Parlement Hebdo - Roger Karoutchi

  • l’année dernière
Retrouvez un point complet sur l'actualité parlementaire et politique de la semaine en présence de Roger Karoutchi, sénateur des Hauts-de-Seine, groupe Les Républicains.

Parlement Hebdo, c´est le tour d´horizon complet d'une semaine au Parlement. Chaque vendredi, Kathia Gilder (LCP-Assemblée nationale) et Alexandre Poussart (Public Sénat) passent en revue les événements et les discussions - en séance ou en commission - qui ont animé les débats. Une mise en perspective analysée en plateau par une personnalité politique.

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Transcription
00:00 (Générique)
00:09 Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau numéro de Parlement Hebdo,
00:13 l'émission qui vous fait revivre les temps forts à l'Assemblée nationale et au Sénat sous le regard d'un invité.
00:18 Et on accueille cette semaine Roger Carucci. Bonjour.
00:21 Bonjour. Vous êtes sénateur Les Républicains des Hauts-de-Seine.
00:24 Roger Carucci, on parlera bien sûr de la marche contre l'antisémitisme ce dimanche.
00:29 L'initiative n'en finit plus de diviser. La présidente de l'Assemblée nationale et le président du Sénat
00:34 défileront en tête de cortège, mais pas à côté du Rassemblement national.
00:39 Les sénateurs ont examiné cette semaine le projet de loi Immigration.
00:43 La majorité de droite et du centre du Sénat a durci le texte,
00:46 notamment sur les conditions de régularisation des travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension.
00:51 Et à l'initiative du président du groupe Les Républicains, Bruno Rotaillot,
00:54 le Sénat a supprimé quasiment toutes les protections existantes pour les étrangers
00:59 face aux obligations de quitter le territoire français.
01:02 Ils défileront ce dimanche contre l'antisémitisme voulu par Yael Brown-Pivet et Gérard Larcher.
01:08 La marche républicaine a pour but de rassembler, mais face au boycott de LFI
01:13 et à la participation du RN jugée encombrante par certains, l'Union nationale semble introuvable.
01:19 Explication Stéphanie Despierre.
01:21 Un rassemblement pour la République contre l'antisémitisme.
01:25 C'est le mot d'ordre de la manifestation initiée conjointement par la présidente de l'Assemblée nationale
01:31 et le président du Sénat.
01:33 Nous incarnons deux institutions qui sont la démocratie parlementaire et ça a vraiment du sens.
01:40 Dès mardi, le RN annonce sa participation, provoquant un certain malaise dans le camp présidentiel.
01:47 Nous parlons au français, c'est une marche civique que nous faisons.
01:50 Ce n'est pas un rassemblement politique, ce n'est pas un meeting.
01:54 Nous n'avons invité aucun parti politique.
01:57 Je reformule ma question.
01:58 Si Jordan Bardella, président du RN, si Marine Le Pen s'invite, seront-ils les bienvenus ?
02:03 Seront-ils dans les cortèges ?
02:04 Il n'est pas question de savoir s'ils doivent être les bienvenus.
02:07 En tout cas, ce qui est certain, c'est que le président du Sénat et moi-même,
02:11 nous défilerons en tête de ce cortège et nous ne défilerons pas à côté du RN.
02:16 Pour le patron des sénateurs, les Républicains, la présence du RN n'est pas un problème.
02:21 Si ce n'était pas un parti républicain, est-ce que vous pensez, une seule seconde,
02:25 qu'Emmanuel Macron les aurait invités autour de la table en Seine-Saint-Denis ?
02:30 Les Républicains défileront dimanche.
02:32 Hors de question, en revanche, pour Jean-Luc Mélenchon.
02:35 Dimanche, manif de l'arc républicain du RN à la Macronie de Brune-Pivet.
02:39 Les amis du soutien conditionnel au massacre ont leur rendez-vous.
02:43 Ce n'est pas la position de ses alliés de la NUPES.
02:46 Dans un communiqué commun, écologistes, communistes et socialistes appellent à manifester.
