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Le dernier rapport sur l’état d’avancement des Objectifs de Développement Durable (ODD), publié le 25 avril 2023, dresse un tableau préoccupant, avec seulement 12% des 169 cibles des ODD en bonne voie et des progrès au point mort ou inversés sur plus de 30% des objectifs.

Les reculs sont notamment dus aux tensions politiques croissantes et aux multiples crises. Mais aussi, très largement, au manque de financements. En juillet 2023, António Guterres, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que « le déficit annuel de financement des objectifs de développement durable [était] désormais estimé à 4,2 trillions de dollars – contre 2,5 trillions avant la pandémie ».

Face aux tensions actuelles, la santé mondiale nous offre des exemples de solutions efficaces pour penser la protection des biens publics mondiaux.

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00:00:29 Bonjour à tous. Merci de vous être connectés pour suivre cette conférence organisée par l'Opinion et les amis du Fonds mondial Europe.
00:00:39 1h30 de débat et de discussion autour des questions liées au multilatéralisme, à la coopération internationale, à la santé dans le monde.
00:00:49 Est-ce que la santé peut bénéficier du multilatéralisme ? Ou est-ce que les tensions actuelles que l'on connaît bien sûr et qu'on imagine,
00:00:59 peuvent nuire au développement de cet impératif qu'est la santé pour tous dans le monde ?
00:01:05 On va démarrer tout de suite avec vous, Laurent Vigée. Bonjour.
00:01:08 Bonjour.
00:01:08 Vous êtes le président des amis du Fonds mondial Europe. Un mot d'abord sur ce que c'est que le Fonds mondial.
00:01:15 Le Fonds mondial, c'est une organisation internationale et un partenariat qui a été créé, voici maintenant, 20 ans,
00:01:21 au tournant des années 2000, pour apporter des réponses très opérationnelles à trois grandes pandémies, le sida, la tuberculose et le paludisme,
00:01:30 qui ont été à ce moment-là identifiées comme des menaces globales et pour lesquelles il fallait apporter des réponses pour les faire reculer et les vaincre finalement.
00:01:41 Un instrument international.
00:01:42 C'est un instrument.
00:01:43 Un outil international.
00:01:44 C'est un outil international qui a ciblé sur ces trois maladies, qui a permis de changer de façon radicale l'équation notamment de l'accès au traitement
00:01:55 et de l'accès à la prévention et les résultats. Ils sont présents aujourd'hui. On les voit avec un recul très net de toutes ces maladies
00:02:04 qui aujourd'hui sont en perspective d'être vaincues, nous l'espérons, d'ici l'horizon 2030.
00:02:10 — On va revenir sur tous ces sujets. Mais un mot quand même pour continuer à présenter le Fonds mondial. C'est une initiative de Jacques Chirac à l'époque et de Kofi Annan...
00:02:20 — Oui, de Kofi Annan.
00:02:22 — ...qui aura peu de temps après le prix Nobel de la paix, d'ailleurs. Je parle de Kofi Annan, pas de Jacques Chirac.
00:02:29 Et on pourrait croire, quand on voit ces deux signatures, ces deux grandes personnalités, qu'ils ont fondé un machin, comme disait de Gaulle,
00:02:38 une institution internationale. C'est pas le cas. — Non, ça n'est pas le cas. On a demain le forum de Paris pour la paix.
00:02:46 La paix, c'est un vrai sujet. On se rend compte aujourd'hui, pendant longtemps, parler de la paix, c'était quelque chose d'un peu... des bons sentiments.
00:02:55 On voit aujourd'hui que le monde est au risque de la guerre, partout, au risque du déséquilibre, partout. Pourquoi ?
00:03:01 Parce que le système international, qui est censé réguler les relations entre les nations, apporter des solutions aux problèmes globaux, est en crise.
00:03:10 Et ce diagnostic, il avait été posé déjà à la fin des années 90, au début des années 2000, quand, après le moment unipolaire de la chute du mur de Berlin...
00:03:21 — Ce rêve de la fin de l'histoire. — Ce rêve de la fin de l'histoire, on a commencé à se rendre compte qu'il y avait un certain nombre de sujets
00:03:27 qui n'étaient pas traités, qui étaient laissés en déshérence et qui minaient progressivement la mondialisation telle qu'elle était en train de se mettre en place,
00:03:37 et faisant recourir un risque ultime à la paix. — Bon. Mais en général, quand on voit ce genre de choses, quand les diplomates voient ce genre de choses,
00:03:44 ils créent un machin. — Oui. Mais le président Chirac et Kofi Annan, à l'époque, ont fait l'analyse que derrière ce déséquilibre,
00:03:52 il y avait le besoin de la justice, et notamment de la justice en matière de santé, car quand on avait le débat « Les malades sont au sud et les médicaments sont au nord »,
00:04:01 on se rend compte qu'en réalité, ce débat était un débat très profond qui était de nature à faire perdre toute confiance dans l'avenir commun
00:04:10 qu'on souhaitait bâtir. — Alors aujourd'hui, les tensions multilatérales créent en fait une pression considérable sur l'effort
00:04:21 que les uns et les autres acceptent de faire, et aussi sur les cibles qu'il faut choisir de taper, si j'ose dire, pardon d'employer un vocabulaire quasi-militaire,
00:04:28 en particulier quand il s'agit de traiter des maladies. — Bien sûr. Bien sûr. Et le choix qui avait été fait à l'époque était de cibler ces 3 grandes pandémies.
00:04:38 Pourquoi ? Parce que les moyens que la communauté internationale, que la solidarité internationale est susceptible d'allouer à ces combats
00:04:46 n'est pas infini. Alors on peut vouloir tout faire. Mais selon Vieillardage, « Qui troupe en brasse m'a les trains ».
00:04:53 Et donc en fait, le fait de cibler les moyens sur des objectifs qui étaient mesurables, atteignables, et de créer cet instrument,
00:05:02 le Fonds mondial, qui a concentré l'effort, c'est ça qui a permis d'atteindre des résultats mesurables. — Le Fonds mondial lève des capitaux.
00:05:08 Lève des capitaux, définit des programmes avec les pays, avec également l'ensemble des communautés, y compris les communautés de malades, les ONG.
00:05:18 Donc le Fonds mondial... — Toutes les parties prenantes sont dans l'association, dans le Fonds.
00:05:22 — Toutes les parties prenantes sont dans le Fonds mondial avec une bureaucratie qui, comparativement à d'autres agences onusiennes,
00:05:28 est limitée au strict minimum. Donc le Fonds mondial est une structure opérationnelle. Et c'est au fond un multilatéralisme de projet.
00:05:37 Ce qui est le sujet, l'originalité du Fonds mondial et qui fait que ce modèle est toujours pertinent aujourd'hui, c'est qu'a été créé
00:05:45 – voici 20 ans – un instrument pour répondre à un besoin, à une urgence – bien public mondiaux, aujourd'hui, on dirait –
00:05:54 mais une urgence bien ciblée, et que cet instrument a été conçu pour apporter des résultats.
00:06:01 — Et les résultats, en tout cas, on en mesure certains. On n'est pas au bout de la route. Mais vous le disiez tout à l'heure,
00:06:07 un certain nombre de pandémies ont été soit évitées, soit ont commencé à décroître. Après tout, les efforts sont peut-être suffisants
00:06:17 ou on peut peut-être passer à autre chose, non ? — Eh bien si on passe à autre chose, il faut pas croire que ça n'est pas une logique de stock.
00:06:24 On n'a pas atteint des résultats. Et puis on passe à autre chose. Les résultats sont maintenus.
00:06:27 — Les maladies ne sont pas éradiquées. — Les maladies ne sont pas éradiquées.
00:06:30 — Elles peuvent l'être. — Elles peuvent l'être. Certaines maladies ont été éradiquées. Mais tant qu'elles ne sont pas éradiquées,
00:06:36 elles sont là. Elles sont là et elles peuvent revenir. Et elles peuvent revenir même de façon plus forte.
00:06:40 — Donc il faut continuer l'effort. — Si on arrête l'effort aujourd'hui, on va faire face très rapidement à un rebond de toutes ces grandes pandémies.
00:06:49 Donc c'est pour ça que l'effort... Il faut terminer le travail. On peut pas s'arrêter au milieu du guet, parce que si on s'arrête
00:06:55 au milieu de la rivière, eh bien on tombe et on se noie. — Et précisément, vous avez... Le Fonds mondial a récolté,
00:07:01 a levé moins de capitaux qu'il espérait en 2023. — Mais plus. Néanmoins, il a continué sa progression, moins qu'il l'espérait.
00:07:10 Mais il a continué sa progression. Mais évidemment, il y a des sources de préoccupation, qui est effectivement la concurrence des causes,
00:07:18 la raréfaction des enjeux et puis la raréfaction des moyens financiers. Et puis surtout cette crise du multilatéralisme,
00:07:27 cette défiance qui s'installe entre les États, entre les grands blocs, ce retour de la logique des godes et puissances fait qu'on perd de vue
00:07:36 qu'au fond, cette planète, elle est notre bien commun et que la santé... Il y a un thème qui m'intéresse beaucoup dans le domaine de la santé.
00:07:43 C'est le thème One Health, la santé unique. En fait, on se rend compte – on l'a vu avec le Covid – que la santé humaine est indissociable
00:07:53 de la santé animale, des épisodes, de la santé de la planète, le réchauffement climatique qui va faire remonter le paludisme.
00:08:01 Les enjeux sont connectés de façon très évidente. Mais effectivement, il faut qu'on se donne les moyens de ne pas se disperser,
00:08:09 de concentrer l'effort sur les résultats. — Alors précisément sur les effets de la crise du multilatéralisme sur ces sujets-là,
00:08:16 vous avez cité tout à l'heure cet adage – pardon, c'est peut-être pas comme ça qu'il faut l'appeler – « Les malades sont au Sud,
00:08:21 les médicaments sont au Nord ». On parle aujourd'hui du Sud global qui veut exister, qui veut s'imposer dans une forme de gouvernance mondiale
00:08:31 qui soit rééquilibrée et qui ne soit plus essentiellement, si ce n'est exclusivement, dans les mains du Nord.
00:08:36 Est-ce que cette notion de Sud global, par exemple, vous en souffrez ? — Je suis très inconfortable avec cette notion de Sud global,
00:08:45 comme avec la notion de l'Ouest collectif. Ces deux notions sont des concepts qui sont issus directement de la propagande russe.
00:08:52 On peut le dire. Absolument, quand on regarde la notion de Sud global, etc., on ne peut pas... — C'est-à-dire quoi ?
00:08:58 C'est que la Russie essaye de monter une forme de résistance face aux Occidentaux ? — De revenir dans une logique de grande puissance.
00:09:07 Et la logique du multilatéralisme, c'est justement de dépasser la logique des grandes puissances pour arriver à avoir un monde
00:09:16 qui est régulé par le droit et par la coopération. Président Chirac, à l'époque, parlait de la montée – ça a été mal compris –
00:09:24 de la montée du monde multipolaire. Il ne disait pas que le monde multipolaire était un projet. Il disait que le monde multipolaire,
00:09:31 c'est un fait, parce que la croissance économique, la croissance démographique fait que des pays, des régions du monde s'affirment.
00:09:39 Mais ensuite, une fois qu'on est parti de ce constat du monde multipolaire, il y a deux manières de l'organiser.
00:09:44 Soit on le laisse à lui-même. Et c'est le retour de l'affrontement des puissances. C'est le moment où on est.
00:09:49 Soit on le réorganise par le droit, par le système multilatéral, en transformant, en améliorant, en intégrant dans le système multilatéral
00:09:58 toutes les parties prenantes. Et on arrivera à dépasser ces contradictions et ces affrontements qui montent dans ce système multipolaire.
00:10:08 Donc c'est un point qui, souvent, n'a pas été compris, parce qu'on disait, voilà, le président Chirac parle comme les Chinois et comme les Russes.
00:10:15 Non, le président Chirac disait qu'il y a le monde multipolaire. Ça, c'est le fait. Mais il y a le multilatéralisme. Et ça, c'est le projet.
00:10:21 — Alors ce fonds mondial, il est aussi alimenté par des capitaux privés. C'est même très important. Un des plus gros donateurs,
00:10:29 c'est la Fondation Billy Melinda Gates, désormais, qui fournit combien ?
00:10:34 — Qui fournit plusieurs milliards et qui est un acteur très présent, qui n'est pas le seul, mais qui est un acteur très présent et qui illustre bien,
00:10:43 au fond, la nécessité, cette complémentarité qu'il faut trouver entre l'aide au développement, la solidarité internationale au niveau des États.
00:10:52 Et derrière les États, c'est les contribuables. Et puis donc il faut être capable de justifier chaque euro, chaque dollar qui va être investi.
00:11:00 C'est pour ça que le Fonds mondial, de ce point de vue-là, est exemplaire, puisque les dépenses bureaucratiques sont très limitées. Et puis d'autre part...
