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« Demain j’arrête » Combien, parmi les 15 millions de fumeurs français, ont déjà essayé de se convaincre que cette fois, c’était la dernière ? Ils sont nombreux, mais pour arrêter de fumer, il faut déjà comprendre pourquoi et comment on est devenu dépendant à la cigarette. Véronique Mounier et ses invités en parlent sur le plateau de "La Santé D'abord"

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Transcription
00:00 Prenez soin de vous avec le groupe vive et votre programme La Santé d'abord.
00:04 Groupe vive pour une santé accessible à tous.
00:08 Bonjour à tous, je suis ravie de vous accueillir sur le plateau de La Santé d'abord,
00:12 l'émission qui préfère prévenir plutôt que guérir.
00:15 Allez, demain j'arrête, j'arrête l'haleine de cow-boy au réveil,
00:18 j'arrête de tousser quand je monte un étage,
00:21 j'arrête de faire le tour des bureaux de tabac à 22h.
00:24 Combien parmi les 15 millions de fumeurs français ont déjà essayé de se convaincre
00:28 que cette fois c'était la dernière ? Ils sont nombreux,
00:30 mais l'arrêt du tabac n'est pas qu'une question de volonté
00:33 et on en parle aujourd'hui sur le plateau de La Santé d'abord à l'occasion du Moi Sans Tabac.
00:37 [Musique]
00:59 Et oui, le tabac c'est d'abord une addiction,
01:02 pour arrêter de fumer il faut déjà comprendre pourquoi et comment
01:05 on est devenu dépendant à la cigarette.
01:07 Les gros fumeurs qui arrivent à s'arrêter du jour au lendemain sans aucune aide sont rares.
01:11 Ce n'est donc pas qu'une question de volonté, mais de motivation.
01:14 Et avec mes invités, nous allons vous donner les meilleurs conseils
01:17 pour rompre cette dépendance.
01:20 Bonjour Françoise Godel.
01:22 Bonjour.
01:23 Merci d'être avec nous. Vous êtes tabacologue et psychologue,
01:26 créatrice également en 2012 du groupe Facebook "Je ne fume plus"
01:29 qui vise à accompagner toutes les personnes qui souhaitent se libérer du tabac,
01:33 qui dépasse déjà 12 000 membres.
01:35 23 000.
01:36 Ah 23 000, je n'ai pas les bonnes infos, donc vous en direz un peu plus tout à l'heure.
01:40 Bonjour Professeur Amine Benyamina.
01:42 Bonjour.
01:43 Merci de revenir sur le plateau de La Santé d'abord.
01:45 Vous allez finir par devenir un habitué.
01:47 Vous êtes psychiatre et addictologue, chef de service à l'hôpital Paul Brousse à Villejuif.
01:52 Vous êtes également président de Fonds Addict Aid,
01:55 un fonds indépendant qui a pour ambition d'aider toutes les personnes face aux addictions,
01:59 quelles que soient les addictions.
02:00 Donc merci à tous les deux d'être avec nous aujourd'hui sur le plateau de La Santé d'abord.
02:04 Alors l'addiction au tabac, ses conséquences et son sevrage font encore l'objet de nombreuses idées reçues.
02:09 Malgré toutes les campagnes d'informations, la preuve tout de suite avec le reportage d'Hélène Laurence.
02:14 Il y a beaucoup de produits toxiques dans les cigarettes.
02:23 Du goudron, de la saloperie, de la nicotine, des additifs.
02:26 Il y a plein de substances nocives.
02:28 Quand j'ai commencé, je n'avais aucune conscience du danger.
02:32 Je n'y ai pas pensé quand j'ai commencé à fumer, mais un peu maintenant.
02:35 Je trouve que je suis un peu plus essoufflée pour faire du sport.
02:38 C'est plus dans ma tête un facteur aggravant d'une autre maladie, le cancer de poumon.
02:42 Le cancer est partout dans la société, donc il n'est pas que par la cigarette.
02:48 Quand on passe la quarantaine, forcément, il y a un moment, ça fait 20 ans qu'on fume, on le ressent plus.
02:53 Là, j'ai 45 ans et franchement, je n'ai pas envie de reprendre parce que c'est un cercle vicieux.
02:58 Pour s'arrêter, c'est compliqué.
03:00 J'envisage d'essayer d'arrêter. C'est le bon terme.
03:04 Juste trouver la méthode qui me correspondrait.
03:07 J'ai essayé plusieurs fois quand même et ça n'a jamais été vraiment concluant avec des patchs, des choses comme ça.
