Zoom - Laurent Dandrieu : Dessins animés et films en famille : ne regardez que le meilleur !

  • l’année dernière
Après “Une bibliothèque idéale - Que lire de 0 à 16 ans ?”, Floriane Jeannin reçoit Laurent Dandrieu journaliste culturel, spécialiste du cinéma, pour son livre “Une cinémathèque idéale - Que regarder en famille de 5 à 16 ans ?”. Une superbe sélection de plus de 700 œuvres ou chefs d'œuvres à regarder tous ensemble pour des soirées cinéma qui vous ressemble. Des classiques que vous connaissez sans doute déjà mais aussi des incontournables moins connus que l'auteur, qui les a tous appréciés, vous propose de découvrir ou re-découvrir. Le tout classé de façon très didactique dans de grandes catégories de genre et d'âge, avec en bonus, tout un tas de petites réflexions qui seront autant de pistes pour vous et vos enfants. C’est l'incontournable guide de votre bibliothèque pour des moments privilégiés, pour s'amuser, s'émouvoir, s'émerveiller et réfléchir en famille !
Transcript
00:00 [Générique]
00:05 Et pour le Zoom du jour, j'ai le plaisir de recevoir Laurent Dandrieu.
00:09 Bonjour monsieur.
00:10 Bonjour.
00:11 Alors Laurent Dandrieu, vous êtes journaliste culturel,
00:13 vous êtes même le responsable des pages culture du journal Valeurs Actuelles.
00:18 Vous êtes également spécialiste du cinéma, entre autres,
00:20 mais on vous connaît aussi pour la littérature naturellement.
00:23 Vous êtes auteur d'une dizaine de livres,
00:26 dont La Confrérie des Intranquilles, qui revient sur des portraits d'auteurs justement,
00:31 qui avaient été couronnés par l'Académie française.
00:35 Aujourd'hui, vous venez nous présenter ce livre paru chez Critérien.
00:39 Il s'agit du livre Une Cinémathèque Idéale, que regarder en famille de 5 à 16 ans.
00:44 Il est au prix de 17,90€, disponible sur la boutique de TVL.
00:50 J'en profite tout de suite puisque c'est la page de pub.
00:52 N'hésitez pas à cliquer sur le pouce en l'air si cet entretien vous plaît.
00:55 Et puis à laisser vos commentaires, vous le savez,
00:58 l'algorithme de YouTube, etc.
01:01 Revenons à l'ouvrage.
01:02 Il s'agit d'un ouvrage qui classifie les meilleurs dessins animés,
01:07 comédies, romances, aventures, fictions,
01:10 polars, thrillers fantastiques, SF, des reportages même,
01:13 des biopics et des films historiques.
01:16 C'est très complet, c'est très bien organisé.
01:18 Tout est classé par âge.
01:21 Laurent Andrieux, on va passer à la première question.
01:23 Il y a Michel Demurget qui est docteur en neurosciences.
01:27 Vous savez, c'est l'auteur de "Tiviliobotomie",
01:29 la vérité scientifique sur les effets de la télévision,
01:32 j'allais dire de la civilisation, ce n'est pas tout à fait ça.
01:34 Et faites les lire, il vient de le sortir,
01:36 pour en finir avec "Le Crétin Digital",
01:39 c'est la suite de son précédent ouvrage.
01:41 Dans ce livre, il sonne l'alarme sur la consommation d'écrans.
01:46 Il dit que c'est une paupérisation intellectuelle
01:49 et que l'antidote, c'est la lecture.
01:52 Alors, dans ce cadre, Laurent Andrieux,
01:54 la question est méchante, est-ce que votre livre est utile ?
01:57 Alors, il a tout à fait raison, évidemment,
01:58 la lecture est indispensable à la construction de l'intelligence
02:02 et on ne saurait trop la conseiller.
02:05 Pour autant, je fais partie des gens qui pensent
02:07 que le cinéma, le cinéma classique,
02:09 fait partie de la culture générale.