02:50 Mais ils proposent un cordon républicain dans le cortège pour éviter tout mélange avec l'extrême droite.
02:57 Roger Karouac, est-ce que vous serez à cette marche ?
03:00 Est-ce que l'appel a été largement entendu par les parlementaires ?
03:03 Vous y serez présent, sans ambiguïté ?
03:05 Oui, bien sûr, je serai présent, comme beaucoup de sénateurs républicains,
03:11 comme beaucoup de sénateurs centristes ou socialistes.
03:14 Oui, oui, le Sénat sera massivement représenté dans cette manifestation.
03:18 Et nous, nous n'avons pas d'état d'âme.
03:20 Cette marche, c'est suffisant pour gagner le combat contre cette hausse de l'antisémitisme en France ?
03:24 Bien sûr que non. Bien sûr que non.
03:26 C'est de la symbolique.
03:29 Nous sommes aujourd'hui, cinq semaines après ce funeste 7 octobre,
03:35 nous sommes à à peu près 1100 actes antisémites sur le territoire national,
03:40 c'est-à-dire plus du double de toute l'année 2022, en cinq semaines.
03:45 Il faut naturellement des mesures fortes, de la part de la police, de la part de la justice.
03:51 La manifestation en elle-même n'empêche pas les actes antisémites, naturellement.
03:56 Mais c'est une symbolique de dire, nous n'acceptons pas les dérives.
04:01 Nous ne banalisons pas les dérives.
04:04 Et donc, moi, je considère que, j'aurais souhaité d'ailleurs que tout le monde vienne,
04:10 de LFI au RN, que tout le monde vienne.
04:12 Est-ce que le RN, le Rassemblement National pour vous, a toute sa place dans cette marche républicaine ?
04:17 C'est un appel à une marche de l'ensemble de la population française
04:23 pour dire non à l'augmentation des actes antisémites.
04:27 Quand vous dites, on appelle toute la population française,
04:30 vous dites, ah oui, mais pas les 25% qui votent RN.
04:34 C'est grotesque.
04:36 C'est pas parce qu'ils manifestent que d'un coup, nous allons voter pour Marine Le Pen aux présidentielles.
04:40 Mais je trouve tout à fait légitime que les électeurs,
04:45 les citoyens français qui se reconnaissent dans le Rassemblement National,
04:49 et ils sont nombreux, trop, par rapport à nous, mais bon, c'est comme ça.
04:53 Donc c'est un parti républicain pour vous, le RN ?
04:55 Pardon de dire, je ne dis pas que pour participer à cette manifestation,
05:01 il faut avoir son brevet civique de républicanisme.
05:04 Je dis que c'est une marche contre la résurgence inadmissible
05:09 et l'accroissement inadmissible des actes antisémites.
05:12 Tout le monde est convié.
05:14 Et franchement, pour une fois, j'aurais bien aimé que Mélenchon ou Le Pen se disent,
05:20 "On y va, on y va parce que c'est pas... On n'essaye pas de gagner des voix
05:25 ni pour Gérard Larcher, ni pour Yelbrun-Pivet, ni pour Honnaissance, ni pour les LR.
05:30 On essaye de dire, l'unité de la nation se fait sur le fait que nous n'acceptons pas
05:35 la résurgence des actes antisémites."
05:37 Et je regrette profondément la position de LFI.
05:40 Bon, c'est son affaire.
05:42 Je regrette, je le dis sincèrement, la position pourtant d'une instance
05:46 pour qui j'ai beaucoup d'estime et de considération, le CFCM,
05:51 qui dit "On y va pas parce que..."
05:53 - C'est le conseil du culte musulman.
05:54 - Exactement.
05:55 Je trouve que, franchement, voilà quoi, pour une fois,
05:58 il y a une manifestation non politique, non partisane,
06:03 qui peut rassembler du monde, c'est dommage qu'il y ait des polémiques.
06:07 - Mais quand le patron du RN, Jordan Bardella, estime qu'il ne croyait pas
06:10 que Jean-Marie Le Pen était antisémite, alors qu'il a été condamné
06:13 pour ses propos, notamment sur la Shoah, et les détails de l'histoire...
