Category
🗞
NewsTranscription
00:00 - 8h moins le quart, le vivre ensemble frappait de plein fouet ces derniers temps par une
00:03 conjonction d'actualités, le conflit au Proche-Orient, l'attentat à Daras, les tags antisémites sur des bâtiments girondins,
00:09 l'association bordelaise Boulevard des Potes, œuvre pour nos valeurs communes, nous recevons son directeur ce matin, Marie Roarch.
00:15 - Bonjour Ahmed Serrage. - Bonjour.
00:17 - On le disait, nos valeurs communes sont malmenées ces derniers temps, le vivre ensemble ça a un impact sur les questions
00:23 des Bordelais qui viennent à vous, qui viennent vous rencontrer à Boulevard des Potes.
00:27 - Bien sûr que les Bordelais sont inquiétés, sont perdus par la lecture
00:33 des événements, par des actualités successives
00:37 terribles, dramatiques et donc voilà,
00:41 nos associations, en tous les cas à Boulevard des Potes, est un lieu qui
00:46 ouvre un espace de paroles, un espace de dialogue, un espace de rencontres et puis un espace aussi pour
00:53 prendre le temps de mieux comprendre ce qui se passe et donc voilà,
00:58 ce qu'il faut dire aussi fortement c'est que
01:01 les citoyens et citoyennes
01:04 bordelaises de la métropole, mais plus largement parce que notre association à l'œuvre
01:09 au niveau girondin et nouvelle aquitaine
01:13 sont relativement raisonnables.
01:16 On ne peut pas dire comme ça rapidement que
01:22 il y a une menace ou une difficulté dans le vivre ensemble.
01:25 Il y a des angoisses, il y a des inquiétudes, mais il y a fortement
01:30 une demande aussi d'expression et de compréhension de ce qui se passe
01:36 localement. Vous avez parlé effectivement
01:39 des tags antisémites, mais aussi au niveau
01:44 international. Aujourd'hui on vit ici, mais on vit monde et donc
01:51 il y a une nécessité
01:53 d'expression mais aussi de compréhension de ce qui se passe.
01:57 - Alors vous le disiez, les Girondins qui viennent à vous sont
02:00 raisonnables, vous ne percevez pas une forme de montée de tension liée au contexte actuel ?
02:04 - Non, on ne peut pas dire qu'il y a une montée de tension en tant que telle.
02:09 Ce qui est peut-être inquiétant, c'est ce flot permanent de certaines chaînes d'infos qui
02:18 d'une manière continue de l'information à transmettre des messages qui participent à la fabrique de la haine.
02:26 Et donc ça c'est l'univers, je dirais, médiatico-politique
02:30 du buzz, de la petite phrase qui
02:37 cinglante, qui vient encore plus
02:39 diviser, etc. Mais le monde réel, le monde des citoyens et des citoyennes
02:46 me semble-t-il, dans ce que nous on perçoit en tous les cas, est bien plus
02:50 raisonnable et bien plus serein par rapport à ce qui se passe, même si
02:56 on ne peut pas le nier, il y a quand même de fortes inquiétudes.
03:01 - Ahmed Serrage, directeur de l'association Boulevard des potes, est notre invité ce matin sur France Bleu Gironde.
03:06 - Et vous, votre rôle c'est de désamorcer ces inquiétudes, de décrypter les messages ?
03:11 - Notre rôle c'est à la fois en tant de
03:15 de
03:17 de haute...
03:19 - De crise comme on voit actuellement ?
03:21 - Voilà, c'est ça, de crise, mais aussi en temps normal.
