Parlement Hebdo - Hervé Marseille

  • l’année dernière
Retrouvez un point complet sur l'actualité parlementaire et politique de la semaine en présence d'Hervé Marseille, sénateur des Hauts-de-Seine, président du groupe Union Centriste au Sénat et président de l'Union des démocrates et indépendants (UDI).

Parlement Hebdo, c´est le tour d´horizon complet d'une semaine au Parlement. Chaque vendredi, Kathia Gilder (LCP-Assemblée nationale) et Alexandre Poussart (Public Sénat) passent en revue les événements et les discussions - en séance ou en commission - qui ont animé les débats. Une mise en perspective analysée en plateau par une personnalité politique.

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00:00 [Musique]
00:09 Bonjour et bienvenue à tous dans Parlement Hebdo.
00:12 Retour en 26 minutes sur les événements qui ont marqué l'Assemblée nationale et le Sénat cette semaine.
00:17 Et nous accueillons cette semaine Hervé Marseille. Bonjour.
00:20 Bonjour.
00:21 Vous êtes sénateur des Hauts-de-Seine, président du groupe de l'Union centriste au Sénat
00:23 et également vice-président du groupe d'amitié France-Israël à la Haute Assemblée.
00:27 Hervé Marseille, on reviendra bien évidemment avec vous sur la situation au Proche-Orient.
00:31 Emmanuel Macron s'est exprimé ce jeudi dans une allocution solennelle.
00:36 Il a promis de tout faire pour sauver les otages français en appelant à l'unité nationale.
00:41 Et nous reverrons les hommages et les réactions politiques nombreuses à l'Assemblée et au Sénat
00:46 une semaine après ces attaques terroristes du Hamas contre Israël qui bouleversent la géopolitique.
00:53 On parlera également du budget 2024 que les députés ont commencé à examiner
00:58 et qui met fin notamment au bouclier tarifaire sur l'énergie.
01:01 Sous pression, l'exécutif se prépare à utiliser l'article 49.3.
01:06 Le chef de l'État a donc pris la parole jeudi dans une allocution télévisée sur cette guerre au Proche-Orient.
01:11 Emmanuel Macron a essayé de rassurer nos concitoyens sur le sort des otages français détenus par le Hamas.
01:17 Comme nous nous inquiétons pour le sort de nos 17 compatriotes, enfants et adultes, portés disparus
01:23 et sans doute pour certains d'entre eux retenus en otage.
01:28 Je pense ce soir aux familles.
01:30 Je veux leur dire que la France met tout en œuvre, aux côtés des autorités israéliennes et avec nos partenaires,
01:37 pour les faire revenir sains et saufs dans leur foyer.
01:41 Car jamais la France n'abandonne ses enfants.
01:45 Hervé Marseille, première réaction sur ce qu'a dit jeudi le président de la République.
01:49 Qu'est-ce que peut faire la France pour nos otages français détenus par le Hamas ?
01:52 Est-ce qu'on doit d'une certaine manière négocier avec cette organisation via des pays intermédiaires ?
01:57 Écoutez, moi j'étais à l'Élysée hier avec les responsables des partis politiques.
02:03 Et donc, à l'évidence, une des priorités que nous a annoncées le chef de l'État,
02:10 c'était d'obtenir la libération de nos otages.
02:14 Il y a une vingtaine de Français dont on ne sait pas ce qu'ils sont devenus.
02:17 Alors peut-être certains malheureusement sont morts, mais d'autres peuvent être otages, dont des enfants.
02:23 Et c'est une priorité pour la France.
02:25 Après, on sait très bien qu'on ne négocie jamais en direct.
02:28 Il y a toujours des médiations. Et tout ça est du domaine de la discrétion et du secret.
02:33 Donc on n'en sait pas plus, mais on peut imaginer qu'il y a des pays de la région,
02:36 on pense à l'Égypte, au Qatar ou à d'autres,
02:39 qui sont des intermédiaires pour essayer d'obtenir la libération de nos otages.
