A 37 ans, Aurélien Pradié, député LR du Lot est vivement engagé sur la cause du handicap. Du soutien aux écoles accueillant des enfants autistes à l'appui aux ESAT, ces entreprises faisant travailler des personnes handicapées, il se démène pour favoriser leur inclusion dans la société. Un engagement qui est le fruit d'une histoire personnelle.
Un reportage de Céline Crespy, et Pierre-Yves Deheunynck.
C'est une partie essentielle du travail parlementaire qui est de nouveau mise en lumière à travers ce reportage où les journalistes de la rédaction suivent un député dans sa circonscription pour expliquer son travail sur le terrain. C'est aussi un voyage sur un territoire, avec ses enjeux locaux, et une rencontre avec ses habitants. Suivez votre député sur LCP !
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NewsTranscription
00:00 - Comment ça va ? - Eh, Cathy ! Cathy !
00:05 Et donc ce monsieur là que tu vois en face, eh bien, il était venu à Boisson pour l'inauguration.
00:15 - Exactement, il y a combien de temps maintenant ? - Eh bien, ça fait plus de...
00:18 - Ça fait 3 ans ? - Ouais.
00:20 - 3 ou 4 ans ? - C'est vrai.
00:22 - Même plus que ça peut-être. Ça doit faire quasiment 5 ans. - C'est vrai.
00:26 - Mais bon, comme on ne vieillit pas, ça se voit pas quoi. - Oh non !
00:29 - Bonjour, je suis Aurélien Pradié, député de la 1re circonscription du Lot.
00:37 Et un des combats que j'ai mené depuis mon arrivée à l'Assemblée nationale
00:39 est celui de l'inclusion des personnes en situation de handicap au sein de notre société.
00:44 Dans sa circonscription du Lot, autour de Cahors,
00:49 la lutte pour l'inclusion des personnes handicapées doit être mise en œuvre dès le plus jeune âge,
00:55 selon Aurélien Pradié.
00:58 Et pour savoir comment, le député LR a tenu à nous montrer l'école maternelle de Catus,
01:05 un modèle du genre.
01:07 - Bonjour. - Bonjour, directeur.
01:10 - Bonjour, député. - Ça va ? - Oui, et vous ?
01:12 - Ça va bien ? - Bonjour.
01:13 - Vous allez bien ? - Oui, vous même ?
01:15 - Ça va ? Oui, très bien. - C'est un maracudo.
01:17 - On est content de venir vous voir. Bonjour, ça va ? - Oui, très bien.
01:20 Au milieu de la cinquantaine d'élèves, certains petits sont un peu différents des autres.
01:25 Ce sont des enfants autistes. Une unité spécialisée a été créée pour eux.
01:30 - Donc là, tout le monde est à la récréation au même moment ? - Tout à fait.
01:34 - Aujourd'hui, vous avez combien d'enfants dans l'unité ? - Sept.
01:37 - Le cahier de charge est de sept, à Catus, on est de sept. - OK.
01:40 - En fait, on va être sur de l'intervention qui va être précoce, trois, six ans.
01:44 Pour les enfants, sur l'accompagnement qui sera intensif, parce qu'on est sur 24 heures d'accompagnement semaine,
01:50 chaque temps est pensé sur des objectifs bien précis.
01:53 La récréation, ça va être un objectif bien précis de pouvoir travailler les interactions avec ses pairs,
01:57 travailler la gestion des émotions.
02:00 Mais il n'existe que 2000 places d'un tel dispositif en France,
02:05 quand dix fois plus d'enfants de 3 à 6 ans ont été diagnostiqués autistes.
02:10 - Ça veut dire que les enfants autistes, ils sont pris en charge comment majoritairement ?
02:16 - Pas scolarisés ou très peu. Les gamins qui vont faire une demi-journée par semaine,
02:20 glorieusement, quand on veut bien leur donner une demi-journée par semaine,
02:23 et le reste du temps, ils sont à la maison ou en structure, en structure hors du milieu ordinaire.
02:28 - En fait, 40 % des enfants autistes n'ont accès à presque aucune forme de scolarisation.
