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00:00 À un moment donné, durant la course, il me reste peut-être encore un kilomètre à faire.
00:03 Je sais que je suis loin, mais je suis encore dans le temps.
00:06 Et je ne sais pas pourquoi je prends la décision de me mordre la main
00:11 en disant la douleur qu'il y a sur mes côtes, elle va passer sur ma main.
00:15 Sauf que je mords, je mords, mais avec le froid, je les lève gelées.
00:18 Je n'arrive pas à savoir si vraiment je touche ma peau.
00:21 Je continue à nager, je m'arrête deux minutes, j'ai mal, je continue à nager, je m'arrête.
00:25 Puis je décide de vraiment me la mordre.
00:28 Et quand je me la mord vraiment, je la reponche dans l'eau.
00:30 Je sens qu'avec le sel, ça pique.
00:31 Là, je me suis vraiment mordu la main et j'arrive à l'hôpital.
00:34 Qu'est-ce qui s'est passé ?
00:37 Je n'avais pas le temps de tout leur expliquer aux médecins norvégiens.
00:40 Mais du coup, j'ai une belle marque qui résume le Norseman
00:43 avec six, sept points de suture à la main que j'ai dû avoir en sortant de là.
00:55 On était, on est à la fin d'un projet qui a commencé depuis maintenant février 2020.
01:00 Ou comme je t'avais dit, j'avais décidé d'être le premier noir à participer au Norseman.
01:05 Donc une épreuve qui se passait en Norvège,
01:08 où j'ai eu la chance de pouvoir aller le 6 août.
01:11 Projet qui était porté sur le fait de pouvoir
01:17 réussir à participer à une course de folle.
01:20 Je souhaitais briser les stéréotypes qui posaient sur la communauté noire
01:24 en utilisant le levier comme triathlon.
01:26 J'ai eu la chance d'être bien encadré par mon équipe
01:30 canado-francophone qui m'ont suivi dans tout ce périple.
01:34 Et j'en ressors après deux mois.
01:37 Actuellement, où la course est passée.
01:39 Encore meurtri pour ne rien te cacher.
01:43 Le Norseman, en fait, est une course, c'est un triathlon.
01:48 Triathlon classique, donc 3,8 kilomètres de nage, 180 kilomètres de vélo.
01:54 Et 4,2 kilomètres de course à pied, 42 kilomètres de course à pied.
01:57 Pour avoir vu l'envers du décor terrible.
02:02 Malheureusement, je n'ai pas pu aller jusqu'au bout,
02:06 mais en me rendant sur les différents lieux, j'ai pu voir que c'était une vraie épreuve.
02:10 Donc, projet qui demandait beaucoup d'animation, de rigueur, de travail.
02:15 Je pense avoir mis le paquet là dessus, peut être pas assez
02:18 sur les différents détracteurs,
02:21 mais selon moi, j'ai fait le maximum que j'ai pu, sachant que
02:24 à côté de la partie sportive, il y avait une très grosse partie
02:28 entrepreneuriale et sociale que j'ai voulu aussi mettre en avant.
02:31 Alors, pour me rendre au Norseman, j'ai dû,
02:37 en termes d'entraînement sur les trois, quatre derniers mois,
02:41 ça a été d'une intensité telle folle que je voyais mon poids dégringoler
02:45 avec la surcharge d'entraînement.
02:47 J'arrivais à finir des semaines d'entraînement à plus de 22, 25 heures
02:51 d'entraînement, sachant que la grosse sortie vélo était le dimanche.
02:54 Donc, on partait pour 150 kilomètres, 6-7 heures.
02:57 Pour avoir joué au rugby, c'était une préparation complètement différente.
03:04 Là, je me vois lever à une heure et demie du matin, me préparer,
03:07 me rendre sur le site à trois heures et demie du matin,
03:11 enregistrer ton vélo à quatre heures du matin.
03:13 Puis, tu sens que ça part.
03:15 Et dès qu'on monte sur le bateau,
03:18 c'est là où j'ai les meilleurs souvenirs.
03:21 C'est à une heure 45 minutes là où j'ai les meilleurs souvenirs,
03:24 où j'ai vu vraiment des types en préparation.
03:27 J'étais impressionné de voir à quel point
03:30 ils se préparaient, le côté meticuleux qu'ils avaient dans leur approche et tout.
03:35 J'étais conscient que où j'étais, à ce moment-là,
03:40 il y avait ce qui se faisait pratiquement de meilleurs au monde aussi.
03:42 Comme je m'étais dit, il faut compter 5 à 10 minutes d'acclimatation
03:49 pour que mon corps se stabilise au niveau de la température.
03:51 Et à bras secoulés, je me dirige vers la ligne de départ.
03:56 Je prends deux coups violents dans les côtes,
03:59 qui me mettent extrêmement mal parce que je sens quelque chose.
04:04 De suite, j'ai le visage qui me pique.
04:06 Donc, je m'arrête sur un commissaire de course qui est en kayak.