02:45 Alors, le président de la République, lors de son discours, de son allocution, a appelé longuement à l'unité du pays.
02:51 On voit en France une hausse des attaques antisémites.
02:55 Est-ce que vous craignez que ce conflit ne s'importe en France ?
02:59 Malheureusement, on peut le redouter, mais tout doit être fait pour éviter justement cette fracture supplémentaire au sein de notre pays.
03:07 C'est vrai qu'il y a une montée de la haine. Il suffit de regarder les réseaux sociaux.
03:13 On voit immédiatement qu'il y a une montée des invectives et des horreurs qui sont proférées.
03:21 On nous a dit, le chef de l'État nous a dit, qu'il y avait eu environ 140 faits judiciarisés
03:31 et caractérisés comme des actes d'antisémitisme.
03:35 On voit bien qu'il y a une montée, comme toujours dans ces moments de tension.
03:39 Donc il faut tout faire pour faire en sorte que le conflit ne s'importe pas chez nous.
03:47 On a vu récemment encore un tas de manifestations, soit disant...
03:51 Il faut interdire ces manifestations pro-Palestine ?
03:54 Bah oui, parce que ça commence par "message pour la paix", ça finit par "Israël assassin".
04:00 Donc à un moment donné, on ne peut pas justifier par des soi-disant manifestations pacifiques des actes de violence.
04:08 Donc c'est à la justice le cas échéant d'intervenir.
04:11 Alors, Hervé Marseille, toute la semaine, les hommages et les réactions politiques se sont succédés
04:17 après cette attaque sans précédent du Hamas au Sénat.
04:20 La droite demande la qualification de crime contre l'humanité,
04:24 tandis qu'à l'Assemblée nationale, la réaction ambigüe de la France insoumise suscite beaucoup de critiques.
04:30 Récit de Cécile Cixous.
04:32 Horreur. Sidération.
04:37 Des mots forts et l'émotion dans la voix de Yael Brone-Pivet.
04:41 Mardi, les députés ont rendu hommage aux victimes des massacres en Israël.
04:50 Le recueil de l'Assemblée mardi a laissé place à celui du Sénat mercredi.
04:54 Je vous invite à vous lever pour observer une minute de silence.
05:00 Un moment solennel sous les yeux de l'ambassadeur d'Israël en France.
05:04 Puis d'autres mots forts ont résonné, palais du Luxembourg, ceux de Gérard Larcher.
05:11 Les massacres commis dans les kiboutz de Béry et Kfar Hazar ont un nom, des crimes contre l'humanité.
05:20 Crimes contre l'humanité, les sénateurs LR souhaitent déposer une résolution pour qualifier les faits.
05:26 Crimes contre l'humanité, c'est la réalité.
05:29 Ce mot, cette expression utilisée là, faites-la utiliser par l'Europe.
05:34 Franchement, vu ce qui s'est passé, crimes contre l'humanité, c'est bien le minimum.
05:39 Mais Roger Carucci demande plus au gouvernement.
05:42 Il l'appelle aussi à condamner ceux qui ne soutiennent pas Israël.
05:46 En ligne de mire, la France insoumise.
05:49 Mardi, en conférence de presse, Mathilde Panot refuse de qualifier le Hamas d'organisation terroriste.
05:55 Nous ne changerons pas d'un iota notre position qui est celle des partisans de la paix.
06:01 Et nous n'accepterons pas, je le redis encore une fois, qu'on nous prête des mots qui ne sont pas les nôtres.
06:06 Dans l'hémicycle, elle est huée par les LR et quelques députés de la majorité.
06:10 Ils quittent leur siège le temps de son intervention.
06:13 LFI est ensuite pointée du doigt par l'ensemble des partis dans les deux assemblées.
06:17 Absolument rien, et je dis vraiment absolument rien, ne justifie le terrorisme.
