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Réunion-Débat 09 nov 2023 Maison du Tourisme à Grenoble organisée par 3 collectifs :
- Grenoble Citoyenne
- Alternatiba
- Collectif pour la Gratuité des Transports Publics dans la Région
Grenobloise
Thème :
La gratuité des transports publics est nécessaire et urgente. 42 territoires l'ont déjà réalisée, à Grenoble c'est pour quand ?
Avec la participation de 3 invités :
- Thibaut Vigouroux, Pôle Mobilités Montpellier Métropole
- Julie Calnibalosky, Observatoire des villes du transport gratuit
- Cyril Cineux, Adjoint aux transports, VP agglomération Clermont Ferrand
Transcription
00:00:00 [Musique]
00:00:30 Alors donc nous allons démarrer notre débat.
00:00:41 A la tribune, Marianne qui va animer la soirée avec moi.
00:00:44 Je remercie nos invités, des représentants des villes qui font déjà la gratuité,
00:00:52 donc ils savent de quoi ils parlent et ça nous intéresse évidemment.
00:00:56 Donc Julie Kalnibalowski qui est membre de l'Observatoire des villes du transport gratuit
00:01:04 et qui a mené la dernière étude sur Dunkerque.
00:01:08 Cyril Sineux à ma gauche, adjoint au transport à Clermont-Ferrand,
00:01:14 vice-président de l'agglomération de Clermont-Ferrand, chargé de la gratuité.
00:01:21 Thibaut Vigouroux, chargé de mission, gratuité des transports à la métropole de Montpellier.
00:01:28 Donc je vous donne le déroulement de la soirée.
00:01:32 Nous allons donner la parole à nos invités qui vont faire entre 10 minutes et un quart d'heure une présentation
00:01:42 et puis bien sûr ils pourront ensuite intervenir quand ils le souhaiteront dans le débat.
00:01:49 Nous donnerons la parole puisqu'elle doit partir à 20h à Cyriel Chaplin,
00:01:59 député de la deuxième circonscription, que je remercie d'être présente.
00:02:05 Et ensuite, nous donnerons la parole aux trois collectifs qui animent cette campagne, 5 minutes chacun.
00:02:13 Et ensuite, on aura au moins une heure environ pour débattre avec vous.
00:02:21 Je vais présenter les trois collectifs qui sont à l'initiative et qui animent cette campagne.
00:02:29 Je commence par le collectif pour la gratuité des transports,
00:02:33 qui mène des actions pour cet objectif depuis 10 ans maintenant,
00:02:38 9 ans pardon, et qui regroupe Attaque, En dis-moi tout, la CGT, la FSU, Solidaires, Ensemble, Génération, l'AFI, l'ONPA, le PCF et UCL.
00:02:55 Il y a le deuxième collectif, le collectif Grenoble Citoyenne,
00:02:59 qui est un collectif qui a été relancé récemment et qui soutient la majorité municipale de gauche à Grenoble.
00:03:06 Il est composé de mouvements politiques, l'ADES, ELV, Ensemble, Génération S, LFI, PCF, Réseau Citoyen, ainsi que de citoyens non encartés.
00:03:18 Il y a le collectif Alternatiba, qui est un mouvement citoyen que vous connaissez pour le climat et la justice sociale.
00:03:26 Le regroupement de ces trois collectifs pour mener cette campagne a donné une nouvelle impulsion au travail fait par le collectif Gratuité des transports,
00:03:34 avec un élargissement significatif de forces politiques et sociales nouvelles.
00:03:40 20 000 quatre pages distribuées, plus de 2 300 signatures d'une pétition, des rencontres avec des élus, des parlementaires, des conférences de presse, etc.
00:03:57 Cette campagne bouscule les idées reçues sur la gratuité, sur son financement, sur la fraude, sur les choix d'investissement et de développement des transports.
00:04:09 Car ce n'est pas une campagne uniquement pour la gratuité, mais aussi pour le développement de l'offre de transport,
00:04:15 notamment la mise en service d'un RER dans la région grenobloise, qui réduirait significativement l'usage de la voiture
00:04:24 dans une région contrainte géographiquement et souvent asphyxiée dans sa circulation automobile.
00:04:31 La gratuité et le développement sont liés. Pas de gratuité possible sans développement de tous les modes de transport,
00:04:38 et pas de développement des transports en commun sans gratuité.