03:13 Mais je pense que je n'étais pas prête tout simplement.
03:15 Et un jour, je me suis dirigée vers l'hôpital et il m'a conseillé des patchs à cigarette électronique.
03:20 Et désormais, je suis à ça depuis 4 ans.
03:23 J'ai tenté dernièrement le laser au niveau de l'oreille.
03:29 Ça a tenu une semaine.
03:31 Et puis la contrariété de la vie de tous les jours fait qu'il faut sentir vraiment prêt
03:35 parce qu'on a besoin d'être accompagné aussi autour de soi.
03:37 J'avais déjà arrêté plusieurs fois pendant 6 mois, puis je reprenais.
03:41 Là, ça fait 2 ans, donc j'espère que ça va continuer.
03:45 Ce n'est pas facile d'arrêter de fumer.
03:47 Vous êtes des anciens fumeurs tous les deux ? François, oui, si vous avez monté ce groupe.
03:51 Amine ?
03:52 Moi, non, je n'ai pas tout.
03:54 Ça ne vous empêche pas d'aider justement les personnes qui sont dans cette addiction ?
03:58 C'est vrai que je pense que quand on n'a jamais fumé, moi je n'ai jamais fumé non plus,
04:01 c'est difficile de comprendre cette addiction.
04:06 Cela dit, quand je vois mes patients, la difficulté avec laquelle ils ont du mal à arrêter,
04:10 j'essaie quand même de me mettre à leur place.
04:13 Je me rends compte que c'est très compliqué.
04:14 D'autant que, comme vous l'avez dit Véronique, je reçois des gens qui ont d'autres addictions.
04:18 Parfois, la plus difficile à combattre, c'est la cigarette,
04:22 alors qu'on peut avoir affaire à des patients qui ont des drogues dites illicites.
04:29 Rappelons que la France avait 15 millions de fumeurs,
04:32 FIAGUR parmi les plus mauvais élèves de l'Europe.
04:34 Comment expliquer qu'on fume plus en France qu'ailleurs ?
04:37 On est plus stressé ?
04:39 On est déjà plus nombreux.
04:41 On est un pays frontalier.
04:46 On a une législation qui n'est pas la même sur toute l'Europe.
04:50 On est un pays dans lequel on a une circulation avec beaucoup de trafic de tabac.
04:55 Malgré une politique volontariste sur laquelle on pourra revenir,
04:59 on frise avec le mauvais élève, le pas très bon, le mauvais pas très bon.
05:06 On a encore de la marge, on est d'accord là-dessus.
05:08 Je ne sais pas si Françoise veut...
05:11 Oui, et puis on n'a pas une politique très offensive,
05:15 même si on a ce fameux mois sans tabac,
05:18 qui est vraiment quelque chose de très très bien.
05:20 On en parlera en détail plus tard.
05:22 Quand on part par exemple avec nos voisins anglais,
05:25 ils ont des smoking centers pour arrêter de fumer.
05:30 Oui, des centres spécialisés pour arrêter le tabac.
05:32 Dans chaque quartier.
05:33 Donc on va retrouver une proximité de laide en Angleterre
05:36 qu'on n'a pas tout à fait en France encore.
05:39 On l'a vu dans le micro-trottoir,
05:41 les conséquences du tabac sont aujourd'hui bien connues.
05:44 On va rappeler peut-être quelques chiffres.
05:46 Tout le monde le sait, fumer tue, un cancer sur trois est lié au tabagisme.
05:49 80 à 90% des cancers du poumon sont liés à un tabagisme actif.
05:55 Il y a le cancer du poumon, d'accord,
05:57 mais il y a d'autres types de cancers qui sont liés au tabac,
06:00 dont on parle peut-être moins.
06:01 On a à peu près une soixantaine de cancers liés au tabac directement.
06:04 Il y a un cancer qu'on oublie, par exemple le cancer de la vessie.
06:07 Oui, c'est le tabac.
06:08 On le sait, évidemment, quand on a fait un peu médecine
06:10 et quand on connaît, François, je ne lui ferai pas l'offense de lui dire ça,
06:14 mais on se rend compte qu'il y a des personnes qui disent
06:16 « le cancer de la vessie, je n'ai pas eu de problème d'infection, tout ça ».
06:20 Non, on a quand même des cancers très éloignés de la sphère ORL
06:24 ou bien de la sphère pulmonaire, et qui sont des cancers liés au tabac.
06:27 Donc c'est vraiment très, très, très pernicieux.
06:29 Il y a quand même 18 000 morts par an liées directement au tabac.
