Les obsèques de Dominique Bernard : le métier d'enseignant devient-il dangereux ?

  • l’année dernière

Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent du métier d'enseignant qui devient dangereux.
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Transcript
00:00 J'aimerais qu'on commence cette émission parce que c'est important par les obsèques de Dominique Bernard
00:03 qui ont eu lieu ce matin dans la cathédrale d'Arras,
00:05 en présence du chef de l'État bien sûr et de son épouse.
00:08 On va écouter les mots de son épouse, Madame Bernard,
00:12 qui a voulu rendre hommage à l'homme de lettres,
00:15 à l'amoureux de la littérature française, qui était son époux.
00:18 Il aimait Julien Gracq, Flaubert, Stendhal, Balzac.
00:24 Il n'aimait pas l'informatique et les réseaux sociaux,
00:28 le téléphone, il n'en avait même pas.
00:31 Il aimait profondément ses filles, sa mère et sa sœur.
00:40 Nous nous aimions.
00:42 Voilà, "Nous nous aimions" prononcé par la femme de Dominique Bernard,
00:47 avec évidemment beaucoup d'émotion dans cette cathédrale d'Arras
00:50 et ce conflit, évidemment, ce terrorisme qui frappe désormais sur le sol français mais y a un rabisme.
00:55 Dominique Bernard est une victime du terrorisme islamique.
00:58 Bien évidemment, la France a été défigurée par le terrorisme islamique.
01:01 On est à peu près à 280 victimes.
01:04 Trois ans après que Samuel Paty ait été décapité,
01:08 depuis trois ans on n'arrive pas à nommer un lycée à la mémoire de Samuel Paty.
01:12 C'est impossible de nommer un lycée.
01:14 Je n'arrête pas de dire aujourd'hui qu'Israël est en première ligne contre le djihadisme,
01:18 l'islamisme, qui est un cancer de l'humanité.
01:22 Il faut ouvrir les yeux. Quel rapport avec ce malheureux professeur
01:26 qui n'était qu'amour, qui enseignait à ses élèves,
01:29 qui a été massacré du jour au lendemain.
01:31 Pourquoi ? Jusqu'à quand ? Comme ses enfants à 14 juillet,
01:34 comme aux Bataclan, comme ses enfants à Toulouse, etc.
01:38 Alors aujourd'hui, Israël, il s'est passé un massacre inimaginable.
01:41 Mais des gens qui font le lien entre les deux,
01:43 si quelqu'un pense qu'avec de la faiblesse, avec l'islam, on va arriver à quoi que ce soit,
01:47 c'est qu'on a perdu ça, c'était Munich.
01:49 Ça, c'était exactement les accorches en Merdin d'Alainier.
01:52 Vouloir pactiser avec Hitler et avec le diable, ce n'est pas possible.
01:57 Il faut éliminer les islamistes, les djihadistes, partout où ils sont,
02:01 qui n'ont rien à voir avec un islam républicain, que nous souhaitons.
02:05 Il aurait dû y avoir des milliers de musulmans,
02:07 des centaines de milliers de musulmans dans la rue pour dire
02:10 "Non, on peut avoir la cause palestinienne,
02:12 mais on ne peut pas cautionner la barbarie."
02:14 Mais il y a eu autant de catholiques et de protestants aussi,
02:16 il y aurait dû y avoir toutes les confessions dans la rue.
02:18 Oui, il y en a eu.
02:19 Louis Drayne, il y a eu une information au Rappin
02:21 qui concerne les minutes de silence,
02:23 le nombre de perturbations dans les collèges et lycées
02:26 de ces minutes de silence, ça augmente évidemment de jour en jour.
02:29 Absolument, il y a une consolidation qui est faite chaque jour.
02:32 Aujourd'hui, il y a un recensement qui fait état de 501 violations
02:38 de ces minutes de silence qui ont eu lieu dans les écoles.
02:41 C'est un chiffre en très forte progression,
02:44 avec des témoignages, des récits assez accablants,
02:47 avec des enfants parfois qui sont en CP,
02:49 qui refusent de pratiquer la minute de silence,
02:52 qui crient "Alaouakbar".
02:54 - En CP ? - En CP.
02:57 - Des enfants en CP qui crient "Alaouakbar"
02:59 quand on rend hommage à un professeur assassiné par un pétanqueur.
03:02 - Le document qu'a procuré le service Société d'Europe 1.
03:05 Il y a aussi des élèves qui sont venus avec des couteaux,
03:08 il y en a d'autres qui ont fait écho à Samuel Paty,
03:11 qui ont expliqué qu'ils allaient faire la même chose,
03:13 et que c'est la raison pour laquelle ils refusaient de participer
03:15 à cette minute de silence.
