Circo - Inaki Echaniz, un député en croisade pour le logement

  • l’année dernière
Sur le littoral basque et dans la Vallée d'Aspe, deux zones très touristiques, les habitants n'arrivent plus à se loger à cause du manque de biens disponibles et des prix exorbitants.
Député socialiste des Pyrénées-Atlantiques, Inaki Echaniz alerte depuis des mois sur la crise du logement. Avec l'essor d'Airbnb et des autres plateformes de locations en ligne, les propriétaires préfèrent louer ou vendre aux touristes plutôt qu'aux habitants à l'année. Dans certaines communes, il y a plus de 50% de résidences secondaires. Pour inverser la tendance, le député basco-béarnais propose de changer la loi.

C'est une partie essentielle du travail parlementaire qui est de nouveau mise en lumière à travers ce reportage où les journalistes de la rédaction suivent un député dans sa circonscription pour expliquer son travail sur le terrain. C'est aussi un voyage sur un territoire, avec ses enjeux locaux, et une rencontre avec ses habitants. Suivez votre député sur LCP !

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Transcript
00:00 - Et Goulan Tchatche, ça va ? - Oui, ça va.
00:02 - Bon, merci de nous accueillir dans le petit baillon. - Oui.
00:05 Pour parler de notre sujet, notre combat commun, le logement.
00:08 Merci au logement pour tous.
00:10 Là, entre 2015 et 2020, il y a plusieurs dizaines de logements,
00:13 rien que dans cette rue, qui sont devenus des AirBnB, donc permanents.
00:17 Ce troisième étage-là, il y avait un couple de jeunes travailleurs
00:21 qui payaient un loyer de 500 euros comme ça.
00:25 La propriétaire les a fait dégager et a transformé ça en AirBnB,
00:31 qui se louait autour de 100 euros la nuit.
00:34 Bonjour, Iñaki Echaniz, député des Pyrénées-Atlantiques.
00:41 On est ici à Bayonne, au Pays Basque, pour parler de la crise du logement
00:44 qui frappe ce territoire, comme les vallées béarnaises
00:46 et comme beaucoup d'autres territoires en France,
00:48 du fait de la spéculation immobilière, de la montée des taux d'intérêt,
00:51 de la multiplication des meubles et de tourisme,
00:53 et avec des vraies difficultés pour les habitants de se loger
00:57 là où ils vivent et là où ils travaillent.
00:58 Donc nous devons agir en tant que parlementaires
01:00 pour permettre à chacun de trouver un droit.
01:02 Sur la Côte Basque, au début de l'automne, les vacanciers sont partis.
01:08 Il reste ceux qui vivent ici toute l'année.
01:11 Mais dans cette région touristique où l'économie est florissante,
01:15 les habitants ont de plus en plus de mal à se loger.
01:19 Le député socialiste Iñaki Echeniz retrouve, cette fois à Biarritz,
01:24 Tché Tché Tchévéry, le fondateur de l'association ALDA,
01:28 qui aide les locataires en difficulté.
01:30 - Bon alors, qu'est-ce qui se passe ici ?
01:33 - Eh bien bon, là, on va aller visiter M. Fabrice Dupont,
01:36 qui en fait est locataire depuis 20 ans ici et a eu un congé pour vente,
01:40 donc il doit dégager.
01:41 - Allez, on y va.
01:42 Plusieurs fois par mois, l'association est sollicitée
01:45 par des habitants menacés d'expulsion.
01:48 - Bonjour. - Bonjour.
01:50 - Merci de nous recevoir.
01:51 À 60 ans, Fabrice doit se préparer à quitter son quartier.
01:58 - Si vous pouvez nous expliquer un petit peu ce qui se passe pour vous.
02:03 - Ce qui se passe, c'est que voilà, ça fait 18 ans que je vis dans ce studio
02:07 et que j'ai appris en juin 2022 que ma propriétaire décidait de vendre
02:12 et qu'il fallait que je parte.
02:13 - Et est-ce que vous avez une solution de relogement ?
02:15 - Actuellement, non.
02:16 - Parce que les loyers sont trop chers. - C'est trop cher.
02:18 J'ai 1045 euros de revue, 90 euros d'allocation de logement.
02:22 Et là, je paye 430 euros. Voilà.
02:25 - C'est impossible de se trouver au même prix ?
02:27 - Non, c'est impossible.
02:28 - Vous avez fait une demande de logement social ?
02:30 - Alors, j'ai fait une demande de logement social en juin 2022.
