François-Xavier Ménage explique pourquoi l'entreprise Mere n'a pas installé de magasin à Pont-Sainte-Marie

  • l’année dernière
À l’occasion de la sortie de son livre "Ça craque", le grand reporter de TF1 était l’invité de L’Est éclair - Libération Champagne. Reportage : Mattéo Clochard
Transcript
00:00 Et le deuxième, effectivement, sur le supermarché MERE, ce sont des supermarchés russes.
00:15 Et alors, c'est de l'ultra ultra ultra low cost.
00:21 Et moi, j'ai eu la chance de rentrer dans un de ces supermarchés en Allemagne, parce
00:26 qu'ils sont assez présents en Allemagne.
00:28 Vous avez un pot en plastique de 2 kg de miel.
00:31 A l'intérieur, c'est 90% de glucose et 10% de miel.
00:35 Donc, la nature des produits peut parfois être un peu soupçonneuse.
00:40 Et c'est vrai que ce n'est pas des produits de bonne qualité.
00:42 Là, dans ces supermarchés-là, personne ne va vous dire que ce sont des produits de
00:44 bonne qualité.
00:45 Ce n'est pas vrai.
00:46 Mais on est déjà, avant même la crise en Ukraine, on est déjà dans une zone de crise
00:53 et avec une précarité qui est de plus en plus remplantée.
00:55 Moi, je ne suis pas là pour dire qu'il faut que tout le monde mange bien.
00:57 Je pense qu'évidemment, chacun fait comme il peut, bien sûr.
01:00 Et donc, ces supermarchés-là décident de s'installer en France.
01:04 Et juste à côté d'ici, vous avez une commune qui va proposer justement que ce supermarché
01:09 puisse s'installer parce que l'ultra ultra low cost, aujourd'hui en France, c'est important
01:15 que ce soit présent, que l'offre d'ultra low cost soit présente.
01:18 Et ça ne va pas se faire à cause de la guerre en Ukraine, parce que le patron de supermarché
01:23 qui avait dit OK, qui avait déjà signé un bail avec Lidl pour prendre la place de
01:26 Lidl, dans mon souvenir, va disparaître de la circulation.
01:30 Mais ce qui m'importe dans tout ça, c'est qu'effectivement, vous avez de plus en plus
01:35 d'élus qui disent qu'est-ce qu'on fait pour ceux qui ont plongé ou qui sont maintenant
01:39 depuis longtemps dans l'ultra précarité ? Et quel type de service, quel type d'offre
01:45 on peut leur proposer pour que justement, ils puissent répondre à leur situation d'urgence
01:50 ? Et je vous parle de ça comme si c'était un
01:54 diagnostic médical, mais la réponse c'est quoi ? C'est le supermarché.
01:56 Et qu'est-ce que ça dit derrière que plus que jamais, le supermarché est devenu aujourd'hui
02:02 un alpha et un omega dans beaucoup de villes ? Et que, ce n'est pas moi qui le dis, c'est
02:06 Jérôme Fourquet qui a fait un superbe boulot sur l'état de la France aujourd'hui, le
02:10 supermarché c'est l'église d'il y a 50, 60, 70 ans.
02:13 Énormément de choses se cristallisent autour du supermarché.
02:18 Et effectivement, je pense que pour comprendre la France aujourd'hui en 2023, il faut regarder
02:22 où sont les supermarchés, qui y va, comment s'organise évidemment la consommation au
02:28 sein de ces supermarchés.
02:29 Et je fais juste un tout petit parallèle.
02:30 Le patron de System U a d'ailleurs récemment dit à mon avis quelque chose qui résume
02:34 beaucoup mieux que tous les analystes économiques la manière dont on vit cette crise de l'inflation.
02:39 Il a dit dans mes supermarchés, dans tous les supermarchés de System U, vous avez un
02:44 tiers des clients qui n'ont presque pas changé leurs habitudes alimentaires parce que pour
02:49 eux, ça continue à bien se passer.
02:51 Vous avez un tiers des clients qui avant achetaient plutôt des produits qu'on appelle premium
02:57 et qui sont passés dans la gamme en dessous, voire dans deux gammes en dessous, y compris
03:01 la gamme premier prix.
03:02 Et puis vous avez ceux, et c'est le dernier tiers, pour qui aujourd'hui on ne peut plus
03:07 acheter beaucoup de produits, à commencer par les produits frais, les fruits et les
03:10 légumes.
03:11 Et beaucoup de personnes pour qui choisir au supermarché, parce que c'est obligatoire
03:17 les concernant, choisir est une douleur, une douleur de tous les jours.
03:20 Et je pense qu'il a résumé, d'abord c'est son métier, et il a des données chiffrées,
03:24 donc je pense qu'il sait à peu près de quoi il parle.
03:26 Ces données chiffrées disent quelque chose aussi bien sûr sur l'éclatement, l'éclatement
03:32 entre ceux pour qui c'est toujours pas un problème d'aller au supermarché et ceux
03:35 pour qui c'est devenu quelque chose de viscéral quand on sait qu'ensuite il y a des enfants
03:38 à faire nourrir à la maison et qu'un choix au supermarché quand on ne peut pas se le
03:42 payer, bien entendu c'est important de rappeler que c'est une douleur extrême.
03:46 [SILENCE]

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