Le carrefour de l'info - Amnesty International

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La nouvelle directrice de la section belge francophone d'Amnesty International était notre invité dans le Carrefour de l'info.

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00:00 [Musique]
00:02 Le Carrefour de l'info sur Arabelle.
00:05 [Musique]
00:08 Bonjour, bonjour à tous.
00:09 Tout de suite le sommaire de votre Carrefour de l'information à l'international Le Proche-Orient.
00:13 La guerre à Gaza au centre du sommet du G7 à Tokyo.
00:16 Le G7 qui pourrait avoir du mal à parler d'une seule voix s'agissant des appels à un cessez-le-feu
00:21 ou d'une trêve humanitaire dans la bande de Gaza.
00:24 Karine Thibault, la nouvelle directrice de la section belge-francophone d'Amnesty International
00:29 sera notre invitée dans quelques instants.
00:31 On reviendra chez nous, les syndicats du rail ont débuté hier soir une grève
00:35 qui prendra fin demain à 22h.
00:38 Par cette action, la CGSP Cheminot, la CSC Transcom et le SLFP Cheminot
00:43 entendent dénoncer un manque de respect de la concertation sociale
00:47 dans les cadres de réorganisation interne.
00:50 Nous irons ensuite au Maghreb à travers la presse de la région,
00:53 notamment en Tunisie.
00:54 Tunisair qui se débat dans la compagnie aérienne vient de publier ses états financiers.
00:59 Les pertes cumulées ont atteint 970 millions de dinars.
01:04 Voici les principaux titres que nous allons développer ensemble dans quelques instants.
01:07 Je vous le disais il y a quelques instants dans les titres,
01:15 notre invitée aujourd'hui, Karine Thibault, la nouvelle directrice de la section belge-francophone d'Amnesty International.
01:21 Bonjour.
01:22 Bonjour.
01:23 Merci d'être avec nous sur Arabelle.
01:25 Karine Thibault qui prend donc la tête d'Amnesty.
01:28 Philippe Einstmann qui est le pivot et le visage aussi de l'organisation
01:32 depuis maintenant plus de 30 ans, quitte le terrain et fait place à une femme.
01:37 Karine Thibault, on va, si vous voulez bien plonger tout de suite dans l'actualité qui est relativement lourde,
01:42 l'actualité immédiate, la guerre à Gaza.
01:45 Vous avez récemment rappelé que la seule boussole d'Amnesty International
01:49 est celle du droit international justement, explication peut-être.
01:52 Oui, en fait la seule boussole pour nous, pour juger ce qui est en train de se passer à Gaza
01:56 ou ce qui s'est passé en Israël le 7 octobre, c'est le droit international
01:59 qui a défini des règles de guerre dans des contextes difficiles comme les guerres
02:03 et qui dit on doit tout faire, toutes les parties belligérantes doivent tout faire
02:06 pour protéger les populations civiles.
02:08 Et ce n'est pas ce qui s'est passé le 7 octobre, ce n'est pas ce qui est en train de se passer à la bande de Gaza.
02:12 Et donc c'est pour ça qu'on a très vite réagi en sortant des communiqués de presse
02:16 en montrant qu'il y avait des crimes de guerre qui étaient commis,
02:18 que ce soit via les bombardements indiscriminés qui en fait touchent des populations civiles.
02:22 On est à plus de 10 000 morts à la bande de Gaza dont un tiers sont des enfants.
02:26 Notre calcul à nous c'est que 430 enfants meurent chaque jour ou bien sont blessés.
02:30 Donc c'est gigantesque, c'est une école qui chaque jour se retrouve blessée
02:34 ou qui décède dans la bande de Gaza.
02:36 Et la même chose s'est passée évidemment avec l'attaque du Hamas le 7 octobre
02:40 où là 1400 civils israéliens ont été tués et avec la prise d'otages qui là aussi est un crime de guerre.
02:46 Donc c'est pour ça qu'on va regarder les crimes de guerre.
02:48 Les crimes de guerre ce sont les crimes les pires, les plus graves
02:51 et qui demandent l'intervention de la Cour pénale internationale
02:54 et de poursuivre les chaînes de commandement.
02:56 On vous dénonçait aussi ce que vous appelez le régime d'apartheid
02:58 pratiqué par l'État d'Israël à l'égard des palestiniens.
03:01 C'est bien un régime d'apartheid.
03:03 Oui complètement.