00:04:42 Nous n'opposons pas les transports en commun, la marche à pied, le vélo. Tous ces modes sont complémentaires.
00:04:48 Je pointe là quelques enjeux et quelques arrêts du débat, mais je ne développe pas plus, puisque ce n'est pas mon rôle.
00:04:55 Les membres des collectifs le feront tout à l'heure.
00:04:59 Voilà, j'ai fini. Je passe la main à Marianne.
00:05:07 Pour continuer, c'est Julie Kalny-Balouski qui va commencer la présentation.
00:05:14 Bonsoir à toutes et tous. Merci aux trois collectifs qui nous reçoivent ce soir.
00:05:25 Je suis très heureuse d'être avec vous aujourd'hui pour cette invitation.
00:05:31 Merci à vous toutes et tous d'être venus si nombreux pour ce débat qui s'annonce passionnant.
00:05:37 En tout cas, vous n'êtes pas venus pour rien.
00:05:40 Je suis Julie Kalny-Balouski, je représente l'Observatoire des villes du transport gratuit,
00:05:45 dont je suis l'animatrice scientifique depuis la fin de l'année 2020,
00:05:49 et également chef de projet chez l'association de recherche VIGS, Ville innovante et gestion des savoirs,
00:05:56 qui est basée à Lyon et qui fait aussi partie de l'Observatoire des villes du transport gratuit.
00:06:01 Pourquoi cette double casquette recherche/animation scientifique ?
00:06:07 C'est parce que la création de l'Observatoire des villes du transport gratuit en 2019
00:06:13 est à l'initiative de trois structures, d'acteurs publics et de cette association de recherche que je représente.
00:06:21 À l'origine, le berceau de l'Observatoire est vraiment duncarquois,
00:06:27 avec autour de la table l'Agence d'urbanisme de Dunkerque et la communauté urbaine.
00:06:33 Aujourd'hui, l'Observatoire est présidé par un comité de chercheurs et de chercheuses indépendants
00:06:42 qui font partie de différentes structures comme l'ADEME ou le CEREMA,
00:06:46 et qui sont finalement des experts de la mobilité aujourd'hui,
00:06:51 et qui sont aussi issus de champs disciplinaires différents,
00:06:54 puisqu'il est intéressant d'avoir le point de vue d'historien, de philosophe, d'économiste des transports,
00:07:01 quand on parle de gratuité c'est utile.
00:07:04 Donc on regarde tout ça, et la création de cet observatoire partait aussi du principe
00:07:12 qu'on ne savait pas grand chose sur la gratuité avant sa mise en œuvre à Dunkerque en 2018.
00:07:20 On ne savait ni son histoire, ni ses effets,
00:07:23 ni comment on pouvait imaginer les mobilités de demain avec cette mesure.
00:07:31 C'était l'objectif de sa création, avec un travail de veille important
00:07:37 sur le nombre de villes du transport gratuit qui existe aujourd'hui en France,
00:07:41 aussi un peu à l'étranger, mais vraiment mener un travail de veille,
00:07:45 complété par un travail de recherche qui nous prend plus de temps,
00:07:49 bien sûr pour évaluer les effets de la gratuité des transports dans une perspective assez large.
00:07:56 On regarde un petit peu ce qui a changé à Dunkerque dans les comportements de mobilité,
00:08:03 je vous en parlerai tout à l'heure,
00:08:05 mais aussi ce qui a changé par exemple dans la manière de travailler dans un réseau de transport urbain gratuit.
00:08:14 Là, je pense aux chauffeurs, aux conducteurs de bus, comment est-ce que ça a changé leur manière de fonctionner.
00:08:20 Et donc, c'est un petit peu tous ces aspects-là qu'on a essayé de regarder.
00:08:24 Donc évidemment, ce serait beaucoup trop long de tout vous raconter, j'en aurai pour cinq heures,
00:08:30 mais le but de ma présentation ce soir, c'est vraiment de revenir sur les principaux vecteurs d'interrogation qu'on a sur la gratuité.
00:08:40 Et justement, une bonne manière de commencer souvent, c'est par l'histoire.
00:08:46 Et c'est un chantier qu'on a ouvert récemment avec l'Observatoire,
00:08:51 c'est justement de regarder à quels différents moments de l'histoire contemporaine des transports,
00:08:58 la gratuité a été convoquée dans différentes villes, dans différents pays, etc.
00:09:03 pour voir comment est-ce que finalement la gratuité a paru.
