- Grand témoin : Jean Birnbaum, rédacteur en chef du « Monde des livres » et auteur de « Seuls les enfants changent le monde » (Seuil)
LE GRAND DÉBAT / Guerre Israël-Hamas : la communauté internationale impuissante ?
« Le chrono de Blako » par Stéphane Blakowski
La cruauté dont a fait preuve le Hamas lors de son invasion massive d'Israël, le 7 octobre, a choqué la communauté internationale. Nombreux sont les états qui condamnent ces agissements et affichent un soutien total à la population israélienne ; les Etats-Unis sont prêts à aider militairement le pays meurtri. Toutefois, le Hamas est appuyé par des pays soutenant depuis de nombreuses années la cause palestinienne à l'instar de l'Algérie, de la Tunisie, et de son principal allié : l'Iran. Au milieu de cela, la Russie, la Turquie et les pays du golfe jouent à un jeu d'équilibriste pour sauver leurs intérêts sans provoquer un élargissement du conflit. À l'aube d'une réponse armée violente de l'armée israélienne, une nouvelle polarisation du monde est-elle en marche ?
Invités :
- Nathalie Loiseau, eurodéputée « Renew »
- Marc Semo, journaliste spécialiste des questions internationales, collaborateur du Monde et de Challenges
- David Rigoulet-Roze, chercheur à l'IRIS
- Simone Rodan-Benzaquen, directrice de l'American Jewish Committee Europe
LE GRAND ENTRETIEN / Jean Birnbaum : « faites des gosses ! »
Devenir parent bouleverse une vie. Ce petit être change tout ; il oriente même la conception politique des choses. Le héros du livre de Jean Birnbaum est donc le bébé. Il base son écrit sur son expérience personnelle de père mais aussi sur des ouvrages d'auteurs. Il répond au mouvement « No Kids » qui regroupe les individus ne désirant pas d'enfants pour des raisons intimes, sociales ou encore écologiques. Désormais, ce sont les gens qui procréent qui vont devoir rendre des comptes. L'auteur se demande alors : "À quoi sert de sauver un monde sans enfants ?"
- Grand témoin : Jean Birnbaum, rédacteur en chef du « Monde des livres » et auteur de « Seuls les enfants changent le monde » (Seuil)
BOURBON EXPRESS : : Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP
LES AFFRANCHIS
- Yaël Goosz, éditorialiste et chef du service politique à France Inter
- Richard Werly, correspondant France/Europe à « Blick »
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.
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LE GRAND DÉBAT / Guerre Israël-Hamas : la communauté internationale impuissante ?
« Le chrono de Blako » par Stéphane Blakowski
La cruauté dont a fait preuve le Hamas lors de son invasion massive d'Israël, le 7 octobre, a choqué la communauté internationale. Nombreux sont les états qui condamnent ces agissements et affichent un soutien total à la population israélienne ; les Etats-Unis sont prêts à aider militairement le pays meurtri. Toutefois, le Hamas est appuyé par des pays soutenant depuis de nombreuses années la cause palestinienne à l'instar de l'Algérie, de la Tunisie, et de son principal allié : l'Iran. Au milieu de cela, la Russie, la Turquie et les pays du golfe jouent à un jeu d'équilibriste pour sauver leurs intérêts sans provoquer un élargissement du conflit. À l'aube d'une réponse armée violente de l'armée israélienne, une nouvelle polarisation du monde est-elle en marche ?
Invités :
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- Marc Semo, journaliste spécialiste des questions internationales, collaborateur du Monde et de Challenges
- David Rigoulet-Roze, chercheur à l'IRIS
- Simone Rodan-Benzaquen, directrice de l'American Jewish Committee Europe
LE GRAND ENTRETIEN / Jean Birnbaum : « faites des gosses ! »
Devenir parent bouleverse une vie. Ce petit être change tout ; il oriente même la conception politique des choses. Le héros du livre de Jean Birnbaum est donc le bébé. Il base son écrit sur son expérience personnelle de père mais aussi sur des ouvrages d'auteurs. Il répond au mouvement « No Kids » qui regroupe les individus ne désirant pas d'enfants pour des raisons intimes, sociales ou encore écologiques. Désormais, ce sont les gens qui procréent qui vont devoir rendre des comptes. L'auteur se demande alors : "À quoi sert de sauver un monde sans enfants ?"
- Grand témoin : Jean Birnbaum, rédacteur en chef du « Monde des livres » et auteur de « Seuls les enfants changent le monde » (Seuil)
BOURBON EXPRESS : : Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP
LES AFFRANCHIS
- Yaël Goosz, éditorialiste et chef du service politique à France Inter
- Richard Werly, correspondant France/Europe à « Blick »
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NewsTranscription
00:00 (Générique)
00:05 Bonsoir et bienvenue, ravi de vous retrouver au Sommaire de Savourgarde.
00:10 Ce soir, une aude à la parentalité.
00:12 Bonsoir Jean-Biert Baum.
00:13 Bonsoir, bienvenue.
00:14 Merci d'être notre grand témoin.
00:15 Vous êtes journaliste et séliste.
00:16 "Seuls les enfants changent le monde".
00:19 C'est votre dernier livre au Seuil.
00:20 C'est une réflexion à la fois intime, philosophique et politique
00:24 sur la question de l'enfant, sur les enfants et pas seulement sur la naissance.
00:28 Même si le monde est à l'agonie, le discours du "No kids"
00:33 très peu pour vous, face à la puissance subversive du bébé,
00:38 ça demande une explication.
00:39 On en parlera tous les deux dans la deuxième partie.
00:42 Notre grand débat ce soir, que peut faire la communauté internationale
00:46 dans la guerre entre le Hamas et Israël ?
00:49 La diplomatie semble totalement impuissante
00:52 après l'horreur absolue des massacres dans l'État hébreu.
00:55 Israël s'apprête à utiliser toute sa puissance pour détruire le Hamas.
00:59 Le bain de sang à Gaza est-il le prix à payer ?
01:02 Nous en débattrons.
01:03 Enfin, nos affranchis ce soir.
01:05 Yael Ghos pour son parti Prix politique,
01:07 le regard européen de Richard Verli et puis Bourbon Express,
01:10 l'histoire du jour à l'Assemblée, signée Elsa Mondin Gava.
01:13 Voilà pour le menu.
01:14 On y va Jean-Bienveau ?
01:15 Ça va au garde, c'est parti.
01:18 Musique de générique
01:21 -1200 morts côté israélien, 1055 côté palestinien.
01:33 Bilan provisoire ce soir.
01:35 La spirale de la violence est enclenchée.
01:37 On croyait le Hamas affaibli depuis la contre-offensive.
01:40 Le mouvement islamiste a poursuivi ses tirs de roquettes
01:43 dans le sud d'Israël aujourd'hui.
01:45 Une opération terrestre à Gaza
01:47 ne semble qu'une question de jour maintenant.
01:49 Et dans cet affrontement qui s'installe dans la durée,
01:52 la communauté internationale a-t-elle encore son mot à dire ?
01:56 C'est la question qu'on va se poser ce soir.
01:58 Nathalie Loiseau, bonsoir.
01:59 -Bonsoir.
02:00 -Merci d'être là.
02:01 Vous êtes députée européenne Renew.
02:03 C'est le groupe macroniste au Parlement européen de Bruxelles
02:05 et ancienne ministre chargée des Affaires européennes.
02:08 Bonsoir. Simone Rodan-Benzaken.
02:10 Ravie de vous accueillir.
02:11 Vous êtes la directrice de l'American Jewish Committee Europe.
02:14 Bonsoir. Marc Semo.
02:16 Bienvenue.
02:17 Vous êtes journaliste au Monde et à "Challenge".
02:20 Vous êtes un ancien correspondant en Turquie
02:22 et vous connaissez bien le Proche-Orient
02:24 et même le Moyen-Orient.
02:26 Bonsoir. David Rigolet-Rose.
02:28 Bienvenue à vous.
02:29 Vous êtes chercheur à l'IRIS,
02:30 spécialiste également du Moyen-Orient.
02:32 Jean de Birnbaum, comme citoyen,
02:35 n'hésitez pas à réagir,
02:37 à nous faire part de votre émotion
02:39 ou même à interroger nos invités.
02:41 On va commencer avec la situation de ces dernières 24 heures.
02:43 La riposte terrestre israélienne à Gaza se prépare.
02:47 On voit cela avec Stéphane Blakowski dans son chrono tout de suite.
02:50 Bonsoir Stéphane.
02:54 Bonsoir Myriam.
02:55 Bonsoir à toutes et tous.
02:57 Alors, on est quatre jours après.
02:59 Plus de quatre jours, oui.
03:00 L'attaque terroriste.
03:01 Après le début de l'attaque.
03:02 Et pourtant, ce qui fait aujourd'hui la une de vos quotidiens,
03:04 vous l'avez sans doute déjà vu ou peut-être déjà vu,
03:06 ce sont de nouveaux massacres découverts à la frontière de Gaza.
03:10 Ça fait la une du monde aujourd'hui,
03:13 une édition spéciale.
03:14 Et vous voyez que des familles entières ont été massacrées,
03:17 assassinées sans pitié.
03:19 Donc face à ces atrocités,
03:20 Yoav Galand, qui est le ministre de la Défense israélienne,
03:23 s'est rendu sur place.
03:25 Et il a répété ce que disait déjà dimanche soir Netanyahou.
03:28 L'Israël entend exercer une vengeance implacable.
03:31 On l'écoute.
03:32 Vous avez vu ce que nous combattons ?
03:35 Nous combattons contre les animaux humains.
03:38 C'est le Daesh de Gaza.
03:40 Le Hamas voulait changer la situation,
03:42 mais ça va se retourner à 180 degrés.
03:45 Ils regretteront ce moment.
03:47 Ils regretteront.
03:48 Alors, de fait, les bombardements israéliens
03:52 ont déjà fait plus de 1000 morts à Gaza,
03:54 selon les Palestiniens.
03:56 Et l'objectif affiché par Israël,
03:58 c'est d'éradiquer complètement le Hamas,
04:00 qui suppose donc une attaque à priori de grande ampleur,
04:02 une attaque terrestre.
04:04 Du coup, on peut malgré tout s'interroger.
04:06 Pourquoi le Hamas a-t-il multiplié
04:08 ses crimes atroces contre des Israéliens ?
04:11 Qui plus est, en diffusant des vidéos
04:13 de ses crimes atroces pour les diffuser
04:15 sur les réseaux sociaux,
04:17 sachant que ça allait entraîner des réactions
04:19 d'autant plus violentes de la part d'Israël.
04:21 Donc on peut évidemment mettre ça aussi
04:23 un peu sur le compte du fanatisme aveugle,
04:25 ça peut jouer, mais tout le monde a dit
04:27 que cette attaque était quand même
04:28 savamment, longuement préparée.
04:30 Donc forcément, le Hamas a dû réfléchir
04:32 à l'avance à quelles seraient les réactions d'Israël.
04:34 Et donc, si eux-mêmes ont fait preuve
04:36 d'énormément de violence, c'est peut-être
04:38 pour entraîner dans cette spirale
04:40 de la violence israélienne, et donc motiver
04:42 des acteurs régionaux d'entrer dans le conflit.
