Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00 France Bleu, Saint-Etienne, Loire, Restons Connectés.
00:04 Nous sommes le mardi 10 octobre, il est 7h45, faut-il donner plus de moyens aux prisons ?
00:10 On vous pose la question et on vous écoute ce matin au 04 77 10 0 0 10 sur ce thème
00:15 qui englobe plusieurs problématiques.
00:18 Effectivement, celle des conditions de vie des détenus, mais aussi le recrutement des personnels,
00:22 notamment des surveillants, sans oublier la sécurité dans et autour des prisons,
00:26 avec notamment des livraisons en série de colis aux détenus ces derniers mois, notamment par drone.
00:31 Bonjour Thierry Machart, vous êtes représentant UFA Punsa Justice à la maison d'arrêt de la Talaudière.
00:37 Des drones au-dessus de la maison d'arrêt, vous en avez au quotidien ?
00:40 Au quotidien, c'est même plus que du quotidien, on est sur une moyenne de 2, 3, 4 drones à peu près par jour,
00:48 entre jour et nuit, suivant les périodes,
00:52 parce qu'ils sont aussi assujettis à certaines périodes plus propices,
00:56 quand on est moins présent, donc du coup c'est la nuit, surtout la nuit.
01:00 L'administration pénitentiaire recense un peu plus d'une vingtaine de survols à la Talaudière entre mars et septembre,
01:07 c'est en dessous de la réalité ?
01:09 C'est en dessous de la réalité dans le sens où il est assez compliqué parfois de les apercevoir,
01:15 car ils sont très hauts, les livraisons ne sont pas bêtes, ils s'adaptent,
01:20 donc du coup ça se fait de très haut, par des fils, où ils suspendent le colis.
01:25 Donc si l'agent n'est pas vraiment pile en train de regarder la fenêtre où le colis arrive,
01:31 il peut se passer que ça se passe à côté et qu'on entende le drone qu'après.
01:36 Les détenus se font livrer quoi Thierry Machard, par ce nouveau moyen de livraison ?
01:41 C'est là en fait le gros problème de sécurité qu'on a, c'est qu'on n'a pas d'idée réelle de ce qui arrive.
01:48 On trouve des colis qui ont été soit loupés, soit abandonnés,
01:53 donc on arrive à avoir une petite idée, en majorité c'est ce qui est interdit en prison,
01:59 la drogue, de l'alcool, des nourritures extérieures.
02:03 Après il y avait la possibilité que ce soit des couteaux, des armes, de l'explosif,
02:09 en fait on ne sait rien, on ne sait pas puisque c'est rentré dans la cellule,
02:13 malheureusement on n'a pas la certitude de dire qu'il n'y a rien de dangereux.
02:18 Ça représente donc un risque supplémentaire clairement pour les agents, pour les détenus entre eux ?
02:24 C'est une réalité, il n'y a pas d'ambiguïté, le trafic ce n'est pas quelque chose qui se règle en amical,
02:32 donc forcément s'il y a des problèmes, effectivement ça...
02:37 Et nous comme on est là pour empêcher les trafics, forcément c'est aussi dangereux pour nous,
02:42 et puis on peut clairement dire que ce qui arrive par les drones,
02:47 c'est dangereux pour nous en priorité, et pour eux parce que ça peut aider à régler des problèmes de trafic.
02:55 Est-ce que ça change votre quotidien de surveillant à la maison d'arrêt de l'atelier de d'hier ?
03:00 Est-ce qu'il faut redoubler de vigilance ?
03:03 Forcément ça rajoute une attention à ce qui se passe aussi dans les airs ?
03:09 Ça nous oblige à déjà être attentif à ce qui se passe dans la cour,
03:13 à ce qui se passe aux fenêtres, à ce qui se passe maintenant dans le ciel.
03:16 On doit être aussi attentif quand on ouvre la porte,
03:19 à savoir si la personne n'a pas eu une livraison dans la nuit.
03:24 Donc oui, effectivement, le travail devient de plus en plus insécurisant.
03:31 De quels moyens vous disposez à la maison d'arrêt de l'atelier de d'hier, Thierry Machart, pour lutter contre ce phénomène ?
03:37 Très peu de moyens humains, on manque énormément de personnel.
03:41 On a très peu de moyens coercitifs, il n'y a pas de brouilleur, il n'y a rien du tout.
03:47 Et j'ai envie de dire, les moyens qu'on a sont quasi inexistants pour lutter contre les drones, on ne va pas se mentir.
03:56 C'est du quasi inexistant, voire inexistant.
03:59 De manière générale, à la maison d'arrêt de l'atelier de d'hier, Thierry Machart,
04:02 il y a des travaux qui ont été entrepris, des travaux de rénovation d'urgence.
04:06 Est-ce que vous sentez une évolution, un changement dans le quotidien à la maison d'arrêt ?
04:11 On a eu les douches qui ont été mises en place au niveau du bâtiment B.
04:17 Effectivement, pour le surveillant, c'est un peu plus facile à gérer, on va dire.
04:23 C'est un peu plus simple, même si la surpopulation, elle, n'a pas été diminuée.
04:28 On a toujours des risques d'agression à chaque ouverture de porte.
04:32 Et qu'on ne sait pas ce qu'il y a à l'intérieur.
04:36 On est en moyenne entre 400 et 420 détenus par jour.
04:41 Pour combien de places ?
04:42 269.
04:43 Sur la surpopulation, justement, on sent bien qu'il y a aussi un frein,
04:48 aujourd'hui, même au niveau des juridictions de la justice,
04:52 pour prononcer des peines parce que les prisons sont pleines.
04:56 Est-ce que vous voyez, dans les annonces du gouvernement, dans le budget de la justice,
05:00 une issue quand même à ça, Thierry Machart ?
05:03 Une issue, non. De toute façon, tant qu'on n'aura pas une réelle politique...
05:07 Il y a un budget supplémentaire qui a quand même été annoncé pour les prisons.
05:11 Il y a un budget qui a été annoncé supplémentaire, on ne voit pas bien où.
05:16 Le ministère de la Justice a touché exactement la même somme que l'an passé.
05:21 Enfin, un budget qui va être équivalent avec l'inflation qu'on a eue.
05:27 Je pense qu'on a plus eue moins que plus, en fait.
05:31 Il n'y a pas de solution aujourd'hui, de votre point de vue, de surveillants pénitentiaires
05:35 et de représentants syndicals à la maison de la Talaudière ?
05:38 Des solutions pour améliorer la qualité d'incarcération et la qualité de travail des détenus.
05:46 Là, aujourd'hui, non, on n'y sera pas.
05:48 On va construire peut-être trois prisons, mais on est sur...
05:52 Nous, à l'effectif à la Talaudière, on est à 150% d'occupation.
05:57 On va dire qu'en moyenne, les maisons d'arrêt sont occupées à plus de 130%.
06:02 Donc, ce n'est pas trois prisons qu'il faudrait, c'est 30 prisons.
06:05 Donc, non, on n'y sera pas.
06:07 Merci beaucoup Thierry Machart, représentant UFAP, une salle justice à la maison d'arrêt de la Talaudière.
06:12 Et un dossier que vous pouvez retrouver sur francebleu.fr