Retrouvez un point complet sur l'actualité parlementaire et politique de la semaine en présence de Bernard Jomier, sénateur écologiste (app. PS) de Paris.
Parlement Hebdo, c´est le tour d´horizon complet d'une semaine au Parlement. Chaque vendredi, Kathia Gilder (LCP-Assemblée nationale) et Alexandre Poussart (Public Sénat) passent en revue les événements et les discussions - en séance ou en commission - qui ont animé les débats. Une mise en perspective analysée en plateau par une personnalité politique.
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Parlement Hebdo, c´est le tour d´horizon complet d'une semaine au Parlement. Chaque vendredi, Kathia Gilder (LCP-Assemblée nationale) et Alexandre Poussart (Public Sénat) passent en revue les événements et les discussions - en séance ou en commission - qui ont animé les débats. Une mise en perspective analysée en plateau par une personnalité politique.
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NewsTranscription
00:00 Générique
00:02 ...
00:08 -Bonjour à tous.
00:10 Ravie de vous retrouver pour un nouveau numéro
00:12 de "Parlement hebdo", l'émission qui vous fait revivre
00:15 les temps forts de la semaine à l'Assemblée nationale et au Sénat.
00:19 -Avec nous, sur ce plateau, Bernard Jomier.
00:21 Vous êtes sénateur attaché au groupe Socialiste,
00:24 élu à Paris, médecin de profession.
00:27 On fait le tour de l'actualité du Parlement avec vous.
00:30 -Le Parlement va-t-il toucher à la liberté d'installation
00:33 des médecins ? C'est l'enjeu d'une proposition de loi
00:36 pour lutter contre les déserts médicaux.
00:38 Le texte vise à réformer l'accès aux soins.
00:41 Les sénateurs ont réécrit la copie de l'Assemblée nationale.
00:44 Cette semaine, députés et sénateurs ont débattu
00:47 de la situation proche-orient à la tribune.
00:50 Elisabeth Borne a de nouveau condamné les attaques barbares
00:53 du Hamas, tout en appelant une trêve humanitaire.
00:56 Beaucoup ont livré leur position dans une ambiance tendue.
00:59 Et puis, quelle politique de l'immigration ?
01:02 Le projet de loi tant attendu sera débattu en novembre au Sénat.
01:05 Le gouvernement veut un vote avant la fin de l'année,
01:08 mais pour l'instant, la droite refuse de donner son feu vert
01:12 à la régularisation dans les métiers en tension.
01:14 -On commence donc avec ce texte sur l'accès aux soins,
01:18 la proposition de loi Valtho.
01:19 Elle a été adoptée après modification par les sénateurs.
01:23 C'était mercredi soir en séance,
01:25 mais face à la levée de bouclier des médecins,
01:28 elle ne prévoit pas de mesures coercitives
01:30 sur l'installation des praticiens dans les déserts médicaux.
01:33 Récit de séance avec Adrien Pin.
01:35 -Moi, je le redis, hélas, hélas, hélas.
01:38 -Une proposition de loi adoptée sans grand enthousiasme
01:41 mercredi soir.
01:42 Tous les bancs partagent le sentiment
01:44 d'un texte pas à la hauteur de ses ambitions.
01:47 -C'est une liste de mesures qui, de farde leur manque de vision globale,
01:51 ne règle pas, règle en partie, une problématique,
01:54 un enjeu. Entendez le déseroir des populations abandonnées.
01:57 Il y a urgence à agir. Au secours, madame la ministre.
02:01 -Les sénateurs ont notamment acté une obligation
02:04 des médecins du privé à faire des gardes,
02:06 pour l'instant, réservées aux médecins d'hôpitaux publics.
02:09 Mais le Sénat a épuré le texte initial.
02:12 -Toutes les mesures ambitieuses de ce texte ont été rejetées.
02:15 -Dominée par la droite et le Centre,
02:17 la commission des affaires sociales a supprimé les mesures
02:21 qu'elle jugeait coercitives.
02:22 -Le texte initial prévoyait le rattachement automatique
02:25 des médecins libéraux à des associations locales
02:28 pour mieux organiser la permanence des soins.
02:31 Le Sénat a supprimé cette disposition.
02:33 Le débat s'est surtout enflammé autour des déserts médicaux.
