Jean-Yves Labrousse a vécu sous ses yeux le meurtre de six membres de sa famille. Pascal Dolique, apprenti boucher du village, est l'auteur de ces crimes. Jean-Yves Labrousse a écrit un livre qui retrace son histoire.
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00:00 Jean-Yves Labrousse, en préparant cette émission, on s'est parlé.
00:02 Je vous ai demandé assez simplement, est-ce que vous êtes prêt à nous raconter
00:05 ce que vous avez vécu ?
00:06 Vous m'avez dit oui, je peux en parler.
00:08 Vous commenciez ce jour-là un stage dans un salon de coiffure.
00:13 - Oui. - C'était un moment de bonheur.
00:14 C'était un moment où vous commenciez une nouvelle étape.
00:17 Votre sœur avait donc eu ce petit ami.
00:20 Vous l'appelez l'autre dans le livre.
00:22 Ce petit ami, elle va s'en séparer,
00:25 et c'est lui qui va venir faire à dîner, vous raconter dans le livre,
00:29 à l'hôte d'heure du hachis parmentier quand vous rentrez du salon.
00:31 Ça commence comme ça.
00:32 Ça commence par ce repas qu'il va droguer, où il va mettre des somnifères dedans.
00:37 Vous allez tous aller vous coucher.
00:39 Vous allez évidemment vous endormir, droguer.
00:41 Et puis dans la nuit, vous allez être réveillé, vous raconter.
00:43 Vous voyez, moi-même, j'ai de l'émotion en vous regardant,
00:46 parce que j'ai votre livre en tête.
00:47 Vous racontez à quel point votre corps est endolori, endormi.
00:50 Et puis c'est les cris. C'est les cris que vous entendez.
00:54 - Oui.
00:55 Je vais...
00:57 C'est difficile. Je suis comme engourdi à cause de ce somnifère.
01:02 J'essaie de me réveiller.
01:04 J'entends les bruits de ma grand-mère.
01:05 J'entends ma grand-mère qui s'exclame.
01:08 Il est rentré par le haut.
01:10 Il est descendu à éteindre le courant.
01:12 Et c'est la panique, l'affolement.
01:15 Maman parle aussi.
01:17 On sent la peur.
01:20 On sent la peur, l'incompréhension.
01:23 Je vais m'assoupir,
01:27 parce que sous le fait de ce somnifère,
01:29 je vais arriver enfin à me lever.
01:33 Et là, il n'y a plus un bruit. C'est le calme.
01:35 Il n'y a pas de lumière.
01:37 Je vais réussir à traverser la chambre où mon petit frère dort.
01:42 Je vais arriver dans le couloir.
01:46 Et là, j'entends une voix.
01:50 Enfin, pas une voix, un bruit bestial plutôt.
01:52 Une respiration bestiale.
01:54 Et là, je me fais agresser.
01:57 Je me fais agresser. Je vacille.
01:59 -Coup de couteau. -Coup de couteau.
02:00 Je vacille, ce qui va sûrement éviter que je sois blessé mortellement.
02:06 Je vais me vaciller, m'appuyer sur le mur.
02:08 Et donc, du coup, je vais recevoir un autre coup de couteau à la cuisse.
02:14 Là, je vais te laisser pour mort.
02:16 Je vais te laisser pour mort.
02:18 Je me réveille.
02:20 J'entends plus rien.
02:22 Encore... Je ne comprends pas.
02:24 Et du coup, ce qui me vient tout de suite, le seul instinct qui me vient,
02:29 c'est de me mettre en sécurité et c'est de monter à l'étage dans le bureau
02:34 où mon papa me racontait des histoires.
02:37 -Et vous allez vous cacher sous un secrétaire,
02:39 rabattre la chaise de ce secrétaire.
02:41 Du coup, l'autre, on va le citer une fois, Pascal Delic,
02:44 ne va pas vous retrouver et il va continuer le massacre dans la maison.
02:51 -C'est ça.
02:52 Je vais tout entendre, mais ne rien voir.
02:55 Et je... Vous savez, là, je prends en compte le fait que tout peut s'arrêter à l'autre.
03:04 Voilà, j'entends ma famille se faire massacrer,
03:08 des fois à moins d'un mètre de moi, et je ne peux rien faire.
03:13 Moi-même, tétanisé, je suis blessé et je ne me rends pas compte
03:17 à ce moment-là à quel point je suis blessé.
03:19 Je peux faire beaucoup de sang, je ne me rends pas compte non plus.
03:22 Je vais me réveiller, je vais perdre plusieurs fois conscience
03:28 parce que tout ça, c'est innommable.
03:33 Il y a la douleur physique et mentale aussi.
03:36 Et je vais m'assoupir, perdre connaissance,
03:41 et je vais me réveiller à cause des odeurs de fumée.
03:42 La maison prend feu.
03:44 -Il a mis le feu.
03:45 Après, pour détruire l'épreuve,