03:04 Donc il y a deux ans on a sorti un long rapport qui analyse en fait les différentes réglementations
03:08 qui sont en vigueur, que ce soit le blocus illégal de la bande de Gaza
03:12 mais que ce soit ce qui se passe en Cisjordanie occupée
03:15 ou même pour les palestiniens qui vivent en Israël.
03:17 Et en fait on en a conclu qu'on était face à un crime d'apartheid
03:20 donc un crime qui existe dans le droit international
03:22 parce qu'on a des mesures qui sont systématiques de discrimination
03:26 et donc qui font une différence permanente entre les palestiniens et les citoyens israéliens.
03:30 Et donc il nous semble indispensable de rappeler cette question de l'apartheid
03:34 parce qu'on n'arrivera pas à régler la spirale de la violence
03:37 et le conflit qui règne dans cette région depuis 75 ans
03:40 si on ne s'attaque pas aussi aux causes du conflit et aux racines du conflit.
03:44 Et l'une des racines c'est évidemment le régime d'apartheid que vivent les palestiniens et les palestiniens.
03:48 Et justement selon vous il faut recontextualiser ce conflit
03:51 qui ne date pas d'aujourd'hui et qui est repris dans la région ?
03:54 Il faut le recontextualiser, il faut absolument reprendre aussi tous les efforts.
03:58 C'est pour ça qu'on appelle maintenant en tout cas le C.O.C.C. de feu immédiat
04:01 parce que ça c'est évidemment pour mettre fin au bain de sang.
04:03 C'est aussi pour permettre d'ouvrir les négociations pour la libération des otages
04:07 qui sont toujours retenus dans la bande de Gaza.
04:10 Et c'est aussi de permettre en fait à l'aide humanitaire d'arriver dans la bande de Gaza.
04:13 Mais c'est une première étape, il va falloir aussi travailler
04:16 pour en tout cas faire des efforts diplomatiques de la communauté internationale
04:20 pour pousser à de nouveau avoir des négociations sur la paix.
04:24 En fait l'enjeu d'Amnesty c'est l'exercice par tout le monde, dans le monde entier,
04:28 de ses droits humains et donc cette région a aussi droit,
04:31 qu'on soit israélien ou palestinien, à pouvoir exercer ses droits humains.
04:34 – Bien, que de même un problème, que faire face à,
04:37 disons on le voit clairement, cette approche asymétrique de l'Occident dans ce dossier ?
04:42 – Donc l'approche asymétrique, on voit bien qu'il y a une division,
04:45 on l'a vu aux Nations Unies, donc on a 120 pays qui ont voté en faveur
04:48 de la résolution pour une trêve humanitaire dans la bande de Gaza.
04:52 Tous les pays européens n'ont pas suivi, on voit bien que l'Europe est assez divisée.
04:55 Alors pour le coup la Belgique a eu un positionnement qui est juste
04:58 puisqu'elle a voté en faveur de cette trêve humanitaire
05:01 et elle n'arrête pas de répéter son positionnement.
05:03 Par contre la Belgique est à certains niveaux un petit peu incohérente
05:06 puisqu'elle laisse passer des armes qui transitent en tout cas par la Belgique
05:09 pour aller vers le gouvernement israélien.
05:11 Donc nous appelons aussi un embargo sur les armes.
05:14 Donc voilà, je pense que là on est face à un moment
05:16 où la communauté internationale doit aussi prendre le droit international pour boussole
05:20 et donc regarder dans l'ensemble des conflits, partout dans le monde,
05:23 que ce soit au Yémen, que ce soit dans la bande de Gaza, que ce soit en Ukraine,
05:27 de regarder les crimes de guerre qui sont commis et de les poursuivre
05:29 et de tout faire pour les arrêter.
05:31 Vous avez parlé de l'ONU, il y a aussi l'Union Européenne.
05:34 On peut dire qu'on est en pleine inertie, impuissance de l'Europe
05:38 pour obtenir un cessez-le-feu, une trêve humanitaire.
05:41 Il y a de bonnes intentions pour des résolutions mais ça s'arrête là.
05:44 De fait pour l'instant en tout cas l'Union Européenne n'est pas très...
05:48 n'a pas un message commun en fait, n'a pas un message commun sur le sujet
05:52 ce qui rend la chose difficile et donc c'est là où, en tout cas à notre niveau
05:55 on appelle la Belgique à faire plus d'efforts auprès de ses partenaires européens
05:58 pour avoir un message commun.