02:37 Des sénateurs ont tenté de réguler l'installation des médecins.
02:40 Une mesure portée par Emmanuel Macron en 2022.
02:43 Leurs amendements ont été rejetés
02:45 par crainte d'un déconventionnement massif
02:47 et d'un découragement des étudiants.
02:49 -Les jeunes, il faut les inciter, les inviter
02:52 dans un hôpital de proximité, dans un territoire sous dense.
02:56 Ce n'est pas en votant une mesure
02:57 qui risque de produire un effet délétère
03:00 sur la jeune génération que cela va faire avancer les choses.
03:03 -La proposition de loi est vivement critiquée
03:06 par les syndicats de médecins.
03:07 Lutter contre les déserts médicaux devient un jeu d'équilibriste.
03:11 La rapporteure du texte s'est fait la porte-voix des médecins.
03:14 -Nous n'assurerons pas un juste accès aux soins
03:17 par des improvisations menées contre les médecins.
03:20 -A la droite, la gauche a haussé le ton.
03:22 -Vous secouez la tête,
03:24 mais nous, nous ne savons plus quoi dire à nos concitoyens.
03:28 -Lorsque l'exercice libéral ne répond plus,
03:32 alors la puissance publique doit reprendre son rôle
03:35 et organiser les choses.
03:36 -Les sénateurs ont toutefois validé quelques mesures symboliques,
03:40 comme l'expérimentation d'une option santé au lycée
03:43 dans les déserts médicaux.
03:44 Le parcours de la proposition de loi n'est pas terminé.
03:48 Il y a un compromis en commission mixte paritaire.
03:50 -Le Sénat réécrit et adopte la proposition de loi à Valthoux.
03:55 La gauche, vous avez voté contre ce texte.
03:58 L'idée de la proposition de loi, c'était d'avoir un meilleur accès
04:02 aux soins. Pourquoi avoir voté contre ?
04:04 -Parce que l'idée ne se passe pas dans le texte
04:07 en mesure convaincante.
04:08 Ce texte n'y fait ni affaire, malheureusement,
04:12 parce qu'il rate sa cible.
04:16 C'est un texte qui fait suite au texte précédent,
04:19 qui date d'il y a à peine six mois, la loi dite "Risque 2",
04:22 qu'on a adoptée au Sénat en juillet, si ma mémoire est bonne.
04:27 Et là, quatre mois plus tard, on revient avec un nouveau texte
04:30 qui affiche cette ambition de répondre aux déserts médicaux.
04:34 Mais la seule mesure peut-être un peu utile,
04:38 enfin, significative,
04:40 c'est le partage de la permanence des soins
04:42 entre les hôpitaux et les cliniques privées.
04:45 -On y vire. -Il ne changera rien.
04:47 -La question centrale, c'est celle des déserts médicaux.
04:50 Avec ce totem de la liberté d'installation des médecins,
04:54 qu'est-ce que vous en dites ?
04:57 Vous êtes médecin vous-même.
04:59 Faut-il toucher ou pas à ce qui est vu comme un totem,
05:02 presque un tabou, liberté d'installation du médecin ?
05:05 -On meurt en politique des totems, des tabous, des symboles.
05:09 La question, c'est est-ce que c'est efficace ?
05:12 Vous avez quelques pourcents du territoire qui sont surdotés,
05:15 suffisamment ou largement dotés.
05:18 Personne ne propose de retirer les médecins
05:20 pour les envoyer ailleurs.
05:23 Ce qui est proposé, c'est d'interdire aux jeunes de s'y installer.
05:27 Mais quel effet ça va avoir ?
05:28 Vous avez 3 à 4 % de territoires surdotés,
05:31 vous en avez 87 % qui sont sous-dotés.
05:34 Donc vous pouvez dire aux jeunes, non, vous vous installerez pas là,
05:37 mais c'est une poignée chaque année.
05:40 A ce rythme-là, dans 30 ans, on n'aura pas résolu la question.
05:43 Donc il faut être sérieux.
05:45 Je veux bien qu'on... C'est dangereux, vous savez,
05:47 de mettre sur la table des mesures dont on sait qu'elles sont inefficaces,
05:51 mais parce qu'on prend une posture politique.
05:55 Parce que derrière, il n'y a pas de résultat,
05:58 et il y a encore plus de colère et d'exaspération.
