• l’année dernière
Dérèglement climatique, guerre en Ukraine, crise économique, pandémie du covid 19... Ce contexte anxiogène a affecté considérablement la santé mentale des 18-24 ans, à un âge déjà d'une grande vulnérabilité. Perte de confiance en l'avenir, tristesse, crises d'angoisse, isolement, dépression, troubles addictifs, automutilation, gestes suicidaires, les symptômes sont multiples et alarmants.
Face à cette situation explosive, les accompagnements semblent insuffisants et inadaptés. En 2016, en France, une aide d'un nouveau genre a vu le jour. Importée du Royaume-Uni, Nightline est une ligne d'écoute gratuite, de nuit, animée par les étudiants pour les étudiants. Elle obéit à quatre critères : confidentialité, anonymat, non directivité, non jugement. Et depuis sa création, elle connaît un succès grandissant. Comment expliquer l'importance des troubles mentaux chez les jeunes ? Quelles sont les racines de cette profonde détresse ? Et comment contrer ce phénomène qui, au-delà de la France, touche d'autres pays en Europe ?
S'appuyant sur le travail de terrain de l'association, filmé au cours d'une nuit, ce documentaire donnera la parole, en filigrane, à ceux qui subissent - étudiants en souffrance - et à ceux qui les aident - experts et observateurs de ce mal-être. Film de paroles, de compréhension et d'écoute, d'interrogations, de réflexions et de solutions, il met au jour une crise autant individuelle que collective qui, en affectant la jeunesse d'aujourd'hui, menace de fragiliser la société de demain.
Durée : 52' / Année : 2023 / Coproduction : Brownbro Production / StudioFact & Check Production / LCP-Assemblée nationale / RTBF

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Transcription
00:00 (Musique)
00:09 (Propos en anglais)
00:14 (Propos en anglais)
00:43 (Musique)
00:59 (Propos en français)
01:02 (Musique)
01:25 -Monsieur, est-ce qu'il y a quelque chose dont tu aimerais me parler ?
01:28 (Musique)
01:35 -Mais sache que je suis vraiment là pour t'écouter, qu'importe le sujet.
01:38 Donc si tu souhaites m'en parler, tu peux y aller.
01:42 Sinon, c'est comme tu le sens.
01:44 On a un service "Compos étudiants et dessinés d'étudiants".
01:50 Du coup, on n'est pas professionnels.
01:52 Mais on a été formés à l'écoute active pour vous écouter.
01:55 (Musique)
01:58 -D'accord.
01:59 Pourquoi est-ce que tu voudrais pas leur parler de tes problèmes à tes copines ?
02:04 Qu'est-ce qui te donne envie de pleurer ?
02:11 -Nightline, c'est une association étudiante
02:15 qui a pour mission d'améliorer la santé mentale des jeunes,
02:18 en particulier des étudiants.
02:20 Et on le fait en s'appuyant sur un outil qui est l'aide par les pères.
02:24 Ce qu'on fait en pratique, c'est qu'on informe, on déstigmatise,
02:27 on soutient, on oriente.
02:29 Et on le fait avec tout un éventail de dispositifs.
02:32 Donc il y a la ligne d'écoute nocturne,
02:34 mais on fait aussi des formations auprès des étudiants dans les facs.
02:37 On mène des actions de terrain, des campagnes sur les réseaux sociaux,
02:40 et puis on mène aussi des actions de paie-doyer.
02:42 -OK, ça marche.
02:44 A toi aussi.
02:51 Merci d'avoir appelé.
02:53 En tout cas, sache que tu peux nous rappeler
02:55 lorsque tu en ressens le besoin.
02:56 On est ouverts tous les soirs, de 21h à 2h30.
02:59 Passez une bonne soirée. Au revoir.
03:03 -Ça va ? -Ouais.
03:11 Ouais.
03:12 -Je pense qu'il y a un vrai besoin de mettre plus de moyens.
03:15 Ça veut dire plus de psychologues dans les services de santé étudiants.
03:18 Aujourd'hui, il y a un psychologue pour 15 000 étudiants.
03:20 C'est 10 fois moins que la recommandation internationale.
03:22 Donc, il faut mettre aussi des moyens ici.
03:24 C'est aussi ça qu'il y a derrière Nightline et le projet de la ligne d'écoute,
03:27 de pouvoir offrir un service qui est disponible pour tout le monde,
03:30 pour tous les étudiants, tous les soirs.
03:32 Et donc, idéalement, si on veut pouvoir améliorer la santé mentale des étudiants,
03:35 il faudrait aussi pouvoir avoir une Nightline
03:37 dans chacun des établissements d'enseignement supérieur.
03:39 C'est le travail sans relâche,
03:50 le travail quotidien, les trajets,
03:54 la précarité étudiante.
03:56 C'est des insomnies, donc forcément,
04:03 quand on va en cours, c'est... on est épuisé.
04:05 Et c'est... être stressé, mais vraiment,
04:09 l'idée de tout, en fait, c'est...
04:11 on peut plus rien faire sans trembler comme pas possible.
04:18 Dès la première année, dès le premier cours,
04:20 les profs nous disent "Vous avez choisi un cursus très difficile,
04:23 il va falloir s'accrocher,
04:25 votre voisin de table ne sera pas là dans un an."
04:28 Des burn-outs et des dépressions,
04:32 suite à, par exemple, trop de travail
04:34 ou énormément de pression et d'élitisme
04:36 de la part du système de la fac, des profs.
04:40 Je commence à détester de plus en plus ce que je fais,
04:44 parce que je vois que ce domaine,
04:46 il me plaît, mais il me consomme trop de temps.
04:48 J'ai arrêté le sport, j'ai arrêté de voir des gens.
04:50 Je me concentre vraiment sur mes études,
04:52 parce que ça prend vraiment beaucoup, beaucoup de temps.
04:54 Les études, c'est toute ma vie.
04:58 C'est toute ma vie, je le dis,
05:00 parce que j'ai des parents qui ont investi dans mes études.
05:03 Je suis l'aînée et j'ai trois sœurs derrière
05:06 qui me voient comme un exemple en fin de compte.
05:09 Donc je me dis que je n'ai pas le droit à l'échec.
05:12 75 % des pathologies psychiatriques se déclarent entre 15 et 25 ans.
05:17 Donc cet âge, cet âge étudiant,
05:20 est un âge qui peut être particulièrement impacté
05:24 par des troubles psychologiques,
05:26 voire des maladies psychiatriques émergentes sur cette tranche d'âge.
05:30 Par exemple, la schizophrénie, par exemple le trouble bipolaire,
05:34 ce sont des pathologies qui, généralement, émergent
05:37 dans les enfants, dans les adultes.
05:39 Ce sont des pathologies qui, généralement, émergent à cet âge-là.
05:43 Donc il y a déjà une vulnérabilité un peu caractéristique de l'âge.
05:47 Donc la question de l'âge dans les troubles de santé mentale,
05:50 elle est fondamentale en ce sens qu'on doit s'intéresser très tôt
05:54 à ces problématiques pour la prévention,
05:57 pour l'éventuelle détection et pour les éventuelles prises en charge,
06:02 afin d'éviter que ça se chronicise, en particulier,
06:06 parce que ça se chronicise très bien, malheureusement,
06:09 les troubles de santé mentale.
06:11 Jusqu'à l'âge de 25 ans, et parfois un peu au-delà,
06:18 le cerveau continue à maturer de différentes manières,
06:22 mais il continue à maturer, il continue à se transformer.