04:44 Par exemple, au début du mois,
04:46 à la fin du mois d'août,
04:48 il y a un responsable du Hamas
04:50 qui avait menacé les Israéliens d'une guerre régionale.
04:52 Ça n'a peut-être pas été pris très au sérieux.
04:54 Pourtant, il se trouve qu'au début de l'année,
04:56 deux milices islamistes rivales,
04:59 le Hezbollah et le Hamas,
05:01 s'étaient rencontrés, sous le parrainage,
05:03 donc ça c'est le Hamas, ça c'est le Hezbollah,
05:05 et sous le parrainage des Iraniens,
05:07 on voit ici un visage de comédie.
05:09 Donc la question c'est de savoir, est-ce que l'Iran,
05:11 le Hezbollah, pourrait entrer en guerre contre Israël ?
05:13 Alors ça, c'est ce que veulent éviter à tout prix
05:15 les Américains. Ils ont une priorité
05:17 avec la Chine, ils sont engagés en Ukraine,
05:19 pas question d'avoir une guerre en plus au Moyen-Orient.
05:21 Donc la manière forte, bien sûr, comme toujours
05:23 avec les Américains, ils ont déplacé un porte-avions,
05:25 ils ont menacé de frapper tous ceux qui voulaient profiter
05:27 de la faiblesse d'Israël.
05:29 Mais en même temps,
05:31 pour éviter cette guerre régionale,
05:33 on sent que les Américains font aussi pression sur Israël
05:35 pour faire preuve d'un poids de retenue.
05:37 Par exemple, en ce moment, les Américains cherchent à
05:39 favoriser l'ouverture d'un corridor humanitaire
05:41 pour que les populations bombardées puissent être évacuées vers l'Egypte.
05:43 On écoute ce que Biden a dit
05:45 à Netanyahou lorsqu'ils se sont parlé au téléphone.
05:47 Nous avons également discuté du fait que des démocraties
05:51 telles qu'Israël et les États-Unis
05:53 sont plus fortes et plus en sécurité
05:55 quand elles agissent conformément aux droits.
05:59 Les terroristes ciblent délibérément les civils
06:01 et les tuent.
06:05 Nous respectons les lois de la guerre,
06:07 le droit de la guerre, c'est important.
06:09 Il y a une différence.
06:11 Alors, cet appel à la retenue sera peut-être
06:13 maintenant un peu plus facilement entendu
06:15 dès lors qu'Israël a un gouvernement d'union nationale
06:17 depuis cet après-midi.
06:19 Nos experts nous éclaireront à ce sujet.
06:21 Du côté de la France, en tout cas, on a pris position.
06:23 Au côté des Américains, des Italiens, des Britanniques
06:25 et j'en oublie un, des Allemands, je pense,
06:27 pour assurer qu'il serait du côté d'Israël
06:29 pour assurer sa défense.
06:31 Mais la question, c'est d'avoir jusqu'où Israël
06:33 peut-il aller pour assurer sa défense.
06:35 Du côté français, on n'aimerait pas non plus
06:37 que la vengeance israélienne provoque
06:39 un conflit régional.
06:41 Ce n'est pas du tout l'objectif du gouvernement.
06:43 Gérard Allarcher, qui était interrogé ce matin,
06:45 qui est le président du Sénat,
06:47 lui, refusait de prendre parti
06:49 pour une incitation à la désescalade.
06:51 Pourtant, c'est le message
06:53 qu'a fait passer le gouvernement français.
06:55 On écoute Olivier Véran.
06:57 Tout doit être fait pour permettre
06:59 d'éviter la situation d'escalade
07:01 au Moyen-Orient, protéger les civils,
07:03 éviter l'embrasement du Moyen-Orient.
07:05 Ces attaques injustifiables,
07:07 terroristes du Hamas, ne doivent pas
07:09 nous détourner de la recherche d'une paix durable
07:11 et d'une résolution politique
07:13 des conflits.
07:15 Alors voilà, j'ai essayé de vous donner quelques éléments
07:17 pour suivre le débat qui va s'entamer.
07:19 Y a-t-il un risque que ce conflit
07:21 débouche sur un conflit plus vaste ?
07:23 - Je vais le dire grâce aux experts.
07:25 - Vous le craignez, vous, l'embrasement
07:27 de ce conflit, à ce stade-là ?
07:29 On est dans un face-à-face.
07:31 La guerre au sol à Gaza,
07:33 c'est une question de jour
07:35 et on entend, peut-être mis à part
07:37 la voix de Joe Biden, très peu
07:39 de poids diplomatique dans le concert
07:41 des nations ce soir, très peu.
07:43 Personne ne pèse. On a l'impression que c'est vraiment
07:45 un conflit à deux.
07:47 - D'abord, il y a une guerre qui a été déclenchée
07:49 par le Hamas qui a attaqué Israël.
07:51 C'est la première fois
07:53 depuis la création d'Israël
07:55 que le territoire israélien
07:57 n'est plus le refuge
07:59 de ceux qui ont choisi d'y vivre.
08:01 Cette guerre existe
08:03 et c'est un peu irénique
08:05 de parler
08:07 processus de paix, négociations.
08:09 Imaginez qu'on demande
08:13 à la France,
08:15 après le Bataclan,
08:17 de s'asseoir à une table avec Daesh.
08:19 C'est impossible.
08:21 - Pour vous, Hamas, c'est Daesh.
08:23 C'est la même chose. Il n'y a aucun doute là-dessus.
08:25 C'est ce qu'a dit Benyamin Netanyahou.
08:27 - On a vu
08:29 les horreurs qui ont été commises.
08:31 Moi, ça me rappelle
08:33 la dernière fois que j'ai vu de mes yeux
08:35 des horreurs de ce type, c'était à Boucha.
08:37 C'est de ce niveau-là.
08:39 Donc, commençons
08:41 par ça. Et bien sûr
08:43 qu'Israël
08:45 va vouloir retrouver sa sécurité.
08:47 Bien sûr qu'Israël
08:49 va vouloir affaiblir le Hamas.
08:51 - La réponse, c'est que vous êtes...
08:53 - Personne n'a à dire quoi que ce soit contre ça.
08:55 - Personne n'a à dire quoi que ce soit,
08:57 mais est-ce qu'il faut appeler à la retenue à Gaza,
08:59 parce qu'il va y avoir une guérilla urbaine,
09:01 ou est-ce qu'au contraire,
09:03 ça n'est pas d'actualité
09:05 face à ce qu'Israël a subi ?
09:07 - Après, il y a deux choses.
09:09 Est-ce que toute la population palestinienne,
09:11 c'est le Hamas ?
09:13 Bien sûr que non.
09:15 Le Hamas a pris en otage
09:17 les habitants de Gaza.
09:19 Les efforts pour essayer d'ouvrir un corridor humanitaire,
09:21 pour, par exemple, évacuer
09:23 des femmes, des enfants de Gaza...
09:25 - Ca existe, ça, aujourd'hui ?
09:27 - C'est compliqué, via l'Egypte.
09:29 C'est compliqué, parce que l'Egypte a peur
09:31 d'importer du terrorisme,
09:33 et on la comprend aussi,
09:35 mais évacuer des femmes et des enfants,
09:37 c'est quelque chose qu'il faut soutenir.
09:39 C'est une des rares choses qu'on puisse faire aujourd'hui,
09:41 et empêcher, dissuader
09:43 d'autres pays de laisser faire
09:45 des attaques depuis leur sol,
09:47 je pense évidemment au Liban.
09:49 - Simone Rodan-Benzaked, vous avez beaucoup
09:51 d'interlocuteurs en Israël,
09:53 qui sont profondément bouleversés,
09:55 choqués par ce qui leur arrive,
09:57 et en même temps en rage.
09:59 On a l'impression que c'est le mot
10:01 que reprend beaucoup Frédéric Ancel,
10:03 le géopolitologue, ces derniers temps,
10:05 en disant "il faut éradiquer
10:07 le Hamas", et c'est ça, la priorité
10:09 des priorités, aujourd'hui,
10:11 dans l'ensemble du pays, vous le sentez comme ça ?
10:13 - Oui, je suis
10:15 entièrement d'accord avec
10:17 Nathalie Loiseau, et il faut
10:19 se rendre compte de ce qui a été
10:21 vécu par la population israélienne.
10:23 La réalité, c'est que je pense
10:27 qu'on a, sur l'échelle
10:29 de l'histoire de l'humanité,
10:31 jamais vécu ça.
10:33 Vous parliez de Boucha,
10:35 effectivement, c'est comme
10:37 les crimes à Boucha,
10:39 mais en plus de ça,
10:41 tout est diffusé,
10:43 et expressément diffusé,
10:45 c'est-à-dire, on a tout
10:47 sur les réseaux sociaux,
10:49 aujourd'hui, les terroristes
10:51 appellent les familles,
10:53 envoient, ils trouvent
10:55 sur leur portable,
10:57 sur le portable de leurs enfants,
10:59 le nom "maman" et "papa",
11:01 et ils envoient en direct
11:03 les meurtres des enfants.
11:05 Donc, il faut comprendre
11:07 le traumatisme que cela est.
11:09 -Catherine Colonna, d'ailleurs,
11:11 la ministre des Affaires étrangères,
11:13 dit que ces attaques terroristes
11:15 s'apparentent à des crimes
11:17 contre l'humanité. -Sans aucun doute.
11:19 Et donc, effectivement,
11:21 là aussi, je suis d'accord,
11:23 on ne peut pas demander
11:25 la retenue. Bien évidemment,
11:27 le gouvernement israélien,
11:29 et encore plus un gouvernement
11:31 d'Union nationale,
11:33 ne souhaite pas la mort
11:35 d'enfants et de femmes palestiniennes.
11:37 C'est évident. Et tout ce qui peut
11:39 être fait pour sauver
11:41 la population palestinienne,
11:43 cela doit être fait.
11:45 Mais encore une fois, la question
11:47 d'éradiquer
11:49 cette organisation terroriste,
11:51 elle est absolument nécessaire.
11:53 -Marc Semo, "éradiquer"
11:55 le Hamas,
11:57 c'est une idéologie, le Hamas.
11:59 Ce sont des hommes, il y a même un chef.
12:01 Ca veut dire quoi, très concrètement ?
12:03 Comment vous imaginez cette opération terrestre ?
12:05 -D'abord, le Hamas,
12:07 c'est un mouvement politique,
12:09 mais c'est aussi une organisation,
12:11 il y a sa branche militaire, une organisation terroriste,
12:13 avec quelques 40 000 combattants,
12:15 maintenant un peu moins, 35 000.
12:17 Ils sont là. Ensuite, "éradiquer",
12:19 c'est effectivement compliqué,
12:21 vu la densité de la population à Gaza.
12:23 Il y a des expériences précédentes,
12:25 en 2014, en 2006, on a vu à quel point
12:27 c'est compliqué. En plus, le Hamas
12:29 non seulement prend en bouclier humain
12:31 ses otages, qu'il a enlevés,
12:33 mais y compris la population de Gaza.
12:35 Ses centres de commandement sont installés
12:37 sous les hôpitaux.
