettre un peu d'épices, un peu de poivre,
05:36 j'accentue le côté épicé de l'arabiata un peu fort,
05:39 et puis tout ça est doux avec la salade,
05:41 parce que j'adore manger des lasagnes avec une salade,
05:45 si possible, laitue ou feuilles de chêne,
05:48 avec une petite vinaigrette préparée, huile d'olive...
05:51 -C'est pour donner bonne conscience.
05:53 -Non, parce qu'elle est quand même avec de l'huile d'olive,
05:56 de l'échalote, du vinaigre balsamique, du persil.
05:59 -On va les goûter.
06:01 -Dites-nous ce que vous pensez de ces lasagnes,
06:03 qui sont des concurrentes,
06:05 parce que ce sont des lasagnes très classiques,
06:08 à la viande de bœuf,
06:09 mais c'est quand même bon.
06:11 -Celles-là, elles sont au thon.
06:13 -Celles-ci, elles sont au thon.
06:15 Je vois qu'il y a de...
06:16 Elles sont revisitées. Il y a des olives ?
06:19 -Oui.
06:20 -Il y a des olives noires. -Oui, des olives.
06:24 -En fait... -Il y a beaucoup de sauce tomate.
06:27 -Oui. -En fait, il y a des câpres.
06:29 La petite histoire, c'est qu'au début,
06:31 ils voulaient pas faire des lasagnes katabi,
06:33 mais ils s'y sont inspirés. -C'est pas mal.
06:36 -On est pas loin de chez vous.
06:38 -C'est pas assez relevé. -C'est pas assez relevé,
06:40 mais c'est pas mal du tout.
06:42 Franchement, même mes enfants apprécieraient.
06:45 -En attendant, Jean-Pierre,
06:47 trois choses à savoir pour réussir ces lasagnes à l'italienne.
06:50 -Celles-ci sont au thon.
06:52 Moi, je préconise toujours un mélange veau-bœuf,
06:55 et je rajoute un peu de pancetta, un peu de porc,
06:57 pour apporter du goût et du moelleux.
07:00 Des belles tomates italiennes en boîte,
07:02 parce que souvent, on n'est pas dans la saison,
07:05 mais on a des boîtes de tomates pelées,
07:07 des très bonnes tomates.
07:09 Carottes, céleri, oignon, thym,
07:11 et faire mijoter cette sauce très longtemps.
07:13 La béchamel ne doit pas être trop compacte,
07:16 parce qu'elle doit être un peu fluide.
07:18 Ça, c'est facile, beurre, farine, lait,
07:21 et une pincée de muscade.
07:22 La facilité, ce sont les pâtes précuites
07:25 qui vont cuire avec le liquide de la sauce et de la béchamel.
07:28 Moi, je préfère les vraies pâtes fraîches de lasagne.
07:31 On les met dans l'eau une à deux minutes,
07:34 on les met dans nos plats,
07:35 et ensuite, on accumule les couches.
07:38 On commence par la béchamel, la sauce tomate,
07:40 et on finit par le gratin.
07:42 -Et on fait un gratiné au four. -Il faut que ce soit gratiné.
07:46 -C'est vrai que c'est meilleur le lendemain.
07:48 -C'est meilleur déchauffé.
07:50 -Tous les plats en sauce, en fait, à base de sauce tomate,
07:53 sont toujours meilleurs le lendemain,
07:56 quand ça a bien macéré.
07:57 C'est un autre goût, c'est plus relevé,
07:59 c'est plus juteux.
08:01 -Vos enfants ne mangent que ces lasagnes-là,
08:03 parce que ce sont les meilleurs, même les meilleurs du monde,
08:07 avec un peu de modestie ou de fausse modestie,
08:10 mais ça veut dire que les lasagnes classiques,
08:12 vous en mangez jamais.
08:14 -Vous ne les préparez jamais non plus.
08:17 -Vous ne les faites jamais.
08:19 Mes enfants, effectivement,
08:20 ils ont probablement dépassé le maître,
08:23 car mon fils les prépare merveilleusement bien.
08:26 -Il a pris la même recette. -Ma fille aussi.
08:28 -C'est transmis de génération en génération.
08:31 -Plus tard que l'oui-ken,
08:32 ma fille a préparé des lasagnes pour sa mamie.
08:35 -Est-ce que c'est un clin d'oeil à l'Italie ?
08:37 -J'adore l'Italie.
08:39 Vous aurez compris que j'adore voyager.
08:41 C'est vrai que j'ai une affection plus particulière
08:44 pour les pays du Sud,
08:46 mais j'adore voyager,
08:47 et l'Italie est un très beau pays
08:49 avec une richesse culturelle.
08:51 -Il y a d'autres plats italiens
08:53 que vous faites à la maison ?
08:55 -Les pizzas, tout simple.
08:56 -Vous la faites ? -Oui, j'en fais.
08:59 Du temps, je peux même préparer la pâte,
09:01 mais je fais.
09:02 Généralement, je suis plutôt poisson,
09:04 alors je mets du saumon,
09:06 des anchois,
09:08 des câpres, des olives.
09:11 -C'est un peu comme les lasagnes, les pizzas,
09:13 parce que chaque pays a sa pizza.
09:15 Les pizzas libanaises,
09:17 c'est la mode à Paris.
09:18 -La pizza libanaise ? -Oui.
09:20 -Elles sont revisitées.
09:21 -Vous êtes fusion.
09:23 On voit que c'est le mélange,
09:24 je l'ai dit, entre vos deux cultures,
09:27 vous mélangez dans ces lasagnes.
09:29 Y a-t-il d'autres plats
09:30 où vous fusionnez vos deux cultures,
09:33 vous faites un bœuf bourguignon...
09:35 -Revisité avec des herbes.
09:37 -Je préfère peut-être plus la blanquette de veau.
09:40 Ca, j'adore.
09:41 -Quelle est la touche, Aldriaen ?
09:44 -La touche, c'est toujours un peu le côté un peu relevé,
09:47 parce que j'aime bien la cuisine...
09:49 -Les épices, le poivre.
09:51 -Voilà, les épices.
09:52 Je mets champignons,
09:54 un peu de carottes.
09:56 Je respecte...
09:57 -Ras el hanout, dans la blanquette ?
09:59 -Ah non, non.
10:00 -Ca se marie pas très bien.
10:02 -Non, je sais quand même marier les épices.
10:04 Là, non, pas du tout.
10:06 Plutôt un peu de poivre, mais pas de ras el hanout.
10:09 -Vous avez des origines algériennes,
10:11 on l'a dit, vos parents étaient algériens,
10:13 vous vous êtes nées à Montbéliard.
10:15 Avez-vous été baignée dans cette culture-là ?
10:18 Culture culinaire, je veux dire.
10:20 Est-ce que vos parents faisaient régulièrement
10:23 des plats classiques, comme le couscous ou le tagine ?
10:26 -Je me suis élevée dans cette cuisine-là.
10:28 Maman, nous étions en plus neuf enfants,
10:30 préparait bien sûr le couscous, mais pas que.
10:33 Elle faisait des tagines, la chorba.
10:35 D'ailleurs, vous avez accueilli un député
10:37 qui est né en Algérie et qui avait choisi le plat,
10:40 la chorba, la soupe traditionnelle.
10:42 -La soupe ramadanse.
10:44 -Surtout, on la mange avec du pain fait maison,
10:46 de la galette et puis de la coriandre,
10:49 parce qu'il faut que cette soupe soit parfumée.
10:51 Moi, personnellement, je mets aussi de la menthe
10:54 et de la coriandre dans la chorba.
10:56 Oui, bien sûr, j'étais baignée dans cette cuisine-là.
11:00 Et puis, en même temps, je suis née en France
11:03 et comme j'aime beaucoup la cuisine,
11:05 je cuisine aussi les plats, j'allais dire,
11:07 traditionnels, français.
11:09 -Vous avez perpétué ça avec vos enfants ?