06:25 Et comme il se transforme, il est particulièrement sensible
06:28 aux influences de l'environnement.
06:30 Et cette plasticité, elle se fait pour le meilleur et pour le pire.
06:35 Ma santé mentale, en tant qu'étudiante, c'est la pression,
06:39 le stress, l'angoisse de ne pas réussir
06:42 et de ne pas arriver au but qu'on s'est fixé.
06:46 Ça a été en deuxième année que ça a commencé à être la douche froide.
06:50 C'est-à-dire qu'il y a des profs qui ont vraiment commencé
06:54 à nous mettre la pression très très fort.
06:58 Je suis épuisé par toutes ces années d'études,
07:02 épuisé du manque de considération qu'on peut recevoir parfois
07:05 de certains professeurs, et c'est extrêmement difficile à vivre.
07:10 En ce qui me concerne, le problème, c'est que même si souvent
07:13 je fais de mon mieux et je réussis mes études,
07:15 j'ai beaucoup de mal à faire évacuer la pression après les examens.
07:18 Après les examens, il y a toujours un moment
07:20 où je suis malade pendant une semaine.
07:22 Quand ça ne va pas bien, je ne peux même pas sortir
07:24 pendant plusieurs jours, on ne peut plus rien faire.
07:27 Vraiment, c'est anxiogène.
07:29 J'en pouvais juste plus de tout, j'avais un ras-le-bol de tout,
07:32 de tout le monde, de la vie, jusqu'à un point où malheureusement,
07:35 j'ai fait cette tentative de suicide l'année dernière.
07:39 La caractéristique des étudiants par rapport aux autres non-étudiants,
07:47 c'est le cumul des facteurs de stress qui arrivent sur ce temps des études.
07:51 Et ces facteurs de stress, on les connaît.
07:54 Ce sont les facteurs académiques, et notamment la sélectivité,
07:57 ce sont les facteurs culturels,
08:00 notamment pour les étudiants sujets à la mobilité,
08:04 que ce soit une mobilité nationale ou internationale.
08:07 Ce sont les facteurs économiques, la fameuse précarité étudiante.
08:11 Et enfin, le moral des étudiants va être impacté par l'effondrement,
08:16 on l'a vu pendant le Covid, de telle ou telle filière industrielle.
08:25 La détresse psychologique n'est pas une maladie.
08:28 La détresse est un ensemble, un syndrome, un ensemble de signaux,
08:31 qui peut se traduire sur différents axes de la vie du sujet,
08:36 évidemment dans la sphère affective et émotionnelle,
08:40 avec des idées tristes, avec une morosité, une irritabilité,
08:45 mais aussi dans la sphère somatique, physique, avec des troubles du sommeil,
08:50 une fatigue intense, une difficulté à travailler,
08:54 dans la sphère cognitive, et c'est là où ça va impacter le plus l'étudiant,
08:59 avec une baisse de la concentration, de la mémorisation,
09:03 et évidemment la motivation, qui est le nerf de la guerre.
09:07 C'est le nerf de l'étudiant, la motivation, la projection dans l'avenir.
09:11 Et par définition, la dépression, c'est une absence d'anticipation,
09:16 une projection négative dans l'avenir.
09:19 Donc vous voyez, ça va venir directement impacter la vie étudiante.
09:24 Ce qui est plus fréquent, beaucoup plus fréquent chez les étudiants,
09:32 ce sont des troubles comme les troubles de l'humeur, de la dépression notamment,
09:37 les troubles anxieux, qu'on peut retrouver assez fréquemment également chez les étudiants,
09:41 les troubles des conduites alimentaires par exemple, qui peuvent aussi émerger à cet âge-là,
09:46 et puis un trouble dont on parle assez peu, mais qui peut concerner pas mal d'étudiants,
09:50 surtout à l'heure où on parle beaucoup des violences sexistes et sexuelles,
09:55 c'est le trouble de stress post-traumatique.
09:58 - Et qu'est-ce que ton infancète de Scali t'a dit ?
10:08 - D'accord. - Et pourquoi t'étais pas rassurée ?
10:15 - Et avec tes parents, ça se passait comment ?
10:24 - Et tu penses qu'ils auraient réagi comment si tu avais décidé de leur en parler ?
10:30 Et ces interdits dont tu me parlais, c'était... Ils venaient de qui ?
10:38 En tout cas, n'hésite pas à nous rappeler, on est ouverts de 21h à 2h30 tous les soirs.
10:49 Je te souhaite une bonne soirée.
10:53 - Au revoir.
10:54 - Mais du coup, vu que je suis partie un moment, ça a duré combien de temps, ton appel ?
11:05 - Ça a duré 45 minutes.
11:09 L'idée générale de l'appel, c'était de s'apporter sur le thème de l'image corporelle
11:16 et de santé sexuelle, globalement.
11:20 C'était un peu compliqué parce qu'il parlait toujours de la même chose.
11:26 Et même quand j'essayais de lui parler, j'essayais de rebondir sur le moindre petit élément
11:32 de son passé, de ses parents, tout ça, il revenait toujours à la même chose.
11:37 En fait, j'avais rien pour me raccrocher à ce qu'il disait.
11:41 Il me parlait d'interdits dans son enfance, qui avaient des répercussions à l'heure actuelle.
11:49 Mais c'est tout, il n'avait pas plus de choses que ça.
11:52 Il y avait aussi beaucoup de silence.
11:55 Et j'avais l'impression qu'il était plus gêné par les silences que moi.
11:59 Mais voilà.
12:01 - Le concept des Nightlines, il est né dans les années 70 à Essex, dans le sud de la Grande-Bretagne.
12:08 Et depuis, ça a essaimé un peu partout en Europe et dans le monde.
12:12 On peut retrouver des Nightlines au Royaume-Uni, en Irlande, en Allemagne, en Autriche, en Suisse
12:17 et puis en France.
12:18 Et nous, on est aussi en lien avec des étudiants belges motivés pour pouvoir monter une première Nightline en Belgique.
12:23 Le problème de la santé mentale des étudiants, il n'est pas que franc en français.
12:27 Dans les pays où il y a des études comparables, le constat qu'on fait, c'est celui d'avoir vu doubler
12:33 le nombre d'étudiants qui présentent des symptômes dépressifs entre avant et après le Covid.
12:38 Donc ce qu'on peut dire, c'est que le constat qu'on fait en France, on le retrouve un peu partout en Europe.
12:42 [Musique]
12:48 Je suis étudiant en droit, j'ai 24 ans et j'habite à Brènes-le-Comte.
12:52 Ma santé mentale, à moi, c'est clairement pas l'idéal.
12:57 Je me suis constamment rendu compte en bachelier, en fait, après la première année.
13:01 Je n'avais jamais dû travailler en secondaire, donc forcément, j'arrivais à l'UNIF tout content.
13:05 Je testais mes méthodes habituelles et là, boum, la première claque tombe.
13:09 Je ne passe pas la première.
13:10 [Musique]
13:14 Franchement, ça a commencé avec le sommeil.
13:16 Le peu d'heures que je dormais, ce n'était pas suffisant.
13:18 Mon corps ne voulait plus se lever.
13:20 Il voyait mon bureau, mon lit, mon lit, mon bureau, donc il n'y avait plus que ça en tête.
13:24 Ça travaillait constamment.
13:26 Mon corps n'arrivait plus à faire des simples choses, même allumer mon PC,
13:29 parfois ça devenait une épreuve incommensurable.
13:33 Mon corps m'a lâché.