12:39 Donc, évidemment, il y aura une pression,
12:41 rapidement, de l'opinion internationale.
12:43 Pour le moment, Israël, c'est la victime,
12:45 ça peut basculer très vite.
12:47 Ensuite, pour expliquer
12:49 pourquoi actuellement aucune médiation internationale
12:51 n'est envisageable,
12:53 c'est que non seulement il y a eu 1 200 morts,
12:55 ce qui ne s'était jamais vu dans l'histoire d'Israël des civils,
12:57 mais ces 1 200 morts,
12:59 les bébés compris, ont été tués uniquement
13:01 du seul fait d'être juifs.
13:03 C'est quelque chose qui,
13:05 en Israël, ravive
13:07 toutes les cicatrices de la Shoah.
13:09 -Sauvagerie jamais vue depuis la Shoah.
13:11 -C'est pas seulement de la Shoah.
13:13 -C'est ce qu'a dit l'oppréhendiste israélien.
13:15 -C'est l'imaginaire de l'arrivée des nazis
13:17 dans les villages ukrainiens juifs
13:19 où, maison par maison, on descendait les gens.
13:21 Et donc, face à ça,
13:23 vous ne pouvez pas imaginer une seconde
13:25 que la réponse d'Israël
13:27 ne soit pas terrible
13:29 et, à cet égard, compréhensible,
13:31 même si c'est évident,
13:33 et Joe Biden est dans son rôle,
13:35 d'appeler Israël, pas à la retenue,
13:37 mais au respect du droit international.
13:39 C'est vrai que traiter
13:41 les gazabouïdes,
13:43 même s'ils se l'amassent d'animaux
13:45 et dire qu'on va leur couper le...
13:47 -Les rapgals dans le milieu de la défense.
13:49 -C'est pas très habile politiquement.
13:51 Mais cette réalité est là
13:53 et je ne vois pas, pour le moment,
13:55 qu'est-ce qui pourrait l'empêcher, Israël,
13:57 d'aller jusqu'au bout dans cette volonté.
13:59 -Donc on est dans une guerre
14:01 avec une souveraineté d'un État
14:03 qui a été plus qu'attaqué, les mots nous manquent,
14:05 et la question
14:07 de la diplomatie
14:09 ou même de la négociation,
14:11 on nous dit, à lire certains articles
14:13 de la presse américaine,
14:15 qu'il y a des contacts techniques
14:17 avec le Hamas en ce moment.
14:19 C'est possible ?
14:21 -Oui, alors si c'est des rumeurs,
14:23 il y a des rumeurs de négociations,
14:25 notamment par le biais du Qatar,
14:27 qui est d'ailleurs un des sponsors financiers
14:29 du Hamas, historiquement parlant,
14:31 voire de la Turquie,
14:33 mais là, on retrouve le lien frériste.
14:35 -Les frères musulmans.
14:37 -Du Hamas et d'obédience sunnite,
14:39 et pachite, justement,
14:41 pour en revenir.
14:43 Et puis, il y a la question égyptienne,
14:45 mais les Égyptiens sont très réticents
14:47 parce qu'ils n'ont pas envie
14:49 de recevoir un flux de réfugiés
14:51 qui passe par Rafa.
14:53 Donc, en réalité,
14:55 on n'est pas dans une logique,
14:57 on va dire, une dialectique
14:59 de négociation, de toute façon.
15:01 Donc, c'est assez illusoire
15:03 de penser que ça va déboucher
15:05 sur quelque chose.
15:07 -Et ce gouvernement d'urgence
15:09 d'Union nationale, qui a été formé
15:11 aujourd'hui avec l'entrée de Benny Gantz,
15:13 qui est parti d'opposition,
15:15 Unité nationale, ça veut dire quoi ?
15:17 Que pendant toute la durée de la guerre,
15:19 toutes les décisions seront prises
15:21 de façon plus concertée,
15:23 ou ça veut dire que le pays
15:25 est derrière Israël de façon totale ?
15:27 -Oui, mais ça, c'était une nécessité politique
15:29 et même stratégique,
15:31 parce qu'il y avait de toute façon
15:33 une situation qui n'était pas gérable
15:35 pour Benjamin Netanyahou,
15:37 d'autant que la question
15:39 des responsabilités politiques,
15:41 c'est pas le moment de les poser...
15:43 -Elle viendra. Après, c'est cinglant,
15:45 la vie du pays. -Il était nécessaire
15:47 de faire un débat consacré,
15:49 et ça suppose que ça s'exprime
15:51 aussi au nouveau gouvernemental
15:53 pour qu'il y ait un consensus
15:55 sur les décisions difficiles.
15:57 -En plus, c'est faire rentrer
15:59 des experts dans le cabinet de guerre,
16:01 parce que jusqu'ici, ce gouvernement,
16:03 à part le ministre de la Défense,
16:05 c'est quand même illustré par sa totale incompétence,
16:07 il n'y avait aucun spécialiste
16:09 des questions militaires,
16:11 et ce qui est encore plus scandaleux
16:13 pour les Israéliens, d'où la rage
16:15 israélienne, c'est qu'aucun de ces ministres
16:17 n'a été sur les lieux de la tragédie,
16:19 ne serait-ce que pour...
16:21 On est quatre jours après.
16:23 Ne serait-ce que pour dire aux gens
16:25 "On est avec vous, on vous comprend,
16:27 "on fera des choses." -Le ministre de la Défense
16:29 allait... -Oui, aujourd'hui,
16:31 mais il y a mille temps. -Alors,
16:33 il y a cette opération militaire
16:35 qui se prépare, c'est quand même 300 000 soldats réservistes
16:37 qui sont à la frontière,
16:39 on a compris les enjeux,
16:41 il y a le risque d'un double front.
16:43 -Fake news, aujourd'hui,
16:45 en tout cas, une information qui a été démentie ce soir,
16:47 une infiltration aérienne n'a pas eu lieu
16:49 via le Liban
16:51 au nord du pays,
16:53 il n'empêche qu'il y a déjà eu des requêtes
16:55 depuis l'US-Bola Libanais.
16:57 Est-ce que ce double front est possible ?
16:59 Est-ce que vous y croyez ?
17:01 Ou est-ce qu'au regard des rapports de force,
17:03 et notamment américains, vis-à-vis du US-Bola Libanais
17:05 et de l'Iran, ça ne sera pas le cas ?
17:07 -Alors, dire que ça ne sera pas le cas,
17:09 ce serait
17:11 être dans une rationalité dangereuse.
17:13 Il faut tout faire
17:15 pour que ça ne soit pas le cas.
17:17 Il y a même le risque d'un triple front
17:19 en Cisjordanie.
17:21 Donc les efforts diplomatiques,
17:23 qui ne sont pas nécessairement publics...
17:25 -C'est quoi exactement ces efforts diplomatiques ?
17:27 -De grandes déclarations,
17:29 c'est dissuader
17:31 l'US-Bola, faire pression
17:33 sur le Liban, faire pression
17:35 sur les parrains
17:37 du US-Bola
17:39 pour expliquer
17:41 que rien
17:43 de tel qu'un deuxième
17:45 ou un troisième front ne pourrait être
17:47 toléré sans conséquences immédiates.
17:49 -Ca veut dire une entrée en guerre des Américains ?
17:51 Ca veut dire quoi ?
17:53 -Ca peut dire beaucoup de choses.
17:55 Ca peut dire de l'action des services de renseignement.
17:57 Ca peut dire beaucoup,
17:59 beaucoup de choses.
18:01 Et je suis convaincue qu'un certain
18:03 nombre de pays occidentaux
18:05 et peut-être de pays de la région
18:07 pèsent dans cette direction
18:09 parce que ça, c'est la première urgence diplomatique.
18:11 Je l'ai dit tout à l'heure,
18:13 qu'on ne me parle pas de désescalade
18:15 interne ou de dialogue
18:17 avec les Palestiniens aujourd'hui,
18:19 mais qu'on évite que la région
18:21 s'embrase, ça, c'est absolument indispensable.
18:23 Il y a des camps de réfugiés
18:25 palestiniens dans toute la région.
18:27 Il faut être très vigilant
18:29 sur ce qui s'y passe. Il faut aussi
18:31 être infiniment plus vigilant
18:33 qu'on ne l'a été, et malheureusement,
18:35 semble-t-il que les autorités
18:37 israéliennes ne l'ont été
18:39 sur les livraisons d'armes
18:41 et sur les livraisons de munitions.
18:43 Comment se fait-il
18:45 que le Hamas ait pu avoir
18:47 autant d'armements ?
18:49 Il semble que l'Egypte
18:51 aurait prévenu à un certain niveau
18:53 les services de renseignement israéliens.
18:55 - Ca y est, c'est avéré.
18:57 - Il est temps que des professionnels
18:59 arrivent, comme disait Marc Seymour.
19:01 - Le renseignement égyptien avait prévenu
19:03 d'une opération d'enquêteur.
19:05 - Pourquoi ne nous pas dire clairement,
19:07 désigner clairement,
19:09 que si l'USBOLA agit au nord,
19:11 c'est avec l'accord de Téhéran.
19:13 Le pays qui a planifié
19:15 cette opération, et maintenant,
19:17 toutes les informations reviennent, remontent avec ça,
19:19 c'est l'Iran. - C'est l'Iran.
19:21 - Celui qu'a mis en garde
19:23 Joe Biden en disant
19:25 que tout pays
19:27 qui profiterait de la situation
19:29 aurait subi les conséquences,
19:31 c'est l'Iran. Donc, ayons le courage
19:33 de nommer l'Iran. - Le président de la République
19:35 a dit un lien vraisemblable.
19:37 - Oui, voilà, mais on reste...
19:39 - C'est déjà communiqué, par ailleurs.
19:41 - On reste extrêmement mous du genou là-dessus.
19:43 Or, la menace, clairement,
19:45 c'est l'Iran. Si l'USBOLA
19:47 intervient, si le Front Nord se rallume,
19:49 c'est l'Iran, donc ça ne sert à rien
19:51 de se cacher. Donc, la question
19:53 qui se pose, est-ce que nous sommes prêts,
19:55 s'il le faut ? Le Hamas
19:57 a brûlé ses amards, a brûlé
19:59 ses vaisseaux en lançant cette offensive.
20:01 Il sait qu'il n'y aura pas de retour possible.
20:03 C'est la lutte à mort avec Israël.
20:05 L'Iran, qui désormais tient
20:07 totalement le Hamas, ira-t-il jusqu'au bout
20:09 dans le soutien au Hamas ? C'est la question
20:11 que, maintenant, on peut se poser. Et il faut
20:13 explicitement, là-dessus,
20:15 hausser le ton vis-à-vis de Téhéran,
20:17 en désignant clairement qui est l'agresseur,
20:19 l'organisateur de cette tragédie.
20:21 - Simon Rodan-Belzacquel. - Je suis absolument d'accord.
20:23 Et je pense que, par ailleurs,
20:25 il faut se poser la question, pourquoi
20:27 l'Iran a "commandité"
20:29 ce qui s'est passé, là ?
20:31 Il y a eu un développement dans la région.
