Jean-Claude Petit _ Les coulisses de la création _ Musée Sacem

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00:00 On a pu le croiser, ado précoce et apprécier des fondues de jazz dans une de ces caves
00:10 enfumées où l'après Saint-Germain s'apprêtait à débaver Saint-Michel.
00:13 On l'a souvent rencontré, tout jeune homme surdoué, dans les studios des 70's où
00:19 ses arrangements éclatés d'inventivité et tranchés avec insolence sur le commun
00:23 de la production.
00:24 Puis c'est la musique de films qui s'est emparée de ce paresseux contrarié qui avoue
00:29 sans qu'on l'empresse « je m'ennuie toujours si je fais le même genre de musique.
00:33 Et puis l'opéra.
00:34 Et puis, et puis.
00:36 » On n'en finirait pas d'évoquer, d'égrener l'œuvre éclectique de cet homme qui porte
00:41 si mal son patronyme et si bien ses idéaux, grand bretteur comme son Cyrano, des droits
00:46 des artistes-interprètes et des auteurs et compositeurs de musique.
00:50 Pénétrons chez ce combattant discret, compagnon inclassable et inlassable de nos luttes et
00:55 de nos notes, Jean-Claude Petit.
00:58 [Musique]
01:03 [Musique]
01:09 [Musique]
01:14 [Musique]
01:41 Et on peut commencer le film.
01:42 [Musique]
01:46 Mon père était instituteur, mon grand-père aussi directeur d'école, mon arrière-grand-père
01:54 aussi, etc.
01:55 Tout le monde enseignant et mon père jouait quand même du violon, du saxophone, de la
01:59 clarinette, dans les balles, le samedi et le dimanche.
02:03 Pour gagner un peu d'argent, certes, mais surtout parce qu'il aurait voulu être musicien,
02:07 c'était sa passion.
02:08 Et ma mère était tout de même violonniste amateur aussi, elle avait abandonné le violon,
02:13 mais elle avait des notions également.
02:14 Donc j'étais destiné sûrement à la musique.
02:17 En tous les cas, mon père m'a mis au piano et au solfège à partir de 5 ans, surtout
02:22 au solfège d'ailleurs.
02:23 Je me suis laissé faire difficilement, il paraît que je me sauvais dans le jardin,
02:26 parce qu'on avait un petit jardin inversé en Seine-et-Marne.
02:30 Je devais être un petit peu doué quand même pour apprendre le solfège et apprendre le
02:35 piano.
02:36 Je me suis remonté rapidement à Paris lorsque j'avais 9 ans, afin de me faire entrer au
02:40 conservatoire de Paris, de passer le concours, d'entrer à Paris à l'âge de 10 ans,
02:45 ce qui est l'âge minimum.
02:47 Je lisais en 7 clés de manière très facile, bien mieux qu'à l'école, j'étais plus
02:54 fort en musique qu'à l'école, pour dire la vérité.
02:56 Donc à part le BEPC, je n'ai pas d'autres diplômes, sauf musicaux bien entendu.
03:01 Donc le conservatoire, ça commençait par le solfège, mais ensuite ça commençait
03:05 surtout par l'harmonie.
03:07 L'harmonie qui est la base même de la musique, de la composition musicale, le contrepoint
03:13 et la fugue, qui sont le travail des lignes qui peuvent s'entrecroiser selon des formes
03:21 assez savantes pour la fugue et le contrepoint.
03:24 Et ça m'a vraiment intéressé.
03:27 Si j'avais abordé ces études d'écriture, c'est que je n'avais pas le courage de travailler
03:32 suffisamment le piano.
03:33 Je jouais du jazz, mais le classique, à part Debussy d'ailleurs, que j'aimais bien jouer,
03:39 le reste, ça m'ennuyait de travailler le piano.
03:42 Je suis un peu paresseux pour dire la vérité.
03:44 Mais la paresse par contre, ça allait bien avec l'écriture.
03:47 Je ne sais pas pourquoi, mais ça me plaisait ça.
03:49 Donc j'ai eu mes prix de conservatoire en harmonie, en contrepoint, en fugue.
03:54 En harmonie, c'était Maître Chaland, très célèbre professeur à l'époque, qui avait
04:00 comme idole au pluriel, Fauré, Debussy et Ravel.
04:04 Donc je me suis retrouvé à être un peu de Fauré, beaucoup de Ravel, avec une grande
04:10 admiration pour Debussy.
04:12 Mes trois maîtres d'école, en fait, les vrais.
04:15 Et ensuite, le contrepoint et la fugue, c'était Jean-Sébastien Bach, bien sûr, le maître
04:21 pour tout le monde, pour tous les musiciens, et aussi pour moi.
04:23 Il n'y a rien de supérieur à Bach dans l'écriture musicale.
04:26 Et tout ça m'apprenait à écrire, et puis comme je gagnais un petit peu d'argent avec
04:32 le jazz, mais que je ne m'éloignais pas tout à fait du classique, j'allais aux concerts
04:40 des musiciens les plus à la mode, Pierre Boulez et Olivier Messiaen.
04:45 Et c'était pour moi une découverte.
04:47 Je n'avais pas envie d'emprunter leur langage, par contre, mais je trouvais ça très
04:53 révolutionnaire, entre guillemets, donc ça m'intéressait.