06:15 - Mais je...
06:16 - Ça ne me choque pas.
06:17 - Mais si, mais que Jordan Bardella ait commis une faute lourde en disant ça,
06:22 j'ai vu d'ailleurs que dans les 48 heures, il s'est passablement rétracté,
06:26 qu'il est revenu en arrière probablement après une conversation avec Marine Le Pen.
06:30 Mais je ne dis pas que je vais juger...
06:34 Si M. Mélenchon était venu à la manif, moi je dirais que c'est normal qu'il vienne.
06:40 Pourtant, Dieu sait que...
06:42 - Malgré son tweet, son tweet touristique...
06:44 - Il y a bien des propos qu'il tient.
06:46 - Rendez-vous des soutiens au massacre.
06:48 - Oui, mais ça, c'est parfaitement choquant.
06:51 Mais bon, de toute façon, ils ne viennent pas, ils ne viennent pas.
06:54 Et M. Mélenchon, depuis maintenant un certain temps, à mon avis,
06:58 est sorti de l'arc républicain classique.
07:00 Je dis classique.
07:02 Voilà, les propos tenus par lui, ou par certains de ses soutiens d'ailleurs,
07:08 pas tous, pas tous, il y a des députés LFI qui ont un comportement tout à fait...
07:13 - François Ruffin, par exemple.
07:15 - François Ruffin ou d'autres, qui...
07:17 - Rachel Garinot.
07:19 - Rachel Garinot, etc.
07:21 Oui, c'est comme quoi, quand on tient des propos cohérents, on les exclut, c'est pas rassurant.
07:25 - Donc finalement, vous faites une distinction entre le mouvement La France Insoumise
07:28 et Jean-Luc Mélenchon, qui a des propos de plus en plus polémiques ces dernières semaines.
07:31 Est-ce que vous regrettez que La France Insoumise ne marche pas sur les branches ?
07:35 - Oui, parce que, franchement, personne n'imagine que je puisse voter un jour pour LFI.
07:39 Mais je pense qu'il y a des électeurs LFI qui votent LFI par conviction
07:45 que la société doit être totalement chamboulée, etc.
07:48 Mais ça n'a rien à voir avec l'antisémitisme.
07:50 On peut très bien dire que la société doit être parfaitement chamboulée
07:53 et en même temps être très hostile aux actes antisémites.
07:57 Donc moi, j'aurais compris que, quel que soit le côté partisan des dirigeants,
08:03 beaucoup de citoyens ou d'adhérents, et j'espère d'ailleurs
08:07 que beaucoup seront là à la manifestation, disent "Nous, les actes antisémites, c'est non".
08:12 Et je considère, je le dis franchement, qu'il faut arrêter de vouloir,
08:18 y compris dans des marches de ce genre, dire "Pas un tel, pas un tel, pas un tel".
08:23 Cette société française est déjà tellement fracturée, fragmentée,
08:26 que même si sur des sujets comme ça, on continue les anathèmes, on n'y arrivera jamais.
08:32 - Alors, une dernière question peut-être sur les appels au "Cessez le feu"
08:36 qui se multiplient en 20 pour l'instant.
08:38 Emmanuel Macron a-t-il raison d'appeler au "Cessez le feu"
08:41 ou est-ce que vous vous défendez le droit d'Israël à se défendre ?
08:46 Vous dites quoi sur ces appels au "Cessez le feu" ?
08:49 - L'un n'est pas forcément exclusif de l'autre.
08:52 Moi, je suis président du groupe "France-Israël" au Sénat
08:57 et j'ai vu, comme d'autres, des images du 7 octobre.
09:02 Franchement, quand vous avez vu ces images,
09:05 vous ne vous dites pas qu'on peut traiter le ramasse comme un État.
09:09 Donc, je ne sais pas ce que ça veut dire un "Cessez le feu"
09:13 tant que les otages ne sont pas libérés.