06:00 Message commun qui doit être dirigé vers les deux parties en présence
06:02 puisque le cessez-le-feu c'est pour les deux parties
06:04 et aussi vers les Etats-Unis qui sont l'allié d'Israël
06:08 et qui sont à mon avis capables de faire pression sur le gouvernement
06:11 Benjamin Netanyahou pour mettre fin au bain de sang.
06:14 Alors il y a cet élément de message commun mais je rappelle la question
06:17 de l'embargo des armes parce qu'on l'a vu les syndicats,
06:19 donc la CSC et la GTB sont sortis la semaine passée
06:22 en montrant qu'en fait il y avait de plus en plus d'avions cargos
06:25 qui passaient par l'aéroport de Liège et qui en fait sont des avions cargos
06:28 qui transportent des armes venues des Etats-Unis qui vont vers Israël
06:31 et donc nous disons qu'il faut un embargo sur les armes tant vers le Hamas
06:34 que vers le gouvernement israélien et donc ça concerne aussi la Belgique
06:37 qui ne doit pas laisser ses armes passer pour aller vers Israël.
06:39 Et puis Karine Thibault on va revenir sur le terrain, sur le théâtre des opérations
06:43 dans l'un de vos rapports, il semble se confirmer qu'Israël utilise
06:46 des bombes au phosphore blanc, c'est quoi tout d'abord ces bombes au phosphore blanc ?
06:50 Alors les bombes au phosphore blanc ce sont des bombes incendiaires
06:53 donc ce sont des bombes qui ont souvent été utilisées pour créer un nuage de fumée
06:57 et que les assaillants ne se voient pas l'un l'autre.
06:59 Malheureusement quand elles sont en contact avec l'oxygène
07:02 elles créent des brûlures extrêmement importantes.
07:04 Alors elles ne sont pas en soi illégales, ce qui est illégal c'est de les utiliser
07:08 dans des zones où il y a beaucoup de civils et en fait ce qu'on a pu démontrer
07:11 c'est que tant l'armée israélienne sur l'avant de Gaza a à un moment donné
07:14 utilisé des armes au phosphore blanc mais les a aussi utilisées dans les régions
07:18 frontalières avec le Liban et donc dans des villages, dans des villes
07:21 dans lesquelles il y a aussi beaucoup de civils.
07:23 Et ce qu'on fait dans ces cas là c'est qu'on recoupe en fait des photos,
07:26 des images, des nuages blancs, on recoupe des témoignages,
07:29 on a aussi des photos parfois des armes et donc on peut retracer ces munitions
07:33 et voir si effectivement elles contiennent du phosphore blanc.
07:35 Et donc c'est là où c'est extrêmement problématique, ça veut dire qu'on lâche
07:38 des bombes au phosphore blanc dans des endroits où il y a beaucoup de civils
07:41 donc des gens qui vont avoir des brûlures extrêmement graves
07:43 sachant qu'à Gaza les hôpitaux sont totalement débordés,
07:45 ne sont plus capables d'assurer en tout cas l'aide médicale et de soigner les gens.
07:49 Donc c'est d'autant plus grave.
07:51 - Vous avez des éléments de preuve qui concernent l'utilisation par l'armée israélienne
07:54 d'obus au phosphore blanc. Un grand nombre de ces cas peuvent être considérés
07:57 comme des attaques menées sans discernement de façon illégale,
08:02 d'autant qu'Israël n'a pas ratifié cette fameuse convention,
08:05 le protocole 3 à la convention sur certaines armes classiques.
08:09 - Tout à fait, en fait le travail d'Amnesty International
08:12 c'est vraiment de faire des enquêtes et de recouper des informations
08:15 pour pouvoir précisément dénoncer certains crimes.
08:18 Dans ce cas-ci, sur le phosphore blanc, on a pu le démontrer,
08:21 en tout cas dans des cas très précis.
08:23 On a pu aussi démontrer qu'il y avait au moins 5 crimes de guerre
08:25 qui avaient été commis par des bombardements indiscriminés dans la bande de Gaza
08:28 qui visaient vraiment des infrastructures civiles
08:30 dans lesquelles il n'y avait aucune cible militaire.
08:32 Et tout ça pour nous, l'enjeu, c'est évidemment de récolter des preuves,
08:35 de récolter des enquêtes, de les dénoncer,
08:37 mais aussi de les déposer à la Cour pénale internationale
08:39 parce qu'un jour il faut bien que les victimes reçoivent justice
08:42 et soient réparées, et une réparation même symbolique via un jugement.