06:33 18 000 morts, oui.
06:35 Il y a aussi des maladies respiratoires chroniques
06:37 comme la bronchopneumopathie chronique obstructive.
06:40 Quelles sont les substances qui précisément dans une cigarette
06:44 peuvent favoriser la survenue de cancers ou de maladies pulmonaires ?
06:47 Françoise ?
06:49 Dans une cigarette, vous savez, les gens l'ont dit,
06:52 dans le film, il y a beaucoup de saloperies.
06:54 Oui.
06:55 Il y a 4 000 produits à peu près dans la fumée de cigarette, minimum, qu'on connaît.
06:59 4 000, oui.
07:00 Dans la fumée, pas dans la cigarette.
07:02 Dans la cigarette, le fait que je fume.
07:04 Et parmi ces produits, vous avez deux classes de produits.
07:07 Vous avez des irritants et vous avez des cancérigènes.
07:11 Ces produits sont dus à la combustion.
07:14 C'est le fait de fumer, de brûler quelque chose qui va libérer
07:18 trois produits très dangereux, des irritants, des cancérigènes
07:22 et du monoxyde de carbone.
07:24 Le monoxyde de carbone pique la place de l'oxygène dans votre sang
07:27 et va donner des maladies cardiovasculaires.
07:30 Alors justement, j'allais vous relancer là-dessus parce qu'on ne pense pas
07:33 forcément aussi que le tabac est un facteur de risque cardiovasculaire.
07:36 Or, c'est un facteur de risque très très important.
07:39 C'est le gros facteur de risque cardiovasculaire.
07:42 Infarctus, AVC, sont intimement liés au tabagisme.
07:47 À cause de ce fameux monoxyde de carbone.
07:49 Tout à fait.
07:50 Qui vient nous priver d'oxygène.
07:52 Bon, et puis citons également toutes les conséquences peu agréables du tabac.
07:55 Diminution des capacités sexuelles, de la fertilité,
07:58 de l'agrégatissement prématuré de la peau,
08:00 coloration dents des jaunes, jaunes des dents plutôt,
08:03 c'est mieux dans ce sens-là, fragilisation des gencives.
08:06 S'il y a bien un produit qui est encore dans le commerce
08:10 et qui est repéré comme étant l'ennemi direct de la santé publique,
08:13 c'est bien le tabac.
08:15 On se demande même pourquoi on en a encore en vente.
08:18 C'est vrai.
08:19 Tellement la série est calamiteuse.
08:22 Il y a un aspect qu'on oublie souvent de citer,
08:25 c'est les liens entre tabac et psychologie.
08:28 Et quelques difficultés non pas psychiatriques mais psychologiques.
08:33 On avait commis il y a quelques années, tu t'en souviens peut-être Françoise,
08:37 un document sur tabac et psychiatrie.
08:40 Il y a des liens terribles, notamment tout ce qui est syndrome frontal
08:46 avec des problèmes de type dépressif anxieux à l'arrêt comme à la consommation.
08:50 La stimulation, une fois arrêtée la consommation,
08:53 ça peut avoir des craches dépressives.
08:55 D'ailleurs les tabacologues, Françoise Le Fay,
08:58 quand ils lancent un travail de sevrage,
09:01 ils vous font passer des tests pour voir si vous n'êtes pas déprimé
09:04 et comment vous allez évoluer.
09:06 Parce que l'effet d'arrêté peut aggraver une dépression qui est déjà en attente.
09:09 Ça peut entraîner des phénomènes au niveau neurologique.
09:12 La première chose, c'est que la fumée de tabac dont on parlait tout à l'heure
09:15 contient des substances à propriété antidépressives.
09:20 C'est une ancienne classe d'antidépresseurs.
09:23 On en parlera après de l'effet de la nicotine.
09:26 Quand vous fumez, vous consommez un antidépresseur.
09:29 Cet effet de détente que décrivent les fumeurs.
09:32 Tout à fait. Ce sont des IMAO, des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine,
09:38 qui sont très efficaces.
09:41 Certaines personnes vont fumer aussi pour masquer une dépression.
09:46 Parce que le fait de fumer, comme toute addiction,
09:50 est intimement lié avec la gestion des émotions.
09:53 Michel Reynaud disait que l'addiction, c'est la maladie des émotions.
09:57 Je n'ai pas loin de penser comme lui.
09:59 Des gens hyper émotifs, par exemple, ou des gens qui ont du mal à maîtriser leurs émotions,
10:04 seraient plus susceptibles de tomber dans une addiction au tabac ?
