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[#Interview] Gabon : réaction de Yannick Ebibie à la mesure du CTRI en faveur des PME


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Transcription
00:00 [Musique]
00:17 Yannick Hébillier, directeur général de la Société d'incubation numérique du Gabon.
00:20 [Musique]
00:34 C'est une décision qui est très bien accueillie par l'écosystème des PME, des TP au Gabon,
00:41 puisque dans l'ensemble des mesures qui avaient été prises jusqu'à présent sur le CTRI,
00:45 il n'y en avait aucune qui permettait spécifiquement aux entrepreneurs,
00:50 à ceux qui se lèvent tôt le matin, de pouvoir justement bénéficier du renouveau
00:56 et de ce nouveau régime qui se met en place.
01:00 Donc, toutes les PME, les TPE que nous avons pu rencontrer accueillent cette annonce
01:06 avec beaucoup de satisfaction, mais toujours est-il qu'il y a encore justement des problèmes de fonds
01:13 qu'il faudra régler pour s'assurer que cette annonce puisse réellement avoir l'impact recherché.
01:18 [Musique]
01:31 Dans le cadre de l'entrepreneuriat national, effectivement, ça peut être une aubaine,
01:36 parce qu'au moins on sait que ça va donner une règle claire pour les acteurs des marchés publics
01:42 qui sont en dessous de 150 millions, on doit donner cela à les entreprises gabonaises.
01:46 Il y a des questions qui restent encore ouvertes, puisque aujourd'hui, quand vous regardez la commande publique,
01:51 61% des marchés de la commande publique sont attribués aujourd'hui à des entreprises gabonaises,
01:56 c'est-à-dire des entreprises de droit gabonais.
01:58 Donc, est-ce que cette mesure, déjà qu'elle s'applique uniquement au secteur du BTP,
02:04 ce sera intéressant qu'elle puisse s'appliquer à l'ensemble des secteurs de l'économie,
02:09 pouvoir faire éclore l'entrepreneuriat national, et qu'ensuite,
02:12 que l'on puisse être beaucoup plus précis sur les règles d'attribution.
02:15 Aujourd'hui, par exemple, pour pouvoir bénéficier de l'agrément PME,
02:18 il faut être une PME dont l'entrepreneuriat est détenu à plus de 51% par un gabonais.
02:26 Donc, est-ce qu'il faudra annoncer ces marchés de moins de 150 millions également aux détenteurs des agréments ?
02:33 Et ça pose toute la problématique de simplification d'accès à cet agrément-là,
02:37 et de donner plus d'informations sur les questions d'agrément.
02:40 L'autre volet, c'est qu'une fois que les marchés ont été attribués,
02:44 la difficulté qu'on a souvent, c'est d'avoir des entreprises qui sont suffisamment structurées
02:48 pour arriver à exécuter correctement ces marchés-là,
02:50 ou souvent structurées pour pouvoir bénéficier de préfinancements ou de fonds d'amortissage auprès des banques.
02:57 Donc, aujourd'hui, pour que cette mesure ait réellement un impact auprès des PME,
03:01 il faut, c'est vrai, centraliser ces marchés pour les PME nationales,
03:05 mais, deuxièmement, il me semble qu'il faudrait mettre en place toute une politique d'accompagnement.
03:09 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, la Chambre de Commerce, il faudrait vraiment la réactiver,
03:14 pour que cette Chambre de Commerce, grâce à son centre de gestion agréé, puisse accueillir justement toutes ces PME-là,
03:19 pouvoir les structurer d'un point de vue comptable, d'un point de vue fiscal,
03:22 mais également d'un point de vue opérationnel et stratégique,
03:25 pour qu'elles soient capables d'être des partenaires fiables pour l'État.