04:57 Et j'ai continué la musique comme ça, mais je me suis vite rebellé contre cette musique
05:02 que l'on m'apprenait, qui était la musique classique, au sens le plus absolu du terme.
05:07 Et je me suis mis, comme tous les adolescents, à écouter des radios qui n'étaient pas
05:14 privées encore, c'était le post-parisien, je me suis dit.
05:17 Il y avait des émissions de jazz.
05:19 Donc le contraire du classique, c'était quoi ? C'était le jazz.
05:23 [Musique]
05:31 En écoutant le jazz, je me suis mis à imiter, par exemple, Monk.
05:37 [Musique]
05:46 Oui, Blue Monk.
05:47 Et comme j'étais très isolé quand même, au conservatoire, à faire ce genre de choses,
05:52 j'ai mis une petite annonce dans Jazz Hot.
05:54 Et je me suis retrouvé avec un orchestre amateur à Levallois, ou dans une cave.
05:59 [Musique]
06:01 À 15 ans.
06:03 [Musique]
06:32 [Musique]
06:54 Donc je sortais le soir pour aller jouer, comme ça.
06:56 Et puis, de fil en aiguille, de relation en relation, je me suis trouvé très jeune,
07:00 un musicien beaucoup plus professionnel.
07:02 J'avais un petit quartet avec lequel on gagnait les festivals, les festivals amateurs,
07:09 les prix amateurs qu'il y avait à l'époque.
07:12 Il y avait un homme qui est devenu célèbre, qui lui a continué, c'était Henri Texier,
07:17 qui était mon bassiste, et Pierre Allendéran, qui était à la batterie.
07:21 Et finalement, j'ai continué à jouer dans les boîtes de jazz,
07:26 avec Nick Clark au Blue Note, et puis ensuite avec Dexter Gordon,
07:31 Johnny Griffin, Chuck Baker, enfin, tout.
07:33 J'étais un petit peu le petit pianiste prodige,
07:36 et bien jusqu'en 68 où je jouais encore, d'ailleurs, avec Dexter Gordon, je me souviens.
07:41 Voilà, ça c'est ma première vie.
07:43 [Musique]
07:47 Le jazz me prenait beaucoup de temps, de plus en plus,
07:51 jusqu'à une rencontre de hasard au Blue Note, le frère de Sylvie Vartan,
07:56 et j'avais besoin d'argent, qui me disait "Mais moi je vais me tourner si vous voulez,
08:01 je trouve que vous jouez bien du piano, venez avec moi".
08:05 Elle partit en tournée avec vous, elle est en vedette, en première partie,
08:09 il y a un jeune homme, enfin qui est moins connu qu'elle, c'est Claude François,
08:12 mais enfin il est juste en première partie.
08:14 Je ne connaissais rien du tout à la variété,
08:16 je lui ai même répondu "Mais je ne sais pas qui c'est Sylvie Vartan".
08:19 Et il m'a dit "Mais si elle chante, est-ce que tu le sais ?"
08:21 Je lui ai dit "Est-ce que tu le sais ?"
08:23 "What I said" avec Réchan, "Ah oui, enfin..."
08:27 [Musique]
08:30 Je lui ai dit "Alors ça je connais".
08:31 Donc pour la première fois de ma vie, j'avais un vrai salaire,
08:34 avec une fiche de paye, et payé tous les soirs.
08:38 Donc j'y suis allé, puis je me suis trouvé embarqué
08:41 dans l'univers des billets et de la chanson.
08:44 Et puis en même temps, je rencontrais mon ami Jean-Pierre Bourtère,
08:48 que j'avais connu dans les cafés qui étaient près du conservatoire,
08:53 parce qu'il était auditeur au conservatoire,
08:55 mais il était plus souvent au café,
08:58 et je l'y rejoignais pour dire la vérité.
09:01 Donc on était devenus amis, et lui s'occupait de chansons,
09:04 était directeur artistique et compositeur de chansons.
09:07 Et comme il avait repéré que je commençais à écrire des arrangements,
09:11 des petits arrangements pour les uns et les autres,
09:13 on savait que je savais écrire la musique,
09:15 et je suis allé seul à cette époque, dans cet univers des billets.
09:19 Ils avaient des références musicales, ils écoutaient la musique,
09:22 Claude François par exemple, et Sidoui d'ailleurs,
09:24 elle a des relais de jazz, mais il ne suffit pas de l'aimer,
09:27 ils ne connaissaient pas vraiment la musique.
09:29 Donc je me suis trouvé rapidement, ayant des commandes,
09:34 mais moi j'étais juste arrangeur.
09:36 Je ne composais pas encore vraiment,
09:38 je n'avais pas encore écrit une seule note de musique
09:41 qui soit intégralement ma musique.
09:44 "Il a souri avec la tête,
09:48 mais il a pleuré avec le coeur.
09:53 Le petit garçon est grand,
09:57 il vient juste d'avoir 16 ans,
10:00 c'est presque un homme maintenant."
10:03 Le plus simple c'était d'écrire des arrangements sur les chansons qui existaient.
10:07 Et formidable expérience, ce qui était à la mode,
10:09 c'est toutes les chansons américaines et anglaises.
10:11 Donc de très beaux arrangements.
10:13 Que j'ai dans un premier temps imité.
10:15 Et ça c'était très pratique pour apprendre l'arrangement de variété,
10:19 que je ne connaissais pas non plus.