20:35 C'est que
20:37 l'Israël s'est rapproché
20:39 d'un certain nombre de pays
20:41 arabes, on appelle ça
20:43 les Accords d'Abraham, et on parlait
20:45 de plus en plus
20:47 d'une potentielle normalisation
20:49 avec l'Arabie saoudite.
20:51 Ça, c'était un scénario
20:53 cauchemardesque pour l'Iran.
20:55 Donc, clairement,
20:57 il y a un lien là-dessus. La deuxième chose,
20:59 c'est que
21:01 l'Iran, dans les différents messages
21:03 qu'ils ont envoyés depuis des mois,
21:05 c'est qu'ils ont considéré que
21:07 ce qu'il se passait en Israël avec les manifestations
21:09 était
21:11 un signe de faiblesse,
21:13 et qu'il fallait exploiter ce signe
21:15 de faiblesse-là.
21:17 Et donc, je pense,
21:19 effectivement, la
21:21 troisième raison, c'est que
21:23 les Iraniens
21:25 ont, je pense, eu une lecture
21:27 que le monde occidental
21:29 était premièrement occupé
21:31 avec autre chose, vous avez parlé, effectivement,
21:33 de la priorité de l'administration américaine
21:35 avec la Chine,
21:37 la question, bien évidemment, de l'Ukraine,
21:39 et a
21:41 donc considéré que c'était
21:43 un bon moment, effectivement,
21:45 pour frapper. Et encore une fois, je pense
21:47 en plus de ça que
21:49 il y a eu une certaine faiblesse
21:51 ces derniers temps face à l'Iran.
21:53 C'est-à-dire quand Joe Biden,
21:55 l'administration américaine,
21:57 paye 6 milliards de dollars
21:59 pour libérer des otages
22:01 américaines,
22:03 cela envoie un message,
22:05 finalement, aussi, de faiblesse à l'Iran.
22:07 - Qu'est-ce qu'on sait
22:09 des moyens de pression, de discussion
22:11 par des canots informels avec les Iraniens ?
22:13 Pour bien comprendre, il faut dire que
22:15 l'arsenal du Hezbollah
22:17 à la frontière libanaise, c'est quoi ?
22:19 Celui du Hamas ?
22:21 - Ça n'a rien à voir avec celui du Hamas.
22:23 L'arsenal du Hamas est essentiellement endogène.
22:25 Ce n'est pas le résultat d'un flux
22:27 que Permanent continue de livraison.
22:29 C'est tout à fait différent
22:31 avec le Hezbollah qui bénéficie
22:33 justement de ce flux,
22:35 qui est interrompu régulièrement par les frappes
22:37 israéliennes sur la Syrie,
22:39 puisque ça transite par la Syrie.
22:41 Et effectivement, il dispose aujourd'hui
22:43 d'un arsenal qui est estimé,
22:45 selon les services de renseignement israéliens,
22:47 au moins de 100 000 roquettes et missiles.
22:51 - 100 000 ?
22:53 - Oui. Ce qui n'est pas le cas de Hamas,
22:55 qui n'avait pas de missiles, il a juste des roquettes.
22:57 Donc ça donne une idée de la mesure
22:59 d'un potentiel engagement du Hezbollah
23:01 quand on voit ce que donne le résultat
23:03 de 2 000 seulement, entre guillemets,
23:05 2 500 roquettes
23:07 par rapport au dôme de fer,
23:09 qui de toute façon subit un effet de saturation.
23:11 Donc quand vous avez
23:13 10 fois plus, on a une idée
23:15 de ce que ça peut représenter en termes de menaces.
23:17 - Dans cette hypothèse que personne ne fait,
23:19 bien évidemment, là, Israël ne peut plus faire seul.
23:21 Un double front.
23:23 Il faudrait l'intervention extérieure des Américains.
23:25 Qui annonce ce soir Washington
23:27 prêt à envoyer un second
23:29 portail.
23:31 - Mais de toute façon, la perspective,
23:33 c'est même pas de double front,
23:35 quand vous disiez triple front, mais en réalité,
23:37 c'est multifront, c'est ce que disait
23:39 le ministre de la Défense depuis un certain temps.
23:41 La nouvelle situation pour Israël,
23:43 c'est la possibilité de se retrouver dans une guerre multifront.
23:45 Il y a Gaza, actuellement,
23:47 il y a le Hezbollah au sud-Liban,
23:49 il y a les ministres pro-iraniennes en Syrie,
23:51 il y a les groupes armés
23:53 de Cisjordanie qui se sont développés depuis 2 ans
23:55 de manière spectaculaire,
23:57 d'une manière inversement proportionnelle à la disqualification
23:59 de l'autorité palestinienne,
24:01 et puis il y a le tabou,
24:03 qui est aussi un tabou pour la société israélienne,
24:05 c'est les 20 % d'Arabes israéliens.
24:07 Parce qu'il y a eu un message de Mohamed Daïf,
24:09 qui est le chef de...
24:11 - Qui a appelé ostensiblement, justement,
24:13 les Arabes israéliens
24:15 à participer,
24:17 justement,
24:19 à la dynamique en cours.
24:21 Donc c'est vrai que c'est très préoccupant,
24:23 et évidemment,
24:25 le pire n'est jamais sûr,
24:27 mais c'est toujours préférable
24:29 de l'anticiper.
24:31 - Alors justement, on sent que les voix diplomatiques
24:33 peinent à se faire entendre.
24:35 Marc Seymour, je voulais vous passer un petit sujet,
24:37 vous voulez rajouter quelque chose ?
24:39 - Oui, après, les voix diplomatiques,
24:41 je suis sûr que la rencontre à Bruxelles
24:43 entre le ministre des Affaires étrangères israélien,
24:45 qui a déjà dit qu'il n'irait pas,
24:47 et le ministre des Affaires étrangères,
24:49 de l'autorité palestinienne...
24:51 - Ça n'a pas de sens, c'est la députée européenne qui le dit.
24:53 - ...va sûrement être un point intéressant
24:55 pour réussir de résoudre ça.
24:57 - C'est 20 ans d'absence
24:59 de diplomatie, notamment européenne,
25:01 dans la région, qu'on paye aujourd'hui.
25:03 - Pourquoi ? C'est comme ça qu'on reprend l'initiative ?
25:05 - Pas du tout. - Je dis que ça n'a aucun sens.
25:07 - Pourquoi l'Europe s'est à ce point
25:09 désengagée diplomatiquement ?
25:11 - Parce que l'Europe est une rentière de la paix,
25:13 parce qu'elle a cru, avec une énorme naïveté
25:15 et un énorme égoïsme,
25:17 que ce qui lui arrivait à elle
25:19 se passait partout dans le monde,
25:21 que c'était la fin de l'histoire,
25:23 que l'écoulement de l'Union soviétique
25:25 voulait dire qu'on allait vivre tranquille.
25:27 On a eu des termes,
25:29 quand je pense, par exemple,
25:31 au Karabakh, qui vient de subir
25:33 une épuration ethnique,
25:35 on appelait ça pudiquement
25:37 un conflit gelé. Ca voulait juste dire
25:39 qu'on l'avait oublié. On ne s'occupait
25:41 plus de grand-chose à part de nous-mêmes.
25:43 Et quand on ne s'occupe pas du reste du monde,
25:45 c'est le reste du monde qui s'occupe de nous.
25:47 - Un front s'est quand même ouvert
25:49 au sein même de l'Europe avec l'Ukraine.
25:51 Je voulais vous montrer ce sujet
25:53 qui oppose
25:55 un certain nombre de politiques
25:57 entre un commissaire européen,
25:59 certains députés français
26:01 sur la question de la suspension
26:03 de la vie humanitaire à Gaza,
26:05 européenne, française, vous réagirez
26:07 juste après. C'est signé
26:09 Baptiste Garrigues-Chartier.
26:11 ...
26:13 ...
26:15 -Tout est parti
26:17 de ce tweet qui a provoqué
26:19 un cafouillage au sommet de l'Europe.
26:21 -L'ampleur de la terreur et de la brutalité
26:23 contre Israël et son peuple
26:25 marquent un tournant. Il n'est pas possible
26:27 de faire comme si de rien n'était.
26:29 -Ce commissaire européen exige que tous
26:31 les paiements soient suspendus,
26:33 sauf que cette annonce est faite
26:35 à titre individuel, d'un proche
26:37 du premier ministre hongrois.
26:39 Face à ce couac,
26:41 la Commission européenne rectifie le tir.
26:43 Pas question de suspension,
26:45 mais plutôt une révision
26:47 et bien sûr en concertation
26:49 avec tous les autres pays européens.
26:51 Alors la question qui divise
26:53 et fragilise l'unité des 27,
26:55 la voici.
26:57 L'Union européenne doit-elle
26:59 encore accorder des aides financières
27:01 à la Palestine ?
27:03 Pour l'Espagne, l'Irlande, le Portugal
27:05 ou encore la France, il faut maintenir
27:07 ces aides.
27:09 -Cette aide est concentrée sur le soutien
27:11 aux populations palestiniennes dans les domaines
27:13 de l'eau, de la santé, de la sécurité alimentaire
27:15 et de l'éducation.
27:17 Versée notamment par le Biais des Nations unies,
27:19 elle bénéficie directement à la population
27:21 palestinienne, à Jérusalem-Est,
27:23 en Cisjordanie, à Gaza
27:25 et dans les camps situés dans les pays voisins.
27:27 En revanche, l'Etat
27:29 la suspension de ses aides pour l'Allemagne
27:31 ou encore la Suède,
27:33 qui emboîte le pas à d'autres pays
27:35 européens.
27:37 -Plusieurs autres pays de l'Union européenne ont annoncé
27:39 une révision et une suspension de l'accord
27:41 sur la Palestine.
27:43 Le dernier en date est le Danemark,
27:45 qui arrête son aide, mais aussi l'Autriche,
27:47 la République tchèque.
27:49 -Pour faire taire cette cacophonie,
27:51 les 27 Etats membres se sont réunis
27:53 hier pour trouver une unité,
27:55 au moins deux façades,
27:57 en rappelant l'importance d'un soutien
27:59 financier durable aux Palestiniens.
28:01 -Voilà, c'était un sujet
28:05 de Maïté Frémont, bien sûr.
28:07 Nathalie Loiseau, chacun
28:09 fait ce qu'il veut, c'est ça, sur cette question-là,
28:11 en Europe ? -Alors, chaque pays peut faire
28:13 ce qu'il veut, heureusement, mais en revanche,
28:15 il y en a un qui a fait n'importe quoi,
28:17 c'est le commissaire hongrois.
28:19 Suspendre en un tweet,
28:21 en plus la méthode est hallucinante,
28:23 il a mis un million d'euros pour l'année prochaine
28:25 pour la population palestinienne,
28:27 il n'en avait pas le droit,
28:29 il n'a consulté personne,
28:31 il fait priver...
28:33 -Il est revenu, hein, sur cette annonce, depuis.
28:35 -Ah bah, il est revenu, non.
28:37 La Commission européenne l'a demandé.
28:39 Moi, je voudrais surtout
28:41 qu'il nous explique. C'est lui
28:43 qui est à la charge de cette aide.
28:45 Nous, parlementaires européens,
28:47 tous les ans, quand nous examinons le budget
28:49 avant de donner notre autorisation,
28:51 nous rappelons des règles extrêmement strictes,
28:53 aucun financement ne doit aller au Hamas.