03:28 Parce que ce n'est pas tout d'obtenir des marchés, mais il faut aussi avoir justement la fiabilité
03:31 qu'on nous permet de pouvoir exécuter ces marchés-là, et au-delà de ces marchés de l'État,
03:35 être capable de pouvoir aller chercher des marchés en dehors des marchés d'État,
03:39 donc des marchés dans le secteur privé, et pourquoi pas à l'international.
03:45 L'autre volet, c'est que ces marchés-là, une fois qu'ils sont attribués,
03:49 il faudrait bien que les PME sachent à quel moment les marchés sont publiés, ce qu'il faut faire.
03:53 Aujourd'hui, il y a un site Internet des marchés publics qui existe, qui n'est pas exhaustif,
03:58 mais que l'on pourrait améliorer, et il y avait une bourse de sous-traitance
04:02 qui était prévue au niveau de la Chambre de Commerce, qu'il est temps de mettre en ligne.
04:06 Aujourd'hui, il y a des outils technologiques très simples qui permettent de créer des bourses
04:10 de sous-traitance digitalisées, qui permettraient à n'importe quel entrepreneur d'être au courant
04:14 des marchés qui sont mis en place, des conditions, et que l'on voit en toute transparence
04:18 quelles sont les entreprises qui arrivent à les gagner, et sur quels critères.
04:22 Cela va créer une émulation qui va permettre aux entreprises et aux nationales de pouvoir se développer.
04:28 Et enfin, il y a la question de l'accès au financement.
04:32 Aujourd'hui, l'État subventionne beaucoup de très grandes entreprises.
04:36 Dans le top 5 de nos grandes entreprises, il y a beaucoup de subventions qui viennent de l'État,
04:41 ou parfois, en tout cas des marchés de rente entre État et certaines entités de grand niveau.
04:47 Aujourd'hui, on n'a aucun mécanisme national qui accorde des subventions, ou même des aides,
04:52 ou des prêts à taux zéro aux petites et moyennes entreprises.
04:56 Nous pensons que, vu que les banques commerciales ne peuvent pas prendre un certain niveau de risque,
05:01 l'État, comme il l'a fait déjà pour les grandes entreprises qui existent aujourd'hui,
05:05 l'État pourrait venir en aide à ces petites et moyennes entreprises qui sont performantes
05:10 et qui auront besoin d'aide de financement non bancaire pour pouvoir accéder plus facilement
05:15 à cette commande publique et, pourquoi pas, développer encore une offre pour des marchés à l'international.
05:20 L'économie numérique, entre 2009 et maintenant, a connu une évolution vraiment positive.
05:38 C'est l'un des secteurs qui a connu un dynamisme intéressant.
05:41 On le situe aujourd'hui entre 5 et 6 % du P&B, avec plus de 10 000 emplois qui sont créés dans le secteur.
05:47 C'est un secteur qui était dominé beaucoup par les entités d'infrastructures.
05:53 Dans le secteur privé, c'était surtout des sociétés de télécom, de réseau qui étaient mis en place.
05:58 Et dans le secteur public, on n'avait que des agences qui étaient dédiées aux structures.
06:02 Depuis 2018, des structures comme la nôtre essayent de voir comment on peut créer de l'inclusion économique grâce au numérique.
06:08 On a réussi à créer un déploiement de sociétés de services en numérique,
06:13 de sociétés dans l'infographie et des agences de communication qui se sont lancées.
06:18 Cette année, nous allons essayer de pouvoir chiffrer et de voir comment elles peuvent contribuer de plus en plus à la création des richesses.
06:25 C'est un secteur qui est vraiment dans un dynamisme.
06:29 Le Gabon est aujourd'hui identifié comme le pays le plus connecté d'Afrique centrale et de l'Ouest.
06:34 Il est désormais temps de mettre en place une politique qui ferait en sorte que notre économie numérique puisse créer de l'inclusion économique,
06:41 mais également puisse créer de l'emploi.
06:44 Il y a quatre choses qui justifient cet état de fait.
07:00 La première chose, c'est que l'impact de ces startups n'est pas mesuré.