06:22 Ceux qui soutiennent l'insoutenable, l'excusent ou le relativisent
06:27 et dont certains siègent sur ces bancs, attente aux valeurs humaines.
06:32 Le Hamas est bien une organisation terroriste.
06:35 Ne pas clairement le reconnaître sous couvert d'explications vaseuses relève de l'indignité.
06:42 Un comportement également dénoncé par le gouvernement.
06:45 Elisabeth Borne refuse, dit-elle, toute ambiguïté.
06:49 Ma conviction, c'est que face au drame terrible qui frappe Israël,
06:54 notre devoir, c'est de veiller à l'unité nationale, à la cohésion nationale.
07:00 La Première ministre a également évoqué les familles de victimes et disparues français.
07:05 Emmanuel Macron confirme que plusieurs enfants figurent parmi les otages.
07:09 La droite demande au Sénat la qualification de crimes contre l'humanité en droit international.
07:16 C'est l'incrimination qui a été créée en 1945 dans le statut du tribunal de Nuremberg.
07:24 Est-ce qu'il faut qualifier ces faits de crimes contre l'humanité ?
07:29 Ce que n'a pas encore fait la France.
07:32 Oui, à l'évidence, il faut le faire.
07:36 Je l'ai évoqué hier, ce jeudi, devant le chef de l'Etat.
07:43 Et à l'évidence, c'est un sujet dont il va falloir s'emparer.
07:48 Il y a des urgences. Il y a le deuil, il y a la guerre, parce que c'est une guerre.
07:55 Et viendra le moment où il faudra traiter ces dossiers, il faut les étayer.
08:00 La procédure est longue.
08:02 Oui, il y a des enquêtes en cours, mais la réponse est claire.
08:05 Il faut que nous portions devant le tribunal international cette définition de crime contre l'humanité.
08:13 Pourquoi le chef de l'Etat ne le fait pas ?
08:15 Parce qu'il y a plusieurs gens à faire pour l'instant.
08:17 Il faut déjà étayer le dossier.
08:19 Il y a des médecins légistes qui travaillent, il y a des photographies qui sont prises.
08:23 C'est lourd, c'est un gros dossier.
08:25 Ça viendra en son temps ?
08:26 Ça viendra en son temps.
08:28 Mais je crois que c'est indispensable.
08:30 Ça permettra aussi de définir les responsabilités.
08:34 Le président du groupe Les Républicains au Sénat, Bruno Retailleau, va déposer une résolution sur ce sujet,
08:40 notamment pour évoquer la qualification de crime contre l'humanité.
08:44 J'imagine que les sénateurs centristes vont soutenir cette résolution.
08:47 Quel va en être le message ?
08:49 Oui, on a parlé avec Bruno Retailleau et Gérard Larcher de cette résolution que nous allons présenter ensemble.
08:54 J'imagine qu'elle sera signée par d'autres groupes au sein du Sénat, j'espère le plus grand nombre.
09:02 En tous les cas, il faut être clair.
09:04 Ça a été dit par tous les orateurs à l'Assemblée nationale comme au Sénat.
09:08 On a affaire à des crimes de guerre, vous venez de le dire.
09:10 On a affaire à des scènes absolument horribles.
09:14 Et donc, il n'y a pas de oui-mais, comme a dit le chef de l'État.
09:18 Il y a des choses qui doivent être claires.
09:21 Le Hamas, c'est un groupe terroriste.
09:24 Ce ne sont pas des résistants.
09:26 Quand on est résistant, on ne tire pas dans une rave partie sur des jeunes.
09:31 On ne décapite pas des bébés.
09:33 Ils sont entrés pour mourir.
09:35 Ils sont entrés pour mourir.
09:37 Ce sont des fanatiques qui sont rentrés sur le territoire israélien.
09:41 À la grande surprise du monde, qui pensait qu'Israël était mieux armé pour sa défense.