28:55 -Vous pensez que c'est Orban
28:57 qui l'a demandé à son commissaire hongrois ?
28:59 -Soit il ne sait pas ce qu'il fait,
29:01 soit il ne sait pas gérer son aide,
29:03 et à ce moment-là, il faut qu'il démissionne.
29:05 Soit il sait que cette aide ne va pas au Hamas,
29:07 et il sème le doute et il sème le soupçon
29:09 sur l'image de l'Union européenne,
29:11 et là aussi, il faut qu'il démissionne.
29:13 Moi, j'appelle très clairement
29:15 à la démission du commissaire Vareli,
29:17 qui fait un agenda purement hongrois
29:19 sur ce sujet dramatique
29:21 au moment le plus grave,
29:23 mais qui va aussi...
29:25 Il est aujourd'hui en Serbie,
29:27 il a soutenu les séparatistes
29:29 de la République serbe de Bosnie,
29:31 il va à peu près partout,
29:33 sur l'Ukraine,
29:35 au lieu d'aider à préparer
29:37 le démarrage des négociations d'adhésion.
29:39 A chaque fois qu'il y va,
29:41 il parle du sort des minorités hongroises.
29:43 Il est totalement en roue libre,
29:45 et j'aimerais que madame la ministre
29:47 se rende compte de la gravité
29:49 de... -Le message est passé.
29:51 On va voir s'il est entendu.
29:53 Il y a des élections européennes bientôt,
29:55 donc pas sûr qu'il démissionne d'ici là.
29:57 Simone Rodan, tu auras la question ?
29:59 -Je ne rentrerai pas.
30:01 -Vous voyez levé le sourcil.
30:03 -Sur le conflit avec le commissaire Vareli,
30:05 c'est pas mon sujet.
30:07 Par contre, je pense que la question
30:09 qu'il a en tout cas soulevée
30:11 est importante.
30:13 Il n'y a pas uniquement la question du Hamas,
30:15 il y a la question plus large
30:17 de la Palestine.
30:19 Je ne pense pas
30:21 qu'il faut
30:23 suspendre toute aide
30:25 aux Palestiniens. Je pense que ce serait
30:27 très dangereux, potentiellement,
30:29 pourrait amener à un effondrement
30:31 de l'autorité palestinienne.
30:33 On n'en a aucun intérêt. Par contre,
30:35 il faut aussi être très clair
30:37 sur les agissements,
30:39 pas uniquement du Hamas, mais aussi
30:41 de l'autorité palestinienne.
30:43 L'autorité palestinienne, selon les estimations,
30:45 dépense 8 %
30:47 de son budget
30:49 pour donner de l'argent
30:51 aux familles
30:53 de ce qu'ils appellent les martyrs.
30:55 Les livres scolaires,
30:57 les manuels scolaires, continuent
30:59 à être un problème. -C'est pas nouveau.
31:01 La question de la cheminement de l'aide,
31:03 où va l'aide et qui la touche, ça fait des années.
31:05 -Ça fait plus de 20 ans.
31:07 -Il faut faire le ménage sur les aides.
31:09 David Rigolano,
31:11 il faut continuer l'aide,
31:13 mais est-ce qu'on est sûr qu'elle va
31:15 aux bonnes personnes, aux bonnes populations ?
31:17 -C'est le débat qui traverse actuellement
31:19 les pays européens, effectivement,
31:21 et qui montre qu'il n'y a pas de consensus du tout là-dessus.
31:23 C'est un sujet sensible,
31:25 parce qu'il y a une dimension humanitaire
31:27 qui est incontournable.
31:29 D'ailleurs, c'est la vocation
31:31 de l'aide en question.
31:33 Sinon, il y a la question
31:35 de l'allocation précise,
31:37 la question de la tutelle,
31:39 l'attribution, c'est très compliqué,
31:41 parce qu'il y a une dimension politique.
31:43 -C'est trop opaque, je vous donnerai le mot de la fin.
31:45 -Oui, et surtout,
31:47 c'est pas assez conditionné.
31:49 Notamment sur cette question
31:51 d'Emmanuel Scholaire.
31:53 -C'était conditionné depuis plusieurs années.
31:55 Tous les ans, je rajoute un amendement
31:57 au budget pour nous assurer
31:59 que pas un euro ne va à d'Emmanuel Scholaire
32:01 qui contreviendrait
32:03 nos valeurs, notamment sur l'antisémitisme
32:05 et sur l'antisionisme.
32:07 -Il y a eu d'énormes progrès sur la question.
32:09 Ce que je veux dire, c'est que cette aide,
32:11 elle est versée avec l'accord
32:13 du gouvernement israélien, elle rend service
32:15 à Israël, et suspendre
32:17 cette aide, c'est faire le jeu du Hamas.
32:19 C'est avoir l'air de confondre
32:21 la population palestinienne
32:23 avec un groupe terroriste sanguinaire.
32:25 Et c'est pousser une jeunesse
32:27 dans les bras des plus radicaux.
32:29 Qui viendra en aide
32:31 à ce moment-là, à ces populations ?
32:33 Certainement pas,
32:35 comme l'Union européenne,
32:37 des gens qui demandent des progrès dans l'Etat de droit,
32:39 des progrès dans la lutte contre la corruption.
32:41 Ce sera les pires...
32:43 -C'est la fin de ce débat.
32:45 -Je veux juste me permettre une chose.
32:47 Oui, pas la suspension,
32:49 mais au moins, comme dit Marc Seymont,
32:51 le conditionnement sur un certain
32:53 nombre de critères.
32:55 -Ce débat, de toute façon,
32:57 il est ouvert,
32:59 l'heure est malheureusement à la guerre.
33:01 Merci beaucoup. On a appris des choses.
33:03 Merci pour vos expertises.
33:05 Vous avez écouté ça attentivement,
33:07 Jean Birnbaum. J'ai eu l'impression
33:09 que vous n'aviez pas forcément envie
33:11 de rentrer dans ces débats
33:13 difficiles et complexes. -C'était pas légitime,
33:15 mais c'était passionnant. -Vous restez avec moi.
33:17 Dans une dizaine de minutes, merci à vous.
33:19 On va accueillir nos affranchis pour leur parti pris.
33:21 Ce soir, c'est Yael Ghos qui va revenir
33:23 sur les effets de l'attaque du Hamas
33:25 sur l'échiquier politique français.
33:27 Richard Verly va nous éclairer sur les élections
33:29 de dimanche en Pologne.
33:31 -Claire Dungavan, de quoi nous parlez-vous ?
33:33 -Un transpartisan, ça veut dire
33:35 qui dépasse l'éclivage des partis.
33:37 Vous allez le voir, ça existe un peu à l'Assemblée.
33:39 -D'abord, on va se plonger
33:41 dans votre livre, Jean Birnbaum.
33:43 "Seuls les enfants changent le monde".
33:45 Quel titre aux éditions du Seuil ?
33:47 C'est un témoignage, je le disais, personnel,
33:49 assez intime, politique,
33:51 une réflexion philosophique aussi
33:53 sur l'aventure aussi décisive
33:55 que bouleversante
33:57 que l'enfance
33:59 en ces temps d'éco-anxiété.
34:01 Regardez, c'est dans "L'Invitation" de Marco Pommier.
34:03 On en parle tous les deux juste après.
34:05 -Si on vous invite,
34:07 Jean Birnbaum, c'est parce que vous lancez
34:09 un SOS "Faites des enfants".
34:11 Des bambins, bouchous,
34:13 chérubins et autres pichounes,
34:15 ces petits êtres énigmatiques
34:17 qui chamboulent nos vies,
34:19 à commencer par la vôtre.
34:21 -En ce moment, j'assiste à cet incroyable
34:23 miracle qui sauve le monde et qui est un miracle
34:25 toujours renouvelé des premières fois.
34:27 C'est la première fois que la main se ferme
34:29 sur un objet, la première fois qu'un mot est prononcé,
34:31 qu'il y a un rire, que l'ironie.
34:33 -Père de trois rejetons, mais aussi journaliste
34:35 à la tête du monde des livres depuis 12 ans,
34:37 essayiste à la plume remarquée,
34:39 on retiendra votre éloge
34:41 de la nuance en 2021.
34:43 Aujourd'hui, place à l'éloge
34:45 de l'enfance. L'enfance,
34:47 une obsession chez vous
34:49 qui résonne avec votre histoire familiale,
34:51 avec celle de votre grand-mère
34:53 contrainte pendant la Seconde Guerre mondiale
34:55 de cacher son fils, votre père,
34:57 parce qu'il était juif.
34:59 Sauver ses enfants, ce n'est pas seulement
35:01 protéger la chair de sa chair,
35:03 c'est aussi résister aux nazis,
35:05 entraver leur projet d'annihilation.
35:07 Procréer pour survivre,
35:09 mais l'époque a bien changé,
35:11 Jean Birnbaum. Plus de 8 milliards
35:13 d'humains sur Terre et une natalité
35:15 qui dégringole dans les pays développés,
35:17 notamment en France.
35:19 700 000 bébés l'année dernière
35:21 contre 800 000 en 2014.
35:23 Une tendance qui inquiète
35:25 à l'heure du mouvement No Kids,
35:27 ces jeunes qui ne veulent pas d'enfants
35:29 dans un monde en plein bouleversement
35:31 et qui ne cessent de se réchauffer.
35:33 Moi, j'appelle juste à essayer de comprendre
35:35 ces jeunes qui ne se sentent pas assez
35:37 en sécurité pour pouvoir procréer.
35:39 Faire moins d'enfants pour sauver la planète,
35:41 une revendication,
35:43 un idéal politique que vous interrogez,
35:45 Jean Birnbaum.
35:47 À quoi bon sauver un monde sans enfants ?
35:49 Alors on a une question pour vous ce soir.
35:51 Comment redonner à la jeunesse
35:53 l'envie d'être parent ?
35:55 Réponse ?
35:57 Je ne sais pas bien,
35:59 je ne me considère pas comme une sorte de prédicateur
36:01 de maternité ou de prêcheur
36:03 de bébés,
36:05 mais comment donner envie ?
36:07 Pas tellement par des grands discours
36:09 ou des théories, je passe par un livre,
36:11 parce que j'y mêle en permanence
36:13 les réflexions et l'émotion.
36:15 Je pense que
36:17 convaincre la jeunesse ou lui redonner
36:19 l'envie d'être parent, c'est d'abord lui redonner
36:21 l'espérance. Pour moi, c'est évident
36:23 que la crise des naissances
36:25 c'est d'abord une crise de l'espérance
36:27 et que si tant de jeunes,
36:29 aujourd'hui, se posent des questions,
36:31 voire renoncent à ce désir d'enfant,
36:33 c'est parce que l'avenir
36:35 semble bouché, l'avenir politique,
36:37 l'avenir humain...
36:39 - Mais vous les comprenez.
36:41 Ce discours du "no kids",
36:43 ce n'est pas quelque chose que vous condamnez.