11:11 Vous leur faites de temps en temps ?
11:13 -Ah oui, le couscous, c'est long à faire.
11:16 -J'allais dire, votre maman, pour neuf,
11:18 faire du couscous pour neuf...
11:20 -Elle le faisait, je peux vous dire.
11:22 C'était une génération aussi qui aimait beaucoup cuisiner
11:26 pour les enfants et comme on grandissait,
11:30 tout ça, d'eau, ça mange.
11:32 Donc, bercer avec le couscous.
11:34 Personnellement, j'aime aussi le couscous au lait.
11:37 On a été élevés avec ça. -Le couscous au lait ?
11:40 -Tout simplement, avec du lait que vous faites chauffer,
11:43 un peu de sel. -Vous buvez le lait à côté ?
11:45 -Non, non. -Vous le mélangez ?
11:47 -La semoule est déjà cuite, comme pour un couscous traditionnel.
11:51 Après, vous faites chauffer dans une casserole du lait
11:54 et vous mettez le lait dans le couscous,
11:57 donc c'est un plat chaud,
11:58 et puis un peu de sel, et c'est super bon.
12:01 Nous, on adore ça. -Sans légumes ?
12:03 -Moi, j'adore ça. -Sans viande ?
12:05 -C'était un dessert où on rajoutait un peu de sucre
12:08 et ça faisait un gâteau de semoule.
12:10 Avec de la cannelle et un peu de...
12:12 -Mais le raisin dans le couscous, c'est pas mon truc.
12:15 -Je vous entends dire, depuis le début,
12:17 je mets pas trop de viande, je préfère le poisson.
12:20 -Et c'est un goût personnel ou c'est à cause du climat ?
12:24 -Non, pas du tout.
12:25 J'ai une préférence pour le poisson.
12:28 Non, je suis plutôt poisson,
12:29 mais c'est vrai que j'aime bien quand même les viandes,
12:32 mais les viandes blanches, le veau, j'aime bien...
12:35 -Le poulet ? -Du poulet.
12:37 J'aime beaucoup la pintade,
12:38 parce que je trouve que la viande est plus fine.
12:41 J'adore... J'aime pas trop les abats,
12:43 mais j'adore le foie de canard,
12:45 qui est très bon, avec une petite sauce vinaigrette,
12:48 t'as la framboise, la chalotte, le persil,
12:51 avec la salade...
12:52 Effectivement, c'est... -J'ai des canards.
12:54 -Oui, c'est très bon.
12:56 Donc j'essaie de revisiter les choses,
12:58 mais j'aime la cuisine bien française.
13:00 Donc, en fait, ma table, elle est un peu internationale.
13:04 -C'est varié. -Très varié.
13:05 Alors, évidemment, quand les gens ont tendance à avoir des préjugés
13:09 et se disent "On vient manger un bon couscous chez toi",
13:12 je fais pas que le couscous, y a pas que ça.
13:14 J'adore les caillots raisins, par exemple.
13:17 J'adore faire la cuisine, et je suis frustrée,
13:19 parce que le temps me manque, notamment depuis que je suis députée.
13:23 -Vous avez d'autres recettes, d'autres plats signatures ?
13:26 Vous nous parliez de blanquettes,
13:28 y a d'autres plats qui vous reviennent,
13:30 que vous faites pour des anniversaires ?
13:33 -Par exemple, j'adore aussi ce qu'on fait, le tagine au pruneau.
13:36 C'est vrai que les plats sucrés, c'est pas mon fort,
13:39 au niveau, j'allais dire, au niveau goût,
13:42 mais ce plat-là, je l'aime particulièrement.
13:44 Quand je le mange comme ça, je le sers aussi avec un couscous.
13:48 Et le tagine au pruneau avec une sauce, bien sûr.
13:50 Là, pour le coup, y a les épices, y a du cumin, de la cannelle,
13:54 du rass... -La chambre.
13:55 -Oui, du rass al hanout, et c'est très bon.
13:58 Je revisite avec le couscous.
14:00 Y en a qui me disent "On le sert pas avec le couscous ?"
14:03 Comme je pourrais servir, d'ailleurs,
14:05 le tagine au pruneau avec du riz,
14:07 car mes enfants aiment beaucoup le riz.
14:09 -C'est la fusion.
14:10 -Quand Mme la ministre rentre le soir harassée par ce jour,
14:14 qu'est-ce qu'elle aime se préparer en très peu de temps
14:16 pour bien se régaler ?
14:18 -Pas beaucoup de temps pour préparer la cuisine.
14:21 Généralement, on nous sert...
14:22 On m'envoie un mon plat soit dans mon appartement,
14:25 soit je mange au bureau.
14:27 Généralement, je pense qu'ils doivent faire attention
14:30 à la ligne des ministres.
14:32 C'est plutôt salade, salade de fruits.
14:34 Voilà, c'est très, j'allais dire, végétarien,
14:37 mais quand même, y a une viande à midi,
14:39 mais le soir, c'est... -Vous avez donné des consignes ?
14:42 -Pas vraiment. D'ailleurs, quand je reçois
14:44 des personnes au ministère, j'étais embarrassée
14:47 d'avoir un dessert différent de celui de mes invités,
14:51 qui, eux, avaient une pâtisserie,
14:53 et puis moi, juste la salade de fruits,
14:55 toujours très bien décorée,
14:57 préparée avec beaucoup d'attention et d'amour, je suppose.
15:00 Et en fait, j'étais embarrassée,
15:02 mais je pense qu'ils doivent penser qu'il faut faire attention.
15:06 -Vous aimeriez la pâtisserie ? -Parfois, pourquoi pas ?
15:09 -Vous enliez au régime. -Non, mais il faut faire attention,
15:12 j'ai fait beaucoup de sport avant d'être députée,
15:15 et depuis que je suis députée... -Vous avez moins le temps.
15:18 -J'ai pris mon abonnement dans une salle,
15:20 je vais essayer d'aller faire du sport,
15:22 mais il faut faire attention à ce qu'on mange,
15:25 avec modération.
15:26 -Est-ce que, justement, aujourd'hui,
15:28 tout le monde fait attention à ce qu'il consomme ?
15:31 Certains mangent moins de viande, plus de légumineuses,
15:34 du bio, du local.
15:36 Vous vous faites attention à ce que vous consommez,
15:39 à savoir d'où viennent les produits,
15:41 à savoir comment les cultiver ? -Oui, je fais attention,
15:44 bien sûr, essayer de choisir de bons produits,
15:46 des produits frais. L'idéal, c'est d'aller au marché,
15:49 mais je n'ai pas le temps d'aller, malheureusement,
15:52 et d'avoir aussi une variété dans les légumes.
15:55 J'avoue que mes enfants, je les ai habitués ainsi,
15:58 c'est-à-dire qu'ils aiment tout,
16:00 parce qu'il faut les habituer dès qu'ils sont très jeunes
16:03 pour aimer les légumes. Ils mangent des épinards,
16:06 ils mangent de tout, et donc, c'est aussi important
16:09 de bien manger. C'est une question aussi de santé,
16:11 vraiment de santé publique, et on sent bien aujourd'hui
16:14 qu'on a beaucoup de jeunes qui sont en situation d'obésité,
16:18 ils font moins de sport, ils sont plutôt sur leur tablette,
16:21 et donc, il faut faire attention à ce qu'on mange.
16:24 Il faut aussi, voilà, une certaine qualité,
16:26 pas la quantité, mais une certaine qualité,
16:29 et quand je voyage un petit peu, et j'ai vu, par exemple,
16:32 à New York, la situation, elle est quand même, voilà,
16:35 très grave, très préoccupante,
16:37 avec des maladies cardiovasculaires,
16:40 du diabète, donc il faut faire vraiment attention
16:43 à ce qu'on mange. -Donc, jamais de produits
16:45 transformés chez vous ? -Très peu,
16:47 mais parfois, on n'a pas le choix, mais très peu.