02:11 Et je suis toujours assez choqué que des parents
02:13 qui, à juste titre, ne supporteraient pas
02:16 que leurs enfants n'aient jamais entendu parler de Balzac ou de Dickens,
02:20 tolèrent fort bien que les mêmes enfants
02:22 n'aient jamais entendu parler d'Alfred Hitchcock ou de François Truffaut.
02:25 Et donc, je pense que ça fait partie de la culture générale.
02:28 Je pense que, par ailleurs, ça peut être aussi
02:30 une bonne incitation à la lecture.
02:32 Un des films les plus récents que j'ai mis dans cette sélection,
02:36 c'est "Les illusions perdues",
02:38 qui peut être aussi une manière d'intéresser les jeunes à Balzac.
02:45 Et il y a effectivement, j'en suive beaucoup,
02:47 d'adaptations, soit de livres, soit de romans,
02:51 soit de pièces de théâtre qui donneront, sans doute,
02:53 aux enfants l'idée d'approfondir.
02:56 Et puis, surtout, je pense qu'il a raison de mettre en garde
03:01 contre la surconsommation des écrans.
03:03 Mais ce qui est surtout dangereux,
03:04 c'est la surconsommation des écrans solitaires,
03:07 c'est-à-dire l'explosion de la cellule familiale
03:11 sous l'effet du numérique,
03:12 chacun devant son petit écran personnel
03:14 qui regarde son truc à lui,
03:17 avec une forme souvent de paresse,
03:20 c'est-à-dire je vais rester dans mon petit coin spécialisé
03:24 où je vais regarder que les trucs qui me parlent.
03:27 Et moi, je plaide au contraire,
03:28 j'ai fait ce livre pour plaider pour le visionnage en famille,
03:31 c'est-à-dire que non seulement on va voir en famille
03:34 des choses intéressantes,
03:35 non seulement les parents vont pouvoir proposer aux enfants
03:39 des choses inhabituelles pour eux,
03:41 des choses qui vont les sortir un peu de leurs habitudes culturelles,
03:46 et puis surtout des films qui ont une valeur
03:49 non seulement de divertissement
03:51 mais aussi très souvent une valeur éducative
03:53 et qui vont fournir une porte d'entrée
03:55 pour des discussions familiales que j'espère fructueuses
03:59 autour des sujets moraux qui sont soulevés par les films.
04:05 Par les films, bien sûr,
04:06 rien de mieux que les débats en famille.
04:08 Je vous taquinez avec cette question.
04:11 Dans la même édition,
04:12 je rappelle qu'il était sorti "Une bibliothèque idéale,
04:15 que lire de 0 à 16 ans"
04:16 qui est un peu le pendant de votre ouvrage.
04:19 Ça avait été écrit par Valérie Dobigny ainsi qu'Anne-Laure Blanc
04:22 et Hélène Fruchard,
04:23 on l'avait présenté et recommandé sur TVL à l'époque,
04:26 je vous mets le lien juste en dessous,
04:27 il est aussi disponible sur la boutique de TVL.
04:31 Pourquoi est-ce qu'on a besoin de guides comme ça à notre époque
04:34 et plus généralement de faire preuve de discernement
04:37 voire même de prudence en fait
04:39 sur ce qu'on va consommer ou plutôt visionner ou lire ?
04:43 Alors on a besoin de guides parce que dans un premier temps,
04:47 la production cinématographique est absolument pléthorique.
04:51 J'ai moi-même publié un dictionnaire du cinéma
04:54 qui recensait 6 000 films,
04:55 je prépare une deuxième édition qui en recensera 10 000,
04:58 il en sort plusieurs centaines rien qu'en France tous les ans.
05:02 Donc évidemment, il faut pouvoir se retrouver dans ce maquis.
05:06 D'autant que tout le monde n'a pas forcément en tête les vieux classiques,
05:11 certains peuvent être oubliés et parfois c'est fort dommage.
