Chantier Woyzeck - "L'écriture d'une œuvre et de son public"

  • l’année dernière
Transcript
00:00 [Musique]
00:30 Le projet Chantier Voïd Sec, représenté, était le symbole de la démarche du Théâtre Jean Villard.
00:38 C'est un projet qui était dans le cadre d'un compagnonnage avec la péniche Opéra.
00:46 Nous, on a l'habitude de construire les compagnonnages à la fois en fonction du projet artistique,
00:55 du propos artistique et aussi des publics qu'on souhaite plus ou moins toucher avec les artistes.
01:06 Donc là, il y avait une convergence, si tu veux, entre ce que dit le texte de Büchner,
01:14 Voïd Sec, sur le rapport individuel et collectif, à la fois dans le rapport amoureux mais dans le rapport aux autres,
01:26 de personnes qui sont à la marge.
01:29 Et donc pour nous, c'était aussi assez similaire de ce que certaines populations peuvent vivre aussi à Vitry.
01:37 Donc c'était intéressant de les mettre en résonance et c'était aussi la permanence de la péniche Opéra sur le territoire.
01:46 Donc à la fois sur ce que nous, on avait envie de créer autour de l'Opéra, parce qu'il y avait ça aussi,
01:52 c'est-à-dire faire en sorte qu'une population, un quartier de Vitry, puisse rentrer en découverte de ce que c'était vraiment l'Opéra.
02:02 Pour nous, c'était extrêmement important pour les publics de découvrir l'Opéra et de découvrir cette Opéra-là en particulier.
02:10 Et par ailleurs, parce que nous, lorsqu'on met en place une résidence, un compagnonnage,
02:15 il n'y a pas simplement la question des publics qui est en jeu, mais il y a aussi ce que ça apporte aux artistes.
02:22 Et comme Mireille et Dorian étaient aussi dans un objectif de recréer une version de Voïd Sec,
02:30 et c'est pour ça que ça s'est appelé Chantier Voïd Sec,
02:33 pour nous c'était aussi donner de la matière du terreau social et culturel aux artistes,
02:40 pour pouvoir se l'approprier dans le processus de création.
02:44 [Musique]
03:13 [Musique]
03:23 Oh, Voïd Sec, quelle aventure !
03:25 Ce sont des aventures comme on les aime à la péniche, comme je les aime.
03:30 Ce sont des spectacles qui demandent un grand engagement de toute l'équipe artistique,
03:40 qui sont nés il y a longtemps, ça fait plus de 4 ans qu'on travaille sur ce projet de Voïd Sec.
03:49 L'idée est venue de s'intéresser à cet ouvrage, à ce double chef-d'œuvre qu'est Voïd Sec,
03:56 parce que c'est à la fois d'abord un chef-d'œuvre de théâtre, avec le Voïd Sec de Büchener,
04:02 mais aussi un chef-d'œuvre opératique avec celui de Berg.
04:07 On a commencé par celui de Berg, en montant la version de John Réa l'année dernière,
04:14 dans des maisons d'opéra à Avignon, à Limoges, à Rouen, à Reims.
04:21 Dès le début de cette aventure, on a voulu continuer avec un Voïd Sec qui serait encore plus contemporain,
04:31 et qui serait confié à un compositeur d'aujourd'hui.
04:34 On a choisi Aurélien Dumont.
04:37 La terre est brûlante comme l'enfer, et moi je suis froid comme la glace.
04:50 L'enfer est glacé, on parie ?
04:56 Bien, Voïd Sec, tu es un homme bien.
05:06 Un homme bien.
05:10 Sur l'exemple de Balzac, en l'occurrence, ça fait dix ans qu'on travaille avec eux,
05:16 on a mené de nombreux projets.
05:19 Le Centre Social Balzac est un partenaire vraiment profond, avec lequel on travaille vraiment bien.
05:27 Mais c'était quand même une première expérience avec l'opéra.
05:31 On sait très bien dans les imaginaires de chacun ce que ça représente,
05:37 un opéra à Balzac, mais c'était une vraie première.
05:42 Et c'était une vraie première aussi parce qu'il y a eu une permanence,
05:45 c'est-à-dire que les artistes ont été là, présents.
05:48 Ils ne sont pas simplement venus faire une rencontre, une animation, un atelier.