16:50 J'essaye, en tout cas, vraiment d'acheter des produits frais.
16:53 -Vous dites que vous n'avez pas le temps de faire le marché,
16:56 mais vous en avez fait quand même un peu,
16:59 quand vous étiez en campagne, pour les législatives.
17:02 -J'allais sur les marchés, d'ailleurs,
17:04 sur ma circonscription, il y a un très beau marché
17:07 avec une variété d'exposants, de bons produits,
17:10 de légumes, etc., et puis, en plus,
17:12 il y a une certaine chaleur humaine dans les marchés,
17:15 et j'aime cela, mais effectivement,
17:17 quand on travaille et qu'on est sur Paris,
17:20 c'est compliqué de faire les marchés, désormais,
17:22 sur ma circonscription, dans laquelle j'essaie de me rendre.
17:26 -On vous a demandé de choisir un vin,
17:28 vous nous avez choisi un vin, mais vous ne buvez pas de vin.
17:31 Expliquez-nous, je vais déjà vous dire ce que c'est.
17:34 C'est un côte de nuit, c'est un Marsanet,
17:37 on est à peu près au commencement de la route des Grands Crus,
17:40 c'est le nord de la Côte d'Or, c'est un millésime 2021,
17:43 c'est un cépage de pinot noir, bien sûr,
17:46 et c'est élevé en cuvinox, 10 à 12 mois,
17:49 et cette particularité de ce Marsanet,
17:51 c'est que c'est un vin qui est assez vif et robuste,
17:54 parce que, tout simplement, dans le sol, il y a pas mal de fer,
17:58 donc on dit que c'est pour ça. Il a une robe qui est couleur rubis
18:01 et un nez assez floral, c'est vraiment sa particularité.
18:05 -Pourquoi vous nous avez choisi du vin,
18:07 alors qu'il y a une histoire autour de ce vin ?
18:09 -Disons que, déjà, comme vous le savez,
18:12 on est en Côte d'Or, en Bourgogne, c'est quand même la région du vin,
18:16 et puis, pour tout vous dire, j'ai demandé à François Patria,
18:20 je lui ai dit "écoute, je participe à telle émission..."
18:23 -Vous êtes de la même circonscription ?
18:25 -Oui, il est sénateur de la Côte d'Or,
18:27 et moi, j'étais députée de la 3e circonscription,
18:30 et je voulais absolument que ce soit un vin de ma circonscription,
18:34 et quand vous dites la Côte d'Or, les gens pensent au vin,
18:37 je leur dis "oui, mais moi, j'ai pas la côte,
18:40 "j'ai le début de la côte."
18:41 Si vous dites 3e circonscription, ça leur parle pas,
18:44 mais si vous dites "j'ai marçané la côte", ça parle.
18:47 -Ça prend une autre dimension. -Oui, ça prend une autre dimension.
18:51 "Ah oui, la Côte d'Or, la côte."
18:53 Et donc, j'ai demandé à François, il m'a dit "un très bon marçanet,
18:57 "il faut y aller", et lui, c'est un expert, évidemment,
19:00 dans ce domaine, et donc, c'était aussi
19:03 un petit clin d'oeil à François Patria,
19:05 avec qui, bien sûr, j'allais dire,
19:09 j'ai mené tous les combats politiques depuis 2004,
19:12 puisque c'est lui qui m'a mis sur la liste en 2004.
19:15 Mon premier mandat commence au régional, de 2004,
19:19 et puis ensuite, il m'a nommée vice-présidente
19:22 lors du 2e mandat, en charge de toutes les problématiques
19:25 d'emploi, de formation, d'apprentissage.
19:27 J'avais le 2e portefeuille de la région.
19:30 -On lève notre verre à François Patria.
19:32 -Voilà, tout à fait. Merci, François.
19:34 -On a vu que vous vous y connaissiez bien en cuisine.
19:37 On va voir si vous êtes incollable. C'est le quiz.
19:40 Musique rythmée
19:42 ...
19:44 -On l'a compris, vous aimez bien ce qui est pimenté.
19:47 Justement, une des sauces totem du Maghreb, c'est l'harissa.
19:50 Seriez-vous nous dire si ces affirmations
19:53 concernant cette sauce pimentée sont vraies ?
19:55 Le piment débarque en Tunisie au XVIe siècle.
20:00 Est-ce vrai ou faux ?
20:02 -Peut-être, je dirais oui. -Oui, exactement.
20:05 -Parce que l'harissa vient de Tunisie.
20:07 -Et par l'Espagne, par les conquistadors,
20:10 c'est arrivé en Tunisie.
20:12 Dans la composition de l'harissa, on trouve aussi du gingembre.
20:15 -Je dis non. -Faux.
20:18 Il y a du carvi, de la coriandre, mais pas de gingembre.
20:22 C'est en 2015, Time magazine, le grand magazine américain,
20:26 a classé l'harissa parmi les cinq aliments du monde
20:30 les plus sains. Vrai ou faux ?
20:31 Il y a un piège.
20:33 -J'aurais tendance à dire que ça déménage,
20:35 mais c'est pas si sain que ça quand on en mange trop épicé,
20:39 mais je vais dire oui.
20:40 -Oui, mais pas parmi les cinq.
20:42 Non, non.
20:43 Je dis pas parmi les cinq, mais parmi les 50.
20:46 -C'est pas mal. -C'est pas mal.
20:48 50 aliments du monde entier, c'est pas mal.
20:50 Mais les cinq, votre remarque était juste,
20:53 c'était pas si sain que ça.
20:54 -Pour faire attention, il pensait à son estomac, quand même.
20:59 -Aider un chef français à oser faire un sorbet
21:02 framboise-harissa.
21:04 Est-ce que c'est vrai ou est-ce que c'est faux ?
21:07 -La cuisine est tellement colorée que j'ai envie de dire vrai.
21:10 -Vous avez raison.
21:12 C'est Alexandre Mazia qui a osé ce petit mélange
21:16 exotique et incongru,
21:18 la framboise dopée à l'harissa.
21:20 Bravo ! -Ca doit être pas mal.
21:22 Il doit être comme moi, il aime le mélange des cultures.
21:25 -Autre quiz.
21:26 Une des spécialités de votre fief politique,
21:29 la Côte d'Or, est le pain d'épices.
21:31 Sauriez-vous nous dire si ces affirmations sont vraies ?
21:34 Avec Dijon, Rennes est une autre capitale du pain d'épices.
21:38 Vrai ou faux ?
21:39 -Rennes. -Moi, je dirais faux.
21:43 -Faux, pas du tout.
21:44 Le miel du pain d'épices dijonais
21:47 est le miel de Châtaigniers.
21:49 Vrai ou faux ? -Pas que.
21:51 Pas que. Il y a différents miels.
21:53 Franchement, j'ai visité en plus
21:55 l'atelier où on fabrique le pain d'épices à Dijon,
21:58 Mulot et Petitjean, et pas que.
22:01 En tout cas, c'est ce que...
22:02 -C'est même faux, c'est l'acacia.
22:04 -Voilà.
22:06 Voilà. Donc j'avais raison.
22:08 -Vous avez raison. Vous aimez pas perdre.
22:11 Rires
22:12 La nonette de Dijon est fourrée traditionnellement
22:15 avec de la confiture d'orange.
22:17 Vrai ou faux ? -Traditionnellement,
22:19 oui, mais il y a aussi aujourd'hui de la nonette à la framboise,
22:23 au cassis...
22:24 -Traditionnellement, vrai.
22:26 -Bravo.
22:27 -La nonette, c'est un petit pavé. -Oui, oui.
22:29 Ils ont, en fait, un peu évolué...
22:31 Enfin, évolué certains produits,
22:33 et la nonette marche très bien avec cette confiture
22:36 pour un 4h, avec un thé à la menthe.
22:38 -L'ours Prospère est la mascotte de la marque
22:41 du pain d'épices Fossier.
22:43 Vrai ou faux ? -Je dirais vrai.