05:15 Ensuite, évidemment, parce que le cinéma est devenu de plus en plus
05:20 ces dernières décennies un champ de bataille idéologique
05:24 qui est vraiment, comment dire,
05:28 l'occasion pour un certain nombre de maisons de production
05:33 de diffuser un relativisme tout azimut.
05:38 Disney ne se cache pas par exemple aujourd'hui
05:41 de passer tous ses scénarios à la moulinette Walk.
05:46 Donc effectivement, il faut pouvoir trouver des films
05:52 qu'on puisse regarder avec ses enfants
05:54 qui ne contredisent pas les valeurs qu'on entend leur transmettre,
05:59 qui ne soient pas embarrassants à regarder en famille,
06:03 qui aussi, comment dire, qui respectent l'innocence des enfants,
06:12 ce qui est vraiment une chose capitale.
06:14 Il y a une ligne de crête à trouver en fait
06:16 quand on expose ses enfants à des images,
06:19 c'est-à-dire effectivement leur présenter des choses qui ne les blessent pas
06:26 et en même temps trouver aussi des films
06:28 qui les introduisent progressivement à la complexité du monde
06:32 et au fait que tout n'est pas aussi rose
06:34 qu'ils avaient pu l'imaginer dans leurs vertes années.
06:36 Donc il y a une ligne de crête à trouver qui est très difficile
06:40 et c'est pour aider les parents à avancer sur cette ligne de crête
06:43 que j'ai voulu faire ce livre.
06:45 - "Bambi" à partir de quel âge ?
06:47 À propos de l'hométisme de l'enfance.
06:49 - "Bambi", je pense que j'ai dû le mettre à partir de 7 ans, je ne sais plus.
06:52 - Oui, peut-être, oui.
06:53 - Sachant que je suis très surpris,
06:56 j'ai revu un certain nombre de vieux Disney pour faire ce guide
07:00 et je suis toujours surpris chez Disney
07:03 parce qu'il y a un univers qui est très doucereux,
07:05 qui est très lisse, qui est très rose
07:08 et au milieu de tout ça, il y a toujours des scènes
07:10 qui sont absolument terrifiantes pour le très jeune public
07:14 et évidemment, la mort de la mère de Bambi
07:17 a laissé des traumatismes profonds chez beaucoup d'entre nous, ne nous le cachons pas.
07:21 - On a tous été touchés par le phénomène, en effet.
07:24 Vous précisez à partir de 5 ans, pourquoi pas avant ?
07:29 - Alors, il existe des...
07:31 - On n'est pas Pépapig.
07:33 - Oui, alors en fait, vraiment, tous les films que j'ai mis dans ce guide
07:37 sont des films que j'ai vus et appréciés.
07:39 Il y a un cinéma pour les tout-petits, j'avoue que je n'en suis pas familier
07:44 et je n'ai pas d'avis sur la question.
07:48 - "Saturnin le canard" en "Old School".
07:50 - Ah, "Saturnin le canard", c'était un grand souvenir d'enfance.
07:52 Mais en tout cas, oui, c'est peut-être aussi l'occasion de vous dire
07:55 pourquoi j'ai mis à partir d'eux,
07:57 c'est-à-dire que j'ai choisi de classer les films,
08:02 de recommander les films pour un âge qui n'est pas forcément celui
08:06 auquel l'enfant va tout comprendre et tout apprécier du film en question,
08:11 mais plutôt celui auquel il pourra s'agréger avec plaisir
08:16 et sans dommage pour lui, au public familial
08:18 et éventuellement au public de ses frères et soeurs aînés, s'il en a.
08:22 Voilà, je pense qu'on n'a pas besoin de tout comprendre d'un film
08:26 pour l'apprécier, que c'est très bien aussi de revoir des œuvres
08:30 à des âges différents pour tout à coup en pénétrer la complexité
08:34 avec plus de subtilité.
