En 2022, les Français ont élu leur nouveau Président de la République. Tous ont laissé à leurs concitoyens une image bien identifiée.
Mais comment se forge l'image d'un Président ? Quel rôle les photographes ont-ils joué dans la fabrication de cette image ?
Documentaire de Ghislain Delaval et Aurelia Braud - Réalisé par Ghislain Delaval - Durée: 55' / Année : 2022
Produit par Tony Comiti - Coproduction : Kalisté Productions / LCP-Assemblée nationale
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#LCP #Documentaire
Mais comment se forge l'image d'un Président ? Quel rôle les photographes ont-ils joué dans la fabrication de cette image ?
Documentaire de Ghislain Delaval et Aurelia Braud - Réalisé par Ghislain Delaval - Durée: 55' / Année : 2022
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00:00 24 avril 2022.
00:05 Le président candidat, Emmanuel Macron, est réélu.
00:09 Et c'est peut-être une nouvelle histoire qu'il tente d'écrire
00:14 dès ce soir-là.
00:15 Les photographes n'ont pas eu le choix de l'endroit.
00:19 Perchés sur une tribune, d'où chacun sortira la première photo,
00:23 celle de la victoire.
00:25 - Merci !
00:25 Jean-Claude Coutence est un habitué des soirées électorales.
00:29 - Merci, chers amis !
00:30 Ce soir, au milieu des autres, il cherche la bonne image,
00:35 celle qui, demain, fera la une du journal Le Monde.
00:38 - Et l'un, et l'autre, et ça, en plus !
00:41 Et l'un, et l'autre, et ça, en plus !
00:43 Et l'un, et l'autre, et ça, en plus !
00:45 Des présidents, la Ve République en a déjà eu un.
00:58 La même République en a déjà connu sept autres.
01:00 De Gaulle, Pompidou, Giscard d'Estaing, Chirac, Sarkozy, Hollande.
01:06 Chacun a tenté de laisser une trace et une image de lui-même
01:11 qui, pourtant souvent, lui a échappé.
01:14 Fabriquer une image présidentielle est un art subtil, fragile,
01:22 où tout est question de réglages de lumière et d'une chimie particulière.
01:27 Lorsque l'on développe une photo,
01:29 il faut toujours tester le temps d'exposition à la lumière
01:33 pour obtenir l'image que l'on souhaite.
01:35 Trop s'exposer, c'est prendre le risque de brûler son image.
01:41 Mais ne pas s'exposer assez,
01:44 c'est peut-être risquer pire encore pour un homme politique.
01:47 Rester dans l'ombre.
01:51 Alors souvent, les chefs d'Etat tâtonnent,
01:53 font des essais, réajustent.
01:55 Mais il y a toujours quelque chose qui leur échappe.
01:58 Et l'image que nous nous faisons d'eux au fil du temps
02:04 n'est pas toujours celle qu'ils avaient prévue.
02:07 Les images de l'homme politique
02:15 sont souvent les plus précieuses.
02:18 *Musique*
02:21 Alain Genestard est journaliste, patron de presse
02:36 et ancien directeur de la rédaction de Paris Match.
02:39 Des photos d'hommes politiques, il en a publié beaucoup.
02:46 Il se consacre maintenant à Polka, sa galerie et son magazine photo.
02:50 Pour des images toujours aussi politiques.
02:54 - Dans quelle mesure les photographes participent à la fabrication
02:58 de l'image d'un président ?
03:00 - Il faut savoir si c'est volontaire,
03:02 si c'est un photographe officiel,
03:04 ou si c'est la conséquence de leur acte photographique.
03:07 A partir du moment où vous prenez une photo,
03:10 vous n'êtes pas maître de ce qui va se passer devant votre objectif,
03:13 surtout pour un homme politique, et encore plus pour un président.
03:17 Vous ne pouvez pas le surprendre comme ça.
03:20 Donc déjà, les circonstances de la photo sont décidées
03:23 par le personnage lui-même ou son entourage.
03:26 Après, un personnage politique joue un rôle.
03:30 Ce qu'on essaie de faire quand on est photographe,
03:34 et notamment quand on est photographe politique,
03:37 c'est d'essayer de gratter un peu la surface pour connaître le personnage.
03:41 [Musique]
03:54 - Marc Brincourt, j'ai été rédacteur en chef photo à Paris Matchs
03:59 pendant 37 ans.
04:01 Ma spécialité au service photo de Paris Matchs,
04:06 c'était ce qu'on appelle les grands dossiers,
04:09 les grandes morts, les grands événements, les anniversaires,
04:12 choses comme ça.
04:14 Donc une spécialité qui me fait plonger systématiquement
04:17 dans les archives de Paris Matchs.
04:19 [Musique]
04:27 - Paris Matchs, le poids des mots,
04:30 le choc des 15 millions de photos archivées depuis sa création en 1938.
04:35 - Parfait.
04:37 [Musique]
04:45 - Paris Matchs et ses 3,5 millions de lecteurs par semaine,
04:49 c'est un passage obligé pour à peu près tout homme politique
04:53 en course pour la présidence.
04:55 Des instants volés, organisés, familiaux ou professionnels
05:01 qui construisent peu à peu l'image qui restera.
05:06 - Une photo politique pour moi, c'est pas forcément une photo
05:09 d'un homme qui harangue la foule derrière un micro,
05:12 sur une estrade ou sur un plateau de télé.
05:15 Pour moi, la photo politique, c'est de ramener
05:19 cette personnalité politique, homme-femme,
05:22 au plus près des Français, de nos lecteurs.
05:25 C'est-à-dire de les faire descendre de l'estrade
05:27 et qu'ils nous emmènent chez eux
05:29 pour que les gens s'identifient à cette personnalité.
05:34 - Les politiques savent depuis longtemps
05:37 combien ils ont besoin d'images pour exister.
05:40 Dans les années 50, René Cotty est le premier
05:44 à ouvrir le bal des séances photo de l'intimité d'un président.
