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00:00 Voici comment nos médias et nos gouvernements ont manipulé notre avis sur la situation israélo-palestinienne.
00:05 Alors la première chose, ça a été la manipulation de notre empathie avec un traitement médiatique inégal des civils.
00:10 Pour les civils israéliens, les médias employaient le terme "tuer", qui évoque une douleur et une souffrance particulière,
00:15 alors que pour les civils palestiniens, les médias employaient le terme "mort",
00:18 ou des bilans de mort qui n'évoquent aucune émotion, juste des faits froids.
00:21 Et cette inégalité a été extrêmement critiquée sur les réseaux, forçant les médias à arrêter cette distinction.
00:26 Mais ce n'est pas suffisant.
00:27 Les inégalités ont persisté en termes d'images. Si vous le remarquez, les civils palestiniens sont très peu humanisés.
00:32 On va les représenter sous forme de cadavres, de sacs mortuaires, de ruines ou encore de bâtiments explosés.
00:37 Tandis que les civils israéliens vont être identifiés.
00:39 On va donner leur nom, leur visage, on va raconter leur histoire.
00:42 On va mettre en avant nos ressemblances culturelles.
00:44 Les victimes lisaient du Harry Potter, les victimes allaient dans des festivals.
00:47 Les médias les ont humanisés, ce qui devrait être la norme pour tout le monde,
00:50 mais qui n'a pas été fait pour les civils palestiniens, qui sont représentés sans nom, sans histoire,
00:54 et qu'on résume à des personnes pauvres, dans un pays lointain, en guerre depuis des années,
00:58 et qui paraissent donc très loin de notre quotidien.
01:00 Qu'est-ce que cette inégalité de traitement va créer dans notre psychologie ?
01:03 Eh bien une empathie plus forte pour la victime qui nous ressemble, à laquelle on va s'identifier,
01:07 parce que justement elle a été humanisée,
01:09 et à l'inverse une absence totale de compassion pour les autres victimes,
01:12 qui elles sont déshumanisées, qui ne nous créent aucune émotion,
01:15 et qu'on voit uniquement comme des chiffres ou des statistiques lointaines.
01:18 Et cette absence de compassion va d'ailleurs justifier la deuxième manœuvre que j'appelle les condamnations sélectives.
01:23 C'est-à-dire que, que ce soit nos médias ou le gouvernement,
01:26 il y a eu à juste titre une condamnation ferme et unanime,
01:29 suite aux attaques terroristes du Hamas du 7 octobre,
01:31 des plateaux dédiés, des discours complets, bref, le consensus était très clair.
01:35 Mais dès lors qu'on s'intéresse aux attaques commises par Israël,
01:38 là ce n'est plus clair et on va nous dire que c'est un conflit compliqué.
01:42 Et il n'y a eu aucune condamnation unanime, ni de remise en contexte,
01:46 de tous les crimes commis par Israël,
01:48 que le droit international, les ONG et même l'ONU dénoncent depuis des années.
01:52 À savoir la colonisation de la Palestine par Israël et son occupation illégale,
01:56 le régime d'apartheid qu'Israël impose aux Palestiniens qui sont privés de certains droits,
02:00 les blocus illégaux qu'Israël impose à la Palestine,
02:03 et les bombardements intempestifs sur Gaza,
02:05 qui est non seulement une zone civile, mais surtout dont la moitié de la population sont des enfants.
02:08 Et cette différence de traitement, elle était flagrante sur les plateaux télé.
02:11 Chaque prise de parole considérée comme pro-palestinienne était régulièrement coupée,
02:15 mais surtout, il fallait d'abord condamner les actes terroristes du Hamas.
02:19 - Attendez, elles ont pensé que c'est pas important que l'Algérie et la Tunisie
02:23 auraient pu condamner ces attentats.
02:26 - Excusez-moi, vous soutenez ce que Hamas a lancé ?
02:30 Alors qu'aucune personne pro-israélienne n'a dû condamner le fait qu'Israël
02:34 commet des crimes de guerre, d'apartheid, de colonisation ou de nettoyage ethnique,
02:38 qui sont encore une fois des termes que même l'ONU emploie.
02:40 Au contraire, on a pu voir à la télé des interventions extrêmement violentes
02:44 où on justifiait et où on encouragait la mort de civils palestiniens en toute impunité.
02:48 - Mais honnêtement, j'en ai rien à faire de ce qu'ont devenu les 2000 personnes à Gaza.
02:52 - Bon, si Israël aujourd'hui a le devoir de répondre de manière la plus impitoyable qu'il soit...
02:56 Et d'un point de vue gouvernemental, ça a été la même chose.
02:59 Quand Israël a décidé de faire un blocus sur Gaza,
03:01 couper eau, nourriture et électricité aux civils gazaouis,
03:04 il n'y a eu aucune condamnation ferme de la part d'Emmanuel Macron,
03:07 qui pourtant avait été le premier à condamner fermement la Russie
03:10 lorsqu'elle avait fait la même chose à la population ukrainienne.
03:13 D'ailleurs, si vous regardez bien dans tous ses tweets,
03:15 Emmanuel Macron n'incrimine jamais Israël.
03:18 Même lorsqu'il tweet en disant qu'il veut ouvrir un couloir humanitaire,
03:21 eh bien il ne condamne pas Israël et ses bombardements intempestifs sur des zones civiles,
03:25 qui sont la raison pour laquelle il faut un couloir humanitaire.
03:28 Et encore une fois, qu'est-ce que cette inégalité de traitement crée dans notre psychologie ?