08:35 Je pense qu'on a tous fait cette expérience-là quand on était gamins.
08:40 En fait, c'est une bonne manière aussi d'affiner l'intelligence,
08:44 de prendre conscience qu'il y avait tel truc,
08:47 qu'il y a différents niveaux de lecture,
08:49 qu'il y avait telle chose qu'on n'avait pas comprise à l'époque
08:51 et tout à coup, voilà, la lumière vous vient,
08:53 ce qui est très flatteur et très agréable.
08:55 Donc c'est une bonne manière de procéder, je pense.
08:58 Dans les bandes dessinées, c'est tout à fait comme ça également.
09:01 Alors, je ne l'ai pas précisé, mais il y a plus de 700 propositions,
09:05 films et dessins animés, donc vous l'aurez compris,
09:08 dès les premières pages, mais vous en avez presque parlé,
09:11 vous rassurez les lecteurs et il y a un indicateur
09:15 quand les films sont violents ou alors avec des contenus
09:19 un peu trop sexuels.
09:21 Un peu salés, dirons-nous.
09:22 Voilà, exactement.
09:23 Ça peut être seulement dans les dialogues,
09:26 mais effectivement, j'ai voulu ne pas, évidemment,
09:29 ne mettre que des films d'autrefois.
09:31 Et donc, j'ai un problème récurrent avec le cinéma récent
09:35 qui comporte souvent, notamment dans tout ce qui est,
09:38 évidemment, film de guerre, polars, films d'action,
09:41 une certaine dose de violence que je n'ai pas pu écarter totalement
09:47 de ce guide et donc qui est signalée par une petite signalétique
09:52 de la même façon les films qui comportent ce qu'on appelle
09:57 pudiquement dans le langage familial, des scènes.
10:00 À caractère, voilà.
10:02 Voilà, généralement on dit des scènes
10:03 et tout le monde a compris de quoi on parle.
10:04 Il y en a peu, évidemment ça n'est jamais poussé très loin,
10:10 mais j'ai voulu le signaler quand même,
10:13 sachant que ce qui est très difficile
10:16 quand on fait un guide de ce genre,
10:18 c'est qu'on sait d'expérience que toutes les familles
10:21 n'ont pas les mêmes critères, n'ont pas le même degré
10:24 d'exposition aux images et n'ont donc pas la même tolérance
10:29 vis-à-vis, effectivement, d'une certaine dose raisonnable
10:33 de violence ou de dialogue un peu cru.
10:37 Et que donc, les indications que je donne
10:40 sont forcément indicatives et que chaque famille
10:45 doit établir, évidemment, son propre jugement
10:48 sur les films que je suggère,
10:51 que je ne fais que suggérer.
10:52 – On parlait de discernement, mais effectivement,
10:54 il est important d'en avoir à soi-propre,
10:57 en plus de suivre des guides de cette façon.
10:59 – Et on ne peut évidemment pas, quand on rédige un guide
11:02 comme celui-là, prétendre se substituer aux parents.
11:05 – Tout à fait.
11:06 Du coup, je vous pose une question un peu coquine,
11:09 là aussi, est-ce que ce n'est pas de la surprotection
11:12 dans un monde qui est hyper sexualisé
11:14 et j'allais dire presque réemployé,
11:16 cet adjectif hyper violent ?
11:20 – Le problème, c'est que cette protection,
11:22 elle est légitime et nécessaire et qu'effectivement,
11:26 il y a des images qui blessent, le pouvoir des images,
11:30 en plus, est très fort parce que ça reste solidement imprimé
11:33 pour des années, donc je ne blâmerai jamais
11:38 les parents de leur prudence.
11:40 Je pense que l'éducation suppose aussi une prise de risque,
11:44 c'est-à-dire que si vous restez exclusivement dans la prudence,
11:47 vous risquez d'avoir des enfants qui vont manquer de curiosité
11:52 ou qui vont être un peu aveugles, peut-être,
11:55 sur les réalités du monde extérieur,
11:57 donc là aussi, c'est une ligne de crête à trouver
11:59 qui n'est pas simple.