09:48 Et ils sont venus pour mourir.
09:50 Ceux qui ne sont pas morts sont repartis avec des otages.
09:52 Est-ce que vous condamnez la stratégie de riposte de l'armée israélienne qui fait de nombreuses victimes lors des bombardements sur Gaza ?
10:02 Chacun reconnaît le droit à Israël de se défendre.
10:06 On ne peut pas imaginer qu'Israël ait rencontré la mort, comme ça a été le cas, avec des femmes, des enfants, des vieillards.
10:14 Et qu'Israël, comme certains le demandent, et notamment à l'extrême gauche, dise qu'on va faire un cessez-le-feu.
10:22 C'est impensable.
10:23 Il faut qu'Israël puisse défendre son peuple.
10:26 Et à partir de là, on sait très bien qu'il va y avoir des ripostes très fortes qui ont déjà commencé.
10:32 Mais avec ces victimes civiles à Gaza, est-ce que malgré ce droit de se défendre d'Israël, Israël ne sort pas du droit international ?
10:40 Écoutez, c'est à Israël de mesurer sa riposte.
10:42 Mais on sait très bien, et ce n'est pas nouveau, que le Hamas se sert des habitants de Gaza comme d'un bouclier humain.
10:50 Ils servent d'otages, malheureusement.
10:52 C'est un des endroits du monde qui est le plus dense.
10:56 Sur cette petite bande de terre de 40 km, il y a plus de 2 millions, 2 millions et demi d'habitants qui sont entassés dans des conditions épouvantables.
11:05 Et ils sont pris en otage par le Hamas depuis déjà fort longtemps.
11:09 Alors c'est la raison pour laquelle il ne faut pas supprimer l'aide humanitaire qui peut exister en direction de ces populations.
11:17 Oui, car l'Union Européenne fournit l'aide financière la plus importante à l'Union Européenne, à l'Union, à l'autorité palestinienne, pardon.
11:24 Certains estiment qu'il faudrait couper néanmoins cette aide parce qu'on dit qu'elle est détournée facilement par le Hamas.
11:30 Alors vous, vous dites quoi ?
11:32 Alors il y a vraisemblablement, et ce n'est pas nouveau, on en parle depuis longtemps, une partie de l'aide qui est détournée par le Hamas.
11:38 Mais il y a différents types d'aide.
11:40 Il y a l'aide humanitaire, celle qui nécessite qu'on discute des couloirs humanitaires, c'est-à-dire pour apporter de l'eau, de la nourriture, des médicaments,
11:49 ce qui est indispensable pour la survie.
11:52 Mais ce qui n'est pas fait actuellement.
11:53 C'est en discussion.
11:54 Et puis, il y a l'aide au développement.
11:58 C'est cette aide-là qu'il faut mesurer.
12:01 En tous les cas, il faut peut-être suspendre en partie, mais il faut surtout mieux contrôler.
12:08 Il faut absolument que les ONG proches des Palestiniens, les associations spécialisées, certaines banques, et puis le transfert des aides soient beaucoup mieux contrôlés.
12:23 C'est indispensable.
12:24 C'est cette aide-là. L'aide humanitaire, il ne faut pas, là aussi, en rajouter vis-à-vis des populations de Gaza.
12:31 On ne peut pas les tuer. Il faut, j'allais dire, qu'elles puissent survivre.
12:35 Donc l'aide humanitaire est indispensable.
12:38 Alors on l'a vu au Parlement français, il y a eu une quasi unanimité dans les réactions de soutien à Israël de la part de tous les groupes politiques.
12:45 Même si le groupe La France insoumise à l'Assemblée nationale fait preuve d'une certaine ambiguïté dans sa position.
12:50 La présidente du groupe, Mathilde Panot, ne parle pas d'attaque terroriste du Hamas, mais de crime de guerre.
12:55 Ça vous choque, cette ambiguïté ?