10:07 On fume pour tenir debout.
10:10 On fume avec une béquille.
10:13 On fume pour ne pas gueuler. On fume aussi pour ne pas pleurer.
10:16 Et on peut masquer un certain nombre de chagrins, de souffrances, avec de la fumée de tabac.
10:21 D'où l'intérêt des thérapies cognitives et comportementales, dont on parlera tout à l'heure.
10:26 Parlons un peu de la nicotine, celle qui crée plutôt l'addiction physique.
10:31 Oui, au centre, la nicotine devient addictive quand elle est en chute.
10:38 C'est-à-dire que quand je fume une cigarette, la nicotine va arriver à mon cerveau en 7 secondes.
10:44 Le gros shoot.
10:46 C'est pour ça que les gens se trompent facilement en disant "ah là là là, je ne veux plus de nicotine".
10:52 Mais en fait, quand c'est cette nicotine qui arrive en chute au cerveau qui crée l'addiction,
10:56 avec tous ces petits produits qui sont là pour l'accompagner, pour renforcer l'addiction, dans la fumée de tabac.
11:02 Si on prend de la nicotine par un patch, par exemple, on n'a jamais vu quelqu'un devenir addict au patch de nicotine.
11:11 Non. C'est le principe de la substitution.
11:14 Ah oui, puisqu'on donne de la nicotine en substitution.
11:17 Peut-être juste quelques idées reçues sur lesquelles il faudrait tordre le cou.
11:26 Fumer quelques cigarettes par jour ou par intermittence n'a pas de réelles conséquences sur la santé. Vrai ou faux ?
11:31 C'est faux. C'est une durée d'exposition qui compte.
11:35 Plus longtemps vous fumez, plus important sont les dommages.
11:40 C'est ça qu'il faut vraiment comprendre.
11:42 C'est pour ça qu'on dit arrêter. Arrêtez quand vous pouvez, mais arrêtez le plus vite possible quelque part.
11:48 Ce n'est pas tant la quantité qui fait le dommage, c'est vraiment la durée.
11:52 Vous avez souvent des gens qui vous disent "je ne fume pas tant que ça, je fume 2-3 cigarettes par jour".
11:56 Mais depuis 20 ans.
11:58 Les gens qui ont fumé après le déjeuner ou le dîner sont aussi exposés que ceux qui fument beaucoup.
12:04 Une autre question qui revient souvent aussi, c'est que chez la femme enceinte, fumer augmente le risque de fausse couche.
12:08 C'est vrai, mais on est tous d'accord là-dessus.
12:13 Mais chez une femme qui est vraiment addicte à la cigarette, une femme enceinte,
12:18 est-ce qu'il faut vraiment lui interdire totalement la cigarette,
12:21 ou garder une ou deux cigarettes pour qu'elle reste dans un état à peu près serein ?
12:26 La règle est moins stricte que pour l'alcool, on est bien d'accord.
12:31 En revanche, c'est une occasion pour arrêter de fumer, et puis manger en fropide.
12:34 J'en profite de manière très lâche pour leur faire peur,
12:37 et pour leur dire "c'est peut-être une occasion pour faire le point".
12:40 Et donc ça marche.
12:42 C'est la meilleure motivation possible.
12:45 Il y a un emballement hormonal qui fait que certaines femmes ont un vrai dégoût pour le tabac,
12:49 je ne sais pas si tu le confirmes, pendant la grossesse.
12:52 Je l'ai vu.
12:54 En tout cas, une chose importante à dire, si vous attendez un bébé,
12:58 substituez-vous, prenez de la nicotine, quelle que soit la façon de la prendre.
13:03 Et mieux, une femme enceinte est plus substituée que si elle n'était pas enceinte,
13:07 parce qu'elle a un plus gros volume sanguin.
13:10 Donc on va justement lui mettre la dose,
13:12 pour qu'elle arrête de fumer de façon confortable le temps de sa grossesse.
13:16 Voilà, et qu'elle protège son bébé.
13:18 On parle de nicotine Véronique, mais c'est important de préciser,
13:20 nicotine ce n'est pas le tabac. Que le choix soit clair.
13:22 Oui, bien sûr.
13:23 Parce que les gens confondent nicotine et tabac.
13:25 Le nicotine c'est ce produit addictif qui, comme le disait François,
13:29 stimule le système de récompense dans un emballement dans le cerveau,
13:33 alors que ce qui fait la dangerosité et la gravité,
13:37 c'est tout le reste de ce qu'on a cité tout à l'heure.
13:39 C'est pour ça qu'évidemment on en a fait un produit.