12:03 J'ai fait ma proposition dans ce livre à cet égard,
12:07 il y a évidemment des lecteurs qui trouveront
12:09 certaines de ces propositions trop audacieuses,
12:11 d'autres qui me trouveront trop timorée,
12:13 c'est un exercice un peu impossible.
12:17 On ne peut pas contenter tout le monde et son père,
12:19 mais en tout cas, je pense que j'ai voulu aussi
12:25 aider certains parents qui peuvent parfois être un peu tétanisés
12:29 justement par le désir de protéger.
12:31 J'ai voulu les inciter à une audace un peu relative
12:37 et à ne pas hésiter à aller plus au large
12:40 quand il y a des choses vraiment intéressantes
12:43 qui donnent à réfléchir.
12:45 En tout cas, sur les critères de la violence,
12:48 j'ai écarté tous les films qui me paraissaient très violents
12:51 et dont le propos ne me paraissait pas suffisamment intéressant
12:55 pour justifier qu'on accepte ce degré de violence,
12:58 quand effectivement, il y a un film qui, par ailleurs,
13:01 a une véritable profondeur, une véritable réflexion.
13:04 Je pense à "La ligne rouge" de Terrence Malley,
13:06 qui est pour moi un des plus beaux films de guerre jamais tournés.
13:11 Je l'ai conseillé, je crois, à partir de 16 ans
13:13 parce qu'effectivement, il y a des scènes assez dures.
13:16 Je comprendrais très bien qu'on ne veuille pas le regarder à cause de ça,
13:20 mais c'est un film qui a une profondeur humaine et métaphysique
13:25 tout à fait impressionnante,
13:26 à côté de laquelle il serait dommage de passer.
13:29 Dans ce guide, dans ce recueil de films,
13:33 vous conseillez également des films anciens,
13:38 voire même très anciens, qui sont en noir et blanc.
13:40 Pourquoi rester sur de l'ancien comme ça ?
13:44 – Je pense qu'en fait, c'est impossible de faire autrement
13:47 dans un guide du cinéma familial parce que je vous parlais effectivement
13:53 du cinéma récent qui est envahi de plus en plus par la violence et le sexe,
13:56 qui est envahi aussi malheureusement par des valeurs souvent individualistes,
14:00 par une forme de cynisme.
14:02 Si on veut trouver un cinéma plus conforme aux valeurs familiales
14:07 et aux valeurs traditionnelles,
14:09 c'est difficile de ne pas se tourner vers le cinéma d'autrefois.
14:12 Le cinéma des années 30 aux années 60, c'est l'âge d'or du cinéma déjà à la base,
14:19 et ensuite c'est vraiment l'âge d'or du cinéma familial
14:21 où ces valeurs sont vraiment valorisées et mises en lumière.
14:30 Je pense que c'est vraiment quelque chose contre lequel
14:34 il ne faut pas se braquer parce que c'est beaucoup une question
14:36 d'habitude.
14:38 Je pense que si vous mettez vos enfants tout petits,
14:43 déjà devant des Lorelle et Hardy et des Chaplins,
14:45 ce qui marche encore très très bien,
14:47 ça va les accoutumer à l'idée du noir et blanc
14:51 et vous les ferez passer progressivement toujours dans le noir et blanc
14:54 à des choses plus adultes.
14:58 Il y a quand même, par exemple, un classique du cinéma familial
15:04 qui est "La vie est belle" de Capra, que beaucoup de familles idolâtrent.
15:08 Je n'ai jamais entendu quelqu'un me dire "ce film est nul
15:11 parce qu'il est en noir et blanc".
15:12 Donc il y a vraiment des clés d'entrée et après il s'agit pour chaque parent
15:16 de trouver le film qui a une thématique qui plus particulièrement
15:21 va parler à son enfant et qui le permettra de l'accrocher à ça.