09:15 Si les otages sont libérés, ce serait logique, normal.
09:19 Alors, on insiste sur des couloirs humanitaires, des couloirs de sécurité,
09:23 parce que toute vie est une vie, que ce soit à Gaza ou en Israël.
09:28 Donc, toute population civile atteinte, c'est un peu...
09:33 Voilà, c'est extrêmement agressif par rapport à la nature humaine.
09:39 Mais en même temps, comment négocier un "Cessez le feu"
09:44 tant que les otages ne sont pas libérés ?
09:46 D'ailleurs, je rappelle que la position française initiale,
09:51 il y a 4 semaines, c'était de dire
09:54 "libération des otages, puis cessez le feu".
09:56 Or, les otages ne sont pas libérés.
09:58 Donc, tout le monde a l'air de négocier,
10:01 le Qatar, la Turquie, etc., qu'ils obtiennent d'abord les otages.
10:06 - Alors, on va parler du projet de loi immigration, Roger Carucci,
10:09 puisque le Sénat a examiné cette semaine ce texte
10:12 et la majorité de droite et du centre l'a considérablement durci.
10:16 Un texte qui est porté par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
10:20 et les sénateurs ont durci le dispositif qui prévoit
10:23 des conditions de régularisation des travailleurs sans-papiers
10:26 dans les métiers en tension, un sujet de flora sauvage.
10:29 - Pour 191, contre 138.
10:33 Le Sénat a adopté l'amendement de suppression.
10:37 - Exit l'article 3, place à l'article 4 bis.
10:40 C'est le fruit de l'accord trouvé entre la droite et le centre au Sénat.
10:43 Il durcit notamment les conditions de régularisation des sans-papiers.
10:47 - Nos collègues et l'air voulu muscler sur la ligne qui était la leur le texte,
10:52 mais je pense que l'essentiel c'était surtout qu'il y ait un texte qui sorte du Sénat.
10:56 - Le compromis entre la droite et le centre prévoit que les régularisations
10:59 au cas par cas vont rester à la main des préfets,
11:02 alors que le gouvernement voulait une régularisation
11:05 de plein droit des sans-papiers, travaillant dans les secteurs en tension.
11:08 - Pourquoi on s'opposait et pourquoi c'est beaucoup plus restrictif ?
11:11 Parce que vous, l'article 3 notamment, c'est un droit automatique.
11:15 Vous fraudez et plus longtemps vous fraudez, plus la fraude est dissimulée
11:19 et plus ça vous génère et plus la fraude est créatrice de droits,
11:23 d'un droit opposable, d'un droit automatique que même l'administration ne pourra pas stopper.
11:27 Nous, on ne voulait pas.
11:29 - Les candidats à la régularisation n'auront plus besoin d'une démarche active de la part de leur employeur.
11:33 C'est l'un des critères auxquels les centristes tenaient.
11:36 Mais ils devront avoir travaillé 12 mois au lieu de 8 dans la version du gouvernement.
11:40 Les candidats à la régularisation devront aussi prouver leur insertion sociale et fédérale.
11:44 Leur insertion sociale et familiale, le respect à l'ordre public
11:47 et adhérer au mode de vie et aux valeurs de la communauté nationale.
11:51 Un tour de vis jugé acceptable par le gouvernement.
11:54 - Cet article 3, comme cet article 4 bis, n'est pas l'essentiel du texte de loi.
11:59 Il est un article sur 48.
12:01 Je crois qu'il ne méritait pas ni les bravos, ni les hennissements
12:08 de ceux qui considéraient que c'était l'alpha et l'oméga du texte.
12:11 - Les sénateurs ont voté la suppression de l'aide médicale d'Etat,
12:14 la fixation de quotas pour l'immigration économique,
12:17 mais aussi la fin des allocations familiales pour les étrangers présents en France
12:20 depuis moins de 5 ans.
12:22 Le texte, profondément durci par les sénateurs LR, est rejeté en bloc par la gauche.
12:26 - L'immigration serait incontrôlable, c'est faux.