08:46 Et donc que la Cour pénale internationale puisse mener des enquêtes indépendantes
08:49 tant sur la question du Hamas, tant sur l'attaque que le Hamas a menée,
08:52 ou en tout cas la prise d'otages qui a été faite des 240 civils israéliens,
08:56 que des attaques qui sont menées pour l'instant par le gouvernement israélien.
09:00 - Alors pour l'instant, le mot d'ordre c'est "le cessez-le-feu",
09:04 ce qui semble apparemment improbable,
09:06 vu les dernières déclarations de Benyamin Netanyahou
09:09 qui a dit il n'y a pas longtemps "pas de cessez-le-feu sans libération des otages".
09:13 On semble être en tout cas dans une impasse,
09:15 d'autant que les dernières informations font état d'affrontements,
09:19 de combats en plein cœur de Gaza entre l'armée israélienne et les éléments du Hamas.
09:23 - C'est tragique ce qu'on est en train de vivre,
09:25 et c'est sûr qu'on est tous très inquiets, très préoccupés,
09:28 parce que les morts civiles s'accumulent, les chiffres sont de plus en plus délirants,
09:34 et on est dans une situation évidemment de blocage.
09:37 C'est pour nous absurde de dire qu'un cessez-le-feu doit être conditionné
09:41 à la libération des otages, on pense au contraire qu'un cessez-le-feu
09:43 pourrait permettre d'avoir des négociations.
09:46 On a sorti un communiqué de presse hier, on a parlé avec des familles des otages
09:49 qui sont aussi pour certaines d'entre elles assez critiques
09:53 sur la politique du gouvernement de Benjamin Netanyahou,
09:55 et qui se montrent très inquiètes aussi de ce type d'attaque indiscriminée,
09:59 parce que les otages sont dans les souterrains avec le Hamas,
10:01 et qu'ils pourraient aussi perdre la vie dans ce type d'attaque.
10:04 Donc je pense que même en Israël, on voit aussi que tout le monde
10:07 n'est pas derrière le gouvernement israélien et sa stratégie actuelle,
10:10 mais malheureusement on doit acter le fait que pour l'instant
10:14 c'est désespérant et tragique, mais c'est pour ça que nous comme organisation
10:17 on se mobilise, on fait une pétition, il y aura des mobilisations.
10:19 Nous devons, je pense, collectivement, comme humanité, réagir
10:22 et absolument faire pression sur celles et ceux qui ont la capacité,
10:26 en tout cas de faire pression sur les partis en présence.
10:28 - Karine Thibault, nouvelle directrice de la section belge francophone
10:31 d'Amnesty International, revenons chez nous si vous le voulez bien à présent.
10:35 Vous dénoncez très clairement la politique d'accueil menée par
10:38 la secrétaire d'Etat Nicole Demore, qu'est-ce qui ne va pas ?
10:41 - Il n'y a rien qui va, en fait ce n'est pas une politique d'accueil.
10:44 Ce qu'on vit depuis deux ans est une violation systématique de l'état de droit.
10:48 Cela veut dire que la Belgique a été condamnée plus de 8000 fois,
10:51 il faut imaginer ce que cela veut dire, la Belgique condamnée plus de 8000 fois
10:54 pour non-respect de ses engagements internationaux et nationaux,
10:58 parce que la Belgique depuis un certain temps refuse d'accueillir
11:01 les demandeurs d'asile, et je dis demandeurs d'asile parce que ce sont
11:04 les hommes seuls qui ne sont plus accueillis dans les structures d'accueil
11:07 et donc on se retrouve avec des campementantes dans le centre d'un pays
11:11 comme la Belgique qui est un pays riche, il faut le rappeler,
11:13 donc des gens qui fuient des persécutions, qui fuient la guerre,
11:15 se retrouvent à dormir dehors, dans un temps froid, sous la pluie,
11:19 alors que nous avons la capacité de les accueillir.
11:21 Nous l'avons fait pour les Ukrainiens et les Ukrainiennes,
11:24 nous avons accueilli 70 000 personnes, cela n'a pas posé de problème,
11:27 nous avons été capables de les accueillir dignement,
11:29 nous sommes capables d'accueillir les autres demandeurs et demandeuses d'asile
11:32 qui viennent d'autres pays, et en fait je pense que ce qui est là derrière
11:35 c'est le refus aussi d'activer un plan de répartition
11:38 qui permettrait d'envoyer ces demandeurs d'asile vers différentes communes,
11:42 on parle de 2600 personnes qui dorment dehors,
11:44 ce n'est vraiment pas un chiffre impressionnant,
11:47 c'est un chiffre qui est tout à fait gérable pour un État comme le nôtre.
