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Le Maroc s'est classé 12ème au tableau des médailles des Jeux mondiaux des sports de combat 2023, qui se sont déroulé du 20 au 30 octobre à Riyad, en Arabie saoudite. La sélection nationale a obtenu 15 médailles dans cette compétition : 5 en or, 3 en argent et 7 en bronze.
Dans l'émission Riyadacast, le journaliste animateur Younes Taleb a invité l’ancien champion du monde de karaté et actuel directeur technique du CNOM, Hassan Fekkak, pour commenter cette actualité mais aussi pour parler de la pratique des sports de combat au Maroc.

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Sport
Transcription
00:00 Mesdames et messieurs, c'est Younes Taleb au micro.
00:09 Bienvenue dans ce nouvel épisode de Riadh Acast, votre rendez-vous sportif sur Menara
00:14 Podcast.
00:15 Le Maroc s'est classé 12e au tableau des médailles des Jeux Mondiaux des Sports de
00:20 Combat 2023.
00:21 Cette compétition dominée par l'Ukraine dans sa troisième édition s'est déroulée
00:26 du 20 au 30 octobre à Riadh.
00:28 La sélection nationale y a obtenu 15 médailles, 5 en or, 3 en argent et 7 en bronze.
00:34 Alors, on va profiter de cette actualité pour parler des sports de combat au Maroc
00:39 et donc j'ai le plaisir d'accueillir l'ancien champion du monde de karaté Hassan Fouqak.
00:44 Il est actuellement directeur technique du CNOM, Comité National Olympique Marocain.
00:49 Si Hassan, bienvenue parmi nous sur Riadh Acast.
00:53 Bonjour Younes, merci beaucoup pour ton invitation et je salue tous tes auditeurs.
00:58 Merci encore pour partager ces moments avec toi.
01:02 Avec plaisir.
01:03 Alors, comme je l'ai dit dans la présentation, le Maroc s'est classé 12e lors de ses Jeux
01:08 Mondiaux des Sports de Combat.
01:09 15 médailles à la clé, dont 5 en or.
01:12 Si Hassan, comment évaluez-vous les résultats de la sélection marocaine ?
01:16 D'abord, c'est des Jeux Mondiaux qui ont réuni plusieurs pays et le Maroc termine
01:23 12e sur le classement général.
01:25 Premier pays africain au classement, c'est un résultat exceptionnel, c'est un très
01:31 bon résultat comme on dit.
01:33 Cela prouve qu'il y a un engouement de la pratique des sports de combat au Maroc et
01:39 que notre jeunesse se porte bien.
01:40 Alors, dans ces Jeux Mondiaux, le Maroc s'est illustré plus particulièrement au karaté
01:46 et ce, après avoir terminé au lama en tête du classement général.
01:50 Nos karatékas ont récolté une moisson de 6 médailles, dont 2 en or, 1 en argent et
01:56 3 en bronze.
01:57 Ils sont arrivés premiers devant l'Arabie Saoudite et l'Algérie.
02:01 Si Hassan, quel est le secret de la consécration marocaine dans cette discipline qui est le
02:06 karaté ?
02:07 Alors, le secret est très simple.
02:10 Le karaté, depuis quelques années, a travaillé sur un projet sportif.
02:14 Ce projet a été construit sur une stratégie efficace avec l'accompagnement de professionnels
02:21 du sport.
02:22 Aujourd'hui, le karaté est doté, ou la Fédération Royale Marocaine du Karaté est
02:25 dotée d'un centre d'excellence, d'un centre national qui regroupe les élites.
02:30 Ils sont là 24h/24, 7j/7 et ils s'entraînent pratiquement 4h-5h par jour avec un accompagnement
02:38 je dirais nutritionnel, avec un préparateur physique, avec un accompagnement médical.
02:43 Et ces jeunes qui sont dans le centre bénéficient de ce qu'on appelle le double projet, c'est-à-dire
02:48 font du sport de haut niveau et en même temps ils font leurs études avec à leur disposition
02:52 tout un staff pour les accompagner dans ce deuxième projet.
02:55 Donc il y a ce qu'on appelle une prise en charge globale des sportifs.
02:59 Et puis, en plus de tout ça, il y a une forte implication du président Sidi Morsad.
03:05 Donc si vous voulez, tous les ingrédients sont réunis pour performer et pour faire
03:09 des résultats au niveau international et mondial.
03:11 D'accord, on revient au sport de combat.
03:14 Où en est aujourd'hui la pratique de ces sports au Maroc ?
03:17 Alors, les sports de combat au Maroc, il y a un enroumant.
03:22 Il y a beaucoup de Marocains qui pratiquent les sports de combat, surtout qu'il y a des
03:27 sports qui reviennent à la mode, etc.
03:29 Il y a aussi des modèles marocains qui brillent sur la scène internationale ou qui ont brillé
03:36 sur la scène internationale.
03:37 Je citerai Badr Hari qui a été un des meilleurs boxeurs en kickboxing pieds-poing au monde.
03:45 Il y en a d'autres en karaté.
03:47 Il y a Asala Fouchel qui a été championne du monde de karaté.