10:21 La culture jazz, oui, la culture classique, oui,
10:23 mais pas cette culture de la chanson.
10:25 C'était l'époque des Beatles aussi,
10:27 il faut se rappeler, aux superbes arrangements.
10:29 Et donc j'ai beaucoup imité pendant deux ans à peu près,
10:32 jusqu'au moment où les chanteurs français se sont affranchis,
10:36 par exemple avec Julien Clerc, ou Michel Jonas,
10:40 ou même plus tard Alain Souchon, etc.
10:42 Ils faisaient leur propre musique, leur propre chanson.
10:46 Et donc j'ai développé une image, en tous les cas,
10:51 je ne sais pas si c'est un style, mais une image en tant qu'arrangeur.
10:54 ...
11:04 Toi et moi, on s'en va regarder le soleil sous les branches
11:11 Et puis parler de toi, si tout change
11:20 Et toi et moi, on va s'en aller dans l'arrangeur
11:26 Il y aura des étés pour toi et pour moi, tu verras
11:33 Et puis de temps en temps, on me disait, mais tu ne fais pas de chanson, toi ?
11:36 Alors j'en faisais une, à peu près là.
11:38 Mais je n'ai jamais pris ça très au sérieux, de part mes cultures.
11:42 J'ai juste fait ça pour gagner ma vie,
11:45 mais j'y ai beaucoup appris finalement.
11:47 D'abord j'ai eu des rencontres humaines intéressantes,
11:50 beaucoup plus intéressantes que ce que je pensais au départ.
11:54 Et puis j'ai exploré des musiques que je n'aurais jamais pu explorer autrement.
11:59 Et puis surtout je dirigeais.
12:01 Comme j'étais très prétentieux, dès le départ, je bats la mesure.
12:05 Et puis, la mesure, ça ne suffit pas, alors j'ai interprété.
12:08 Et puis ils me disaient, ah, c'est très bien, il n'y a pas de problème.
12:11 Donc j'ai continué comme ça,
12:13 et puis j'ai commencé avec des petits orchestres pour les chansons,
12:15 puis j'ai continué avec des grands orchestres.
12:17 Ça m'a donné une expérience de chef d'orchestre,
12:21 mais qui se dirige lui-même, je dirige rarement les autres.
12:25 Arrangement, ça veut bien dire ce que ça veut dire.
12:33 C'est d'abord orchestrer une chanson qui n'est jouée qu'à la guitare ou au piano.
12:38 Il n'y a pas d'autre instrument.
12:40 Donc vous entendez bien les disques, ils sont avec des musiciens,
12:43 avec des sons différents.
12:45 Ça, c'est la première tâche de l'orchestration.
12:47 D'autre part, l'arrangement, parce qu'il faut trouver un rythme à tout cela, une esthétique.
12:53 On faisait les 33 tours, il fallait trouver un sens, une direction musicale.
12:58 Donc c'est vraiment, je dis toujours, c'est le même travail que le réalisateur au cinéma.
13:04 Il a un sujet, le réalisateur, qu'il écrive lui-même ou pas.
13:08 Mais quand c'est de l'extérieur, il se contente de diriger les choses.
13:12 Il se contente.
13:14 Il écrit l'histoire en réalisant.
13:17 C'est la même chose, l'arrangement.
13:19 C'est-à-dire, soit j'écris la chanson, mais la plupart du temps, c'était un autre qui écrivait les chansons.
13:23 Quand il y avait les chansons de Jean-Pierre Bouchetère, le son même de sa chanson, c'était bien sûr moi.
13:28 Lui, il compose la mélodie.
13:31 Donc, soit on continue à travailler avec le chanteur, c'est parce qu'il est content.
13:36 Soit on est viré au profit d'un autre.
13:39 Mais c'est comme ça.
13:41 Comme j'étais à la mode dans ces années 70, disons,
13:46 jusqu'en 1982 à peu près, quand j'ai complètement abandonné les arrangements,
13:52 je me suis dit « non, non, je ne veux plus faire, ça ne m'intéresse plus du tout ».
13:55 Mais jusque-là, c'est vrai que ça marchait bien.
13:58 C'est vrai que j'étais arrangeur à la mode.
14:00 Je n'étais pas le seul.
14:01 Il y avait mes confrères Yared ou Jean-Claude Vanier,
14:04 qui sont de formidables musiciens aussi.
14:06 Et on se partageait presque la totalité de ce qui se faisait dans le show business.
14:11 Donc, j'étais sûrement assez indépendant et assez prétentieux
14:16 pour exiger qu'on me fiche la pelle,
14:19 qu'on n'intervienne pas trop dans mon travail.
14:22 Et Julien va chanter une chanson qui l'a rendue célèbre.
14:24 Une des chansons de ses débuts à succès, c'était « La Cavalerie ».
14:28 Je crois qu'il est prêt avec ses musiciens.
14:29 Voici Julien Clerc.
14:31 Quand je vois les motos sauvages qui traversent nos villages
14:44 Venus de Californie, de Flandre ou bien de Paris
14:49 Quand je vois filer les bolides, les cuirs pauvres et les cuits
14:54 Qui traversent le pays
14:59 Dans le métal et le bruit
15:04 Moi, je pense à la
15:07 Rabadabadababa
15:10 Cavalerie
15:11 Moi, je pense à la
15:15 Rabadabadababa
15:17 Ce sont justement les arrangeurs qui ont fait le son.