02:35 - Tout de suite ? - Oui, tout de suite.
02:36 Je suis passé en commission en novembre 2022.
02:39 Et bon, j'ai pas été retenu.
02:42 - Ce n'est pas acceptable aujourd'hui, en 2023,
02:43 que quelqu'un puisse être sorti de son logement sans raison valable
02:48 et qu'on ne lui propose pas d'autres solutions.
02:50 Il y aurait suffisamment de logements sociaux.
02:52 Il y aurait un parc privé avec des prix abordables.
02:55 On pourrait l'entendre.
02:56 Mais aujourd'hui, la situation est telle
02:58 que ce n'est plus acceptable de faire de la spéculation
03:00 parce que la propriétaire va le vendre bien évidemment plus cher
03:03 en le vendant vide.
03:05 - Tous craignent surtout que ce studio ne devienne un appartement touristique.
03:12 - Il suffit de voir à mon agence, sur vitrine,
03:14 c'est que des locations de vacances.
03:17 Il y a quelques mois, ils avaient une annonce à l'année.
03:20 Sur l'étage, je suis tout seul à la nuit.
03:23 Résidence secondaire, résidence secondaire, résidence secondaire, Airbnb.
03:27 - Petit à petit, nos villes sont grignotées par les résidences secondaires.
03:31 Ici, à Biarritz, il y a plus de logements que d'habitants
03:34 et pourtant, plus personne n'arrive à se loger.
03:37 Au Pays basque, l'histoire de Fabrice est loin d'être isolée.
03:41 Avec l'arrivée des plateformes de location en ligne,
03:45 il y a de moins en moins de logements disponibles pour les locaux.
03:48 Ce phénomène a changé la physionomie du quartier historique de Bayonne.
03:54 - Ça, c'est le drapeau qu'on met à de plus en plus d'habitants
04:00 pour demander le droit à vivre et se loger au pays.
04:04 Il y a quelques mois, dans cette zone,
04:07 Tchetcheveri et son association ont squatté un appartement
04:11 loué via Airbnb pour dénoncer la spéculation.
04:15 Le député, bien conscient du problème,
04:18 voit monter l'exaspération des habitants.
04:21 - Congé pour vendre, scène de vie ordinaire au Pays basque.
04:23 Ici, 2/3 des nouvelles résidences secondaires
04:25 sont d'anciennes résidences principales.
04:27 Je crois que le message est clair.
04:28 - Cette immense fresque a été peinte par un collectif d'associations
04:33 qui viennent d'obtenir une première victoire.
04:35 Les villes de la Côte-Basque imposent désormais un système de compensation.
04:40 Chaque propriétaire qui met en location un appartement de tourisme
04:45 doit obligatoirement en mettre un second en location à l'année.
04:49 Cette nouvelle réglementation est très contraignante,
04:53 mais il est encore trop tôt pour savoir si elle enraye vraiment la spéculation.
04:57 Favorable à ce système, le député sait aussi
05:00 qu'il n'y a pas de mesure magique.
05:02 Alors le socialiste a rédigé une proposition de loi
05:05 avec des collègues renaissances pour défendre d'autres solutions.
05:09 - La première des choses, c'est de revoir la fiscalité.
05:13 Aujourd'hui, quelqu'un qui loue en meubles de tourisme
05:15 a 71% d'abattement sur ses revenus,
05:18 alors que quelqu'un qui loue en longue durée, de façon pérenne, il a 30%.
05:22 Nous, ce qu'on propose, c'est de, à minima,
05:23 remettre à égalité les taux d'imposition et de les baisser à 30%,
05:29 si ce n'est d'augmenter l'abattement fiscal sur la longue durée
05:32 pour encourager les propriétaires,
05:34 parce qu'on est dans une telle situation de crise
05:36 qu'il faut faire revenir du logement sur la longue durée.
05:39 En juin 2023, sa proposition de loi transpartisane
05:43 a été déprogrammée de l'agenda de l'Assemblée nationale,
05:46 à la dernière minute, car le gouvernement n'en voulait pas,
05:50 les plateformes non plus.
05:52 A cause de la pénurie de logements,
05:55 la tension est vive entre une partie des habitants et des élus
05:59 et de l'autre, les propriétaires d'immeubles et de tourisme.
06:03 Le nouveau système de compensation accentue encore le conflit.
06:07 Une association de propriétaires s'est lancée
06:09 dans une longue bataille juridique pour le faire annuler.
06:13 Carla en fait partie.
06:15 En colère, elle ne veut pas rencontrer le député.