22:45 -Eh ben, c'est faux.
22:47 -Prospère ! Vous vous souvenez pas ?
22:49 C'était la marque Vendamme.
22:50 -Vendamme. Ah oui, c'est vrai !
22:53 -Oui, c'est ma jeunesse. -C'est toute ma jeunesse.
22:55 -Vous avez pas réfléchi. -J'ai pas réfléchi.
22:58 J'ai répondu de manière spontanée.
23:00 -Les pains d'épices Fossier, personne ne connaît.
23:03 -Tout à fait. Vraiment, Prospère, attendez.
23:05 -Prospère. -Vous devez le savoir,
23:07 mais c'est souvent autour de la table
23:09 que les langues se délient, qu'il y a parfois des deals politiques.
23:13 C'est la brève de comptoir.
23:15 On vous a demandé, Fadila Katabi,
23:17 de réfléchir à une anecdote politique
23:19 autour d'un repas.
23:21 Est-ce que vous avez quelque chose à nous livrer ?
23:23 -Oui, en fait, c'est le dernier repas
23:26 que j'ai pris à l'Assemblée nationale,
23:28 24 heures avant ma nomination
23:31 comme ministre déléguée aux personnes en situation de handicap.
23:35 J'ai voulu marquer la fin d'une session parlementaire
23:38 qui a été quand même très riche, mouvementée, dense,
23:42 et donc j'ai voulu remercier toutes mes équipes
23:45 pour leur engagement à mes côtés pendant cette période
23:48 qui fut quand même très difficile.
23:50 Cette période qui fut quand même au combien complexe.
23:53 Nous étions au restaurant à l'Assemblée nationale
23:56 et je disais...
23:58 "Ecoutez, moi, je suis ravie de pouvoir poursuivre,
24:01 "je suis très heureuse dans ma fonction de présidente."
24:04 Ils étaient tous là, on est contents,
24:06 madame la présidente, de repartir avec vous.
24:09 L'année va être aussi dense, celle qui va venir.
24:12 On fixait les derniers rendez-vous d'auditions de ministres,
24:15 d'auditions de personnalités, etc.
24:17 Et tous étaient là.
24:19 "Ah oui, vraiment, on est ravis,
24:21 "effectivement, l'année a été difficile,
24:23 "mais on est prêts à repartir avec vous."
24:25 Et puis, 24 heures après...
24:27 Oui, 24 heures après, jeudi, 20 juillet,
24:31 aux alentours de midi,
24:33 j'étais en train de signer les derniers paraffers,
24:37 seule dans mon bureau, j'avais la télévision allumée,
24:40 on parlait du remaniement.
24:42 J'ai dit "ça fait des semaines qu'on attend,
24:44 "ça va tomber ce soir !"
24:46 Quand tout à coup, mon collaborateur tape
24:49 et entre timidement et me dit
24:51 "Madame la présidente, la Première ministre
24:54 "essaie désespérément de vous joindre."
24:56 Je lui dis "ah bon ?"
24:57 Il me dit "là, j'ai le secrétariat particulier."
25:00 Je dis "ah, d'accord, je vais rappeler."
25:02 Je cherche mon téléphone,
25:04 je n'étais pas du tout à côté de mon téléphone.
25:06 -Vous n'attendiez pas l'appel de Matignon.
25:09 -Je n'attendais aucune nouvelle,
25:11 aucun message de la part de Matignon.
25:13 Je fouille dans mon sac
25:15 et je regarde mon téléphone et je dis "ah, oui."
25:18 -Appel en absence. -Appel en absence.
25:20 Elisabeth Borne, le secrétariat particulier de Matignon.
25:23 Je dis "bon, d'accord, je rappelle le secrétariat."
25:26 Elle me dit "oui, Madame la Première ministre
25:29 "essaie de vous joindre."
25:31 Et je dis...
25:33 Donc, on me la passe,
25:34 et elle me dit "bonjour, Fadila, tu vas bien ?"
25:37 Je dis "oui, je vais bien, Madame la Première ministre,
25:40 "tais-toi." Elle me dit "je vais bien."
25:43 Et elle me dit, une seconde,
25:45 "bon, j'ai quelque chose à te proposer."
25:47 Et j'avoue, c'est le grand blanc pour moi.
25:50 Elle me dit "j'aimerais que tu sois ministre déléguée
25:53 "en charge des personnes en situation de handicap."
25:56 Et deux, trois secondes après,
25:58 je lui dis "mais, Elisabeth, moi, j'ai rien demandé."
26:01 Et elle me dit "justement, c'est pas parce que tu n'as rien demandé
26:05 "qu'on n'a pas pensé à toi."
26:06 Et effectivement, je n'attendais pas, justement,
26:09 cette nomination. -Vous n'y attendiez pas,
26:12 vous l'avez acceptée avec plaisir ? -Oui, parce qu'en plus...
26:15 Bien sûr, je n'y attendais pas,
26:17 parce que de par mon histoire personnelle,
26:20 je n'étais pas prédestinée à être députée
26:22 ni présidente de commission, ni ministre.
26:25 Quand elle me fait cette proposition,
26:27 je suis très honorée de sa confiance,
26:29 et de la confiance du président de la République,
26:32 qui m'offre un très beau portefeuille,
26:34 celui des personnes en situation de handicap,
26:37 où les défis sont très importants.
26:39 Je lui dis "je serai très heureuse,
26:41 "je me rappelle que tu acceptes."
26:43 Vous avez trois secondes pour répondre,
26:46 et je lui dis "j'accepte, Elisabeth,
26:48 "je suis très honorée, merci."
26:51 Et elle dit "bon, très bien."
26:53 Et elle raccroche, et là, tout de suite,
26:55 je dis "waouh !"
26:57 Bon, je vais quand même appeler,
26:59 le premier que j'ai appelé, c'est mon époux,
27:01 pour le prévenir, il m'a dit...
27:03 -Je vais être nommée ministre.
27:05 -Ensuite, j'ai appelé mes enfants, mes deux enfants.
27:08 Ma fille était très heureuse pour moi,
27:11 mon fils, il se reprotège un peu sa maman,
27:13 donc il me dit "oui, mais tu sais,
27:15 "maman ministre, c'est compliqué, tu vas prendre des coups."
27:18 Ca fait partie de l'engagement politique.
27:21 -Ils n'ont pas vu ça. -Oui, un peu,
27:23 mais lui, il a fait sa vie, il n'est pas à la maison.
27:26 Ma fille était très heureuse,
27:28 et ensuite, j'ai appelé mon suppléant, Philippe Frey,
27:31 pour lui annoncer la nouvelle.
27:33 Il déjeunait avec son fils, quand il a vu mon appel.
27:36 -A votre place. -Et tout à coup,
27:38 je devais repartir, je le dis,
27:40 car j'avais mon chauffeur qui m'attendait en bas,
27:43 la valise dans la voiture, on repartait sur Dijon,
27:46 et moi, je disais, 24 heures avant,
27:48 "écoutez, ça va être le break,
27:50 "10 jours encore en circonscription..."
27:52 -Vous avez tout annulé. -Dernier moment,
27:55 j'ai tout annulé. -Les plans ont changé.
27:57 -Elle me dit "je vous attends", je l'avais zappée,
28:00 et je lui dis "je ne pars plus".
28:02 Elle me dit "je crois savoir pourquoi".
28:05 -On va parler de votre ministère, du coup, maintenant,
28:08 de votre engagement, et à travers le chocolat.
28:10 Tout savoir pour transformer la fève en tablette,
28:13 un apprentissage minutieux pour des personnes
28:16 en situation de handicap, c'est le Dessous des plats.
28:19 -Brigitte, produire du chocolat éthique
28:27 avec des personnes handicapées, tout en respectant la planète
28:30 et les petits producteurs du Cameroun,
28:33 c'est un sacré pari tenu par Févier d'Or,
28:35 entreprise familiale, qui a ouvert ses portes
28:38 à nos journalistes Hélène Bonduelle et Pierre-Yves De Henninck.