03:23 Parce que ce qui est important, c'est que ces sujets-là, vous avez évoqué effectivement les valeurs de la République, le sujet de la laïcité,
03:29 la question de la lutte contre les discriminations, la lutte contre
03:34 l'antisémitisme, toutes ces questions, c'est des questions qu'il faut traiter, travailler, parler
03:39 d'une manière permanente. Et donc nous, au sein des établissements scolaires, dans les collèges et les lycées,
03:45 il n'y a pas une semaine où nous n'ouvrons pas un espace de discussion, de dialogue,
03:48 de débat avec les jeunes. On a un partenariat avec la protection judiciaire de la jeunesse, très régulièrement, nous avons des actions
03:56 de citoyenneté, pas plus tard que mercredi dernier, on avait un groupe de jeunes où effectivement on a évoqué ces questions-là.
04:03 On a un diplôme d'animation sociale, un brevet d'état de développement social et de participation citoyenne, et les animatrices et les animateurs
04:12 que nous formons, qui sont dans des centres sociaux, des centres d'animation, des maisons de quartier, des EHPAD,
04:17 eux-mêmes sont des professionnels qui, là où ils sont,
04:21 participent là aussi à ouvrir des espaces de débat, de
04:26 confrontation aussi, parce que libérer la parole, c'est aussi faire rempart à la violence, c'est fondamental. Et je crois que
04:34 bien sûr, sur des moments un peu tendus de crise
04:38 mondiale, il faut monter là aussi en
04:42 action, en interaction, mais ces questions se traitent d'une manière
04:48 permanente, c'est un travail du quotidien. Et puis notre lieu, qui est un lieu ouvert
04:53 du lundi au vendredi, est un espace où les gens viennent là aussi
04:57 se poser, prendre un café, un thé, puis
05:01 parler,
05:04 s'exprimer, poser des questions, des inquiétudes, donner des avis,
05:09 participer aussi à la compréhension du monde tranquillement.
05:12 - Vous évoquez ces inquiétudes, Ahmed Serrache, quelles sont-elles par exemple en ce moment ?
05:15 Les jeunes que vous avez pu voir, vous le disiez, mercredi dernier, ou les gens qui passent vous voir dans votre local à Bordeaux ?
05:20 - Les inquiétudes, elles sont nourries de l'incompréhension,
05:24 la dimension géopolitique. Là, effectivement, vous avez évoqué
05:29 le drame du 7 octobre, de l'attaque du Hamas
05:37 en Israël. Et effectivement, nous avons depuis très longtemps cessé de parler
05:42 Israël, Palestine, paix...
05:45 - C'est un sujet très compliqué.
05:47 - Oui, compliqué, mais ce n'était plus un sujet
05:49 qu'on discutait. Et donc du coup, effectivement, il faut reparler de ce sujet-là, il faut convoquer l'histoire, il faut convoquer
05:58 les questions démocratiques, les questions aussi géopolitiques,
06:04 pourquoi l'Europe a un lien très très fort avec cette région du monde. Et donc du coup, les jeunes que nous rencontrons
06:12 qui ont autour de 20 ans,
06:15 effectivement,
06:17 ils n'ont pas nécessairement
06:19 connaissance de ce qui se passe. Et donc là, c'est effectivement une dimension de fabrique de la citoyenneté, de la compréhension, de la complexité
06:26 des situations, parce que là aussi,
06:28 l'information comme elle nous tombe dessus, elle est assez clivée, assez manichéenne, on se place dans un camp ou dans un autre, et ça, ça ne
06:35 participe pas ni à pacifier, ni à comprendre, ni au vivre ensemble. Et donc effectivement, ouvrir des espaces de parole,
06:42 discuter, c'est aussi amener de la complexité dans la compréhension, à la fois
06:47 locale, mais aussi oser parler
06:50 géopolitique avec la jeunesse, mais pas qu'avec la jeunesse. - Et si nos auditeurs ont envie d'échanger sur ces sujets, justement,
06:56 Boulevard des Potes, c'est quartier Saint-Michel à Bordeaux. Merci beaucoup, Ahmed Serrage, directeur de cette association, d'avoir été avec nous ce matin pour échanger sur ces sujets.