05:47 Servie par sa femme ou en robe de chambre,
05:51 les photos n'ont rien de vraiment naturel.
05:54 [Musique]
05:58 Le général de Gaulle, lui, accepte sans grand enthousiasme
06:02 de faire entrer les photographes pour une séance photo dans son salon.
06:06 Mais quelques années plus tard,
06:09 Georges Pompidou ouvre une nouvelle voie.
06:12 Il sera le premier à comprendre comment jouer avec son image
06:16 et avec les photos journalistes.
06:18 - Pompidou va emmener notre photographe dans sa vie privée,
06:22 en tant que candidat et après en tant que président de la République.
06:26 Et là, vraiment, on va avoir des images qu'on n'a jamais vues,
06:30 comme par exemple celle-ci.
06:32 C'est vraiment la première fois qu'on assiste à un conseil des ministres.
06:36 On a le conseil des ministres et hop,
06:39 le photographe continue à suivre Georges Pompidou
06:44 et là, on est vraiment dans sa vie, quoi.
06:46 [Musique]
06:55 Donc on a ce président qui va chercher le bois,
06:57 qui est en train d'alimenter son feu de cheminée,
06:59 qui embrasse sa femme avec ce petit-fils.
07:03 Et puis quand Georges Pompidou va, par exemple, au Fort-Brançon,
07:08 et bien voilà, il nous emmène et il va sur un bateau.
07:11 Sa femme est à côté avec le Pompidou,
07:13 le photographe y est capolaroïd.
07:15 On est en intimité, dans les vacances.
07:17 D'autres vacances encore.
07:19 Ça, c'est quand même une série qui est assez exceptionnelle.
07:23 C'est Georges Pompidou à la pêche à la crevette avec ses amis.
07:28 [Bruit de crevette]
07:34 Voilà, le titre c'était "Sur la côte bretonne, voici Georges,
07:37 entre guillemets, pêcheur de crevettes".
07:39 Et ça, les lecteurs de match vont aimer ça.
07:43 Et quelle est la différence entre une photo politique
07:46 et une photo de communication ?
07:48 Là, il y a une frontière, évidemment.
07:50 Souvent, on va demander à un homme ou une femme politique
07:55 de rentrer un peu dans sa vie privée, comme on l'a fait souvent.
07:59 Pour moi, Georges Pompidou, c'est le catype.
08:04 C'est-à-dire que Georges Pompidou a cette image de banquier, de gyro-chill.
08:09 Et je pense qu'il a voulu donner une autre image aux lecteurs de match.
08:17 Oui, j'ai une maison de campagne.
08:19 Oui, je vais en Bretagne à Carjac dans ma maison.
08:22 Je vais pêcher la crevette avec mon épuisette.
08:25 Là, il y a un message qu'il veut donner.
08:28 Donc, c'est de la com'.
08:30 Oui, entre le photojournalisme et la communication,
08:33 il y a une grosse différence.
08:34 C'est le commanditaire.
08:36 La commande est essentielle, quitte à commander la photo.
08:40 Est-ce que c'est un journal ou est-ce que c'est un politique ?
08:42 Ou est-ce que c'est la Maison-Blanche ou l'Élysée ?
08:45 Si un jour j'acceptais une commande de l'Élysée,
08:48 je changerais complètement mon logiciel.
08:50 Je n'essayerais plus du tout de chercher ce petit espace de liberté
08:56 qui me reste dans tout ce dispositif.
08:58 Mais j'irais faire des images assez flatteuses
09:02 pour le gars qui me paie.
09:06 Je m'appelle Jean-Claude Coutos.
09:18 J'ai une quarantaine d'années de reportage photographique derrière moi.
09:22 Pas mal de reportages internationaux,
09:24 mais aussi beaucoup de photographies politiques
09:27 pour Libération dans les années 80
09:29 et pour le monde depuis 16 ans.
09:32 Pourquoi tu fais de la photo ?
09:41 Pourquoi je fais de la photo ?
09:44 Peut-être parce que je ne sais pas assez bien dessiner.
09:48 Dans ma province, moi qui rêvais de métier
09:52 où on roulait en voiture de sport, où on fait le tour du monde
09:55 et toujours accompagné de jolies filles.
09:57 À l'époque, au milieu des années 70,
09:59 reporter photographe, il n'y avait rien de plus sexy.
10:13 Quand tu accompagnes le président de la République,
10:17 le but c'est de sortir des cordons
10:21 et de s'approcher le plus près du personnage qu'on suit.
10:25 Et pour ça, les 30 années précédentes
10:29 m'ont beaucoup appris
10:32 puisque je considère que la désobéissance
10:36 c'est une des principales qualités du photojournaliste.
10:40 Est-ce que tu peux te présenter ?
10:42 Oui, je suis Sébastien Calvé,
10:44 je suis photographe et éditeur photo.
10:47 J'ai travaillé successivement à Libération,
10:51 au site LesJours.fr et aujourd'hui je suis à Mediapart.
10:55 Pour moi, la photographie est un prétexte,
10:57 un prétexte à vivre des choses, à rencontrer des gens
11:00 que je n'aurais pas rencontré.
11:02 Je suis un photographe,
11:04 je suis un éditeur photo,
11:06 je suis un photographe, je suis un éditeur photo.
11:09 Je suis un photographe,
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25:31 je suis un éditeur photo,
25:33 je suis un éditeur photo,
25:35 c'est une photo vraiment charnière.
25:37 En tout cas pour moi,
25:39 c'est une photo charnière,
25:41 on passe à autre chose,
25:43 on va passer à autre chose,
25:45 et on le sent.
25:47 Donc évidemment,
25:49 c'est assez touchant.
25:51 (musique)
26:11 Et quelle image vous gardez de François Mitterrand ?
26:13 Il y en a beaucoup de François Mitterrand,
26:17 énormément.
26:19 Est-ce que c'est la cimette avec le chapeau ?
26:21 Est-ce que c'est la photo avec Elmoud Kohl ?