11:50 Certains pensent que le gouvernement freine des quatre fers,
11:53 pourquoi il décide de ne pas respecter ces décisions de justice ?
11:56 Je pense que d'abord il y a la peur, la peur de l'extrême droite en Flandre,
12:02 on le voit bien dans les sondages que le Vlaams Belang augmente
12:05 et en tout cas grappille peu à peu des voix en Flandre,
12:08 malheureusement ce n'est pas en ayant des politiques de plus en plus dures
12:11 que ça va s'arranger, et ce n'est pas non plus en violent quelque part
12:15 des éléments essentiels qui sont l'État de droit,
12:17 ça veut dire le respect de la séparation des pouvoirs,
12:19 qu'un État doit respecter les décisions de justice,
12:22 et que cette justice est indépendante et impartiale,
12:25 et donc il y a là pour moi aussi une faille,
12:27 ça veut dire qu'à un moment donné on se rend bien compte
12:29 qu'on peut être condamné et fouler au pied les décisions de justice
12:32 et qu'il n'y aura pas de conséquences,
12:34 on a été saisir quelques meubles auprès du cabinet de Nicole De Mors,
12:38 mais ça s'est arrêté là, et donc je pense qu'on est vraiment
12:41 dans une situation extrêmement problématique et dangereuse pour l'avenir.
12:45 Vous parlez de justice, votre réaction, le fait de ne pas tenir compte
12:49 de l'avis du Conseil d'État ?
12:51 L'avis du Conseil d'État, c'est le même problème,
12:53 ça veut dire qu'on foule au pied en tout cas l'État de droit,
12:56 que là aussi on s'assoit sur ce type de décision,
12:58 et plus grave encore, Nicole De Mors a déclaré qu'elle savait
13:01 qu'elle serait recalée par le Conseil d'État.
13:03 Donc à un moment donné c'est vraiment problématique,
13:05 parce que par ailleurs on crée des situations d'immense précarité
13:09 dans Bruxelles, d'immense difficulté, et on le voit au jour le jour,
13:13 cette précarité augmente, et elle est problématique aussi
13:15 pour les gens qui vivent à Bruxelles, ou qui vivent en tout cas
13:18 près des campements de temps, donc je crois qu'il y a là
13:21 une responsabilité de l'État d'accueillir dignement les gens
13:23 qui fouillent des persécutions, et de leur offrir un toit chaud
13:25 et un repas, et c'est une obligation de l'État belge,
13:28 donc on ne peut pas s'asseoir sur nos obligations
13:30 quand on a peur, ou quand on n'a pas envie d'activer
13:32 un plan qui nous fait peur.
13:33 Justement, d'une manière plus générale, pour aller peut-être
13:36 un peu plus loin, pourquoi la Belgique reste encore et toujours
13:39 l'un des plus mauvais élèves en Europe en la matière,
13:41 alors que pourtant elle a les moyens ?
13:43 La Belgique elle est moyenne, la Belgique a peur,
13:45 la Belgique est aussi paralysée souvent par la complexité institutionnelle,
13:48 je pense que malheureusement il y a trop de partis politiques
13:51 qui sont de plus en plus frileux sur la question de la migration,
13:53 alors qu'on l'a démontré, je pense que l'exemple
13:56 de l'accueil des Ukrainiens et Ukrainiennes montre
13:58 à quel point quand on fait un accueil digne,
14:00 en fait il ne se passe rien.
14:02 Ça veut dire que les gens voient des personnes
14:04 qui tout simplement arrivent dans les écoles,
14:06 les accueillent dignement, voient des personnes
14:08 qui ont accès à des formations,
14:10 qui peuvent mettre leurs compétences au service de l'économie,
14:13 et il faut le rappeler, je pense qu'il y a aussi
14:15 beaucoup de sans-papiers qui travaillent en Belgique,
14:17 et qui donc occupent des emplois que peu de gens veulent occuper,
14:20 mais qui sont nécessaires pour l'économie de la Belgique.
14:22 - Quelle piste selon vous pourrait-on explorer
14:25 pour tenter d'améliorer un petit peu la situation chez nous ?