13:41 On fume pour la nicotine, qui n'est pas le produit dangereux de la cigarette.
13:46 On meurt des goudrons.
13:48 Donc c'était très très important à rappeler effectivement.
13:50 Alors, on l'a dit, la volonté suffit rarement à surmonter cette addiction.
13:54 Alors imaginons, je fume 10 cigarettes par jour depuis 20 ans,
13:58 j'ai décidé d'arrêter, je sais que je ne vais pas arrêter toute seule.
14:01 Qu'est-ce que vous me conseillez ?
14:03 Si par exemple je ne me basais pas par un professionnel de santé,
14:05 donc les substituts nicotiniques, on est d'accord ?
14:08 Je te fais.
14:09 On peut aller voir son pharmacien, il va vous conseiller,
14:11 et là il n'y a pas de risque.
14:12 Ça c'est la partie, disons, biologique de la consommation.
14:16 Mais à la partie comportement, et à la partie habitude,
14:19 c'est la partie sur laquelle il faut évidemment travailler.
14:21 Alors, chaque année en novembre, c'est le mois sans tabac,
14:24 il s'agit d'un défi collectif, un mois sans tabac,
14:27 et c'est cinq fois plus de chances d'arrêter.
14:29 C'est-à-dire que si on arrive à s'arrêter de fumer pendant un mois,
14:32 on a cinq fois plus de chances de ne pas reprendre la cigarette, c'est ça ?
14:35 C'est ça.
14:36 Voilà.
14:37 Donc il faut tenir un mois.
14:38 Il faut tenir un mois.
14:39 Et si vous avez des questions ou besoin de soutien,
14:41 je rappelle le numéro d'Info Tabac Service, le 39 89.
14:45 Bon, alors si je sens que j'ai vraiment besoin d'être aidée,
14:48 que les substituts nicotiniques ne suffisent pas, vers qui je me tourne ?
14:52 Vers un addictologue, un tabacologue ?
14:54 Le médecin généraliste, psycho, tabaco, des sites aussi,
14:58 qui sont très bien faits.
14:59 Voilà, alors, une chose que vous n'avez pas dite et qui est vraiment importante,
15:03 si vous avez besoin de substitution,
15:05 ils sont pris en charge aux tiers payants.
15:07 En France, si vous avez une ordonnance qui peut être faite par votre médecin,
15:10 par un médecin du travail, par un infirmier, par votre dentiste,
15:13 par un kiné, par une sage-femme,
15:15 donc par un professionnel de santé.
15:17 Et ces substituts seront pris en charge aux tiers payants,
15:21 sans condition, autant que vous en avez besoin,
15:25 aussi longtemps que vous en avez besoin.
15:27 Ça, c'est la première chose.
15:28 Et une substitution se prend sur du temps.
15:31 On ne dit pas "Oh, je vais me substituer pendant 15 jours et après voilà".
15:35 En moyenne, combien de temps ça dure un sevrage avec des substituts nicotiniques ?
15:41 Sur une notice, on vous dira 3 mois.
15:43 La vraie vie, entre 6 mois et 1 an.
15:45 Merci. Moi, j'aime bien la vraie vie.
15:48 En général, je ne leur donne pas une limite,
15:50 parce qu'après, ils viennent me demander "On arrête quand ?"
15:52 Il faut travailler là-dessus.
15:54 Justement, vous êtes psychiatre et lictologue.
15:56 Comment vous accompagnez vos patients dans leur sevrage tabagique ?
16:00 Comme je le fais avec l'ensemble des addictions,
16:02 je fais un bilan avec mes patients,
16:04 je vois s'il n'y a pas une comorbidité psychiatrique.
16:06 Parce que quand on vient chez moi, j'ai un vrai biais de sélection.
16:09 Ce sont des gens qui probablement ont dû faire le tour.
16:12 Ils ont peut-être vu leur généraliste, leur tabacologue,
16:14 donc il y a probablement des choses à côté sur lesquelles je travaille.
16:17 Je fais comme une sorte d'analyse fonctionnelle de mon patient.
16:20 Ensuite, on arrive sur le problème symptôme,
16:24 et on travaille ce qu'on a dit, la motivation.
16:26 Avant toute chose, on va voir dans le schéma de motivation,
16:30 est-ce qu'il se regarde comme un étranger à lui-même ?
16:33 Est-ce qu'il est actif ?
16:36 Qu'est-ce qu'il veut ?
16:38 Est-ce qu'il souhaite baisser la consommation sans arrêter totalement ?
