Un dialogue poétique : Jacques Prévert rend visite à Matthieu Gonet - Un moment d'échange entre deux générations artistiques, capturant l'esprit créatif et l'inspiration intemporelle.

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Transcript
00:00 [Musique]
00:11 C'est le hasard complet qui m'amène aujourd'hui à cette rencontre avec Bruno
00:15 que je ne connais absolument pas, que je n'ai jamais rencontré.
00:17 Surtout, il y a une chose, c'est que je suis absolument passionné par la médiumnité.
00:21 C'est une chose dont on ne parle pas parce que c'est un peu quelque chose de honteux aujourd'hui en 2017.
00:26 Néanmoins, je trouve que le projet de Bruno et de cette chaîne est incroyable
00:31 parce que ça permet de montrer au grand public que l'on peut croire en cela,
00:35 que ça peut être très bénéfique et qu'on n'est pas nécessairement complètement fou si l'on consulte un médium.
00:40 Je suis absolument ravi de le rencontrer et pour tout dire, très impatient.
00:44 Bonjour !
00:47 Il y a quelqu'un qui est lié à votre père, Mathieu, qui est décédé.
00:49 C'est votre grand-père paternel qui est décédé ?
00:51 - Mes deux grands-parents. - Deux grands-parents.
00:53 - Parce qu'en fait, j'ai d'abord eu votre grand-père. - Tous mes grands-parents.
00:54 Mais après, il y a la grand-mère qui est venue juste au moment où j'arrivais ici.
00:58 - Laquelle ? - Je pense que c'est la grand-mère paternelle.
01:00 Je pense que c'est vos grands-parents qui sont là.
01:02 Il y a vraiment ces deux personnes comme des petits anges qui se portent sur vous,
01:05 qui sont là au-dessus de vous et qui regardent beaucoup ce que vous faites.
01:08 La façon dont vous travaillez est très classique.
01:10 On me dit que vous travaillez comme...
01:12 À la limite, l'ordinateur ne vient qu'à la fin.
01:14 Vous êtes vraiment en train d'écrire avec...
01:15 - C'est ça. - Disque, vous travaillez avec la plume quasiment.
01:18 Pas avec la plume, avec un crayon.
01:20 - Un crayon. - Mais je fais tout au papier.
01:22 - C'est extraordinaire. - C'est drôle.
01:24 On tourne et on est en...
01:25 Il y a les caméras, mais on parle vraiment beaucoup de choses qui sont liées au cinéma,
01:30 aux choses qui tournent.
01:31 C'est comme s'il y avait eu quelque chose comme un tournant dans votre carrière
01:34 ou quelque chose que vous aviez voulu complètement changer,
01:36 comme quelque chose que vous voulez complètement renouveler.
01:38 - C'est ça. - Et...
01:39 Je sais que vous étiez une personne assez reconnue au niveau de la Sarrac-Alimé,
01:44 mais vous ne reniez pas ce que vous avez fait, bien entendu.
01:46 On a l'impression qu'il y a quelque chose de beaucoup plus vaste à faire.
01:49 C'est comme si vous étiez un auteur-compositeur dans ce que vous faites.
01:51 C'est assez amusant, l'idée de se dire...
01:52 C'est comme si vous étiez, même pour du cinéma,
01:54 comme si vous étiez un auteur-compositeur.
01:56 C'est amusant qu'on parle comme ça.
01:57 - C'est exactement ça.
01:58 Parce qu'aujourd'hui, j'ai la chance de faire de la musique de film et d'en vivre.
02:02 Et j'ai dû être gentil dans une autre vie parce que j'en fais plein.
02:04 Donc je suis très heureux.
02:06 - D'accord.
02:07 - Effectivement, il y a eu un tournant.
02:09 Est-ce que vous dites que ça fait sens ?
02:11 Parce qu'il y a eu un renouveau.
02:12 - Voilà. On parle de...
02:13 Il y a eu une blessure.
02:14 Quelqu'un a eu une blessure.
02:15 On me parle de quelqu'un qui a eu une blessure.
