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00:00 Bonjour Morgane, donc vous êtes prof ici à l'école à vivre, c'est quoi l'école à vivre ?
00:11 Alors l'école à vivre c'est une école à pédagogie alternative, autrement dit une école pas traditionnelle du tout,
00:18 où on a des petits groupes classes qui sont particulièrement constitués de 3 à 7-8 élèves au maximum,
00:27 et où on apprend des choses qu'on apprend aux écoles traditionnelles, mais aussi d'autres choses.
00:34 On rebondit énormément sur les questions d'élèves.
00:37 On n'est pas sur une pédagogie Freney ou une pédagogie Montessori uniquement,
00:42 on a un petit peu de toutes sortes de pédagogies, et on a regroupé de grandes idées,
00:49 et on en fait une école bien particulière.
00:53 Il y a des espaces où entre prof et élève vous parlez d'égal à égal ?
00:57 Exactement, nous avons des moments qu'on appelle PDC, donc politique démocratique mise en commun,
01:06 et c'est des moments où les élèves et les professeurs parlent à une même voix,
01:11 c'est-à-dire qu'un professeur n'a pas plus de poids qu'un élève, on est dans une relation un peu asymétrique,
01:20 puisque l'on sait qu'un professeur est "adulte", mais ce n'est pas lui qui aura plus de poids dans la prise de parole.
01:30 Vous avez connu l'enseignement traditionnel, finalement, par avant ?
01:33 Oui, j'ai moi-même eu une formation où j'étais dans l'enseignement traditionnel,
01:38 et j'ai commencé à enseigner dans un enseignement traditionnel.
01:41 C'est vraiment différent ici, puisqu'on a vraiment le soin de chaque élève,
01:48 on essaye d'être présent pour chacun d'eux, de les écouter, ils ont vraiment une place au sein de leur propre apprentissage.
01:57 Et vous, vous êtes enseignante en quelle matière ?
02:00 J'enseigne principalement les maths et la physique, et puis nous avons aussi des modules où je peux enseigner d'autres choses,
02:08 notamment le tricot, le crochet, parfois le dessin, ou la résine, ou couture, etc.
02:15 Le tout de 1 à 6, ça non plus ce n'est pas très courant.
02:19 Non, c'est vrai. Nous avons des classes de niveau, pour le moment, de 2ème secondaire jusqu'au 6ème.
02:25 L'école a déjà pu prendre des élèves à partir du 5ème primaire,
02:31 donc c'est vrai qu'on doit enseigner, quand on est prof ici, à partir d'élèves très jeunes,
02:36 donc 1ère année, on va dire, et jusqu'au 6ème année.
02:41 Alors Camille, Élise, vous vous êtes élèves ici depuis longtemps ?
02:46 Moi, c'est ma 5ème année ici à l'école, je suis ici depuis ma 2ème secondaire.
02:52 Et moi, je suis arrivée l'année dernière, en janvier.
02:56 C'est une école pas comme les autres, et en même temps, une école comme les autres.
02:59 On apprend les mêmes matières que dans toutes les écoles, mais on apprend aussi des matières en plus,
03:04 mais c'est vrai que la relation avec les profs, ou la relation à la matière et au travail est différente.
03:11 En fait, les profs ne sont pas au-dessus de nous, on n'est pas dans une hiérarchie, mais plus dans une asymétrie.
03:17 Ils nous écoutent comme nous, on les écoute, et il y a aussi plus de l'envie de travailler,
03:25 de l'envie de comprendre la matière qui vient.
03:28 Et toi Camille, c'est différent d'avant ? Tu as mieux trouvé ta place ?
03:33 Oui, beaucoup mieux.
03:34 Sans cette école, je ne sais pas trop ce que je pourrais faire, parce que ici, tout le monde nous écoute.
03:41 Quand ça ne va pas, il y a un professeur qui est là, ou un élève, et donc je trouve ça très compréhensible.
03:51 La dynamique de l'internat, ça change aussi la donne ?
03:55 Ça change beaucoup. Moi, ça m'a fait beaucoup de bien d'arriver à l'internat.
04:00 On fait des activités tous ensemble, l'école finit à 18h, mais le seul moment où je me retrouve toute seule,
04:10 c'est après 22h, qui est l'heure du coucher.
04:13 On a tout le temps une activité qu'on peut faire, où on discute avec les autres,
04:17 et c'est vraiment plus une ambiance familiale.
04:21 On regarde un film tous ensemble, qu'il soit en français ou en anglais,
04:26 on fait des activités extérieures, c'est vraiment plus familial que dans les autres écoles.
04:34 Vous deviez déménager, quitter ce château pour aller au Carmel à Floref,
04:39 où il y a eu un incendie, donc le déménagement n'a pas été possible pour le moment.
04:44 Comment vous avez vécu les choses ?
04:47 Moi, je suis un peu triste parce que c'est ma dernière année à l'école, je passe mon CESS cette année,
04:53 et j'avais vraiment envie de découvrir l'école dans un autre endroit,
04:59 un endroit où on avait plus de place, pour faire plus de choses,
05:03 mais je suis très contente d'être revenue au château aussi.
05:07 Mais si, je suis très triste de ne pas pouvoir déménager là-bas.
05:10 Et toi ?
05:12 Moi, j'étais aussi très triste de ne pas pouvoir aller au Carmel,
05:15 mais comme on a pu venir aider pour déménager l'endroit ici,
05:18 je trouve qu'on s'est bien investi, on a bien rigolé, on s'est bien amusé,
05:22 et maintenant, c'est un peu comme si c'était notre deuxième maison.
05:25 Et alors, vous construisez une yurte ?
05:28 Oui, on construit une yurte.
05:31 C'est pour augmenter l'espace, c'est ça ?
05:33 C'est pour augmenter l'espace et avoir un espace plus dirigé pour les PDC,
05:38 donc nos pratiques démocratiques collectives, et un espace de parole.
05:44 [SILENCE]