26:23 Et puis avec un petit encart de la fin.
26:25 C'est la première fois qu'on a,
26:27 dans l'époque moderne,
26:29 un président de la République
26:31 qui reste 14 ans.
26:33 Donc en 14 ans,
26:35 d'abord on le voit vieillir,
26:37 on le voit atteint par la maladie.
26:39 C'est la première fois aussi
26:41 qu'on découvre que le président
26:43 a une petite fille
26:45 et que c'est dévoilé dans la presse.
26:47 C'est une succession de premières.
26:49 Donc il faut choisir des images du président
26:51 qui marquent cette période,
26:53 plutôt qu'une seule.
26:55 Quelques mois avant la fin de son septennat,
26:57 une photo de paparazzi,
26:59 publiée dans Paris Match,
27:01 va profondément marquer l'image
27:03 de François Mitterrand.
27:05 Là je pense, on n'est pas dans la com',
27:07 c'est pas une fausse paparazzade,
27:09 c'est une vraie paparazzade.
27:11 Mais, disons que,
27:13 peut-être,
27:15 au moment où il sort
27:17 du Guivelec, le restaurant,
27:19 où il a l'habitude de déjeuner
27:21 avec Mazarine,
27:23 il arrive avant, il arrive après,
27:25 ou c'est l'inverse,
27:27 mais ils ne sont jamais ensemble.
27:29 Là, tout d'un coup,
27:31 ça dure quelques minutes,
27:33 il sort tous les lœufs, et Mitterrand pose la main
27:35 sur son épaule,
27:37 et là il y a un photographe.
27:39 Donc là, ça arrive un match.
27:43 Et là, on rentre dans sa vie privée
27:45 par une paparazzade.
27:47 Là c'est Roger Théron, qui est aux commandes à l'époque.
27:49 Il y a deux façons de le présenter.
27:51 Il y a la façon,
27:53 je dirais, s'ils existaient,
27:55 "Voici Closer",
27:57 plein de pages, couverture.
27:59 Et là,
28:01 Roger Théron a fait vraiment
28:03 très astucieux
28:05 sur cette couverture.
28:07 Il met un portrait
28:09 de François Mitterrand, gros plan, serré,
28:11 et une fenêtre, où on voit cette photo.
28:13 Est-ce qu'on est dans le photojournalisme
28:17 quand le match publie une photo
28:19 d'un fils caché de Mitterrand ?
28:21 C'est toujours compliqué,
28:23 parce que, en tout cas, c'est une information.
28:25 Je ne pense pas que les gens soient
28:29 en droit de savoir. En tout cas, c'est l'information
28:31 qui arrive.
28:33 Je ne sais pas, en tout cas,
28:35 la photo existe,
28:37 le problème c'est de savoir si on la montre ou pas.
28:39 C'est ça.
28:41 Ce n'est pas mon domaine.
28:43 Je n'ai jamais voulu
28:45 rentrer dans ce genre de considérations.
28:47 Je pense que j'ai fait une fois de la planque.
28:49 Parce que j'étais tout jeune,
28:51 et puis je me cherchais, et puis on m'avait dit
28:53 "sapé", beaucoup.
28:55 Et puis il y a le prince consort de Hollande
28:57 qui est enfermé dans un hôpital psychiatrique
28:59 en Suisse.
29:03 Et où j'avais passé, je m'étais fondu
29:05 au milieu des fous, quoi,
29:07 avec mon appareil photo,
29:09 et où j'avais réussi à avoir la photo,
29:11 et où effectivement, ça m'avait rapporté
29:13 beaucoup d'argent.
29:15 Mais en me disant,
29:17 je me disais que moi,
29:19 je n'étais pas monté à Paris pour ça.
29:21 La vraie paparazarde, qu'on a définie,
29:23 c'est donc
29:25 une photo qui est totalement volée.
29:27 Et ça correspond à une scène
29:29 de vous-même que vous ne voulez pas
29:31 montrer. C'est un peu la définition.
29:33 Alors c'est appliqué beaucoup
29:35 des personnages people,
29:37 des stars, starlettes de cinéma, etc.
29:39 En politique, beaucoup moins
29:41 parce que ce n'est pas la nature
29:43 du traitement de la politique.
29:45 En 2014,
29:51 une vraie paparazade
29:53 surprend le président Hollande
29:55 sur un scooter alors qu'il rejoint
29:57 Julie Gaillet.
29:59 Avec cette une,
30:03 Closer double ses ventes
30:05 et c'est une déflagration pour l'image
30:07 du président.
30:09 Ce que je l'aurais publié,
30:15 elle est intéressante, cette photographie.
30:17 Elle était beaucoup publiée,
30:19 donc ça montre qu'il y avait un intérêt.
30:21 C'est quand même le président en exercice
30:25 qui prend ce risque
30:27 de se balader en scooter
30:29 avec un casque pour retrouver
30:31 son petit coeur.
30:33 C'est lui qui se met
30:35 dans cette situation.
30:37 Est-ce qu'il faut la montrer ?
30:39 On dit toujours que
30:41 le respect, mais ça c'est pour
30:43 tout le monde,
30:45 ça s'arrête à la porte de la maison,
30:47 à la porte de la chambre.
30:49 Mais là, on est dans un lieu public,
30:51 en scooter, président de la République.
30:53 Je vous réponds, je l'aurais publié.
30:55 Est-ce que la photo de Hollande
30:57 sur son scooter, c'est une photo journaliste ?
30:59 Pareil.
31:01 Pareil, Hollande sur son scooter.
31:03 Est-ce que c'est une info ?
31:05 En tout cas, c'est une info.
31:07 On ne peut pas dire que ça n'a pas été
31:09 reçu comme une info.
31:11 On en a parlé pendant...
31:13 On en parle encore.
31:15 C'est une info,
31:17 c'est quelque chose qu'on ne savait pas
31:19 et qu'on s'est donné d'un coup, comme ça.