04:10 Et là, je sens que ça ne va pas, mais je suis dans le truc.
04:16 Je me dis, j'y vais.
04:17 Je remets les lunettes et une vingtaine de secondes après,
04:21 coup de départ, coup de départ, un coup de sifflet du départ.
04:26 Je pars de la meilleure façon que je peux partir.
04:30 Et c'est fascinant, enfin fascinant.
04:32 Dans mon malheur, c'est que 400 mètres après, je me relève, je ne vois plus personne.
04:36 Je me dis, OK, là, il y a la vraie épreuve du Northman, le combat qui commence.
04:41 Et j'ai mal de partout, spécialement aux côtes.
04:45 Mais lâcher pour moi, c'était impossible.
04:47 Surtout que pendant la course, je vois le Zodiac qui fait des allers-retours.
04:52 Donc, je me dis, OK, il y en a qui sont en train d'abandonner.
04:54 T'arrêtes pas, lâches pas.
04:57 Et écoute, je prends le dernier virage.
05:00 Un des commissaires de course me dit, il reste 12 minutes.
05:03 Je vois le halaboué, je pense que je peux l'avoir.
05:06 J'y mets tout ce que je peux.
05:08 Finalement, je n'arrive pas dans les temps.
05:10 Et puis, de toute façon, le commissaire de course ne voulait pas que je reprenne
05:12 avec les différents... enfin, ce qu'il y avait, ce que j'avais.
05:15 Et puis, derrière tout ça, je suis parti à l'hôpital Olvik, directement derrière.
05:20 Ma température n'arrivait pas à baisser.
05:23 Pareil, on voulait savoir si ma cache thoracique était enfoncée aussi.
05:27 Donc, plusieurs batteries de test qui ont été faites à l'hôpital.
05:31 Une ou deux ponctions aussi au niveau des côtes.
05:34 Puis la 456, bien touchée.
05:36 Donc, plus rien à faire derrière.
05:39 Rester sur place et malheureusement, avec le sentiment inachevé, si je peux dire.
05:44 Je suis arrivé à toute cette pression que j'avais endurée durant les six derniers mois.
05:53 Elle s'est complètement relâchée aussi, avec tous les efforts.
05:56 Et c'est ça, des fois, malheureusement, on ne perçoit pas ça de l'extérieur.
06:01 J'ai reçu quelques commentaires néfastes là-dessus.
06:06 Je n'irai pas plus loin, mais ça m'a surpris de voir un petit peu la réaction des gens.
06:09 Je sais qu'il y en a beaucoup qui ne pèsent pas.
06:11 Qu'est-ce que ça représente ce type de projet ?
06:13 Je ne t'ai pas dit de course, mais de projet.
06:15 En tout cas, s'il y en a un qui est décidé à prendre le relais et le faire, je l'encourage.
06:21 Je l'encourage et je serai son premier supporter à faire de même.
06:24 Donc, c'est plus ce côté-là qui était un petit peu dur en termes de perception.
06:30 Même venant de mon entourage proche.
06:34 Des amis avec lesquels j'ai pu jouer au rugby ou des personnes qui comptaient pour moi.
06:38 La perception qu'ils ont eue à l'issue du projet, elle a pu pour certains m'affecter.
06:43 Ma réussite, je l'ai gagnée avec le nombre de retours positifs que j'ai eus.
06:47 Des personnes qui ont commencé le vélo, des personnes qui ont acheté des home trainers,
06:51 des personnes qui se sont lancées dans le triathlon,
06:53 des personnes qui ont gagné un peu avec mon caractère et mon mindset.
06:56 C'est plus ça, ma richesse vraiment derrière, que d'avoir eu la chance de participer au Norseman.
07:02 Même si c'est une aventure incroyable, pour moi, c'est une autre aventure à tous.
07:05 Donc oui, c'était moi la personne qui y suis allé,
07:08 mais dans mon expectative, c'est notre Norseman.
07:11 J'ai décidé de parcourir ou du moins de grimper les plus grands cols du monde,
07:20 pas les plus longs, les plus pour santé.
07:23 Je souhaite démocratiser ma marque.
07:25 Alors, on est en train de lancer à grande échelle
07:28 les jours de son développement.
07:32 Je ne peux pas tout te dire, mais ça va être big.
07:37 Ça va être big, du moins, je l'espère.
07:39 Bien sûr que oui, j'ai très peur.
07:42 Je n'ai jamais parcouru 4 kilomètres en âge.
07:47 Je n'ai jamais fait 180 kilomètres de vélo.
07:49 Et je n'ai jamais, jamais couru 42 kilomètres.
07:53 Donc, en fait, si ça passe, ça s'appelle de la performance.
08:01 Il faut y aller.
08:02 Donc, on y va.
08:04 On y va.
08:05 On y va.
08:06 5 minutes.
08:07 Super.
08:08 Merci.
08:09 Merci.
08:10 Merci.
08:12 Merci.
08:13 [Musique]