12:30 Aucune statistique ne le valide.
12:32 Ce débat est un débat parallèle, un monde parallèle par rapport à la réalité.
12:39 On peut penser comme M. Jadot que l'immigration ne pose aucun problème,
12:44 mais manifestement, nous ne vivons pas dans le même monde.
12:47 - Dans un courrier à destination de ses collègues députés,
12:49 le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, a prévenu
12:52 qu'il n'acceptera aucun compromis avec le camp macroniste.
12:56 - Alors, Roger Carrocci, la majorité de droite sénatoriale
12:59 a considérablement durci ce texte d'immigration.
13:01 On va aborder les différentes mesures qui ont été votées,
13:05 mais d'abord, globalement, sur ce sujet de l'immigration,
13:08 qu'est-ce qui différencie maintenant les Républicains et l'ERN ?
13:13 - Pourquoi vous ne posez pas la question ?
13:15 Qu'est-ce qui différencie l'ERN des Républicains ?
13:18 Parce que nous, nous travaillons sur des propositions en matière d'immigration
13:23 depuis des années. J'ai fait voter, moi, par exemple,
13:26 la suppression de l'AME par le Sénat et son remplacement par l'aide médicale d'urgence.
13:32 J'ai fait voter il y a six ans.
13:34 Donc, nous, nous avons toujours travaillé sur les problèmes migratoires
13:38 et nous disons tranquillement les choses.
13:40 La pression migratoire s'est considérablement accrue
13:44 depuis quelques années en France.
13:46 Le détournement du droit d'asile est devenu une espèce de caricature de lui-même.
13:51 Par conséquent, il fallait prendre des mesures fortes.
13:53 Mais ce sont des mesures fortes.
13:55 Personne n'est allé regarder ce que propose l'ERN en matière d'immigration.
13:58 C'est le problème de l'ERN.
13:59 Nous, nous avons des propositions sur un meilleur contrôle à l'entrée,
14:03 une capacité de raccompagnement aux frontières plus fortes,
14:07 non-régularisation pour ceux qui ont fraudé pour rentrer sur le territoire national
14:12 et nous, nous sommes contentés, si je puis dire,
14:15 de marquer ces éléments dans le débat qui a eu lieu au Sénat.
14:20 Et ce débat est tout à fait serein.
14:25 Il n'y a pas d'excès, on ne s'est pas lancé dans des diatribes,
14:29 mais des mesures fortes parce que tous les Français sont bien conscients
14:34 que la société française aujourd'hui, fragmentée, fracturée,
14:38 n'a pas besoin ou n'a plus la capacité de subir des mouvements migratoires.
14:44 Je représente le Sénat au Conseil d'administration de l'Office français de l'immigration et de l'intégration.
14:49 Je suis le premier à dire que je suis pour une intégration réussie.
14:52 Mais que pour réussir l'intégration, vous ne pouvez pas le faire
14:56 si vous avez une masse de migrants tellement énorme
14:59 que vous n'avez plus la capacité de les intégrer.
15:01 - Vous avez donc durci les conditions de régularisation pour les sans-papiers
15:06 dans les métiers dits "en tension", restauration, les nounous, etc.
15:11 Mais ça veut dire que tous ces gens-là, vous ne reconnaissez pas leur utilité à l'économie française.
15:16 Vous avez perdu quelque part la valeur travail pour vous focaliser sur ce...
15:20 - C'est parce que nous défendons la valeur travail que nous l'avons fait.
15:24 Je rappelle les choses très simplement.
15:26 - Expliquez-nous.
15:27 - Aujourd'hui, dans ces métiers "en tension", par rapport aux travailleurs irréguliers, si je puis dire...
15:34 - C'est-à-dire des métiers qui souffrent d'un manque de personnel.
15:37 - Mais aujourd'hui, ça existe déjà, la régularisation.
15:41 Les préfets, au cas par cas, peuvent régulariser entre 7000 et 10000 personnes par an.
15:46 - Sur le fondement d'une circulaire.
15:48 - Sur le fondement d'une circulaire, etc. Très bien.