06:00 Moi, je comprends la colère et l'exaspération
06:03 des personnes qui n'arrivent plus à avoir accès à un médecin.
06:07 - Une centaine de sénateurs de droite et de gauche
06:10 ont tenté par des amendements
06:11 de réguler l'installation des médecins.
06:14 Les amendements ont tous été repoussés.
06:16 On l'entendait dans le reportage,
06:18 la crainte d'un déconventionnement massif des médecins
06:21 et le signal de défiance envoyé aux étudiants de médecine.
06:25 Mais est-ce qu'on peut dire que le lobby des médecins
06:28 a gagné contre le lobby des élus locaux ?
06:30 - Non, je vois pas les choses comme ça.
06:32 D'ailleurs, parfois, ce sont les mêmes.
06:35 La seule question qui vaille,
06:37 c'est celle de l'accès de notre population aux soins.
06:40 Si c'était efficace d'interdire aux jeunes
06:42 d'aller s'installer à Cannes ou à Biarritz,
06:45 ou dans très peu d'endroits comme ça,
06:47 je voterais cette mesure. - Mais ça l'est pas.
06:50 - Mais ça ne le sera pas.
06:51 La difficulté, c'est que c'est forcément long et complexe.
06:56 Je vais vous prendre un exemple.
06:57 C'est les ophtalmos et la filière visuelle.
07:00 La situation est en train de s'améliorer.
07:02 Les délais baissent.
07:04 Pourquoi ? Parce qu'il y a quasiment 10 ans,
07:07 on a commencé à réorganiser cette filière,
07:09 à mettre en place des responsabilités supplémentaires
07:13 pour les orthoptistes,
07:14 à mettre en place des centres où vous voyez un orthoptiste
07:18 et vous ne voyez l'ophtalmo que quelques minutes,
07:21 si votre problème est simple,
07:23 et donc à gagner du temps d'ophtalmologiste.
07:25 Et ça produit des effets,
07:26 puisque les délais sont en train de se réduire.
07:29 Je ne dis pas qu'ils sont satisfaisants.
07:31 Ils sont en train de se réduire.
07:33 C'est le médecin généraliste.
07:35 C'est beaucoup ça, le problème dans l'accès aux soins de proximité.
07:39 Il y a une question des spécialités,
07:41 mais c'est le médecin généraliste.
07:43 Le dispositif des assistants médicaux,
07:45 il en est où ?
07:46 C'est très lent à mettre en place.
07:48 Les infirmières de pratiques avancées en ambulatoire,
07:52 que les syndicats de médecins réclament pour la plupart,
07:57 200, à peine 200.
07:59 On ne finance pas leur formation.
08:01 Il faudrait en former 10 000 très rapidement.
08:05 Donc payer leur formation, leur permettre de s'installer.
08:09 Tous ces dispositifs qui visent à partager les soins,
08:13 à faire monter en puissance des professions
08:16 qui ont une démographie favorable,
08:18 les infirmières, les kinés,
08:20 qui sont très nombreux, les sages-femmes,
08:22 tout ça est trop lent, il y a trop peu de volontarisme.
08:25 Il faut un dispositif santé-territoire
08:28 qui soit complet et qui soit rapide.
08:31 -Une dernière question avant d'aller sur le projet de loi
08:34 de financement de la Sécurité sociale.
08:36 On voit d'autres mesures,
08:38 comme l'encadrement de l'intérim médical,
08:40 la suppression du certificat médical
08:43 avec un certificat sur l'honneur pour les absences
08:45 en cas d'enfant malade,
08:47 ou une option santé dans les laissés pour créer des vocations.
08:50 Il y a des choses intéressantes dans cette proposition.
08:54 -La question des certificats médicaux,
08:56 on a voté cet article-là.
08:58 -Ca va beaucoup simplifier la vie des parents.
09:00 -C'est un article qui est très important.
09:03 Il y a des mesures de simplification.
09:05 Il y a des mesures de temps.
09:07 Toutes ces mesures de simplification sont bonnes à prendre
09:10 et on les vote.
09:11 Mais après, tout un ensemble de mesures est totalement inutile.
09:15 -On parle du projet de loi de financement
09:17 de la Sécurité sociale 2024, qui était à l'ordre du jour.
