Henry s'exprime sur Beka Beka et la santé mentale des joueurs

  • l’année dernière
Interrogé sur la santé mentale des joueurs et plus précisément sur l’accompagnement des jeunes suite à la menace du joueur de Nice, appelé plusieurs fois avec les Espoirs, Alexis Beka Beka, de mettre fin à ses jours, Thierry Henry s’est longuement exprimé sur la situation. Le sélectionneur des Bleuets a également évoqué le cas des athlètes qui arrêtent leur carrière.

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Transcription
00:00 Vous vous êtes exprimé récemment sur la santé mentale des footballeurs de haut niveau.
00:04 Quand on voit ce qui s'est passé à Nice pour BKBK, un jeune international français qui a participé aux Jeux Olympiques, aux derniers Jeux Olympiques,
00:11 est-ce qu'on a de quoi être inquiet maintenant par rapport à l'évolution des jeunes justement, de les accompagner, de les aider,
00:18 quand on se retrouve face à une situation comme celle-là où on a tenté de se suicider ?
00:23 J'aime beaucoup cette question parce que c'est quelque chose qui est vraiment quand même important.
00:29 Alors on parle de jeunes, bien sûr, mais je pense qu'on est tous là dans la salle, on a tous nos problèmes.
00:35 On est là, vous faites votre travail, je fais mon travail, tout le monde pense que ça va, peu importe le niveau de société.
00:41 On a tous des problèmes, des problèmes que tu as des fois du mal à digérer, que des fois tu caches,
00:48 que tu montres un peu de sûreté alors que c'est pas vraiment le cas, t'es pas vraiment sûr.
00:54 De temps en temps, comme je dis bien souvent, le cerveau a un pouvoir énorme sur l'être humain, c'est quand même ce qui nous contrôle.
01:02 Donc c'est pas évident. Bien sûr, on parle de jeunes, mais à tous les niveaux, que ce soit dans le sport ou dans la vie.
01:10 C'est vrai que maintenant, c'est plus trop tabou de dire que j'ai peur. C'est plus trop tabou de dire qu'en fait, là, je suis pas bien,
01:17 je pense que je devrais pas jouer parce que mentalement, je suis pas bien, il faudrait que j'ai une petite pause pour pouvoir…
01:22 C'est vrai qu'avant, à notre époque, si tu dis à quelqu'un "j'ai peur", ça passe pas très bien, le message passe pas très bien.
01:29 Et puis comment aussi s'est véhiculé ? À un moment donné, si tu montres aussi de la vulnérabilité,
01:35 si en face de toi, on te montre pas d'empathie, tu te renfermes, tu n'en parles pas, tu sais pas où aller, t'as honte.
01:43 Or que c'est pas une honte, mais le premier réflexe que tu as, c'est que t'as honte, c'est comme quand tu pleures.
01:48 Je dis bien souvent, le premier truc qu'on te dit, c'est "excusez-moi". C'est une émotion, pourquoi tu t'excuses si tu pleures ?
01:53 Tu vas te cacher ou soit tu t'excuses ou soit t'as honte. Or que c'est pas du tout honteux, mais c'est vrai que maintenant,
02:01 on est arrivé quand même dans une situation où ça devrait être quand même mieux géré.
02:06 Que ce soit pour les jeunes ou l'athlète de haut niveau qui arrête sa carrière. Je parle de l'athlète, là, maintenant,
02:12 c'est pour ça que j'ai parlé un peu de tout le monde, parce qu'il n'y a pas que le foot et les sportifs dans la vie.
02:19 Il y a beaucoup de personnes qui souffrent de ça, quel que soit le niveau. Mais c'est vrai que, par exemple, pour revenir,
02:27 je ne vais pas parler des jeunes, mais pour revenir sur les anciens, quand tu arrêtes ta carrière, le compétiteur, il meurt.
02:33 C'est une petite mort. Et on ne t'apprend pas à mourir. Donc ce n'est pas toujours facile à véhiculer.
02:38 Il y en a qui partent dans certaines choses. Je ne vais pas les énumérer. Enfin bref, peu importe.
02:44 Tu peux t'évader. Et ce n'est pas toujours évident. Donc oui, avoir cet accompagnement assez tôt.
02:51 Mais quand tu formes quelqu'un pour devenir, entre guillemets, un tueur, un joueur de haut niveau, tu ne lui apprends pas à l'échec.
03:04 Et quand tu fais face à l'échec et quand tu n'étais pas loin du Graal, c'est encore plus difficile de l'accepter.
03:13 Je ne dis pas que c'est facile pour tout le monde. Attention. Mais oui, c'est quelque chose d'important.
03:18 Ça m'a touché. Ça touche tout le monde. Parce qu'à un moment donné, je pense que quand on a vu ces images sur le pont,
03:24 on s'est tous penchés sur nos problèmes. Ça m'a fait réfléchir sur moi aussi. Quels sont mes problèmes à l'heure actuelle ?
03:32 J'en ai, comme tout le monde. On les cache. On les masque. Alors on essaie de faire des choses de temps en temps pour ne pas y penser.
03:39 Mais de temps en temps, il y a des personnes qui arrivent à bout, qui n'arrivent pas loin. Heureusement, ça ne s'est pas produit.
03:46 Mais c'est dommage quelque part qu'on arrive à ça des fois pour réaliser. Maintenant, il faut qu'il y ait des ouvertures, des portes,
03:55 des compréhensions pour que les gens puissent s'exprimer sans avoir peur, honte. Je pourrais en parler vraiment toute la journée.
04:03 C'était difficile à voir. Mais il y a beaucoup de personnes qui souffrent de ça. Je n'ai pas toutes les réponses.
04:14 Mais c'est vrai qu'on vit dans un monde où c'est "beaucoup plus facile" de s'exprimer parce que c'est un peu plus accepté.
04:25 Maintenant, est-ce qu'il y a beaucoup d'empathie et de compassion des fois ? Pas toujours. Et ça, ça peut toujours aider à quelqu'un à être beaucoup plus vulnérable.
04:34 Merci.

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