31:21 Le problème, c'est que la communication politique
31:23 a très bien compris,
31:25 très bien analysé,
31:27 et s'est complètement approprié
31:29 toutes ces codes de cette photographie-là.
31:31 Aujourd'hui, quand un politique vous ouvre la porte,
31:33 quand vous rentrez,
31:35 les trucs sont quand même assez organisés.
31:37 Organisés, ça ne veut pas dire
31:39 qu'on a mis les comédiens à droite à gauche.
31:41 Mais vous avez un communicant qui a checké
31:43 que là, il n'y avait rien de gênant,
31:45 de problématique.
31:47 Comme on est tellement surveillés
31:49 et qu'ils sont tellement sous les feux
31:51 des réseaux sociaux,
31:53 de tout ça,
31:55 maintenant, même quand on vous ouvre la porte
31:57 sur une réunion dans un bureau,
31:59 c'est un peu sceptisé.
32:03 Il n'y a plus de prise de risque.
32:05 Vous savez, il y a un grand photographe
32:07 de Magnum qui s'appelle Diego Goldberg,
32:09 qui a fait d'excellents reportages
32:11 sur le président Mitterrand.
32:13 Il expliquait justement quel était son rôle.
32:15 Il disait,
32:17 la vérité, c'est que le chorégraphe,
32:19 c'est Mitterrand,
32:21 je ne fais que danser
32:23 la façon de l'image qu'il veut donner de lui.
32:25 Dans un documentaire sur François Mitterrand,
32:29 Diego Goldberg raconte d'ailleurs
32:31 une des photos les plus marquantes
32:33 qu'il ait prise du président
32:35 et comment celui-ci l'a sciemment construite.
32:37 On marche en silence, comme ça.
32:41 Et à un moment donné,
32:43 on arrive à une clarié.
32:45 Et je me suis dit,
32:47 peut-être que c'est un bon endroit pour créer une image.
32:51 Et je me suis dit,
32:53 peut-être qu'on peut s'arrêter ici.
32:55 Et il m'a dit, très courant,
32:57 non, vous restez là.
32:59 Et il part.
33:01 J'entends des bruits
33:07 comme si quelqu'un marchait sur l'eau.
33:09 Et j'essaie de voir d'où ça vient le son.
33:13 Et je vois qu'il y a un ruisseau en bas.
33:15 Et à ma surprise, qu'est-ce que je vois ?
33:19 Le ruisseau, il vient.
33:21 Il marche sur l'eau, avec ses bottes jaunes,
33:23 son faux-lat rouge, son manteau, son chapeau.
33:25 Et je ne crois pas à mes yeux.
33:29 Je descends.
33:31 Je change d'optique parce qu'il était loin.
33:33 Je prends un long objectif
33:35 et je fais 4 ou 5 images.
33:37 Étonné, surpris et en même temps heureux
33:39 parce que je me rends compte
33:41 que c'est une image vraiment extraordinaire,
33:43 inhabituelle, de voir un président de la République
33:45 faisant ça.
33:47 C'est une très belle image.
33:49 En fait, je crois que c'est lui
33:51 qui l'a construite, cette image.
33:53 C'est au début de son mandat.
33:55 C'est une façon de dire
33:57 "Voilà ce que je suis."
33:59 L'homme grave, sérieux,
34:03 solitaire.
34:05 Je crois qu'il voulait surtout ça.
34:07 (musique)
34:09 En 2007,
34:21 quand Nicolas Sarkozy arrive au pouvoir,
34:23 il décide de créer une image
34:25 très éloignée de celle de ses prédécesseurs.
34:27 Pour le faire,
34:29 il choisit Philippe Varin,
34:31 un photographe plus habitué
34:33 des people que des politiques
34:35 puisqu'il est entre autres
34:37 le photographe officiel de la Star Academy.
34:39 Philippe Varin, c'est un bon photographe.
34:43 Je ne suis pas en train de...
34:45 Mais disons que ce n'est pas...
34:47 Il y a des "Pardon", Gisèle Freund...
34:49 Mais ça, c'est un souhait de fidélité.
34:51 Philippe Varin travaillait beaucoup
34:53 avec le couple.
34:55 Il avait une proximité professionnelle
34:57 avec Cécilia. Il a la photo.
34:59 C'est bien. Il n'y a rien à dire.
35:01 Elle est impeccable.
35:03 C'est un bon choix de Sarkozy
35:05 de retourner dans la bibliothèque
35:07 avec ce portrait qui, pour moi,
35:09 est le moins réussi de tous.
35:11 Parce que le personnage
35:13 est posé devant cette bibliothèque
35:15 de manière un peu étrangère.
35:17 Ses deux drapeaux sont
35:21 beaucoup trop grands.
35:23 Il y a le reflet sur la reliure du livre
35:25 qui est totalement collé au visage
35:27 qui, pour moi, m'attire l'œil tout de suite.
35:31 Vraiment, une pâle copie de ce qui a pu être fait
35:33 en termes de photos officielles dans la bibliothèque
35:35 est vraiment, vraiment pas réussie.
35:37 Je ne connais pas Varin.
35:39 Je n'ai pas de grief.
35:41 Mais là...
35:43 Après, ça correspond à ce qui s'est passé dans le monde.
35:45 C'est-à-dire que c'est clinquant, c'est bling-bling.
35:47 C'est l'époque de la télé-réalité.
35:51 C'est déjà à Philippe Varin
35:55 qu'il avait confié son affiche de campagne.
35:57 Et c'est encore lui
35:59 qui immortalisera la famille Sarkozy
36:01 le jour de l'intronisation.
36:03 Et ce genre d'homme politique, il va au plus court.
36:07 Efficace, rapide
36:09 et il a confiance.
36:11 Hier, pour le cliché
36:13 qui sera dans toutes les mairies et bâtiments officiels,
36:15 la séance de pause a duré
36:17 20 minutes chrono.
36:19 Je sais qu'avec lui, il faut travailler vite
36:21 parce qu'il pose,
36:23 il vous donne tout ce que vous voulez,
36:25 mais c'est très court.