36:45 - Pas du tout, moi-même,
36:47 je l'ai longtemps porté. J'ai grandi
36:49 dans une famille très à gauche, on considérait
36:51 que le monde était très laid,
36:53 que l'histoire était épouvantable,
36:55 qu'il y avait des guerres partout, qu'il y avait eu de la torture en Algérie,
36:57 au Chili, partout. J'ai grandi dans cette ambiance-là
36:59 et l'idée de mettre un enfant
37:01 au monde dans cette atmosphère
37:03 de violence, d'inégalité,
37:05 d'injustice, c'était évidemment
37:07 quelque chose dont on se disait qu'il faut être un peu taré pour ça.
37:09 - C'est quoi le déclic
37:11 de ce livre ? Qu'est-ce qui vous a poussé
37:13 à essayer de comprendre votre obsession
37:15 de l'enfant ?
37:17 Vous avez découvert que vous avez ça.
37:19 Est-ce que c'est la naissance de votre dernière fille ?
37:21 Vous avez trois enfants, qui est petite
37:23 aujourd'hui. Est-ce qu'au contraire,
37:25 c'est les débats d'actualité ?
37:27 - En fait, ce qui a déclenché ce livre,
37:29 c'était super que le livre soit cité avant,
37:31 le précédent. J'ai écrit, c'est tout simple,
37:33 j'ai écrit "Le courage de la nuance"
37:35 parce qu'il y avait une ambiance que vous connaissez aussi bien
37:37 que moi, ou mieux que moi, une ambiance de brutalisation
37:39 du débat public, et j'avais envie de faire
37:41 une espèce de câlin mélancolique à toutes les femmes,
37:43 tous les hommes qui étouffent dans le
37:45 moment actuel de brutalité,
37:47 de mauvaise foi, de haine, etc.
37:49 Et puis, ce livre-là,
37:51 "Le courage de la nuance", a essayé d'expliquer
37:53 qu'un tel courage n'est pas théorique,
37:55 n'est pas conceptuel, qu'il est ancré dans des choses
37:57 très concrètes, très ordinaires, l'amitié,
37:59 la maladie, des choses qui vous font découvrir votre finitude,
38:01 qui vous font un peu renoncer à votre
38:03 arrogance, à votre mauvaise foi, etc.
38:05 Et quand j'ai eu fini ce livre, je me suis dit "mais c'est quand même
38:07 dingue, tu as parlé de toutes ces
38:09 expériences, l'humour, l'amitié,
38:11 la franchise, la maladie, etc.
38:13 Et tu n'as pas dit un mot dans ce livre-là,
38:15 "Le courage de la nuance", sur
38:17 l'expérience quotidienne, ordinaire,
38:19 sensible, émue, qui pour toi
38:21 donne le plus ce courage, qui est
38:23 l'expérience de la rencontre avec un
38:25 nourrisson... - Qui n'est pas forcément le vôtre.
38:27 C'est-à-dire que c'est pas forcément
38:29 dans la rencontre et cette expérience
38:31 un lien familial, un lien parental.
38:33 - Non, mais je montre,
38:35 effectivement, je le dis à plusieurs reprises,
38:37 que ça peut être son bébé, le bébé de quelqu'un d'autre,
38:39 ça peut même être un horizon de bébé, je cite
38:41 plusieurs personnes qui ont écrit des livres
38:43 dédiés à des enfants qui ne sont pas
38:45 nés ou qui ne naîtront jamais.
38:47 Je cite beaucoup Anna Arendt, la philosophe
38:49 qui n'a pas eu d'enfant. - Alors justement,
38:51 on va prendre trois philosophes. A quoi bon
38:53 sauver un monde sans enfant ? Vous convoquez
38:55 les philosophes qui sont chers à votre coeur,
38:57 ceux que vous lisez, que vous relisez sans cesse,
38:59 et notamment Anna Arendt,
39:01 pour nous dire à quel point
39:03 l'expérience de l'enfance
39:05 est à la fois bouleversante, mais aussi
39:07 politique et même subversive.
39:09 Comment vous comprenez ce paradoxe
39:11 d'Anna Arendt qui dit que la natalité
39:13 est au centre de la condition humaine
39:15 et qui elle-même n'a pas souhaité faire d'enfant ?
39:17 - Alors, c'est pas vraiment qu'elle n'a pas souhaité,
39:19 elle explique à un moment donné que c'est très compliqué,
39:21 vous savez qu'elle a fui l'Allemagne, elle a fui les nazis,
39:23 elle s'est retrouvée dans des conditions très...
39:25 Elle a failli connaître vraiment le pire, elle a ensuite réussi
39:27 à s'exiler via la France aux Etats-Unis,
39:29 donc à un moment donné, il n'y a pas
39:31 beaucoup de traces là-dessus, mais il y a quelques traces...
39:33 - C'était trop précaire. - C'était trop précaire,
39:35 vraiment une question de précarité. Mais il n'empêche que
39:37 elle fait partie des rares philosophes
39:39 occidentaux qui ont pris au sérieux
39:41 la question de la naissance et de l'enfant,
39:43 du nouveau-né, et qui ont...
39:45 Et qui a montré, et elle a montré
39:47 que finalement, on ne pouvait pas penser
39:49 à un nouveau monde sans au moins
39:51 affronter
39:53 le problème ou la perspective
39:55 du nouveau-né, ce qu'on appelle très simplement
39:57 le nouveau-né. Et les passages qu'elle a sont hyper beaux,
39:59 c'est-à-dire qu'elle montre non seulement
40:01 aux enfants que chaque naissance
40:03 est comme un miracle qui sauve le monde,
40:05 dit-elle, et ça, on pourrait le dire à toute cette jeunesse
40:07 qui veut sauver le monde, que chaque naissance
40:09 est un miracle qui sauve le monde, parce que
40:11 chaque naissance, dit-elle, c'est totalement unique.
40:13 Je résume ça en disant, chaque fois unique, le début du monde.
40:15 Pas le début d'un monde, chaque enfant qui serait un monde.
40:17 Non, c'est comme s'il n'y avait personne avant.
40:19 Et comme si chaque enfant venait refonder
40:21 le monde, avait une espèce de puissance
40:23 inaugurale incroyable qui faisait
40:25 qu'il va nous projeter
40:27 dans un espace où toutes les certitudes
40:29 vassient, et où aussi, c'est pour ça que c'est le courage
40:31 de la nuance, et aussi où tous les espoirs
40:33 sont permis. Donc pour elle, effectivement,
40:35 il y a une évidence
40:37 que non seulement
40:39 les enfants assurent la continuité
40:41 du monde, mais que les enfants, surtout,
40:43 sont garants du pluralisme
40:45 et de la démocratie, en réalité.
40:47 Parce qu'elle a cette formule, elle dit
40:49 "chaque enfant est absolument unique",
40:51 et les naissances, à la fin,
40:53 ça fait la paradoxale, elle appelle ça
40:55 la paradoxale pluralité d'être unique.
40:57 Chaque enfant est unique, mais à la fin,
40:59 ça fait cette pluralité, et le pluralisme,
41:01 c'est la définition de la démocratie, et on voit bien
41:03 que, encore là, dans l'actualité que vous avez évoquée
41:05 juste avant, l'acharnement sur les bébés,
41:07 comme en Ukraine, etc.,
41:09 ou la déportation des enfants
41:11 qui sont russifiés, etc.,
41:13 en fait, elle montre bien comment le totalitarisme
41:15 ne peut pas supporter
41:17 cette dissidence qu'est l'enfance,
41:19 et doit forcément aussi, toujours, à un moment donné,
41:21 mettre la main sur les enfants. - La dissidence de l'enfance,
41:23 très belle expression. Georges Bernanos,
41:25 que vous chérissez tant,
41:27 c'est philosophe chrétien,
41:29 il excelle dans la description de l'enfance,
41:31 vous racontez, il a eu trois filles,
41:33 trois garçons, et il parle du désastre
41:35 métaphysique lorsque ses enfants
41:37 sont partis en pension.
41:39 Expliquez-nous ça.
41:41 - Oui, parce que je pense que c'est quelqu'un
41:43 qui n'a pas cessé de considérer,
41:45 alors dans une perspective très chrétienne,
41:47 que tout élan de dissidence,
41:49 justement, comme vous disiez, est un retour à l'enfance.
41:51 Et d'ailleurs,
41:53 donc pour lui, être privé de ses enfants,
41:55 c'était être privé de ce bain rebelle,
41:57 de ce bain déstabilisant, de ce bain
41:59 qui vous révèle à vous-même, etc.
42:01 Et c'est très beau, parce que vous savez que Bernanos
42:03 est connu notamment comme un grand écrivain,
42:05 mais aussi comme quelqu'un qui a fait un geste
42:07 hallucinant de courage, au moment de la guerre d'Espagne,
42:09 il sait, alors qu'il était quelqu'un classé
42:11 tout à fait à l'extrême droite, royaliste,
42:13 monarchiste, etc., eh bien, il a pas supporté
42:15 que le coup d'État du général Franco
42:17 se réclame
42:19 du Christ et du christianisme
42:21 pour commettre les crimes abominables
42:23 qu'il a commis, et donc, Bernanos
42:25 s'est retourné contre son propre camp
42:27 et a écrit ce livre magnifique qui s'appelle "Les grands cimetières sous la lune".
42:29 Or, qu'est-ce qu'il dit dans ce livre ?
42:31 Il dit que finalement,
42:33 tout le livre consiste à retrouver
42:35 les accents de l'enfance, à retrouver sa voix d'enfant,
42:37 comme si, d'évidence,
42:39 prendre de la hauteur, pour lui, c'était
42:41 retomber en enfance. - Alors, la dimension
42:43 politique, c'est intéressant, c'est drôle,
42:45 vous racontez la question de l'enfance, celle qui
42:47 fragilise, celle qui déstabilise,
42:49 vous l'avez posée à plein de personnalités
42:51 que vous avez interviewées,
42:53 de Booba à l'historien Pierre Nora,
42:55 Édouard Louis.
42:57 C'est intéressant, parce que lui, il dit
42:59 que toutes les politiques, y compris la vie familiale,
43:01 la vie privée, lui aussi,
43:03 parlent de la dissidence, parlent d'une certaine
43:05 forme de militantisme pour un monde
43:07 meilleur. Et là,
43:09 la question le désarçonne un peu.
43:11 - Oui, c'est très curieux,
43:13 c'était un moment de débat public,
43:15 où je l'interrogeais, je lui demandais si...
43:17 Je lui demandais s'il avait déjà fait une psychanalyse,
43:19 des choses comme ça, et à un moment donné,
43:21 je lui dis, puisque votre livre, c'est son dernier livre,
43:23 c'était sur sa mère, qui a un très beau livre,
43:25 moi j'aime beaucoup ce qu'il fait, je lui dis,
43:27 "Vous verriez un jour devenir père ?"