02:35 Pourtant, les progrès permis par ces unités sont gigantesques.
02:40 Prenez Amine. Il est arrivé ici il y a deux ans sans savoir parler et avec de gros retards pour son âge.
02:48 - Bon, il a séché.
02:50 Désormais, il a autant de compétences que les autres.
02:54 Et pour cause, il passe une grande partie de son temps hors de son unité spécialisée,
02:59 mais dans une classe de grande section classique.
03:03 Seule différence, Léomara Pinto, la psychologue de l'école, l'accompagne pour l'aider à progresser.
03:16 - C'est bien, Amine. Regarde maintenant.
03:19 Le petit, le petit, tu as écrit.
03:23 Là, ensuite, c'est les mots cochon.
03:27 Oui, c'est très bien. C'est là que tu mets.
03:31 - Ah oui, ça, il est là. - Oui, ça, il est là et tu as déjà fait. C'est parfait.
03:35 Résultat, Amine va pouvoir intégrer un CP classique l'année prochaine.
03:42 Mais pour 7 élèves autistes, il faut 5 adultes supplémentaires dans l'école.
03:47 Une prise en charge qui coûte 25 000 euros par an pour chaque enfant accueilli et qui est trop rare.
03:54 - C'est une question de moyens. Ce sont des budgets qui sont assez significatifs,
03:58 mais avec des résultats qui sont exceptionnels.
04:01 Il y a des enfants qu'on accompagne dès le début.
04:03 Ce sont des problèmes qu'on n'a pas à gérer avec une telle ampleur après.
04:07 C'est ça qui est fou.
04:08 Les économies de bout de chandelle qu'on fait là où on pourrait intervenir,
04:12 on les reprend en pleine figure quelques années après.
04:15 Mais ouvrir des classes d'enseignement spécialisées est un vrai parcours du combattant.
04:21 Leur nombre est décidé au niveau national
04:24 et les territoires se font une concurrence accrue pour les accueillir.
04:29 Aurélien Pradi en sait quelque chose.
04:31 Il est en plein dedans pour une école élémentaire.
04:34 Dans son fièvre de la Bastide-Murat, la commune où il a grandi.
04:38 Une enfance bouleversée et qui explique peut-être un peu son engagement actuel.
04:44 - L'handicap, il a frappé ma famille et mon père quand j'étais très jeune.
04:51 Il a changé notre vie.
04:53 On m'aurait dit que je m'occuperais du handicap en faisant de la politique.
04:57 J'aurais sûrement parié que non, parce que c'était tellement présent dans ma vie
05:01 que j'avais peut-être pas envie d'en faire encore davantage.
05:04 Mais en fait, vous êtes un peu rattrapés toujours par ça.
05:07 Et puis, moi, je ne crois pas qu'on fasse de la politique par hasard.
05:10 Après des mois de tractation, c'est son ancienne école qui a été désignée
05:15 pour ouvrir une classe accueillant des élèves autistes à partir de 6 ans.
05:20 - Monsieur, moi, c'est Louis, ça, je l'ai.
05:22 - Toi, je t'ai reconnu.
05:23 - C'est mon cousin.
05:24 - Toi, je t'ai reconnu, mais comme vous êtes quelques-uns à avoir bien grandi...
05:28 - Ça pousse.
05:29 - Il ne faut pas que je passe 6 mois sans vous voir, parce que ça fait bizarre.
05:32 Donc là, la salle qu'on est censé utiliser pour accueillir les enfants.
05:37 Après l'avoir rénovée, c'est celle-ci.
05:40 Et donc, il y a tout à faire.
05:41 Il va y avoir à repeindre, à adapter, à remeubler.
05:44 Donc l'avantage, c'est qu'ils seront au milieu de tout le monde.
05:47 On ne les met pas dans un endroit isolé.
05:50 Là, ils sont vraiment dans la ville d'école.
05:52 Mais il y a un peu de boulot.
05:54 - Il a bien fallu toute son énergie de député pour convaincre à la fois l'Education nationale,
06:00 mais aussi les autorités de santé que l'équipe enseignante était ici extrêmement motivée pour tenter l'expérience.