15:20 Ce ne sont pas les chanteurs ni les compositeurs.
15:23 Les chansons sont les chansons.
15:25 Mais la couleur orchestrale qu'on entend
15:30 C'est celui qu'il écrit.
15:32 Quand j'écris l'intégralité du disque de Serge Lama
15:37 Ou l'intégralité du disque de Claude François
15:40 Je vous mets au défi de trouver vraiment le point commun.
15:43 Et c'est pourtant le même arrangeur.
15:45 Ce sont des musiques très différentes parce que je faisais à façon.
15:48 C'est-à-dire que je les écoutais, j'écoutais leur personnalité
15:52 Et j'essayais de trouver pour eux l'orchestration
15:56 Et donc les instruments qui iraient.
15:58 C'était plus les cordes, bien entendu, avec Lama
16:01 Un peu plus les cuivres et les rythmiques avec Claude François
16:04 Ou avec Julien Clerc, des instruments
16:07 Qu'on n'a pas l'habitude d'entendre, par exemple les mandolines.
16:10 Enfin, c'est Étienne Rodagil qui me suggérait
16:13 Des idées qui étaient un peu iconoclastes par rapport à la tradition.
16:18 Parce que le son que j'ai fait a été quand même
16:22 L'un des plus prégnants, en tous les cas, à cette époque.
16:25 Mais suivant les chanteurs, je faisais les disques de Marie Laforêt
16:29 Donc je composais les chansons aussi.
16:31 Je composais par exemple "Il a neigé sur Yesterday"
16:33 Marie Laforêt avec une nouvelle chanson "Il a neigé sur Yesterday"
16:36 Avec trois auteurs, Sylvain et Marie-Bonne
16:38 Qui doivent s'appeler Tony Rallo, Michel, Jourdan
16:40 Et un que j'ai oublié qui doit être Jean-Claude Petit
16:46 Qui a été un thème quand même.
16:48 Et puis avec Jean-Pierre Bourtet, on a composé ensemble de nombreuses choses
16:53 Même pour Julien Clerc, "36 fronts populaires"
16:55 On l'a composé à deux en se relayant.
16:58 Et j'orchestrais en plus, bien entendu.
17:00 Donc tout ça a fait l'ensemble d'une carrière
17:04 Avec beaucoup, beaucoup de personnalités
17:07 Chanteurs, auteurs-compositeurs aussi que j'ai connus.
17:15 J'ai connu des génériques sur des émissions de télévision
17:17 Des génériques sur des films, beaucoup.
17:19 Mais non, mon aventure avec Michel Oudiker, ça date de Claude François.
17:24 Claude François, au tout début de sa carrière, quand il commençait à être connu
17:31 A produit une émission qui s'appelait "Avec le coeur"
17:33 J'étais déjà, j'avais été son pianiste donc, dans les tournées
17:39 Et là je devenais son arrangeur
17:44 Et ensuite, comme il y a eu d'autres émissions de Michel Oudiker
17:48 Sa carrière a commencé là, à Michel
17:51 Michel nous a demandé, à Jean-Pierre et moi, de composer
17:55 Et à moi d'orchestrer, de diriger, donc, ces génériques de "Star" d'abord
18:01 Et "Champs-Elysées" ensuite. "Star", j'étais chef d'orchestre à Nogeon aussi
18:05 "Champs-Elysées", j'ai été plusieurs fois chef d'orchestre aussi, de l'orchestre
18:08 Et donc on a annoué une relation très amicale avec Michel
18:12 *Musique*
18:31 *Applaudissements*
18:37 Bonsoir, l'orchestre de "Star", placé sous la direction de M. Jean-Claude Petit
18:43 *Applaudissements*
18:49 Sans contradiction, il n'y a pas d'art
18:54 C'est-à-dire qu'on est un artiste seulement quand on prend des risques
18:59 Et on prend des risques à partir de contradictions
19:01 J'ai plein de contradictions, j'ai plein de manques
19:04 Je vous ai dit que j'étais un paresseux, je suis un paresseux
19:07 Et quand on est paresseux, quand on se met à écrire la musique, on n'arrête plus
19:12 Parce qu'on a peur qu'elle vous échappe et qu'on ne puisse pas recommencer
19:17 Et quand j'arrête de travailler, j'ai un mal fou à recommencer après
19:21 Si j'arrête une semaine d'écrire, j'ai beaucoup de mal à recommencer
19:24 Parce qu'il faut faire un effort que je n'aime pas faire
19:27 Donc c'était par exemple une contradiction
19:30 Mais une contradiction avec la culture, je vous ai dit
19:32 J'étais juste fils d'instituteur
19:34 Et eux que je fréquentais, c'était des artistes comme ça, voilà
19:39 Qui prenaient leurs risques
19:41 Ils l'ont payé d'ailleurs cher les uns les autres
19:44 Claude François est mort, c'est un peu le hasard
19:46 Mais de toute façon, il n'aurait pas vécu vieux
19:48 Mort Schumann, il est mort mais je sais de quoi, il buvait trop
19:52 Et c'est vraiment un truc que j'ai ressenti
19:55 Il y a un moment où certains comme ça ne tiennent que grâce
19:59 Ou à la drogue ou à l'alcool
20:02 En tous les cas, c'était le cas de Mort
20:05 Ça a été le cas de Chet Baker