43:29 Et il a été totalement déstabilisé, gêné,
43:31 presque à faune, comme ça, et il s'est mis
43:33 à dire des choses assez décevantes,
43:35 finalement, en mode, "Mais moi, je comprends pas
43:37 "ces gens qui sont esclaves, derrière leurs poussettes,
43:39 "ils pourraient être en train de lire un livre
43:41 "de Marguerite Duras au café, ils sont là,
43:43 "il dit, pour moi, c'est une violence inouïe",
43:45 etc., et un ami à lui,
43:47 dont ils sont très proches,
43:49 le sociologue Geoffroy de Laganerie, a fait un livre entier
43:51 où il explique, un éloge de l'étudiant,
43:53 et où il explique que pour lui, vraiment,
43:55 devenir parent, c'est une vie de tristesse,
43:57 c'est une vie d'esclave, c'est une vie de tout ça,
43:59 et moi, je trouve ça marrant, quelque part,
44:01 enfin, touchant, et en même temps,
44:03 contestable, c'est-à-dire que, finalement,
44:05 je trouve ça fou que ce discours-là,
44:07 qui décrit la vie de parent comme quelque chose
44:09 de triste, de conformiste,
44:11 etc., soit...
44:13 se fasse passer pour subversif,
44:15 parce que, pour moi, ce discours, c'est, au contraire,
44:17 une manière de se protéger de ce qui est plus subversif
44:19 dans la vie, de ce qui peut vous arriver,
44:21 c'est-à-dire un enfant qui vient et qui vous remet à votre place,
44:23 qui vous ridiculise et qui vous fait douter,
44:25 et devant lequel vous ne pouvez pas prendre la pose
44:27 et sur lequel vous ne pouvez pas non plus prendre la main.
44:29 - Alors, la question politique, c'est passionnant,
44:31 ce sera ma dernière question.
44:33 Ca fait très longtemps que toutes les formes
44:35 de radicalité politique, notamment à l'extrême-gauche,
44:37 les révolutionnaires abjurent
44:39 leur désir d'enfant. C'est pas uniquement
44:41 lié à quelques radicalités écolos
44:43 face au réchauffement climatique
44:45 aujourd'hui. Vous-même, vous avez été,
44:47 vous le racontez dans le livre, trotskiste,
44:49 dur, vous étiez à l'Utrebourrière,
44:51 et c'est une organisation politique
44:53 où on ne fait pas d'enfants.
44:55 Alors, c'est pas écrit noir sur blanc
44:57 dans des lois, mais
44:59 c'est une tradition. D'ailleurs,
45:01 les grands responsables femmes n'ont pas
45:03 fait d'enfants. Comment vous avez été
45:05 à l'aise dans ça ?
45:07 Vous avez compris que...
45:09 -Comment ? Vous preniez une distance
45:11 avec ça ou pas ? -Justement,
45:13 j'ai jamais vraiment été à l'aise.
45:15 En même temps, j'ai adoré... Je peux pas m'en rajouer
45:17 à l'ancien combattant. C'est quelques années,
45:19 très fugaces, dans les années 90, quand j'avais 16 ans,
45:21 17 ans, 18 ans, mais ce que je veux dire,
45:23 c'est que... Oui,
45:25 j'ai rejoint ce groupe qui était un groupe
45:27 de lecteurs, un groupe où il y avait
45:29 beaucoup d'ouvriers, de gens très cultivés,
45:31 de gens fascinants, très charismatiques,
45:33 qui avaient vécu plein de choses, lu beaucoup de choses aussi.
45:35 -C'est ce qui excluait l'enfant du domaine
45:37 de la lutte. -Mais qui avait, effectivement,
45:39 fixé comme règle, pour plein de raisons
45:41 compliquées, en partie pertinentes,
45:43 le fait qu'il prévenait tout le monde à l'entrée,
45:45 quand les gens arrivaient, disant "Chez nous, on ne fait pas..."
45:47 -Pas d'enfants. -Et en fait, d'emblée,
45:49 et c'est un peu le livre, un peu d'enquête sur ce sentiment
45:51 de malaise, d'emblée, pour moi, je me suis dit "Mais comment c'est possible,
45:53 en fait, que l'on prétende, comment on peut
45:55 prétendre vouloir changer le monde
45:57 si on renonce à donner la vie ?" Rosa Luxembourg,
45:59 elle, que je cite beaucoup... -A qui vous dédiez...
46:01 -C'était évident pour elle,
46:03 qu'on ne pouvait pas, au moins, poser cette question
46:05 du don de la vie si on voulait changer le monde,
46:07 et en fait, moi, j'ai fini par
46:09 quitter ce groupe aussi là-dessus,
46:11 c'est-à-dire que pour moi, il y a une sorte de malaise,
46:13 je ne vois pas comment on peut vouloir changer le monde
46:15 si on ne pose pas la question de la génération.
46:17 La question de l'émancipation, elle est forcément
46:19 à l'horizon des êtres qui viennent,
46:21 des gens qui vont nous succéder, et donc de ce qu'on appelle
46:23 au sens le plus charnel, la génération.
46:25 -Merci, Jean-Bien Lebon.
46:27 Voilà donc pourquoi seuls les enfants
46:29 changent le monde,
46:31 c'est-à-dire au seuil. Vous restez avec moi,
46:33 c'est l'heure d'accueillir nos affranchis
46:35 pour leur parti pris. Ils vont vous faire
46:37 réagir, on les accueille tout de suite.
46:39 Yael Ghos de France Inter,
46:41 chef du service politique, éditorialiste,
46:43 bienvenue. Richard Verli
46:45 et son regard sur l'Europe du quotidien
46:47 suisse, Blic, installez-vous,
46:49 on commence comme chaque soir par Bourbon Express.
46:51 C'est l'histoire du jour à l'Assemblée,
46:53 elle est signée ce soir, Elsa Mondingava.
46:55 Bonsoir, Elsa. -Bonsoir, je vais vous raconter
46:57 ce soir l'histoire de trois députés
46:59 qui nous ont invités à une conférence de presse.
47:01 Avec Marion Devauchelle, on s'y est rendu.
47:03 Ils lancent un groupe de travail,
47:05 je vous le donne en mille, sur le travail.
47:07 Rémunération, temps partiel subi,
47:09 semaine de quatre jours, rapport des jeunes
47:11 avec le travail, vaste débat.
47:13 Mais ce qui nous a intéressés, c'était moins le thème
47:15 que le profil de ces députés.
47:17 Regardez, il y a Astrid Panosian-Bouvet,
47:19 Renaissance, Stéphane Viry,
47:21 Les Républicains et Dominique Pottier,
47:23 Socialiste. C'est donc ce qu'on appelle
47:25 un groupe transpartisan.
47:27 -Gauche, droite et majorité,
47:29 vous pensez que vous allez tous vous entendre ?
47:31 -C'est pas n'importe quelle gauche,
47:33 n'importe quelle droite, n'importe quelle majorité.
47:35 C'est des personnes de bonne volonté
47:37 qui ont en commun une certaine ouverture d'esprit,
47:39 des passions communes, et puis une certaine
47:41 idée de la démocratie. La démocratie
47:43 comme un lieu à creuser.
47:45 On cherche la vérité ensemble, on ne l'a pas tout seul.
47:47 -Je pense que des moments comme la conférence de presse
47:49 que nous avons donnée font du bien.
47:51 On voit d'abord des discussions de fond,
47:53 une discussion apaisée et respectueuse
47:55 les uns des autres. Donc c'est important
47:57 aussi de montrer à nos concitoyens,
47:59 d'abord qu'on regarde les sujets du quotidien
48:01 qui sont extrêmement importants pour eux,
48:03 mais c'est aussi important de montrer qu'on peut le faire
48:05 de manière apaisée et respectueuse.
48:07 -Ce que vous voulez montrer, c'est que l'Assemblée nationale,
48:09 c'est pas que des invectives, c'est pas que des insultes,
48:11 c'est ça ? -Mais vous savez, à notre quotidien,
48:13 chaque semaine, on travaille beaucoup,
48:15 on se parle, on échange,
48:17 on avance. Le prisme
48:19 médiatique ou l'image qui peut en résulter,
48:21 c'est hélas trop souvent
48:23 frustrant pour un député comme moi.
48:25 Donc effectivement, on a l'idée
48:27 de démontrer qu'à l'Assemblée nationale,
48:29 il se passe des choses très saines,
48:31 très utiles pour les Françaises et les Français.
48:33 -Pour l'instant, dans ce groupe, il y a 29 députés,
48:35 ils vont faire toute une série d'auditions.
48:37 Tous les députés étaient bienvenus, sauf le Rassemblement national
48:39 qui est personna non grata.
48:41 -C'est vrai qu'on s'attache souvent aux polémiques
48:43 et aux tensions dans l'hémicycle.
48:45 Il y a des échanges, en fait, réguliers
48:47 entre groupes différents. -Oui, c'est pas la seule initiative.
48:49 On peut penser aux groupes transpartisans
48:51 sur les déserts médicaux.
48:53 Il y avait des députés qui avaient fait des déplacements ensemble.
48:55 Ils avaient même fini par faire des meetings communs,
48:57 proposer des amendements en commun.
48:59 Ce matin, encore, des députés
49:01 de différents groupes politiques avaient donné rendez-vous
49:03 pour faire des propositions.
49:05 Sur un thème assez consensuel, c'était les enfants
49:07 et les écrans. Là encore,
49:09 ils étaient présents, sauf le Rassemblement national.
49:11 La présidente de l'Assemblée nationale
49:13 a même créé des semaines transpartisaines
49:15 avec l'examen de proposition de loi
49:17 pour la majorité opposition.
49:19 Il ne s'agit pas de minimiser les tensions.
49:21 En ce moment, il y en a beaucoup.
49:23 Ça va même plutôt dégrader l'ambiance
49:25 que faire que ça aille mieux.
49:27 Mais il est important de montrer que ces initiatives existent.
49:29 Il y a des choses qui se passent bien à l'Assemblée.
49:31 -Vous l'avez fait parfaitement. Merci beaucoup, Elsa.
49:33 Partie prise de Yael Goz.
49:35 On est quatre jours, on le disait,
49:37 après l'attaque terroriste du Hamas en Israël.
49:39 Déjà, les effets,
49:41 les effets sur l'échiquier politique français.
49:43 -Et des effets, Myriam, qui seront durables
49:45 car on assiste à des scènes
49:47 qui auraient été inimaginables
49:49 il y a cinq ou dix ans.
49:51 C'est simple, en quatre jours, la France insoumise,
49:53 22 % à la présidentielle,
49:55 a pris le risque fou de se marginaliser
49:57 et de se mettre au banc de la République.
49:59 On est à front, renversé.
50:01 À certains égards,
50:03 LFI occupe la place de Paria
50:05 qui fut longtemps celle du FN
50:07 avant le RN. Je m'explique.
50:09 Ce qui s'est passé en Israël, c'est une démocratie attaquée.
50:11 Un massacre d'innocents,
50:13 un nouveau 11 septembre,
50:15 un bataclan du Negev, appelez-le comme vous voulez,
50:17 mais jamais en quatre jours,
50:19 la direction de LFI n'aura lâché
50:21 le mot "terroriste" pour qualifier
50:23 le Hamas, entêtement absurde
50:25 chez LFI, même quand on est
50:27 assiégé, même quand on est à court d'arguments rationnels,
50:29 on ne se dédie pas, on ne s'excuse pas,
50:31 on fonce droit dans le mur.
50:33 -A quoi vous faites allusion ? -Avec cette position
50:35 intenable, LFI prête le flanc
50:37 aux accusations d'antisionisme,
50:39 faunée de l'antisémitisme.