06:07 Mais à quelques mois de l'ouverture, rien n'est encore gagné.
06:11 - Donc on a réussi à obtenir ça après des années de bataille.
06:13 Donc c'est une bonne nouvelle.
06:15 On aura cette unité ici.
06:17 Et maintenant, on va être sur toute la mise en oeuvre qui est là aussi accomplie.
06:20 Parce que comme les décisions viennent d'endroits différents, les infos viennent d'endroits très différents.
06:25 Donc on croise nos informations entre ce qu'a décidé la R.S. et ce qu'a décidé l'Education nationale.
06:30 - Pour accueillir 3 enfants autistes à partir de janvier, il va falloir encore trouver un enseignant spécialisé.
06:40 Et de ce côté-là, c'est encore la pénurie.
06:43 - Moi, ce qui m'inquiète, c'est le recrutement d'enseignants spécialisés.
06:47 Et qu'en plus, il m'expliquait qu'ils avaient eu l'enseignant dès le mouvement de la rentrée.
06:52 Le manque de personnel, un problème criant chez les AESH.
06:58 Ces accompagnants d'élèves en situation de handicap exerçant un milieu ordinaire pour tous les enfants handicapés.
07:05 On en compte 125 000 alors que 430 000 seraient nécessaires.
07:11 Mais impossible d'en embaucher davantage.
07:14 Aurélien Pradié, qui les reçoit ce jour-là, sait bien pourquoi.
07:18 - Bon, bienvenue. Certaines, vous connaissez déjà le bureau.
07:22 L'idée, c'est qu'on parle du concret, là, comment la rentrée se passe depuis début septembre dans le Lot.
07:28 - Alors moi, là, actuellement, je travaille pour 4 enfants en même temps, avec des pathologies complètement différentes.
07:34 Et là, il faut s'adapter.
07:36 Et les pathologies, on envoie de plus en plus.
07:39 Les enfants autistes du pays, on envoie de plus en plus.
07:42 Donc, il y a une reconnaissance.
07:44 Mais bon, c'est pas une école inclusive, parce qu'il n'y a pas ce qu'il faut derrière.
07:48 Donc, c'est une aberration.
07:50 - Il y en a plein, plein, plein qui disent qu'ils ne tiendront pas le rythme à ce niveau-là.
07:54 - C'est plein de médecins.
07:56 - Moi, 24 heures, je ne m'en cache pas, c'est 897 euros.
08:00 - Ça va être quelques centimes.
08:02 - Ce n'est pas 400. Ce n'est pas 900.
08:05 - Le problème, moi, je pense, des AESH, c'est qu'aujourd'hui, les belles statuts sont reconnues.
08:10 Et tant qu'elles ne seront pas fonctionnaires d'Etat, ça sera le bazar.
08:13 Elles n'ont pas de fiche de poste.
08:15 Elles n'ont pas d'autre couverture que celle qu'on connaît, c'est-à-dire que...
08:19 Enfin, c'est trop précaire.
08:21 Elles n'ont rien. Elles n'ont rien.
08:23 Et puis, en plus, il manque les formations. Il manque tout.
08:26 - Le député compte déposer une proposition de loi pour améliorer le statut et le salaire des AESH.
08:35 Et il pense avoir gain de cause, cette fois, contrairement à ce qui s'est passé lors de sa dernière tentative.
08:42 - En 2019, moi, j'ai pas de problème.
08:46 Tout le monde était d'accord pour voter le texte de François Ruffin, y compris en passant par le Rassemblement régional.
08:51 Les seuls qui ont bloqué étaient ceux... les élus d'Emmanuel Macron.
08:56 Enfin, voilà, c'est néanmoins factuel.
08:58 Mais en 2019, le scandale politique, il vient de là.
09:01 C'est que le texte n'a pas été rejeté.
09:04 Simplement, la majorité a fait une motion de rejet préalable pour qu'on ne l'examine pas.
09:08 Évidemment, ils se sont pris une volée de bois vert.
09:10 Aujourd'hui, s'il y a un vote, je connais le résultat.
