Quelle sécurisation pour les établissements scolaires après l'attaque à Arras ? Comment en parler aux plus jeunes ?
La rectrice de l'académie de Poitiers, Bénédicte Robert, était l'invitée de la rédaction ce matin
La rectrice de l'académie de Poitiers, Bénédicte Robert, était l'invitée de la rédaction ce matin
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00:00 quelques jours après l'attaque terroriste qui a touché un lycée à Arras, un enseignant est décédé.
00:04 Hier soir, nouvelle attaque terroriste, cette fois-ci sur le sol belge.
00:07 On a compris que le contexte est très très tendu en ce moment.
00:10 Quelle est la sécurité ce matin devant les établissements scolaires du Poitou ?
00:13 La sécurité c'est un enjeu fondamental évidemment pour nos élèves et je voudrais vraiment rassurer les parents d'élèves et les élèves sur ce point-là.
00:21 On a déjà l'existence du plan Vigipirate qui a été rehaussé au niveau urgence/attentat.
00:28 Donc ça veut dire du côté des forces de sécurité, une présence aux abords des établissements scolaires et une patrouille qui passe régulièrement devant les établissements scolaires.
00:39 La force sentinelle qui a été renforcée dans les deux Sèvres et la Vienne.
00:41 Absolument, l'ajout de la force sentinelle.
00:43 Et puis pour les établissements scolaires, des mesures d'accès aux établissements et aux écoles qui sont renforcées,
00:49 notamment par exemple le contrôle des sacs, le contrôle de l'identité aussi pour toute personne qui serait étrangère à l'établissement.
00:55 Ça c'est automatique ce matin dans tous les établissements scolaires du Poitou ?
00:57 Tout à fait.
00:58 Et ça suffisant pour rassurer la sécurité des élèves et des enseignants ?
01:03 Écoutez, moi je pense que c'est rassurant suffisamment.
01:05 Effectivement, la présence policière, la présence des gendarmes, la force sentinelle comme vous l'avez évoqué, c'est déjà beaucoup.
01:13 Et effectivement le contrôle de l'accès, ensuite la communauté éducative, les élèves, les professeurs se connaissent.
01:18 Le contrôle des sacs, ça permet de vérifier que dans les sacs il n'y a pas éventuellement des objets contendants.
01:24 Donc toutes ces mesures doivent pouvoir assurer la sécurité des élèves et des personnels.
01:29 Alors hier sur ce sujet de la sécurité, il y a le sénateur de la Vienne, Bruno Belin,
01:31 qui propose la généralisation de la vidéosurveillance aux abords des groupes scolaires, collèges et lycées.
01:37 Il dit que ça doit être envisagé dans les meilleurs délais. Vous en pensez quoi ?
01:40 Alors le ministre est en train de consulter les collectivités territoriales qui sont compétentes sur ce champ-là.
01:46 Donc je ne vais pas intervenir, mais effectivement il a évoqué le fait qu'on devait aller plus loin.
01:52 Je pense presque sur le point de vue philosophique, le fait d'encadrer l'école de manière sécuritaire comme ça.
01:58 Qu'est-ce que vous en pensez ?
02:00 Vraiment, je n'aurais pas d'avis sur cette question-là.
02:04 Je pense qu'il faut regarder un petit peu les études qui ont été faites sur la vidéosurveillance en ville déjà,
02:09 pour voir un peu les effets que ça a pu avoir.
02:11 Et puis ensuite, voir dans quelle mesure ça pourrait être applicable pour l'école.
02:17 Notre invitée ce matin est la rectrice de l'Académie de Poitiers, Bénédicte Robert.
02:21 Vous pouvez, je vous rappelle, à la maison intervenir à tout moment.
02:23 Dites-nous selon vous, comment parler aux jeunes de ces drames qui touchent depuis quelques jours,
02:27 avec ces attaques terroristes, la guerre aussi au Proche-Orient,
02:29 les images qu'ils peuvent voir sur les réseaux sociaux ?