03:17 Il y en a qui expliquaient aussi que la loi de la République
03:21 ne pouvait pas être supérieure à celle d'Allah.
03:25 On a 501 témoignages,
03:28 donc une recension qui fait froid dans le dos,
03:31 et qui montre qu'il y a encore énormément de travail.
03:34 - Bien entendu.
03:35 - Il y a eu l'interdiction de la baïa, mais je peux vous dire qu'il y a encore...
03:38 - À chaque fois, c'est Zine le procureur à annoncer Gabriel Attal.
03:40 - Systématique, absolument.
03:41 - Et c'est même pour un enfant de CP.
03:43 - On imagine. - Manifestement, oui, qui ira avec ses parents.
03:46 Après, ils se posent plusieurs questions.
03:48 C'est très bien, la saisine du procureur.
03:51 Il faudra regarder quand même quelles sont les réponses pénales.
03:53 Si c'est, entre guillemets, simplement un rappel à la loi
03:56 avec l'obligation de suivre un stage de citoyenneté,
03:59 je pense que ce n'est absolument pas suffisant.
04:01 Alors, c'est mieux que rien, mais ce n'est pas suffisant.
04:03 Et le deuxième élément, c'est que c'est très personnel,
04:06 mais quand un élève de CP, de CE1, de CE2,
04:10 tient ce type de propos, je ne suis pas sûr que les parents...
04:13 - C'est qu'il les a entendus à la maison.
04:14 - Grondent l'enfant.
04:15 Et en fait, je pense que l'enfant se fait simplement le porte-voix
04:18 de ce qu'il entend à la maison,
04:20 ce qui montre que le mal est beaucoup plus profond
04:22 et que ce n'est pas simplement avec des petites réponses pénales
04:25 qu'on y arrivera, c'est une transformation profonde.
04:28 - Vous avez raison.
04:29 - Je pense qu'il n'y a que la sévérité,
04:30 il n'y a que la fermeté qui peut payer.
04:32 Il n'y a plus d'autres solutions possibles.
04:33 - Alors, je vous passe la parole à Franck Tapiro,
04:34 Rachel Kahn, Eric Nolot.
04:35 - En fait, on voit une des multiples conséquences
04:37 de l'utilisation du mot de la France indigne, "résistance".
04:41 Voilà ce qui arrive quand on ne sait pas nommer les choses.
04:44 Voilà ce qui arrive quand on apporte un conflit et qu'on dit,
04:47 ce conflit que vous voyez, Israël l'a bien cherché.
04:50 Le Hamas n'a pas fait une action de terrorisme,
04:53 mais une action de guerre.
04:54 Jean-Luc Mélenchon, grand gourou de la secte de la France indigne,
04:59 l'a dit, il l'a dit clairement.
05:02 C'est un crime de guerre, pas un crime contre l'humanité.
05:06 On sait pourquoi, parce que le crime contre l'humanité
05:08 était imprescriptible, pas le crime de guerre.
05:10 Donc, on ajoute du vice à l'indignité.
05:12 Mais on donne un droit de tuer,
05:14 un droit de se penser surtout comme un résistant,
05:18 et un droit de dire, je suis dans mon droit de dire,
05:21 non, cette minute de silence,
05:22 parce que moi aussi, je résiste à ma façon, à la cause.
05:25 Mais quelle cause ?
05:26 - Vous avez raison.
05:27 - S'il croit résister à la cause palestinienne, c'est faux.
05:29 - Vous avez entièrement raison.
05:30 - C'est en l'honneur du Hamas, il faut bien le dire et le marteler.
05:33 - Rachel Khan, 501 actes, évidemment,
05:35 de perturbation de ces minutes de silence.
05:37 Ça en dit long, quand même.
05:38 - Ça en dit long, ça fait froid dans le dos,
05:40 dans cette journée, en plus de deuil.
05:43 Et ce qui me fait le plus mal,
05:46 c'est que cette cérémonie hommage pour Dominique Bernard,
05:50 je pense qu'il faut vraiment bien ancrer ce nom
05:53 dans nos mémoires, dans nos esprits.
05:55 Mais c'est tous ces professeurs
05:57 qui vont aller enseigner avec la boule au ventre.
06:01 Et pour moi, c'est vraiment le symbole
06:04 que dans notre démocratie règne un esprit totalitaire
06:07 qui est alimenté par Jean-Luc Mélenchon
06:09 et cette France insoumise.