00:11:08 — Je comprends le message aux autres institutions, mais je ferme la parenthèse. — Mais parce que c'est un vrai exemple d'un objet qui a une méthode de gestion
00:11:17 qui est performante et qui est capable d'intégrer toutes les parties prenantes. Ensuite, je crois que le rôle de la solidarité internationale
00:11:24 et de ce type d'instrument est aussi de faire un effet de levier sur les financements privés et d'apporter également un contenu, j'allais dire,
00:11:33 intellectuel, normatif, qui va permettre d'orienter le débat. Et ça, le Fonds mondial le fait très bien.
00:11:37 — Il faut qu'on donne quelques échelles, quelques ordres de grandeur. Donc les capitaux levés ou promis en tout cas au début de 2023,
00:11:44 c'est à peu près 15 milliards. — Absolument. — 15,8 milliards. Vous espériez 18. Et c'est mieux que 14 que vous aviez levés au départ.
00:11:52 C'est à peu près ça, les échelles. C'est beaucoup beaucoup d'argent. La France pèse combien ?
00:11:56 — La France est toujours le deuxième donateur du Fonds mondial. Et c'est quelque chose...
00:12:03 — Derrière les États-Unis ? — Derrière les États-Unis. Et ça, c'est quelque chose qui a été voulu à l'époque par le président Chirac,
00:12:12 puisque la France est un donateur très important. Il donnait au moment de la création du Fonds mondial 150 millions d'euros par an.
00:12:20 Elle l'a monté à 300 millions. Et aujourd'hui, nous sommes au-delà de 400 millions. Mais ce qui est important, c'est de dire que le Fonds mondial,
00:12:29 c'est un engagement et un succès français qui s'enracinent dans une très longue durée. Il y a une tradition de grands médecins français.
00:12:36 — Oui. Et d'universalisme français. — Et d'universalisme français. Et quand on parle du lien entre la santé...
00:12:42 « La santé peut-elle soigner le multilatéralisme ? », qui est le thème de notre échange d'aujourd'hui. L'un des premiers événements multilatéraux,
00:12:52 c'est la conférence sanitaire de Paris en 1851. — En 1851. — En 1851. Donc en fait, c'est un marqueur, le choix du multilatéralisme et le choix de la santé.
00:13:04 C'est un marqueur de la politique étrangère de la France et de la solidarité de la France.
00:13:10 — On a beaucoup cité Jacques Chirac, le fondateur avec Ophélie Haddad, encore une fois. Emmanuel Macron, aujourd'hui, est impliqué dans le Fonds mondial.
00:13:15 — Emmanuel Macron est impliqué, est très impliqué. Et je dois dire que tous les présidents depuis le président Chirac,
00:13:23 qu'il s'agisse de Nicolas Sarkozy, de François Hollande et d'Emmanuel Macron maintenant, ont réaffirmé et porté cet engagement de la France
00:13:31 en faveur de la santé mondiale et à travers le Fonds mondial. Et ça, c'est un des sujets de dire qu'au fond, on ne peut atteindre
00:13:39 sur des enjeux pareils de résultats concrets si on ne s'engage pas dans une démarche de long terme. Et là, on a un exemple
00:13:48 d'un engagement de long terme qui porte ses fruits. — Est-ce qu'il y a des pandémies ou des maladies nouvelles que vous aimeriez voir
00:13:56 rejoindre cette trilogie des trois grandes maladies qui ont été combattues depuis une vingtaine d'années, un peu plus de 20 ans maintenant ?
00:14:04 — Je pense qu'il y a évidemment beaucoup d'enjeux de santé publique, beaucoup de maladies qui pourraient justifier ce type d'approche.
00:14:11 Est-ce que ça doit passer par le Fonds mondial ? Est-ce que ça doit passer par d'autres instruments ? C'est un débat qui est ouvert.
00:14:16 Moi, je crois simplement une chose. C'est qu'il y a une sorte de volonté de créer toujours de nouveaux instruments.
00:14:24 Et on finit par complexifier probablement à l'excès le paysage de la santé mondiale. Nous avons un instrument...
00:14:29 — On a un outil. Autant l'utiliser. — On a un outil. Autant l'utiliser, sans le galvauder, mais autant l'utiliser.
00:14:36 — Merci beaucoup, Laurent Aviger. Merci pour cet éclairage. On va tout de suite passer la parole à Cécile Desjardins,
00:14:42 qui va animer le premier débat de cette conférence.
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00:16:16 — Bonsoir à tous. Je suis très heureuse de recevoir le professeur Yazdan Pana. Bonjour, professeur.
00:16:23 — Bonjour. — Alors vous êtes depuis 2021 directeur de l'ANRS-MIE, l'Agence nationale de recherche sur le sida
00:16:30 et les maladies infectieuses, émergentes, également chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Bichat,
00:16:38 et professeur de maladies infectieuses à l'Université de Paris-Cité. Est-ce que vous êtes inquiet aujourd'hui pour la santé mondiale
00:16:47 et pour la santé mondiale à l'horizon 2030 ?
00:16:50 — Alors, inquiet, non, mais je pense qu'il y a beaucoup de travail dans le domaine de santé. On vient de le voir avec la pandémie,
00:17:01 la COVID. Il faut pas oublier qu'il y a d'autres pandémies qui sont toujours là, d'autres épidémies en cours, le VIH, les hépatites chroniques,
00:17:12 la tuberculose. Il y a aussi qu'il faut pas oublier les maladies non transmissibles, comme le diabète, les cancers, les maladies cardiovasculaires,
00:17:22 qui sont très importants. Et je suis très préoccupé, parce que pour pouvoir vraiment prendre en charge la santé de la population,
00:17:32 on a besoin des professionnels de santé. Et je pense qu'on est vraiment dans une crise de professionnels de santé partout dans le monde.
00:17:41 Et c'est un point sur lequel je pense qu'il faut qu'on travaille beaucoup plus, et tous ensemble, et partout dans le monde.
00:17:51 — C'est les professionnels de santé dans les hôpitaux. C'est aussi les professionnels de santé spécialisés dans la recherche.
00:17:57 Alors comment est-ce que les chercheurs travaillent ? Et comment est-ce que le lien peut se faire entre la recherche et le terrain, j'ai envie de dire ?
00:18:04 — Pendant longtemps, on a essayé de faire des silos de soins, surveillance et recherche. C'est vraiment un continuum.
00:18:15 Et là de nouveau, on a l'exemple avec la pandémie de Covid, où on a vu... Nous, on l'avait vu beaucoup dans le VIH,
00:18:21 parce que je suis issu des cliniciens et des chercheurs de VIH. Et c'est très important d'avoir ce continuum et arrêter de dire que c'est des choses différentes.
00:18:33 La recherche et le soin sont liés. Ça implique les soignants, les chercheurs, mais aussi les communautés, les patients.
00:18:48 Et vraiment, il faut travailler ensemble si on veut changer et mieux soigner les personnes.
00:18:56 — Ce passage du chercheur au lit, qu'est-ce qu'il faut faire pour que ça se passe bien ?
00:19:06 — La recherche, pour beaucoup de personnes, c'est uniquement la recherche fondamentale qui est extrêmement importante.
00:19:14 Mais la recherche, c'est aussi la recherche d'implémentation. Ça veut dire que... Par exemple, de nouveau, je vous donne l'exemple de VIH,
00:19:22 où il y en a beaucoup d'innovations qui peuvent permettre, si on les avait ou si on les a implémentées, de réduire fortement l'impact de la maladie.
00:19:33 Or, c'est pas le cas. Donc la recherche, c'est aussi la recherche d'implémentation pour que les innovations qu'on a dans notre position
00:19:42 puissent servir à tout le monde, l'ensemble de la population. Et souvent, on voit que les populations vulnérables bénéficient moins de ces innovations.
00:19:55 Et la recherche, dans la continuité avec le soin et avec les communautés, peut permettre une meilleure implémentation des outils d'innovation
00:20:06 partout dans le monde, que dans un... pas simplement dans un certain nombre de pays, et chez tout le monde, et y compris chez les personnes vulnérables.
00:20:15 Est-ce que la recherche dispose aujourd'hui des moyens financiers nécessaires ?
00:20:22 On peut toujours avoir plus de moyens, et on a toujours besoin de plus de moyens, mais je pense que, bien sûr, c'est très important.
00:20:34 Mais c'est pas l'unique problématique. On doit, nous les chercheurs, avoir plus de moyens pour pouvoir justement changer les choses.
00:20:47 Et je dirais qu'il faut aussi donner plus de valeur aux chercheurs.
00:20:57 À leur message, à ce qu'ils disent ?
00:20:59 Non, leur statut social, la manière dont on les paye, le financement, c'est pas simplement le financement des projets, mais c'est aussi le financement des personnes.
00:21:15 Et je vous ai parlé au début de crise de professionnels de santé partout dans le monde, je pense qu'il faut aussi donner beaucoup plus de valeur au statut de chercheur.
00:21:25 Il faut inciter la vocation de recherche auprès des jeunes.
00:21:32 C'est pas un travail de court terme, c'est un travail de long terme, mais c'est des choses qu'on voit.
00:21:38 Il y a moins de jeunes qui veulent faire de la recherche.
00:21:40 Donc vous me dites, est-ce qu'il faut donner plus de moyens ?
00:21:43 Oui, mais il faut pas oublier la formation, et surtout on est dans un monde qui est en train de changer.
00:21:50 On voit que les enseignants, les soignants, les chercheurs, il y a moins de gens qui viennent.
00:21:57 Et c'est un vrai travail à faire.
00:22:00 Je reviens sur les maladies.
00:22:04 Quelles sont les maladies qui aujourd'hui vous préoccupent le plus ?
00:22:08 Alors bien sûr, on vient de sortir de crise Covid et je vous ai dit, il faut faire attention.
00:22:13 J'ai entendu l'orateur précédent qui parlait d'une seule santé.
00:22:18 Bien sûr, il faut travailler sur la maladie émergente.
00:22:22 Il ne faut pas oublier les maladies comme le VIH, la tuberculose, le paludisme,
00:22:27 qui sont encore là et qui sont associées à une mortalité importante.
00:22:35 Après, il ne faut pas oublier non plus les maladies non transmissibles.
00:22:41 J'ai dit au départ, le diabète, le cancer, les maladies cardiovasculaires.
00:22:46 Là, aujourd'hui, 10% de la population a un diabète.
00:22:52 La proportion augmente.
00:22:56 Une personne sur deux ne sait pas qu'elle a un diabète.
00:23:00 On pense toujours que c'est plutôt une maladie des pays riches. Pas du tout.
00:23:07 Je dirais, dans un certain nombre de pays, d'Afrique subsaharienne, en Inde, en Asie de Sud-Est,
00:23:15 il y a une épidémie de diabète.
00:23:18 Je pense qu'il faut travailler plus dans la transversalité,
00:23:23 sans oublier le fait qu'il y a un certain nombre de maladies qui sont déjà là,
00:23:28 sur lesquelles il faut aussi se concentrer.
00:23:32 Vous avez déjà donné quelques messages.
00:23:35 Si vous vouliez faire passer un message aujourd'hui aux politiques qui nous écoutent,
00:23:40 qu'est-ce que ce serait ?
00:23:42 Là, de nouveau, je pense qu'avec l'épidémie et la pandémie de Covid,
00:23:46 on a compris que la santé, probablement, ce n'est pas l'affaire juste des techniciens,
00:23:54 ce n'est pas l'affaire d'un ministère, c'est une problématique beaucoup plus globale.
00:23:59 Je pense que les chercheurs et les soignants doivent être plus écoutés
00:24:05 dans un processus global politique pour essayer justement de soigner mieux,
00:24:12 d'avoir plus d'outils et d'innovation pour lutter contre les maladies.
00:24:18 Donc le message, c'est que là aussi, il ne faut pas cloisonner,
00:24:24 ni en disant que c'est l'affaire d'un seul ministère,
00:24:29 ni que exclure les chercheurs et les soignants et les communautés
00:24:35 de cette finalement réflexion globale qu'on peut avoir.
00:24:40 Merci beaucoup, professeur.
00:24:43 Merci à vous.
00:24:44 Je vais céder maintenant la parole à mon confrère Raphaël Le Gendre
00:24:48 pour une table ronde justement sur l'atteinte des ODD d'ici 2030.
00:24:53 Merci beaucoup.
00:24:55 Merci.
00:24:56 Merci.
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00:27:13 Allez, bonsoir à toutes et à tous.
00:27:16 On enchaîne sur notre nouvelle table ronde consacrée aux objectifs
00:27:20 de développement durable pour 2030.
00:27:23 Sida, tuberculose, paludisme.
00:27:26 En 2020, les programmes du Fonds mondial visant à éliminer les trois grandes pandémies
00:27:30 à horizon 2030 ont permis de sauver 59 millions de vies.
00:27:35 Mais aujourd'hui, face à un mode où les crises se multiplient,
00:27:38 les organisations multilatérales font face à un nouveau défi majeur,
00:27:43 celui du financement.
00:27:45 C'est bien évidemment le nerf de la guerre.
00:27:47 Alors, un monde protégé des grandes pandémies est-il possible ?
00:27:51 Quel chemin a été parcouru depuis 20 ans
00:27:54 et l'édiction des objectifs du millénaire
00:27:56 depuis devenus les objectifs de développement durable ?
00:27:59 Et quel chemin reste-t-il à parcourir pour lever les différents obstacles
00:28:05 et espérer atteindre ces objectifs d'ici 2030 ?