09:20 Il est à l'ordre du jour à l'Assemblée nationale,
09:23 mais le débat a tourné court.
09:25 Elisabeth Borne a déclenché un nouveau 49-3
09:28 pour la réforme des lois de la Sécurité sociale.
09:31 Elle a dit que le gouvernement aurait pu faire autrement.
09:34 Quelle est l'alternative, finalement ?
09:36 Ce scénario se répète sur l'épisode budgétaire.
09:39 -Si le budget de la Sécurité sociale,
09:41 la première partie, n'a même pas été adopté en commission,
09:45 c'est peut-être qu'il est très mauvais.
09:47 Quand vous regardez la gestion par le gouvernement
09:50 de la Sécurité sociale, le budget qui nous présente
09:54 est déficitaire sur les cinq années à venir.
09:56 Le second plan politique sur le budget de la Sécurité sociale,
10:00 c'est de le ramener à l'équilibre.
10:02 Il était quasiment à l'équilibre en 2017-2018,
10:05 quand Emmanuel Macron a été élu chef de l'Etat.
10:07 Il y a eu la crise Covid.
10:09 -Le gouvernement semble dire le contraire.
10:12 Il se targue de faire des mesures d'économie.
10:14 -Ah bon ? Ah bon ?
10:16 Oui, mais ce n'est pas ce que disent ces tableaux de chiffres.
10:19 8 milliards de déficit à neuf sur l'assurance-maladie en 2024
10:23 et 11 l'année suivante.
10:25 Donc le gouvernement laisse la Sécurité sociale en déficit,
10:29 et ça s'explique très simplement, d'ailleurs,
10:31 ne donne pas de perspectives positives.
10:34 Or, la Sécurité sociale est un bien précieux pour les Français.
10:38 Laisser en déficit, c'est envoyer au pays le message
10:41 que tout ça coûte cher et qu'il faut réduire les dépenses.
10:44 C'est ça, la logique.
10:46 Je suis heureux que les membres de la commission
10:48 des affaires sociales de l'Assemblée aient dit non
10:51 à cette option politique.
10:53 -Ce n'est pas fini. On va changer de sujet.
10:55 L'actualité internationale a bouleversé l'ordre du jour
10:58 du Parlement. Un débat a eu lieu à l'Assemblée nationale
11:01 et au Sénat sur la situation au Proche-Orient.
11:04 Elisabeth Borne a redit le soutien de la France à Israël
11:07 en appelant une trêve humanitaire à Gaza.
11:09 Débat sans vote réclamé par tous.
11:11 Il n'y avait pas foule, mais beaucoup de tensions
11:14 en séance comme nous le raconte Stéphanie Despierre.
11:17 -Dans un hémicycle à moitié vide,
11:19 Elisabeth Borne peine à se faire entendre.
11:22 -En prononçant ces mots...
11:24 -D'un banc à l'autre, les députés s'invectivent.
11:28 -En prononçant ces mots, je voulais affirmer...
11:31 -Mes collègues, madame la Première ministre.
11:33 -La veille, le tweet de Jean-Luc Mélenchon
11:36 contre la visite de Yael Brone-Pivet en Israël
11:38 a encore accentué les tensions françaises.
11:41 -Je tiens, madame la présidente,
11:43 personnellement, à vous apporter mon plus entier soutien
11:46 suite aux attaques intolérables
11:48 dont vous avez pu faire l'objet ces derniers jours.
11:51 J'affirme ici mon soutien à la présidente de notre Assemblée
11:54 après l'attaque abjecte dont elle a été la cible hier.
11:57 Applaudissements
11:59 -La Première ministre fustige, une fois encore,
12:02 les déclarations des Insoumis sur cette guerre
12:05 entre Israël et le Hamas.
12:07 -Nous ne devons faire preuve d'aucune ambiguïté
12:09 face à de tels crimes.
12:11 Ceux qui confondent le droit des Palestiniens
12:13 à disposer d'un Etat et la justification du terrorisme
12:17 commettent une faute morale, politique et stratégique.
12:21 Applaudissements
12:22 -Elisabeth Borne réclame une trêve humanitaire
12:25 et réaffirme la position historique de la France,
12:27 mais sans convaincre la France insoumise.
12:30 -La France, autrefois voie de la paix...