50:41 Pourquoi faire du "et" en même temps
50:43 sur le conflit israélo-palestinien ?
50:45 Dans quel but ? Pour flatter quel électorat ?
50:47 Quel marché électoral en banlieue ?
50:49 Pourquoi se couper à ce point
50:51 des organisations juives de France ?
50:53 On va remonter le film, si vous voulez bien.
50:55 Lundi soir, pour la première fois,
50:57 huit députés RN sont dans le cortège
50:59 du CRIF en soutien à Israël.
51:01 Et c'est un socialiste, Olivier Faure,
51:03 seul chef de parti de gauche
51:05 présent ce soir-là, qui passe un mauvais quart d'heure.
51:07 C'est lui, c'est pas le RN qui passe
51:09 un mauvais quart d'heure. Hier, à l'Assemblée,
51:11 après la minute de silence, Marine Le Pen
51:13 prend la parole pour dire son soutien
51:15 inconditionnel à Israël, et elle est
51:17 applaudie par la droite LR,
51:19 les Républicains, on les voit, mais aussi dans la majorité
51:21 par une dizaine de députés
51:23 Horizon et Modem, et ça, c'est nouveau.
51:25 A contrario, quand l'insoumise
51:27 Mathilde Panot parle, c'est une partie de l'hémicycle
51:29 qui se vide. Et enfin, dernière
51:31 image, ce matin, deux ministres,
51:33 Gérald Darmanin et Gabriel Attal, sont à Sarcelles,
51:35 à l'école juive Osar Athora.
51:37 Bon accueil, sauf pour qui ?
51:39 Pour le député du coin,
51:41 Carlos Martins Bilongo, député LFI,
51:43 obligé de faire demi-tour.
51:45 Carlos Martins Bilongo, rappelez-vous,
51:47 c'est le député à qui le RN
51:49 avait crié il y a un an dans l'hémicycle
51:51 qu'il retourne en Afrique.
51:53 - Donc, trois images qui, pour vous, Yael,
51:55 sont le signe d'un renversement complet,
51:57 d'une inversion, même.
51:59 - Oui, plus LFI se radicalise et plus le RN
52:01 s'institutionnalise, c'est spectaculaire,
52:03 et ça se mesure dans la dernière enquête
52:05 sur la type sauce fracture française.
52:07 LFI est désormais perçue comme le parti
52:09 le plus dangereux pour notre démocratie française.
52:11 C'est plus le RN qui est à la première place,
52:13 c'est LFI. A contrario, la respectabilité
52:15 du parti de Jordane Bardella
52:17 monte en flèche. 44 % des Français
52:19 jugent le RN apte
52:21 à gouverner, et tout ça a été mesuré
52:23 avant l'attaque du Hamas,
52:25 avant les polémiques sur LFI. En politique,
52:27 il y a des moments qui sont cliqués,
52:29 c'est là que nous sommes en train de vivre,
52:31 le cliqué. La gauche se recomposera,
52:33 sans doute, mais à court terme,
52:35 ce sont ces malheurs qui font le bonheur de Marine Le Pen.
52:37 - La diabolisation a changé de camp.
52:39 Merci beaucoup, Yael Ghossa.
52:41 On va vous faire réagir. Vous aviez écrit,
52:43 je me rappelle, "le silence religieux",
52:45 "la gauche face au djihadisme". Aujourd'hui,
52:47 elle ne peut pas, cette extrême gauche-là,
52:49 LFI, prononcer le mot de terrorisme,
52:51 elle ne peut pas qualifier
52:53 les faits. On en est là.
52:55 - Oui, c'est vrai qu'il y a une difficulté à prendre au sérieux
52:57 ce qui est en train de se passer, mais finalement,
52:59 il y a des résonances entre ce que vous avez dit,
53:01 et ce que vous avez dit, et ce que vous avez dit,
53:03 et ce que vous avez dit, et ce que vous avez dit,
53:05 et ce que vous avez dit, et ce que vous avez dit.
53:07 Dans le courage de la nuance, j'ai essayé de montrer
53:09 que dans tout ce bordel, toute cette violence,
53:11 il n'y a rien de plus radical que la nuance,
53:13 et finalement, on voit bien que dans la scène politique,
53:15 il y a des gens qui essaient, qui voient très bien
53:17 que les clivages politiques tels qu'ils sont,
53:19 figés, etc., ça ne veut pas dire qu'il faut que tout le monde
53:21 s'embrasse et que tout le monde dise la même chose,
53:23 mais en tout cas, que sur plein de grands sujets,
53:25 des gens qui n'appartiennent pas aux mêmes parties
53:27 en fait sont d'accord, ils peuvent se parler,
53:29 même à son ennemi, accorder que son ennemi
53:31 peut avoir raison sur tel ou tel point,
53:33 il disait que c'était le principe de base de quiconque
53:35 à ce rapport à la nuance, à la mesure, etc.,
53:37 et là, c'est un peu la même chose,
53:39 parce que finalement, ce que vous disiez sur ce parti
53:41 qui est incapable de se dédire, c'était très beau
53:43 ce que vous avez dit là-dessus, et c'est incroyable,
53:45 parce qu'on connaît tous des gens proches de Mélenchon,
53:47 enfin, on connaît, moi j'ai croisé des gens,
53:49 des députés, etc., qui sont tous atterrés
53:51 et à cette espèce de discipline de faire
53:53 complètement et de non-dit, avec des éléments de langage,
53:55 où tout suinte la mauvaise foi
53:57 et la peur,
53:59 et une espèce de gâchis incroyable,
54:01 où on sent qu'effectivement,
54:03 on est dans tout, dans le courage de la franchise,
54:05 de la nuance, alors qu'on sait très bien,
54:07 toute l'histoire du XXe siècle est là pour nous montrer,
54:09 sans vouloir dire les grands mots,
54:11 qu'il n'y a pas d'espérance radicale
54:13 qui va très loin quand elle est
54:15 basée ou armée par la mauvaise foi
54:17 et une espèce de panique
54:19 et de peur, et de discipline collective
54:21 apeurée. - Elle est inarrêtable,
54:23 ça l'a inspiré.
54:25 - Prenez note. - Vous allez voir ça.
54:27 - Je voulais faire un lien entre vous, c'est tout.
54:29 - Ça va continuer,
54:31 peut-être à nous
54:33 terrifier, cette Europe qui
54:35 pourrait basculer aux mains des...
54:37 Enfin, un pays de plus,
54:39 il y est déjà, d'ailleurs, National Populist
54:41 et la Pologne, vous nous parlez d'une élection importante
54:43 dont on parle peu, évidemment, en ce moment,
54:45 c'est l'élection législative
54:47 de dimanche prochain. - Alors, Varsovie,
54:49 nouveau centre de gravité de l'Union Européenne,
54:51 c'est ce qu'on entend depuis des mois,
54:53 sur fond de guerre en Ukraine,
54:55 compte tenu du rôle décisif joué par la Pologne
54:57 sur le plan du soutien militaire à Kiev,
54:59 première chose, et aussi pour
55:01 l'accueil de millions de réfugiés,
55:03 forte de 38 millions d'habitants,
55:05 et la Pologne, en plus, a une insolente croissance économique,
55:07 5 %, elle est un nouveau
55:09 géant européen.
55:11 Alors, j'emploie le mot "géant" à dessein, car nous parlons
55:13 sans doute du pays le plus pro-américain
55:15 de l'Union Américaine et aussi
55:17 le plus anti-russe. - L'Union Européenne.
55:19 - Donc, tout ce qui s'y passe a une importance absolument
55:21 décisive pour l'Union,
55:23 y compris sur le Proche-Orient, alors là, pour d'autres raisons,
55:25 le passé de la Pologne,
55:27 les camps de concentration nazis qui étaient
55:29 sur son sol durant la Seconde Guerre mondiale,
55:31 pèsent évidemment toujours lourd.
55:33 Alors, au niveau européen, on peut
55:35 marginaliser la Hongrie de Viktor Orban,
55:37 même si c'est pas facile, on l'a vu tout à l'heure
55:39 à propos du commissaire hongrois,
55:41 on peut ignorer la Slovaquie de Robert Fidsow,
55:43 ce nouveau chef du gouvernement,
55:45 puisqu'il va réussir à mettre en place
55:47 une coalition, mais on ne peut pas mettre de côté
55:49 la Pologne, parce qu'elle pèse trop lourd.
55:51 C'est donc le sort de l'Union qui se joue dimanche
55:53 dans les isoloirs polonais. Alors, pour rappel,
55:55 une victoire de l'actuel parti au pouvoir,
55:57 le PIS, le Parti de Droit et Justice,
55:59 qui est national populiste, ça signifierait
56:01 que ce courant ultra-conservateur,
56:03 catholique, eurosceptique,
56:05 autoritaire, anti-immigration,
56:07 prendra encore plus racine.
56:09 Les attaques contre l'indépendance de la justice
56:11 qui ont conduit Bruxelles à geler des fonds européens
56:13 deviendraient presque impossibles à empêcher.
56:15 La résistance polonaise à
56:17 toute autonomie stratégique européenne
56:19 à la mode Emmanuel Macron,
56:21 c'est-à-dire distante des Etats-Unis,
56:23 serait encore plus renforcée, car les Polonais
56:25 n'en veulent absolument pas. - Et c'est le PIS
56:27 qui est favori des sondages. - Alors, ça devient
56:29 un peu compliqué, et donc avec
56:31 beaucoup de suspense. En ce moment, la coalition
56:33 civique de Donald Tusk, l'ancien
56:35 président du Conseil européen, est en train de remonter.
56:37 Pourquoi ? Essentiellement à cause de scandales,
56:39 scandales de corruption, scandales
56:41 sur l'attribution de visas. Aussi,
56:43 beaucoup de Polonais ne comprennent pas pourquoi d'un seul coup,
56:45 le gouvernement est fâché avec l'Ukraine
56:47 à cause des céréales, parce qu'on veut ménager
56:49 les paysans. Bref, il y a
56:51 un suspense électoral, mais attention,
56:53 même si l'actuel gouvernement devait être
56:55 battu, la Pologne, elle ne redeviendra
56:57 pas un pays docile qui se contente
56:59 d'accepter les fonds européens.
57:01 Varsovie veut compter et va peser,
57:03 et Emmanuel Macron l'a bien compris, parce qu'il
57:05 a toujours soigné ce qu'on appelle le triangle
57:07 de Weimar, c'est-à-dire
57:09 l'amitié, la relation entre la France,
57:11 l'Allemagne et la Pologne. Donc rendez-vous dimanche.
57:13 -Oui, et rendez-vous en début de semaine
57:15 pour venir un peu décrypter ces résultats.
57:17 Merci beaucoup, Richard,
57:19 merci Yael, merci Elsa, Jean-Biendebaum,
57:21 merci à vous d'avoir passé l'heure en direct
57:23 "Seuls les enfants changent le monde",
57:25 c'est votre dernier essai,
57:27 essai, voilà, un peu
57:29 psychanalytique et personnel, très intime
57:31 et philosophique, paré au seuil.
57:33 Très belle soirée documentaire avec Jean-Pierre Gratien.
57:35 A demain.
57:37 ...