13:34 À part dormir, je n'ai rien su faire.
13:36 [Musique]
13:42 Je commence à détester de plus en plus ce que je fais.
13:45 Je n'ai plus le temps de rien faire.
13:46 Je n'ai vraiment plus de vie sociale à un moment donné.
13:48 Je n'en pouvais juste plus de tout.
13:49 J'avais un ras-le-bol de tout, de tout le monde, de la vie,
13:52 jusqu'à un point où malheureusement, j'ai fait cette tentative de suicide l'année dernière.
13:57 [Musique]
14:01 On ne prépare jamais la réalité.
14:03 En tout cas, en droit, c'est comme ça.
14:05 On voit le succès de l'avocat à côté.
14:08 Et en fait, le succès de l'avocat, c'est un parcours du combattant
14:11 parce qu'on pousse les gens en disant, c'est censé ouvrir plein de portes.
14:14 Et là, je vois toutes les portes se refermer petit à petit.
14:16 Et puis, ce qui m'angoisse aussi, c'est le fait que le monde ne va pas.
14:20 [Musique]
14:24 Le suicide, c'est un problème majeur de santé publique
14:26 pour lequel il est possible d'agir.
14:30 On peut éviter le suicide.
14:31 Le suicide, c'est 9000 morts chaque année.
14:33 [Musique]
14:38 On peut penser au 31-14, bien sûr,
14:40 le numéro national de prévention du suicide.
14:42 Il peut y avoir des dispositifs comme les Sentinels,
14:46 c'est-à-dire des personnes, des étudiants, des pères aidants
14:49 qui sont vraiment repérés comme ressources dans leur milieu
14:52 pour aller discerner les crises suicidaires.
14:55 Il y a des dispositifs pour accompagner les personnes
14:58 qui ont fait une tentative de suicide, en particulier les jeunes.
15:01 Ce qu'il faut rappeler, c'est que la prévention du suicide,
15:03 c'est la responsabilité de chacun.
15:05 Le professionnel, le bénévole, le citoyen, le politique, le décideur,
15:12 on a tous notre rôle à jouer.
15:14 [Musique]
15:32 C'était un tchat suicide immédiat,
15:35 sauf que quand j'ai proposé d'appeler les secours,
15:39 la personne n'a pas voulu.
15:41 Et après, elle répondait très peu.
15:44 Ensuite, je l'ai redirigée à sa demande,
15:48 vers l'annuaire qu'on a sous un étudiant en faute.
15:52 Mais après, pareil, elle répondait très peu.
15:55 [Musique]
15:58 Ensuite, elle m'a un petit peu parlé des raisons
16:01 qui la poussaient à vouloir mourir.
16:04 Et après, elle n'a plus répondu.
16:06 - Tu te sens comment par rapport au fait
16:09 qu'elle ait plus ou moins arrêté de te répondre ?
16:12 - Ça m'a pas mal inquiétée pendant le tchat.
16:17 Parce que forcément, mon esprit me disait,
16:21 mais genre, qu'est-ce qui se passe ?
16:24 Est-ce que ça y est, elle ne va plus répondre ?
16:27 [Musique]
16:30 Alors, ça peut arriver que les personnes nous parlent de suicide.
16:34 Et dans ce cas-là, effectivement, ça va attirer notre attention
16:38 et on va proposer par exemple d'appeler les secours.
16:41 Quand on appelle les secours,
16:42 effectivement, on est obligé de briser l'anonymat.
16:44 Mais on va prévenir justement la plante ou la plante
16:47 qu'il va y avoir une rupture d'anonymat.
16:49 Parce que si on n'a pas les informations nécessaires,
16:52 les secours ne peuvent pas intervenir.
16:55 Donc c'est le seul cas où il y a sortie d'anonymat.
17:00 [Musique]
17:19 Alors, je suis ici depuis presque une semaine.
17:23 [Musique]
17:28 La première chose que je fais, c'est d'aller au poste des infirmiers
17:32 pour prendre mon traitement du jour.
17:35 Et très souvent, du coup, c'est aussi mon premier contact social que j'ai.
17:38 [Musique]
17:41 Bonjour.
17:43 Vous avez bien dormi ?
17:45 Ça a été, ouais.
17:46 [Musique]
17:54 La clinique Fondra est un hôpital psychiatrique à Hucle,
17:57 dans le sud de Bruxelles.
17:59 Et l'unité 1 dans laquelle je travaille
18:02 est une unité dédiée spécialement aux jeunes adultes entre 18 et 30 ans.
18:06 Il y a plusieurs types de pathologies qu'on peut rencontrer ici.
18:09 Donc les premières décompensations psychiatriques
18:12 qui peuvent être à la fois des bouffées délirantes,
18:15 des tableaux dépressifs, des crises suicidaires,
18:19 des addictions importantes qui les mettent souvent en retrait de la société,
18:25 en repli chez eux.
18:27 Et puis tout ce qui est aussi crise existentielle, crise de sens, crise familiale aussi,
18:31 qui fait qu'à un moment ces jeunes qui n'ont pas de logement
18:35 trouvent ici un "asile",
18:39 même si le mot est un peu galvaudé,
18:41 mais un asile où ils peuvent se poser, se reposer en tout cas,
18:44 dans un endroit un peu neutre pour repenser un peu leurs projets de vie.
18:48 [Musique]
18:58 Je fais des études de droit en bachelier et je vais être diplômé alors en 2024.
19:02 [Musique]
19:07 Je pense que mes études ont eu un impact sur ma santé mentale, absolument.
19:11 Moi personnellement, j'ai tout remis en question.
19:14 Même mes études, je les ai remises en question en me disant
19:16 "Mais en fait, je ne sais même pas pourquoi je fais ces études,
19:19 à force de rester seul, on commence à se faire des idées,
19:21 on commence à se dire qu'on ne va pas forcément savoir réussir ces études aussi."
19:26 Il y a vraiment eu plein de questionnements.
19:28 Et à un moment donné, je voyais juste que seulement avoir une psychologue
19:33 et avoir des séances, des consultations,
19:36 prendre une pilule chaque matin, n'était juste pas suffisant en fait.
19:40 Je voyais vraiment que j'avais besoin d'être dans une institution
19:45 pour retrouver une hygiène de vie, qu'on me mette vraiment une structure,
19:49 une routine et qu'on se focalise vraiment là-dessus.
19:54 Que ce soit un peu une pause dans la vie,
19:57 parce que c'est comme ça que je le vis tout simplement,
19:59 que j'ai l'impression que ma vie est en pause et qu'à ce moment-là,
20:02 on est juste en hôpital, hospitalisé et on pense seulement à
20:07 comment je me sens aujourd'hui.
20:09 Et je voyais vraiment que c'était nécessaire parce que si je ne rentrais pas,
20:14 j'allais vraiment faire quelque chose de beaucoup plus grave.
20:17 Je ne sais pas si je me sens forcément mieux,
20:21 je dirais que je me sens plus en paix.
20:24 Ce que j'espère, c'est d'avoir pris le temps justement d'aller creuser en moi,
20:34 d'aller voir d'où viennent tous ces traumatismes.
20:37 J'essaie de faire un équilibre entre les deux, entre ma santé et mes études.
20:41 Et du coup, je pense que c'est vraiment mon premier objectif,
20:45 de pouvoir franchir ce cap-là.
20:48 Je pense qu'en sortant d'ici, je ne vais pas être 100% guéri
20:52 ou à 100% de nouveau en forme ou quoi que ce soit.