16:40 Et puis surtout, il y a un élément extrêmement important,
16:42 comme je suis dans un hôpital général, universitaire, mais général,
16:46 je vois s'il n'y a pas déjà des dégâts sur le plan somatique.
16:49 Il y a un bilan à faire. On a parlé tout à l'heure des risques.
16:52 On a une structure à côté, on évalue, on fait une petite radio, on en est.
16:56 Et ce sont des éléments importants parce qu'ils viennent aider à la motivation.
17:00 C'est le terme qui a été... aider à la motivation.
17:03 Et la motivation, elle se travaille sur cette balance décisionnelle
17:07 entre les avantages et les inconvénients à maintenir sa consommation.
17:10 Et on voit avancer petit à petit, et on avance petit à pied avec nos patients.
17:14 Alors certains font aussi appel aux médecines complémentaires, hypnose, EMDR.
17:19 Justement, nous sommes allés dans les Hauts-de-France à la rencontre d'un hypnotiseur
17:22 qui aide les patients à arrêter de fumer. Regardez.
17:25 Vous redécouvrez tous les éléments du décor.
17:34 Vous redécouvrez le petit gamin qui est juste là-bas dans sa formidable liberté d'action.
17:39 Des cigarettes, Eric en fumait entre 15 et 20 par jour.
17:43 Un fardeau dont il n'arrivait pas à se défaire avant d'essayer l'hypnose.
17:47 La première chose en sortant du travail, c'est la cigarette.
17:50 Le café, la cigarette, il y a pas mal d'appels qui font que la cigarette ressort systématiquement.
17:54 J'ai essayé plusieurs méthodes. J'avais déjà pris la cigarette électronique.
17:58 Des amis avaient essayé le Ziban et la Nicorette, sans succès.
18:02 Au sortir de la séance, une grosse fatigue, déjà 12 heures de sommeil.
18:05 Et depuis, aucune envie de fumer.
18:08 Pas de miracle pour autant, l'hypnose est une technique qui repose sur la compréhension du cerveau.
18:13 Une technique qui va corriger le besoin psychologique du fumeur.
18:17 Un fumeur moyen va fumer entre 10 et 15 cigarettes par jour.
18:20 Ça veut dire que le geste de ramener la cigarette à la bouche,
18:25 il va le faire à peu près 10 fois par cigarette.
18:27 Donc vous calculez, ça fait à peu près 150 fois par jour.
18:30 C'est une habitude qui est fortement ancrée.
18:32 Le principe va être de lâcher le comportement.
18:34 Et pour ça, comment on va faire ? On va prendre une émotion.
18:37 C'est-à-dire qu'on va prendre le gain qu'il va avoir,
18:39 la personne, ce qu'elle va gagner à se libérer du tabac,
18:41 jusqu'à obtenir l'émotion très puissante qu'il va y avoir derrière ça.
18:44 On va projeter la personne complètement dans l'émotion,
18:46 jusqu'à, en fin de compte, que le mauvais comportement
18:49 disparaisse un peu comme un glaçon qui vient de réfondre.
18:51 La séance d'une heure se déroule en deux temps.
18:53 Une première phase de discussion où est identifiée l'idée de bien-être associée à la cigarette.
18:58 Puis arrive la phase de suggestion qui permet de la remplacer.
19:02 Françoise, vous avez essayé l'hypnose, vous, quand vous avez décidé d'arrêter de fumer ?
19:07 Qu'est-ce qui a marché chez vous ?
19:10 Ce qui a marché pour moi, c'est quelque chose dans ma tête qui a changé.
19:15 J'avais envie de vivre et puis je ne voulais plus mourir à petit feu, première chose.
19:19 C'est donc ma motivation.
19:21 Ensuite, c'est aller voir une tabacologue, j'ai consulté.
19:24 Et ensuite, je me suis substituée correctement.
19:29 J'étais comme toutes les personnes qui essayent d'arrêter de fumer.
19:33 J'ai eu bien un petit patch, mais pas trop gros, etc.
19:36 Et en fait, j'avais besoin de deux gros patchs parce que j'étais une très grosse fumeuse.
19:40 Plus beaucoup de pastilles, j'ai eu un inhaleur à l'époque.
19:43 J'avais besoin d'une grosse dose de nicotine.
19:46 Et j'avais aussi besoin de l'aide d'autrui.
19:48 Donc, j'ai été sur Internet me faire aider par d'autres personnes.
19:51 D'où le groupe Facebook que vous avez créé.
19:55 Vous vous êtes rendu compte que c'était important, cette entrée, ce soutien, d'être en réseau là-dessus.