20:07 J'ai perdu beaucoup d'amis, j'ai perdu Rodagy aussi
20:11 Puisque j'étais le contraire, ça me poussait à avoir une imagination
20:16 Que je n'aurais jamais eue autrement
20:19 Et c'est ça que j'allais vers ça
20:22 Et en même temps, j'allais vers le raisonnable
20:25 Et les choses qui marchent, les tubes, etc
20:28 J'ai toujours été ambivalent sur ce plan-là
20:31 Je m'en veux à chaque fois d'être comme ça
20:33 Mais je suis désolé, je suis comme ça
20:35 J'ai été aussi dans les succès
20:37 Et en même temps dans les tentatives un peu désespérées
20:40 De sortir des sentiers battus
20:43 Et je passe ma vie un peu comme ça finalement
20:46 Bien sûr, quand je fais des disques de Sheila ou de Stone Lee Charden
20:54 Ce n'est pas la même chose, tout à fait
20:56 Je l'ai bien aimé, pas de problème
20:58 Et puis ça marchait bien, surtout que j'étais bien content
21:00 Je gagnais de l'argent, j'étais connu
21:02 Tout ça était très bien
21:04 Mais les expériences humaines les plus intéressantes
21:07 C'est celles qui m'inspiraient
21:09 Une couleur nouvelle
21:11 Qui me forçait à chercher ce que j'écris
21:14 Et c'était vrai avec Julien Clerc et Étienne Rodagy
21:18 Ce couple extraordinaire
21:21 Et avec Mort Schumann aussi
21:23 Qui travaillait avec Étienne au Ciro d'Agile
21:26 Et qui avait une histoire formidable
21:28 Puisqu'il avait écrit pour Elvis Presley
21:30 Il avait émigré en Grande-Bretagne avec sa Rolls
21:33 Et puis il est venu en France
21:35 Il buvait beaucoup de whisky
21:37 Et ça m'a rappelé le jazz un peu
21:39 Et il chantait, il chantait avec nous
21:41 C'était la première fois d'ailleurs qu'il chantait
21:43 Je crois que c'est grâce à Étienne qu'il a poussé à chanter
21:46 Il avait écouté les disques de Julien Clerc
21:49 Il trouvait qu'il y avait une couleur originale
21:51 Qui ne correspondait pas à ce qu'il entendait ailleurs
21:53 Et il avait fait un disque formidable
21:55 Dont j'ai un souvenir émerveillé
21:57 Sur tous les peuples américains
21:59 Parce que les États-Unis ce sont des peuples différents
22:01 Comme lui, il les connaissait tous
22:03 Il fallait que les orchestrations soient exactement
22:05 Dans la couleur de chaque peuple
22:07 Donc il fallait que j'écoute des choses
22:09 Que je ne connaissais pas forcément
22:11 Et que je saisisse le sens musical de ces peuples-là
22:15 Les enfants crient de bonheur
22:21 Et ils répandent la terre
22:37 Ils glissent et bombardent le monde
22:45 C'est de leur âge et de leur temps
22:58 J'ai tout oublié du bonheur
23:06 Ils nagent sur le lac majeur
23:18 J'ai tout oublié du bonheur
23:28 Ils nagent sur le lac majeur
23:37 Donc c'était ça mon aventure
23:42 Je me suis révélé un petit peu à moi-même
23:44 Très intéressé par ces gens-là
23:46 Toujours un petit peu en marge
23:48 Et puis j'en ai eu assez
23:54 Parce que je me suis dit je ne veux pas vieillir dans ce métier-là
23:57 Je veux faire ma propre musique
23:59 Et quel était l'instrument qui pouvait me donner cette possibilité ?
24:04 Je me disais ça doit être le cinéma finalement
24:08 Ma première musique de film c'est avec Gérard Mordia
24:11 Dont "Vive la Sociale"
24:13 Et c'est en 1982
24:15 Production de René Klettman et de Hachette, Jean-Luc Lagardère
24:19 C'était son premier film, il a eu le prix Jean Vigo
24:22 Je le cite parce qu'on est resté ensemble
24:24 Je suis en train de finir d'écrire une musique pour lui
24:49 Quand je l'ai vu il m'a parlé de Révolution, de la Commune de Paris
24:53 Du 20ème arrondissement, du 11ème
24:55 Tout de suite on a sympathisé
24:57 Il m'a dit "Moi je ne connais rien à la musique"
25:00 "Très bien, c'est l'idéal"
25:02 Moi je me sens héritier d'une certaine histoire
25:04 C'est-à-dire qui passe par de nombreuses révoltes populaires
25:07 Qui remontent de la Commune jusqu'en 1936
25:10 Plus récemment en mai 68
25:12 Le film raconte cette histoire en prenant la politique par l'ironie
25:17 Tu remets vite juste ça, tu viens à Magnes
25:20 Et hop, vous partez en courant vers la sortie
25:23 Ensuite de très important, c'est Claude Berry
25:27 Qui sur les conseils de Bertrand de Labey
25:30 Qui avait racheté Armédia
25:32 Et qui était l'agent et le manager de Julien Clerc
25:37 Donc vous voyez qu'on peut relier les choses
25:41 Il m'a présenté à Claude Berry
25:43 Qu'il voulait que l'on prenne pour son film un air d'un opéra
25:48 Et qu'on l'arrange autrement
25:50 C'est quoi la musique ?