03:49 Et il y en a plein d'autres.
03:51 Dans d'autres disciplines également.
03:53 Il y a la petite Fatemzana Boufares qui a été championne olympique de la jeunesse en 2018,
03:59 médaille d'or aux Jeux olympiques de la jeunesse.
04:01 Donc si vous voulez, il y a un enroumant de la pratique des sports de combat et des arts
04:06 martiaux au Maroc.
04:07 La population marocaine, il y a 67% de la population marocaine a moins de 35 ans.
04:13 Donc vous voyez, il y a une jeunesse, il y a la matière première.
04:16 Donc il y a une grande pratique.
04:18 Maintenant, je peux vous dire, et je vais peut-être vous surprendre, le potentiel du
04:22 Maroc est révélé ou réalisé ou exploité à 40% par rapport aux résultats sur la scène
04:29 internationale.
04:30 Donc j'ai envie de dire d'une façon encore plus simple, les résultats que nous voyons
04:35 aujourd'hui ne représentent que 40% de ce que peuvent faire les Marocains.
04:39 Vous allez me dire, où est-ce que se casse cette différence de 60% ?
04:43 Eh bien ces 60% justement, on peut aller les chercher, on peut les combler, on peut progresser
04:49 dans ces 60%, entre autres en améliorant la formation, en mettant en place la formation
04:55 des entraîneurs des sports de combat.
04:57 Parce qu'aujourd'hui, et là je vais vous donner un chiffre très précis, 85%, je vous
05:04 le dis, 85% des entraîneurs dans les salles de sport de combat n'ont aucune formation
05:11 scientifique et psychopédagogique.
05:13 Ils ont tous une formation, ce qu'on appelle technique, c'est-à-dire que l'entraîneur
05:17 aujourd'hui, il a lui-même pratiqué, il a atteint un certain niveau, ceinture noire,
05:22 premier dan ou jusqu'à cinquième dan ou septième dan, il a pratiqué et il va reproduire
05:28 ce que lui-même a appris pour l'enseigner aux autres.
05:32 C'est bien, mais ce n'est pas suffisant.
05:34 Aujourd'hui, pour avoir un enseignement et un entraînement optimal, il est indispensable
05:40 que l'entraîneur soit aussi formé dans des matières scientifiques telles que l'anatomie,
05:45 la physiologie, la biomécanique, la psychopédagogie, la communication, pour améliorer, je dirais,
05:52 son approche pédagogique de l'enseignement.
05:54 Et donc cette lacune, elle est très importante, qui est la formation, qui est pratiquement
05:59 inexistante chez nous aux marins.
06:01 Donc c'est un point qui nous permettra certainement de progresser et d'améliorer le potentiel
06:06 de nos pratiquants ou de nos sportifs qui participent au niveau international, mais
06:10 aussi d'améliorer le quotidien des pratiquants et des adhérents.
06:14 J'ai une autre question, pourquoi on n'arrive pas à produire des champions dans ces disciplines ?
06:19 Alors, c'est une question très importante.
06:22 Pourquoi le Maroc ne produit pas beaucoup de champions dans différentes disciplines
06:27 et dans les disciplines de commun ?
06:29 D'abord, on constate qu'il y a beaucoup de champions du monde, champions olympiques
06:34 marocains dans l'espoir du combat, entre 14 ans et 18 ans.
06:40 Nous avons beaucoup de champions du monde en karaté, en kv, en junior et en espoir.
06:48 Et à partir des 18 ans, les choses se compliquent, quand il devient seigneur, ce complique.
06:52 Vous allez me dire pourquoi ?
06:53 Parce qu'il y a beaucoup de jeunes qui abandonnent la pratique de haut niveau, parce que nous
06:57 n'avons pas au Maroc ce qu'on appelle le statut du sportif de haut niveau, c'est-à-dire
07:02 la possibilité pour un sportif de haut niveau dans l'espoir du combat de poursuivre sa
07:07 carrière de sportif de haut niveau et en même temps de se former ou d'étudier.
07:12 Il n'y a pas, je dirais, de possibilité chez nous au Maroc pour le faire.
07:17 Aujourd'hui, on voit à peine quelques collèges et lycées qui font sport-études, c'est
07:22 bien, ce n'est pas suffisant, mais au-delà de la terminale, il n'y a rien.
07:27 À l'université, si vous n'êtes pas présent, si vous ne passez pas les examens,
07:31 vous ne réussissez pas votre année.
07:32 Alors il y a beaucoup de jeunes marocains qui ont un talent et un potentiel exceptionnels
07:37 et qui abandonnent parce qu'ils donnent la priorité aux études.
07:40 Parce qu'effectivement, dans certains sports, ce qu'on appelle les sports amateurs, même
07:46 si le sportif s'entraîne 4 heures par jour comme un footballeur ou comme je dirais un
07:51 autre sport professionnel, même s'il s'entraîne beaucoup, il n'a pas, si vous voulez, ce
07:58 statut de professionnel où le sport n'est pas encore professionnalisé.
08:01 Donc il ne peut pas vivre de sa pratique sportive.