20:57 Mais je pense que du moins, il y aurait quand même quelques petits trucs
21:01 que j'aurais réglés, des choses qui seraient plus claires pour moi.
21:06 Je m'appelle Margot, j'ai 26 ans et j'ai fait une licence de japonais.
21:11 J'ai passé plusieurs mois au Japon et ça a été un déclencheur pour moi
21:18 pour commencer une fac de japonais et reprendre les études après ça.
21:22 Et du coup, je suis rentrée la première année,
21:26 j'étais absolument passionnée par tout ce que j'avais appris.
21:30 Je travaillais avec plaisir, je restais jusqu'à 21h à la bibliothèque le soir
21:34 et je sortais avec un grand sourire.
21:37 Et ça a été en deuxième année que ça a commencé à être la douche froide.
21:41 Il y a des profs qui ont vraiment commencé à nous mettre la pression très très fort.
21:50 Il y a eu ce côté extrêmement compétitif qui a été mis en place
21:54 et je pense que c'est vraiment ce qui m'a permis de faire ce que je fais.
21:59 Il y a des gens qui ne supportent pas ça du tout.
22:03 J'ai vraiment littéralement fait une dépression et un burn-out
22:07 parce que j'arrivais vraiment plus à suivre.
22:10 J'avais plus de vie et je vivais mal d'avoir plus de vie,
22:13 ce qui n'était pas le cas en première année.
22:15 Je suis allée en parler à un de mes profs référents
22:18 que j'appréciais beaucoup à ce moment-là.
22:20 Donc je lui ai dit que ça n'allait pas et il m'a répondu assez sereinement.
22:26 Dans tous les cas, en L2, il y a 15% des étudiants en japonais qui sont en dépression.
22:33 On le sait.
22:35 Tous les ans, il y a plusieurs suicides.
22:39 Ils ne s'en ventent pas, mais on le sait quand même.
22:42 Je me dis que je suis fière d'avoir réussi à passer au-dessus de tout ça
22:49 parce que tout le monde n'a pas cette chance.
22:53 [Musique]
22:56 Bonsoir, ici Nightline, je t'écoute.
23:08 Ok.
23:12 C'est quoi exactement ton problème de santé ?
23:15 D'accord.
23:18 [Musique]
23:21 Ouais.
23:24 Ouais, je comprends.
23:30 C'est le simple fait de sortir qui te met KO
23:33 ou c'est ce que ça engendre, c'est-à-dire les déplacements et tout ça ?
23:37 Hum-hum.
23:41 Comment sont tes séances ?
23:45 Ça va, ça va.
23:47 Vraiment, il y avait un rapport très bienveillant, donc...
23:50 C'était quelqu'un d'assez touchant, de très gentil.
23:53 L'appel n'a pas duré éper longtemps, il a duré une trentaine de minutes
23:56 parce qu'en fait, elle avait juste besoin d'exprimer,
23:59 enfin, juste de parler un petit peu de sa situation.
24:01 Mais à la fin, elle me l'a dit que c'était assez cathartique
24:04 de pouvoir juste sortir les informations de sa tête,
24:08 juste de les transmettre et de pouvoir passer à autre chose
24:11 parce qu'elle souffre d'une maladie qui lui pouvait la vie.
24:16 Et du coup, elle se retrouve très seule,
24:19 elle avait vraiment besoin d'en parler.
24:21 Le mal-être étudiant est très ancien.
24:28 Les différentes enquêtes épidémiologiques menées par les mutuelles étudiantes,
24:32 puis ultérieurement par l'Observatoire de la vie étudiante,
24:35 ont montré déjà avant le Covid, 20% de détresse psychologique,
24:40 puis 25% de détresse psychologique
24:44 du fait des cumuls de facteurs de stress.
24:46 Tous ces facteurs-là contribuent à la détresse universitaire
24:50 qui n'a pas été prise en compte précisément par les pouvoirs publics.
24:54 Depuis le rapport Wauquiez qui date de 2006,
24:57 finalement, rien n'a été vraiment mis en œuvre de manière importante
25:00 pour la santé étudiante.
25:02 Il a fallu attendre notre gouvernement actuel et le séisme du Covid
25:07 pour que des moyens substantiels soient délivrés
25:11 au regard d'une souffrance qui est montée jusqu'à 43% de détresse psychologique
25:17 en juin 2021, septembre 2021 encore,
25:21 donc largement au sortir du Covid.
25:23 La crise du Covid, on sait, a été particulièrement vulnérabilisante
25:40 au plan de la santé mentale, pour la population générale,
25:44 pour les jeunes en particulier.
25:46 Elle a fait un peu un effet loupe.
25:48 Il y a véritablement un avant et un après mars 2020,
25:59 dans la mesure où les étudiants en particulier,
26:04 les jeunes en général, ont été très sévèrement impactés
26:09 par la crise Covid.
26:12 La privation de socialité chez les jeunes,
26:15 donc chez les étudiants, c'est quelque chose de cataclysmique.
26:19 C'est un moment où on construit sa vie relationnelle,
26:22 où on en a vraiment besoin, où on a généralement beaucoup de relations,
26:26 beaucoup de sorties, où on va beaucoup dans des lieux présentiels
26:29 pour avoir des cours, des formations.
26:32 Avoir supprimé tout ça, ça a eu un impact absolument énorme.
26:39 C'est un moment où on a vraiment besoin de se réunir,
26:42 de se faire un peu plus de confiance.
26:45 C'est un moment où on a vraiment besoin de se réunir,
26:48 de se faire un peu plus de confiance.
26:50 C'est un moment où on a vraiment besoin de se réunir,
26:53 de se faire un peu plus de confiance.
26:55 C'est un moment où on a vraiment besoin de se réunir,
26:58 de se faire un peu plus de confiance.
27:00 C'est un moment où on a vraiment besoin de se réunir,
27:03 de se faire un peu plus de confiance.
27:05 Je pense que ça a été vraiment l'isolation.
27:08 C'était vraiment le moment où on est seul avec soi-même.
27:12 Donc mon premier confinement, je l'ai vécu...
27:15 Je l'ai vécu essentiellement dans ma chambre.
27:17 Pendant toute cette période, je ne suis pas du tout sorti.
27:23 J'ai acheté beaucoup de Legos, je montais des Legos dans ma chambre,
27:25 mais je ne suis pas sorti du tout à l'extérieur.
27:27 Pas du tout, du tout, du tout.
27:29 J'ai vraiment ressenti une grande solitude.
27:34 Ça m'a vraiment pesé sur ma santé mentale.
27:37 Ne sortant plus et prenant un peu moins soin de moi,
27:40 j'avais les moments de doute, de se voir dans le miroir.
27:44 Quand on n'est pas bien, on se voit encore plus laid,
27:47 si je peux dire, que ce qu'on est réellement.
27:49 Donc oui, cela a énormément joué sur la santé mentale,
27:52 de rester enfermé, de ne presque parler à personne.
27:55 Parce que même si j'avais quelques amis
27:58 avec qui je pouvais envoyer des messages,
28:00 ne sortant pas, je n'avais pas grand-chose à dire.
28:03 C'est le retour d'une journée enfermée chez soi.
28:06 En été 2021, suite au deuxième confinement,
28:15 j'avais une amie, ma meilleure amie,
28:18 qui a vécu la crise de Covid encore beaucoup plus fort
28:22 que n'importe qui, je pense, dans mon entourage,
28:26 et qui a préféré faire une bêtise et quitter ce monde.