36:27 Je sais qu'il aimait la bibliothèque,
36:29 qu'il voulait le drapeau français.
36:31 On lui a proposé le drapeau européen,
36:35 il a trouvé que c'était une très bonne idée.
36:37 Et voilà comment la photo s'est montée.
36:39 On l'a beaucoup reproché, par exemple,
36:41 à Nicolas Sarkozy
36:43 d'avoir rendu sa fonction trop people.
36:45 En posant dans le bureau
36:47 avec Carla Bruni
36:49 ou quand il était à la mairie de Neuilly.
36:51 Là, il s'était vraiment inspiré
36:53 de John Kennedy avec son fils
36:55 sous le bureau.
36:57 Il a eu beaucoup de reproches,
36:59 mais c'est pas lui
37:01 qui a inventé ça.
37:03 C'est Georges Pompidou.
37:05 À un moment donné, on sort du général de Gaulle
37:07 avec son épouse,
37:09 Yvonne,
37:11 toujours 3 mètres derrière,
37:13 avec son petit sac.
37:15 Et là, tout d'un coup, Claude Pompidou,
37:17 elle est là, elle est omniprésente.
37:19 C'est comme Kennedy avec Jackie Kennedy.
37:21 C'est presque un étendard, sa femme.
37:23 L'élégance, les fameux,
37:25 tout le monde veut s'habiller, tout le monde veut se coiffer
37:27 comme Jackie Kennedy.
37:29 Donc, il se sert de ça.
37:31 Pour atteindre la présidence,
37:37 Nicolas Sarkozy a compris très tôt
37:39 l'intérêt de mettre en avant sa vie personnelle,
37:41 familiale,
37:43 et surtout sa femme, Cécilia.
37:45 En 2005, comme un boomerang,
37:51 il paye le prix de cette exposition.
37:53 Match publie à sa une une photo de Cécilia,
37:57 en compagnie de Richard Attias,
37:59 son amant.
38:01 Le journal atteint des records de vente.
38:03 Au mois de mai 2005,
38:05 c'est 2005,
38:07 on apprend que Cécilia Sarkozy
38:09 et Nicolas Sarkozy
38:11 ont un problème,
38:13 une séparation.
38:15 Le ministre de l'Intérieur,
38:17 ce qui n'est pas président à l'époque,
38:19 le dit lui-même aux Français.
38:21 Oui, j'ai un problème de couple,
38:23 comme certains Français peuvent avoir.
38:25 Comme des millions de familles,
38:27 la mienne a connu des difficultés.
38:29 Ces difficultés, nous sommes en train
38:31 de les surmonter.
38:33 Est-ce que je dois en dire plus ?
38:35 Je ne le pense pas.
38:37 Le fait d'avoir mis en avant
38:39 le rôle de votre femme depuis longtemps,
38:41 elle est aussi votre chef de cabinet,
38:43 et donc d'avoir effacé en partie
38:45 la frontière vie publique-vie privée,
38:47 vous n'êtes pas le premier à travailler
38:49 avec son épouse.
38:51 Cécilia, je lui dois énormément.
38:53 Cécilia compte beaucoup pour moi,
38:55 je crois que la réciproque est également vraie.
38:57 Mais je ne pense pas que cela mérite
38:59 qu'on dise des choses,
39:01 la plupart du temps d'ailleurs,
39:03 inexactes,
39:05 qui lui manquent beaucoup de respect,
39:07 qui la font souffrir.
39:09 Toute la presse française,
39:11 mais aussi mondiale,
39:13 s'empare du sujet.
39:15 Il y a des magazines qui parlaient
39:17 d'un grand portrait de Cécilia Sarkozy,
39:19 "Elle a choisi l'amour plutôt que le pouvoir".
39:21 C'est là.
39:23 On passe en été,
39:25 c'est la rubrique de l'été.
39:27 "Match", un journal qui écrit
39:29 beaucoup avec la photographie,
39:31 le texte est plutôt derrière.
39:33 On ne sait pas trop quoi faire,
39:35 mais on a plein de photos qui arrivent,
39:37 sans arrêt, de paparazzis ou de photographes
39:39 qui photographient Cécilia Sarkozy
39:41 et Richard Atthias.
39:43 Et eux-mêmes se mettent dans la situation
39:45 d'être photographiés.
39:47 Quand ils louent une voiture décapotable,
39:49 ils s'exposent.
39:51 Donc ces photos-là, elles arrivent,
39:53 toutes les semaines,
39:55 et on ne publie pas.
39:57 Et à un moment, en septembre,
39:59 après les vacances,
40:01 on a l'information que le "Sunday Times"
40:03 a acheté une série de photos
40:05 et va faire ça une dans quelques jours.
40:07 Et là, on décide de tout casser
40:09 et de mettre cette photo.
40:11 - Cécilia Sarkozy a décroulé
40:13 une image patiemment construite.
40:15 Il connaît bien le propriétaire de Paris Match,
40:17 Arnaud Lagardère,
40:19 et demande alors le départ
40:21 du directeur de la rédaction.
40:23 Il l'obtient.
40:25 Alain Genestard devra démissionner.
40:27 Ironie de l'histoire,
40:29 Pascal Rostin, le paparazzi
40:31 responsable de cette fameuse photo,
40:33 est un ami de Carla Bruni.
40:35 Et quelques mois plus tard,
40:37 il prendra cette image du couple
40:39 de l'Élysée.
40:41 - Je sais pas ce que c'est,
40:43 une stature présidentielle.
40:45 J'ai du mal à le définir.
40:47 En tout cas, quand Sarkozy arrive
40:49 à l'Élysée en 2007,
40:51 il a été ministre d'intérieur
40:53 et en éclipsant à peu près
40:55 tous les autres membres
40:57 du gouvernement avant.
40:59 Il a conquis l'UMP,
41:01 il a fait quand même l'union
41:03 de toutes les droites.