00:09:08 Et aussi pour répondre à l'idée que la gratuité serait apparue avec les élections municipales de 2020,
00:09:15 voire un petit peu avant dans les milieux militants, on le sait.
00:09:18 Mais voilà, la gratuité ne sort pas de nulle part et elle a une histoire beaucoup plus longue qu'il n'y paraît.
00:09:24 Donc là, je vais plutôt m'appuyer sur les travaux de Marie Thirion.
00:09:31 C'est un bel hasard en fait, elle a soutenu sa thèse à l'Université de Grenoble en 2022.
00:09:40 Elle a travaillé sur les luttes militantes de la région de la Vénétie dans les années 60-70.
00:09:46 Et on a travaillé avec elle dans cette rubrique de l'histoire de la gratuité,
00:09:52 sur les luttes pour la mobilité et la manière dont la gratuité était apparue dedans.
00:09:58 Donc pour résumer les choses, en fait, dans les années 50 en Italie,
00:10:04 on assiste donc au miracle économique italien avec une industrialisation rapide et un exode rural.
00:10:12 Mais dans la région de la Vénétie, contrairement au reste de l'Italie, comme Turin, Milan, etc.,
00:10:19 où finalement ces nouveaux ouvriers venus de la campagne s'installent en périphérie des villes
00:10:26 et où on assiste à une urbanisation rapide autour des cœurs historiques des villes,
00:10:33 ce n'est pas du tout le cas en Vénétie, où finalement les ouvriers travaillent aussi parallèlement dans les champs.
00:10:39 Et on assiste plutôt à des trajets pendulaires tous les jours entre l'usine et les champs,
00:10:45 dans lesquels les campagnes, où ils continuent de résider et travailler ponctuellement.
00:10:51 Donc ça, en fait, ça pose des soucis, puisque chaque jour,
00:10:55 Marie Thirion explique qu'ils voyagent dans des conditions extrêmement difficiles,
00:11:01 c'est-à-dire, enfin, difficiles, oui, quand même, c'est trois heures de transport par jour
00:11:06 sur des routes qui ne sont pas faites pour.
00:11:09 Voilà, donc dans des conditions assez inconfortables.
00:11:13 Et à Porto Marguerite, la ville qui est en face de Venise,
00:11:18 en fait, des réflexions commencent à émerger dans les milieux militants
00:11:26 autour de la question du temps passé dans les transports
00:11:30 comme étant peut-être un temps qui devrait être compris dans le temps de travail, finalement.
00:11:36 Donc, il y a des recommandations qui commencent à émerger de ce point de vue-là
00:11:41 pour réduire la journée de travail en comptant justement ces trois heures de transport pendulaire
00:11:49 dans la journée pour le même salaire.
00:11:51 Et c'est bien sûr l'objet de cette magnifique affiche, je trouve,
00:11:54 qui est d'origine du mouvement du pouvoir ouvrier diffusé dans le cadre de ces luttes.
00:12:03 Et finalement, ce qui s'est fait, c'est que donc, à Porto Marguerite,
00:12:10 mais aussi dans la ville voisine de Tioga,
00:12:16 les luttes autour de cette question de la mobilité pendulaire, etc.
00:12:22 se convergent tout simplement.
00:12:27 Et donc, les étudiants, les pendulari, comme on dit, les chauffeurs, les ouvriers,
00:12:34 se posent donc cette question, font pression sur le maire, bloquent les routes, etc.
00:12:39 Et obtiennent dans un premier temps, première victoire,
00:12:42 la réduction de l'abonnement de transport de 50% pour ces travailleurs pendulaires.
00:12:48 Et en 1970, à l'issue d'une lutte assez difficile,
00:12:52 avec des affrontements violents avec la police, etc.,
00:12:57 ils obtiennent finalement la gratuité-victoire.
00:13:00 Ça durera deux ans.
00:13:03 Et finalement, qu'est-ce qu'on peut dire de la gratuité, vraiment, dans ce contexte ?
00:13:09 C'est que cette revendication très spécifique,
00:13:11 elle avait vraiment permis à l'époque de politiser cette question des transports
00:13:15 dans un contexte où les besoins de mobilité s'accroissaient
00:13:19 et où on avait besoin de faire quelque chose pour ces conditions de travail
00:13:25 qui commençaient à peser fortement sur la vie des travailleurs.
00:13:29 Et d'en faire finalement un objet de lutte en soi.