28:31 C'est une jolie façon de le dire.
28:34 Mais elle avait beaucoup de doute en elle.
28:38 C'était une période qui était très difficile,
28:40 où elle s'est sentie très seule,
28:42 où je pense qu'aucun message virtuel n'aurait suffi à l'aider.
28:46 Je pense qu'elle avait vraiment besoin
28:48 que la vie soit comme elle l'était avant,
28:50 de pouvoir sortir, de pouvoir changer ses idées.
28:52 Mais elle est restée enfermée chez elle,
28:54 ce qui lui a fait broyer encore plus du noir.
28:56 C'est cette période-là qui l'a enfoncée, je pense.
29:00 Les étudiants, dont la socialité a été complètement supprimée,
29:04 de même que la possibilité de se projeter dans leurs études,
29:07 ont véritablement vécu ça comme un traumatisme.
29:12 Un traumatisme, c'est-à-dire quelque chose
29:14 qui effracte le psychisme
29:16 et qui est susceptible d'attenter à la vie.
29:19 En tout cas, tellement gravement à la qualité de la vie
29:23 que ça devient difficile de se projeter dans une vie future.
29:26 Et donc, les étudiants, les jeunes,
29:29 ont davantage que d'autres catégories de la population
29:32 ces états de stress post-traumatique.
29:34 C'est une chose qui est inédite dans l'histoire de l'humanité,
29:37 l'état de stress post-traumatique.
29:39 C'est quelque chose qui survient
29:41 quand on risque de mourir soi-même,
29:43 quand on voit quelqu'un mourir,
29:45 quand on est pris dans un attentat.
29:47 Là, on a des gens, toute une population,
29:50 qui s'est retrouvée dans cet état traumatisé
29:53 en raison des confinements qu'ils ont subis.
29:57 Et on le sait parce qu'ils le disent.
29:59 C'est-à-dire, quand on leur demande
30:01 "Qu'est-ce qui, dans ce qui s'est passé dans cette crise,
30:04 a été le plus traumatogène pour vous ?"
30:06 Il y a la peur de mourir, il y a la peur que mes proches meurent,
30:09 et il y a le risque d'un prochain confinement.
30:11 Je m'appelle Amina, j'ai 24 ans,
30:20 je suis étudiante en sciences politiques cette année,
30:22 et je suis à l'université de Versailles, 50 ans.
30:24 Ma santé mentale, en tant qu'étudiante,
30:29 c'est la pression, le stress, l'angoisse
30:32 de ne pas réussir et de ne pas arriver
30:35 au but qu'on s'est fixé.
30:37 Il y a eu beaucoup de stress, beaucoup de pression
30:40 les premières années, enfin, la première année.
30:42 La seconde, il y a eu le Covid,
30:44 et là, c'était vraiment très compliqué de suivre
30:48 parce que, du coup, on est isolée, on est seule.
30:51 On n'est plus dans l'élément qu'on est en train de construire.
30:54 Il y a eu le premier confinement,
30:56 parce qu'on était terrorisée par le Covid
30:58 et qu'on se rendait compte de ce qui se passait autour de nous
31:01 et que le Covid, c'était grave et qu'il fallait s'isoler.
31:04 Mais très rapidement, on était surchargées
31:08 par beaucoup de travail à la maison.
31:10 Donc, les profs nous mettaient la pression.
31:12 En étant à la maison, je pense qu'ils pensaient
31:15 qu'on ne faisait rien, alors qu'en réalité,
31:17 on avait une double charge de travail.
31:19 Et donc, ça, c'était très compliqué sur ma santé mentale, oui.
31:22 J'ai eu un début du ulcère à l'estomac.
31:26 J'ai passé parfois des semaines sans vouloir me lever,
31:29 sans vouloir faire quoi que ce soit,
31:31 et avoir aussi la pression qu'il faut que je me lève
31:34 et que je travaille pour réussir.
31:36 Et on se dit aussi qu'on n'a pas besoin d'aide,
31:38 que la seule solution, ce serait de réussir pour aller mieux.
31:42 Et on met de côté tout ce qui nous arrive en ce moment même.
31:48 Ils ont été beaucoup stigmatisés.
31:50 Ils ont été désignés comme un des éléments majeurs
31:55 de la circulation virale.
31:57 Donc, du coup, ça a eu un effet terrible sur leur santé mentale,
32:00 qui s'est très rapidement vue dans les données.
32:03 On a vu exploser les troubles anxieux,
32:06 les troubles dépressifs, les troubles du sommeil.
32:09 Donc, tous les gens, tous les jeunes, tous les étudiants
32:11 qui se sont retrouvés avec des troubles mentaux de ce type
32:15 en raison de cette période,
32:17 risquent d'en subir les conséquences pendant très longtemps,
32:22 du simple point de vue de la santé mentale.
32:25 Par ailleurs, pour beaucoup, leur cursus de formation
32:28 a été très gravement altéré.
32:30 Et ça, ça aura un impact sur toute leur vie.
32:32 Ça veut dire qu'en fait, on a engendré des conséquences
32:34 pour plusieurs décennies.
32:36 Donc, on ne peut pas du tout considérer que le problème est terminé.
32:39 Même malheureusement, on pourrait avoir tendance
32:41 à considérer qu'il commence.
32:43 [Musique]
32:49 Il y a forcément des appels qui restent,
32:52 à des degrés différents.
32:54 Et nous, à Nightline, on a des moyens aussi différents
32:58 de pouvoir les extérioriser.
33:00 Le premier niveau, c'est ces débriefings qu'on fait à chaud,
33:05 tout de suite après avoir raccroché,
33:07 ou dans les quelques minutes qui suivent,
33:09 et qu'on partage avec les autres bénévoles
33:11 qui sont en permanence avec nous.
33:13 Ça, c'est un peu le premier degré d'extériorisation.
33:17 Ensuite, on a ce qu'on appelle les réunions de partage.
33:20 C'est des réunions qui ont lieu une fois par mois
33:23 et qui rassemblent entre 5 et 10 bénévoles
33:27 et qui sont encadrées par une psychologue.
33:30 Et pendant ces réunions de partage,
33:33 l'objectif, c'est justement de reparler de ces appels
33:36 qui restent avec nous,
33:38 parce que les thématiques sont lourdes et qu'elles nous ont marquées,
33:41 parce qu'on s'est senti particulièrement en difficulté
33:44 pendant l'appel pour x ou y raison.
33:46 Ces réunions, elles sont obligatoires
33:48 pour tous les bénévoles qui prennent des appels,
33:51 et elles sont mensuelles.
33:52 Donc, on n'a pas le droit de prendre d'appel pendant un mois
33:56 si on n'a pas fait sa réunion le mois précédent.
33:59 En parler à la famille et aux amis,
34:03 c'est justement pas possible dans le cadre de Nightline
34:06 parce que le rôle de bénévole est anonyme.
34:08 Cet anonymat, il est au premier plan pour les appelants.
34:12 Eux ne doivent pas dévoiler d'informations sur eux,
34:16 mais en fait, elle est valable aussi pour nous,
34:18 nous les bénévoles.
34:20 On ne doit pas révéler à notre entourage
34:22 qu'on est bénévole à Nightline.
34:24 C'est une partie de notre quotidien qui reste secrète
34:27 pour un tas de raisons.