12:32 -S'il vous plaît, un peu de silence.
12:35 -...est entre vos mains devenue un Etat aligné,
12:37 sur les Etats-Unis et sur le gouvernement israélien
12:40 en guerre d'extrême droite.
12:42 -Ministre, madame Elisabeth Borne...
12:44 -Au Sénat, le climat est bien plus apaisé.
12:47 -Le déblocage d'une aide humanitaire supplémentaire
12:50 pour les Palestiniens,
12:51 les Républicains la mettent en garde.
12:53 -Pas un euro ne doit aller à une organisation
12:56 de type terroriste, comme le Hanas.
12:58 Pas un euro.
12:59 -Les communistes, eux, insistent
13:01 sur le respect du droit international.
13:04 -Nous ne pouvons accepter que l'Etat d'Israël,
13:06 que le gouvernement de monsieur Netanyahou
13:09 passe du droit à se défendre à un droit de se venger.
13:12 -C'est la position de la France qu'Emmanuel Macron rappelait
13:15 presque au même moment en Israël.
13:17 -Justement, Bernard Jomet, petite question
13:20 sur la position de la France,
13:22 qui tente de maintenir une sorte d'équilibre
13:24 entre soutien sans faille à Israël d'un côté
13:27 et appel à une trêve humanitaire.
13:29 Est-ce que, pour vous, cette position française
13:31 est claire et cohérente ?
13:33 -Oui.
13:36 Dans la dimension, d'abord,
13:38 d'un commentaire sans ambiguïté
13:41 sur l'attaque du 7 octobre.
13:43 L'attaque du 7 octobre, c'est une attaque barbare
13:46 d'un groupe terroriste.
13:47 S'il y a une telle différence, je pense,
13:49 entre l'hémicycle de l'Assemblée nationale
13:52 et celui du Sénat, c'est que, dans l'hémicycle du Sénat,
13:55 tous les groupes politiques ont condamné
13:58 sans essayer de bardumier,
13:59 de contextualiser, absolument,
14:02 cette attaque barbare.
14:04 Ca, c'est la photo.
14:06 Quand survient un événement comme ça,
14:08 effectivement, vous prenez position sur cette photo.
14:11 Le problème, c'est que les Insoumis
14:13 ont voulu contextualiser tout de suite.
14:15 Regardez le film, ce qui se passe depuis plusieurs décennies
14:18 pour l'histoire contemporaine.
14:20 -C'était une erreur ? -C'est plus qu'une erreur.
14:23 C'est une infamie.
14:24 Quand vous faites de la politique,
14:26 vous commencez par affirmer des valeurs,
14:29 des valeurs d'humanité.
14:30 Si vous ne partagez pas ces valeurs d'humanité,
14:33 vous ne pouvez pas partager d'autres combats politiques.
14:36 Et donc, la France, en portant cette condamnation,
14:40 sans faiblir de ce qui s'est passé le 7 octobre,
14:44 puis en rappelant, et moi, je me félicite
14:47 que la diplomatie française rappelle que la France
14:50 soutient en contexte... -Une solution à deux Etats.
14:53 -Une solution à deux Etats.
14:55 Ce que peu relève, c'est qu'à gauche,
14:57 il y a cette fracture que tout le monde voit,
14:59 mais à droite, qu'est-ce qui se passe ?
15:02 Les Républicains, qui sont un mouvement
15:04 qui avait vocation, en tout cas, à gouverner le pays,
15:07 qui l'a gouverné longtemps,
15:09 qui a défendu cette solution à deux Etats,
15:11 j'entends le président des Républicains,
15:14 maintenant, dériver sur une ligne
15:16 qui est une lecture, on va dire, occidentaliste,
15:19 du conflit, et donc... -Pourquoi une ligne ?
15:22 -De quoi parlez-vous ?
15:24 -J'ai entendu le président des Républicains,
15:27 Eric Ciotti, ne plus reprendre cette solution à deux Etats
15:30 et se ranger dans une vision de guerre de religion,
15:33 de guerre de l'Occident contre le reste du monde,
15:37 sur ce conflit, donc de plaquer... -Une vision idéologique.
15:40 -Cette vision idéologique sur ce conflit
15:43 et donc de quitter la position traditionnelle de la France.
15:46 C'est une fracture profonde, à droite.