15:50 Le gouvernement nous dit "ah bah, 7 à 10000, au cas par cas, par les préfets, ça va pas,
15:56 on va vous faire un article 3 dans la loi, tout le monde pourra être régularisé."
16:01 Quand on dit "c'est combien tout le monde ?"
16:04 Par définition, on n'en sait rien, puisque dans bien des cas, s'ils sont irrégulièrement sur le territoire national,
16:09 ils ne sont pas forcément bien déclarés.
16:12 Donc ça peut être 20000, ça peut être 50000, ça peut être plus, on n'en sait rien.
16:16 Nous, nous disons "non, ça n'est pas possible".
16:19 On dit, ce que nous avons fait avec ce qui est devenu l'article 4 bis,
16:23 qu'on dit "ça reste à la main des préfets, pas d'automaticité, pas de droit opposable, c'est du cas par cas,
16:32 mais nous reconnaissons que par rapport à des patrons voyous qui emploient au noir ces travailleurs en les exploitant,
16:40 il n'y a pas de raison que ce soit eux et eux seuls qui demandent la régularisation au cas par cas,
16:45 nous disons "les salariés eux-mêmes, les travailleurs, même s'ils sont sans papier, pourront le demander eux-mêmes sans l'aval de l'employeur,
16:54 mais ça reste à la main du préfet".
16:56 Ça veut dire quoi ?
16:57 Ça veut dire que le préfet va dire "Monsieur ou Madame Z, vous êtes là depuis un certain temps, vous travaillez, etc.
17:07 Vous respectez les valeurs de la République, vous n'avez aucun problème par rapport à l'ordre public en France, etc.
17:14 On peut régulariser au cas par cas.
17:17 Ce que nous ne voulons pas, c'est d'un coup d'un seul une régularisation massive, qui serait un appel d'air.
17:22 Vous croyez que tous les réseaux de passeurs ne regardent pas ce qui se passe ?
17:25 Si vous dites "on régularise tout le monde", les réseaux de passeurs vont dire "on va vous en envoyer de plus en plus".
17:30 Et après cette modification du Sénat, le président de la Commission des lois de l'Assemblée nationale, Sacha Ollier,
17:35 a affirmé que la majorité présidentielle des députés rétablirait cet article 3 sur la régularisation automatique des travailleurs sans papier
17:42 dans ces métiers en tension.
17:44 Roger Carocci, est-ce que vous pensez qu'un compromis est possible entre la majorité présidentielle et les Républicains sur cet article 3 ?
17:50 Moi, j'attends de voir ce que va finir par faire l'Assemblée nationale.
17:55 Nous, nous avons été très clairs, nous avons travaillé 5 jours et 4 nuits sur ce texte,
18:02 dans le respect des uns des autres, même si nous ne sommes pas d'accord au Sénat, surtout.
18:06 Avec le gouvernement, nous avons avancé, nous avons avancé, et nous aurons, nous avons un texte complet. Voilà.
18:14 Qu'est-ce qui va se passer à l'Assemblée ? Visiblement, pardon de vous dire, vu le bazar général,
18:19 je ne suis pas sûr qu'il y ait un texte à peu près cohérent qui sorte de l'Assemblée, si tant est qu'il y ait un texte.
18:25 Soit il y a un texte, et il y aura une commission mixte paritaire.
18:30 Entre députés et sénateurs ?
18:32 Entre députés et sénateurs. Nous, nous défendrons nos convictions, et nous verrons ce qui sort de la commission mixte paritaire.
18:37 Vous croyez un premier possible ?
18:38 Non ! Moi, je pense que si...
18:40 Pour 49.3 ?
18:41 Ah ben, moi, franchement, au jour d'aujourd'hui, alors après, on verra ce qui se passe à l'Assemblée pour de bon,
18:47 mais au jour d'aujourd'hui, entre ce que demandent les Républicains, ce que demande le Rassemblement national,
18:53 ce que demande l'FI, ce que demande le PS, etc., à l'Assemblée, je ne vois pas comment on sort un texte.