28:42 -Ici, vous êtes dans une chocolaterie artisanale,
28:49 familiale, qui a la spécificité de maîtriser
28:53 tout le process de fabrication du chocolat,
28:56 depuis la culture du cacao
28:58 jusqu'au produit fini sans intermédiaire.
29:00 -Pour Nadine Abondo, franco-cameroonaise,
29:03 le chocolat, c'est une histoire de famille.
29:06 Trois générations de production de cacao.
29:10 -Vous avez d'abord, là, en face de vous,
29:12 la cultivatrice du cacao que vous consommez.
29:15 Dès samedi, je suis dans les plantations
29:18 pour récolter le cacao.
29:19 -Au-delà du cacao, dans son entreprise,
29:22 Nadine cultive aussi la différence.
29:24 -Pendant que Thomas fait les tablettes,
29:26 vous, vous faites quoi, Dionne ? -Je les pèse.
29:29 -Ah, vous, vous pesez. OK. Ca, c'est bon ?
29:32 -Oui. -OK. Si ça, c'est bon,
29:34 ça veut dire que ça doit aller dans la chambre froide ?
29:37 -Ici, 15 des 17 salariés
29:40 sont en situation de handicap,
29:42 handicap physique ou mental.
29:45 -J'arrive à Félidor, j'arrive pas à faire le chocolat.
29:48 Et du coup, maintenant, j'essaie,
29:50 parce que tout fait...
29:51 Maintenant, j'ai hâte de passer mon diplôme de chocolatier.
29:55 -Je suis pas médecin, je peux pas soigner.
29:57 Par contre, oui, je peux insérer.
29:59 Je peux permettre à mon collaborateur
30:02 d'avoir un vrai contrat de travail,
30:05 un CDI. Ici, tous les collaborateurs sont en CDI.
30:08 -La chef d'entreprise a adapté les postes,
30:10 composé les équipes en fonction des capacités de chacun.
30:13 Un équilibre à trouver entre la valorisation des compétences...
30:17 -Si vous nous faites des tablettes qui n'ont pas le bon poids,
30:21 nous, on peut pas les emballer.
30:23 -Et l'exigence d'un chocolat haut de gamme.
30:26 -La difficulté, c'est donc ça,
30:28 c'est de pouvoir challenger une entreprise
30:31 qui est de droit commun,
30:33 dans un secteur concurrentiel comme le nôtre,
30:36 tout en employant des personnes en situation de handicap.
30:40 Et puis, de toute façon, je les prépare aussi
30:43 à entrer dans un milieu qui sera moins protégé,
30:47 parce que vous aurez compris qu'ici,
30:49 je vais dire les choses d'une certaine manière,
30:52 ailleurs, ça sera pas comme ça.
30:54 -Dans n'importe quel métier que vous faites,
30:57 ils accompagnent pas.
30:58 Moi, pour moi, arriver ici,
31:00 on se dit, voilà, c'est un travail où t'as un vrai salaire,
31:04 où ça te permet d'avoir des projets dans la vie plus tard.
31:09 Moi, maintenant, grâce à Mme Avondo
31:11 et grâce à ICI, j'ai un foyer d'hébergement.
31:14 -La chef d'entreprise s'engage aussi en amont.
31:18 Elle garantit un salaire minimum à chaque producteur camerounais
31:22 avec lequel elle travaille.
31:25 -Fadila Katabi, moi, j'ai été très touchée
31:27 par ce jeune handicapé qui parle d'accompagnement.
31:30 C'est vraiment le mot-clé quand on est patron
31:33 et qu'on doit essayer d'insérer ces populations vulnérables ?
31:36 -Oui, là, nous avons un très bel exemple de réussite.
31:40 Nul n'est inemployable.
31:42 Les personnes en situation de handicap
31:44 peuvent s'insérer professionnellement,
31:46 mais pour ce faire, parfois, il faut un accompagnement
31:50 individualisé, peut-être... -Ca veut dire quoi ?
31:53 -Ca veut dire quoi, concrètement, dans la vie de l'entrepreneur ?
31:56 -Il faut sensibiliser les chefs d'entreprise
31:59 que cela est possible,
32:00 qu'en adaptant le poste de travail,
32:03 la personne est capable d'assumer tel ou tel métier.
32:07 On a dans cette chocolaterie des personnes en situation de handicap
32:11 qui sont en situation de travail, qui gagnent leur vie,
32:14 qui souhaitent travailler.
32:16 Depuis que je suis ministre,
32:18 j'ai reçu énormément de courriers et de messages
32:22 pour me dire "Faites en sorte qu'on respecte nos droits,
32:25 "nos droits d'aller à l'école, d'accéder à la santé
32:29 "et le droit aussi de travailler."
32:31 -Elles sont beaucoup plus touchées par le chômage.
32:34 14 % contre 7 % dans la population active ?
32:36 -Pas 14. Je me permettrais de le corriger.
32:38 En 2019, le taux de chômage des personnes en situation de handicap
32:42 était de 19 %.
32:44 Aujourd'hui, grâce à la politique volontariste que nous menons,
32:47 avec... D'ailleurs, c'était aussi, également,
32:50 la première ministre, qui était aussi ministre du Travail,
32:53 et aujourd'hui, avec Olivier Dussopt,
32:55 la situation des demandeurs d'emploi en situation de handicap
32:59 s'est améliorée. Nous étions à 19 %,
33:01 nous sommes à 12 %.
33:02 Bien sûr, ça reste encore au-delà de la moyenne nationale.
33:06 Il nous faut renforcer l'accompagnement.
33:08 -Il faut inciter les entreprises ?
33:10 -Sensibiliser les chefs d'entreprise, inciter les entreprises.
33:14 -C'était des aides financières ?
33:15 -Il y a déjà des aides. -Ou renforcer les quotas ?
33:18 -Il y a déjà des aides financières,
33:20 pour adapter le poste et accompagner l'entreprise,
33:23 mais parfois, il faut aussi une question de sensibilisation.
33:27 Sensibiliser les chefs d'entreprise qui se disent
33:30 "je ne sais pas comment faire".
33:32 Et pour se faire aujourd'hui... -Oui, je ne sais pas comment faire
33:35 ou je ne suis pas sûr qu'il soit la bonne personne.
33:38 -Justement, il y a le projet de loi qui a été voté cette semaine,
33:42 porté par Olivier Dussopt, et vraiment, je le remercie
33:45 d'avoir inséré deux articles qui concernent
33:47 l'emploi des personnes en situation de handicap
33:50 et surtout de faire en sorte que leurs droits soient respectés
33:53 au même titre que les autres salariés,
33:56 puisqu'aujourd'hui, une personne qui travaille dans un ESAT
33:59 n'avait pas le droit à la prime transport,
34:02 de faire grève, ce qui est scandaleux.
34:04 Il faut le savoir.
34:05 Donc, on a aligné les droits des salariés handicapés
34:08 sur les droits des autres salariés,
34:10 et en même temps, grâce à France Travail,
34:13 il y a un travail de collaboration entre les entreprises
34:17 et les entreprises qui ont des experts
34:19 qui accompagnent les personnes en situation de handicap.
34:22 Ce travail collaboratif permet effectivement
34:25 de travailler le projet de la personne en situation de handicap
34:28 et de l'accompagner dans, effectivement,
34:31 ce qu'elle souhaite faire, parce qu'il faut répondre
34:34 aux besoins de la personne, écouter la personne.
34:37 Moi, les personnes me disent "Madame, écoutez-nous,
34:40 "faites respecter nos droits", et nous avons aussi des choix
34:43 qu'on voudrait voir respectés.
34:45 Donc, c'est tout cela.
34:47 -Là, on voit dans ce reportage une dame,
34:49 le patron, en l'occurrence, la patronne,
34:52 qui donne beaucoup d'elle-même pour accompagner
34:55 ces personnes en situation de handicap.