09:13 Parce que ceux qui l'avaient bloqué en 2019 sont moins nombreux.
09:16 Voilà, c'est tout.
09:18 - Des batailles à l'Assemblée, il en a déjà à gagner.
09:23 Notamment celle de la déconjugalisation de l'allocation adultes handicapés.
09:29 Ce qui a permis aux personnes de ne plus voir leur aide réduite quand elles sont en couple.
09:34 Un enjeu, car 20 % des handicapés vivent sous le seuil de pauvreté.
09:39 Autre moyen d'en finir avec la précarité, l'emploi.
09:46 Aurélien Pradié connaît bien cette ESAT de Caor.
09:50 Une entreprise adaptée pour les personnes handicapées qui donne du travail à 400 salariés.
09:58 - Donc ça, c'est un atelier par niveau 5 ateliers.
10:01 - Ça va ? - Ça va.
10:02 - Ouais, tout va bien ? - Oui.
10:04 - Bon. C'est vous qui êtes la paperasse ?
10:06 - Ben oui, on avance pour faire les chemises, pour faire le mouillage.
10:12 Mais sinon, je fais aussi un petit peu, aussi, plancher sur les ris aussi. Je fais les deux.
10:17 - Vous faites les deux ? - Je fais les deux.
10:19 Ici, tout est fait pour adapter les tâches aux possibilités des gens
10:25 et les faire travailler à leur rythme.
10:28 Mais depuis quelque temps, ces ESAT doivent accueillir d'autres types de publics.
10:36 - En fait, on a de plus en plus de personnes, par contre, qui arrivent du milieu ordinaire
10:40 et qui échappent au milieu ordinaire et qui, du coup, sont réorientées vers le milieu protégé.
10:45 C'est le cas de 6 personnes récemment embauchées ici.
10:49 Très révélateur, selon le député, du manque de prévention au sein des entreprises.
10:55 - Le monde du travail est de plus en plus brutal,
10:57 pour lequel des profils plus fragiles ont de plus en plus de mal à résister.
11:01 Et souvent, le milieu ordinaire les éjecte, pour dire les choses comme elles sont.
11:05 Sauf que les ESAT, qui, historiquement, ont été conçus pour des travailleurs handicapés,
11:11 parfois avec des handicaps lourds, des handicaps qu'on connaissait,
11:14 pas forcément les handicaps psychiques tels qu'on peut les connaître aujourd'hui,
11:18 ils arrivent dans un environnement qui n'est pas exactement fait pour eux.
11:21 Après, il y a un vrai débat.
11:23 Est-ce que ça veut dire qu'il faut à 100% faire évoluer le milieu protégé
11:27 pour qu'il accueille tout ce que le monde du travail ne peut pas accueillir ?
11:31 Ou est-ce qu'il ne faut pas aussi, je pense que c'est nécessaire,
11:34 travailler sur le monde du travail, pour qu'il soit capable lui-même de conserver,
11:38 peut-être de moins abîmer ? Parce que c'est aussi une question.
11:41 - Le député Dulotte a fait du handicap son cheval de bataille,
11:46 parce qu'il veut d'une droite solidaire et sociale,
11:49 parfois à contre-courant du parti.
11:52 - Vous voyez, je viens de temps, presque une fois par an,
11:55 pour voir si vous n'avez pas vieilli.
11:57 - Le blanc à part et les couleurs, le miel à part.
12:00 Il y aura un rouge, rouge clair ou rouge facile, mais tu dois donner une corbeille.
12:05 Pareil au moulage.
12:07 - C'est comme en politique, il ne faut pas mélanger les couleurs.
12:09 - Pareil, sinon ça ne fait moins de couleurs.
12:13 - Depuis la loi handicap de 2005,
12:16 les politiques en faveur de l'inclusion des personnes handicapées se sont multipliées.
12:21 Pourtant, les objectifs définis par le texte sont encore loin d'être tous atteints.
12:28 - Merci.
12:29 - Merci.
12:30 - Merci.
12:32 - Merci.
12:33 - Au revoir.
12:35 (Générique)
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