02:31 Appelez-nous au 05 49 60 20 20.
02:33 Bénédicte Robert, un témoignage ce matin, celui de Nicole Catlin, elle est pédopsychiatre poidine.
02:38 Je vous propose de l'écouter.
02:39 Si vos enfants vont sur les réseaux sociaux, vous ne pourrez pas en effet leur interdire d'y aller toujours.
02:44 Mais il faut leur dire, si jamais tu y vas et que tu vois quelque chose qui t'a chagriné,
02:48 on ne te fâchera pas, on ne te supprimera pas l'accès aux réseaux sociaux.
02:52 En revanche, on va parler avec toi, parce que si tu gardes ça,
02:56 tu vas rester avec une image qui va te faire beaucoup de mal,
02:59 alors que si tu nous en parles, on peut faire changer de catégorie cette représentation.
03:03 Il faut y repenser sans que ça fasse mal.
03:05 Et c'est pour ça qu'il faut que tu nous en parles.
03:07 Alors Bénédicte Robert, avant de revenir sur ces propos de Nicole Catlin,
03:10 hier il y avait ce temps d'échange dans tous les collèges et lycées de France et du Poitou.
03:14 C'était nécessaire déjà de pouvoir discuter, mettre les mots sur ce qui s'est passé ces derniers jours ?
03:19 Absolument, je pense que quand on vit un drame comme celui que nous avons collectivement vécu,
03:23 c'est l'école, vraiment toute l'école qui est touchée, l'école de la République.
03:27 Il faut absolument que les personnels puissent échanger entre eux.
03:32 Hier j'ai participé à deux échanges entre enseignants et équipes éducatives.
03:37 Vous étiez au lycée Alinor d'Aquitaine.
03:39 Exactement, et c'est tout à fait compréhensible, il y a énormément d'émotions.
03:44 Qu'est-ce qui remontait ? Qu'est-ce que vous ont fait par les enseignants ?
03:47 Le sentiment de répétition.
03:50 Vous l'avez dit, c'est un professeur qui a été assassiné, un professeur de l'aide, Dominique Bernard, vendredi,
03:55 trois jours seulement avant la commémoration de l'assassinat de Samuel Paty.
03:59 On avait pensé que c'était impensable, et non seulement ça a été le cas une fois, mais c'est assez répété.
04:07 Et donc vraiment le sentiment d'être la cible en tant que professeur d'attaque délibérée d'un terroriste islamiste.
04:13 Donc c'est très perturbant, je le comprends bien.
04:16 Qu'est-ce qu'on leur répond quand on est rectrice d'académie ?
04:19 D'abord qu'on met tout en œuvre pour assurer la sécurité des personnes.
04:23 Et ça c'est sur l'aspect un peu con qu'a-t-il répondu précédemment.
04:27 Et puis il y a tout le soutien émotionnel que nous mettons en place.
04:30 Nous avons une cellule d'écoute qui est active depuis samedi matin,
04:33 qui a été très utilisée ce week-end, qui va continuer de fonctionner cette semaine.
04:38 Il y a un numéro vert également, 0805 500 005,
04:41 auquel j'invite toutes les personnes qui en auraient besoin à l'appeler.
04:46 Et alors là on parle des enseignants, il y avait aussi une minute de silence avec les élèves à 14h.
04:50 Quel retour des élèves ? Qu'est-ce qu'ils vous ont fait remonter ?
04:53 Cette minute de silence elle est importante pour faire comprendre, dans sa solennité,
04:58 que le moment que nous vivons est un moment grave, qu'il ne faut pas, dans le flux de l'actualité,
05:03 banaliser un moment comme celui-là.
05:05 Sinon c'est effectivement la question de la violence qui va continuer de se banaliser dans la vie de nos établissements.
05:11 Et on ne peut pas imaginer que le modèle éducatif dans lequel nous faisons grandir nos enfants
05:15 soit un modèle éducatif fondé sur la violence.