25:54 C'est le développement, écrire la musique
25:58 Et il faut avoir une idée
26:00 Mais l'idée, elle est essentielle
26:02 Mais une fois que vous avez l'idée, vous n'avez rien
26:04 Il faut développer l'idée et réaliser l'idée
26:06 C'est comme un réalisateur avec les films
26:08 Il a une idée, c'est un homme et une femme qui s'aiment
26:10 Mais il n'y a pas de film avec ça
26:12 Il faut avoir trois notes, un prétexte
26:14 Et en faire une
26:16 [Musique]
26:19 [Musique]
26:22 [Musique]
26:50 Je me suis trouvé sur Jean de Florette et Manon des Sources
26:53 J'ai le témoignage que des gens ont été ravis de mon travail
26:58 C'est Yves Montand à l'appareil
27:00 J'ai vu le film la semaine dernière
27:03 Vous avez fait une musique superbe
27:06 Oui Jean-Claude, alors Jean-Claude, c'est Gérard Depardieu
27:09 Je voulais simplement te dire que
27:11 J'écoutais la bande son
27:13 J'écoutais le laser du disque
27:15 Et que je voulais tout simplement te dire que c'était magnifique ce que tu avais fait
27:19 [Musique]
27:21 Il y avait des musiques en live
27:25 Il y en avait aussi sur Jean de Florette
27:27 Et ça c'est une chance pour un compositeur
27:29 J'ai écrit ces musiques, Jean-Paul était enchanté absolument
27:33 [Musique]
27:46 Et puis le film a eu un succès
27:49 Au début pas très grand, puis ça a monté, monté, monté
27:52 Et puis la musique alors, ça m'avait eu mon British Award
27:58 J'étais très fier
28:00 Je me suis cru un petit peu pendant six mois le roi du monde
28:03 Mais ça s'est arrêté très vite, ne vous en faites pas
28:05 Je me suis rendu compte que tout ça était provisoire de toute façon
28:08 Et que le succès, bon, on pouvait avoir de la chance
28:10 Mais ça ne pouvait pas être tous les jours quand même
28:12 Et c'était beaucoup de chance
28:14 Beaucoup de travail, beaucoup d'ambition
28:18 Et c'est là que j'ai connu Jean-Luc Lagardère
28:20 Qui était un producteur formidable
28:22 Qui m'avait dit bien carrément
28:24 Puisqu'on devait faire un autre film avec Jean-Paul Rathnaud
28:28 Qui s'appelle "Le hussard sur les toits"
28:30 Et là encore il m'a dit "Mais Jean-Claude, prenez ce que vous voulez"
28:32 Là je faisais ce que je voulais, les orchestres que je voulais
28:35 Le niveau que je voulais
28:37 La durée que je voulais
28:39 Tout ça je n'ai eu aucun obstacle pour écrire des musiques
28:43 Classiques dans le style évidemment
28:46 Je me suis inspiré et de Braves
28:48 Et de Mendelssohn aussi
28:52 Ça a été pour moi un retour à mes origines classiques
28:57 Et puis après d'autres aventures formidables
28:59 Avec Henri Verneuil-Méry
29:01 Ça m'a appris les Arméniens
29:03 J'ai donc appris l'histoire de l'armée
29:07 J'ai appris l'histoire de l'armée
29:09 J'ai appris l'histoire de l'armée
29:11 J'ai appris l'histoire de l'armée
29:13 J'ai appris l'histoire de l'armée
29:15 J'ai appris l'histoire de l'armée
29:17 J'ai appris l'histoire de l'armée
29:19 J'ai appris l'histoire de l'armée
29:21 J'ai appris l'histoire de l'armée
29:23 J'ai appris l'histoire de l'armée
29:25 J'ai appris l'histoire du peuple arménien
29:28 Je viens d'écouter votre enregistrement
29:30 Là-bas c'est superbe, grandiose
29:33 C'est vraiment fantastique
29:35 On a le picotement, cette émotion
29:38 Que l'on ressent dans les grands thèmes
29:41 (Musique)
30:07 Alors, Jean Poiret, Le zèbre
30:11 C'est une drôle d'aventure
30:13 Je l'avais juste rencontré une fois
30:15 Par des intermédiaires, comme ça
30:17 À la sortie d'un théâtre
30:19 Et puis un jour, j'ai ici, un coup de téléphone
30:22 Il m'a dit "écoutez, je viens de tourner un film
30:25 Le zèbre, et j'aimerais bien que vous écriviez la musique de ce film"
30:30 Et Jean Poiret, je le trouvais vraiment extraordinaire
30:33 Donc j'étais ravi de cela
30:36 Et je prends rendez-vous chez lui
30:38 Pour le samedi après-midi suivant
30:41 Et je mets ma radio
30:43 C'était France Inter, l'air midi
30:46 Et j'entends Jean Poiret, Rémi en ouvriant
30:49 (Musique)
30:52 Et j'ai écrit la musique tout seul
30:55 Et j'ai fait effectivement écrire un texte à Alain Souchon
30:59 (Musique)
31:06 (Musique)
31:31 (Musique)
31:36 Je m'ennuie très vite si je fais toujours le même genre de musique
31:40 Je vous ai dit que je me suis ennuyé à la fin des arrangements
31:43 Parce que j'avais l'impression de tourner un peu en rond
31:46 De faire toujours un peu les mêmes choses
31:48 Quand même un peu trop les mêmes choses justement
31:50 Et que je ne voyais pas de sollicitations
31:52 Qui me poussent à aller plus loin
31:55 Que ce que j'avais fait
31:57 Donc c'est vrai que si je fais toujours la musique
32:01 Et j'ai eu la chance justement que dans le cinéma ça puisse paraître le cas
32:04 Les univers sont tellement différents
32:06 Que je ne peux pas écrire les mêmes musiques
32:08 De toute façon, je ne peux pas
32:10 Ça m'est même impossible
32:12 Et j'aime ça, j'aime ça
32:14 Alors c'est aussi un défaut