12:57 Bien sûr. Enfin, je veux dire, toutes les forces politiques françaises sont unanimes, y compris une grande partie des socialistes et des verts, et des communistes.
13:07 Je pense que l'LFI s'est disqualifiée et que l'LFI est sortie du champ républicain.
13:13 Je veux dire, ne pas reconnaître les horreurs du Hamas, les qualifier de résistants.
13:18 Comment vous expliquez ce refus de la France insoumise, en tout cas d'une majorité de députés de la France insoumise, de qualifier le Hamas d'organisation terroriste ? Pourquoi ?
13:28 Je pense que tout bonnement, c'est un calcul électoral de bas étage.
13:34 Et je ne veux pas en dire plus, parce que ça serait vraiment faire trop d'honneur à LFI, qui est lâchée de toutes parts.
13:42 Je pense quand même que la politique a des règles, et qu'il y a au moins des règles humanitaires et d'humanité élémentaire.
13:52 Quand on voit ce qui s'est passé, on ne peut que reconnaître le caractère terroriste et abominable de ce que fait le Hamas.
14:00 Ne pas le reconnaître, c'est aller contre une évidence que le monde entier reconnaît.
14:04 Que faire face à cette position de la France insoumise ? Certains au sein de la droite sénatoriale proposent une dissolution de ce mouvement, de ce parti. Quelle est votre position ?
14:14 Il y a des règles de droit. La première en démocratie, c'est l'élection.
14:17 J'espère que les Français, et en tous les cas les électeurs qui avaient pu porter leur voix sur LFI, tiendront le plus grand compte du comportement de ces élus.
14:27 Visiblement, dans les sondages d'opinion, on voit que 84% des Français condamnent la position de LFI.
14:34 Puis la seconde chose, c'est qu'il y a des règles de droit. Après, s'il y a des plaintes, c'est à la justice de les instruire.
14:40 Elisabeth Borne, à ce sujet, est allée jusqu'à déplorer une forme d'antisémitisme.
14:45 Oui, mais ce n'est pas nouveau, là encore.
14:48 Souvenez-vous du comportement de Mme Obono, qui recevait M. Corbyn, des propos qui ont été tenus à différentes reprises par les membres de LFI.
14:58 Ils sont toujours sur le fil du rasoir parce qu'ils s'appuient sur un électorat qu'ils essaient de flatter au maximum.
15:05 Et tout ça est assez répugnant.
15:08 Alors, Hervé Marseille, ce conflit pose des questions géopolitiques. Que faire face aux pays alliés du Hamas ?
15:14 On va écouter sur ce point Claude Maluret, votre collègue, président du groupe Les Indépendants au Sénat.
15:19 La guerre est revenue et nous ne voulons pas la voir.
15:23 Je ne parle pas seulement de la guerre du Hamas contre Israël, mais des guerres et menaces au Moyen-Orient, en Afrique, en mer de Chine et maintenant en Europe.
15:32 C'est la guerre des dictatures contre les démocraties. Elle est mondiale.
15:36 Les mains qui ont tranché la gorge des enfants d'Israël venaient de Gaza, mais le cerveau est à Téhéran.
15:43 Des mots très forts de la part de Claude Maluret. Hervé Marseille, l'Iran est un soutien connu du Hamas.
15:49 Est-ce que les Occidentaux doivent prendre de nouvelles sanctions face aux dirigeants iraniens ?
15:54 J'ai dénoncé cette situation au Sénat à l'occasion des questions d'actualité en mettant en cause le Qatar et l'Iran.
16:02 Chacun sait qu'ils sont proches du Hamas. Après, il faut mesurer leur implication. Il ne suffit pas de dénoncer.
16:09 Les Américains ont commencé à le faire avec un certain nombre de preuves. Il faudra aller jusqu'au bout.