15:26 Mais je ne conçois pas qu'on puisse passer à prétendre
15:32 éduquer ses enfants au cinéma et par le cinéma
15:35 et ignorer les films d'Alfred Hitchcock ou de John Ford
15:38 qui sont les plus beaux chefs-d'œuvre du genre
15:42 qui en plus sont des films qui ont une valeur divertissante incroyable.
15:47 C'est à la fois des films très profonds et du grand spectacle
15:51 et avec une valeur humaine, une valeur éducative très forte.
15:56 Donc ce serait vraiment dommage de s'en priver.
15:59 – Alors justement, vous dites qu'il faut trouver certains films.
16:03 Où est-ce qu'on peut les trouver ?
16:05 Vous avez fait ce travail de vérifier qu'on les trouvait encore
16:09 à l'heure où les DVD sont en train de disparaître ?
16:12 – Alors moi je les ai trouvés déjà, donc ils sont trouvables.
16:15 Les DVD disparaissent, alors pas si rapidement que ça.
16:19 Il y a quand même une production de sortie de DVD qui reste importante.
16:25 Il y a dans la plupart des villes des médiathèques municipales
16:31 où vous pouvez en emprunter et par ailleurs,
16:34 les films du patrimoine sont de plus en plus présents
16:37 sur ce qu'on appelle les sites de streaming
16:39 où on peut les louer pour quelques euros.
16:42 Donc en fait il y a de plus en plus de moyens de voir ces vieux films.
16:47 Je pense qu'en fait c'est plutôt plus facile aujourd'hui
16:52 de trouver ce cinéma ancien que ça ne pouvait l'être il y a une trentaine d'années.
16:58 Je donne évidemment dans mon livre pas mal de sites.
17:02 – Oui, il y a des ressources, exactement.
17:04 Mais y compris des plateformes comme Netflix, Amazon, etc.
17:09 – Oui, alors effectivement le cinéma de patrimoine
17:12 n'est pas majoritaire sur ce genre de plateforme.
17:16 Mais il y en a aussi, il y a aussi le site d'Arte
17:22 qui propose en permanence une trentaine de films en accès gratuit
17:25 qui sont renouvelés très régulièrement.
17:27 Il y a tout un tas de solutions pour trouver des vieux films
17:32 en dehors des grands écrans.
17:35 – Il ne faut pas hésiter à s'accrocher,
17:36 à le retrouver en streaming quand on cherche ça.
17:39 J'avais une question à vous poser également sur cette culture que vous proposez
17:43 qui, on l'a compris, est une culture qui grandit.
17:48 Comment faire pour l'opposer à la culture moderne,
17:51 j'allais dire même moderniste, des petits camarades de classe parfois
17:55 qui ne sont pas tout à fait sur le même genre ?
17:58 – Alors, précisez votre question.
18:00 – Est-ce que vous pensez que c'est faisable de montrer à des adolescents,
18:04 des grands classiques, par exemple en noir et blanc,
18:07 quand leurs camarades regardent, je ne sais pas,
18:09 des films du niveau de Pirates des Caraïbes, vous voyez ?
18:12 – Oui, c'est une vraie difficulté.
18:14 Je pense que, effectivement, le grand ennemi de ce genre de démarche,
18:19 c'est la culture du mimétisme,
18:21 le fait qu'on ait envie de voir les mêmes choses que ses petits camarades.
18:25 Après, je pense que ça fait partie de l'éducation,
18:29 d'apprendre à ses enfants à se distinguer aussi,
18:31 et avoir leur goût propre.
