SIMONE - NEWS : Étudier la téléréalité avec une dessinatrice et une psychologue

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00:00 paradoxe pour nous en tant que femmes et en tant que féministes à regarder de la télé-réalité.
00:03 On a honte de regarder ça, on a l'impression d'être complice de tout ce patriarcat et je
00:09 pense qu'il nous permet de sortir notre épingle du jeu c'est de dire "oui mais on l'étudie".
00:13 Dans nos familles aussi c'était un programme très honteux, on n'a jamais révélé à nos
00:18 familles qu'on regardait la télé-réalité, elles le découvrent là. En fait c'est un sujet
00:22 d'études hyper intéressant où on peut avoir une lecture à la fois sociologique et psychologique.
00:27 La première critique qui est faite à la télé-réalité c'est de montrer des corps
00:32 ultra sexualisés d'un point de vue de l'homme, de mettre en scène des gens qui sont fragiles
00:40 psychologiquement et du coup on peut encore plus exploiter leurs émotions, leurs failles. On les
00:45 met en scène dans des situations très compliquées, il y a même des situations de harcèlement grave
00:49 et donc c'est ça qui est dénoncé principalement à raison dans la télé-réalité.
00:53 Contrairement à ce qu'on pourrait imaginer c'est pas du tout une vision moderne de la vie,
00:57 ok ils sont hyper sexualisés, ils ont l'air de profiter de la vie mais en fait c'est un modèle
01:03 hyper rétrograde avec un modèle de mariage hétéro avec des enfants et en effet nous on dessine ça
01:09 comme avoir le bébé d'immunité. Les femmes sont des bimbos et elles sont jetées en pâture jusqu'au
01:16 moment où elles ont un bébé et là elles ont le bébé d'immunité, on peut plus les toucher.
01:20 Nabila c'est quelqu'un de très futé mais sa respectabilité elle l'a obtenue en étant
01:25 recrutée par Jean-Paul Gaultier mais ça a été un peu compliqué et sa respectabilité elle s'est
01:31 accompagnée d'un changement vestimentaire. Et en se mariant et en ayant des enfants.
01:36 Aujourd'hui les candidats ne sont plus du tout les mêmes, les castings ne sont plus du tout les
01:41 mêmes et il y a quelques femmes qui revendiquent avoir des rapports sexuels multiples si elles
01:47 souhaitent. Ça passe pas toujours, il y a la dernière saison de "La villa des coeurs brisés"
01:53 qui a introduit une femme trans, un homme bi. La démarche de cette femme trans de rentrer dans
02:03 une téléréalité c'était évidemment d'accéder à une visibilité, pas seulement la sienne mais
02:09 aussi de la communauté LGBT. Ça peut être que bénéfique qu'il y ait des candidats homosexuels
02:14 et transgenres dans la téléréalité, après ça reste vraiment un peu en surface et ça dépend
02:20 comme toujours de ce que les candidats eux-mêmes vont en faire. Et de la production, il ne faut pas
02:25 que ça devienne l'émission folklorique. Il demeure un paradoxe absolu pour nous en tant que femmes,
02:31 en tant que féministes de regarder de la téléréalité. On sait qu'il y a un conflit,
02:35 c'est ce dont on parle aussi de cette situation qu'on vit tout le temps, d'être avec des gens
02:40 qui nous disent "mais la téléréalité, mais comment tu peux regarder ça, c'est horrible,
02:43 c'est sexiste etc." Comme la musique qu'on écoute c'est en fait tellement difficile d'échapper à
02:50 une culture sexiste. Parmi les nombreuses choses, les nombreux intérêts qu'on a pour la téléréalité,
02:55 c'est ce côté fiction sans fin où on peut les regarder à la télé, c'est monté, on sait qu'il
03:00 y a un point de vue, ensuite on peut les suivre sur les réseaux sociaux avec une forme de
03:04 simultanéité parce qu'on voit ce qu'ils font. On va commencer à les suivre, à s'attacher à des traits
03:09 de personnalité, donc il y a vraiment tout le processus d'identification qui est très très
03:13 actif quand on regarde. Ils se disputent, ils s'aiment, ils se déchirent. Il y a aussi, et beaucoup,
03:19 l'idée de les mépriser. Je crois qu'il y a un besoin de se sentir un peu plus grand, un peu plus
03:26 intelligent et que ça fait sentir comme ça de regarder la téléréalité. Les candidats sont
03:31 tout à fait conscients qu'on les regarde beaucoup pour les mépriser. Eux-mêmes s'auto-caricaturent,
03:36 créent des séquences, ils ont tout à fait capté ce qui marchait et du coup ils le mettent en scène.
03:41 Sur "c'est bien ou c'est pas bien", on passe à côté du vrai sujet, c'est comment l'évolution de la
03:45 téléréalité est un miroir grossissant de ce qui se passe au niveau de la société. C'est un vrai
03:50 symptôme en fait des enjeux effectivement féministes, politiques, médiatiques et continuer
03:58 à le regarder comme tel. Le mépriser c'est déjà être pris dans certains mécanismes de mépris de
04:05 classe. Ce traitement médiatique qui est fait de la téléréalité, qui permet d'ériger la téléréalité
04:11 comme seul programme où on retrouve le sexisme, le harcèlement et ce qui permet d'ériger toute
04:17 l'autre culture respectable, comme si maintenant il n'y avait pas de sexisme sur les plateaux,
04:22 on se parle bien. En fait la question du sexisme elle est absolument partout sauf
04:27 qu'elle ne prend pas la même forme. Effectivement il y a un effet d'effacement donc ça permet
04:31 d'avoir le tout mauvais de la téléréalité et ça blanchit tous les autres programmes.

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