00:28:08 J'ai trois invités de marque ce soir pour répondre à toutes ces questions.
00:28:11 J'ai le plaisir d'accueillir Peter Sands.
00:28:13 Peter, vous êtes le directeur exécutif du Fonds mondial.
00:28:17 Bonsoir.
00:28:18 Bonjour.
00:28:19 À vos côtés, Nora Berra.
00:28:21 Bonsoir.
00:28:22 Vous êtes docteur en médecine, vous avez été secrétaire d'État,
00:28:24 chargée de la santé de 2010 à 2012.
00:28:27 Bienvenue.
00:28:28 Et enfin, le docteur Francine Ntoumi,
00:28:30 présidente de la Fondation congolaise pour la recherche médicale
00:28:35 et présidente également du Conseil scientifique
00:28:38 de l'Institut de recherche pour le développement,
00:28:40 ici en France.
00:28:41 Bienvenue à tous.
00:28:43 Je vais me tourner vers vous tout d'abord,
00:28:46 Peter Sands, pour la première question.
00:28:48 Le Fonds mondial vient de publier son rapport d'activité annuel,
00:28:53 mais il est aussi revenu sur les 20 dernières années.
00:28:57 Pour faire un peu, pour dresser le bilan,
00:29:00 expliquez-nous d'abord quel chemin a été parcouru,
00:29:04 où est-ce qu'on en est dans cette épopée, cette quête,
00:29:06 cette odyssée, appelez-la comme vous le voulez,
00:29:09 vers une couverture santé universelle.
00:29:12 Tout d'abord,
00:29:16 il me semble que le Fonds mondial est la preuve,
00:29:22 la démonstration que quand le monde se rassemble
00:29:25 pour faire face à ce qui peut apparaître
00:29:28 comme un problème insoluble au début des années 2000,
00:29:32 il faut se souvenir que le VIH, le sida,
00:29:35 est en train d'exploser et tuer des millions de personnes.
00:29:38 Mais quand le monde se met ensemble
00:29:40 pour faire face à tous les problèmes,
00:29:42 cela peut être fait, peut être accompli,
00:29:44 et ce qu'on a vu dans les 20 ans
00:29:46 depuis la fondation du Fonds mondial,
00:29:49 il y a eu, on a divisé par deux
00:29:53 la maladie sur les décès,
00:29:57 sur la malaria et sur le VIH,
00:30:01 et 50 millions de vies ont été ainsi sauvées,
00:30:03 et ce n'est pas simplement le nombre de vies sauvées.
00:30:07 Est-ce que je peux vous donner un exemple rapide
00:30:09 pour illustrer au Malawi,
00:30:11 en 2000, l'expectation de vie était de 46 ans.
00:30:16 L'espérance de vie en 2019, c'est 65.
00:30:19 L'espérance de vie est passée jusqu'à 65 ans.
00:30:22 Incroyable. En 19 ans.
00:30:24 Donc ça change la nature d'une société tout entière.
00:30:27 Vous avez des grands-parents d'un coup.
00:30:29 Cela vaut la peine d'aller étudier à l'université
00:30:32 parce que vous avez le temps de vraiment mettre en exergue,
00:30:35 de mettre en route ce que vous aurez appris,
00:30:37 donc c'est un impact incroyable.
00:30:39 Le temps de vers vous, vous êtes docteur, spécialiste du paludisme.
00:30:44 Un monde sans pandémie.
00:30:46 Un monde sans pandémie.
00:30:48 Je rappelle les trois grandes pandémies.
00:30:50 Sida, tuberculose, paludisme.
00:30:52 Est-il possible ?
00:30:54 Peut-être, qu'est-ce qui manque aujourd'hui pour y arriver ?
00:30:57 Ce qui manque, moi je dirais d'abord la recherche,
00:31:00 parce que tout part de la connaissance de notre environnement,
00:31:04 de la connaissance des pathogènes.
00:31:06 Donc on a vu avec la Covid, on a eu la Covid,
00:31:11 dans quelques années, en quelques mois,
00:31:14 on a eu plus de 300 vaccins et des propositions de traitement.
00:31:18 Le paludisme est une maladie tellement ancienne,
00:31:21 presque aussi ancienne que l'humanité.
00:31:24 On a deux vaccins maintenant qui vont être déployés,
00:31:30 et une dizaine de vaccins candidats.
00:31:35 Donc il faut plus de scientifiques qui travaillent sur ces différentes maladies.
00:31:40 Il faut plus d'investissement des pays endémiques aussi,
00:31:44 pour pouvoir combattre ces maladies.
00:31:47 Nora Berra, je me tourne vers vous.
00:31:49 Je rappelle que vous avez été secrétaire d'État à la Santé.
00:31:53 La crise de la Covid, on l'a mentionné là,
00:31:56 a-t-elle permis d'accélérer la coopération entre les organismes de recherche ?
00:32:01 On l'a dit, on a trouvé quand même des vaccins avec une rapidité extraordinaire,
00:32:05 beaucoup plus rapidement que pour les trois autres pandémies.
00:32:09 Est-ce que c'est plutôt un bon signal pour la suite ?
00:32:13 La crise du Covid a ébranlé tous les systèmes sanitaires.
00:32:17 Donc ça a été une déflagration à l'échelle mondiale.
00:32:20 Et puis je dirais que c'était un test grandeur nature pour le multilatéralisme.
00:32:25 Et de ce point de vue, il a fallu trouver des ressorts,
00:32:30 en tout cas des coopérations entre agences
00:32:34 qui travaillaient peut-être de façon isolée sur les questions de santé,
00:32:37 mais pas que. Quand je pense à l'UNICEF,
00:32:40 ils se sont engagés, le Gavi, l'OMS bien sûr, qui a piloté tout ça.
00:32:44 Dans l'urgence, tout le monde a joué son rôle.
00:32:47 Il faut le dire, le fonds mondial, tout le monde a joué son rôle.
00:32:50 Et je crois qu'on peut effectivement se dire que,
00:32:53 bon, heureusement que les choses ont été présentes en main.
00:32:58 Mais est-ce que pour autant, on tire un bilan positif de la gestion de la crise ?
00:33:03 Et c'est là, moi, où réside ma déception.
00:33:06 Parce que si chacun a bien fait dans son rôle,
00:33:11 on a eu un manque de leadership politique,
00:33:15 de gestion, en tout cas de pilotage des politiques multilatérales.
00:33:23 Car on a constaté quand même que, s'agissant par exemple des vaccins,
00:33:27 avec le mécanisme COVAX, qui était censé mutualiser des fonds
00:33:31 pour mieux répartir équitablement des vaccins à travers le monde,
00:33:34 tout le monde a signé. Mais dans la réalité des choses,
00:33:39 tout le monde s'est désengagé quelque part,
00:33:41 puisque chacun, en tout cas les pays riches, ont préféré négocier en direct
00:33:45 avec l'industrie pharmaceutique.
00:33:48 Donc quand on dit que la recherche a accéléré,
00:33:50 il ne faut pas oublier que c'est de l'argent public qui a permis l'émergence,
00:33:53 en tout cas a mis sur le marché des vaccins avec la vitesse que nous connaissons.
00:33:59 Donc un, l'argent public était là. Deux, est-ce que pour autant,
00:34:03 la santé a été déclarée comme un bien public ?
00:34:05 Est-ce que le vaccin a été déclaré comme un bien public également ?
00:34:09 Donc c'est toutes ces questions qui restent encore pendantes.
00:34:12 Je parlais du COVAX tout à l'heure, tout le monde a préféré négocier.
00:34:15 Et finalement, quand les pays riches vaccinaient,
00:34:18 premier appel, deuxième rappel, éventuellement troisième,
00:34:21 certains pays n'avaient toujours pas accès à la moindre dose.
00:34:25 Donc c'est ça qui nous interroge, c'est-à-dire que qu'est-ce qu'on fait
00:34:28 pour la prochaine pandémie ? Comment on va essayer de mieux s'organiser
00:34:33 pour ne pas être pris de court comme on l'a été ?
00:34:35 Parce que les instances multilatérales étaient là,
00:34:37 mais elles n'avaient pas appris à travailler ensemble.
00:34:39 Et malheureusement, dès les mécanismes d'action,
00:34:41 on a été confronté à des mécanismes très verticaux, en silo,
00:34:45 avec une coordination sans leadership affirmée,
00:34:50 avec des prises de décision qui étaient lentes, lourdes,
00:34:53 et qui n'allaient pas forcément aux populations jusqu'au dernier kilomètre,
00:34:57 comme on l'entend.
00:34:58 Comment ça a été vécu en Afrique ?
00:35:00 Effectivement, ces traitements bilatéraux des économies du Nord développées
00:35:04 qui sont allées voir directement les laboratoires,
00:35:06 et cette initiative COVAX qui, allez, reste positif,
00:35:10 n'est qu'un demi-succès, peut-être.
00:35:13 Alors, je dirais, j'ai deux casquettes.
00:35:16 En tant que scientifique, cette COVID, la coopération internationale a été fantastique.
00:35:22 Les scientifiques se sont parlés, ont partagé des protocoles
00:35:27 qu'ils ne faisaient pas avant.
00:35:29 Donc, la communication a été vraiment boostée.
00:35:32 Par contre, quand il s'agit du partage de la distribution des vaccins,
00:35:38 on a bien vu la différence entre les pays plus nantis et les pays moins nantis.
00:35:44 Mais, pour l'Afrique, l'Africa CDC et l'OMS ont travaillé vraiment très bien,
00:35:53 une très bonne coopération, pour pouvoir avoir des doses de vaccins.
00:35:58 Et j'ai beaucoup, je pense qu'on a un peu appris sur le continent africain,
00:36:04 parce qu'on ne va pas passer non plus notre temps à attendre, justement,
00:36:08 que les grands donneurs s'organisent pour pouvoir nous envoyer des doses.
00:36:12 Il faut que l'on ait des usines de fabrication de vaccins,
00:36:17 de médicaments sur le continent.
00:36:19 On s'est rendu compte qu'on était vraiment extrêmement pauvres dans le manufacturing.
00:36:25 Donc, là, c'est une des leçons tirées.
00:36:30 Les outils de diagnostic, même pour déterminer la COVID,
00:36:34 il fallait que les tests, les réactifs viennent du Nord.
00:36:38 Donc, on était extrêmement dépendants.
00:36:42 Mais, tous nos dirigeants se sont rendus compte qu'il fallait qu'ils travaillent ensemble
00:36:50 pour pouvoir aller plus loin.
00:36:53 J'espère que les leçons ont été tirées.
00:36:55 J'espère que maintenant, des mécanismes vont être mis en place pour pouvoir avancer.
00:37:02 C'est un appel à la souveraineté régionale que vous faites, donc ?
00:37:05 Absolument, absolument.
00:37:07 Qui va nécessiter des financements, aussi, du coup, locaux.
00:37:10 Absolument. Et je n'ai jamais vu autant nos gouvernements donner, mettre de l'argent pour la recherche et pour la santé.
00:37:16 Fantastique.
00:37:17 Peter Sainz, vous avez publié en 2015 un rapport important
00:37:22 qui tirait la sonnette d'alarme sur l'angle mort que représentaient les maladies infectieuses pour la sécurité mondiale.
00:37:30 Cinq ans plus tard, la crise de la COVID explosait.
00:37:35 Quels sont aujourd'hui les nouveaux risques que vous voyez ?
00:37:40 On citait les problèmes de gouvernance mondiale.
00:37:42 Est-ce qu'on est davantage préparé à une nouvelle crise, aujourd'hui ?
00:37:47 Tout d'abord, bien sûr, j'ai relu ce que j'avais écrit en 2015.
00:37:57 Et le problème, c'était que j'avais plus ou moins raison avec d'autres, bien sûr.
00:38:01 Mais on n'a pas été très bon pour convaincre les gens de vraiment faire attention à ce que nous disions.
00:38:06 Lorsque je considère les risques aujourd'hui, je regarde la situation, je suis inquiet, je me pose la question,
00:38:13 est-ce que peut-être on reproduit les mêmes erreurs que, c'est-à-dire, en se disant, la prochaine crise va ressembler à la précédente.
00:38:24 Donc, on regarde quel va être le nouveau virus, le nouveau COVID-19.
00:38:32 Alors qu'en fait, lorsque je regarde le monde, je crois qu'on est déjà dans la prochaine crise de santé.
00:38:40 Mais c'est poussé par une combinaison du changement climatique,
00:38:43 qui change la géographie du paludisme plus rapidement qu'on ne le pensait, de conflits,
00:38:49 qui malheureusement, c'est souvent dans exactement les mêmes endroits au travers du monde que la malaria,
00:38:56 le changement de climatique et celle que les personnes les plus pauvres au monde habitent, et la dette également.
00:39:03 Et il y a vraiment énormément, et c'est très inquiétant par rapport à la crise autour des droits de l'homme.
00:39:11 Il semblerait qu'on ait perdu un peu l'esprit de solidarité mondiale, qui a poussé à la création d'institutions multilatérales,
00:39:20 telles que le Fonds mondial, et on regarde le plus comment on peut détester l'autre, qu'il s'agisse de migrants, de gens d'une ethnie ou d'une religion différente de la nôtre.