06:18 Elle accepte de nous parler, à condition de rester anonyme.
06:22 - On a peur. Peut-être que j'exagère, je ne sais pas,
06:26 mais on a peur de représailles.
06:28 Je pense que vous avez vu ce qui s'est passé
06:31 sur beaucoup d'agences immobilières où il y a des tags.
06:34 Aujourd'hui, c'est les tags, demain, c'est les bombes.
06:37 On ne voudrait pas se retrouver notre appartement tagué
06:40 ou squatté ou... Voilà.
06:42 - Carla vit dans l'intérieur du Pays basque.
06:45 En 2015, elle a acheté ce 2 pièces près de l'océan,
06:48 qu'elle loue 5 mois par an, via les plateformes en ligne.
06:51 Avec les nouvelles règles,
06:53 qui s'appliquent aussi aux actuels propriétaires,
06:56 elle ne pourra bientôt plus le faire.
06:59 - On a économisé pour avoir tout ça.
07:02 On s'est sacrifié.
07:04 Et maintenant que l'on est bien,
07:06 on a l'impression d'avoir pris une claque dans la figure.
07:09 Franchement, on ne pensait à aucun moment qu'on allait nous interdire
07:13 de faire ce que l'on veut de notre résidence secondaire,
07:16 sachant qu'on ne la remettra pas en vente,
07:19 on ne fera pas de location à l'année.
07:21 Donc on nous prive de notre liberté de choix sur cet appartement.
07:25 On ne voudrait pas devenir les boucs émissaires du manque de logement.
07:30 On ne comprend pas pourquoi les communes
07:33 n'ont pas fait le nécessaire depuis 20 ans à faire de la construction.
07:37 - Loin de l'Atlantique, dans l'intérieur des terres,
07:42 le manque de logement est aussi un problème,
07:45 même dans les zones les plus reculées du Béarn.
07:48 Dans la circonscription du député,
07:50 la Vallée d'Aspes a longtemps perdu des habitants.
07:53 Désormais, elle en gagne.
07:55 Pour les nouveaux arrivants,
07:57 ce loger relève du parcours du combattant.
08:00 Nous retrouvons Iñaki et Chanise, qui rend visite à Grégory.
08:04 Depuis des mois, ce quinquagénaire vit dans un gîte.
08:08 - Voilà.
08:14 On met tout en entendant, quoi.
08:16 - Vous stockez votre vie.
08:18 - C'est ça, un peu ça.
08:20 On a monté notre linge et tout le reste.
08:22 On a nos meubles ici, quoi, nos souvenirs, nos tableaux, nos photos.
08:25 - Ce qui était censé être temporaire, ça dure un peu plus.
08:28 - Ça fait une petite année, là, ouais.
08:30 - À l'étage, la décoration est figée dans les années 70.
08:34 Grégory et sa famille n'ont rien touché,
08:37 juste ajouté quelques photos pour personnaliser l'endroit.
08:40 Ils veulent acheter leur propre maison,
08:43 mais il n'y a quasiment rien à vendre et les prix sont exorbitants.
08:47 - Où est-ce que vous en êtes ?
08:51 - Eh bien, on a déjà eu 2 échecs, on va dire.
08:54 Un, parce que ça a été vendu pour une résidence secondaire,
08:57 ce qui est quand même dommage, et un autre,
08:59 parce qu'on est quand même dans une région où c'est protégé
09:02 et on peut pas rénover les maisons comme on voudrait, quoi.
09:05 Ça fait 12 ans qu'on vient ici, quoi, et puis moi, je suis parapentiste.
09:08 C'est quand même un gros secteur d'activité, ici.
09:10 On est dans le parapente, donc c'est vraiment important d'être établi ici, quoi.
09:13 Enfin, moi, j'ai surpris, il y a des prix, c'est comme à Bordeaux, quoi.
09:16 - Sur la vallée d'Ath, on a quantifié entre une augmentation de 30 à 40 %
09:19 du prix du mètre carré depuis le Covid.
09:21 - Et encore, on a une situation, on a des revenus,
09:24 on a vendu notre maison, donc on a un petit pécule, quoi.
09:27 Les banques vont nous suivre. Je me mets à la place des jeunes dans la vallée,
09:30 ça doit pas être facile, quoi.
09:32 - On a aujourd'hui des enfants de la vallée, des jeunes de la vallée de mon âge
09:35 qui ne peuvent pas venir ici. Et c'est un déchirement énorme.