00:13:33 C'était une introduction un petit peu longue,
00:13:35 mais maintenant, qu'est-ce qu'il en est en France ?
00:13:38 Si l'on y revient, c'est qu'on observe que les premières expériences de gratuité
00:13:42 datent aussi des années 70.
00:13:45 Voilà, c'est beaucoup plus vieux que ce qu'on pense.
00:13:48 On peut avoir en tête l'expérience de Compiègne,
00:13:52 qui est une ville du transport gratuit depuis 1975,
00:13:55 et qui l'est toujours, depuis presque 50 ans aujourd'hui.
00:13:59 Et derrière, l'idée générale aussi de la gratuité des transports totals,
00:14:06 c'est-à-dire de ne pas faire payer l'usager pour le service de transport qu'il utilise,
00:14:13 y compris les visiteurs occasionnels, les touristes, etc.
00:14:17 En fait, ça c'est l'idée générale,
00:14:19 mais derrière il y a des applications extrêmement diverses,
00:14:22 et on pourrait presque dire qu'il y a autant de gratuité que de ville,
00:14:25 dans le sens où les manières de la mettre en œuvre
00:14:28 et les objectifs qui sont mis derrière peuvent être complètement différents,
00:14:32 bien qu'ils peuvent se conjuguer.
00:14:34 Par exemple, je pense évidemment aux objectifs sociaux de la gratuité,
00:14:39 et économiques, avec le fait de pouvoir rendre du pouvoir d'achat aux habitants,
00:14:45 mais aussi dans une conception de justice sociale,
00:14:51 rendre la mobilité réellement accessible pour tous.
00:14:56 Donc voilà, il peut y avoir différents objectifs derrière,
00:15:01 mais aussi par exemple, tout simplement, le fait de revitaliser un centre-ville,
00:15:05 revitaliser l'image d'une ville.
00:15:07 C'est le cas par exemple, c'était l'objectif qui a été mis derrière la gratuité à Chautourou,
00:15:14 qui date de 2001 cette fois.
00:15:16 Et derrière, la gratuité totale,
00:15:18 on a aussi de plus en plus de villes de la gratuité partielle,
00:15:21 avec des critères temporels.
00:15:26 On aura l'exemple tout à l'heure de Cyril avec Clermont-Ferrand et la gratuité le week-end.
00:15:33 Mais ça peut être aussi selon l'âge.
00:15:36 Là, je pense à Strasbourg, par exemple, qui offre la gratuité pour les moins de 18 ans,
00:15:40 et puis parfois certains services.
00:15:43 Mais en tout cas, ça vous donne un aperçu de ces différentes applications.
00:15:49 Ensuite, voilà, qu'est-ce qui s'est passé à partir de 2020 ?
00:15:56 Et on peut se dire, en fait, comme la gratuité est apparue de manière extrêmement éclatante
00:16:05 dans les débats des élections municipales en 2020,
00:16:09 on s'est demandé à l'Observatoire qui se saisissait un petit peu de cette question de la gratuité.
00:16:16 Et on voulait savoir aussi si la gratuité,
00:16:19 ce n'était pas seulement une histoire de ville de gauche, de droite.
00:16:22 On n'avait pas trop de vision là-dessus.
00:16:25 Et donc, on a réalisé cette carte,
00:16:29 où brille par son absence le vert, la couleur verte.
00:16:34 Mais voilà, c'est intéressant de voir que finalement,
00:16:39 on a presque autant de majorité de gauche que de droite
00:16:43 au moment de la mise en place de la gratuité,
00:16:48 ce qui peut permettre aussi de répondre à certaines interrogations
00:16:51 quand on parle de la gratuité, et donc parfois de voir les choses telles qu'elles sont,
00:16:59 c'est-à-dire souvent plus compliquées que ce qu'on pense,
00:17:01 parce qu'on a souvent l'impression que la gratuité, c'est plutôt de gauche,
00:17:05 mais beaucoup de villes de droite le font aussi.
00:17:10 Et voilà, comme je le mets ensuite dans ma slide,
00:17:14 c'est qu'on a énormément de listes qui étaient pro-gratuité,
00:17:17 qui se sont présentées aux élections.
00:17:20 On en a 18 aujourd'hui, qui ont été élues depuis.
00:17:23 Donc évidemment, c'est l'exemple de Montpellier.