03:31 Eh bien les actes d'Israël ne sont pas condamnés,
03:33 ils sont donc passés sous silence et sont perçus comme non responsables,
03:37 alors qu'en face, on résume la situation palestinienne au Hamas,
03:40 au terrorisme et à une condamnation unanime.
03:43 Ce qui a permis de créer un raccourci vicieux dans l'inconscient des gens.
03:46 Palestine = terrorisme.
03:48 Et la conséquence, c'est la troisième manœuvre, à savoir le droit sélectif à la parole.
03:51 Car en effet, le résultat, c'est que toute compassion ou soutien pour la cause palestinienne
03:55 va potentiellement être considérée comme de l'apologie du terrorisme.
03:59 On l'a vu avec Karim Benzema, qui a tweeté un soutien aux civils palestiniens
04:02 et qui a directement été accusé par le ministre de l'Intérieur
04:05 d'être un soutien des frères musulmans.
04:08 Tout ça sans preuve, je pense qu'il est important de le dire,
04:10 et vous avez même des élus qui ont proposé sa déchéance de nationalité
04:13 et le retrait de son ballon d'or.
04:15 Et cette criminalisation des soutiens à la Palestine, on l'a vu aussi avec les manifestations.
04:19 Les manifestations en soutien aux civils israéliens ont été autorisées, ce qui est normal,
04:22 mais pour les manifestations en soutien aux civils palestiniens,
04:25 le ministre de l'Intérieur en personne a demandé à ce qu'elles soient
04:29 systématiquement interdites pour risque de trouble à l'ordre public.
04:33 Alors heureusement, le Conseil d'État a fini par s'y opposer
04:35 et une manifestation a donc pu se dérouler.
04:37 Et ça prouve quand même le raccourci que notre propre gouvernement a fait
04:41 en estimant qu'une compassion pour les civils palestiniens
04:43 signifie trouble à l'ordre public, c'est-à-dire violence, délinquance,
04:47 et c'est encore une fois une forme de criminalisation.
04:50 Et le résultat sur notre psychologie, encore une fois, c'est quoi ?
04:52 C'est que beaucoup de personnes ne vont plus oser exprimer leur compassion
04:55 à la population palestinienne par peur d'être assimilées à ce raccourci de terroristes.
04:59 Et ce droit sélectif à la parole, il va dans les deux sens,
05:01 parce qu'il y a plusieurs associations israéliennes comme Tzedek
05:04 qui se mobilisent activement contre la colonisation de Palestine
05:07 du gouvernement israélien.
05:08 Mais ce n'est pas ces personnes-là qu'on va inviter sur les plateaux télé,
05:11 alors qu'il faut savoir que la population israélienne
05:13 se lève de plus en plus contre les agissements
05:15 du gouvernement d'extrême droite de Netanyahou.
05:18 La communauté juive orthodoxe d'ailleurs,
05:20 qui est considérée comme la branche vive la plus pratiquante et la plus rigoureuse,
05:23 a plusieurs fois manifesté pour condamner la colonisation de la Palestine
05:27 par le gouvernement d'Israël.
05:29 Mais là aussi, en France, les médias n'en parlent pas.
05:31 Et le fait de couper la parole aux nombreux Israéliens
05:33 qui soutiennent la cause palestinienne
05:35 et de choisir uniquement des intervenants
05:37 qui vont avoir un parti pris particulier,
05:39 c'est une manière de manipuler nos avis, encore une fois,
05:42 et de nous faire croire que le gouvernement d'extrême droite israélien
05:45 a le soutien de tout son peuple et agit avec l'unanimité des siens.
05:49 Ce qui rend psychologiquement le gouvernement israélien très légitime
05:52 et donc moins attaquable et moins critiquable.
05:55 Alors que c'est faux, Netanyahou et tous ses ministres
05:57 sont de plus en plus critiqués,
05:58 sont de plus en plus accusés par les citoyens israéliens
06:00 et le fait que ces informations soient passées sous silence,
06:02 c'est une forme de malhonnêteté intellectuelle.
06:04 Car, encore une fois, ça crée un raccourci psychologique
06:06 où l'on finit par associer les gouvernements à leur population.
06:10 Tous les Israéliens seraient donc des sionistes d'extrême droite
06:13 qui veulent raser tout Gaza
06:14 et tous les Palestiniens seraient des terroristes islamistes
06:16 qui veulent détruire Israël.
06:17 Et le résultat, c'est quoi ?
06:18 C'est qu'avec de tels raccourcis,
06:20 toute discussion autour de ce sujet devient impossible
06:22 et bingo, le sujet devient tabou et divise toute la société.
06:25 Et c'est pourquoi quand Emmanuel Macron nous dit dernièrement
06:28 qu'il a peur que ce conflit divise la société française,
06:31 et bien c'est justement ces doubles standards qu'on vient de voir
06:34 qui divisent la société française
06:35 et qui renforcent cette logique de camp
06:37 avec le camp pro-Palestine et le camp pro-Israël.
06:39 Et c'est uniquement en faisant preuve d'honnêteté intellectuelle
06:42 et d'égalité de traitement,
06:43 qu'on pourra éviter cette division
06:45 qui finalement est contre-productive à la paix
06:47 que nos gouvernements disent vouloir obtenir.
06:49 En tout cas, dites-moi laquelle de ces trois manœuvres
06:51 vous aviez déjà remarqué
06:52 et si vous en avez repéré d'autres,
06:54 écrivez-le en commentaire
06:55 car vous l'aurez compris, cette liste n'est clairement pas exhaustive.