07:06 Lorsque vous regardez le tableau de bord de l'économie, il n'y a pas suffisamment de données sur l'impact de ces startups dans le numérique.
07:15 La première chose serait de pouvoir le mesurer, soit en mettant en place un observatoire sur ces questions-là,
07:22 en faisant en sorte que le ministère de l'économie et le ministère de l'économie numérique puissent travailler ensemble
07:28 pour pouvoir mesurer et surveiller comment ce secteur-là, petit à petit, aide à transformer l'économie gabonaise.
07:35 Le deuxième frein que l'on a aujourd'hui, c'est le fait qu'il n'y ait pas de politique nationale active sur l'appui des startups au niveau du Gabon.
07:45 C'est-à-dire qu'il nous faut des programmes, financés par l'État, comme ça se fait dans d'autres pays, en France ou aux États-Unis,
07:51 qui vont permettre ensuite à ces startups-là de pouvoir se développer.
07:55 Le troisième frein, c'est le fait que l'administration et les grandes entreprises ne sont pas suffisamment elles-mêmes digitalisées,
08:02 mais surtout, souvent, ne font pas suffisamment confiance aux acteurs locaux.
08:06 C'est pour ça que ce serait intéressant qu'il y ait également, au sein des entreprises, mais également au sein de l'administration,
08:11 une règle qui fait en sorte que des marchés d'une certaine taille, des marchés d'une certaine complexité, soient plutôt attribués aux entreprises locales.
08:19 C'est pour ça que l'écosystème s'est organisé autour de la TEC 241, un syndicat des entreprises technologiques,
08:24 qui réunit tous les acteurs locaux qui seront capables de pouvoir dématérialiser l'administration ou les grandes entreprises,
08:32 avec tous les critères de sécurité et de qualité qu'il faut.
08:36 Et enfin, le quatrième frein, c'est qu'aujourd'hui, on a un cadre législatif qui encourage justement les PME et les TPE,
08:46 mais le cadre législatif du numérique ne prend pas suffisamment en compte la nature des start-up du numérique.
08:53 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, vous avez la Commission nationale des données à caractère personnel, vous avez l'ARCEP, vous avez les impôts,
09:03 qui ont une législation qui n'est pas adaptée à la nature des start-up innovantes,
09:06 qui ont souvent besoin de plus de temps pour pouvoir capitaliser sur leurs produits,
09:12 qui ont besoin de plus de temps pour pouvoir trouver les talents nécessaires pour faire tourner cette entreprise.
09:19 Donc il serait intéressant qu'on arrive à voir une réflexion pour créer un espèce d'agrément start-up du numérique,
09:27 qui fait en sorte qu'il y a certains allègements ou certains avantages qui permettent à la start-up de prendre le temps de se développer,
09:34 de prendre une certaine vitesse de croisière, afin que l'État puisse prendre sa part dans la richesse qui est créée par ces start-up du numérique.
09:42 Aujourd'hui, j'encourage vraiment les autorités à se pencher sur la question de la Chambre de commerce du Gabon et ses outils,
09:56 c'est-à-dire le Centre de gestion agréée et la Bourse de sous-traitance.
10:01 Nous pensons que ce sont ces outils-là qui vont réellement permettre aux PME et aux TPE de pouvoir contribuer plus fortement à la création de richesses au Gabon.
10:10 Parce que ces PME, ces TPE sont fragiles naturellement, 80% d'entre elles disparaissent avant leurs 5 premières années,
10:20 donc c'est important que la Chambre de commerce, le Centre de gestion, les Bourses de sous-traitance soient mises en place
10:27 pour pouvoir favoriser l'éclosion de ces start-up-là.
10:30 Bien entendu, les incubateurs, nous allons intégrer ces outils-là pour que nous puissions également apporter notre contribution au développement de l'entrepreneuriat national.
10:41 Merci.
10:42 [Musique]

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