05:18 Les établissements scolaires ont pour but d'apprendre aux élèves à vivre ensemble,
05:22 à se respecter, à se tolérer, quelles que soient les origines,
05:25 quelle que soit la couleur de peau, quelles que soient filles ou garçons.
05:28 Et donc c'est vraiment très important, c'est un moment qui permet de faire ce travail éducatif
05:33 sur le vivre ensemble dans les établissements scolaires.
05:35 Vous avez la parole tous les matins sur France Bleu Poitou et France 3.
05:38 Marie-Chantal nous appelle de Poitiers. Bonjour Marie-Chantal.
05:41 Oui, bonjour.
05:43 Bonjour Marie-Chantal, je crois que vous avez une question par rapport à la sécurité, c'est ça dans les écoles primaires ?
05:46 Oui c'est ça. Bonjour Madame la rectrice de Poitiers.
05:50 Je voulais vous demander qu'est-ce que vous avez mis en place pour l'école primaire de Poitiers ?
05:55 Madame la rectrice, par rapport à la sécurité justement ?
05:58 Alors les mesures que j'ai citées tout à l'heure pour les établissements scolaires,
06:01 ça applique aussi aux écoles, à savoir pour le contrôle des sacs.
06:06 Alors évidemment tout ça est...
06:08 On parle des plus petits, ils peuvent être marqués aussi par des contrôles un peu plus renforcés ?
06:12 Alors quand on parle de contrôle des sacs, attention, on ne va pas se mettre à fouiller tous les sacs.
06:16 Chacun a bien connu le contrôle des sacs dans différentes institutions.
06:19 On ne déballe pas tout son sac comme à l'aéroport.
06:22 C'est vraiment un contrôle des sacs pour s'assurer de l'essentiel.
06:26 C'est surtout le contrôle de l'identité et le fait de limiter les attroupements aux abords des écoles.
06:32 Donc c'est peut-être ce sujet de l'attroupement qui va être le plus en question pour l'école
06:36 puisque souvent les parents amènent les enfants le matin et viennent les chercher le soir.
06:40 Donc là on va essayer de réguler cela.
06:42 Donc ça c'est jusqu'aux vacances de la Toussaint, ensuite on verra dans quel niveau de vie pirate
06:47 on sera au retour des vacances de la Toussaint.
06:49 Alors autre réaction cette fois-ci sur notre page Facebook de cette auditrice.
06:52 Elle dit pour elle il faut expliquer qu'il y a bien sûr une bonne compréhension de l'étiquette terrorisme
06:56 pour les plus jeunes, expliquer pourquoi ce qui se passe actuellement n'est pas normal
06:59 et sensibiliser à la violence.
07:01 Qu'est-ce qui est fait aujourd'hui dans les établissements scolaires pour sensibiliser les jeunes à la violence ?
07:05 Alors, c'est une grande question.
07:09 Mais en tout cas c'était très important hier et je pense que c'est un travail qui peut continuer cette semaine.
07:14 Alors avec des mots adaptés en fonction de l'âge des enfants, évidemment.
07:18 On parlait de l'école, on ne va pas dire les mêmes choses à des écoliers, des collégiens et des lycéens.
07:23 Mais c'est très important de pouvoir mettre des mots sur ce qui s'est passé.
07:27 De ne pas donner le sentiment que d'une certaine façon on cacherait des choses,
07:31 que les adultes cacheraient des choses aux enfants.
07:33 Parce que ce qui serait caché serait encore plus inquiétant d'une certaine façon.
07:38 Donc on puisse dire des mots.
07:39 Ensuite ces mots il faut les choisir avec tact.
07:41 Il ne s'agit pas de heurter tel ou tel élève, telle ou telle sensibilité.
07:45 Donc ça c'est effectivement quelque chose de très compliqué.
07:48 Quelquefois les professeurs ont besoin d'être deux pour faire ce travail d'explication auprès des élèves.
07:51 Et je le comprends tout à fait.
07:53 Merci Bénédicte Robert. Je rappelle que vous êtes la rectrice de l'Académie de Poitiers.
07:56 Bonne journée.