Le billet d'humeur de Sophia Aram dans le 7/10 (8h55 - 16 Octobre 2023)) Retrouvez tous les billets de Sophia Aram sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-sophia-aram
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00:00 Sophia Aram, à vous ! Avant, le lundi matin, on pouvait dire
00:03 « ça va comme un lundi ». Maintenant, on peut dire « ça va comme un lundi d'après
00:07 attentat islamique » ou « comme un lundi d'hommage à Samuel Paty » ou encore « comme
00:11 un lundi d'après pogroms organisés par le Hamas » ou « comme un lundi de blocus
00:16 à Gaza ». Je sais, c'est à se demander si on ne chercherait pas à pourrir nos lundis
00:21 matins. Alors bien sûr, je pourrais avoir l'immense courage d'éviter le sujet en
00:25 peaufinant quelques blagounettes classiques sur la dictature macroniste d'un président
00:30 réélu ou sur l'avènement d'un collectivisme auquel nous aspirons tous ici et dont Poutou
00:35 est le prophète. Mais voilà, je n'y peux rien ce matin. Je pense surtout aux élèves,
00:40 aux enseignants et au personnel de la cité scolaire Gambetta-Carnot-Darras qui ajouteront
00:44 le nom du professeur de lettres Dominique Bernard à l'hommage qu'ils avaient prévu
00:48 de rendre à Samuel Paty. Deux enseignants assassinés parce que… pas parce qu'ils
00:53 sont enseignants. Ni plus ni moins. Juste parce qu'en tant qu'enseignants, ils sont
00:57 le dernier rempart contre l'idéologie mortifère qui les a choisis pour cible. Alors, quand
01:02 une idéologie assassine des enseignants parce qu'ils enseignent, des juifs parce qu'ils
01:06 sont juifs, des athées parce qu'ils sont athées et des musulmans modérés parce qu'ils
01:10 sont modérés, il est peut-être temps de la nommer et d'arrêter de faire comme s'il
01:13 s'agissait d'une hypothétique confrérie d'amateurs de couteaux de cuisine ou d'une
01:17 génération spontanée de dingues totalement déconnectés de toute idéologie. Et bien
01:21 que certains aimeraient confondre cette confrérie avec les réfugiés, les arabes, les tchétchènes,
01:27 les maghrébins ou encore les iraniens, je pense que ce serait à la fois faux et très
01:31 injuste, tant ils sont nombreux parmi ces derniers, à connaître, à combattre ou à
01:35 fuir la charia. Non, l'idéologie à laquelle appartiennent ceux qui ne se contentent pas
01:39 de pourrir nos lundis matins, nous la connaissons bien. C'est celle qui défend l'idée
01:42 que le blasphème et la postasie doivent être punis par la mort, qu'une femme devrait
01:45 obligatoirement avoir la tête couverte et qu'il faudrait punir l'islamophobie supposée
01:50 d'un état qui, comme la France, a l'outrecuidance de défendre son modèle laïque en interdisant
01:55 les signes religieux à l'école ou en exprimant sa solidarité envers tous les israéliens
01:59 et les juifs lorsque ceux-ci sont sauvagement assassinés. Cette idéologie, elle porte
02:03 un nom. Il s'agit de l'islam radical. Maintenant que c'est dit, rêvons un peu.
02:08 Imagine que tous ceux qui ont passé les dix dernières années à nous expliquer que Salman
02:12 Rushdie, Charlie Hebdo ou Samuel Paty sont islamophobes, imagine qu'ils fassent une
02:16 pause. Imagine que tous ceux qui ont passé les trois derniers mois à pisser de la tribune
02:20 avec l'incontinence faussement courageuse d'artistes ou d'un télo engagé s'offrant
02:24 un énième frisson pour que des gamines puissent cacher leur forme de tentatrice à l'école
02:27 dans des sacs en acrylique, imagine qu'ils fassent un break. Imagine que tous ceux qui
02:31 ont le temps d'organiser des manifs contre les punaises de lits et des meetings avec
02:35 Médine, imagine qu'ils se réveillent. Imagine que tous ceux qui n'ont pas eu un mot de compassion
02:40 à l'égard des victimes du pogrom du 7 octobre dernier, imagine qu'ils prennent cinq minutes.
02:45 Imagine si tout ce petit monde prenait cinq minutes, juste cinq petites minutes pour rendre
02:50 hommage à Dominique Bernard en nommant sans détour l'idéologie qu'il a désignée
02:56 comme cible. Eh bien je me dis qu'on aurait peut-être gagné un peu de répit et une toute
03:00 petite partie du combat qui reste à mener. Bref, ça va vraiment comme un lundi.