00:39:31 Et lorsqu'on en ajoute tous ces facteurs les uns et les autres, et au final,
00:39:35 on n'a pas vraiment besoin d'un nouveau virus pour créer une nouvelle crise sanitaire, parce que cela ne fait qu'ajouter des problèmes.
00:39:45 Vous liez très nettement crise sanitaire avec transition ou lutte contre le réchauffement climatique. C'est un tout aujourd'hui.
00:39:54 Ce message, on ne l'entend pas beaucoup, finalement. On parle beaucoup d'immigration, mais ce lien entre les deux n'est pas toujours évident.
00:40:04 Je sais, et en un sens, cela rend plus difficile de mobiliser les gens.
00:40:08 Parce que quand vous avez eu la crise, nous avons été très impliqués là-dedans, tout le monde s'est rassemblé,
00:40:15 on savait quel était l'ennemi, tout le monde était mobilisé pour travailler de concert,
00:40:19 mais lorsque vous avez une crise multidimensionnelle, telle qu'elle est actuellement,
00:40:24 il est en fait bien plus difficile de fédérer les gens, de les faire travailler ensemble.
00:40:28 Vous avez ceux qui s'occupent de la santé, du changement climatique, et tout le monde est dans son propre silo.
00:40:35 Mais en fait, ce sont les mêmes personnes qui souffrent, c'est les mêmes populations qui souffrent.
00:40:40 Cette fatigue de l'aide qu'évoquait un de vos prédécesseurs, le professeur Michel Kazatkin,
00:40:47 elle est là, on la constate, qu'est-ce qu'on peut faire pour mobiliser les parties prenantes, la société, l'opinion publique ?
00:40:56 Alors en effet, vous pointez, et Francine aussi, à beaucoup évoquer la question de la contribution des acteurs eux-mêmes.
00:41:06 Je pense qu'il faut changer de paradigme, d'un paradigme vertical descendant vers quelque chose de plus contributif,
00:41:13 relevant de la co-construction avec les acteurs eux-mêmes, parce qu'ils ont la connaissance des réalités locales,
00:41:20 et ils innovent aussi dans les réponses. Et je crains que pendant la pandémie, les décisions aient été là aussi prises d'en haut,
00:41:29 pas suffisamment concertées avec les acteurs territoriaux, régionaux.
00:41:34 Et donc chacun, en fait, a fait comme il a pu dans l'urgence.
00:41:39 Aujourd'hui, comme on fait, on est en pleine période de négociations pour un nouveau règlement sanitaire international.
00:41:46 On est en train parallèlement de discuter d'un traité qui pourrait nous préparer aux futures pandémies.
00:41:52 Mais tout ça, je dirais malheureusement, on est encore au point mort, en fait.
00:41:56 Il y a de belles déclarations d'intention, mais on n'est pas encore dans quelque chose, dans la conjonction des synergies,
00:42:02 justement pour accoucher, en tout cas, de nouveaux process, ou peut-être d'une nouvelle gouvernance,
00:42:08 ou d'une nouvelle... qui tienne davantage compte, justement, des territoires.
00:42:13 Et je pense que, puisque les contributeurs doivent être diversifiés, on parle des pays, on parle de la finance publique,
00:42:22 mais il faut aussi engager les acteurs privés. Je crois que les acteurs privés ne peuvent pas dire
00:42:27 « on n'est pas concernés quand il s'agit d'élaborer des stratégies de santé, et puis quand il faut vendre des vaccins
00:42:32 ou des médicaments, ils sont là pour récupérer finalement la donne ».
00:42:36 Donc non, il faut les impliquer en amont, non pas dans l'intérêt de leur business,
00:42:41 mais dans l'intérêt de la santé vécue comme un droit fondamental et vécue comme un bien public.
00:42:45 Et donc c'est comme ça, en fait, qu'on arrivera peut-être à aller vers des financements nouveaux, innovants,
00:42:52 et puis des stratégies mieux adaptées, partant des réalités locales, avec le souci...
00:42:58 On parlait des futures pandémies, et Peter dit qu'on est déjà au cœur, en fait, d'enjeux de santé.
00:43:03 Oui, ça nous le dit.
00:43:04 Et ça, c'est un véritable problème, parce qu'on vient de vivre une pandémie mondiale, on attend la prochaine,
00:43:10 et dans l'intervalle, on fait quoi ? Parce que finalement, cette pandémie, elle nous a rendu compte
00:43:14 que nous avons un problème de démographie, de professionnels de santé, qu'on avait un problème
00:43:19 d'accès aux soins à dernier kilomètre, d'infrastructures, de tests, de produits de santé, de production locale.
00:43:25 Il faut absolument décentraliser aussi les productions et mettre en place les chaînes d'approvisionnement
00:43:32 et tout ce qui permet justement à chaque individu, où qu'il soit, d'accéder à la santé.
00:43:39 Et c'est vraiment, je crois qu'il faut partir de la santé comme un droit fondamental,
00:43:45 inscrit dans la Déclaration des droits de l'homme, comme un bien public, comme le climat d'ailleurs.
00:43:49 Mais le lien est évident entre climat et santé. La santé concentre aujourd'hui notre attention,
00:43:56 mais si le climat change, si il y a un réchauffement climatique, si on a des pathogènes émergents,
00:44:01 si on a des conflits aussi, parce que raréfaction de l'eau, conflits, déplacement de population,
00:44:09 eh bien évidemment tout ça met à mal la santé. Donc pendant le Covid, la santé était un enjeu prioritaire
00:44:17 et tout le monde s'est mobilisé. Pourquoi ? Et les économies ont été fracassées.
00:44:22 Donc on s'est rendu compte que si on n'est pas en bonne santé, on ne peut plus faire tourner l'économie.
00:44:26 La machine ne tourne plus.
00:44:27 Donc aujourd'hui, c'est qu'il ne faut plus oublier, et je crois qu'on assiste à une sorte d'amnésie collective
00:44:34 qui a déjà oublié les enjeux de la santé dans ce monde globalisé, dans une économie
00:44:41 où tous les États sont interdépendants quelque part.
00:44:43 Je vous vois haucher de la tête, Dr Françine Nantoumi. On parlait de nouveaux pathogènes.
00:44:47 Quelles sont aujourd'hui les maladies qui nécessitent une accélération des financements et de l'attention publique ?
00:44:54 On a parlé des trois grandes maladies, le sida, la tuberculose. Y en a-t-il d'autres aujourd'hui ?
00:45:01 Je dirais qu'en Afrique, on parle beaucoup des maladies infectieuses, mais justement,
00:45:07 les courbes sont en train de s'inverser et les maladies non transmissibles deviennent un problème,
00:45:13 tels que le diabète, l'obésité, les maladies cardiovasculaires,
00:45:18 qui sont une cause vraiment très importante de santé publique.
00:45:21 Donc là aussi, il va falloir mettre des investissements importants pour pouvoir améliorer la santé des populations.
00:45:30 On a fait le bilan, on a posé le diagnostic. Pour terminer, je voudrais partir sur des perspectives,
00:45:37 mais peut-être nourries par un peu d'optimisme. Nora Berra, par exemple, les progrès de la science
00:45:45 ont quand même fait des pas de géant. Je voudrais qu'on parle un peu d'innovation aussi et de ce qui a été réussi vers l'avenir.
00:45:55 Qu'est-ce que vous voyez ?
00:45:58 Les innovations ont été incalculables, en vérité, avec peu de moyens.
00:46:02 Des solutions très frugales, en fait, qui ont émergé dans les territoires et dans les zones les plus reculées.
00:46:11 Et je crois qu'il faut porter une attention particulière avec ça.
00:46:15 J'ai fondé une organisation Union for Global Health avec d'anciens ministres.
00:46:20 Et nous sommes justement à l'écoute de ces innovations pour essayer de les porter, de créer les conditions pour les développer.
00:46:27 Parce qu'elles vont servir, parce qu'elles sont pertinentes, parce qu'elles sont adaptées aux réalités,
00:46:31 parce qu'elles répondent à un besoin de santé.
00:46:33 Et bien, il faut les accompagner et être à l'écoute, justement, des solutions locales et ne plus considérer la santé comme le fruit de programmes nationaux.
00:46:44 Plus de transversalité, plus de coopération, plus d'engagement de la société civile.
00:46:50 Et en engageant aussi le secteur privé, parce qu'on sait très bien que sans financement, il n'y aura rien.
00:46:58 On ne pourra pas aboutir à cet objectif. Et il faut, comme l'a dit Francine,
00:47:04 c'est que les États consacrent davantage de leur richesse nationale aussi dans la santé.
00:47:09 Je crois que c'est important. L'autre levier que Francine a aussi dit, mais je veux le redire aussi, c'est la recherche.
00:47:14 Parce que si on n'a pas de recueil de données, donc il faut de la robustesse, de la fiabilité dans des données
00:47:20 qui nous permettent justement de porter un regard analytique de situation pour justement adapter les meilleures stratégies sanitaires en regard.
00:47:28 Et si on ne fait pas ça, malheureusement, on n'aura pas compris l'enjeu.
00:47:34 Peter Sands, même question. Est-ce que la recherche et l'innovation permettront d'atteindre les objectifs de développement durable en matière de santé d'ici 2030 ?
00:47:48 Avec les outils que nous avons à notre disposition maintenant et ce qui arrive,
00:47:54 avec la bonne volonté politique et les modèles de livraison dont vous venez de parler par rapport à ce qui a trait non seulement à la gouvernance,
00:48:04 mais à la société civile, les communautés, les secteurs privés, absolument, nous pourrions atteindre les objectifs de 2030.
00:48:10 Bien sûr, on pourrait toujours avoir des outils meilleurs encore, mais si je réfléchis, par exemple, à tout ce qui est...
00:48:19 tous les nouveaux filets de sécurité, c'est 70 centimes par filet.
00:48:25 Ça, c'est quelque chose de vraiment très fort pour ce qui a trait à la protection.
00:48:31 Si on regarde la tuberculose, maintenant, la tuberculose, c'est la plus grande maladie infectieuse qui tue le plus de monde actuellement.
00:48:38 Ça tue plus que le COVID, mais il a été, pendant COVID-19, voilà, et on l'envoyait moins, mais maintenant, ça revient vraiment.
00:48:45 Maintenant, l'Organisation mondiale de la santé a annoncé cette semaine qu'il y a plus de personnes testées et traitées pour la tuberculose que jamais auparavant.
00:48:53 Donc, quand les gens vraiment se focalisent dessus et se servent des outils qui sont développés, qui ont été développés,
00:48:59 et qu'on peut arriver à les livrer auprès des populations, parce que le problème qu'on n'a pas encore résolu,
00:49:05 et il nous faut continuer à travailler là-dessus, c'est le manque d'équité par rapport à l'accès, l'accès aux outils, aux médicaments, aux traitements entre les pays,
00:49:14 mais également au sein même des pays.
00:49:16 Il faut nous assurer que les plus pauvres, les plus vulnérables des communautés aient accès aux services de santé, aux produits de santé qu'il leur faut.
00:49:24 Et c'est pour ça que les gouvernements jouent un rôle absolument crucial, bien sûr, à ce niveau-là pour suivre la COVID-19.
00:49:33 Bien sûr, à ce niveau-là pour soutenir les institutions, tel que le Fonds mondial, bien sûr, depuis le début.
00:49:41 Mais les gouvernements dans chaque pays jouent un rôle critique.
00:49:44 Mais ce n'est pas suffisant, simplement, qu'il y ait des gouvernements.
00:49:47 Les communautés doivent être impliquées, la société civile et le secteur privé.
00:49:50 Et puis un thème qui est quand même la clé de ces ODD en 2030.
00:49:54 Non, mais tout à fait d'accord avec ce qui vient d'être dit.
00:49:58 Vous parlez d'innovation. Je vois deux aspects dans l'innovation.
00:50:03 Le paludisme qui est une maladie qui nous intéresse au plus haut point.
00:50:08 Il y a la génétique, les manipulations génétiques des moustiques qui sont un outil prometteur pour éradiquer cette maladie.
00:50:20 Ça c'est dans l'innovation. Mais il y a des techniques tout à fait intéressantes qui peuvent être injectées dans le pipeline.
00:50:29 Mais, comme l'a très bien dit Peter Sand, il y a des outils existants qui pourraient permettre d'avoir des résultats fantastiques
00:50:38 s'ils sont mieux utilisés. Les moustiquaires, les moustiquaires imprégnés d'insecticides, les pulvérisations.
00:50:46 Déjà, si les communautés sont bien informées, adhèrent aux outils existants, je vous assure que déjà l'impact sera important sur cette maladie,
00:50:59 sur le paludisme, de même sur la tuberculose. Là aussi, l'information. Et donc je suis tout à fait à 100% d'accord.
00:51:07 L'engagement des communautés, c'est très important pour combattre déjà avec nos outils,
00:51:13 avant d'aller chercher des outils beaucoup plus importants, bien qu'encore une fois on ait besoin de ces outils.
00:51:19 Et les financements privés, oui, mais les financements locaux, le secteur privé local, encore une fois,
00:51:27 on ne peut pas tout attendre de la France, des États-Unis et de l'Allemagne. Il faut aussi que les pays endémiques mettent leur budget
00:51:37 adéquat sur la table pour pouvoir contribuer efficacement.