34:57 Est-ce que tous les patrons peuvent faire de même ?
35:00 Est-ce que c'est pas une implication
35:02 qui est très importante dans une entreprise,
35:05 d'avoir ces personnes en situation de handicap ?
35:08 -Le sujet du handicap, c'est l'affaire de toute la société,
35:11 de l'Etat, bien sûr, en premier lieu,
35:14 mais également des chefs d'entreprise,
35:16 des collectivités, et je fais en sorte de travailler
35:19 intelligemment également avec mes collègues ministres,
35:23 parce que j'ai un super portefeuille,
35:25 mais c'est interministériel, c'est-à-dire qu'il faut faire
35:29 avancer la question de l'insertion professionnelle.
35:32 Je travaille avec Olivier Dussopt,
35:34 l'école inclusive chez les tout-petits,
35:36 parce que c'est aussi important de faire en sorte
35:39 que les enfants en situation de handicap puissent être...
35:42 -C'est un des problèmes de la République,
35:45 puisqu'aujourd'hui, on a 430 000 enfants
35:47 en situation de handicap et qui fréquentent l'école.
35:50 -Il y a toujours des problèmes pour recruter ces fameuses AESH.
35:54 -Alors, je l'entends,
35:56 mais il faut aussi regarder le verre à moitié plein,
35:59 puisque, si je puis me permettre cette expression,
36:02 en 2017, quand nous sommes arrivés aux commandes,
36:05 il y avait 49 000 AESH,
36:08 avec un statut précaire
36:10 qu'on a aujourd'hui renforcé et revalorisé,
36:13 et aujourd'hui, elles sont 132 000.
36:16 Aujourd'hui, elles sont 132 000.
36:18 Donc, ce qu'il faut faire...
36:20 -Il y a une solution pour chaque enfant ?
36:22 -Il y a encore des enfants qui restent sur le carreau,
36:25 et c'est la raison pour laquelle le président de la République,
36:28 dans le cadre de la conférence nationale du handicap
36:31 qui s'est tenue au mois d'avril, a annoncé les 50 000 solutions
36:35 pour essayer de répondre au mieux aux attentes des personnes.
36:38 Et faire en sorte, et là, j'insiste,
36:40 parce que c'est très important,
36:42 moi-même, j'ai été enseignante et j'ai été confrontée
36:45 à des apprentis en situation de handicap.
36:48 Et franchement, les enseignants,
36:50 face à un enfant en situation de handicap,
36:52 ils sont parfois en se disant "je ne sais pas faire",
36:55 parce qu'on est enseignant, mais on ne sait pas prendre le sujet
36:59 à bras-le-corps. Il faut passer par de la formation,
37:02 mais également faire en sorte de faire rentrer
37:05 le secteur médico-social au sein de l'école de la République.
37:08 C'est le travail que nous allons mener à partir de 2024
37:11 pour venir en soutien aux équipes éducatives,
37:14 aux équipes pédagogiques, et les enseignants sont prêts.
37:17 A partir du moment où on vient en appui,
37:20 eh bien, il n'y a aucun souci.
37:21 Vous vous rendez compte ?
37:23 Je prends, j'illustre quand même avec un exemple.
37:26 Quand un enfant, par exemple, demain,
37:28 pourra voir son ergothérapeute, son psychologue,
37:31 son orthophoniste au sein de l'école de la République,
37:34 vous évitez déjà, pour cet enfant, plusieurs transports dans la semaine.
37:38 Vous soulagez également les parents,
37:40 qui sont dans une grande détresse parfois,
37:43 parce qu'eux aussi doivent concilier la vie de cet enfant
37:46 et leur vie professionnelle.
37:48 Et très souvent, ce sont des mamans seules
37:51 qui sont confrontées à cette situation
37:53 et qui sont parfois obligées d'arrêter de travailler
37:56 pour pouvoir accompagner l'enfant.
37:58 Donc, je pense que là, il y a de nouvelles attentes,
38:02 un nouveau défi, et je mettrai toute mon énergie,
38:06 bien sûr, le ministre Attal, qui est vraiment prêt à travailler,
38:09 nous sommes prêts à travailler main dans la main
38:11 pour faire avancer cette belle cause.
38:14 -Il y a un obstacle, je me suis renseigné
38:16 auprès d'Hélène Bonduelle,
38:18 cette société n'est pas encore rentable.
38:20 Il y a un obstacle dans la tête des patrons,
38:23 ils pensent que monter une boîte avec des handicapés,
38:26 c'est pas rentable, ils ne sont pas efficaces.
38:28 Est-ce un tabou à faire sauter ?
38:30 Est-ce compliqué à expliquer qu'on peut être aussi rentable
38:34 et être plus productif ? -Oui, bien sûr,
38:36 on pose la question tout le temps, mais il y a aussi des aides
38:39 pour compenser cette baisse de productivité.
38:42 L'Etat est là, au rendez-vous, mais en même temps,
38:45 c'est important d'accompagner les personnes en situation de handicap
38:49 dans le milieu professionnel, parce qu'ils vont être aussi
38:52 à la charge de la société. C'est l'affaire de toutes et tous.
38:55 L'Etat prend sa part, les collectivités doivent
38:58 prendre la leur, je rappelle que le sujet du handicap
39:01 est le même que pour les départements,
39:03 qui ont la compétence des personnes en situation de handicap,
39:07 et le monde économique. -Il y a des freins,
39:09 aujourd'hui, qu'il faut lever ? -Il y a encore des freins...
39:12 -C'est psychologique ? -Mais les choses changent.
39:15 Nous allons avoir un très bel événement
39:18 avec les Jeux olympiques et paralympiques,
39:20 et je pense que cet événement sera un événement très fort,
39:24 et il faut en profiter pour faire en sorte,
39:27 déjà, de soutenir nos athlètes paralympiques,
39:31 mais aussi pour faire en sorte qu'ils soient capables
39:34 de belles choses, de dépassements de soi,
39:36 et de belles réussites.
39:38 Je fais confiance également à ces Jeux
39:40 pour faire en sorte que le regard change
39:42 sur les personnes en situation de handicap.
39:45 -Il y a une autre opération, le "Duo Day",
39:47 où on voit une personne accompagnée d'une autre en situation
39:51 de handicap, et ça, c'est devenu un événement annuel
39:54 que beaucoup d'entreprises adhèrent à cette journée.
39:57 -Vraiment, j'ai fait une réunion de travail là-dessus.
40:00 -Généralement, on a plus de demandes d'entreprises
40:03 que de personnes en situation de handicap.
40:06 Donc on essaye effectivement de se manifester
40:08 et de faire de la publicité sur ce "Duo Day",
40:11 mais en demandant aux personnes en situation de handicap
40:14 de se déclarer et de venir, parce que cela permet à des jeunes
40:18 de trouver un stage, un emploi, des jeunes et des moins jeunes.
40:22 -Il ne faut pas que ça reste une journée.
40:24 -Voilà. Et 23 % des personnes qui sont passées par le "Duo Day",
40:28 qui est un événement très fort, arrivent à rebondir,
40:31 je vous dis, par le biais d'un stage ou d'un emploi.
40:34 C'est formidable. Je remercie les chefs d'entreprise
40:37 qui se mobilisent, les collectivités aussi.
40:39 Mon ministère sera pleinement mobilisé
40:42 et je recevrai des personnes en situation de handicap
40:45 dans mon ministère. -On vous offre
40:47 ce chocolat éthique, qui est très bien calibré.
40:50 -Coup de chapeau à cette Nadine Abondo,
40:52 qui est vraiment une femme remarquable.
40:54 Il y a un mot, parce que ces handicapés
40:57 fabriquent cet excellent chocolat. -85 %.
40:59 -Vous êtes accro au chocolat ?
41:01 -J'aime bien le chocolat. J'aime toutes les douceurs.
41:04 Vous avez compris ? Voilà.