15:49 -Cette semaine, on a vu le déplacement du chef de l'Etat
15:52 dans plusieurs pays du Proche-Orient,
15:54 après Israël, la Cisjordanie,
15:56 ensuite la Jordanie et enfin l'Egypte.
15:58 Que penser de sa proposition d'une coalition internationale
16:02 pour lutter contre le Hamas,
16:04 avec ce qui ressemblerait à ce qui se passait
16:07 dans le pays islamique, dans la région,
16:09 avec des pays arabes ?
16:10 -J'ai pas compris.
16:12 Je n'ai pas compris, parce que qu'est-ce qu'elle révèle ?
16:16 De vouloir à tout prix faire croire
16:20 que la France a une influence dans la région
16:22 au prix d'une proposition iconoclaste
16:25 et qui porte le clivage que je dénonce ?
16:28 -C'est aussi associé aux pays arabes
16:31 avec les pays occidentaux
16:32 dans la lutte contre le terrorisme.
16:34 -C'est aussi associé aux pays arabes.
16:37 -C'était mal préparé, cette proposition.
16:39 -Mais elle n'a pas de sens.
16:41 Vous avez saigné la dimension, pour le coup,
16:45 politique profonde de ce qui se passe
16:47 en Palestine et en Israël.
16:50 Il y a un peuple palestinien, il existe,
16:54 ses droits ont été bafoués depuis trop longtemps,
16:57 l'absence de solution politique crée un chaos.
17:01 Et vous avez une puissance régionale, l'Iran,
17:03 qui mêle à ce conflit local
17:07 une dimension religieuse, islamiste,
17:10 et là, vous avez une espèce d'amalgame
17:12 qui se constitue, et vous avez en France
17:15 des lectures politiques qui ont l'air satisfaites
17:19 de cet amalgame, qui le portent, alors qu'il est dangereux.
17:23 C'est pour ça qu'il faut en revenir à la position équilibrée
17:26 et traditionnellement celle de la France.
17:29 -On en est loin, le problème, on l'a dit,
17:32 il est complexe, global, mais est-ce que vous ne pensez pas
17:35 que la France et ses gouvernements successifs
17:37 ont un peu abandonné le Proche-Orient à son sort ?
17:41 -En tout cas, on a clairement... -Pendant plusieurs années.
17:45 -La communauté internationale, le Conseil de sécurité
17:48 des Nations unies s'est clairement trop mis en retrait,
17:51 s'est trop désintéressée de la situation au Proche-Orient.
17:54 Et on a, je pense, donné l'impression,
17:57 ce n'est peut-être pas qu'une impression,
18:00 de ne pas condamner suffisamment la dérive
18:02 du gouvernement israélien.
18:04 Benyamin Netanyahou... -Avoir laissé faire
18:06 Benyamin Netanyahou. -Rappelez-vous,
18:08 quand Yitzhak Rabin a été assassiné,
18:10 lui qui portait un vrai processus de paix,
18:13 il a été assassiné par un extrémiste juif.
18:15 Si ce jeune extrémiste était vivant aujourd'hui,
18:18 il serait probablement dans les mouvements politiques
18:21 auxquels Benyamin Netanyahou est associé au gouvernement.
18:24 Et ça, c'est grave. Et nous avons laissé faire.
18:27 Nous n'avons pas parlé suffisamment fort.
18:29 La voie de la France s'est éteinte, tranquillement,
18:32 peut-être parce qu'il y avait d'autres priorités,
18:35 mais le résultat, c'est que ce conflit ancien
18:38 se rappelle à nous.
18:39 -Bernard Jomier, on en vient au dernier thème
18:41 dans cette émission, le projet de loi immigration.
18:44 Il arrive du jour du Sénat, le 6 novembre.
18:46 Il a été plusieurs fois repoussé depuis un an, un an et demi.
18:50 Les tensions sont fortes autour de ce texte,
18:52 même si le gouvernement espère un vote d'ici la fin de l'année.
18:56 Au coeur des tensions, il y a l'article 3.
18:58 La réaction du chef de file des centristes
19:01 au Sénat Hervé Marseille.
19:02 -Les Républicains sont d'accord avec nous pour dire
19:05 qu'on peut rectifier tout ça par voie circulaire.
19:08 Si la circulaire valse, on la rectifie.