00:51:41 Merci pour cet optimisme de la volonté. Un dernier mot, Nora Verbe, bien sûr.
00:51:45 Puisque je suis très attachée au multilatéralisme, comme nous trois, je dirais que le multilatéralisme peut être revigoré
00:51:53 si les pays consentent à lâcher juste un peu de souveraineté, en fait. Pour que ça marche, il faut qu'on consente à jouer ensemble
00:52:02 vers un objectif commun. Et c'est ça qui est difficile à opérer en France.
00:52:07 Oui, les vents sont plutôt contraires en ce moment, effectivement. Merci, merci beaucoup à tous les trois,
00:52:13 Peter Sands, Nora Vera, Francine Nathoumy, d'être venus. C'était passionnant. Restez avec nous.
00:52:19 Nous continuons. Alors là, on a une petite vidéo qui va vous présenter un exemple de partenariat en santé au Vietnam
00:52:26 avec le Centre for Support Community Development Initiatives. Et ensuite, vous retrouvez une nouvelle table ronde
00:52:34 avec mon confrère Olivier Bakhuza et ses trois invités pour prolonger la discussion que nous avons entamée
00:52:40 sur les bonnes pratiques en matière de coopération multilatérale. Justement, vous faites une transition parfaite
00:52:47 avec la table suivante. Merci à tous les trois. Restez avec nous.
00:52:51 Mon nom est Khoa Thi Huyon. Je suis le fondateur et le directeur d'exécutif du Centre for Support Community Development Initiatives au Vietnam.
00:53:00 En faisant de la recherche sociale sur le HIV, je suis arrivé à avoir de proches contacts avec des personnes vivant avec et touchées par le HIV,
00:53:07 y compris des personnes qui utilisent des drogues, des travailleurs sexuels, des prisonniers ex-convicts et des personnes plus LGBT+.
00:53:13 Je me suis rendue compte qu'elles sont très résilientes et ont beaucoup de potentiels, mais sont souvent regardées en bas et marginalisées.
00:53:20 Le Centre pour la santé et la santé publique a été créé en 2010 pour changer cela.
00:53:25 Notre vision est d'une société inclusive qui soutient le bien-être de tous, dans un planète où les vies humaines sont en harmonie avec la nature.
00:53:34 Nous nous concentrons sur le travail avec des personnes marginalisées ou vulnérables.
00:53:39 L'engagement est notre stratégie clé, et pour nous, la communauté est la fondation pour l'engagement.
00:53:45 Nous soutenons le développement d'organisations de base communautaire, où les populations marginalisées et vulnérables se sont organisées,
00:53:52 ont entendu leurs voix et portent des programmes pour leurs propres personnes.
00:53:57 Les CBO comprennent les besoins de la communauté, les barrières et les opportunités qu'elles rencontrent.
00:54:03 Elles peuvent représenter en communiquant avec les partenaires, en coordonnant avec les partenaires et en connectant avec les autres communautés,
00:54:09 et peuvent mener des programmes qui bénéficient aux communautés.
00:54:12 Les CBO deviennent finalement des dirigeants communautaires.
00:54:15 Global Fund est le plus grand fondateur de l'enhancement du système communautaire au Vietnam et dans le monde.
00:54:21 Avec ce fondement, nous soutenons les populations les plus touchées par le VIH, le TB et la maladie pour construire leurs propres CBO.
00:54:29 Ces CBO, une fois capacité, répondent aux besoins de leurs communautés,
00:54:34 de la prévention de ces trois maladies à la protection de la santé universelle,
00:54:39 de l'assurance de la santé des patients HIV et de la maladie,
00:54:42 de la prévention des familles pauvres.
00:54:46 Ces activités ont contribué à amener le Vietnam à une élimination de la maladie,
00:54:51 à avoir moins de maladies, à améliorer le TB,
00:54:55 mais aussi à réduire le stigma social et à marginaliser la population.
00:54:59 Et ainsi, à améliorer la solidarité et la cohésion sociale.
00:55:02 [Musique]
00:55:12 [Musique]
00:55:35 Bonsoir à tous. Bienvenue à ceux qui regardent cette table ronde
00:55:38 qui fait suite à celle qui était animée par Raphaël Jean,
00:55:41 qui sera consacrée donc au facteur de réussite du multilatéralisme,
00:55:46 sujet qui a été abondamment évoqué lors de la précédente table ronde.
00:55:49 On va rentrer un peu plus dans le détail.
00:55:51 C'est une question évidemment éminemment importante dans un monde
00:55:54 qui est bousculé par des crises sanitaires, des crises géopolitiques,
00:55:58 voire par une situation internationale compliquée par ce qui se passe aujourd'hui au Proche-Orient,
00:56:02 et qui rendent du coup la question du multilatéralisme d'autant plus cruciale.
00:56:06 Alors pour en parler, j'accueille, donc je vous présente mes trois invités.
00:56:10 D'abord vous, Francesca Colombo. Bonsoir, bienvenue.
00:56:13 Vous êtes responsable de la division santé à l'OCDE.
00:56:15 Vous encadrez les travaux visant à fournir des données comparables
00:56:18 au niveau international sur les systèmes de santé.
00:56:20 Je rappelle que l'OCDE a 38 États membres.
00:56:24 Claire Bonnel, bonsoir. Vous êtes vice-présidente de Siemens Healthleaners.
00:56:28 Vous êtes en charge des partenariats d'accès à la santé.
00:56:31 Et enfin, Mehdi Karkouri, merci d'être venu depuis le Maroc.
00:56:35 Vous êtes depuis août 2022 président de Coalition Plus.
00:56:39 Coalition Plus, c'est une alliance, une coalition internationale d'ONG
00:56:44 qui sont engagées dans la lutte contre le sida et les hépatites virales.
00:56:47 C'est bien ça ? Absolument. Très bien.
00:56:49 Je me tourne vers vous d'abord en premier, Francesca Colombo.
00:56:52 Alors, l'OCDE, l'organisation que j'ai présentée,
00:56:56 qui est par essence multilatérale de par sa composition.
00:57:01 Sur votre site, on peut lire "Nous aidons les pays à mettre en place
00:57:04 un système de santé performant en mesurant les résultats et l'utilisation des ressources
00:57:08 du système de santé ainsi qu'en analysant les politiques qui améliorent l'accès,
00:57:12 l'efficacité et la qualité des soins en santé".
00:57:15 Je l'évoquais juste à l'instant, il y a trois ans, il y a eu le choc Covid.
00:57:18 Les systèmes ont géré, finalement, comme ils ont pu, souvent en étant submergés.
00:57:24 En matière de collaboration entre États, de coopération,
00:57:28 quels enseignements, vous, en avez-vous tiré plus particulièrement ?
00:57:32 Il y a eu des effets très positifs de coopération internationale,
00:57:35 du fait qu'il y a eu une mobilisation très, très, très, très forte,
00:57:39 avec une volonté, effectivement, de se mettre à chercher,
00:57:43 d'accélérer la recherche et le développement pour arriver à développer des vaccins et des mesures.
00:57:50 Il y a eu des échanges des informations.
00:57:53 Il y a eu aussi des innovations en termes d'essayer,
00:57:57 d'un système de santé, d'utiliser d'une manière différente, par exemple,
00:58:00 les infirmières, les pharmacistes, et tout ça.
00:58:06 Donc il y a eu beaucoup d'innovations qui ont été faites,
00:58:09 mais dans un contexte où, clairement, tous les systèmes de santé,
00:58:12 et aussi dans les pays les plus développés, n'étaient pas préparés.
00:58:15 Ils n'avaient pas de système qui était résilient, ils n'avaient pas de mécanisme...
00:58:19 Les systèmes de santé ne sont pas faits pour faire de la gestion de crise, comme l'armée...
00:58:21 Ils ne sont pas faits, mais ils devraient.
00:58:23 Ils devraient le faire.
00:58:24 Et tous les pays ont des plans de préparation pour la pandémie.
00:58:31 Mais les choses ne sont pas marchées comme on pensait.
00:58:34 Il y a eu un manque aussi, peut-être, d'une certaine présomption,
00:58:38 de dire que ça ne va jamais arriver, par exemple, pour les pays développés.
00:58:41 C'est une question qui est plus pour les pays en bas développement.
00:58:44 Donc sans doute beaucoup de leçons à tirer de l'expérience qu'on a vécue.
00:58:49 Alors c'est-à-dire qu'il y a trois ans déjà, on a l'impression que c'était hier,
00:58:52 mais il y a déjà trois ans qui sont passés.
00:58:55 Est-ce qu'il y a des best practices, des bonnes pratiques,
00:58:57 qui sont issues de retours d'expérience de cet épisode qui a quand même duré très très longtemps ?
00:59:04 Alors il y a des bonnes pratiques de coopération au niveau plus régional,
00:59:08 les néo-européennes dans les autres pays, et en termes aussi entre un pays et l'autre, dans les voisins.
00:59:14 Il y a sans doute des bonnes pratiques qui sont émergées, comme je l'ai dit, en termes d'innovation,
00:59:19 en termes par exemple même de télémédecine, d'utilisation de rôles avancés,
00:59:23 d'infirmières, de pharmaciens et tout ça.
00:59:27 Il y a eu une accélération énorme de l'utilisation des données en santé,
00:59:31 et on a un tout petit peu brisé certaines barrières qui existaient avant,
00:59:36 qui rendaient beaucoup plus rigides, difficiles, la circulation des données dans la santé publique.
00:59:42 Les barrières liées à la pesanteur administrative, de la bureaucratie ?
00:59:45 De l'autre côté, à question vraiment de gouvernance des données en santé,
00:59:51 ou simplement parfois à la manque d'accélérer certaines pratiques qui existaient déjà.
00:59:59 Donc on n'avait pas, par exemple, même dans les pays les plus développés,
01:00:03 la disponibilité des données en temps réel.
01:00:06 Là ça a été accéléré énormément pendant la pandémie, ça reste encore beaucoup de travail à faire.
01:00:11 Donc là on a des exemples de coopération entre Etats, entre pouvoirs publics,
01:00:15 et la coopération peut se faire aussi entre des Etats, la sphère publique, et aussi des acteurs privés.
01:00:19 C'est là que je me tourne vers vous, Claire Bonnel.
01:00:22 C'est ce que vous faites, notamment, vous êtes en charge des partenariats.
01:00:26 Donc au-delà des exemples qui viennent d'être cités, on parlait de la Covid,
01:00:32 qu'est-ce que vous, vous menez de manière très concrète ?
01:00:34 Je crois que dans très peu de temps, vous avez lancé une expérimentation,
01:00:37 enfin même pas une expérimentation, vraiment un projet,
01:00:41 alors pas en Europe, mais en Asie. Dites-nous en plus.
01:00:44 Oui, effectivement, nous avons lancé à Siemens HealthFinance,
01:00:47 il y a un peu plus d'un an maintenant, notre initiative de Access to Care.
01:00:51 Donc c'est l'initiative qui vise à accélérer l'accès aux soins de qualité dans les pays du Sud.
01:00:58 Et pour nous, les partenariats, c'est une des fondations, en fait,
01:01:02 pour arriver à mettre ce genre de projet en place.
01:01:05 Et plus récemment, nous avons pu développer un partenariat avec le Fonds mondial.
01:01:10 Et on en est très fiers parce que finalement, ça nous donne l'opportunité,
01:01:14 non seulement d'avoir un impact à travers les programmes qui sont financés par le Fonds mondial,
01:01:20 mais également de pouvoir regarder les innovations qu'on peut amener en tant que secteur privé,
01:01:26 en tant que technologie médicale et différentes solutions qu'on peut amener.
01:01:30 Donc l'exemple du partenariat et du projet qu'on a lancé maintenant,
01:01:34 en fait, il s'agit d'un projet en Indonésie qui vise à accroître l'adoption de l'intelligence artificielle
01:01:41 pour détecter la tuberculose.
01:01:43 Alors l'Indonésie, c'est un cas un petit peu particulier,
01:01:47 puisqu'on ne sait pas souvent que déjà c'est une population qui est très nombreuse.
01:01:51 On parle de plus de 276 millions d'habitants en Indonésie, répartis sur 10 000 îles différentes.
01:01:58 Donc vous imaginez un petit peu les défis qui se présentent au niveau de la population
01:02:01 pour arriver à avoir accès à un centre de santé, pour arriver à avoir accès à un diagnostic.
01:02:06 Alors nous, en tant que leader dans la technologie médicale, nous avons justement ce savoir-faire,
01:02:11 nous avons cette expertise où nous pouvons apporter des solutions pour faciliter l'accès.
01:02:16 Et là, on n'est pas juste dans le financement, c'est bien une expertise technique, technologique qui est apportée.
01:02:20 Exactement. Et c'est vraiment en fait une coalition de partenaires qui se mettent autour de la table
01:02:26 et qui cherchent au fait à apporter une solution à un problème qui est vraiment récurrent
01:02:33 et qui est vraiment urgent aussi, je dirais, puisque l'Indonésie représente 10% des cas de la tuberculose dans le monde.