41:06 Et je promets à cette dame, déjà, je tiens à la féliciter,
41:09 je félicite l'entreprise. -Elle a été reçue
41:12 par Emmanuel Macron. -J'irai la voir.
41:14 -C'est fait, le rendez-vous est pris.
41:16 Je l'ai dit, vous avez été présidente
41:18 de la commission des affaires sociales de l'Assemblée.
41:21 Vous êtes attentive aux problèmes des Français pour se nourrir.
41:25 Une personne sur cinq ne mange pas toujours à sa faim,
41:28 selon le Secours populaire. On en parle et on met les pieds dans le plat.
41:32 20 à 30 % des Français éprouvent des difficultés
41:39 à se nourrir trois fois par jour, selon les études.
41:42 C'est le cas d'Amina, dont la petite retraite
41:45 ne lui permet pas de manger à sa faim.
41:47 Chaque jour, il faut faire des choix ou se contenter de peu.
41:51 L'EOCE et Camille Souho l'ont accompagnée dans son quotidien.
41:55 C'est devenu une habitude.
41:58 Plusieurs fois par semaine, Amina se rend chez le primeur
42:02 en quête de produits au rabais.
42:04 -Oui, c'est là.
42:05 -Dans ce cageau,
42:07 des fruits et légumes un peu abîmés,
42:10 tous à un euro.
42:12 -Je vais prendre ça, je vais prendre une petite salade.
42:15 Là, il y a des figues, je vais les prendre.
42:17 Ca me permet d'acheter, de manger des légumes et des fruits frais,
42:22 que je peux pas me permettre à leur prix d'origine, quoi.
42:26 -Verdict à la caisse, 5 euros seulement pour le tout.
42:30 -Vous voyez, sinon, les figues, ils sont à 6 euros.
42:33 -Une belle économie.
42:34 Amina a en revanche dû quasiment faire une croix
42:37 sur les produits les plus chers.
42:39 La viande, pas plus d'une à deux fois par semaine, et encore.
42:42 -Et on mange pas beaucoup le bœuf,
42:44 parce qu'il prend trop de temps à la cuisson.
42:47 Ca va consommer beaucoup plus de gaz.
42:50 -Son seul petit plaisir...
42:52 -À la fin des mois, quand je touche ma retraite,
42:54 enfin, le 10,
42:56 là, je me permets d'acheter un peu de poisson.
42:58 Voilà.
43:00 -Un quotidien à l'euro près.
43:03 -Sur 869 euros,
43:05 je dois payer 422 euros de loyer,
43:09 50 euros, à peu près,
43:11 pour Internet,
43:14 pour l'électricité, le gaz,
43:18 j'ai 76 euros.
43:20 -Amina ne touche qu'une faible pension
43:22 pour une retraite anticipée à cause de son handicap.
43:25 Elle a pourtant longtemps travaillé.
43:27 -35 ans.
43:29 Je trouve que c'est pas normal.
43:31 C'est pas normal pour 35 ans de travail
43:34 que je touche que ça.
43:36 -En une journée, elle ne va manger qu'un seul repas,
43:39 en plus d'un petit déjeuner pour le moins frugal.
43:42 Deux biscottes ou deux tranches de brioche.
43:45 -Deux, pas plus.
43:47 Et le café.
43:50 -L'après-midi est déjà bien avancé
43:52 au moment de préparer l'unique repas,
43:54 à partir de produits bruts, source d'économie.
43:57 -Ca revient moins cher.
43:59 Et puis, vous savez ce que vous mangez aussi.
44:02 -Mais en fin de mois,
44:03 elle est parfois contrainte de s'endetter
44:05 auprès des commerçants pour des produits alimentaires.
44:08 -Je prends des choses que j'ai envie d'accréditer.
44:11 -Une situation difficile à vivre.
44:13 -C'est très... Si vous vous sentez humiliée,
44:16 c'est la première fois de ma vie
44:18 que je me plains de ces augmentations.
44:22 -Une vie au jour le jour,
44:24 où manger à sa faim n'a plus rien d'évident.
44:27 -Fadila Katabi, les chiffres sont effarants.
44:30 Amina n'est pas la seule.
44:31 Dans son cas, 20-30 % des Français
44:33 éprouvent des difficultés à se nourrir trois fois par jour.
44:36 15 % déclarent ne plus pouvoir assurer ces trois repas.
44:40 Comment c'est possible dans la 7e puissance mondiale ?
44:43 -Bien sûr, c'est extrêmement compliqué.
44:46 Nous sommes aujourd'hui confrontés à une inflation,
44:49 j'allais dire, très importante, très dure,
44:52 qui touche bien sûr la France,
44:54 mais qui touche de nombreux pays dans le monde,
44:57 y compris en Europe.
44:58 Le gouvernement, au regard de cette crise,
45:01 s'est fortement mobilisé pour essayer d'atténuer le choc,
45:06 notamment sur le carburant, sur l'énergie,
45:08 avec le bouclier tarifaire. -Le tarifaire,
45:11 pour l'électricité, il va jusqu'en décembre.
45:14 -Jusqu'en décembre. -Il faudra le prolonger.
45:16 -Il faut voir, en tous les cas, ce que je peux vous dire.
45:19 Elisabeth Borne, la Première ministre,
45:22 et le gouvernement sont pleinement mobilisés
45:25 sur cette question du pouvoir d'achat.
45:27 Déjà en 2017, nous avions été élus
45:30 sur cette question du pouvoir d'achat.
45:33 -Ca s'est aggravé.
45:34 -Avec cette inflation qui était inattendue.
45:37 -Il y a une précarisation qui gagne au-delà des classes modestes.
45:40 -Tout à fait, qui était en plus inattendue,
45:43 cette inflation.
45:44 On fait face à un choc qui est terrible.
45:47 Mais il va y avoir un projet de loi,
45:51 soutenu par Bruno Le Maire,
45:53 sur comment lutter contre l'inflation,
45:56 sur cette question-là.
45:58 -Il y aura les renégociations. -Il va remettre...
46:01 -Ca va vraiment faire baisser les prix.
46:04 Ca a du mal à baisser. Ca monte vite, ça baisse moins.
46:07 -J'ai entendu Edouard Leclerc qui a dit
46:09 "ceux qui pensaient qu'il y aura un octobre vert,
46:12 "ça va baisser d'ici Noël".
46:14 "Les prix, dit-il avec cynisme, ne baisseront pas."
46:17 Même pour les produits de Noël, les chocolats,
46:19 ça ne baissera pas. Ca ne montrera peut-être plus beaucoup.
46:23 -En tout cas, le ministre est pleinement mobilisé,
46:26 Bruno Le Maire, sur cette question-là.
46:29 Il va réunir, bien sûr, les industriels,
46:32 les producteurs, les distributeurs,
46:34 pour essayer de faire en sorte que les prix baissent.
46:37 On va voir si cet accord aboutit.
46:40 En tous les cas, je l'espère. Il en va aussi de l'intérêt général.
46:44 Je pense que cette question est majeure,
46:46 que les Français sont en attente et qu'il y a un effort à faire.
46:50 -Il y en a qui disent qu'il faut réguler les prix,
46:52 revenir à une économie plus administrée.
46:55 -Nous sommes dans une économie de marché.
46:57 C'est difficile de pouvoir réguler,
46:59 mais il n'en demeure pas moins
47:01 que chacun doit prendre sa part de responsabilité.
47:04 J'en appelle aux industriels
47:07 de prendre aussi leur part
47:09 et d'être responsables.
47:10 -Et la grande distribution.
47:12 -Bien sûr. Le temps de passer ce cap est difficile.
47:15 -Euridea, on a fait le panier
47:17 entre l'inflation. -Ce projet de loi,
47:20 justement, vise notamment tous les produits du quotidien.
47:24 J'espère que la négociation va aboutir.
47:26 De toute façon, le projet de loi va être voté.
47:29 Si on peut avoir un accord, c'est mieux.
47:32 -Vous leur dites qu'il faut renier sur les marges ?
47:35 -Bien sûr. On leur dit.
