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Transcription
00:00 Je m'appelle Kim Burley et depuis que je suis petite, on m'appelle Kim Bourlet.
00:03 Dès que quelqu'un m'appelle Kim Burley, ça me rend très anxieuse
00:05 et du coup, je suis en train de faire des démarches pour changer de prénom.
00:08 Et plus m'appeler Kim Burley, m'appeler juste Kim.
00:09 Les gens n'ont aucune idée de l'impact de leurs mots
00:13 et qu'aujourd'hui, j'ai 24 ans et qu'il y a certains mots qu'on m'a dit il y a 10 ans
00:17 qui sont encore des traumatismes et que j'essaye encore de régler en thérapie.
00:20 À l'âge de 10 ans, j'ai commencé à me faire harceler.
00:23 J'ai toujours été la plus grosse de mes copines.
00:26 Elles se moquaient beaucoup de moi par rapport à mon poids
00:27 et c'était très dur à vivre parce que les enfants sont très méchants.
00:31 On allait à la piscine et moi, j'avais de la poitrine,
00:33 mais ce n'était pas vraiment de la poitrine, c'était de la graisse.
00:35 Et du coup, j'étais sujette aux critiques et on se moquait clairement de moi.
00:40 C'était très dur à vivre parce que j'étais différente des autres enfants.
00:44 Je mangeais plus que les autres, c'est vrai,
00:46 parce que j'ai toujours eu tendance à être gourmande.
00:48 J'ai très jeune fait de l'hyperphagie.
00:50 L'hyperphagie, c'est un trouble alimentaire
00:52 qui fait qu'en fait, tu vas manger des quantités très rapidement liées à l'anxiété.
00:56 Moi, je mangeais vraiment mes émotions.
00:58 Je n'ai pas forcément peur d'aller à l'école
01:00 parce que j'ai toujours été quelqu'un qui avait quand même beaucoup d'amis,
01:03 même si ces amis en question me critiquaient beaucoup.
01:05 J'étais un peu la copine facile à critiquer.
01:07 C'était la période où Facebook, ça devenait connu.
01:09 À 11-12 ans, on commence à créer un compte dans le dos de ses parents
01:13 et là, le harcèlement, il était encore plus puissant.
01:15 J'avais beaucoup de personnes dans mon école qui étaient soi-disant mes amies,
01:18 qui avaient créé des faux profils pour m'insulter.
01:21 Donc, j'ai des souvenirs de comptes qui se créaient
01:23 avec une photo de baleine à la place de ma tête, etc.
01:25 Il n'y avait plus de limite, quoi.
01:26 Parce qu'à la limite, quand j'allais à l'école,
01:28 je savais qu'à 16h, ma journée se terminait, le harcèlement se terminait.
01:31 Là, le harcèlement, il me suivait jusqu'à chez moi.
01:33 Il y a 15 ans, le harcèlement, ce n'était pas connu comme ça l'est aujourd'hui.
01:37 J'en parlais, mais pas forcément en détail.
01:40 J'avais l'impression que tout le monde avait vécu ça, en fait.
01:43 J'avais l'impression que c'était quelque chose de normal
01:44 et que ça faisait partie de la vie
01:46 et que c'était un peu une étape pour te forger, entre guillemets.
01:48 Donc, j'en parlais.
01:49 Ma mère a déjà été voir plusieurs fois le directeur
01:52 en lui expliquant la situation.
01:54 Mais aujourd'hui, c'est un peu compliqué de faire bouger les choses.
01:56 Je vous laisse imaginer il y a 15 ans.
01:58 Donc, ce n'était pas non plus quelque chose qui avait été pris très au sérieux.
02:01 Et comme moi, j'étais quelqu'un qui avait quand même pas mal de copains, copines,
02:06 le harcèlement était un peu camouflé derrière ça.
02:07 J'ai fait une phobie scolaire au moment de la troisième.
02:10 Sachant que ma scolarité, à ce moment-là, elle se passe plus ou moins bien.
02:13 En fait, c'était une petite école, on était 15 élèves dans la classe.
02:16 Et en fait, sur les 15, j'avais trois amis.
02:18 Et le reste, c'était que du harcèlement.
02:20 Du harcèlement, du harcèlement, du harcèlement.
02:22 Et on me rabaissait et on se foutait de ma gueule en permanence.
02:25 Et en fait, je n'osais même plus aller à l'école.
02:29 C'était devenu très dur.
02:30 En plus, j'étais très vulnérable à ce moment-là.
02:31 Elle est dégueulasse, elle dégoûte, elle est grosse, etc.
02:34 qui était dit ouvertement devant moi ou alors dans mon dos, mais que j'entendais.
02:37 Ça m'a détruite, ça m'a traumatisée.
02:40 Ce qui m'a tenue en vie avec tout ce que j'ai vécu, c'est la thérapie.
02:44 C'est le fait d'en parler, le fait de libérer mes mots, de mettre des mots sur mes mots.
02:47 Et je pense vraiment que si on gagne tout pour soi, c'est s'emprisonner dans son propre malheur.
02:53 Et du coup, en parler aussi à ses proches.
02:55 Moi, je sais que j'ai eu un entourage formidable qui m'a beaucoup écoutée,
02:58 qui m'a beaucoup épaulée, qui m'a beaucoup encouragée.
03:00 C'est très important de bien s'entourer avec des personnes de confiance.
03:04 Et si j'ai un conseil à donner pour les harceleurs,
03:06 parce que c'est aussi important d'en parler,
03:08 les harceleurs et les personnes qui sont, entre guillemets, témoins de ça,
03:11 chercher aussi le fond du problème, parce qu'un harceleur, il ne harcèle pas pour rien.
03:15 Il a un problème aussi au fond de lui.
03:17 Et ça, c'est quelque chose dont on ne parle pas assez.
03:20 Mais ça n'excuse en rien le harcèlement et ça n'excusera jamais le harcèlement.
03:23 Aujourd'hui, moi, travailler sur les réseaux sociaux
03:25 et véhiculer des messages positifs, bienveillants et parler de santé mentale,
03:28 c'est un peu une revanche.
03:30 Et justement, en fait, moi, je voulais être la personne que j'aurais voulu suivre il y a quelques années,
03:34 quand justement, je n'avais pas de repères, quand c'était un peu compliqué, tout était noir.
03:38 Je sais que je ne suis pas médecin, je ne suis pas spécialiste.
03:39 Je donne juste des conseils à mon échelle avec mon expérience.
03:42 Mais au moins, ça me fait du bien de me dire que je n'ai pas vécu mon malheur pour rien.
03:45 Je n'ai pas souffert pour rien.
03:46 Bannir le compte d'un utilisateur ou alors lui confisquer son téléphone,
03:49 ça ne pourra jamais être vraiment contrôlé, malheureusement.
03:51 Mais par contre, ce qui est super, c'est que c'est très important qu'il y ait des cours à l'école,
03:55 au collège, au lycée, même dès la primaire.
03:57 Et il ne faut pas penser que l'école va faire tout son rôle.
03:59 Je pense que c'est aussi aux parents.
04:00 Les parents ont un énorme rôle dans l'éducation de leurs enfants autour du harcèlement.
04:04 Donc, c'est une éducation à prendre en compte et à l'école, et à la maison, et sur les réseaux sociaux.

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