34:29 L'une d'entre elles, c'est de ne pas projeter d'identité
34:32 sur ce bénévole qui peut nous répondre
34:34 sur ce service d'écoute
34:36 pour ne pas peut-être décourager certains de nos proches
34:39 qui pourraient avoir envie d'appeler,
34:41 mais qui ne le font pas parce qu'ils auraient vent
34:43 de notre engagement.
34:45 Donc, pour ces raisons et pour encore plein d'autres,
34:49 on ne peut pas partager justement ce qui se passe en permanence
34:52 avec nos proches.
35:03 C'est un micro-cause, mais si c'est...
35:06 Dans la vraie vie, ça ne peut pas se passer comme ça.
35:08 En tout cas pour moi, de mon côté,
35:10 ça ne se passe pas comme ça.
35:12 Ma journée, elle est faite, je fais les choses que j'ai à faire
35:14 et je n'ai pas le temps de m'occuper de ma santé mentale.
35:17 Et parfois, on ne va pas forcément trouver la personne
35:20 à qui parler ou sentir confiance.
35:23 Moi, personnellement, j'ai vraiment beaucoup de mal
35:26 à parler de moi, surtout quand ça ne va pas bien.
35:29 C'est vraiment difficile de faire parvenir le message
35:31 de "là, ça ne va pas, j'ai besoin d'aide".
35:34 C'est peut-être que la société a échoué à fournir
35:36 suffisamment de ressources, comme vous le nommiez.
35:38 Si il y avait justement plus de choses en ambulatoire,
35:41 ça permettrait de maintenir son rythme de vie, son emploi,
35:45 tout en ayant une place pour prendre soin de soi
35:47 et que finalement, ce ne soit pas de l'ordre du sacrifice
35:49 de prendre soin de soi.
35:51 C'est super dur de faire ça à l'extérieur.
35:53 Moi, j'ai tenté...
35:55 Ça fait trois ou quatre ans que je tente de faire ça
35:58 qu'à l'extérieur et je n'y arrive pas.
36:00 En tout cas, en psychiatrie,
36:02 c'est bouché de chez bouché, complètement.
36:05 Donc il y a cette réalité-là aussi.
36:08 Ce n'est pas que le bon vouloir de la personne.
36:10 Déjà qu'on est fatigué émotionnellement en parlant
36:12 et qu'on n'a pas spécialement envie de s'en sortir
36:14 parce qu'on est dans une boucle.
36:16 Mais en plus de ça, s'y trouver bouché de tous les côtés,
36:19 ce n'est pas possible.
36:21 C'est un sentiment très, très particulier.
36:29 Ça fait vraiment très bizarre.
36:31 Je pense que ce n'est pas tous les jours
36:33 qu'on va chez quelqu'un et qu'on dit
36:35 « Ouais, moi, en fait, j'ai envie de mourir »
36:38 ou « Je n'ai pas l'énergie pour aller faire mes courses,
36:41 de me lever du lit, etc. »
36:43 et que l'autre dit « Ouais, moi aussi, franchement. »
36:46 Ce sont vraiment des sujets qui sont hyper, hyper...
36:49 Pas hyper, mais je dirais qu'on n'entend pas très souvent
36:52 dans la vie de tous les jours.
36:54 Ici, justement, on arrive vraiment à en parler
36:56 entre patients et c'est complètement normal.
36:59 Moi et ma génération, on se pose aussi énormément la question
37:02 de « Qu'est-ce qui va être le futur ? »
37:04 Du coup, on est pleinement dans nos études,
37:07 on se dit avec le réchauffement climatique
37:09 qu'on ne sait même pas comment le monde va être
37:11 dans 30, 50 ans.
37:13 Et ça crée vraiment une grosse, grosse anxiété.
37:16 Ça crée vraiment une crise existentielle, tout simplement,
37:19 de se dire « Là, je suis en train de faire des études.
37:22 Est-ce que ça vaut vraiment le coup ? »
37:24 L'anxiété, elle est là.
37:26 - Quand on dit « éco-anxiété », on a tout de suite tendance
37:32 à considérer ça comme un trouble anxieux.
37:34 Et ça risque d'avoir cette conséquence
37:36 qu'on va avoir tendance à considérer
37:38 que si les jeunes sont éco-anxieux,
37:40 c'est parce qu'ils ont des problématiques qui leur sont propres.
37:42 Non. Les jeunes, et toute l'humanité,
37:45 développent des émotions par rapport à ce risque
37:49 qui sont légitimes, qui sont sains,
37:52 et qui, lorsqu'ils ne deviennent pas inhibants
37:56 parce qu'ils sont trop intenses, génèrent de l'action,
37:58 de la colère, de la révolte.
38:01 Du coup, c'est même plus de l'anxiété, c'est de la peur.
38:03 Parce que l'anxiété, c'est quelque chose qui est là
38:05 par rapport à un danger futur un peu incertain.
38:08 Mais là, on est dans un danger concret qui est actuel.
38:10 C'est de la peur.
38:12 Quand on n'a pas peur face à un danger,
38:14 c'est pas qu'on est courageux, c'est qu'on est inconscient.
38:17 Je m'appelle Zinedine, j'ai 24 ans.
38:20 Je fais actuellement un Master 2 de droit à l'Université Paris-Nanterre.
38:24 On va dire que je vais très mal,
38:27 parce que je suis épuisé par toutes ces années d'études.
38:31 Et c'est extrêmement difficile à vivre.
38:33 C'est-à-dire que tous les jours, je me rends à la fac la boule au ventre,
38:37 je vais à mon alternance en cabinet d'avocat la boule au ventre,
38:41 et je suis très mal.
38:43 Je vais à mon alternance en cabinet d'avocat la boule au ventre.
38:46 Alors les études, ça apporte quand même personnellement,
38:51 mais il y a quand même une forme de déception au bout du tunnel,
38:54 parce qu'il n'y a pas de transition.
38:56 C'est-à-dire qu'on finit l'université,
38:58 ensuite on est balancé dans le grand bain,
39:00 et on se rend compte que ce n'est pas vraiment ce qu'on nous a présenté au début.
39:04 Et je pense personnellement que je ne suis pas fait
39:08 pour le monde dans lequel on me balance aujourd'hui.
39:13 Il y a un contexte qui est très particulier.
39:15 Il y a eu la crise Covid,
39:17 il y a eu même le mouvement des gilets jaunes,
39:19 on pourrait presque l'inclure,
39:21 l'inflation, la guerre,
39:23 toutes ces choses-là qui sont très difficiles à vivre.
39:25 Je pense que de manière plus générale,
39:27 ça pèse sur toute la société en réalité.
39:29 Mais les étudiants, ils ont une difficulté supplémentaire,
39:33 c'est qu'eux, ils sont déjà pour certains dans une grande précarité,
39:37 et ils doivent en plus de cela,
39:39 continuer à rester motivés pendant leurs études,
39:41 et je pense que c'est ça aussi le plus difficile,
39:43 rester motivés alors que l'avenir est totalement incertain en réalité.
39:48 C'est plus dur de se projeter aujourd'hui,
39:50 peut-être qu'il y a une dizaine d'années,
39:52 parce que les problématiques sont beaucoup plus mises en avant.
39:55 Le réchauffement climatique, c'est devenu un sujet de tous les jours,
39:58 les problématiques économiques, c'est devenu un sujet de tous les jours,
40:02 le chômage, les violences sexistes et sexuelles,
40:05 il y a un climat ambiant qui est probablement plus anxiogène aujourd'hui pour les jeunes,
40:12 et qui est accentué par la pression des examens,
40:15 l'isolement de la famille.