19:10 Le seul point, le seul point,
19:12 c'est que dans l'article, dans un article de la loi,
19:16 l'article 3, ou un autre,
19:18 on puisse dire qu'on va changer la circulaire.
19:20 Parce qu'à l'Assemblée, il y a des gens qui vous disent
19:23 "si y a pas ça, on vote pas", et eux, "si on le met, on vote pas".
19:27 Si on veut ou si on veut pas que ce texte soit voté,
19:30 c'est un autre sujet, mais il faut assumer.
19:32 -L'article 3, on le rappelle,
19:34 c'est cet article sur la régularisation des sans-papiers
19:37 dans les métiers en tension.
19:39 Que pensez-vous de toute cette tension
19:41 autour de ce projet de loi immigration,
19:43 qui est un long feuilleton, ça fait plus d'un an qu'il est là ?
19:47 -Oui, et vous le savez, ça doit être la 28e, 29e loi,
19:50 en 30 ans, je ne sais plus exactement.
19:52 -29e depuis 1984. -Merci.
19:54 Merci. Donc voilà.
19:55 Donc en une trentaine d'années.
19:57 -Ca fait beaucoup.
19:59 -Je crois qu'il y a un point auquel je souscris tout à fait
20:02 dans ce que dit Hervé Marseille,
20:04 c'est qu'au fond, on n'a pas vraiment besoin d'une loi
20:07 sur cette question-là.
20:08 Cette volonté à tout prix de légiférer sans cesse
20:12 est une volonté de posture poétique.
20:14 Ce qui me marque, quand vous lisez la loi,
20:17 lisez juste les titres de chaque article,
20:19 c'est une loi de peur...
20:21 aux étrangers, c'est une loi de repli sur soi.
20:25 -Il y a autant de tumultes autour de ce fameux article 3
20:28 si on peut déjà régulariser par d'autres voies,
20:30 notamment par la voie de la circulaire valse.
20:33 -Mais parce qu'une partie du monde politique,
20:36 à droite, à l'extrême droite,
20:38 et une partie de la majorité présidentielle,
20:40 mais j'espère que ce n'est qu'une minorité,
20:43 a des réactions de rejet vis-à-vis d'étrangers
20:47 qui sont présents sur notre sol et qui ne posent aucun problème.
20:50 Les mêmes qui vont le soir au restaurant
20:53 et sont contents du repas qu'ils font
20:55 ne vont pas ouvrir la porte de la cuisine.
20:57 Ils verraient des étrangers qui font la cuisine,
21:00 qui mènent une vie paisible, qui se lèvent tôt le matin,
21:03 qui travaillent tard le soir et qui ne demandent qu'une chose,
21:06 c'est qu'on reconnaisse ce qu'ils font dans notre pays.
21:10 Les mêmes prennent des postures
21:12 qui sont sur cet article 3, de dire
21:14 "on ne peut pas les régulariser, on va faire un appel."
21:17 C'est faux. On sait que c'est faux. Ca n'existe pas.
21:21 - Y a-t-il une impasse politique pour le gouvernement
21:23 avec l'aile gauche de la Macronie qui tient à cet article 3,
21:27 les LR qui ont une ligne rouge absolue,
21:29 les centristes qui essayent de trouver un compromis ?
21:32 Y a-t-il une impasse politique pour Gérald Darmanin ?
21:35 - On verra bien s'il s'en sortira, mais il s'y est mis tout seul.
21:39 Le gouvernement s'est mis dans cette impasse.
21:41 Il n'y avait aucune nécessité de légiférer sur cette question.
21:45 Si vous regardez l'ensemble du texte,
21:47 il ne porte que des points qui sont des points
21:50 de rejet d'étrangers, y compris...
21:52 Vous savez, quand vous êtes étranger en France...
21:55 - A fortiori, s'il n'y a plus cet article 3 dans le texte.
21:58 - A fortiori, s'il n'y a plus, mais de toute façon,
22:01 vous avez d'autres articles qui portent sur les étrangers malades
22:05 ou sur la carte talent, puisqu'on parlait de santé.
22:08 Ce qui est marquant, c'est qu'on ne veut plus
22:11 des étrangers malades dans notre pays,
22:13 mais on veut prendre les médecins des pays du Sud.