06:11 Et puis, par ailleurs, juste un petit mot sur cet hommage,
06:14 qui est un hommage sur la culture...
06:17 - De sa femme.
06:18 - De sa femme, sur la culture, sur les artistes.
06:20 Ce sont les professeurs qui commencent à enseigner
06:23 l'amour de l'art aux enfants, la peinture,
06:26 les films, etc.
06:29 Et voir qu'aujourd'hui, les artistes sont silencieux
06:31 alors même qu'ils sont défendus par des hommes
06:33 comme Dominique Bernard, c'est absolument honteux.
06:36 - C'est vrai qu'on n'a toujours pas entendu les artistes, Eric Nolot ?
06:38 - Non, parce que quand on les entend,
06:40 c'est dans un seul sens.
06:41 Donc apparemment, ils ne pensent que dans un sens.
06:43 - Et encore. On ne les entend pas beaucoup, voire pas du tout.
06:46 - Non, mais parfois, on regrette même de les entendre.
06:48 Il y a quelques déclarations,
06:50 on aimerait bien que ça soit un peu dans les autres sens.
06:51 Non, mais on l'a dit, on le redit,
06:52 il faut mettre les barbelés devant l'école publique.
06:54 Il faut protéger l'école publique.
06:56 Mais on ne résoudra rien si on ne prend pas conscience...
06:58 - Les barbelés virtuels, j'imagine ?
06:59 - Virtuels, évidemment.
07:00 - Oui, symboliques.
07:01 - De faire respecter la laïcité strictement,
07:03 les hommages strictement.
07:05 Mais on ne résoudra rien si on ne prend pas conscience
07:08 que c'est un système global.
07:10 Ces gamins importent à l'école un système de pensée global.
07:14 Et d'ailleurs, pour les atteintes les plus graves,
07:16 pour les élèves les plus âgés,
07:17 je crois qu'un petit séjour en prison
07:19 sera quand même dissuasif pour les autres.
07:21 Parce que là, pour le moment, le rappel à la loi,
07:23 ça ne sert à rien, mais ça ne sert strictement à rien.
07:25 Le gamin fait un aller-retour, il rentre chez lui.
07:27 Il est même auréolé d'une petite...
07:29 Voilà, il est presque un martyr, quoi.
07:31 Il a eu affaire un peu à la justice,
07:33 mais il n'est pas allé en prison.
07:35 Donc, être beaucoup plus sévère
07:36 et surtout, démanteler tout le réseau.
07:38 Et ensuite, bien rappeler, mais ça a été fait
07:40 quand on a rappelé que c'était un...
07:42 M. Bernard était un lecteur de Grag, de Proust, etc.
07:46 Ce n'est pas les musulmans contre le reste de la société,
07:48 c'est la barbarie contre la civilisation.
07:50 C'est ceux qui sont du côté de la civilisation
07:52 contre ceux qui sont du côté de la barbarie.
07:55 Et du côté de la civilisation,
07:56 on va trouver des représentants de toutes les religions.
07:58 Et de l'autre côté, on va trouver les islamistes.
08:00 On refait en la parenthèse des artistes,
08:01 Franck Tapiro, où il n'y a aucune chance
08:03 qu'ils prennent la parole dans les prochains jours.
08:05 Ça bouge, j'ai quelques messages, j'ai quelques appels.
08:07 Bien sûr, en off.
08:08 Et je les pousse à arriver peut-être en vitrine.
08:12 Donc, peut-être que demain, ils viendront sur votre plateau.
08:14 Peut-être que demain, ils iront un peu partout.
08:15 On les accueillera.
08:16 Je vais envie de vous aider, justement, pour finir...
08:18 Pourquoi c'est tellement compliqué de condamner la barbarie ?
08:20 C'est compliqué aujourd'hui parce que...
08:21 Mais de condamner la barbarie...
08:22 Mais tu viennes en Israël, tu vois ce que j'ai vu, moi.
08:24 Mais je sais.
08:25 Pendant 24 heures, et je n'étais pas seul.
08:26 Mais voilà.
08:27 C'est des images...
08:29 Je ne me pensais pas qu'un jour, je pouvais voir...
08:31 J'ai vu la Shoah dans des films.
08:33 J'ai vu ce qu'il y a eu, une journée, une Shoah.
08:35 Des corps massacrés, des bébés coupés en deux.
08:37 Des femmes violées, des femmes enceintes violées,
08:39 à quelles...
08:40 Devant ces petits-enfants auxquels on a ouvert le ventre
08:43 et tirés...
08:44 Mais c'est arrivé, c'est monstrueux.