14:28 - La piste principale c'est le plan de répartition,
14:30 donc ça veut dire de réquisitionner les bâtiments vides,
14:33 c'est de permettre aux gens finalement d'être répartis
14:36 selon les communes et selon le nombre d'habitants,
14:39 et donc de soutenir via l'État fédéral cet accueil,
14:42 et donc je pense que c'est tout à fait de l'ordre du faisable,
14:44 2600 personnes qui n'ont pas d'endroit où dormir,
14:46 on a plus de 500 communes en Belgique,
14:48 et ça représente en fait un demandeur d'asile
14:50 dans les communes, je pense que c'est tout à fait gérable.
14:52 - Alors Karine Thibault, restez avec nous,
14:54 on se retrouve dans quelques instants pour la deuxième partie
14:56 de notre entretien après une petite pause.
14:58 Et on replonge dans votre carrefour de l'information
15:08 avec notre invitée Karine Thibault,
15:10 la nouvelle directrice de la section belge-francophone
15:12 d'Amnesty International, rebonjour.
15:14 - Rebonjour.
15:15 - Alors on va revenir un peu, si vous le voulez bien sûr,
15:17 sur vos nouvelles fonctions en tant que nouvelle directrice
15:20 de cette section francophone d'Amnesty International Belgique.
15:23 Après le départ, peut-être il faut le souligner,
15:25 de Philippe Eintzman, ça fait plus de 30 ans
15:27 de bons et noyaux services, et vous annoncez déjà
15:29 un petit peu la couleur avec l'une de vos premières déclarations
15:32 que j'ai relevées dans la presse,
15:34 Amnesty International est une organisation qui joue
15:36 un rôle incontournable, autant j'imagine
15:38 les défis sont nombreux à relever.
15:40 - Les défis sont gigantesques, à envie une période
15:42 dans laquelle les crises se multiplient
15:44 et se renforcent les unes les autres,
15:46 que ce soit le dérèglement climatique,
15:48 que ce soit la croissance des inégalités,
15:50 les conflits aussi, des conflits très médiatisés
15:52 comme ce qui se passe à Gaza, mais d'autres
15:54 qui sont moins médiatisés comme ce qui se passe au Yémen,
15:56 et par ailleurs, une palette de droits humains
15:59 qui sont soit respectés, soit violés,
16:01 ça va de la question des droits des femmes
16:03 à la question évidemment des personnes LGTBQIA+,
16:06 à la question des migrants,
16:08 et donc évidemment Amnesty devient une grande organisation
16:11 qui rassemble beaucoup de membres,
16:13 11 millions de membres de par le monde,
16:15 et pour nous c'est un gros enjeu de travailler
16:17 à pouvoir convaincre les gens que les droits humains
16:19 c'est essentiel pour avoir une vie digne
16:21 dans ce pays, dans ce monde,
16:23 et aussi permettre en tout cas
16:25 de dénoncer les violations et de prévenir celles-ci.
16:27 Donc ça devient une organisation
16:29 qui est absolument incontournable un peu partout,
16:31 et qui traite de sujets multiples et variés,
16:34 et ça n'arrête pas de grandir en tout cas.
16:37 Pour moi c'était un élément central de dire
16:39 Amnesty pour cela sera et restera incontournable.
16:42 - Justement, et pour renforcer toute cette crédibilité,
16:44 d'Amnesty International,
16:46 il faut aussi mener des campagnes efficaces
16:48 et des enquêtes rigoureuses ?
16:50 - Complètement, Amnesty c'est vraiment ça,
16:52 c'est la marque de fabrique,
16:54 c'est d'un côté avoir des membres,
16:56 des membres très actifs, des volontaires
16:58 qui travaillent au quotidien,
17:00 et qui par exemple vont faire des campagnes
17:02 pour libérer des individus en danger,
17:04 des gens qui sont emprisonnés,
17:06 comme par exemple la dernière prix Nobel de la paix iranienne
17:08 qui a été récompensée récemment,
17:10 mais c'est aussi évidemment des enquêtes rigoureuses,
17:12 qui vont faire un travail d'enquête,
17:14 détaillée, sortir des rapports détaillés
17:16 qui pourront servir un jour,
17:18 et c'est ça l'objectif, à pouvoir en tout cas
17:20 aller en justice, parfois la justice internationale
17:22 ou la justice nationale,
17:24 si on utilise la compétence universelle
17:26 pour en fait que les victimes soient enfin reconnues
17:28 dans leurs droits et dans les violations qu'elles ont vécues.
