Le "rêve brisé" des joueurs du XV de France après leur défaite en quart de final face à l'Afrique du Sud

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Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Aujourd’hui, le "rêve brisé" des joueurs du XV de France après leur défaite en quart de final de coupe du monde de Rugby face à l'Afrique du Sud.
Retrouvez "La revue de presse" sur : http://www.europe1.fr/emissions/la-revue-de-presse2
Transcript
00:00 - Lui, il n'a pas pris son téléphone pour jouer parce qu'il est concentré sur ce qu'il va nous raconter.
00:06 Bonjour Olivier Delagarde. - Bonjour Dimitri.
00:09 - La revue de presse d'Europe 1 avec vous. Une actualité très lourde ce matin dans la presse.
00:12 Commençons par la tristesse des amateurs de rugby.
00:14 - Elle paraîtra bien relative au regard des autres drames charriés par l'actualité,
00:18 mais elle est là, en photo, à la une des quotidiens qui ont attendu le coup de sifflet final pour boucler.
00:23 Photo d'Antoine Dupont et de ses copains, le visage défait, le rêve brisé, c'est le gros titre qui se répète
00:31 quasi invariablement du Parisien à Ouest France, du Figaro au Télégramme.
00:35 A pleurer, lâche l'équipe en une.
00:38 Le quotidien sportif qui pleurniche donc et qui enrage contre l'arbitre
00:43 qui signale notamment que le contre malicieux de Colbet sur la transformation Dramos était illégal.
00:49 - L'une des plus belles équipes de France de l'histoire est tombée hier, résume-t-il,
00:54 devant une Afrique du Sud moins talentueuse mais d'un réalisme clinique.
00:58 Ses larmes se rontent éternelles, proclame même l'équipe emportée par son émotion.
01:04 Alors non, il faut maintenant revenir à une certaine mesure,
01:07 parce que des matchs de rugby du siècle, il y en aura plein d'autres,
01:11 des glorieux vainqueurs et des vaincus magnifiques, tout ça reviendra.
01:14 Non, si effectivement il y a des jours où il faut avoir le cœur bien accroché pour ne pas désespérer,
01:21 c'est que le terrorisme islamiste a de nouveau frappé, rappelle Lacroix dans son éditorial aujourd'hui.
01:26 - Et oui, trois jours après l'assassinat de Dominique Bernard,
01:28 les journaux se font l'écho de l'immense désarroi du corps enseignant.
01:32 - Pendant ma dernière heure, vendredi, j'étais avec ma classe de première
01:35 à compter une prof parisienne à Emmanuel Lucas de Lacroix,
01:38 et je leur ai avoué que j'étais fatigué, éprouvé par l'actualité de la semaine.
01:43 - Dans un livre récent, rappelle la journaliste l'ancienne inspecteur Jean-Pierre Robin,
01:47 affirmait que 80% des professeurs ont peur de certains élèves,
01:52 notamment d'incidents liés à la religion et que plus d'un sur deux pratiquent l'autocensure.
01:58 Or, face à ce constat très sombre,
02:00 beaucoup d'enseignants estiment ne pas être soutenus par l'institution,
02:04 être renvoyés à leur solitude.
02:06 - Et tout le monde appelle ce matin un sursaut national.
02:09 - Oui, mais pas de la même manière.
02:11 - Enfin, dans Libération, Thomas Legrand explique qu'il faut mener le combat,
02:14 mais pas avec les armes de ceux qui détestent les libertés,
02:18 et de balayer d'un revers de la main cette histoire d'expulsion
02:21 qui est un thème inépuisable de mensonges et de fantasmes,
02:25 écrit-il, éliterialiste de maître aussi en garde le gouvernement,
02:28 contre toute dérive sécuritaire avec son cortège de relents racistes.
02:34 Fermez les guillemets.
02:36 - Mais nous n'en pouvons plus, semble lui répondre François-Xavier Bellamy dans le Figaro.
02:43 Ceux qui s'enlisent dans le déni refuseront encore de voir le lien
02:46 entre ce crime et la faillite migratoire, explique le député européen LR.
02:51 Il faut sortir du déni de réalité, répète-t-il.