16:16 Mais là où je crois qu'il y a défaillance, c'est au niveau de l'Europe. Nous appartenons à une communauté qui devrait être
16:23 une communauté qui parle d'une voix et qui soit forte, comme on l'a fait pour la Russie concernant le dossier ukrainien.
16:29 Là, il y a eu beaucoup de confusion dans la réaction de la communauté européenne. On suspend des aides.
16:37 Finalement, on ne les suspend pas. On dénonce. On ne dénonce pas. Je crois qu'il faut qu'on arrête cette confusion
16:44 et que l'Europe parle d'une voix forte pour dénoncer ce qui doit l'être et puis également pour relancer le processus de paix,
16:52 parce qu'après la guerre vient la paix. Et singulièrement, ça nous rappelle qu'il y a toujours le dossier palestinien.
16:59 Vous y croyez vraiment une relance possible au vu des abominations commises, de l'extrême gravité de la situation ?
17:06 Est-ce que vous pensez qu'un jour, à moyen terme, une paix sera possible ?
17:10 Est-ce qu'on peut laisser les choses en l'état ? On risque d'avoir dans 6 mois, dans 1 an, dans 3 ans d'autres massacres, d'autres guerres.
17:17 Regardez, il y a eu le processus des accords d'Abraham. Une part de ce qu'a fait le Hamas, c'était pour démonter...
17:25 Donc on précise les accords d'Abraham. C'est le rapprochement entre Israël et certains pays arabes.
17:29 Et ce qu'a fait le Hamas, c'est justement d'essayer de mettre un terme à ces accords. Et donc ces accords tiennent.
17:36 Il suffit de voir la réaction de l'Arabie saoudite ou du Maroc. Bon.
17:42 Donc il est important d'accompagner cette dynamique des accords d'Abraham et de relancer parallèlement...
17:48 Mais avec qui ? Et avec qui ? Avec le successeur du Hamas ? Avec quel interlocuteur ?
17:52 Avec les pays de la région, avec les pays arabes qui sont signataires des accords d'Abraham, puisque visiblement,
18:01 ces accords ont l'air de bien tenir. Et donc il faut relancer le processus de paix.
18:07 Parce que sinon, on aura d'année en année, de mois en mois, des événements comme ceux que nous venons de vivre.
18:14 On peut pas faire l'impasse. On l'a fait. C'est une erreur. On a cru qu'avec les accords d'Abraham,
18:19 on pouvait écarter le problème palestinien. On n'en parlait plus. Il revient avec force devant nous.
18:24 Est-ce que vous reconnaissez que dans ce processus de paix, finalement, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou
18:30 a aussi une responsabilité, finalement, dans l'échec de la paix, avec par exemple la poursuite de la colonisation ?
18:36 Je crois que collectivement, que ce soit les Américains, les gouvernements israéliens, nous-mêmes,
18:43 nous avons été trop absents du dossier palestinien en pensant qu'il ne se passait plus rien et qu'il fallait laisser les choses en l'état.
18:51 Il vient à nouveau... Il se convoque devant nous avec l'horreur que nous observons. Et donc il faut bien sûr régler la situation actuelle.
19:03 Israël va, j'imagine, de plus en plus monter en puissance pour régler le problème militaire. Mais parallèlement,
19:11 il faut que la diplomatie, et singulièrement la France, agisse en Europe pour relancer le processus de paix et pour accompagner la dynamique des accords d'Abraham.
19:21 Merci, Hervé Masséa, pour cet éclairage sur la situation au Proche-Orient. On va revenir à l'actualité nationale, puisque les députés ont entamé l'examen du budget 2024.
19:31 Cela s'annonce difficile pour le gouvernement, qui n'a qu'une majorité relative. On le sait. En commission des finances, lors de l'examen des recettes,
19:38 les députés ont, par exemple, voté le rétablissement de l'exit-tax contre la volonté du gouvernement. Les points chauds de ce budget avec Elsa Mondingava.