18:58 Il faut un texte cohérent. Donc, soit le gouvernement fait du 49.3 et reprend ce qu'il souhaite dans son texte,
19:03 et j'espère que s'il fait du 49.3, il reprendra un certain nombre de mesures issues du Sénat,
19:08 soit on arrive à quelque chose et il n'y a pas de 49.3 et il y aura une commission mixte paritaire,
19:15 ce sera un bras de fer lourd, difficile, parce que, par définition, nous ne céderons pas.
19:20 Si l'article 3 est rétabli...
19:22 Ah, vous êtes clair, vous ne céderez pas ?
19:23 Non !
19:24 Si l'article 3 est rétabli...
19:25 Si, ben, c'est un mandat néglé par autonomie.
19:26 Si on supprime tout ce qu'on a mis sur l'AME, si on supprime les mesures fortes en matière de régularisation,
19:33 c'est très clair, le Sénat ne votera pas ce texte.
19:36 On va parler dans quelques instants des obligations de quitter le territoire français,
19:40 mais d'abord une question sur l'AME, sur l'aide médicale d'État.
19:43 Le panier de soins a été restreint par le Sénat pour transformer cette aide en aide médicale d'urgence.
19:49 Le gouvernement, qui se base sur un rapport qu'il a commandé, n'est pas favorable à cette modification.
19:55 Vous estimez que c'est une erreur, notamment pour des raisons de santé publique.
19:58 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que pour les LR, c'est un symbole politique à arborer coûte que coûte ?
20:02 Non, non, ce n'est pas un symbole politique et le gouvernement est dans l'erreur.
20:05 Enfin, le gouvernement, peut-être pas tout le gouvernement, j'ai cru comprendre, mais bon...
20:10 Peut-être pas Gérald Darmanin ?
20:11 L'unité du gouvernement regarde le gouvernement.
20:13 J'ai cru comprendre dans ses déclarations préalables que le ministre de l'Intérieur était plutôt d'accord avec nous,
20:19 même si j'ai bien compris que Mme Borne, pas du tout.
20:22 Mais la réforme, par exemple, de l'aide médicale d'État, je l'ai fait voter au Sénat il y a 5-6 ans, sans drame,
20:31 mais l'Assemblée nationale ne l'avait pas votée.
20:33 Nous ne sommes pas totalement absurdes et nous ne voulons pas qu'il y ait des problèmes de santé publique.
20:40 Dans le panier de soins qui est conservé pour l'aide médicale d'urgence, qui remplacerait l'aide médicale d'État,
20:46 nous maintenons toutes les dépenses liées à la prévention, c'est-à-dire à tout ce qui est vérification de l'état réel de la personne,
20:56 de manière à ce qu'il n'y ait pas, évidemment, parce qu'on nous dit "ah, vous vous rendez pas compte,
21:00 il va y avoir des épidémies dans ce pays, vous êtes responsable".
21:03 Mais ce n'est pas vrai du tout, puisque toutes ces dépenses-là, on les maintient.
21:08 La vérité, c'est que j'ai quelques souvenirs à la Commission des finances du Sénat, d'avoir interrogé le gouvernement.
21:13 Il y a dix ans, l'aide médicale d'État était globalement à 300 millions d'euros.
21:18 Aujourd'hui, nous sommes à 1 milliard 200 millions d'euros.
21:21 Dans une période où le système de santé est difficile, où nous disons à tous les Français
21:26 que nous mettons en place des systèmes pour réguler la dépense de santé,
21:30 on est à 1 milliard 200 et tout le monde est bien conscient que dans les deux ans qui viennent, nous serons à 1 milliard et demi.
21:35 Nous disons "ici aussi, il faut réduire la dépense tout en préservant l'essentiel, évidemment, en matière de santé publique".
21:42 Alors la majorité de droite et du centre du Sénat, sur ce texte, a levé quasiment l'essentiel des protections
21:49 contre l'expulsion dont peuvent bénéficier certains étrangers.