08:46 Alors, vous savez, on est en train de dire à Israël,
08:48 "Attention de la proportionnalité."
08:50 Je vais vous dire quelque chose.
08:51 Il n'y aura pas de proportionnalité.
08:52 Parce qu'Israël, pour qu'il y ait de la proportionnalité,
08:54 elle ne va pas tuer les femmes palestiniennes.
08:56 Ils ne vont pas massacrer les enfants.
08:58 Pour être proportionnel, ils ne vont pas les découper en morceaux.
09:00 Ils ne vont pas les brûler.
09:01 Parce qu'Israël est un État moral.
09:03 Et si jamais l'opération terrestre n'a pas commencé,
09:05 aujourd'hui, j'ai rencontré le Premier ministre Netanyahou,
09:07 en tête à tête, sans qu'il me donne ses indications militaires,
09:11 mais c'est parce qu'ils veulent éviter le maximum
09:14 de victimes collatorales.
09:16 Hier, on est passé à un massacre de 600 personnes à 12 personnes.
09:19 - C'est pas encore des fake news. - Vous parlez de l'hôpital de Gaza.
09:21 - De l'hôpital de Gaza. - On ne peut pas en parler dans un...
09:23 Mais aujourd'hui, de grâce, il faut qu'il y ait une justice.
09:26 On a Hitler, on a les plus grands actes de barbarie.
09:30 J'ai vu des familles entières, poings liées, tuées,
09:32 comme un babillard.
09:33 Il y avait, vous savez, à Rehem,
09:35 c'est un magnifique endroit où il y avait...
09:37 Ils fêtaient la paix, l'amour, etc.
09:39 Il y avait 3 500 jeunes.
09:41 Vous savez, des toilettes,
09:43 pour que les gens puissent aller aux toilettes.
09:45 Ils ont été un derrière les autres.
09:47 J'ai vu dans la nuque, une balle dans la tête à chacun,
09:50 comme à Babillard, où on a tué en un jour
09:52 36 000 en Ukraine, 36 000 Juifs.
09:55 Mais jusqu'à quand ?
09:56 Ça, en Eretz-Israël, aujourd'hui, il faut faire justice.
09:59 Je peux vous dire que le Hamas a beaucoup de soucis à faire.
10:01 Ce qui est terrible aussi, Laurence Ferrari,
10:03 c'est que la population palestinienne
10:05 qui travaille tous les jours en Israël,
10:08 qui venait tous les jours, qui travaillait,
10:10 certains d'entre eux ont participé au massacre.
10:12 Certains d'entre eux, j'ai eu des témoignages
10:15 des gens qui parlaient hébreu, ils leur ont dit en hébreu,
10:17 "Ouvre la porte, arrête ta taillette
10:19 "avec l'accent hébreu pour qu'ils ouvrent."
10:21 Des gens qui le voyaient...
10:23 Et ça, ça fait du mal.
10:25 Parce que le kiboutz, en question, c'était un kiboutz de cohabitation.
10:28 Ce sont des gens qui votaient à gauche et à l'extrême-gauche
10:30 sur l'échiquier politique israélienne,
10:32 qui croyaient à la cohabitation, à l'amour,
10:34 la cohabitation avec les Palestiniens.
10:36 Regardez ce qui s'est passé aujourd'hui.
10:38 Regardez ça. Regardez notre Marseillaise.
10:41 "Aux armes, citoyens, qui égorgent nos fils et nos compagnes."
10:44 C'est exactement ce qui est arrivé.
10:46 Aujourd'hui, en Israël, on a égorgé des femmes et des enfants,
10:49 alors un moment donné, dit "aux armes, citoyens".
10:51 Je dis "en Israël", ils n'ont plus le choix,
10:53 mais ils le feront toujours moralement.
10:55 Jamais, en tout cas de façon volontaire,
10:57 il y a toujours des pertes collatérales,
10:59 mais jamais de façon volontaire en tuant des femmes
11:01 et les seuls responsables, c'est le Khamas.
11:03 - Vous restez avec nous, évidemment.
11:05 On fait une petite pause, on va parler de la position de la France.
11:07 Emmanuel Macron, position extrêmement prudente.
11:10 Peut-être est-il en train de négocier pour sortir certains de nos otages.
11:14 On va évoquer aussi ce qui se passe du côté de la France insoumise
11:17 et du soutien à Karim Benzema.
11:19 A tout de suite dans "Punchline", sur "Ça nous est sur Europe 1".
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11:24 Europain, 18h-19h.
11:26 Punchline, Laurence Ferrari.

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