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Malgré le réchauffement climatique et les deux épisodes caniculaires de l'été dans les Pyrénées-Orientales, 1.400 hectares ont brûlé depuis le début de l'année, au lieu de 1.500 l'an dernier à la même période. Les pompiers soulignent l'efficacité des "mesures préventives".

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Transcription
00:00 En attendant, il est 7h46 sur la première radio du pays catalan.
00:03 Quel bilan pour cet été pour nos pompiers catalans ?
00:07 Comment anticiper les risques d'incendie à venir dans un contexte climatique aussi toujours plus pressant ?
00:11 On en parle tout de suite avec votre invitée, Suzanne Chojaille,
00:14 c'est le patron des pompiers catalans.
00:16 Bonjour Eric Belgiojno, vous êtes le directeur des pompiers des Pyrénées-Orientales.
00:20 Alors on va bien sûr détailler le plan de prévention des risques pour les prochaines années
00:25 qui a été signé par le département il y a quelques jours.
00:27 Mais revenons donc un peu en arrière, on va faire le bilan de l'été.
00:30 Il y a bien sûr eu le feu de Saint-André, d'une extrême violence comme vous le disiez à l'époque.
00:35 Comment les pompiers du département ont vécu cet été ? Est-ce que ça a été particulièrement dur ?
00:41 Oui, effectivement, nous avons eu un été particulièrement difficile avec des conditions climatiques,
00:48 je dirais pas extrêmes, mais du moins avec des températures très très très importantes,
00:53 avec deux phénomènes de canicule, un phénomène au mois de juillet et un phénomène au mois d'août.
00:57 Un feu exceptionnel aussi à Saint-André ?
01:00 Un feu exceptionnel, également à Saint-André le 14 août, avec des conditions très difficiles en termes de lutte.
01:08 Un feu qui était extrêmement tourbillonnant, de nombreux enjeux sur la zone incendiée,
01:14 avec plus de 400 bâtis à défendre, de nombreux campings.
01:17 Est-ce qu'en nombre d'hectares, les incendies cet été, ça a été pire que les années précédentes ?
01:21 Alors non, en nombre d'hectares, on a fait légèrement moins de surface parcourue,
01:26 notamment si on prend du 1er janvier au 30 septembre, on est à peu près à 1400 hectares contre 1500 l'année dernière.
01:32 Par contre, si on prend la période du 1er juin au 30 septembre,
01:37 nous avons fait la surface parcourue de 480 hectares, donc je dirais que la réponse curative a été meilleure que l'an passé.
01:46 Vous avez eu des renforts en bon moment ?
01:48 On a eu des renforts dès qu'on les a demandé, que ce soit des moyens terrestres extra-départementaux,
01:54 et également des moyens aériens, que ce soit des hélicoptères ou des avions bombardiers d'eau.
01:59 Il y a eu quand même deux incendies assez précoces dans l'année, au mois de février c'était à Torreil,
02:05 en avril c'était l'incendie de Cerbère, 1000 hectares détruits.
02:09 Est-ce que ça, c'est pas inquiétant pour les prochaines années ?
02:11 Le changement climatique et ses conséquences sont vraiment inquiétants pour nous les sapeurs-pompiers.
02:18 C'est pour cette raison que nous développons des mesures préventives de plus en plus tôt.
02:25 Ça consiste d'abord en l'éducation de la population à travers des campagnes de communication, grâce à vous d'ailleurs,
02:33 qui nous permettait de passer les messages de bon comportement, lorsqu'il y a des risques importants.
02:39 Alors que ce soit débroussailler, ou typiquement ne pas jeter ses mégots dans la forêt.
02:46 Également, nous avons anticipé la campagne Feu de forêt,
02:51 c'est-à-dire que nous l'avons débutée dès le 1er juin cette année, avec l'allocation d'un hélicoptère bombardier d'eau.