20:04 On a parlé tout à l'heure des substituts nicotiniques qui étaient pris en charge par la Sécurité sociale limituelle.
20:09 Est-ce qu'il y a d'autres choses dans le cadre du sevrage, du tabac, qui peuvent être prises en charge ?
20:13 Parce que du coup, ça peut aussi être une source de motivation.
20:16 On a eu dans le passé des médicaments qui ne sont plus prescrits, comme tous les médicaments.
20:20 Oui, alors il n'y a plus de médicaments, c'est vrai, je ne vous ai pas posé la question.
20:22 Mais aujourd'hui, il n'y a plus de médicaments.
20:24 En tout cas, sur le marché, on n'en trouve plus.
20:27 On n'en trouve plus aujourd'hui.
20:28 Ça ne veut pas dire qu'il n'y en a plus, qu'il n'y aura pas à venir, ou qu'il n'y aura pas d'autres médicaments.
20:32 En Espagne, il y a un nouveau médicament qui est sorti, qui est à base de plantes.
20:38 Mais aujourd'hui, en France, on ne trouve plus de médicaments pour arrêter de fumer.
20:44 On a la substitution sur plusieurs formes, comme le disait Françoise.
20:47 Tout à fait.
20:48 Nicotine, patch, inhaler.
20:50 Gomme.
20:51 Gomme.
20:52 Spray.
20:53 On a vraiment du choix.
20:54 Complètement.
20:55 Et attention, il faut les cumuler.
20:57 On ne met pas un patch ou des pastilles, ou un spray.
21:01 Il faut les cumuler.
21:02 Ceinture, bretelles et gilet.
21:03 Et gilet.
21:04 Ça, c'est le secret pour éviter les rechutes.
21:07 Pour toutes les addictions, lorsqu'on est sur une démarche de RDR, réduction des risques, substitution, il faut aller jusqu'au bout.
21:13 Il faut vraiment bien s'y suivre.
21:14 Sinon, ça ne marchera pas.
21:15 Ça ne marche pas.
21:16 Pareil pour les opiates.
21:17 Donc, on peut faire substitut nicotinique.
21:19 Il faut aller jusqu'au bout.
21:20 Le principe de la substitution, c'est qu'on a des sensibilités différentes.
21:24 On n'a pas parlé d'un autre moyen de sevrage qui est apparu sur le marché il y a une dizaine d'années et qui a suscité tour à tour l'enthousiasme, ensuite la prudence, voire la méfiance.
21:33 Je parlais bien sûr des cigarettes électroniques.
21:35 Selon les données disponibles aujourd'hui sur le site de la Santé publique France, 3 millions de personnes utilisent régulièrement une cigarette électronique.
21:42 Que contiennent ces cigarettes électroniques et comment est-ce qu'elles fonctionnent ?
21:47 C'est très simple.
21:50 Je vous ai dit que vous vous souvenez de 4 000 produits dans la cloche.
21:53 Et là, il y en a deux.
21:54 Non, trois.
21:56 Vous avez du propylène glycol, de la glycérine que vous connaissez bien, de la glycérine végétale que vous connaissez aussi bien, de la nicotine, parce que quitte à vapoter autant de temps, et un arôme, qui est un arôme alimentaire.
22:12 Et c'est tout.
22:13 Donc, on est d'accord, c'est un bon moyen de sevrage pour la cigarette.
22:18 Là-dessus, il n'y a pas de débat.
22:20 Non, non.
22:21 Et si je peux me permettre de donner un petit conseil à vos téléspectateurs, si vous utilisez une vape, les liquides sont max à 20 mg par millilitre en Europe.
22:33 Donc, vous ne pouvez pas charger à fond votre vape.
22:36 Utilisez aussi un patch, parce que le patch, il va diffuser tout doucement dans la journée, et votre petite vape, elle va venir.
22:45 Pour les personnes qui ont besoin de faire de la nicotine.
22:48 Et surtout, utilisez des produits français.
22:50 Pour tous les gens qui fument, ne vous embêtez pas, besoin de nicotine, etc.
22:54 Ça ne veut trop rien dire.
22:55 Tout à fait, associer les deux.
22:57 Oui, sur 10 cigarettes, vous pouvez tirer autant de nicotine que quelqu'un d'autre sur 30 cigarettes.
23:02 Donc, ça ne veut trop rien dire.
23:03 Est-ce qu'un jour, on pourra arrêter la cigarette électronique ?