17:30 - Alors Karine Thibault, on va peut-être parler un petit peu,
17:32 on se dirige tout doucement vers la fin de l'entretien,
17:34 on va parler un petit peu de vous,
17:36 si vous le voulez bien,
17:38 avant d'arriver à Amnesty International.
17:40 Grimpeace, quelques mots.
17:42 - J'ai été porte-parole et conseillère politique
17:44 en plus de 3 ans à Grimpeace,
17:46 et donc je pense que c'était indispensable pour moi
17:48 de travailler sur la question du dérèglement climatique,
17:50 ce que fait aussi Amnesty International,
17:52 parce que c'est une menace pour la survie de l'humanité,
17:54 aussi simplement que ça,
17:56 et ça menace évidemment tous les droits humains,
17:58 et donc travail pour Grimpeace a été un honneur,
18:00 j'ai encore beaucoup de collègues et amis sur place,
18:02 et ça m'a permis aussi d'aller dans toutes les COP,
18:04 et de voir aussi l'inaction
18:06 d'une partie des gouvernements mondiaux
18:08 face à une menace qui pèse sur tout le monde,
18:10 et là aujourd'hui c'est particulièrement visible,
18:12 puisqu'on a décidé, enfin,
18:14 il vient de sortir une étude qui montre que le mois d'octobre
18:16 sera le mois le plus chaud qu'on ait jamais connu,
18:18 et peut-être 2023 l'année la plus chaude qu'on ait jamais connue sur Terre.
18:20 - La suite, le CNCD 11.11.11,
18:22 une autre expérience.
18:24 - Là aussi j'étais directrice campagne,
18:26 travaillait avec des volontaires, travaillait sur des grandes mobilisations,
18:28 sur les accords de commerce, sur la question de la migration,
18:30 et d'autres sujets, donc c'était aussi pour moi
18:32 un moment, je venais de rentrer en Belgique
18:34 après de longues années à l'étranger,
18:36 et donc c'était aussi une opportunité
18:38 de travailler dans cette organisation.
18:40 - Et puis ce n'est pas terminé,
18:42 "Médecin du monde" avec qui vous avez beaucoup voyagé.
18:44 - J'ai beaucoup voyagé, j'ai travaillé sur la question des droits des femmes
18:46 et droits des migrants, en Haïti, un pays qu'on oublie souvent,
18:48 qui était la première république noire,
18:50 la première indépendance,
18:52 face à un pouvoir colonial qui était le pouvoir français,
18:54 travaillant en Uruguay, en Argentine,
18:56 sur les droits des femmes,
18:58 et j'ai pu aussi connaître Olivier Vandecastel,
19:00 pour lequel Amnesty s'est largement mobilisée,
19:02 on était collègues à l'époque, lui travaillant en Afghanistan,
19:04 et donc là c'est évidemment découvrir des contextes
19:06 dans lesquels la pauvreté, la précarité,
19:08 les différences de classe sociale sont gigantesques,
19:10 et être aux côtés des victimes,
19:12 et donc dans mon cas, ça a été être aux côtés des femmes
19:14 victimes de viols,
19:16 qui en tout cas réclamaient justice.
19:18 C'était pour moi une expérience très marquante.
19:20 - Aujourd'hui, directrice d'Amnesty International,
19:22 je dirais personnellement une suite logique
19:24 au regard de votre parcours.
19:26 Alors, un autre challenge, un autre défi,
19:28 et aussi une autre dimension à relever ?
19:30 - Oui, évidemment,
19:32 devenir directrice, c'est un autre challenge,
19:34 mais je pense que je ne suis pas toute seule,
19:36 il y a une équipe extrêmement engagée,
19:38 je succède aussi à quelqu'un qui a déjà tracé une voie,
19:40 qui était une voie d'éthique et une voie de dénonciation,
19:42 et donc, pour nous, l'enjeu,
19:44 ce sera de créer des campagnes qui soient percutantes,
19:46 qui permettent de convaincre les gens,
19:48 face à la diminution
19:50 et les attaques qui sont faites aux droits humains,
19:52 et de pouvoir convaincre tout le monde
19:54 qu'en fait tout humain a des droits, et qu'il faut les respecter,
19:56 que les autorités ont des responsabilités, des devoirs,
19:58 et aussi de continuer à dénoncer,
20:00 de faire entendre cette voix,
20:02 et de mobiliser les gens sur ces sujets,
20:04 je pense que ce n'est pas simple toujours,
20:06 parce que l'international, ça intéresse parfois moins que le national,
20:08 donc il faudra jongler entre l'international et le national,
20:10 mais c'est un défi qui me fait plaisir,
20:12 à titre personnel, de relever,
20:14 et puis il y a toute une équipe là-derrière,
20:16 une équipe sacrément engagée et experte.