47:37 -On partage pas la loi collectif ?
47:39 -L'Etat, lui, est pleinement mobilisé
47:41 et a mis les moyens sur la table,
47:43 sur l'énergie, sur le carburant.
47:45 Et donc, j'attends des industriels et des distributeurs,
47:49 bien sûr, de faire un effort là-dessus.
47:51 -Vous les croyez quand ils disent "on est déjà à l'os" ?
47:54 Ou vous pensez qu'ils privilégient d'abord leurs actionnaires ?
47:58 -Je pense que... Déjà, leurs marges,
48:00 leurs actionnaires, je pense qu'il y a de l'argent
48:03 et que cet argent peut être, j'allais dire,
48:06 redistribué différemment.
48:08 -Il y a quelques mois, on nous parlait d'un chèque alimentation.
48:11 Il n'a pas vu le jour.
48:12 C'est une bonne idée ?
48:14 Il faudrait le remettre au goût du jour ?
48:16 -On verra, en fonction du projet de loi
48:19 qui sera présenté,
48:21 qui a été présenté le 27 septembre,
48:23 qui arrive dans l'hémicycle au mois d'octobre,
48:26 comment le débat va aboutir
48:28 et quelles vont être, bien sûr, les réponses.
48:30 Encore une fois, il y aura aussi, probablement,
48:33 suite au travail parlementaire, des propositions
48:36 à ce moment-là.
48:37 -C'est le cas aussi d'Amina.
48:39 C'est difficile, les fins de mois.
48:41 Parfois, la fin de mois, elle arrive assez tôt.
48:44 20 % des Français vivent à découvert.
48:46 Faut-il inciter aussi les entreprises
48:48 à augmenter les salaires ?
48:50 -Bien sûr. -Ou s'accrécer cette spirale ?
48:52 -Non, mais on constate quand même,
48:55 aujourd'hui, que la situation économique du pays,
48:58 les clignotants sur le plan économique sont ouverts.
49:01 Les entreprises se font, effectivement...
49:04 font des bénéfices et de la marge.
49:08 Simplement, avec cette problématique
49:10 de recrutement, aujourd'hui, tout le monde cherche
49:13 beaucoup d'entreprises. Quand je suis sur le terrain,
49:16 me disent la députée, maintenant, la ministre,
49:19 "On ne trouve personne, j'ai besoin dans le bâtiment,
49:22 "dans la menuiserie, dans la restauration,
49:24 "y compris dans le milieu sanitaire et médico-social."
49:28 On recherche du monde.
49:29 On voit que dans le privé, les salaires ont augmenté.
49:32 Face à cette problématique de recrutement,
49:34 les chefs d'entreprise sont obligés de revoir les salaires
49:38 et les augmentent.
49:39 Donc, j'allais dire, il y a cette dynamique,
49:42 donc profitons de cette dynamique.
49:44 Je pense que les entreprises peuvent faire un effort.
49:47 Pour autant, j'entends souvent qu'il faut taxer, taxer, taxer.
49:50 Ca n'est peut-être pas non plus la solution.
49:53 -C'est pas l'objectif du gouvernement.
49:55 -C'est pas l'objectif du gouvernement,
49:58 mais je pense sincèrement qu'elles peuvent faire un effort.
50:01 -Tout le monde a fini.
50:02 On va passer au dessert, et c'est le pêché mignon.
50:05 -Voici venu le temps du sucré, Brigitte,
50:10 avec une île flottante.
50:12 Mais je me dis, Fadila Katabi,
50:14 que vous souhaitiez des oeufs à la neige.
50:16 Aujourd'hui, la confusion est dans les esprits,
50:19 et pourtant, ce sont deux desserts différents.
50:22 A l'origine, l'île flottante est inventée à la fin du XIXe siècle
50:26 par Auguste Escoffier, ce grand chef.
50:28 Il a fait une tranche de génoise, de biscuits de Savoie,
50:31 imbibée de liqueur et séparée par de la marmelade d'abricot.
50:34 Ca n'a rien à voir avec ça. On ajoutait des amandes hachées.
50:37 L'ensemble était servi avec de la crème anglaise
50:40 ou une purée de fruits rouges.
50:42 Les oeufs à la neige sont juste des blancs pochés
50:45 sur une crème anglaise.
50:46 Ce sont des oeufs à la neige qu'on va déguster.
50:49 Ca vous embête pas ? -Pas du tout.
50:51 J'aime beaucoup la crème anglaise.
50:53 C'est un clin d'oeil.
50:54 J'ai vécu une année à Manchester
50:56 dans le cadre de mes études.
50:58 J'étais assistante professeure là-bas dans un lycée.
51:01 Il est vrai que la cuisine anglaise,
51:03 c'est un peu compliqué,
51:04 mais par contre, j'aimais beaucoup leurs desserts.
51:07 Certains desserts. -Oui.
51:09 -J'aime bien la crème anglaise.
51:11 J'aimais aussi beaucoup, j'aurais pu vous demander,
51:14 mais avec les lasagnes, c'était trop, le cheesecake.
51:17 C'est des bons desserts.
51:18 Je voulais faire...
51:20 -Vous avez appris la vraie recette de la crème anglaise ?
51:23 -Je sais comment il faut la faire, mais je l'ai jamais faite.
51:26 -Vous la mangez jamais à la maison ? -Non.
51:29 Je la mange quand je vais dans un bon restaurant
51:31 et qu'ils la préparent très bien.
51:33 -Vous pouvez la goûter pour nous dire si ça vous rappelle
51:37 vos années en Angleterre et à Manchester.
51:39 Vous, qui êtes professeure d'anglais.
51:41 -Elle est meilleure. -Elle est meilleure.
51:44 -Elle est très bonne.
51:45 -Les oeufs sont très bien pochés.
51:47 Je ne sais pas s'ils sont pochés au four.
51:49 Quand on fait nos blancs, quand on les a cuits,
51:52 on peut les faire cuire au four,
51:54 mais pas sur de l'eau bouillante ou du lait bouillant.
51:57 Je recommande de l'eau bouillante.
51:59 Elle boue à 100 degrés, elle fait des oeufs plus fermes.
52:03 Et au four, mais c'est très bon.
52:04 Je sais pas pourquoi on dit crème anglaise.
52:07 Ca a été inventé par les Anglais ?
52:09 -En tout cas...
52:10 On la retrouve en Angleterre, mais là, elle est excellente.
52:14 -On va terminer cette émission en musique,
52:16 comme à chaque fois.
52:18 Vous avez choisi cette musique-là.
52:20 On l'écoute et vous nous dites pourquoi.
52:22 -La marée de Senna
52:24 La marée de Senna
52:30 Oh, la, la, la, la, la, la, la
52:35 Chez lui, la marée de Senna
52:40 Oh, la, la, la, la, la, la, la
52:45 ...
52:47 -Qu'est-ce que c'est que cette musique ?
52:50 -C'est Mozart revisité, comme ma cuisine.
52:52 -Ouais.
52:53 -Mozart, j'aime beaucoup Mozart.
52:56 Et là, c'est Mozart l'égyptien,
52:58 parce que c'est le mélange des deux cultures,
53:01 l'Orient et l'Occident.
53:03 Je trouve que la culture rapproche les êtres humains.
53:06 C'est un clin d'oeil que je voulais envoyer.
53:09 -La boucler. -Et boucler, bien sûr.
53:11 Je trouve que c'est justement
53:13 toute cette richesse humaine qu'il faut savoir partager.
53:16 -Merci, Fadila Katabi, d'avoir partagé votre richesse avec nous
53:20 aujourd'hui à table. -Merci.
53:21 -Merci à H.François, qui nous a cuisiné ces très bons plats.
53:25 Merci à vous tous de nous suivre chaque semaine.
53:27 On se retrouve la semaine prochaine
53:29 pour un nouveau numéro de "Politique à table".
53:32 -Merci. Au revoir.
53:33 ...
53:53 !

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