23:06 C'est souvent la question que se posent ceux qui bapotent en disant "bon, j'ai toujours cette nicotine, j'ai toujours cette dépendance, est-ce que je vais pouvoir finir par arrêter un jour ?"
23:13 On l'a déjà vu, déjà arrêté.
23:15 Bien sûr.
23:16 Y compris ça.
23:17 Moi, j'en vois tous les jours des gens qui arrêtent la vape.
23:20 Pour autant, un sevrage tabagique, c'est long.
23:24 On est trop pressé.
23:26 L'un des fondateurs de la tabacologie disait "il faut une année pour quitter, pour repasser par toutes les situations où je fumais".
23:36 Et donc, on va passer par tout ça.
23:38 J'aimerais bien qu'on parle quand même de cette cigarette électronique.
23:41 Chez les jeunes, on parle de PEF, qui est une pratique très à la mode en ce moment, qui inquiète les professionnels de santé.
23:47 C'est vrai que ce sont des cigarettes électroniques jetables, qui sont aromatisées, bananes, fraises, etc.
23:53 Et nous sommes allés dans les rots pour découvrir ce phénomène.
23:56 C'est un reportage de Jonathan Donzay.
23:58 Fraises, mangue glacé, Coca-Cola ou Marshmallow.
24:08 Nous ne sommes pas ici chez un marchand de glace ou de bonbons, mais bien dans un bureau de tabac.
24:13 Si ces boîtes multicolores à l'aspect volontairement inoffensif ont fleuri dans les vitrines des commerçants, c'est pour un produit désormais prisé des jeunes, la PEF.
24:22 Une cigarette électronique jetable, gorgée de nicotine, commercialisée entre 8 et 12 euros pour 500 bouffées.
24:29 Dans ce débit de tabac de Saint-Jean-de-Bédaz dans les rots, le produit connaît un franc succès.
24:34 C'est plus des jeunes entre 20 et 35 ans. Plus ce côté sucré qu'ils n'ont pas forcément avec les cigarettes, s'ils fument bien sûr.
24:42 Un phénomène de mode qui n'a pas échappé à ce géant de vape-store, qui préfère y voir un moyen d'arrêter de fumer plutôt qu'une porte d'entrée dans le tabagisme.
24:50 La PEF est quand même diabolisée. On a des clients qui sont des fumeurs, qui ont essayé la PEF.
24:57 Et ça leur a permis de faire une transition de la PEF vers la cigarette électronique.
25:01 Si vous ne fumez pas, ne vapotez pas. Après on ne peut pas refuser une vente à un client.
25:07 Tout au long de ce mois sans tabac, la Ligue contre le cancer, en partenariat avec le Crous, intervient dans les restaurants universitaires d'Occitanie
25:14 et mesure l'étendue du phénomène, comme sur le site de Sainte-Césaire à Nîmes.
25:18 On développe de plus en plus de cigarettes électroniques avec le côté marketing, où on a envie d'appeler les jeunes qui ne fument pas encore.
25:24 Et en fait, c'est aussi un piège dans ce sens-là, où ceux qui ne fument pas sont de plus en plus tentés de commencer avec ce type de produit.
25:32 Bon alors, c'est cigarette électronique danger ou pas pour les jeunes ?
25:36 Sous couvert d'un dispositif de RDR, c'est quand même un objet marketing, qui d'ailleurs, on le disait tout à l'acquantoise, est un polluant pour la nature.
25:45 Bien sûr, la batterie.
25:47 On voit bien que même si le débiteur se défend, il y a des gens qui peuvent arrêter avec la peuf.
25:52 Mais l'objet de la peuf, c'est cibler des jeunes avec un packaging très particulier.
25:57 Évidemment, là-dessus, je suis en total désaccord avec eux.
26:00 Ces jeunes auraient pu fumer et finalement...
26:02 Ils auraient pu aussi ne pas fumer.
26:04 Oui.
26:05 Le raisonnement va dans les deux sens.
26:07 Un grand merci à tous les deux. Cette émission est déjà terminée. On aurait pu aussi en parler encore pendant des heures de ce sujet.
26:13 Merci à tous de nous avoir suivis. J'aurai le plaisir très bientôt de vous retrouver pour un prochain numéro de La Santé d'abord.
26:18 Et bien sûr, merci à tous ceux qui m'ont aidé à préparer cette émission.
26:21 D'ici là, prenez soin de vous.
26:23 [Musique]
26:44 Le groupe Vive vous a présenté La Santé d'abord.
26:47 Home, le programme qui prend soin de vous.
26:49 Groupe Vive, pour une santé accessible à tous.

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