22:18 On est un pays qui se replie...
22:20 - Un texte de rejet des étrangers.
22:22 - Mais c'est un texte de peur de repli et de rejet.
22:25 Et ce n'est absolument pas à la hauteur de ce qu'est notre pays.
22:29 Notre pays change, oui, le monde change,
22:31 et vouloir penser qu'on va revenir...
22:34 Parce que c'est ce qu'il y a derrière.
22:36 Tout ça se mêle avec, évidemment, le terrorisme islamiste.
22:40 C'est ça qui est mêlé dans ce texte.
22:42 Quand vous lisez les amendements que déposent
22:45 certains collègues de droite sur ce texte,
22:48 le mélange des thèmes,
22:49 c'est un pays qui a peur, qui se replie,
22:53 et qui pense qu'il va revenir aux années 50.
22:56 Mais maintenant, les années 50,
22:58 pour venir en France ramasser la Méditerranée,
23:01 c'était très compliqué.
23:02 Maintenant, c'est plus simple.
23:04 - Retirer un titre de séjour à une personne
23:07 qui ne respecte pas les valeurs de la République,
23:10 c'est du bon sens, non ?
23:12 Le respect des valeurs de la République,
23:15 c'est ce qu'on peut attendre d'une personne...
23:18 - Précisément.
23:19 Quand je vous dis qu'il y a quelques dispositions
23:21 dans ce texte qui sont acceptables,
23:24 je ne vous dis pas que...
23:25 Mais la philosophie du texte est détestable.
23:28 Vous parlez de ne pas respecter les valeurs de la République.
23:32 J'ai lu des amendements qui proposent
23:34 de retirer les titres de séjour
23:36 ou de ne pas accepter de régulariser
23:38 quelqu'un qui a commis une faute mineure
23:41 que vous, moi, tout le monde peut connaître.
23:43 Voilà. Donc, on est bien dans une lecture politique
23:47 qui est très, très, très une lecture de peur,
23:51 qui est destinée probablement à satisfaire
23:53 ou à empêcher l'extrême droite de se développer.
23:56 Je ne sais pas où ça en est,
23:58 mais toujours est-il que nous, nous combattons fermement
24:01 cette ligne, car elle n'est pas à la hauteur de la France.
24:05 - On voit que ce sera compliqué pour le gouvernement.
24:08 Le débat n'a pas encore commencé.
24:10 Si les choses sont mal engagées pour le gouvernement,
24:13 vous pensez qu'il peut recourir à un nouveau 49-3 ?
24:16 Il sera précieux, celui-là, puisqu'on n'est plus
24:19 dans le débat budgétaire, donc il grille une cartouche.
24:22 La seule de la session.
24:23 - Je pense qu'utiliser la procédure du 49-3,
24:27 c'est-à-dire empêcher le Parlement de délibérer au fond
24:30 sur une question aussi importante,
24:32 pas pour dire que le budget n'est pas important,
24:35 mais sur une question sociétalement aussi importante,
24:38 serait un formidable aveu d'échec pour le gouvernement.
24:42 Il n'est pas en situation de faire comprendre
24:44 et de faire partager sa ligne politique
24:47 par ne serait-ce que sa propre majorité.
24:49 C'est ça que ça signifiera.
24:51 On voit bien que la majorité présidentielle
24:54 est divisée sur ce texte.
24:55 Il se sera mis lui-même dans l'échec,
24:58 et ce sera un échec sur l'échec.
25:00 - Il nous reste 30 secondes.
25:01 La transformation d'une aide médicale d'Etat
25:04 en aide médicale d'urgence,
25:06 comme la droite va le voter au Sénat,
25:08 et comme Gérald Darmanin s'est dit favorable,
25:11 qu'est-ce que ça vous évoque ?
25:13 - C'est un dispositif de santé publique.
25:15 C'est un dispositif de santé publique.
25:18 C'est un dispositif de santé publique.
25:20 C'est un dispositif de santé publique.
25:22 C'est un dispositif de santé publique.
25:25 C'est un dispositif de santé publique.
25:27 C'est un dispositif de santé publique.
25:30 C'est un dispositif de santé publique.
25:33 C'est un dispositif de santé publique.
25:35 C'est un dispositif de santé publique.
25:38 C'est un dispositif de santé publique.
25:41 ...