00:17:25 Il y avait aussi Bourges à l'époque,
00:17:27 qui vient de mettre en place en septembre la gratuité totale de ces transports en commun.
00:17:33 Donc voilà, on est plutôt sur une continuité aujourd'hui.
00:17:35 On a très peu de villes qui ne pratiquent plus la gratuité.
00:17:39 C'est moi ou pas qui fait ça en fait ?
00:17:41 Non ? Ok.
00:17:43 Voilà, qui ne pratiquent plus la gratuité.
00:17:46 On est plutôt sur une pérennité de la chose.
00:17:50 Bien sûr, maintenant c'est le moment de remettre un petit peu les points sur les i,
00:17:55 puisque évidemment, quand on parle de gratuité des transports,
00:17:59 personne ne dit que derrière, personne ne paierait.
00:18:03 Évidemment, quelqu'un paye.
00:18:06 Qui ? Pourquoi ? On peut voir ça maintenant.
00:18:10 Et d'abord, à l'Observatoire des Villes du Transport Gratuit,
00:18:16 on se fonde un petit peu sur...
00:18:19 Tout notre objectif est de déconstruire aussi un petit peu les idées reçues de la gratuité,
00:18:24 et donc dans un livre qu'on a publié en 2022,
00:18:28 on interroge justement souvent ces petites phrases qu'on entend régulièrement à propos de la gratuité,
00:18:36 que ce soit dans les médias ou même quand on parle entre nous et qu'on discute de ce sujet.
00:18:41 En fait, Arnaud Passalacqua et Philippe Poinceau,
00:18:45 ils sont coprésidents de l'Observatoire et respectivement historiens et économistes des transports,
00:18:50 ils se sont interrogés finalement sur la frontière qui était un petit peu floue
00:18:54 entre ce qu'on appelle un réseau payant et un réseau gratuit,
00:18:58 et comment est-ce que notre rapport à la gratuité, c'était aussi une histoire de vocabulaire finalement.
00:19:02 Puisque là, dans ces trois cas fictifs que je vous présente,
00:19:09 les cas B et C, ça c'est des réseaux payants,
00:19:13 le cas A, c'est vraiment le réseau gratuit,
00:19:16 où les dépenses d'exploitation ne sont absolument pas supportées de quelque manière que ce soit
00:19:23 par les recettes commerciales, c'est-à-dire les billets, abonnements, titres de transport que vous payez chaque jour.
00:19:28 Donc ça, ce serait le réseau gratuit.
00:19:30 Mais finalement, quand on regarde justement plus précisément le taux de couverture
00:19:34 des dépenses d'exploitation par la collectivité,
00:19:37 on se rend compte qu'il y a plus de similitudes entre les cas A et B
00:19:41 que le dernier, le C, qui est plutôt typique des grandes agglomérations françaises aujourd'hui,
00:19:47 où les recettes commerciales couvrent quand même aux alentours de 30, voire 40%,
00:19:53 voire un peu plus pour les très grandes agglomérations,
00:19:57 les dépenses d'exploitation des recettes commerciales.
00:20:00 Donc finalement, on oppose souvent les réseaux gratuits et les réseaux payants,
00:20:06 mais finalement, il faudrait plutôt regarder la situation financière des villes,
00:20:10 plutôt que d'en faire une distinction aussi épineuse qu'on le fait d'habitude.
00:20:16 Et c'est aussi sans prendre en compte le fait que l'investissement dans les réseaux,
00:20:23 donc tout ce qui est matériel, etc.,
00:20:25 ce n'est jamais payé par l'usager d'aucune forme que ce soit.
00:20:30 Et ça, c'est quelque chose avec lequel il faut être clair,
00:20:35 et c'est souvent assez peu connu quand on ne travaille pas dans les sujets techniques de transport.
00:20:42 Je l'avais moi-même appris en travaillant sur le sujet,
00:20:45 donc je tenais à vous le partager aussi.
00:20:48 En gros, quand on parle de gratuité, on a l'impression que du coup,
00:20:51 si l'usager ne paye pas, ce sera vraiment trop difficile pour la collectivité
00:20:55 de trouver des solutions pour continuer d'investir, justement.
00:20:59 Et finalement, à terme, la gratuité viendrait dégrader la qualité du service,
00:21:03 ce qui ne serait évidemment pas bon.
00:21:06 Et en l'occurrence, voilà, de...
00:21:11 Non, mais c'est un petit peu difficile, du coup.