08:05 Il est obligé soit de continuer ses études supérieures et donc d'abandonner le sport
08:09 de nouveau, soit de trouver un travail et dans ce cas-là aussi, abandonner la pratique
08:14 du sport de nouveau.
08:15 Alors le constat est là, les jeunes pratiquants ne font pas des sports de combat leur métier
08:20 d'avenir, mais comment on peut donc remédier à ce problème ?
08:23 Alors c'est compliqué.
08:25 Il y a certains, je dirais, projets qui permettent d'y remédier.
08:29 Le premier projet, c'est l'implication de la Fédération pour mettre en place, avec
08:35 bien sûr le ministère de l'Éducation nationale et avec le ministère des Sports, le statut,
08:40 remettre en place le statut du sportif de haut niveau.
08:43 Qu'est-ce que ce statut du sportif de haut niveau peut apporter ? Il peut apporter à
08:47 ce qu'on puisse aménager ce qu'on appelle le temps scolaire, pour donner la possibilité
08:52 à un jeune qui a 14 ans et qui fait du sport de haut niveau de pouvoir en même temps s'entraîner,
08:57 en même temps faire ses compétitions, mais en même temps poursuivre ses études d'une
09:01 façon sereine.
09:02 Donc il aura toujours l'assurance qu'il va équilibrer entre son projet sportif et son
09:06 projet d'études.
09:07 Quand il arrive au terminal, là aussi il faut l'accompagner pour qu'il puisse continuer
09:12 son sport de haut niveau et en même temps réussir sa terminale.
09:15 Et puis il passe à l'université.
09:17 Il doit avoir le choix de faire les études qui lui conviennent et qui l'aura choisie,
09:23 mais avec un allégement du temps, avec un aménagement du temps et avec un soutien et
09:28 un accompagnement pour qu'il puisse réussir ses études et avoir un diplôme pour après
09:33 pouvoir travailler et en même temps réaliser son rêve, réaliser ses performances dans
09:38 son sport de choix.
09:39 Ce système que je décris, c'est celui qu'on retrouve dans beaucoup de pays qui
09:44 excellent dans le sport d'une façon générale.
09:46 C'est celui qu'on trouve par exemple aux États-Unis, en Grande-Bretagne, un petit
09:49 peu en France, un petit peu en Espagne.
09:51 Vous voyez, aménagement du temps scolaire, le double projet pour que le sportif ne soit
09:57 pas lévé, d'accord ? Et à la fin de sa carrière, il sera rassuré qu'effectivement
10:03 il peut faire sa carrière sportive et à la fin de sa carrière, il peut se réorienter,
10:07 il aura déjà une formation de base ou certainement un diplôme qui lui permettra de rentrer dans
10:13 la vie acclimée.
10:14 Ça c'est très important, me semble-t-il, à mettre en place et surtout mettre en place
10:19 parce que malheureusement ça n'a jamais été fait, le statut du sportif d'origine.
10:23 Alors après, c'est un projet individuel, c'est un projet personnel, quelqu'un
10:29 qui veut ou qui a un rêve d'être champion du monde dans une discipline, dans un sport
10:34 de combat, boxe, karaté, taekwondo, judo, la lutte, etc.
10:39 Avant tout, c'est un projet personnel et à lui de mettre en place les ingrédients
10:44 qu'il faut pour qu'il puisse réaliser son projet, réaliser son rêve et réfléchir
10:50 à l'après-projet ou à l'après-médaille.
10:51 Comment je fais pour faire une reconversion ? Est-ce que je vais rester dans le même
10:55 domaine, c'est-à-dire dans le sport, ou est-ce que je réalise mon rêve et puis après
11:00 je peux m'en servir comme trompe-l'œil pour aller vers d'autres domaines professionnels
11:04 ? Et c'est tout à fait possible.
11:06 C'est une réflexion que nous devons mener depuis le début du projet, ou bien depuis
11:11 le début de l'accompagnement du sportif de haut niveau.
11:14 C'est pour cela d'ailleurs que revient le cas du karaté, et le karaté a pu faire
11:19 des résultats parce qu'il y a à peu près une dizaine d'années, nous avons travaillé
11:22 sur un projet global et un double projet pour le pratiquant, et non pas juste pratiquer
11:28 pour faire des résultats.
11:29 Il nous faut absolument qu'il y ait un projet sur du cours, sur du moyen et surtout sur
11:36 du long terme.
11:37 Et donc avec cette notion de projet, cette notion de double projet sportif et professionnel,
11:43 je suis convaincu qu'on peut donner la possibilité et l'opportunité à nos talents marocains
11:48 de s'exprimer au niveau international et au niveau mondial.
11:52 Hassan Tzoukek, merci d'avoir été parmi nous sur Liadacast et d'avoir répondu à
11:56 nos questions.
11:57 Merci à vous Siyounes, merci et bonne continuation à vous.
12:01 Merci, c'est la fin de notre podcast, merci de l'avoir suivi.
12:04 Je vous donne rendez-vous très bientôt pour un nouvel épisode, sur ce, sportez-vous bien.
12:08 [Musique]

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