02:56 La mise en place dans les massifs de dispositifs préventifs terrestres,
03:00 avec des sapeurs-pompiers disséminés partout dans le département,
03:03 pour pouvoir pratiquer la stratégie nationale qui consiste à attaquer les feux naissants en moins de 10 minutes.
03:09 Et ça, ce sera aussi le cas dès l'an prochain ?
03:11 Alors ça a toujours été le cas, la stratégie nationale est appliquée depuis au moins 20 ou 30 ans.
03:16 Et donc dès l'année prochaine, nous appliquerons exactement la même stratégie.
03:20 Alors il faut savoir que, là on parle des incendies, mais la plupart du temps les pompiers interviennent pour des secours à la personne,
03:25 ça représente même les trois quarts des interventions, des personnes âgées qui tombent, des accidents de la route, des noyades.
03:33 Est-ce que vous avez encore les moyens de répondre à toutes ces demandes ?
03:36 Alors nous avons non seulement les moyens, mais également nous nous renforçons en effectif.
03:42 Nous avons recruté depuis février 2022, près de 400 sapeurs-pompiers volontaires supplémentaires,
03:49 ce qui est quand même quelque chose de non négligeable.
03:52 Et avec un gros effort que nous faisons, que nous réalisons dans les zones rurales,
03:58 qui nécessitent un engagement volontaire de plus en plus important.
04:02 Mais avec l'augmentation de la population, le vieillissement aussi de la population, ces interventions elles augmentent.
04:07 Il y en a de plus en plus.
04:08 Alors les interventions ont augmenté de 24% en 10 ans, donc on a une activité opérationnelle croissante,
04:15 pratiquement le double par rapport aux statistiques nationales des départements catégorisés comme le nôtre.
04:24 Pour faire face à cela, comme je le disais, nous recrutons de plus en plus de sapeurs-pompiers volontaires,
04:31 et nous avons également un plan de recrutement de sapeurs-pompiers professionnels à venir sur les 8 prochaines années.
04:39 Une centaine de pompiers en plus notamment ?
04:41 100 sapeurs-pompiers, effectivement dans le cadre du SDACR.
04:44 France Bleu Roussillon, l'invité du 6/9.
04:47 Il est 8h10 sur France Bleu Roussillon, notre invité Suzanne Chaudjahi, le colonel Eric Belgiojino,
04:52 le directeur des pompiers des Pyrénées-Orientales.
04:54 Vous avez dit à l'instant, le SDACR c'est justement le plan de prévention des risques que les départements ont signé il y a quelques jours.
05:00 C'est pour les 5 prochaines années.
05:02 Ce plan prévoit d'embaucher une centaine de pompiers supplémentaires.
05:05 Est-ce que c'est justement à la hauteur de vos besoins ?
05:08 Est-ce qu'on n'aurait pas besoin de beaucoup plus de pompiers entre les incendies, le réchauffement climatique
05:12 et la population qui augmente avec tous ces secours à la personne ?
05:15 Alors le SDACR, qu'est-ce que c'est déjà d'abord ?
05:18 C'est le schéma départemental d'analyse et de couverture des risques.
05:21 Il a consisté sur 12 mois à analyser l'ensemble des risques naturels et technologiques sur le département
05:30 et à proposer l'amélioration de la réponse opérationnelle d'USDIS, des sapeurs-pompiers pour la population.
05:39 A l'issue de cette analyse, 3 orientations stratégiques ont été déterminées.
05:45 La première qui consiste à équilibrer la ressource humaine, la sapeur-pompier, au sein d'USDIS
05:52 et faire en sorte qu'elle soit totalement impliquée.
05:55 La deuxième consiste à améliorer la réponse opérationnelle, que ce soit dans le cadre du risque courant ou des risques complexes.
06:03 Les risques complexes sont les risques technologiques essentiellement.
06:06 Et puis la troisième orientation stratégique consiste à construire, créer une politique publique territoriale de protection civile.
06:14 Dans le premier cas, l'équilibrage entre les sapeurs-pompiers volontaires et les sapeurs-pompiers professionnels.