20:18 - Voilà, c'est le ton donné par Karine Thibault,
20:20 la nouvelle directrice de la section belge-francophone
20:22 d'Amnesty International,
20:24 merci d'avoir été notre invitée aujourd'hui.
20:26 - Merci à vous.
20:28 - On vous retrouve sur Carrefour de l'Info, à tout de suite.
20:30 - Le Carrefour de l'Info, sur Arabelle.
20:32 ...
20:34 - A tout de suite,
20:36 la suite de votre Carrefour de l'Information,
20:38 l'essentiel de l'actualité nationale,
20:40 les syndicats du rail qui ont débuté hier soir
20:42 une grève qui prendra fin demain,
20:44 à 22h, et par cette action,
20:46 la CGSP-Cheminot,
20:48 la CSC-Transcom et le SLFP-Cheminot
20:50 entendent dénoncer
20:52 un manque de respect de la concertation sociale
20:54 dans le cadre de réorganisation interne,
20:56 le service alternatif
20:58 de circulation des trains mis en place
21:00 en raison de cette grève fonctionne comme prévu,
21:02 indique un porte-parole de la SNCB.
21:04 Par ailleurs, la direction des chemins
21:06 de fer a jugé, elle, cette grève
21:08 disproportionnée en raison du service
21:10 minimum en vigueur, la SNCB,
21:12 qui a établi donc une offre alternative
21:14 de circulation des trains en fonction
21:16 du personnel disponible.
21:18 Belgique Santé, Alzheimer,
21:20 il pourrait y avoir 20% de malades
21:22 d'Alzheimer en plus d'ici 10 ans,
21:24 la difficile maladie de l'oubli
21:26 qui ferait passer de 210 000
21:28 à 250 000 le nombre de personnes
21:30 touchées dans notre pays.
21:32 Il faudra du personnel formé en suffisance
21:34 et veiller aussi au bien-être des aidants
21:36 proches. Un appel à projets est lancé
21:38 pour booster la recherche
21:40 psychosociale sur la démence,
21:42 à côté de plus en plus de la recherche médicale.
21:44 Alors, pour améliorer le bien-être
21:46 des patients, des aidants proches et des soignants,
21:48 l'appel à projets est lancé aux
21:50 universités et aux hautes écoles.
21:52 La sélection aura lieu en mars prochain.
21:54 En va en amé-conscience et lire
21:56 ceux qui ont le plus d'impact immédiat.
21:58 Les financements seront donnés pour des périodes
22:00 d'un an, un an et demi, voire deux ans
22:02 en fonction des projets qui seront
22:04 proposés, explique le neurologue
22:06 Eric Salmon qui est du conseil
22:08 consultatif en recherche psychosociale
22:10 sur la démence. Les universités
22:12 et les hautes écoles sont invitées
22:14 à soumettre leurs projets de recherche
22:16 sur le site www.stopalzheimer.be
22:20 Enfin, un belge sur quatre
22:22 avoue se garer sur un
22:24 espace interdit. D'après une enquête
22:26 européenne, la Belgique est une très mauvaise
22:28 élève en ce qui concerne le stationnement. Un conducteur
22:30 belge sur quatre admet se garer
22:32 occasionnellement sur une piste
22:34 cyclable, ce qui fait de la Belgique
22:36 le pire élève européen en la matière.
22:38 C'est ce qu'indique l'Institut pour la sécurité
22:40 routière VIAZ sur base d'une
22:42 enquête européenne menée par la fondation
22:44 Vinci Autoroute. Selon
22:46 cette dernière, la Belgique connaît d'ailleurs une augmentation
22:48 de tous les comportements
22:50 inciviques liés au stationnement.
22:52 Voilà, c'est la fin de ce Carrefour de l'information.
22:58 Merci pour votre fidélité. Je vous souhaite
23:00 un très bon appétit, si vous êtes à table, une excellente
23:02 après-midi à l'écoute de nos programmes
23:04 sur Arabelle.