05:53 Non, ils ont créé là.
05:56 Et pour les gens, c'est assez exceptionnel.
05:58 Que des artistes lyriques, une compagnie d'opéra, viennent dans leur quartier
06:06 et créent leur spectacle en contact avec eux,
06:08 je crois que symboliquement c'était extrêmement important.
06:11 Le fait qu'on ait répété dans un centre social, au plein cœur de la cité Balzac,
06:17 ça a certainement laissé beaucoup de traces dans ce spectacle.
06:25 Alors, quelles sont ces traces ?
06:29 Je crois que c'est certainement la dimension humaine
06:36 que l'on retrouve dans la qualité de jeu des chanteurs,
06:41 dans la façon dont ils s'engagent,
06:43 dans la façon dont, avec extrêmement de violence,
06:47 beaucoup de violence, beaucoup de passion,
06:49 ils défendent ce texte, cette musique,
06:52 et on retrouve tout ce que l'on a souhaité y mettre
06:56 et tout ce que j'ai souhaité y mettre au niveau de la mise en scène.
06:59 [Musique]
07:28 Ça c'est un homme, il n'y en a pas deux comme lui.
07:33 [Musique]
07:42 Un homme passe avant l'autre.
07:47 [Musique]
07:51 Je suis la plus fière de toutes les femmes.
07:54 [Musique]
08:17 Autour du spectacle, il y a beaucoup de gestes de création
08:25 qui ont pu avoir le jour à travers des actions de sensibilisation,
08:33 des ateliers, des présentations, des petites formes avec du pop-up,
08:39 avec des ateliers qu'on a animés autour de textes,
08:46 autour de créations de décors, autour de créations de costumes,
08:50 avec des collégiens qui ont travaillé sur Wojciech,
08:54 avec des ateliers intergénérationnels qui ont assisté à des répétitions.
09:01 Et toutes ces formes qui entourent le spectacle,
09:05 soit en aval de la représentation à proprement parler,
09:11 me semblent aujourd'hui avoir beaucoup d'importance
09:17 et permettre à la fois à tout un public de venir voir de l'opéra,
09:25 mais aussi à nous autres, artistes, chanteurs, musiciens, compositeurs, dramaturges,
09:33 de nous enrichir, de ne pas perdre le contact avec le public.
09:38 Qui sont les mentours sur lui-même en un seul jour ?
09:43 Qu'a-t-il piège ?
09:45 Éternité, instant, éternité, instant.
09:48 Ça m'angoisse complètement pour le monde quand je pense à l'éternité.
09:53 Foutre-moi, ridicule, imprévisible, ridiculité,
09:57 te domitiquer les vieux, c'est tout ça.
10:00 Si j'en ai, ça va me plaire.
10:03 Toutes ces résidences, plus les différentes rencontres qu'on a mises en place,
10:08 ont permis de donner une image totalement différente de l'opéra.
10:13 C'était plutôt bien.
10:15 Et puis après, il y avait la question de la mixité,
10:18 parce que ce quartier-là, ce n'est pas simplement des gens en difficulté sociale,
10:23 c'est un quartier qui est multiple, qui est divers,
10:26 déjà du point de vue des nationalités, des origines.
10:30 C'est une vraie mixité.
10:33 Et donc ça, je pense que c'était important aussi pour les artistes de se dire,
10:37 dans les quartiers populaires, ce n'est pas simplement la misère ou la pauvreté.
10:42 Il se passe des choses extrêmement intéressantes,
10:44 c'est des gens qui ont envie de construire des choses et qui ne sont pas homogènes.
10:48 Ils sont tous différents.
10:50 Et donc ce rapport-là, moi en tout cas, m'intéresse particulièrement
10:53 sur la relation individue et collectif.
10:57 La relation individue et collectif, ça veut dire qu'on est chacun des individus totalement différents.
11:02 Et on se retrouve à un moment donné dans un collectif,
11:04 dans cette diversité, dans le respect mutuel de chacun.
11:07 Et ça, je crois que sur chantier Voix de Sexe, c'était très très fort,
11:10 sur le plateau et dans les rencontres dans le cadre de la résidence.
11:17 (Applaudissements)
11:21 (...)
11:48 (...)

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