21:53 On va écouter sur ce point le président du groupe Les Républicains au Sénat, Bruno Rotailleau.
21:56 Comment voulez-vous que les Français comprennent que ce sont des individus étrangers très dangereux
22:04 qui parfois ont été condamnés très sévèrement, y compris pour des crimes de sang ?
22:11 Comment voulez-vous que les Français, nos compatriotes, comprennent qu'on protège ces individus
22:15 et qu'on laisse exposer à leurs menaces, à leur violence, à leur barbarie, les Français honnêtes, paisibles ?
22:23 Roger Carrocci, le texte de Gérald Darmanin prévoit déjà de lever des protections
22:28 contre l'expulsion pour les étrangers criminels et délinquants. Pourquoi durcir encore ces mesures ?
22:34 - C'est mon amendement qui a été adopté, qui était un amendement de repli par rapport à celui de Bruno Rotailleau.
22:45 Le mien d'amendement a été adopté après une discussion avec le gouvernement
22:52 et le fait que j'intègre dans mon texte une partie du texte du gouvernement
22:58 et le gouvernement a retiré le sien d'amendement en la matière.
23:01 - Concrètement, est-ce que ça change pour aller plus loin ?
23:04 - De quoi avons-nous besoin ? Nous avons besoin de dire, voilà, un étranger, puisque c'est ça le texte,
23:09 un étranger en situation irrégulière, je dis bien en situation irrégulière, mon amendement ne concernait pas les autres,
23:16 un étranger en situation irrégulière qui commet un délit grave, trafic de drogue, proxénétisme, etc.
23:25 Je ne parle même pas d'un crime de sang et tout au-delà.
23:30 Pourquoi voulez-vous que nous respections l'ensemble des règles qui permettraient à cette personne-là,
23:36 en situation irrégulière, commettre un crime ou un délit lourd sur le territoire national,
23:41 un délit pouvant conduire à 5 ans ou plus de prison ?
23:46 On ne parle pas de celui qui, dans la rue, a arraché une affichette.
23:50 - Donc vous levez les protections pour que l'on pouvait bénéficier de cet étranger dont vous parlez ?
23:54 Par exemple, les liens familiaux qui sont actuellement protégés ?
23:57 - Oui, mais moi je vais vous dire, on peut m'expliquer que le délinquant en question est arrivé avant l'âge de 13 ans,
24:04 et il en a 20, parce qu'il en a 20, mais qu'il est arrivé avant l'âge de 13 ans, il est en situation irrégulière,
24:10 il commet des délits lourds ou des crimes, ah ben on ne peut pas le toucher.
24:14 Ah ben non. Écoutez, vous croyez que les Français peuvent accepter ça ? Ah ben non. Donc non.
24:20 Si vous êtes étranger, en plus en situation irrégulière, vous êtes rentré frauduleusement sur le territoire national,
24:26 le moins que l'on puisse demander, c'est de respecter les règles de la République.
24:30 Si vous commettez des délits lourds ou des crimes, vous n'avez pas à rester sur le territoire national. Point final.
24:36 - Pour conclure, toujours sur ce sujet de l'immigration, le président de la République, Emmanuel Macron,
24:40 s'est dit ouvert à une modification de la Constitution pour permettre un élargissement des champs du référendum,
24:45 notamment sur le thème de l'immigration. Les sénateurs, les républicains voient d'un bon oeil cette annonce ?
24:50 - On le voit d'un très bon oeil, puisque nous aurons, nous, au mois de décembre, une proposition de loi constitutionnelle,
24:57 députés et sénateurs d'ailleurs, sur ce thème de l'immigration.
25:01 Si le président de la République ouvre le champ du référendum et que donc ça devient possible sur l'immigration,
25:06 nous serons demandeurs d'un référendum pour lever les verrous constitutionnels sur l'immigration.
25:11 - Merci, ce sera donc le mot de la fin. - Merci à vous. - Roger Carucci, merci d'avoir été l'invité de cette émission.
25:15 - Et à la semaine prochaine pour suivre l'actualité du Parlement.
25:18 (Générique)

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