32:16 Parce que quand on fait une œuvre
32:18 Il vaut mieux s'attacher à un style
32:20 A une chose précise et la développer jusqu'au bout
32:23 Je dis qu'être compositeur c'est développer
32:25 Je ferais bien de suivre ça
32:27 J'ai eu plusieurs époques, je vous ai dit lesquelles
32:29 Et ça me permettait de changer de musique
32:31 Donc d'avoir une inspiration
32:34 Que je n'aurais jamais cru avoir en fait
32:37 Et je dis toujours mais
32:39 Si je n'avais pas eu ces films
32:41 Ces livrets
32:43 Ces textes de chansons
32:45 Je vous jure que je n'aurais jamais imaginé même
32:47 Écrire ce genre de musique
32:49 Donc probablement je ne suis pas un compositeur
32:52 Je suis un homme qui développe des idées
32:55 A partir du moment où on m'en propose
32:58 C'est parce que j'ai besoin d'être inspiré par quelque chose
33:01 Et inspiré par la musique pure
33:04 J'ai essayé
33:06 J'ai par exemple un quatorecorde
33:09 Un accord que j'ai écrit comme ça
33:11 Sans aucune commande
33:13 Mais c'est pour moi un immense effort
33:16 Et la paresse revient là
33:18 Un petit peu
33:20 Je suis obligé de faire un effort
33:22 Mais la musique seule
33:24 Je crois que je n'y arriverais pas vraiment
33:27 Donc tous ceux avec qui j'ai travaillé
33:30 Peuvent se dire que
33:32 Ils m'ont beaucoup apporté finalement
33:34 Je dis toujours que je suis un voleur aussi
33:36 Parce que je leur ai volé un petit peu
33:38 De ce qu'ils me proposaient
33:40 Oui
33:41 Je crois qu'on est tous des voleurs nous les compositeurs
33:44 Un petit peu
33:45 On vole le passé d'abord parce qu'on l'a appris
33:47 On vole des idées et on les développe autrement
33:50 On vole les textes
33:52 On vole les images
33:54 On vole tout ça
33:55 Et on en fait quelque chose
33:57 Une musique de film ça se fabrique
34:04 Avec, pour ce qui me concerne
34:07 Un cahier des colliers
34:09 Avec un crayon
34:10 Et je regarde le montage
34:12 Le premier montage d'ailleurs avec le réalisateur
34:14 Ensuite il va changer sans doute un peu le montage
34:16 Mais je lui dis
34:17 Et on se dit à quel moment on a une nécessité de musique
34:20 Il faut ressentir cette nécessité
34:22 Il ne faut pas faire de la musique gratuitement
34:24 Il y avait Maurice Jarre qui disait toujours
34:26 On fait trop souvent l'ambulance
34:28 C'est à dire une scène est un peu faible
34:30 Ah tiens il faut de la musique
34:31 Mais ce n'est pas ça du tout la musique
34:33 Il faut être inspiré par la scène
34:35 Et sentir qu'il y a un moment musical là
34:38 Qui va générer une émotion
34:40 Ce ne sont que des émotions avec la musique
34:42 Puisque c'est un langage abstrait la musique
34:44 Il faut pouvoir générer cette émotion
34:46 Mon plus beau cadeau c'est quand
34:48 Je suis allé une fois au cinéma
34:50 Quand le générique fin de Cyrano de Bergerac
34:53 J'ai voulu dire à Jean-Paul
34:56 Jean-Paul je ne commence pas tout de suite le générique
34:58 Je veux entendre le bruit des arbres à la fin
35:00 Comme ça
35:02 Juste les feuilles
35:03 Et puis je démarre à la fin
35:05 Et là
35:07 J'ai vu trois premières notes
35:09 Et j'ai vu des gens qui pleuraient
35:11 Mais ils ne pleuraient pas avant
35:13 Et pourtant
35:15 Ils se sont mis à pleurer au moment où on démarre la musique
35:17 C'est ça la récompense du compositeur
35:19 Ça peut être autre chose
35:21 Mais ça aussi
35:23 Et c'est aussi être le maître du temps
35:25 Et maître du temps c'est ce que je viens de dire
35:27 C'est à dire normalement
35:29 Cyrano est mort
35:31 Et la musique du générique arrive
35:35 Et maintenant
35:37 J'ai besoin d'un moment
35:39 Où on entend des bruits silencieux
35:41 Alors un autre compositeur
35:43 Ferait un autre moment
35:45 Je n'ai pas de jugement là-dessus
35:47 C'est ma sensibilité
35:49 Et il faut que ce soit celle du réalisateur aussi
35:51 Donc il faut presque lui imposer
35:53 Il faut lui proposer
35:55 C'est quand même mieux qu'imposer
35:57 Mais il y a un moment où il faut lui dire
35:59 Je suis sûr de moi
36:01 C'est un discours un peu difficile pour un réalisateur
36:03 Et pour un compositeur
36:05 Mais si vous ne l'avez pas
36:07 Vous ne pouvez pas être un artiste
36:09 Un gars qui fait de l'illustration sonore
36:11 Alors maintenant mes deux opéras
36:17 "Sans famille"
36:19 C'est entre la comédie musicale
36:21 Et l'opéra mais c'est tout de même
36:23 Un opéra chanté par des chanteurs d'opéra
36:25 "Sans famille" c'est mon grand-père qui me l'avait fait lire
36:27 Ça m'avait beaucoup plu
36:29 Quand j'étais petit
36:31 Enfin petit je devais avoir 13 ou 14 ans quand même
36:33 Et je m'étais dit je ferais un jour un truc
36:35 Le livret était de Pierre Grosse
36:37 Et les salles étaient pleines
36:39 A l'Opéra Nice, je dirigeais, très content
36:41 *Musique*
36:43 *Musique*
36:45 *Musique*
36:47 [Musique]
37:16 Le Columba de Prosper Mérimée, ça encore c'était mon grand-père, instituteur.