02:16 Et ça me fait mal au ventre ici.
02:18 Comme ça.
02:19 Ça peut être 4 ans.
02:20 - Oui, il y a quelques années, j'ai subi une opération qui était très douloureuse.
02:23 J'ai failli y passer.
02:24 - Bon, parce qu'on me donne ça.
02:26 Et il y a quelqu'un qui est lié aussi à votre maman.
02:28 À vous aussi.
02:30 On me parle d'une drôle d'histoire par rapport à sa vie à elle.
02:33 - Oui, ça c'est possible.
02:34 - Mais c'est des choses, on dirait qu'elle les a gardées pour elle
02:35 ou elle ne l'a pas voulu les dire.
02:37 Vous voyez, ça me fait même tomber.
02:38 Regardez.
02:38 C'est pas grave, mais c'est...
02:40 Probablement, c'est des choses qu'on veut montrer.
02:41 - Oui, oui.
02:42 Et quand elle est décédée, en fait, je l'ai laissée toute seule après un déjeuner.
02:46 - Et en fait, elle disait "je n'ai plus de respiration, j'ai eu peur".
02:48 Et hop, c'est comme si les choses s'étaient arrêtées.
02:50 - C'est dingue.
02:51 Parce qu'en fait, on a déjeuné ensemble.
02:53 Je l'ai laissée, je suis reparti.
02:55 - Elle a apprécié le déjeuner.
02:56 Elle l'a dit en tout cas.
02:59 - C'est vrai.
03:01 Vous pouvez lui dire un mot pour moi ?
03:02 - Mais bien sûr.
03:03 Je suis là pour ça.
03:04 - Dites-lui que je l'aime.
03:05 - Écoutez, elle vous prend comme ça et elle vous dit quelque chose.
03:08 Alors, elle se tenait parfois.
03:10 - Oui.
03:10 - Parce qu'elle se tient sur vous comme ça pour marcher, pour vous l'aider.
03:13 Et vous êtes son chevalier servant, en fait.
03:15 - C'est vrai.
03:15 - Vous êtes comme si vous étiez...
03:17 Voilà, tu t'es occupé de moi, tu es mon chevalier servant.
03:19 Tu es... Voilà.
03:20 Il y a beaucoup de sécheresse dans la bouche.
03:22 Beaucoup de sécheresse dans la bouche.
03:24 - Ma grand-mère ?
03:24 - Oui.
03:25 - Ah oui, elle parle...
03:25 - Ah bah c'est ça.
03:26 - J'ai quasiment plus de...
03:28 - C'est dingue, ça.
03:29 - Je l'imitais en rigolant, elle faisait tout le temps...
03:31 Ah, c'est dingue.
03:33 - Il y a eu des gens qui sont dans la solitude.
03:35 Il y a eu des gens qui ont souffert de l'abandon ou de la solitude.
03:37 Comme si des gens qui n'avaient plus été entourés.
03:39 Comme s'ils avaient perdu des gens qui avaient été près d'eux.
03:41 À une époque, on a l'impression que du jour au lendemain, il n'y a plus personne.
03:44 Et ça, c'est drôle parce que ça vous marque beaucoup dans votre travail.
03:47 On dirait qu'il y a comme un avant, comme une espèce de nostalgie comme ça.
03:50 Comme si vous vous imaginez la fête avec plein de gens, etc.
03:53 C'est comme si vous alliez sur les pas de quelqu'un d'autre,
03:55 sur les pas d'un passier que vous n'avez pas forcément connu.
03:58 Et vous essayez de le traduire dans ce que vous faites dans la musique.
04:01 - C'est certainement possible.
04:02 Et ça fait sens, puisque effectivement, je connais très peu ma famille.
04:06 Je ne les connais pas.
04:07 Donc quand vous parlez de gens, je suis persuadé qu'il y a des gens de ma famille
04:09 que je ne connais pas.
04:10 - Vous avez gardé comme quelque chose d'une personne connue.
04:14 Et comme...
04:15 Qu'est-ce que c'est ça ? On montre ça.