41:05 Il arrive bardé de pouvoir
41:07 et de pouvoir.
41:09 C'est difficile à dire.
41:11 - On voyait un homme politique
41:13 qui était un peu, comment dirais-je,
41:15 soit fanfaron, soit sautillant.
41:17 Et là, on a vu un président
41:19 de la République agissant.
41:21 C'est les événements
41:23 qui déclenchent
41:25 justement la dimension.
41:27 C'est la grande crise
41:29 économique, financière,
41:31 de 2008.
41:33 On a vu que toute cette énergie,
41:35 qu'on pouvait mobiliser l'Europe
41:37 avec Merkel, tout ça,
41:39 il a vraiment fait des choses.
41:41 Et le deuxième événement,
41:43 c'est la crise en Géorgie
41:45 où là, c'est pareil, il prend une stature.
41:47 - Et s'il restait une photo
41:49 de Nicolas Sarkozy ?
41:51 - Ce que je viens de dire sur les deux
41:53 crises internationales, il n'y a pas
41:55 vraiment d'image, ou des images figées.
41:57 C'est plutôt une photo de lui...
41:59 Cette volonté
42:03 de toujours se faire photographier
42:05 en train de courir, en train de faire du vélo,
42:07 en train de monter les marches de l'Elysée,
42:09 c'est tout à fait lui.
42:11 Et je crois qu'il aimait se faire photographier comme ça.
42:13 - Là, typiquement,
42:15 cette image de Sarkozy, elle a l'air de rien
42:17 comme ça, mais elle est historique.
42:19 On est le premier jour
42:21 du mandat de Nicolas Sarkozy, le lendemain
42:23 de la passation de pouvoir.
42:25 Et on est dans la cour
42:27 de l'Elysée, c'est le perron de l'Elysée.
42:29 Et on se passe
42:31 des coups de fil avec des confrères photographes
42:33 et on apprend qu'en fait, il est
42:35 parti faire le fameux footing avec
42:37 François Fillon
42:39 dans le bois de Boulogne. Et puis d'un coup,
42:41 on entend les sirènes du cortège présidentiel
42:43 qui arrivent, et là, on s'est tous regardés
42:45 en se disant "mais ils ne vont pas nous déposer
42:47 au milieu de la cour comme ça ?" Et en fait,
42:49 si, on a vu le cortège arriver au milieu
42:51 de la cour présidentielle,
42:53 la porte s'ouvrir,
42:55 et le président partir en petite foulée
42:57 et monter les marches 4 à 4
42:59 pour rentrer dans l'Elysée. Et une fois
43:01 qu'on a fait cette série de photos, on s'est regardés en se disant
43:03 "mais c'est complètement incroyable". C'est la
43:05 première photo d'un président en exercice
43:07 sur les marches du perron de l'Elysée, en short
43:09 tennis.
43:11 Et alors,
43:13 il a le total look Nike avec
43:15 la Breitling et le Blackberry à l'époque.
43:17 Ils ne nous l'ont jamais refait.
43:19 Pour le coup, les communicants
43:21 n'ont pas remis en scène cette image,
43:23 tout le reste du mandat, parce que
43:25 je pense qu'il y avait une petite
43:27 limite. Nous, on a fait à Libération
43:29 la une avec cette photo quelques jours après.
43:31 C'est anecdotique, et en même
43:35 temps, ça correspond bien à ce qu'était
43:37 le personnage et ce qu'allait être aussi
43:39 encore une fois, son
43:41 mandat, c'est-à-dire la volonté de casser
43:43 les codes de la présidence, se
43:45 démarquer totalement de Chirac
43:47 sur un mandat vieillissant et finissant.
43:51 Et ça correspondait à sa campagne
43:53 menée à vitesse grand V.
43:55 - Et quelle image il reste
43:57 aujourd'hui de Nicolas Sarkozy ?
43:59 - Quelqu'un
44:03 très efficace au niveau des médias,
44:05 au niveau aussi de l'image
44:07 qu'il a donnée.
44:09 Il nous a énormément
44:11 offerts, au lecteur,
44:13 je parle. Alors par
44:15 contre, Pompidou,
44:17 lui, il a voulu changer son image. Sarkozy,
44:19 il n'a rien voulu changer du tout.
44:21 Je suis Nicolas Sarkozy, je suis comme je suis, tout comme ça.
44:23 - S'il devait rester une photo ?
44:25 - Nicolas Sarkozy,
44:27 c'est vrai que j'aime beaucoup,
44:33 c'est vrai que la photo quand même de Rostin
44:35 au bureau présidentiel, avec
44:37 elle assise sur la coudoir,
44:39 il y a une photo que j'aime bien aussi
44:41 de Nicolas Sarkozy, et là, je dirais
44:43 presque...
44:45 elle est presque naturelle.
44:47 Il est assis à son bureau, il est en chemise,
44:49 et il a le téléphone, vous savez, quelquefois quand vous parlez,
44:51 et puis vous mettez un téléphone comme ça, en attente.
44:53 Vous le posez sur l'épaule, et puis...
44:55 Ça, c'est une photo que j'aime bien parce qu'elle est...
44:57 elle est très naturelle.
44:59 - Il y a une photo
45:03 très naturelle de Nicolas Sarkozy,
45:05 c'est quand il est avec François Hollande,
45:07 à Match. - Ah oui !
45:09 Alors ça, c'est une série qui a été
45:11 faite pour nous. Ça se passe
45:13 dans les studios de photo, dans les locaux
45:15 de Match. Ils ne sont pas encore candidats,
45:17 tous les deux. Ils sont... On les a
45:19 fait venir tous les deux pour commenter
45:21 la société française.
45:23 François Hollande,
45:25 ce qu'il faut savoir, enfin,
45:27 les gens le savent, mais il est très drôle.
45:29 On les met en place, voilà,
45:31 éclairage, on raie, puis ils sont tous les deux comme ça,
45:33 puis d'un coup, ils commencent à se parler, et puis là,
45:35 ils éclatent de rire tous les deux.