06:19 Effectivement, comme je le disais tout à l'heure, nous avons fait un gros effort de recrutement de sapeurs-pompiers volontaires, plus de 400 sapeurs-pompiers volontaires.
06:26 Et un plan de recrutement de 100 sapeurs-pompiers professionnels sur 8 ans a été acté par le Conseil départemental.
06:35 Et je trouve que c'est une décision historique, politique forte pour notre USDIS.
06:42 - Historique vous dites, mais avec toutes les interventions qui augmentent et vous avez l'obligation de mieux gérer vos effectifs,
06:52 est-ce qu'il est possible que si demain, par exemple, une personne âgée vous appelle parce qu'elle est tombée,
06:58 est-ce que c'est possible que vous refusiez d'intervenir parce que ce n'est pas urgent ?
07:01 - Alors non, une personne âgée qui nous appelle parce qu'elle est tombée, on ira systématiquement, c'est un relevage.
07:08 - Parce que la loi vous autorise à refuser certaines interventions qui ne sont pas urgentes ?
07:12 - Aujourd'hui, la loi Matras de 2021, avec ses décrets d'application, nous autorise, dans certaines conditions, à refuser des départs en intervention.
07:22 Et ces départs en intervention sont des carences. Qu'est-ce que c'est qu'une carence ?
07:26 Une carence, c'est lorsque, dans le cadre d'une intervention non-urgente, donc non-vitale,
07:32 le médecin régulateur doit faire appel à un transporteur sanitaire privé, donc une entreprise, pour envoyer une ambulance blanche,
07:41 et que cette entreprise n'est pas en mesure de répondre à la carence,
07:45 alors le service public d'urgence que nous sommes est engagé en carence d'un transporteur sanitaire privé.
07:53 Effectivement, la loi aujourd'hui nous permet de refuser une carence si et seulement si nous avons une activité opérationnelle exceptionnelle,
08:01 vous évoquiez tout à l'heure le feu de Saint-André, typiquement,
08:05 toutes les carences que nous avons eues lorsque nous étions à la lutte lors du feu de Saint-André,
08:10 nous avons systématiquement de fait toutes refusées.
08:13 - Mais à un autre moment de l'année, est-ce que c'est envisageable ?
08:15 - Ça sera envisageable à partir du moment où nous aurons créé cette procédure entre le SAMU et le SDIS,
08:23 et encadré, dans le cadre d'une convention avec les transporteurs sanitaires privés, ce cas de figure.
08:28 - Il est question aussi de créer une nouvelle caserne dans les Aspres, on parle de Villemolac,
08:32 est-ce que c'est sûr et certain que ce sera Villemolac ?
08:34 - Alors absolument pas sûr et certain, oui, nous souhaitons augmenter et améliorer le maillage territorial,
08:42 tout d'abord le Zdac est assez clair là-dessus, il n'y aura aucune caserne qui sera fermée,
08:48 donc 41 casernes qui sont existantes seront conservées,
08:52 et dans le périmètre situé entre Villemolac, vous avez dit Trouillas, Bages et Pauillestres,
09:01 donc le Bassabol, dans cette zone-là,
09:03 une 42e caserne devrait être implantée dans les 5 ans à venir, nous avons 5 ans pour étudier la localisation,
09:11 et également trouver les sapeurs-pompiers volontaires qui vont regagner ce centre de secours.
09:17 - Parce qu'il faut que tous les habitants soient à moins de 15 minutes d'une caserne de pompiers,
09:21 c'est le cas d'ailleurs de 95% des habitants des P.O.
09:25 - 95% effectivement de la population est située à moins de 15 minutes d'un centre de secours,
09:30 et avec cette 42e caserne, nous devrions avoisiner les 98%.
09:35 - Merci beaucoup Eric Belgiojno, vous êtes le directeur des pompiers des Pyrénées-Orientales,
09:39 bonne journée à vous ! - Merci, bonne journée à vous également !

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