02:55 Cette tragédie frappe l'institution scolaire,
02:57 première victime de ce long échec collectif,
02:59 toujours inspiré par la même idéologie,
03:02 toujours moins transmettre, moins enseigner, moins assumer l'héritage.
03:06 Le criminel d'Arras avait passé des années sur les bancs de nos salles de classe.
03:11 Comment avons-nous pu laisser ces esprits à ce point décérébrés et incultes
03:18 qu'ils soient si facilement séduits par l'islamisme stupide des réseaux et des quartiers ?
03:24 - Difficile de ne pas faire le lien, Olivier,
03:26 entre ces assassinats de professeurs et ceux qui se déroulent au Proche-Orient.
03:29 - Oui, vous vous souvenez, Dimitri, d'aucuns s'étaient plaints du silence assourdissant,
03:33 des sportifs qu'on a bien peu entendu prendre position pour dénoncer les horreurs du Hamas.
03:38 Eh bien, le Parisien signale que notre Karim Benzema national a tweeté,
03:42 depuis l'Arabie Saoudite, pour apporter son soutien aux Palestiniens.
03:46 Mais lequel le plus intéressant, c'est celui de Youssef Atal.
03:49 Il est défenseur de l'OGC Nice.
03:51 Ce footballeur s'est illustré en partageant sur ses réseaux
03:54 une vidéo d'un sheikh palestinien qui appelle Dieu à envoyer un jour noir sur les Juifs.
04:00 Dans l'entourage du club Nice soir, on n'est pas tombé des nues, raconte Christophe Bérard.
04:05 C'est pas du tout que Youssef est prosélite ou refuse de serrer la main à des femmes,
04:10 confie un ancien dirigeant, nous voilà rassurés,
04:13 mais il fait partie de cette génération qui est fondamentalement antisémite par éducation.
04:20 Et en plus, ajoute-t-il, c'est justement quelqu'un qui n'a pas reçu une grande éducation.
04:24 Non, sur le sujet, si vous cherchez plutôt de l'intelligence,
04:26 on vous conseillera la tribune de Dominique Moisy dans les Échos,
04:29 ou celle de Nicolas Baverez du Figaro, sous le titre "L'ensauvagement du monde".
04:34 Baverez constate que si le XXe siècle inaugura l'extermination de populations civiles au nom d'idéologie,
04:40 les États auteurs de ces crimes cherchaient à l'époque à les cacher.
04:44 À l'image de la Turquie, qui aujourd'hui encore nie le génocide arménien,
04:47 ou des nazis qui dissimulèrent la solution finale autant qu'ils purent.
04:51 Au XXIe siècle, les massacres de masse ne sont plus un monopole d'État,
04:56 et ils sont désormais mis en scène, filmés et distribués par les réseaux sociaux.
05:02 Comme l'Ukraine, Israël n'a été soutenu que par les démocraties, rappelle-t-il,
05:07 et pour ces démocraties, la violence est une menace existentielle.
05:11 Il est donc plus que temps que les nations libres se mobilisent et s'unissent pour l'endiguer.
05:18 Il vous reste encore un brin d'espoir après tout ça ?
05:20 - Oh !
05:20 - Eh bien, Serge Juli, non.
05:22 On a beau se forcer tous les matins à faire un saut d'optimisme,
05:25 à positiver le moindre morceau de ciel bleu,
05:28 l'horizon est bouché par des guerres tout aussi douloureuses les unes que les autres.
05:32 En Ukraine, en Arménie, en Israël, en Palestine, jusqu'à la porte des lycées français,
05:37 quoi qu'on fasse, quoi qu'on dise, écrit-il, nous sommes en guerre.
05:40 Voilà, une fois tout ça, vous avez quand même le droit de reprendre maintenant votre numéro de l'équipe
05:45 et de broyer gentiment du noir après la défaite des bleus,
05:49 parce que, comme l'explique Renaud Bourrel, si ce matin votre café a un goût de vinaigre
05:54 et que le visage qui vous accompagne au réveil vous exaspère,
05:58 là pour le coup, c'est juste un mauvais moment à passer.
06:01 - Vivement mardi, merci beaucoup.
06:03 La revue de presse d'Europe 1, Olivier Delagarde, comme chaque matin. Merci Olivier.

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