"Ce que reproche le ministre de l'Intérieur à Karim Benzema, ce n'est pas d'appartenir aux Frères musulmans mais d'être musulman tout court" selon Nabil Boudi, avocat pénaliste

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Nabil Boudi, avocat pénaliste au barreau de Paris, est l'invité de BFM Story ce vendredi. 
Transcript
00:00 - Ce que reproche monsieur le ministre de l'intérieur à Karim Benzema, ce n'est pas d'appartenir aux frères musulmans mais d'être musulman tout court.
00:08 Puisque si on prend les critères énoncés par le ministère de l'intérieur, qu'est-ce qu'on voit ? On voit la pratique d'un culte.
00:15 Maintenant on commence, moi ce qui m'inquiète aujourd'hui, c'est la 1, la sémantique utilisée par le ministère de l'intérieur.
00:23 Regardez on accouche sur quoi ? On est en train de nous présenter un cliché de Karim Benzema avec un imam apparemment, je ne sais pas qui est ce monsieur.
00:31 - L'imam de mots qui avait fait l'objet d'une perquisition dans le cadre de l'affaire Samuel Paty quand même.
00:35 - D'accord, si on procède par capilarité, je rappellerai que Koulibaly, celui qui a participé, le terroriste qui a fait le massacre en 2012, a rencontré Nicolas Sarkozy.
00:50 Est-ce que pour autant Nicolas Sarkozy a été accusé d'une quelconque complicité ? Elle est là, à mon sens, le drame et les dangers.
01:00 - Donc vous dites que c'est à double vitesse ?
01:02 - Non mais ce n'est même pas ça, c'est qu'on est en train de reprocher aujourd'hui à des Français de confession musulmane,
01:07 non pas d'appartenir à tel ou tel mouvement, mais de pratiquer leur foi. Il y a les dernières dits qui sont en train de sauter.
01:13 Il y a quelques années, l'accusation était très simple, vous êtes un islamiste. L'année suivante, vous êtes un intégriste. L'année suivante, vous êtes un terroriste.
01:22 Aujourd'hui, la nouvelle accusation, c'est que vous faites partie des frères musulmans. Personne n'a été capable à ce jour de donner une définition simple
01:28 de ce qui est adhérer à l'appartenance aux frères musulmans. Qu'est-ce que ça a pour conséquence ?
01:34 Ça a pour conséquence qu'on a une incrimination qui est totalement imprécise.
01:38 - Alors quand même, il y a des anthropologues qui se sont... J'aimerais bien juste donner une définition de ce que c'est que les frères musulmans.
01:45 C'est une anthropologue, chercheuse au CNRS, Florence Bergeau-Baclair, qui dit que le frérisme est un mouvement politique au religieux
01:51 qui se donnait pour mission d'organiser la marche de tous les musulmans vers un même objectif, l'instauration d'un société islamique mondiale.
01:57 C'est un mouvement théocratique qui devra à terme se débarrasser de la démocratie. J'ajoute aussi que l'avocat de Karim Benzema dit bien qu'il n'y a aucun lien
02:04 avec les frères musulmans et qu'il veut porter plainte. - Oui, mais vous avez raison. Mais sur la question des frères musulmans et de cette organisation,
02:11 moi ce qui m'intéresse derrière, c'est de discuter de l'incrimination. C'est-à-dire, est-ce que oui ou non c'est une infraction d'appartenir à cette idéologie ?
02:19 La réponse est non. Donc dès lors où ce n'est pas une infraction, le ministre de l'Intérieur, qui est également garant du culte français, n'a pas son mot à dire.
02:26 Il ne doit pas aujourd'hui aller contrôler ce qui se passe dans les salles de sport pour une raison très simple.
02:31 C'est qu'il y a des Français qui ont des convictions. On est encore dans un État de droit. Il y a la loi de 1905 qui s'applique.
02:36 Ces Français ont la liberté de culte. Et si le ministre de l'Intérieur... - Mais avérez à l'association ouest qui serait subventionnée par le Centre public.
02:43 - Je vais vous expliquer pourquoi. Je vais vous donner une définition très simple de la laïcité. La loi de 1905, c'est la libre exercice du culte.
02:48 C'est-à-dire que ce sont les agents qui sont soumis au principe de neutralité. - Avec des limites ? - Attendez-moi, les limites, c'est à l'école.
02:53 Ce sont les agents qui sont soumis au principe de neutralité, pas aux administrés. C'est-à-dire que, sauf s'il y a des cas précis, par exemple,
03:00 sur les règlements intérieurs de la Fédération française de football, où il y a eu la polémique, la FIFA l'a retoqué en disant que c'était une atteinte à la liberté,
03:07 tout ce qu'on discute depuis tout à l'heure, tout ce qu'on discute n'est pas interdit par la loi. - Adhérez aux frères musulmans ?
03:13 - Attendez, je ne dis pas que... Adhérez ou pas adhérez. Ce que je constate aujourd'hui, c'est est-ce que Karim Benzema, tout ce qu'on lui reproche aujourd'hui,
03:19 il a commis une infraction, oui ou non ? La réponse est non. Donc, ce sont des polémiques qui sont montées de toutes pièces.
03:25 Et le risque dans tout ça, c'est que Benzema, il est dans son coin, il ne va rien lui arriver. Mais derrière, si on commence à dire que cette personne,
03:34 que Karim Benzema, est assimilable à telle ou telle organisation, ce qui revient à dire que tous les Français... Parce qu'il a quoi, Karim Benzema ?
03:42 Une pratique très simple de son culte. - Vous ne le voyez pas comme un influenceur islamiste, comme le sous-entend le ministre intérieur ?
03:48 - En fait, moi, je regarde juste si ses actes sont conformes à la loi, oui ou non. Parce que si on commence à l'accuser, on va accuser tous les Français derrière. Il est là, le risque.

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