45:37 Bam ! Et là, c'est une photo
45:39 magique.
45:41 Ce qui restera
45:43 à l'apparition, c'est les deux hommes
45:45 sérieux qui regardent,
45:47 puis après, on a passé tout le making-of, quoi.
45:49 Et là, on voit ces photos où ils rigolent
45:51 tous les deux, et c'est ce qui... Et je pense,
45:53 c'est ces photos-là qui resteront
45:55 dans l'histoire, hein. C'est quand ils éclatent
45:57 de rire tous les deux.
45:59 La complicité
46:01 ne durera que le temps d'un
46:03 cliché. Quelques
46:05 années plus tard, alors qu'ils se font face
46:07 pour la présidentielle de 2012,
46:09 François Hollande prend le contre-pied
46:11 du président sortant,
46:13 et joue la carte de la normalité.
46:15 - Moi, président de la République,
46:17 j'essaierai d'avoir de la hauteur de vue
46:19 pour fixer les grandes orientations,
46:21 les grandes impulsions, mais en même temps,
46:23 je ne m'occuperai pas de tout,
46:25 et j'aurai toujours le souci de la proximité
46:27 avec les Français.
46:29 J'avais évoqué présidence normale.
46:31 Rien n'est normal quand on est président
46:33 de la République.
46:35 Nicolas Sarkozy avait choisi le Fouquet's
46:37 pour célébrer sa victoire.
46:39 François Hollande fait
46:41 un choix bien différent.
46:43 Il a promis une forme de normalité,
46:45 proche des gens.
46:47 Alors, c'est sur la place de Tulle
46:49 que le candidat tout juste élu
46:51 offre sa première image.
46:53 - C'est un truc à ne pas rater quand tu couvres
46:55 une campagne, c'est bien la dernière photo,
46:57 c'est la photo de la victoire. D'abord,
46:59 il faut s'arranger pour être derrière
47:01 le vainqueur
47:03 ou celle qui a gagné.
47:05 Et surtout, ne pas rater
47:07 cette image qui va forcément être
47:09 utilisée par le journal pour lequel tu travailles
47:11 le lendemain à une ou en très grande
47:13 page, etc. Bref, t'es là pour ça,
47:15 t'es là pour ne pas rater cette image.
47:17 - Alors, j'étais là, ce soir-là,
47:19 et c'était un moment un peu compliqué.
47:21 Ça n'a pas été...
47:23 Moi, je n'ai pas de très bonnes photos
47:25 sur ce moment-là.
47:27 La lumière est pourrie, le moment est pourri,
47:29 il y a trop de monde. Je pense que tous,
47:31 on n'a pas des images hyper satisfaisantes
47:33 de ce moment-là. - Après le vote le matin,
47:35 je sais que je suis resté pendant 11 heures
47:37 sur un praticable.
47:39 - On peut voir Claude Rosier à l'abattoir !
47:41 Le changement,
47:43 c'est maintenant !
47:45 - Je suis parti un peu dans la foule pour faire
47:47 2-3 photos des gens, puis je suis retourné
47:49 là à attendre...
47:51 cette image. - Moi, j'avais pas eu la bonne place
47:53 à ce moment-là. J'avais décidé
47:55 d'être devant sur les... voilà, au premier
47:57 rang, sur les barrières, et puis, à un moment,
47:59 j'ai vu les membres du service d'aide
48:01 du Parti socialiste disparaître
48:03 et être remplacés par des policiers.
48:05 Et ça change...
48:07 On participe au changement de stature, évidemment,
48:09 et on se dit "Ah, ben là, on ne s'appartient plus,
48:11 en fait." - Cette image, c'est un miracle.
48:13 C'est un miracle, parce que
48:15 ils sont arrivés, il y a eu cette aire
48:17 d'accordéon, il y a eu ces pas de danse,
48:19 etc.
48:21 Vers 2h, 3h du matin,
48:27 j'ai commencé à retrayer
48:29 mes photos, et a surgi
48:31 cette image qui... alors,
48:33 elle était parfaitement éclairée. Pourquoi ? Parce que t'as
48:35 un flash qui monte de la foule,
48:37 comme ça, t'as ce drapeau qui se
48:39 baladait, mais t'as cette aire
48:41 comme ça, très hollywoodienne de Valérie,
48:43 et le lendemain, la photo parait
48:45 en une du journal,
48:47 comme ça, en pleine page.
48:49 La semaine suivante, j'ai reçu un
48:51 coup de fil d'une communicante
48:53 proche du couple présidentiel qui m'a dit
48:55 "Vous savez, le président aime beaucoup votre image."
48:57 Ah bon ? Moi, c'était la première
48:59 fois que j'avais
49:01 un contact comme ça,
49:03 avec le pouvoir.
49:05 Et alors, ils aimeraient bien
49:07 un tirage, etc. Bon...
49:09 Alors, je savais pas trop
49:11 s'il fallait en faire un grand tirage, un petit
49:13 tirage. Finalement, j'ai fait un grand tirage, un petit
49:15 tirage. Et j'ai su très, très
49:17 vite que le petit
49:19 tirage, elle s'est retrouvée encadrée dans le bureau
49:21 de Valérie Trevergulaire, et le grand était sur
49:23 la cheminée du président.
49:25 Il est resté longtemps, jusqu'au jour
49:29 où il y a eu cette affaire du scooter,
49:31 la séparation du couple.
49:33 En plein été, on fait un...
49:35 Il accorde un interview au Monde
49:37 et on se retrouve dans son bureau.
49:39 Je lui dis "Mais je suis content de savoir
49:41 qu'elle est toujours là, quoi."
49:43 "Ah, mais vous savez, malgré tout, c'est la photo de la victoire."
49:45 Etc. Voilà.
49:47 Deux quinze jours après,
49:49 sortait le livre de Valérie Trevergulaire
49:51 où là, la photo, elle a disparu
49:53 de la cheminée.