01:02:39 Donc c'est vraiment, voilà, on parle de la tuberculose comme une maladie du passé,
01:02:45 sauf que ça reste la maladie qui cause le plus de décès en termes de, parmi les maladies infectieuses.
01:02:50 Francesca Colombo a parlé de quelque chose qui est crucial aujourd'hui en santé.
01:02:53 On dit que les données, les datas sont l'or noir du 21e siècle. Donc il y a des États qui s'échangent des données.
01:02:59 Parfois, la sphère publique, c'est un débat qu'on a beaucoup entendu ici en France, partage de données
01:03:05 entre la sphère publique et les acteurs privés d'un côté. Sur cette expérimentation, enfin, pardon, je recorrige,
01:03:11 ce projet, il y a évidemment, ce qui est crucial, c'est de collecter des données pour améliorer après le suivi
01:03:18 et éventuellement décliner ce projet dans d'autres pays sur les mêmes pathologies.
01:03:22 Oui, exactement. Et puis, en fait, le projet ne s'arrête pas à l'Indonésie, puisqu'on va également faire une analyse
01:03:28 des projets actuels qui utilisent l'intelligence artificielle pour le dépistage de la tuberculose.
01:03:34 Dans d'autres pays, on va essayer de tirer les enseignements de ces projets-là, de vraiment apporter notre conseil,
01:03:40 notre savoir-faire là-dessus pour finalement arriver à, on l'espère, à une solution qui nous permettrait
01:03:47 d'accélérer l'utilisation des nouvelles technologies dans la santé. Donc finalement, c'est un projet qui cherche
01:03:57 à avoir un impact, en fait, au-delà des frontières.
01:04:00 Et pour convaincre des pouvoirs publics de travailler avec vous, notamment en partageant des données de santé,
01:04:03 est-ce que ça ne vous oblige pas à être encore plus royaliste que le roi, être encore plus, comment dire,
01:04:09 de respecter une réglementation encore plus forte que ce qui, aujourd'hui, est respecté à l'échelle de la France
01:04:17 par l'assurance Mali dont on dit que c'est une des principales banques de données de santé au monde ?
01:04:22 Oui, oui, absolument. Et c'est vrai que...
01:04:25 Quelles garanties, du coup, vous pouvez donner ?
01:04:26 Voilà. Alors, on a bien sûr toutes les garanties en termes de sécurité des données, protection des données, etc.
01:04:33 Et c'est vrai que pour l'instant, c'est un domaine qui reste à être exploré, en fait, finalement,
01:04:38 parce que ça a encore été très peu utilisé, même l'intelligence artificielle,
01:04:42 ou tout simplement de regarder un petit peu des technologies vraiment plus innovantes.
01:04:46 Mais on a aussi la validation et, disons, les encouragements même de l'OMS, par exemple,
01:04:53 qui a récemment publié le guideline, en fait, le protocole, on va dire,
01:04:59 pour l'utilisation de l'intelligence artificielle dans la santé.
01:05:02 Et les opportunités sont là, mais il faut bien sûr rester dans le cadre réglementaire
01:05:08 et arriver à protéger les données des patients et de toutes les données qu'on puisse collecter par ce genre de projet.
01:05:15 Alors évidemment, en matière de santé, il y a aussi un point qui est crucial, c'est la prévention.
01:05:19 Je me tourne vers vous, parce que Medicare Core, puisque vous, on a quelqu'un qui représente plutôt la sphère publique,
01:05:24 la sphère privée, puis vous, vous représentez finalement, non pas les utilisateurs, mais les demandeurs de soins,
01:05:28 les gens qui vont recevoir des traitements, qui sont demandeurs de soins, notamment en matière de lutte contre le sida.
01:05:36 La coopération, ça passe aussi par une association de ces personnes à travers un collectif comme le vôtre,
01:05:42 qui d'ailleurs est communautaire, c'est son ADN.
01:05:45 Absolument. Et non seulement les demandeurs de soins, mais aussi les utilisateurs,
01:05:52 les personnes qui vont utiliser les services.
01:05:55 Et nous mettons l'approche communautaire comme une raison d'être en réalité,
01:06:04 c'est-à-dire mettre les personnes, les principales, les personnes qui sont concernées,
01:06:09 les bénéficiaires, mais pas seulement bénéficiaires,
01:06:15 ces personnes sont aussi acteurs de leurs projets de santé, de leur santé, de leur prévention, de leurs soins.
01:06:24 Et donc le Coalition Plus, en fait, a pour objectif d'avoir les personnes concernées
01:06:31 qui participent à tous les processus d'une politique de santé,
01:06:36 à partir du moment de la conception jusqu'à la mise en œuvre et l'évaluation,
01:06:42 pour répondre au mieux aux besoins de ces personnes,
01:06:47 parce qu'on peut avoir la meilleure politique de santé au monde,
01:06:50 si on ne l'utilise pas à l'épreuve du terrain, si elle n'est pas utilisée,
01:06:54 si les personnes n'adhèrent pas, elle ne va donner aucun résultat.
01:06:57 Mais il faut évidemment que ces personnes soient mieux entendues.
01:06:59 Absolument, absolument. Et c'est ce que nous efforçons de faire,
01:07:04 notamment par exemple dans des grandes institutions,
01:07:09 comme par exemple tout à l'heure où vous aviez le directeur exécutif du Fonds mondial,
01:07:14 où des sièges sont réservés au conseil d'administration,
01:07:18 aux représentants des personnes vivant avec les maladies,
01:07:21 aux représentants des organisations non gouvernementales,
01:07:24 qui tous les jours sont sur le terrain.
01:07:26 C'est aujourd'hui le principal écueil auquel vous êtes confronté ?
01:07:30 De la représentativité.
01:07:32 Oui, d'avoir du mal à faire entendre la voix des destinataires,
01:07:38 soit en matière de prévention, soit en matière de traitement.
01:07:40 Oui, absolument, d'autant plus que par exemple,
01:07:43 si on prend les maladies dont on s'occupe le plus,
01:07:46 le sida, les hépatites, ce sont des maladies qui vont concerner plus des publics bien particuliers,
01:07:53 comme par exemple les personnes qui utilisent les drogues,
01:07:56 les hommes qui ont des rapports sexuels avec les travailleuses du sexe.
01:08:00 Donc ce sont des populations qui sont de toute façon marginalisées par la société,
01:08:06 donc difficile l'accès aux sphères de pouvoir,
01:08:09 l'accès aux endroits où les décisions se prennent,
01:08:13 leur sont de toute façon difficiles.
01:08:16 Et donc en fait c'est tout là le travail de Coalition+
01:08:19 c'est de pouvoir justement ramener ces voix là où elles puissent être entendues.
01:08:23 En préparant cette émission, Francesca, comme vous, je veux citer l'exemple des Britanniques
01:08:27 qui via le programme Horizon, ils ont voté pour le Brexit,
01:08:31 donc l'Europe Unie est sortie de l'Union Européenne,
01:08:34 et via le programme Horizon sont revenus dans un programme d'échange de données
01:08:37 entre chercheurs sur la matière santé.
01:08:41 Mais vous me disiez, la coopération ça ne passe pas simplement par la recherche,
01:08:44 mais il faut progresser et raisonner davantage sur l'ensemble de la chaîne,
01:08:48 c'est-à-dire que ça va de la recherche médicale,
01:08:50 mais aussi la conception, l'élaboration de solutions, de traitements,
01:08:54 ainsi que leur distribution et leur commercialisation.
01:08:57 Non absolument, il faut un tout petit peu repenser d'une manière différente
01:09:00 l'idée de la coopération internationale.
01:09:03 On a vu qu'il y a eu des problèmes énormes pendant la pandémie,
01:09:06 avec des inégalités énormes entre les pays de l'OCDE,
01:09:10 les pays qui ont développé, les autres pays.
01:09:13 Donc il faut un tout petit peu repenser à ça.
01:09:16 N'est-ce pas qu'en fait la coopération internationale reste un outil fondamental
01:09:21 pour lutter contre tout ce qui peut être des problèmes,
01:09:25 des enjeux en santé au niveau global,
01:09:28 aussi pour faire face à toutes les émergences
01:09:32 qu'on est en train de vivre, il y en a beaucoup.
01:09:34 Donc il y a un phénomène où maintenant les crises se multiplient,
01:09:38 on a une exigence d'être de plus en plus efficace
01:09:42 aussi dans l'utilisation de l'argent, y compris de l'argent public,
01:09:46 que ce soit l'aide de développement, que ce soit les impôts
01:09:50 qui sont collectés dans les pays développés.
01:09:53 Donc il faut vraiment un tout petit peu agir sur plusieurs fronts.
01:09:56 D'un côté être plus efficace, de l'autre côté chercher peut-être
01:10:00 à diversifier aussi les sources de financement
01:10:04 et s'appuyer sur des investissements dans des systèmes de santé
01:10:08 qui soient résilients. Donc pas simplement dans des produits,
01:10:11 pas simplement dans des mécanismes d'alerte précoce,
01:10:14 mais vraiment toute la chaîne, tout le système de santé dans sa stabilité.
01:10:17 Ce schéma c'est une des préoccupations j'imagine ?
01:10:20 Oui absolument, et c'est vraiment l'une des priorités également
01:10:23 de notre programme d'accès aux soins, parce que nous pouvons apporter
01:10:27 les produits, les solutions techniques on va dire,
01:10:30 pour diagnostiquer ou traiter certaines maladies.
01:10:33 Par contre, il nous faut également le renforcement des capacités,
01:10:37 il nous faut inscrire ça dans une pérennisation sur plusieurs années,
01:10:42 puisqu'on ne veut pas...
01:10:43 Oui, je trouve que ça est très long, c'est des cycles en matière de santé.
01:10:45 Entre le moment où on commence, il y a les prémices de la recherche,
01:10:48 et le moment où les traitements se retrouvent sur le marché,
01:10:51 utilisés par leur destinataire au final,
01:10:54 il peut y avoir 10, 15 ans qui se passent.
01:10:56 Exactement, et c'est vraiment notre responsabilité,
01:10:59 notre devoir finalement de s'assurer qu'on arrive à...
01:11:03 de s'assurer en fait d'avoir des programmes qui s'inscrivent dans la durée,
01:11:07 et qui arrivent à se pérenniser comme ça.
01:11:10 Je pense que c'est aussi une des raisons pour lesquelles
01:11:12 nous avons choisi de travailler avec le Fonds mondial,
01:11:14 et de mettre en place ce partenariat, puisque ça reste justement
01:11:17 une stratégie sur le long terme,
01:11:19 on cherche à transformer les systèmes de santé finalement.
01:11:22 C'est plus facile de travailler avec le Fonds mondial
01:11:24 qu'avec d'autres institutions ?
01:11:25 En tant que secteur privé, oui.
01:11:27 Pourquoi ? Dites-nous pourquoi.
01:11:29 C'est pas une adresse des lauriers, mais enfin,
01:11:31 il y a une raison particulière.
01:11:33 Je pense qu'il y a quand même de bonnes pratiques
01:11:35 à tirer du modèle du Fonds mondial,
01:11:38 notamment sur l'engagement avec le secteur privé,
01:11:41 puisqu'ils ont réussi à développer des modèles de partenariats
01:11:44 qui sont, j'irais, assez uniques au mécanisme du Fonds.
01:11:48 Pourquoi ?
01:11:49 On a plus de mal à trouver ça ailleurs.
01:11:51 Alors concrètement, par exemple,
01:11:53 on a la possibilité d'apporter notre expertise,
01:11:55 notre savoir-faire à impacter directement les programmes.
01:11:58 Il y a beaucoup d'autres modèles de coopération
01:12:01 qu'ils ont en place,
01:12:02 mais je pense que c'est vraiment regarder
01:12:06 la chaîne de valeur, en fait, finalement,
01:12:08 pour les programmes de santé,
01:12:09 et regarder les différents acteurs.
01:12:11 Qu'est-ce que chacun peut apporter ?
01:12:13 Quelle valeur ajoutée chaque acteur peut finalement amener ?
01:12:18 Et je pense qu'en tant que secteur privé,
01:12:20 c'est beaucoup plus difficile pour nous de...
01:12:23 Des fois, c'est beaucoup plus difficile pour nous
01:12:26 de s'engager avec d'autres agences
01:12:29 qui n'ont pas forcément ce genre de modèle en place
01:12:31 et qui regardent les partenariats avec le secteur privé
01:12:34 de façon plus traditionnelle.
01:12:36 On a souvent l'attente, en fait,
01:12:40 que le secteur privé va seulement apporter les financements.
01:12:43 Les financements sont essentiels
01:12:45 pour arriver à atteindre les objectifs
01:12:47 du développement durable d'ici 2030.
01:12:49 Je ne remets pas ça en cause.
01:12:51 Par contre, il nous faut également d'autres pensées.
01:12:54 Il faut arriver à innover un petit peu
01:12:56 ce genre de modèle de partenariat
01:12:58 puisque les financements ne suffiront pas
01:13:00 pour atteindre nos objectifs d'ici 2030.
01:13:04 Parmi les éléments conjoncturels,
01:13:06 il y a effectivement des crises.
01:13:08 Elles se succèdent ces derniers temps.