18:33 Et puis, je crois beaucoup aussi au visionnage en famille,
18:35 c'est-à-dire qu'il faut réussir, ce qui n'est pas forcément évident,
18:38 mais je connais beaucoup de familles qui parviennent assez bien,
18:41 à installer dans la famille un rendez-vous,
18:44 ça peut être un soir par semaine qu'on a fixé à l'avance,
18:46 ou plus occasionnellement, mais en tout cas,
18:49 un rendez-vous où tout à coup, ça devient un plaisir pour tout le monde
18:52 de se retrouver, à voir la même chose au même moment,
18:55 et d'en discuter après.
18:57 Je pense que c'est à la fois, effectivement,
18:59 un moment de convivialité familiale
19:02 qui peut être un ciment très précieux pour la cellule familiale,
19:08 et en même temps un instrument éducatif,
19:09 à cause de ces conversations qu'on va avoir ensemble.
19:14 – Absolument, alors vous êtes également un défenseur
19:16 de la version originale des films en VO, pourquoi donc ?
19:20 Parce qu'il faut lire les sous-titres et que ça fait bosser la lecture pour les jeunes ?
19:23 – Voilà, déjà, c'est une gymnastique intellectuelle
19:26 qui, comme toutes les gymnastiques intellectuelles, est intéressante.
19:28 Moi, j'ai été guéri définitivement du doublage dans ma jeunesse,
19:33 je faisais partie d'une chorale, il se trouve que nous faisions
19:36 une tournée en Espagne, j'avais 11 ans, et dans la chambre d'hôtel,
19:39 j'ai vu un film de Louis de Funès, doublé en espagnol.
19:43 J'ai trouvé ça extrêmement violent, et suivais un western avec John Wayne,
19:49 doublé en espagnol aussi, et je me suis dit, non, c'est pas possible,
19:52 c'est trop ridicule, et du coup, ça m'a fait prendre conscience du ridicule
19:56 de voir des films américains doublés en français.
20:01 Je pense que la qualité du jeu des acteurs est une partie vraiment centrale
20:07 de la qualité d'un film, alors il y a des doublages excellents,
20:11 mais bon, c'est comme les poissons volants, c'est pas la majorité du genre,
20:15 et donc, là aussi, je pense que c'est vraiment une question d'habitude,
20:19 moi, j'y étais habitué très tôt en famille,
20:21 ça m'a toujours paru absolument naturel, et je bénis mes parents
20:27 pour plein de choses, mais pour ça en particulier, parce que,
20:32 de temps en temps, je regarde un film doublé,
20:36 parce qu'il n'y a pas moyen de faire autrement,
20:37 je ne trouve pas la version originale, et je trouve ça d'une tristesse absolue,
20:41 parce que c'est souvent très, très médiocre,
20:44 et en fait, on peut s'habituer à cette médiocrité,
20:47 c'est ça qui est un peu triste, et qu'il y a des gens qui,
20:48 à force de ne voir que des films doublés,
20:51 ne sont plus capables de faire la différence,
20:52 et se sont habitués à une forme de médiocrité,
20:55 c'est tout à fait dommage, mais qu'ils voient un film de Louis de Funès
20:59 en espagnol, et ils comprendront ce que je veux dire.
21:02 – Donc, on le déconseille, mais on le conseille pour l'expérience.
21:05 Est-ce que vous diriez qu'on fait encore des belles choses dans le cinéma,
21:08 dans les dessins animés d'aujourd'hui, ou c'était définitivement mieux avant ?
21:12 – Alors, c'était mieux avant parce qu'on faisait plus de belles choses,
21:15 je pense que…
21:18 J'avais interviewé un cinéaste canadien qui s'appelle Denis Arcan,
21:22 qui était complètement désespéré sur l'état du cinéma actuel,
21:25 et qui disait "quand j'étais gamin, il y avait toutes les semaines,
21:27 il y avait un nouveau Fellini, un nouveau John Ford, un nouveau Hitchcock,
21:30 et aujourd'hui, c'est très compliqué si on trouve trois bons films par année".
21:35 Mais il y a encore des très belles choses.