40:17 Faire des études, c'est bien,
40:19 mais on va aussi avoir besoin d'aller plus loin dans
40:21 comment est-ce qu'on se sent bien, où est-ce qu'on veut aller,
40:23 beaucoup plus que gagner un gros salaire,
40:25 ça va vraiment être comment est-ce que je me sens bien dans mes études
40:27 pour aller bien dans ma vie professionnelle.
40:29 Et on s'est rendu compte que de plus en plus,
40:31 les étudiants et les étudiantes,
40:32 avaient envie d'avoir un bon cadre de vie avant d'avoir un cadre de vie luxueux.
40:36 Les sociétés sont éminemment régulières,
40:39 fiables, structurées, prévisibles pour leurs membres.
40:43 Donc, bien évidemment, quand on s'engage par exemple dans des études,
40:46 on s'attend à ce que le métier auquel on se forme
40:49 existe encore dans 5 ans, dans 10 ans.
40:51 Quand on projette une famille,
40:53 on s'attend à ce qu'il y ait encore une planète dans 15 ans
40:56 pour les enfants qu'on va faire.
40:57 Et ce sont des régularités extrêmement puissantes,
40:59 extrêmement structurantes,
41:00 non seulement de la société,
41:02 mais aussi des psychismes individuels.
41:05 Et tout ceci a été disloqué.
41:07 Et donc, les jeunes sont pris dans ça aujourd'hui,
41:10 à une époque de leur vie où leur psychisme,
41:14 leur fonctionnement relationnel,
41:16 et leur implication dans la société sont encore en construction.
41:18 Donc, il y a cette dimension de ça va se construire
41:21 sur quelque chose de pas stable et de pas prévisible.
41:24 Et là, c'est la base de la société.
41:26 Et de pas prévisibles.
41:28 Et là, c'est la base des graves, graves, graves troubles mentaux.
41:31 J'ai 21 ans,
41:40 et je suis actuellement en deuxième année de BUT carrière sociale,
41:43 parcours animation sociale et socioculturelle,
41:46 à l'IUT de Tourcoing.
41:47 Alors, la santé mentale, c'est compliqué selon les jours.
41:54 Il y a déjà tout ce qui est vie quotidienne.
41:56 Donc, c'est-à-dire, quand on est étudiant et précaire,
41:59 savoir comment se loger,
42:02 payer le loyer,
42:03 payer tout ce qui est à côté,
42:04 les frais quotidiens comme tout ce qui est transport,
42:08 la nourriture, les courses, etc.
42:10 Plus, après, quand on n'a pas de soutien de sa famille proche,
42:15 comme les parents,
42:16 c'est vrai que c'est compliqué à gérer au quotidien.
42:22 Avec mes parents, ce qui s'est passé, c'est que je suis LGBT,
42:25 et eux, ils n'ont pas bien pris la nouvelle.
42:33 Et du coup, ça fait trois ans qu'à cause de ça,
42:36 je ne les vois plus et que je n'ai pas le droit de voir mon petit frère.
42:39 Je n'avais aucun revenu parce que je n'avais pas le droit à la bourse.
42:45 Donc, j'ai dû demander une pension alimentaire,
42:48 même si ça a été long.
42:49 Parce que vivre comme étudiant,
42:53 c'est vrai que c'est compliqué, sans ressources financières.
42:57 Et c'est vrai que quand on ne peut pas, en étant étudiant,
43:01 être suivi par un psychologue parce que ça coûte cher,
43:04 et qu'on voit les délais pour les bureaux d'aide
43:09 ou pour des fois les psychiatres
43:10 qui peuvent être remboursés par la Sécurité sociale,
43:13 c'est compliqué.
43:15 Des fois, on a tendance à ne pas être suivi
43:19 et à laisser tomber parce que c'est épuisant,
43:23 en plus des études, de devoir chercher,
43:26 de devoir s'investir encore sur un autre plan.
43:29 C'est décourageant, c'est du vrai.
43:31 En France, on a des vraies difficultés autour de la santé mentale,
43:42 en ce sens que, par exemple, dans les centres médicaux psychologiques,
43:47 il y a des listes d'attentes qui sont importantes.
43:50 Et par ailleurs, les services de santé universitaires
43:52 ne sont pas assez pourvus,
43:55 notamment en psychologue ou en professionnel de la psychiatrie.
44:00 Les files d'attente aujourd'hui, pour les jeunes,
44:03 que ce soit en ville, que ce soit à l'université,
44:06 dans les services universitaires, que ce soit à l'école,
44:08 les files d'attente pour accéder à des soins psychiques,
44:11 elles sont lunaires.
44:12 Lunaire, c'est six mois.
44:14 Dans certains endroits en France très défavorisés, c'est 18 mois.
44:18 Autant dire que ça n'a aucun sens.
44:20 Quand on a un problème de santé mentale sérieux,
44:24 même pas forcément sévère, mais déjà sérieux,
44:27 c'est tout de suite maintenant.
44:29 [Musique]
44:32 [Toc, toc, toc]
44:40 - Ça va, patron ? - Ça va bien, et vous ?
44:45 - Ça va, ça va.
44:46 On dit quoi ?
44:48 - On dit rien.
44:49 - Rien ?
44:51 OK.
44:53 Allez.
44:54 T'as pas encore rangé ?
44:57 Olala.
44:58 Et quoi ? T'as la flemme, c'est ça ?
45:00 - Non, je faisais une sieste.
45:01 - Ah.
45:02 Allez, à tout à l'heure.
45:04 [Toc, toc, toc]
45:14 C'est Micha Bicay pour le tour des 16 heures.
45:20 Ça va ?
45:21 - Oui.
45:22 - Qu'est-ce qu'on a fait aujourd'hui ?
45:24 - Pas beaucoup.
45:26 - Comment ça, pas grand-chose ?
45:28 - J'attends.
45:29 - T'as pas fait d'activité aujourd'hui ?
45:31 T'as pas été en activité ?
45:33 - Fin de journée.
45:34 - Fin de journée ?
45:35 - Oui.
45:36 - Mais 16 heures, hein ?
45:38 - Oui, mais je vais voir mon père d'abord.
45:40 - Ah, d'accord.
45:42 Papa d'abord et puis l'activité après.
45:44 - Oui.
45:45 - Hum.
45:47 Ça va.
45:49 C'est bon.
45:50 Allez, à tout à l'heure.
45:51 - Oui.
45:52 [Toc, toc, toc]
45:53 [Toc, toc, toc]
45:55 [Toc, toc, toc]
45:58 [Toc, toc, toc]
46:02 [Toc, toc, toc]
46:06 - On va rentrer, tiens.
46:08 Oh, oh.
46:21 Ça va, maman ?
46:22 Donc, la Mademoiselle, elle dort.
46:50 Il faut quand même vérifier qu'elle respire.
46:52 - Je m'appelle Oumy, j'ai 25 ans, je suis sénégalaise.
47:09 Je suis venue en France après mon bac en 2017.
47:12 Je suis partie à Tours où j'ai fait des études de droit.
47:15 Et là, je suis revenue sur Paris pour continuer mes études.
47:19 Ma première année à Tours a été un peu éprouvante
47:22 parce que je ne connaissais pas la ville.
47:24 C'était la première fois que j'ai commencé à vivre seule,
47:27 à aller faire mes courses toute seule, à payer mon loyer.
47:30 Et entre l'université et ma vie sociale,
47:33 j'étais très vite fatiguée.