09:38 Alors, c'est pas du communitarisme, mais c'est de dire
09:40 "je viens d'un territoire dans lequel je peux plus habiter".
09:43 - Une bonne fin de journée à vous. - Merci. Au revoir.
09:47 - Comme sur le littoral, le problème viendrait des résidences secondaires
09:51 qui font concurrence au logement permanent.
09:54 A 8 km du gîte, le village d'Akous,
09:57 le village dans lequel Grégory et sa famille voudraient poser définitivement leurs valises.
10:02 Iñaki et Chanise à rendez-vous avec le maire pour une visite guidée.
10:08 - On va faire un petit tour dans le village ? - Ouais, ça marche.
10:11 - OK, on y va.
10:13 Oui, donc notre problème à nous, effectivement, c'est les résidences secondaires.
10:17 C'est 50% à peu près de la commune.
10:19 - À l'image de la vallée. - À l'image de la vallée.
10:21 Résidences secondaires, résidences familiales, fermées.
10:24 Ça aussi, c'est ouvert, mais c'est une résidence secondaire.
10:26 Ça aussi, ça aussi après.
10:29 - Pour le maire d'Akous, trouver des maisons pour ceux qui veulent vivre ici toute l'année
10:34 est un combat quotidien et il n'hésite pas, s'il le faut, à faire l'intermédiaire.
10:40 - Par exemple, ces deux maisons que tu vois ici, celle-ci qui est au premier plan et l'autre qui est derrière,
10:44 sont devenues des résidences principales depuis quelques mois.
10:47 Pourquoi ? Parce qu'on a négocié de manière à ce qu'ils fassent des prix raisonnables
10:51 et du coup, on a fixé deux familles en résidence principale.
10:54 - Ça fait combien d'habitants à l'année ? - 470 habitants.
10:57 - Et l'été, tu montes ? - On doit monter à 1 000 entre toutes les maisons qui sont ouvertes,
11:01 les campings, etc. On doit monter à 1 000 d'habitants.
11:05 - Pour juguler les prix, le député socialiste veut changer la loi.
11:09 Et là encore, son levier, ce sont les impôts.
11:13 - La volonté qu'on a, c'est de donner des outils pratiques aux communes
11:17 et notamment aux petites communes pour pouvoir agir justement en faveur de l'habitat permanent.
11:21 - Donnez-moi un exemple. - Concrètement, ça veut dire qu'on va taxer
11:25 de façon plus forte quelqu'un qui va avoir acheté une résidence secondaire
11:29 qui va la garder 2 ans juste dans l'état d'esprit de faire une plus-value derrière,
11:33 de faire un coup de peinture ou de creuser une piscine et qui va la vendre
11:37 à 100 000 euros de plus 2 ou 3 ans plus tard.
11:41 - Le maire tient aussi à montrer aux députés une des maisons à vendre dans le village.
11:45 - Donc on arrive devant la maison Camille qui est une très belle maison,
11:49 une ancienne maison familiale qui est en vente.
11:53 Il y a 300 m2 de surface habitable avec un grand jardin derrière
11:57 et il y aurait la possibilité de faire 3 logements quasiment dedans.
12:01 Elle est à vente à 120 000-130 000 euros mais c'est un prix négociable.
12:05 Et il y a au moins pour 300 000 euros de travaux à faire minimum
12:09 si on veut faire 3 appartements indépendants. On a le droit de préemption.
12:13 C'est-à-dire que si vraiment je sentais que cette maison va partir en résidence secondaire
12:17 ou en Airbnb, à ce moment-là j'aurais la possibilité de me porter accueilleur
12:21 au prix d'achat, c'est-à-dire 120 000 euros. Mais nous, communes, on n'aura pas les moyens
12:25 d'investir 300 000 ou 400 000 euros pour faire des appartements.
12:29 - Si les maires ont déjà le droit d'augmenter la taxe d'habitation
12:33 sur les résidences secondaires, le député voudrait en relever le plafond.
12:37 - Ça ne les poussera pas forcément à revendre leurs biens
12:41 ou à les mettre à l'allocation longue durée mais ça les ferait participer
12:45 à l'effort général et ça permettra aussi à la collectivité de ramasser cet argent
12:49 et de réinvestir dans des projets à vocation
12:53 de longue durée comme ça peut le cas ici.
12:57 Un combat au long cours pour Iñaki et Chanise.
13:01 Alors que la crise du logement s'accentue, ils ne désespèrent pas d'arriver
13:05 à convaincre les autres députés et le gouvernement d'adopter ces propositions.
13:11 [Musique]

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