01:13:11 En Afrique, que vous connaissez bien,
01:13:13 il y a des crises, parfois, entre des belles girants,
01:13:15 des crises bilatérales,
01:13:17 qui peuvent créer un trou dans la raquette,
01:13:19 notamment en matière de financement.
01:13:20 C'est un des écueils auxquels vous êtes confrontés.
01:13:22 Absolument.
01:13:24 Je voudrais rebondir sur ce qui a été dit
01:13:27 sur une institution comme le Fonds mondial,
01:13:29 qui est l'illustration du multilatéralisme,
01:13:32 qui permet justement de s'affranchir
01:13:34 des tensions géopolitiques,
01:13:37 qui permet aussi de sortir
01:13:40 de cette conditionnalité de l'aide publique.
01:13:43 Par exemple, à Coalition+,
01:13:45 on a vécu récemment un exemple très concret
01:13:48 qui illustre parfaitement cette situation.
01:13:51 C'est l'exemple de notre membre au Mali,
01:13:54 qui est Arcade Santé+,
01:13:55 qui est un acteur majeur de la lutte contre le sida au Mali,
01:13:58 mais aussi en Afrique de l'Ouest.
01:14:00 C'est une structure qui a une file active
01:14:03 de quasiment 12 000 personnes,
01:14:05 ce qui est énorme,
01:14:07 et qui, suite à la décision du gouvernement français
01:14:10 d'arrêter l'aide publique au développement au Mali,
01:14:14 en novembre dernier,
01:14:16 s'est retrouvé avec un trou du jour au lendemain
01:14:19 dans son budget de 25%.
01:14:22 C'est énorme.
01:14:24 Ça aurait pu achever cette association.
01:14:27 Et justement, nous avons pu sortir de cet écueil
01:14:31 grâce à des institutions comme le Fonds mondial,
01:14:34 où justement, il n'y a pas le jeu
01:14:39 de ces tensions géopolitiques,
01:14:41 où on a pu soutenir ce gap
01:14:44 et permettre à l'association de continuer
01:14:46 à prodiguer ses services
01:14:48 dans un contexte vraiment où il est...
01:14:51 Ça s'est fait dans un laps de temps très rapide.
01:14:53 Très rapidement, grâce aux plaidoyers,
01:14:55 grâce à la mobilisation de la société civile.
01:14:58 C'est comme ça qu'on a pu sortir de cette crise
01:15:00 qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques
01:15:02 pour la lutte contre le sida
01:15:04 et tous les progrès qui ont été effectués dans ces pays
01:15:06 ces dernières décades.
01:15:08 Dernière question à la cantonade.
01:15:10 Si vous aviez une baguette magique,
01:15:12 on vient de parler du facteur temps,
01:15:14 de la vitesse,
01:15:16 un levier sur lequel vous pouviez agir,
01:15:18 ce serait quoi exactement ?
01:15:20 La question des données.
01:15:22 Je crois que c'est un levier sur lequel
01:15:24 il faut absolument agir beaucoup plus.
01:15:26 Et bien sûr, le financement, on a besoin de plus de ressources.
01:15:28 Claire Bonnet ?
01:15:30 Il n'y a pas de piège.
01:15:32 Non, je dirais, laissez-nous participer en fait,
01:15:34 de vraiment créer cet espace
01:15:36 de coopération et de multilatéralisme.
01:15:38 Les facteurs du secteur privé.
01:15:40 Et vous, Mehdi Karkouri ?
01:15:42 Permettre de plus en plus
01:15:44 l'accès des personnes
01:15:46 concernées
01:15:48 aux sphères de décision.
01:15:50 Écouter les populations.
01:15:52 Très bien.
01:15:54 Merci beaucoup à tous les trois.
01:15:56 Ça passait excessivement vite.
01:15:58 C'est les joies d'exercice du live.
01:16:02 Je vais laisser la parole à Nicolas Béthoud
01:16:04 qui va accueillir son invité
01:16:06 qui est la Crichoula
01:16:08 et à Jacques-Claire Oupoulot
01:16:10 qui est secrétaire d'État
01:16:12 au développement à la francophonie
01:16:14 et au partenariat international.
01:16:16 C'est tout de suite dans quelques instants.
01:16:18 Merci à tous les trois d'avoir accepté notre invitation.
01:16:20 Merci beaucoup.
01:16:22 (Musique)
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01:16:28 [Musique]
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01:17:01 Bonsoir Christophe de Lazac-Rampoulou. Bonsoir. Vous êtes secrétaire d'état
01:17:27 chargé du développement de la francophonie et des partenariats internationaux.
01:17:31 Mention très importante, on le verra pourquoi tout à l'heure.
01:17:34 Vous êtes, madame la ministre, là pour conclure cette heure et demie de
01:17:40 débat que nous avons eu dans cette conférence qui a été organisée par
01:17:43 l'Opinion et le Fonds mondial, les amis du Fonds mondial Europe. L'occasion pour
01:17:49 moi de vous demander, puisque vous représentez la France ce soir,
01:17:53 quelle est la part de la France dans ce Fonds mondial ? Tout d'abord j'aimerais
01:18:00 vous remercier pour l'invitation, les lecteurs de l'Opinion, mais aussi le Fonds
01:18:05 mondial Europe pour le travail qu'ils font. La France a un engagement très fort
01:18:12 avec le Fonds mondial. Nous sommes le deuxième Bayer. Qu'est-ce que ça veut dire ?
01:18:18 Ça veut dire que pour les périodes 2023-2025, l'année dernière,
01:18:26 le président de la République, on était aux Nations Unies,
01:18:31 il a annoncé notre contribution, la contribution française, qui est égale à
01:18:37 1,6 milliard pour lutter contre les VIH, contre le paludisme et la
01:18:44 tuberculose. Donc ça nous fait, comme vous disiez, on est le deuxième contributeur,
01:18:48 on est le deuxième principal Bayer de fonds. C'est historique ça ?
01:18:53 C'est historique, exactement. C'est une somme très importante. C'est un engagement
01:19:00 fort de la France depuis toujours, comme vous savez très bien. Et je suis très
01:19:06 heureuse aussi, pas seulement comme ministre, mais aussi comme médecine, de
01:19:10 voir qu'à travers ce Fonds, nous avons des résultats. 59 millions de vies
01:19:16 sauvées depuis sa création du Fonds mondial, avec un travail sur le terrain
01:19:20 extraordinaire. Voilà un engagement fort de la France, un acteur principal sur les
01:19:26 questions de la santé mondiale. Alors vous le disiez vous-même, vous êtes médecin et
01:19:30 politique, et donc la combinaison dans une même phrase de santé et
01:19:35 multilatéralisme, ça vous parle particulièrement. Quand on a
01:19:40 choisi ce thème santé au secours du multilatéralisme, en quelque sorte,
01:19:45 ça vous a inspiré quoi ? Vous savez, c'est deux sujets que j'aime. Comme vous avez
01:19:53 dit, la santé, la question du multilatéralisme.
01:19:56 Je pense que les problèmes en 2020, avec la crise de
01:20:03 Covid, nous avons vu exactement les problèmes d'un multilatéralisme qui
01:20:10 ne marchait pas si bien. La crise de Covid nous a montré tout d'abord
01:20:18 l'approche de chaque pays. Il y a eu les nationalistes, en forme d'égoïsme en tout cas.
01:20:24 En forme d'égoïsme, on ne peut pas oublier le comportement du président Trump,
01:20:30 qu'il avait dit "America first", tout d'abord l'Amérique et après le reste du
01:20:34 monde. Nous, Français et Européens, nous avons une autre approche. Nous avons
01:20:41 une approche de solidarité, de solidarité sanitaire et vaccinale.
01:20:47 Et ça c'est très important de souligner parce qu'à ce moment-là, nous sommes
01:20:53 toutes seules à croire que s'il y a une solution pour résoudre la crise de
01:21:00 Covid, elle ne peut qu'être mondiale.
01:21:05 Alors ça c'était pour le Covid, et effectivement il y a eu COVAX, dont vous avez été une co-présidente.
01:21:08 Oui, exactement.
01:21:09 Ensuite il y a eu la crise provoquée par les Russes, l'agression russe, la guerre en Ukraine,
01:21:15 avec des conséquences terribles sur la santé, sur la circulation du commerce mondial.
01:21:20 La question de l'énergie, mais la question des céréales. Nous avons vu par exemple
01:21:26 que les Russes ont pris un otage, les céréales, avec un risque en particulier
01:21:32 pour les continents africains. Et aujourd'hui, encore une fois, avec cette
01:21:37 nouvelle crise du Proche-Orient qui va impacter certainement aussi l'économie
01:21:45 et les inégalités dans le monde.
01:21:48 Alors justement, selon vous, comment est-ce que cette crise qui
01:21:50 effectivement crée des fractures assez considérables,
01:21:52 comment est-ce que cette crise du multilatéralisme et le point particulier,
01:21:57 le focus dramatique qu'il y a en ce moment au Proche-Orient,
01:22:00 comment est-ce que ça peut nuire à la réalisation des objectifs de développement durable,
01:22:05 qui sont des objectifs qui ont été fixés par l'ONU ?
01:22:08 Horizon 2030, 169 objectifs, un programme considérable, mais qui reste largement à faire.
01:22:17 Vous avez totalement raison, parce qu'il faut un peu faire un peu l'historique.
01:22:22 Car quand nous avons décidé, tous les États des Nations Unies, en 2015,
01:22:29 d'y porter ces 17 objectifs de développement durable, à la fin, ça veut dire quoi ?
01:22:35 Ça veut dire donner l'accès à la santé, à l'éducation, à l'eau,
01:22:40 à tous les êtres humains sur notre Terre. Nous avons mis l'objectif 2030.
01:22:47 Et les choses avançaient assez bien, on peut dire, jusqu'en 2020,
01:22:52 où on commence avec les crises que vous avez dites, ensuite la Covid,
01:22:56 ensuite l'agression russe, et aujourd'hui avec de nouvelles crises.
01:23:01 Les dernières trois années, on a tellement de crises qui ont un impact
01:23:06 sur cette réalisation du développement durable.
01:23:09 Et on prend du retard.
01:23:10 Et on prend beaucoup de retard.
01:23:13 On est à quel pourcentage ? Je ne sais pas si on peut...
01:23:16 On dit pour la première fois, en 25 ans, les inégalités ont de nouveau augmenté.
01:23:23 Et on risque de les faire accroître encore plus. Et pas seulement.
01:23:29 On voit par exemple, sur la question des financements,
01:23:33 on avait calculé que nous avions besoin de 2 500 milliards par an pour arriver.
01:23:41 Et aujourd'hui, on calcule presque, ils ont doublé avec 4 200 milliards par an.
01:23:49 Et ça risque d'augmenter encore.
01:23:52 Ça veut dire que cette année, aux Nations Unies,
01:23:54 le Secrétaire général des Nations Unies nous a alarmés tous,
01:23:58 parce qu'il reste 7 ans. 7 ans pour y arriver.
01:24:02 Et on voit les difficultés, et on voit les pressions aussi sur le terrain.
01:24:05 Et aujourd'hui, pour être précis, dans les 17 objectifs, il y a des critères, 169 je crois,
01:24:12 un critère qui doit être...
01:24:13 Il y a des critères.
01:24:14 Et on en est à 12% de réalisation. Donc on est très en retard.
01:24:18 Très bas. Il faut 88% les indicateurs pour qu'on arrive...
01:24:23 C'est faisable ?
01:24:26 Je trouve que c'est très difficile, pour être honnête.
01:24:29 Oh, quand même, il faut une volonté. Il faut qu'on se dépasse tous ensemble.
01:24:34 Et on change aussi notre manière de financer ces objectifs de développement durable.
01:24:41 Alors comment est-ce que la France peut répondre à cette crise du multilatéralisme ?
01:24:44 Et comment est-ce qu'elle peut essayer de bousculer cette logique qui est au ralentissement,
01:24:49 et au fait que nous n'allons pas atteindre les objectifs, les ODD, comme on appelle ça, en 2030 ?
01:24:55 Vous êtes ministre, vous êtes dans l'action politique. Comment est-ce qu'on peut faire ?
01:25:00 Alors je suis très contente, vous savez, parce que notre pays a une caractéristique.
01:25:07 Tout d'abord, c'est un pays moteur.
01:25:11 Ça veut dire que nous avons des initiatives, des initiatives innovantes.
01:25:16 Et parce qu'on a une position... Nous sommes membre du Conseil de sécurité,
01:25:21 des ISET, des JIVAN, de l'Union européenne.
01:25:25 Nous avons une position telle, et une histoire aussi.
01:25:29 – Souvent une prétention à l'universalisme. – Aussi.
01:25:32 Et heureusement, qui est comme vous dites...
01:25:35 – Pas toujours bien placé, mais enfin bon, vous dites heureusement.
01:25:38 En tout cas, ça nous donne une joie. – Moi, je dis « et heureusement »,
01:25:40 parce que cet universalisme, cette question de l'égalité, de la fraternité,
01:25:48 on la porte partout dans le monde.
01:25:50 Vous savez, les Français, vu par les autres, nous sommes un peuple de solidarité.
01:25:55 Nous sommes connus pour ça.