47:35 Et il a fallu que je me retrouve aux urgences,
47:37 que le médecin me demande ce que je faisais dans la vie
47:40 et que je lui dise que je suis étudiante en droit,
47:43 que je lui dise clairement que je n'avais pas envie de me réveiller.
47:46 Que là, je me rends compte de ce qui est en train de devenir ma vie.
47:51 Je n'avais pas envie de me réveiller parce que c'était un peu compliqué
47:56 entre la fac, entre ma vie sociale.
47:59 J'avais l'impression d'être sur tous les fronts
48:02 et que je n'avais pas de résultat.
48:04 J'ai pris des médicaments et j'ai pris 20 kilos.
48:07 Et ça ne m'a pas aidée.
48:09 Parce que derrière, on perd confiance en soi,
48:14 on se trouve plus belle.
48:16 Mes habits ne m'allaient plus.
48:19 Tout le monde me disait que j'ai pris du poids
48:21 comme si je ne me voyais pas devant la glace chaque matin.
48:24 Si un Français doit être bien,
48:28 l'étudiant étranger doit être excellent pour s'en sortir.
48:31 Et on est constamment sous pression.
48:33 Donc il va falloir allier, il va falloir réussir ses études.
48:36 Parce que si on ne réussit pas, la préfecture ne va pas renouveler
48:39 son titre de séjour.
48:41 D'ailleurs, il faut avoir une vie sociale.
48:43 Il faut s'en sortir, il faut trouver un logement décent,
48:45 il faut manger à sa faim.
48:47 Il faut vivre tout simplement, comme j'ai l'habitude de dire.
48:49 Alors que vivre a un coût en France.
48:51 Vivre, ce n'est pas évident.
48:53 Parce qu'il y a vivre et vivre.
48:55 Il ne suffit pas de respirer pour dire qu'on vit.
48:57 Quand on est étudiant et qu'on ne va pas bien,
48:59 on n'est pas seul.
49:01 Ça, c'est un point important.
49:02 Alors on a certes dit qu'il y avait des difficultés,
49:05 qu'il y avait des listes d'attente.
49:06 Et pour autant, on s'organise,
49:08 les professionnels sont mobilisés.
49:10 Les étudiants ne sont pas seuls.
49:12 Il y a énormément d'initiatives qui ont été mises en place
49:14 en paire à paire.
49:15 Donc des étudiants et des étudiantes pour les étudiants et les étudiantes.
49:18 Et c'est vers ça que nous, on pense qu'il faut aussi
49:22 encourager ces initiatives-là,
49:24 aider les structures à se monter, à se professionnaliser,
49:26 à aller dans la bonne direction,
49:28 puisque l'État et l'université ne peuvent pas combler
49:31 tous les manques.
49:32 Ça coûte énormément d'argent,
49:33 mais les étudiantes et les étudiants ont envie
49:35 de se mobiliser, d'aider et de faire au mieux
49:38 leur quotidien et parfois nuit et jour
49:40 pour certaines activités.
49:41 Tu t'imaginais que ça se passerait comment ?
49:51 C'est quelque chose qui te dérange ?
49:55 Moi, je t'en prie,
50:02 n'hésite pas à rappeler si t'en as envie.
50:07 Je t'en prie, passe une bonne soirée.
50:09 Merci, au revoir.
50:12 Tu veux débriefer du coup ?
50:19 Yes.
50:20 Du coup, ça a duré deux heures,
50:23 donc le temps maximal.
50:25 Il y a eu plein de thématiques qui ont été abordées.
50:29 Il y a eu la dépression,
50:32 les relations familiales,
50:35 le reçu temps en coming out,
50:37 et le regard des gens par rapport à la dépression,
50:41 du coup, dans la thématique.
50:43 Et que la personne ne pouvait pas,
50:47 se sentait pas légitime de dire à ses proches
50:49 qu'elle avait une dépression.
50:51 Et du coup, j'ai appris qu'il y a des gens
50:54 qui sont pas encore...
50:55 qui ont toujours pas conscience
50:58 des enjeux de santé mentale
51:00 et que oui, ça existe et que non,
51:02 c'est pas des fous.
51:04 Ça m'a fait vachement de peine
51:06 parce que c'était une personne
51:07 qui avait une histoire assez lourde
51:09 de par la réaction de sa famille
51:12 face à son coming out et tout.
51:14 Donc c'était pas...
51:15 Enfin, ouais, j'étais un peu triste
51:17 pour cette personne.
51:18 Mais à la fin, la personne était contente
51:20 d'avoir pu parler,
51:21 donc c'était chouette.
51:22 Et elle m'a dit à la fin
51:24 qu'elle comptait recontacter Nightline
51:26 parce que ça l'avait vraiment aidée.
51:28 Donc ça fait plaisir.
51:29 Parfois, on a l'impression que les jeunes
51:32 ne veulent pas s'engager
51:34 ou ne font rien pour la société.
51:35 On entend beaucoup ce discours.
51:37 Nous, on voit plutôt l'inverse.
51:39 Une vraie volonté de prendre acte
51:41 que tout ne va pas bien,
51:43 mais on n'a pas envie d'être
51:45 la génération d'après.
51:46 Il y a vraiment un besoin
51:48 chez les étudiantes et étudiants
51:49 de se dire on est acteur et actrice
51:50 déjà, maintenant.
51:51 On se rend compte qu'il y a besoin d'agir
51:53 et on agit.
51:54 Les étudiants, de manière générale,
51:56 même s'ils sont réellement
51:58 en difficulté pour eux-mêmes
51:59 dans leur vie actuelle,
52:00 ne sont pas dans une vision décliniste
52:02 ni catastrophique du monde.
52:03 Ce sont des jeunes qui restent
52:05 très engagés dans un avenir
52:07 sur lequel ils ont le sentiment
52:09 d'avoir les moyens d'intervenir
52:11 du fait de leur formation,
52:12 du fait de leur alliance avec la science,
52:14 du fait de leur niveau d'ambition,
52:16 du fait de leur vitalité.
52:18 Et je pense que
52:20 cette vision décliniste
52:22 est assez loin.
52:23 C'est plus une vision de leurs parents
52:24 ou de leurs grands-parents, peut-être,
52:26 mais c'est assez loin
52:27 de leur préoccupation du moment.
52:28 Les jeunes sont vraiment
52:30 dans une envie d'agir
52:32 et ils agissent déjà.
52:33 On n'a plus l'idée de
52:35 "on fera plus tard",
52:37 mais vraiment,
52:38 on sait faire,
52:39 on a fait des choses.
52:40 Maintenant, il faut aussi nous laisser la place.
52:42 Ce besoin d'avoir une place
52:45 qui leur soit considérée
52:46 et qu'on ne leur dise pas
52:47 "vous ferez plus tard",
52:49 mais ils peuvent faire maintenant
52:51 et ils ont envie de faire maintenant.
52:54 Le monde est un jeu.
52:56 Le jeu est une expérience.
52:58 Le jeu est une expérience.
53:01 Le jeu est une expérience.
53:05 Le jeu est une expérience.
53:08 Le jeu est une expérience.
53:12 Le jeu est une expérience.
53:16 L'expérience est une expérience.
53:20 L'expérience est une expérience.
53:23 L'expérience est une expérience.
53:27 L'expérience est une expérience.
53:31 L'expérience est une expérience.
53:35 L'expérience est une expérience.
53:38 L'expérience est une expérience.
53:41 L'expérience est une expérience.
53:44 L'expérience est une expérience.
53:47 L'expérience est une expérience.
53:50 Merci à tous !

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