21:38 Le film le plus récent que j'ai mis dans ce guide est un film irlandais
21:43 qui est sorti en France en mars 2023,
21:47 qui est un premier film d'un jeune réalisateur, ça s'appelle "The Quiet Girl".
21:50 Ça m'a bouleversé, ça m'a ému aux larmes,
21:53 c'est un film absolument sublime.
21:56 Donc il y a, effectivement, encore, Dieu merci,
21:58 des artistes qui font des choses admirables,
22:01 noyés dans un torrent de choses, effectivement, purement commerciales
22:05 et de films de super-héros totalement crétins, mais bon, c'est la vie.
22:10 – Divertir, instruire, ouvrir au débat,
22:13 est-ce qu'il y a d'autres aspects cachés dans le cinéma ?
22:17 – Je pense qu'il y a une éducation en beau, aussi,
22:19 et c'est pour ça que moi je tiens aussi beaucoup au noir et blanc,
22:23 c'est-à-dire que quand vous regardez un film
22:25 comme "La nuit du chasseur" de Charles Lawton avec Mitchum,
22:28 il y a une splendeur des contrastes, de la photo, qui est absolument sublime
22:32 et vous pouvez comprendre qu'effectivement,
22:34 le noir et blanc est aussi un instrument esthétique d'une richesse incroyable.
22:40 Quand vous voyez un film comme "Barry Lyndon" de Stanley Kruberick,
22:45 c'est un enchantement pour les yeux de tous les moments.
22:51 Je pense qu'aussi le visionnage en famille,
22:54 outre les discussions que ça permet sur le fond des films,
22:57 sur les enjeux moraux des intrigues,
23:01 ça peut être aussi le lieu d'une éducation au regard,
23:05 c'est-à-dire qu'on sait tous que les images peuvent nous raconter n'importe quoi
23:10 suivant la façon dont elles sont triturées et manipulées.
23:13 – Surtout à la télévision.
23:14 – Et surtout à la télévision, mais aussi beaucoup au cinéma,
23:17 et donc ça peut être un moment privilégié
23:19 pour que les parents expliquent aux enfants
23:23 que ça n'est pas parce qu'on vous a montré des images
23:26 que c'est forcément la vérité.
23:28 Il y a pas mal de films aussi, j'en ai mis quelques-uns dans ce guide,
23:30 qui justement racontent des histoires suivant plusieurs points de vue,
23:34 et donc on s'aperçoit que les images dépendent beaucoup du point de vue.
23:39 Donc voilà, éducation au beau, éducation au regard,
23:44 éducation du regard, au décryptage des images.
23:48 Et puis je pense qu'effectivement ça peut être aussi,
23:51 pour les plus profonds de ces films,
23:53 un chemin privilégié vers la splendeur de la vérité.
23:57 – Très bien, un dernier mot peut-être Laurent Dandrieu,
23:59 ou on finit là-dessus ?
24:00 – On finit là-dessus.
24:01 – Écoutez, je rappelle votre ouvrage, dans ce cas "Une cinémathèque idéale",
24:06 que regardez en famille de 5 à 16 ans,
24:08 en famille, très important, on l'aura compris,
24:10 c'est paru chez Critérien, 17,90 €,
24:14 vous pouvez le trouver sur la boutique de TVL,
24:16 il y a le lien juste en dessous.
24:18 N'hésitez pas, si cet entretien vous a plu,
24:20 je vous le disais en introduction mais je le répète,
24:22 c'est très important, cliquez sur le pouce en l'air,
24:24 laissez-nous un commentaire et puis pourquoi pas,
24:27 n'hésitez pas à partager cette vidéo à quelqu'un
24:31 qui aurait besoin de regarder des films en famille,
24:34 vous allez voir c'est un régal, on retrouve nos vieux classiques,
24:38 on a envie de se poser avec ses enfants pour les regarder ensemble.
24:42 Moi je vous dis à très vite sur TVL, après votre visionnage de film.
24:48 [Générique]

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