19:47 Sur le papier, le gouvernement a fiché deux objectifs. Sortir progressivement du quoi qu'il en coûte et garder des mécanismes de protection contre l'inflation,
19:57 le tout en respectant sa doctrine en matière budgétaire, ni dette, ni taxes supplémentaires.
20:04 L'argent gratuit, c'est fini. Et c'est fini pour longtemps. Donc il serait totalement irresponsable de poursuivre les dépenses au même rythme
20:15 au moment où les taux d'intérêt ont atteint les 4 % et alourdissent la charge de la dette, qui s'élèvera, je le rappelle, à 74 milliards d'euros en 2027.
20:26 Mais dès la commission difficile pour la majorité relative de tenir ses ambitions, le gouvernement enchaîne les revers.
20:34 Le président de la commission des finances, Éric Coquerel, a fait adopter un amendement pour taxer les superdividendes.
20:41 Je vous incite à réfléchir au message qu'on envoie. On peut demander des efforts aux gens, mais à ce moment-là, il faut le demander à tout le monde.
20:47 Et là, notamment, on ne touche pas des gens qui, j'allais dire, où la quelque augmentation qui va leur être faite va déstabiliser leur fortune.
20:54 Amendement voté grâce aux voix de la gauche, mais aussi du Modem, qui avait électrisé les débats l'an dernier avec une disposition similaire.
21:02 Car le gouvernement est aussi défié par sa propre majorité. Le Modem, donc, se montre très attaché à des mesures de justice fiscale
21:10 quand le groupe Horizon souhaite, lui, accélérer les baisses d'impôts. Les débats dans l'hémicycle commencent mardi après-midi.
21:17 Ils finiront inévitablement par un 49-3. Reste à savoir quand.
21:22 Hervé Marseille, l'argent gratuit, c'est fini, nous dit Bruno Le Maire, qui prévoit des économies de l'ordre de 16 milliards d'euros avec ce budget. Est-ce que c'est assez pour vous ?
21:32 Pas vraiment, parce que là-dedans, il y a la fin des dispositifs exceptionnels concernant l'énergie en particulier. Donc, peu mieux faire.
21:43 Vous savez, ce n'est pas une affaire nouvelle. On a 3 milliards de dettes, 150 milliards de déficit annuel. Ce n'est pas rien, avec des taux d'intérêt qui augmentent.
21:51 François Fillon, déjà, disait « Je suis à la tête d'un État en faillite ». Il n'y a pas si longtemps que ça.
21:56 Et là, vous dites quoi, vous, alors ? Bruno Le Maire disait « Je suis à l'europrès ». Ça ne s'est pas vraiment vu. Donc, il est temps de commencer à faire des économies,
22:05 parce que ça ne peut pas continuer comme ça. Oui, mais où vous les voyez ? Où ces économies supplémentaires ?
22:09 On va parler des recettes, mais d'abord, quelles dépenses on peut réduire ?
22:13 Il faut raboter un tas de dépenses. Il y a un tas d'agences, par exemple, qui existent, dont on se demande à quoi elles servent.
22:20 Mais ça suffira à faire des économies, ces élections. C'est partout.
22:23 Les économies, c'est plein d'économies partout. Je veux dire c'est une addition. Donc il faut s'y mettre. Il faut une volonté politique, déjà, pour aller vers ça.
22:34 Et il faut à la fois des économies et le levier fiscal. Les économies d'un côté, mais trouver des recettes aussi.
22:41 Justement, on va en parler des recettes. On a vu les députés de la Commission des finances qui ont adopté, avec une alliance entre la gauche et le modem, une taxe sur les superdividendes.
22:51 Vous, Hervé Marseille, et les sénateurs centristes demandent une taxe sur les superprofits. Vous êtes confiants ? Vous pensez qu'une telle mesure peut être adoptée dans ce budget ?