01:25:57 Alors, bien sûr, on est un pays moteur avec des initiatives aussi innovantes.
01:26:03 Si je fais l'exemple, vous avez parlé des mécanismes COVAX,
01:26:06 que c'était ce mécanisme de distribution des vaccins partout dans le monde.
01:26:12 Cette idée, il était une idée du président de la République,
01:26:16 avec le docteur Tedros, qui est le directeur de l'OMS.
01:26:21 Et ça, c'est important.
01:26:23 Je parle par exemple d'un autre objectif de développement durable,
01:26:27 la question de l'égalité entre les femmes et les hommes.
01:26:30 Nous avons fait, il y a quatre ans, la génération equality forum,
01:26:37 et là, on a mobilisé, avec la communauté internationale,
01:26:41 40 milliards pour cet objectif.
01:26:44 Quand il y a eu le problème de la sécurité alimentaire,
01:26:47 encore là, on était devant.
01:26:49 Et on a une autre caractéristique, permettez-moi de dire,
01:26:53 que pas seulement on a cette puissance,
01:26:56 et je pense que c'est ça l'idée du président de la République,
01:26:59 qu'il a compris très tôt,
01:27:00 qu'il n'y a pas seulement de financement public,
01:27:04 mais il faut que tous participent, les philanthropes,
01:27:07 la société civile, les secteurs privés, chacun il faut qu'il prenne...
01:27:11 – Qui est dans l'ADN du Fonds mondial, précisément.
01:27:13 – Exactement. Et alors, vous voyez, ça,
01:27:15 on le fait partout aujourd'hui, dans tous les initiatives.
01:27:19 – Mais Christelle, c'est un gros boulot.
01:27:21 OK, la France a une voix, elle a une puissance d'entraînement,
01:27:27 parfois elle est considérée comme un peu arrogante ou un peu rêveuse,
01:27:29 peu importe, elle essaye de dire quelque chose au reste du monde.
01:27:32 Très bien. Est-ce que ça suffit,
01:27:34 ou est-ce qu'il faut un multilatéralisme différent,
01:27:38 peut-être plus inclusif, plus attentif,
01:27:41 vers les pays que, souvent, on a un peu déligés ?
01:27:45 – Mais la voix de la France, c'est exactement ça.
01:27:49 À Paris, comme je dis souvent,
01:27:52 c'est une chaîne internationale qui donne la voix à tous.
01:27:55 Je vous rappelle que le mois de juin, vous avez suivi,
01:27:59 on a fait le nouveau pacte financier, un sommet pour parler de financement.
01:28:06 Et pour la première fois, on a uni tout le monde.
01:28:10 On avait les États-Unis, on avait la Chine, on avait les petites îles,
01:28:15 vous savez très bien, d'Abarbatos,
01:28:19 on avait le continent africain présenté, l'Europe.
01:28:23 Ça veut dire, oui, c'est une caractéristique,
01:28:26 vous avez parlé des rêveurs,
01:28:28 mais le monde, il a besoin aussi de ces voix, de rêveurs,
01:28:33 mais des rêveurs aussi qui ont des résultats pragmatiques.
01:28:39 – Si on parle de la santé, quelle est la stratégie de la France
01:28:44 pour essayer de faire en sorte que la santé, pour le monde entier, s'améliore ?
01:28:51 – La France est un acteur majeur sur les questions de santé mondiale,
01:28:56 comme je vous disais.
01:28:58 Nous venons de présenter le 12 octobre la nouvelle stratégie.
01:29:02 Et alors, on a identifié des sujets,
01:29:07 et après la crise de la Covid, on a vu certainement
01:29:11 que l'objectif que nous avons globalement,
01:29:13 c'est de rafforcer le système de santé.
01:29:16 La question de la formation du corps médical et paramédical.
01:29:24 – Il faut aussi la formation des professionnels.
01:29:25 – Bien sûr, parce qu'il y a beaucoup d'endroits du monde,
01:29:30 que vous savez, il n'y a pas de médecins, il n'y a pas d'infirmières.
01:29:34 La question de la couverture universelle, c'est un vrai sujet.
01:29:38 Mais aussi, nous continuons les engagements, comme pour les fonds mondiaux.
01:29:43 Et bien sûr, maintenant, on parle beaucoup d'un traité de pandémie.
01:29:48 Dans les cas où…
01:29:49 – Qu'est-ce que c'est un traité de pandémie ?
01:29:51 – Un traité de pandémie, c'est qu'on discute avec l'OMS,
01:29:55 tous les États, tous les acteurs, et on discute dans les cas
01:30:01 où nous avons une nouvelle pandémie, comment on peut prévenir d'un côté,
01:30:05 et de l'autre côté, comment on peut faire face.
01:30:08 Parce que vous avez vu où on s'est trouvés face à cette pandémie.
01:30:13 Personne ne savait, c'était un choc.
01:30:15 – Un choc incroyable, et l'inconnu.
01:30:16 – C'est pour ça aussi qu'aujourd'hui, notre rôle,
01:30:19 qui on pousse, c'est le changement de l'architecture,
01:30:23 comme on dit, de la santé mondiale.
01:30:25 – Ça veut dire quoi, une réforme de l'OMS ?
01:30:26 – Une réforme de l'OMS, on a vu un peu les faiblesses aussi de l'OMS,
01:30:31 et aujourd'hui, tous les États, nous sommes d'accord
01:30:34 qu'il faut qu'il puisse y avoir un rôle central.
01:30:37 – Qu'est-ce que vous avez en tête, cette réforme de l'OMS,
01:30:40 c'est laquelle et elle doit apporter quoi ?
01:30:43 – Il faut porter par exemple, il faut regarder que partout,
01:30:48 il y a des systèmes de santé résilients.
01:30:50 Il faut qu'on essaye de voir que la production de vaccins,
01:30:56 il n'y a pas un continent comme l'Afrique qui produit seulement 1% de vaccins,
01:31:00 ça c'est une grande inégalité.
01:31:02 Il faut aussi qu'ils coordonnent la question de la pandémie.
01:31:06 C'est pour ça aussi, on travaille avec eux pour porter le traité,
01:31:10 plus un nouveau fonds qui a été créé à la Banque mondiale,
01:31:14 où on s'est mobilisés et on a mis des financements tous
01:31:17 pour la recherche aussi sur de nouvelles maladies.
01:31:23 – Maladies, alors justement, vous parlez de la recherche,
01:31:25 l'innovation est un point extrêmement important pour essayer de faire en sorte
01:31:29 que la santé du monde entier, dans le monde entier, soit meilleure.
01:31:33 Comment est-ce que vous, au poste où vous êtes,
01:31:38 vous pouvez travailler pour que l'innovation soit plus rapide,
01:31:42 plus efficace dans le domaine de la santé ?
01:31:45 – Au niveau européen, vous savez, nous avons des financements
01:31:49 aujourd'hui dédiés à l'innovation, mais il ne faut pas qu'il reste seulement chez nous.
01:31:55 On a des stratégies, beaucoup avec l'Union européenne,
01:32:00 de transférer les technologies aussi sur les continents africains.
01:32:05 Si je vous parle des vaccins, ARN et mRNA,
01:32:11 moi je dis d'habitude en anglais, je suis plus habituée sur ça.
01:32:14 – L'ARN est à l'île.
01:32:15 – Exactement, nous avons fait un sommet Union européenne et Union africaine,
01:32:22 et aujourd'hui on a Sénégal, Rwanda, l'Afrique du Sud,
01:32:26 où on a des hubs pour cette nouvelle technologie.
01:32:29 – Pourquoi ? Pour produire ? Pour chercher ?
01:32:30 – Pour produire, pour produire des vaccins.
01:32:33 Alors ça, c'est l'objectif des continents africains,
01:32:38 et en même temps, avec notre recherche, on les aide,
01:32:43 on les accompagne si vous voulez, pour créer aussi la régulation.
01:32:47 Parce que, et la troisième chose,
01:32:52 qu'ils puissent être produits sur les continents, mais aussi être vendus.
01:32:58 – Vendus, au continent ou par le continent ?
01:33:01 – Au continent tout d'abord, et par le continent.
01:33:04 – Et vous avez dépassé les questions qui sont très complexes,
01:33:09 de propriété intellectuelle, de protection des brevets ?
01:33:11 – Vous savez que ce sujet, on a eu beaucoup de discussions
01:33:17 avec l'OMC, avec l'Organisation mondiale du commerce,
01:33:22 et ce sont des sujets qui, oui, ils avancent, ils avancent bien.
01:33:28 Au début c'était un vrai problème.
01:33:31 – C'est encore un long parcours.
01:33:32 – C'était un long parcours.
01:33:34 – Vous êtes, je le disais, secrétaire d'État au développement,
01:33:38 à la francophonie et aux partenariats internationaux.
01:33:42 Vous êtes très attachée à ce mot, à ces mots de partenariat international, pourquoi ?
01:33:46 – Parce que la diplomatie du 21ème siècle, il n'y a pas les forts et les faibles,
01:33:53 il y a des partenaires, on porte des causes ensemble, communes,
01:33:58 et on fait, comme je dis, des partenariats ad hoc,
01:34:01 il y a des intérêts communs, et c'est ça qu'on essaye.
01:34:05 Voilà, je tiens beaucoup à ce titre, je pense que c'est vraiment la nouvelle politique,
01:34:12 et je vois que dans ces partenariats, il y a un respect de chacun, on apprend des autres,
01:34:19 je pense que nous aussi on a beaucoup de choses à apprendre par les autres,
01:34:23 et aussi c'est pour ça que si vous voulez, comme je vous disais,
01:34:27 nous avons cherché maintenant à financer
01:34:30 cet objectif de développement durable, comme des partenaires,
01:34:36 et je pense que demain, vous savez, on organise les Formes de Paris sur la paix,
01:34:46 et dans ces cas, on va parler de financement, de mobilisation,
01:34:51 la mise en œuvre de tout ce que nous avons décidé ensemble le mois de juin.
01:34:56 – Tout de même, la diplomatie, c'est parfois la confrontation sans les armes,
01:35:01 sans la violence, peut-être la violence verbale, mais rien de plus,
01:35:05 ça peut fonctionner ensemble, la diplomatie, y compris dans la confrontation,
01:35:08 et les partenariats qui sont fondés sur un minimum de bonne foi,
01:35:12 de confiance et de relation d'égal à égal ?
01:35:14 – Moi, vous savez, comme je dis souvent, je suis un chirurgien,
01:35:18 je suis une femme pragmatique et une diplomate pragmatique,
01:35:23 je crois à la diplomatie des solutions,
01:35:27 et dans ces cas, il faut qu'il y ait un respect, il faut qu'il y ait de la clarté,
01:35:32 il faut que chacun puisse exprimer et porter sa vision et trouver un compromis.
01:35:38 Voilà, il n'y a pas le temps maintenant pour faire semblant,
01:35:43 nous avons de vrais enjeux, la part du changement climatique,
01:35:47 par exemple, sur la vie des personnes,
01:35:50 la question, vous avez parlé de santé mondiale,
01:35:53 je vois la question du repas à l'école pour les enfants,
01:35:59 je vois la question de l'accès à l'éducation,
01:36:02 vous savez, il y a le temps que les citoyens, partout dans le monde,
01:36:06 ils nous regardent et ils disent "nous voulons des solutions",
01:36:10 c'est ça notre rôle.
01:36:11 – Vous voulez des solutions, en tout cas, c'est votre rôle politique
01:36:15 d'apporter des solutions, peut-être de changer cet état d'esprit
01:36:18 qui est avec le multilatéralisme et les crises actuelles,
01:36:20 et puis une sorte de fatigue de l'aide qui fait qu'on a plus de mal,
01:36:24 avec la crise économique bien sûr, à lever des capitaux,
01:36:27 changer l'état d'esprit peut-être du multilatéralisme
01:36:30 pour arriver vers plus de volonté, volontarisme peut-être ?
01:36:34 – Non, oui, c'est le multilatéralisme du XXIème siècle,
01:36:39 c'est pas seulement, vous savez qu'il y avait les années 80,
01:36:42 le pays des Y7 qui décidait un petit peu, il faut être honnête,
01:36:47 c'est ça qui importe avec le président de la République,
01:36:51 et c'est pour ça que je me suis engagée auprès de lui,
01:36:53 c'est qu'on veut que les fractures,
01:36:57 ça qu'on dit le nord et le sud, l'est et l'ouest, il faut les éviter,
01:37:01 c'est pour ça que la France travaille pour éviter ça.
01:37:05 – Merci beaucoup Christophe de Lazac-Ropoulou,
01:37:07 merci de nous avoir accompagnés pour la conclusion de cette conférence,
01:37:11 merci à tous ceux qui se sont connectés et qui ont suivi cette conférence
01:37:14 que nous avons organisée à l'Opinion avec le Fonds Mondial,
01:37:18 les amis du Fonds Mondial Europe, ce sujet qui est évidemment
01:37:21 un sujet fondamental à la fois pour l'économie, pour la diplomatie,
01:37:26 mais aussi pour la façon dont les hommes se regardent.
01:37:29 Merci madame la ministre, merci à tous.
01:37:31 – Merci beaucoup.
01:37:33 [Musique]

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