04:16 Qui c'est cette personne ?
04:17 - C'est un manuscrit de Jacques Prévert.
04:19 - Ah voilà.
04:20 C'est fou, hein ?
04:20 Vous savez qu'il est là ?
04:22 - Il est là ?
04:22 - Ouais.
04:23 - Ah bah s'il m'en parle, il me dit "c'est écrit comme ça".
04:25 C'est quelque chose que vous avez acheté aux enchères ?
04:27 - J'ai acheté effectivement un manuscrit de Béla Bartók.
04:30 Et de Jacques Prévert.
04:32 - Voilà.
04:33 Je crois que vous vous inscrivez.
04:34 Vous avez besoin aujourd'hui de vous inscrire dans une lignée.
04:37 Et on a l'impression qu'on vous replugue et qu'on vous remet sur la route, en fait.
04:41 Et c'est comme si vous aviez le sentiment d'aujourd'hui d'être enfin sur la route,
04:43 d'être sur votre route, quoi.
04:45 C'est vraiment...
04:46 Il y a vraiment de l'ordre de l'accomplissement de soi,
04:48 dans ce que vous êtes en train de faire aujourd'hui.
04:49 - Vous dites "ça fait plus que sens".
04:51 C'est la première fois dans ma vie que j'ai l'impression d'être à ma place.
04:54 - J'essaie de parler en même temps...
04:55 Voilà, ça c'est le problème, c'est que...
04:56 - Oui, oui, bien sûr.
04:56 - J'essaie de parler dans la vie de tous les jours,
04:58 et puis il me parle en même temps, donc c'est un petit peu compliqué.
05:00 Mais là, on arrive à avoir ça.
05:02 Il n'y a pas de "M" ou de "M" du côté de votre compagne.
05:05 Moi j'essaie juste d'avoir, mais je suis en train de me demander
05:07 si ce n'est pas justement votre grand-mère qui nous parle d'elle.
05:10 Bon, votre grand-mère, elle dit "on s'en fout, c'est pas grave tout ça".
05:12 On ne s'intéresse que à ce qu'il y a de bien.
05:14 C'est tout ce qui m'intéresse, tout ce qui est heureux,
05:16 le reste je n'ai pas envie de la faire parler.
05:17 Alors je lui dis "j'ai eu mon content de choses".
05:19 Elle fait un petit peu comme ça.
05:20 C'est comme si elle voulait imposer son truc.
05:22 "J'ai eu suffisamment de...
05:24 Maintenant, je veux être heureuse".
05:26 Elle dit ça comme ça.
05:26 - C'est une femme pour qui la vie n'a pas fait de cadeaux.
05:29 - Oui, c'est ça.
05:30 "J'ai eu mon content", c'est pour ça qu'elle dit ça.
05:32 "J'en ai eu assez", comme ça.
05:33 Donc je me dis "mais aujourd'hui...
05:36 Quel bonheur, c'est la libération".
05:39 Ça s'est formidablement bien passé.
05:41 Ça bouscule un peu toutes les convictions.
05:43 C'est quand même troublant parce qu'il y a plein de choses
05:45 que je ne m'attendais pas à entendre aujourd'hui.
05:47 Comme ces manuscrits de Jacques Prévert
05:49 que je viens d'accrocher au mur chez moi.
05:51 Et surtout, et bien évidemment,
05:53 ma chère grand-mère qui est disparue depuis longtemps.
05:55 Et j'ai toujours eu l'impression qu'elle était à mes côtés.
05:58 Je pense à elle tout le temps.
05:59 Je lui parle parfois.
06:01 Je suis ravi qu'elle fût là.
06:03 Et je suis ravi de cette expérience
06:05 parce que ce qu'on ne voit pas forcément sur la chaîne,
06:07 c'est qu'il y a Bruno.
06:09 Et derrière, il y a toute une équipe
06:10 qui est derrière cette caméra
06:11 et qui est tout aussi sympa.
06:12 C'est vraiment une jolie production et un beau programme.
06:15 Sous-titrage Société Radio-Canada
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