23:00 Oui et non. Je vais m'expliquer. On parle... J'entends que les amis du groupe Horizon veulent davantage d'économies. Oui, mais on a déjà supprimé plein d'impôts.
23:12 La taxe d'habitation, la redevance télévision, etc., etc. 35 milliards.
23:20 Donc il faut des nouvelles recettes fiscales.
23:22 Compensées par quoi ? Bon. Et je ne suis pas totalement sûr que les gens se soient aperçus qu'on avait supprimé la taxe d'habitation ou la redevance télé.
23:30 Donc le bénéfice politique me paraît discutable. Bon. Il faut trouver des nouvelles recettes.
23:36 D'abord, il y a un problème social. On est dans un pays où il y a 9 millions, dit-on, de gens qui sont en situation de précarité, dont certains ont du mal à se nourrir tous les jours.
23:46 Est-ce qu'on peut continuer à avoir des dividendes insolents d'un certain nombre de grandes entreprises qui distribuent des dividendes absolument faramineux ?
23:57 Il y a un problème d'exemplarité. Je pense que l'angle social est un angle mort de la politique gouvernementale depuis déjà plusieurs années.
24:05 Il y a des actions qui sont positives. On le voit bien en direction de l'emploi.
24:08 Mais il ne veut pas entendre. Il ne veut pas entendre vos arguments. Parce qu'il n'y a toujours pas de taxe sur les superdividendes.
24:13 Il y a des chances de passer avec le soutien d'Éric Coquerel.
24:19 Tous les renforts sont bienvenus pour la bonne cause. Je dis que c'est une bonne chose.
24:26 Mais en même temps, je ne suis pas sûr que ça aille jusqu'au bout. Parce que s'il y a 49-3, le gouvernement va sortir ça du texte qu'il présentera.
24:34 C'est pour ça que je vous dis que oui, ça a été voté. Oui, ça risque d'être dans le texte. Mais peut-être et vraisemblablement, si à 49-3, le gouvernement le sortira.
24:43 Et je trouve que c'est dommage. Parce qu'il y a un problème d'exemplarité sociale. Ça sert à montrer aux gens quand même qu'on prend aux plus riches.
24:49 Et puis il faut augmenter – j'allais dire – les barèmes de la flat tax, qui sont payées en particulier. Là aussi, la flat tax, c'est un prélèvement forfaitaire unique. C'est le PFU.
25:01 – Sur les sociétés. – Sur les sociétés qui distribuent.
25:04 – Alors en parlant de taxes, les députés – on l'a vu – ont voté cette taxe mise en place sous Nicolas Sarkozy, l'exit tax,
25:10 pour pénaliser les actionnaires qui transfèrent leur domicile fiscal hors de France pour échapper à l'impôt.
25:15 Est-ce que vous trouvez que ça pourrait être une bonne mesure ?
25:17 – Oui, c'est une bonne mesure. Moi, je soutiens cette mesure. Elle est modulable d'année en année en fonction du – j'allais dire – de la situation générale.
25:27 Et puis il y a les tranches du barème de l'imposition qui peuvent être modulées. Les plus basses, évidemment, doivent tenir compte de l'inflation.
25:35 Mais les plus hautes ne sont pas nécessairement indexables. Donc il y a tout un tas de leviers fiscaux qui permettent de retrouver des marges de recette.
25:43 – Pour conclure, un dernier mot, Hervé Marseille, sur ce 49-3. Le gouvernement l'a annoncé. Il va utiliser le 49-3 pour passer en force le budget à l'Assemblée.
25:50 Finalement, à quoi ça sert de débattre et de faire des amendements sur ce budget ?
25:53 – Écoutez, c'est nos institutions. Le Parlement est fait pour débattre. Et donc nous débattons, nous votons. Le gouvernement utilise les armes qui sont à sa disposition.
26:03 – Merci. Ce sera donc le mot de la fin. Hervé Marseille, merci d'avoir été l'invité de cette émission.
26:08 [Musique]

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