37:22 C'est le seul qui m'ait fait lire.
37:23 En fait il avait une bibliothèque gigantesque et je lisais quand j'allais en vacances chez lui.
37:27 J'ai écrit un opéra, mais là c'est vraiment un opéra pur et dur, dans un langage plus difficile, c'est risqué.
37:34 Il y a eu du monde à Marseille.
37:35 Maurice Iberras, le directeur, était très content de l'opéra.
37:39 Et c'est encore une expérience risquée pour moi,
37:43 parce que c'est ce que je ne sais pas faire au départ et que je tente.
37:50 C'était presque une épreuve pour moi et en même temps un pari d'arriver à renouer avec mes études finalement.
38:00 [Musique]
38:18 [Musique]
38:42 Je connais ce milieu quand même de la contemporane, que je soutiens d'ailleurs.
38:46 Mais c'est un milieu tellement loin de l'industrie et du show business que j'ai de l'admiration pour eux
38:57 et que les quelques tentatives que je fais sont un hommage finalement.
39:02 [Musique]
39:07 J'ai adhéré à l'Assassin quand j'avais...
39:11 C'était en 1963, donc j'allais avoir 20 ans et mon papa m'a donné une autorisation.
39:19 J'autorise mon fils à adhérer à l'Assassin, à signer André Petit, puisqu'il s'appelait André Petit.
39:26 Et je n'ai pas passé d'examen parce que j'avais déjà des prix de conservatoire.
39:30 Et quand on a des prix de conservatoire au National supérieur de musique,
39:34 on n'avait pas besoin de passer des examens.
39:37 Mais maintenant, il n'y a plus d'examen.
39:40 Alors l'Assassin, c'est une autre aventure, mais qui me relie à ce que j'ai dit avant,
39:44 qui me relie à Jean-Pierre Bourtère, puisqu'un jour il m'a dit « Oh, écoute, toi qui es militant toujours,
39:52 qui t'occupes vraiment du droit d'auteur et qui as des droits d'auteur,
39:57 pourquoi tu n'es pas administrateur de l'Assassin ? »
39:59 Je dis « Bon, je ne sais pas, parce qu'il faut se présenter et être élu, pourquoi ? »
40:03 Alors je me suis présenté une fois.
40:05 Je n'ai pas été élu parce que Jacques Dieval avait été administrateur et s'était fait réélire.
40:12 Et puis la deuxième fois, puis j'ai dit « Bon, je vais essayer une deuxième fois,
40:16 puis si ça ne marche pas, c'est comme ça, ce n'est pas grave. »
40:18 La deuxième fois, j'ai été élu et je suis donc rentré, mais il y a déjà plus de 20 ans, à l'Assassin.
40:25 On retrouvera la date.
40:27 Je me suis vraiment occupé de l'administration de l'Assassin et j'en suis devenu président il y a 4 ans.
40:35 Mais je suis très volontaire pour le faire parce que défendre le droit d'auteur, à notre époque,
40:40 c'est redevenu difficile.
40:43 Ça l'a été à d'autres époques, c'est un combat qui n'a jamais cessé.
40:46 Mais nos ancêtres, M. de Beaumarchais,
40:49 j'ai d'ailleurs écrit un Beaumarchais l'insolent avec Édouard Mollina-Rouge,
40:52 qui rend hommage à Beaumarchais, qui est quand même notre ancêtre.
40:55 Puis il y a eu des évolutions tellement grandes, jusqu'à Internet maintenant et le numérique,
41:00 et des commissaires européens régulièrement se mêlent de nos affaires
41:04 pour faire que la circulation des œuvres soit plus libre.
41:09 Et pour eux, libre, ça veut dire gratuit.
41:12 Et je suis désolé, mais nous vivons de nos œuvres.
41:15 Mozart, il est mort enterré dans une fosse commune.
41:21 Il n'avait plus d'argent, il n'avait pas de droit d'auteur.
41:24 Alors que Verdi, il est mort très riche parce qu'il avait beaucoup de succès.
41:27 Il était un assassin d'ailleurs.
41:30 (Musique)
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42:03 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]
42:06 [SILENCE]

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