49:55 Et après, j'imaginais ma photo
49:57 dans un carton dans les sous-sols de l'Elysée.
49:59 Voilà, quoi.
50:01 Le jour de l'investiture,
50:07 Jean-Claude Coutos photographie
50:09 le président qui remonte les Champs-Elysées
50:11 sous la pluie.
50:13 Il est trempé.
50:21 Cette image le poursuivra
50:23 tout son mandat.
50:27 Mais François Hollande assume.
50:29 Il veut donner l'image d'un homme normal.
50:31 Il confie d'ailleurs son portrait officiel
50:35 à Raymond Depardan.
50:37 Un photographe à la carrière
50:39 immense, connu entre autres
50:41 pour son travail sur la ruralité
50:43 et la vie ordinaire.
50:45 Le portrait fait parler.
50:47 Beaucoup le jugent raté.
50:49 - Hollande est quelqu'un qui s'échappe
50:51 en photographie et qui déteste poser.
50:53 Moi, je l'ai photographié 3-4 fois
50:55 dans des portraits posés.
50:57 Il n'aime pas ça.
50:59 Il pense à autre chose, il est ailleurs.
51:01 Ça ne l'intéresse pas.
51:03 Il est plus intéressant à photographier
51:05 dans une dynamique quand il passe.
51:07 Non, non.
51:11 Je ne crois pas que ce portrait est raté.
51:13 Il correspond à un moment, à quelque chose,
51:15 à un personnage.
51:17 - Elle est fidèle au personnage.
51:19 - Oui, je crois.
51:21 Quand on choisit Raymond Depardan,
51:23 on le fait parce qu'on choisit
51:25 un des plus grands photographes français
51:27 et documentariste en activité.
51:29 C'est le travail sur les paysans.
51:31 C'est le travail sur la politique,
51:33 sur la France,
51:35 depuis des années et des années.
51:37 Il y a quand même quelque chose
51:39 qui a du sens.
51:41 Voilà.
51:43 - Qu'avez-vous pensé
51:47 de cette fabrication de Président Normal ?
51:49 - Je l'ai choisi cela
51:51 parce que je pensais
51:53 que c'était un bon positionnement.
51:55 - Ça a payé ?
51:57 - Ça a payé parce qu'il a été élu.
51:59 Et après, la normalité
52:01 n'a pas été acceptée.
52:03 On est en France.
52:05 On est sous la Vème République.
52:07 Un président élu
52:09 avec beaucoup de pouvoir.
52:11 Ça n'a aucun rapport
52:13 avec un roi ou une reine.
52:15 Mais le prestige du président de la République
52:17 est très, très fort.
52:19 - Ceux qui ne l'aiment pas disent qu'il est mou.
52:21 Ceux qui l'aiment bien disent qu'il est juste.
52:23 Il ne reste pas une image figée de lui ?
52:25 - Oui, c'est vrai.
52:27 C'est vrai.
52:29 C'est ce qui m'a fait dire
52:31 qu'il était plutôt...
52:33 C'était quelqu'un de simple.
52:35 - Mais est-ce qu'il en restera dans 10 ans ?
52:37 Est-ce qu'il restera une image de Hollande ?
52:39 - Non, mais en 10 ans,
52:41 c'est comme ceux qui...
52:43 C'est comme ceux qui...
52:45 C'est comme ceux qui...
52:47 C'est comme ceux qui...
52:49 Ceux qui, à la mort de Chirac,
52:51 qui étaient...
52:53 Justement...
52:55 Nostalgiques des années Chirac.
52:57 C'était les mêmes qui allaient voter Chirac
52:59 avec une épingle à lèche sur le nez.
53:01 Le problème, c'est pas forcément
53:03 l'image du président.
53:05 C'est ce qu'on était nous-mêmes
53:07 il y a 10 ans.
53:09 Il y a 10 ans, c'était mieux
53:11 parce qu'on était plus jeunes, etc.
53:13 Voilà.
53:15 Hollande aussi, c'est trop tôt.
53:17 Il y aura des nostalgiques
53:19 des années Hollande
53:21 comme il y a des nostalgiques maintenant
53:23 des années Chirac.
53:25 - En 2014,
53:29 un visage est de plus en plus présent
53:31 dans l'œil des photographes.
53:33 - Monsieur Macron, s'il vous plaît,
53:35 monsieur Macron, monsieur Macron !
53:37 - Emmanuel Macron
53:39 vient alors d'être nommé
53:41 ministre de l'économie.
53:43 (musique)
53:45 On a eu une sortie de conseil des ministres
53:51 et François Hollande sort
53:53 pour vraiment faire une image
53:55 avec Emmanuel Macron.
53:57 C'est vraiment...
53:59 C'est comme s'il le présentait à tout le monde.
54:01 Regardez.
54:03 Il descend les marches comme ça
54:05 et en fait, c'est lui qui tient le bras de Michel Sapin.
54:07 En fait, il prend les rênes.
54:09 Tout de suite, il se laisse pas prendre le bras.
54:11 Il reprend le bras de Michel Sapin.
54:13 Et c'est lui qui dirige.
54:15 Et je me suis dit, voilà, assez rapidement, en fait,
54:17 on s'est rendu compte que le type était en train de...
54:19 La créature était en train de leur échapper, quoi.
54:21 - Il reste un peu moins de 5 ans
54:27 à Emmanuel Macron pour ciseler
54:29 son image de président.
54:31 Il pourra choisir
54:33 le cadre,
54:35 la lumière,
54:37 le temps d'exposition, peut-être.
54:39 Mais il y aura toujours quelque chose
54:41 qui lui échappera.
54:43 Et quand le temps l'aura patiné,
54:45 nous pourrons enfin savoir
54:47 quelle image
54:49 il aura laissée.
54:51 (indicatif musical)
54:53 (indicatif musical)
54:55 (indicatif musical)
54:57 *musique*
55:27 *musique*
55:31 *musique*
55:33 *musique*
55:35 *musique*
55:37 *musique*