00:21:18 Mais c'est un choix politique, en fait, de réduire ou de développer l'offre.
00:21:23 Et finalement, on voit que pour assurer un succès de la gratuité,
00:21:29 il faut continuer d'assurer la qualité derrière.
00:21:31 Sinon, personne ne monterait dans les bus et la gratuité ne marcherait pas.
00:21:34 Ça, c'est l'idée, grosso modo.
00:21:37 Et finalement, voilà, je le ferai très rapidement aussi.
00:21:42 On aura l'occasion d'en reparler,
00:21:44 mais les effets du nouveau réseau gratuit à Dunkerque,
00:21:46 ils sont de trois ordres, de manière générale.
00:21:48 Donc les effets techniques, je passerai très vite dessus.
00:21:52 Mais finalement, ce qu'il faut retenir, c'est que la gratuité des transports,
00:21:56 elle venait pas toute seule à Dunkerque.
00:21:58 Elle venait dans le cadre du renouvellement d'un réseau qui était très...
00:22:05 Voilà, qui n'était plus optimisé,
00:22:07 qui n'avait pas été renouvelé depuis les années 70.
00:22:10 Donc, il y avait besoin d'un coup de neuf, et ce qui a été réalisé.
00:22:16 Et voilà, la gratuité venait finalement comme une cerise sur le gâteau
00:22:19 de ce nouveau projet de mobilité et de projet urbain,
00:22:22 puisqu'en même temps qu'on a refait le réseau,
00:22:24 on en a aussi profité pour refaire finalement la ville
00:22:26 et transformer les mobilités dans le cœur de l'agglomération notamment.
00:22:33 D'où le succès aujourd'hui de la fréquentation.
00:22:38 Évidemment, bien sûr, les effets sociaux.
00:22:41 On remarque que, avec la gratuité en accès libre,
00:22:45 c'est-à-dire sans carte, sans démarche à faire, etc.,
00:22:48 on supprime complètement la problématique du non-recours
00:22:50 à la tarification solidaire, par exemple,
00:22:52 qui était déjà très poussée à Dunkerque depuis la fin des années 70.
00:22:57 Voilà, chacun peut aujourd'hui monter dans un bus,
00:23:01 et on voit que la mixité sociale à bord s'en trouve bien sûr meilleure.
00:23:07 Et ça, c'est un effet qu'on n'avait pas forcément anticipé,
00:23:09 et c'est pour ça que j'insiste quand même pour le dire avant juste de finir,
00:23:12 parce que c'est un des éléments intéressants de cette gratuité à Dunkerque.
00:23:18 Et enfin, voilà, je pense qu'on aura l'occasion d'en discuter.
00:23:20 Je pense que vous aurez des questions dessus.
00:23:22 C'est finalement, qui entre dans ces bus gratuits ?
00:23:26 Qu'est-ce que ça change en termes de comportement de mobilité ?
00:23:29 Est-ce que ça a un effet sur les automobilistes,
00:23:33 dont on sait qu'ils sont habitués au confort de leur voiture,
00:23:36 et je ne serai certainement pas la première à leur jeter la pierre.
00:23:42 Est-ce que ça change quelque chose de manière globale ?
00:23:45 Oui, à la fois pour la gratuité et la performance du réseau.
00:23:49 Ce sera mon mot de conclusion pour cette fois.
00:23:53 On pourra en reparler et je vous remercie pour votre attention.
00:23:57 Merci.
00:23:58 [Applaudissements]
00:24:06 Donc je suis adjoint communiste, d'où l'écharpe, à la mairie de Clermont.
00:24:11 [Rires]
00:24:14 Ça a son importance quand même.
00:24:16 Et donc Julia a commencé par un peu d'histoire sur la gratuité des transports.
00:24:20 Je vais en faire un peu sur l'historique de ce qui s'est passé à Clermont,
00:24:25 ce qui nous a amené à la gratuité des transports le week-end,
00:24:28 et à une expérimentation que je vais vous détailler,
00:24:31 et qu'on est en train de reconduire.
00:24:34 Et demain matin, je suis en conseil métropolitain pour voter la reconduction de la gratuité des transports.
00:24:38 Donc j'aurai fait deux jours pleins sur la gratuité.
00:24:42 Nous, on a commencé à mener la bataille à peu près au même temps que les collectifs ici, en 2013.
00:24:48 Et quand je dis "nous", c'est le parti communiste, parce qu'on était quasiment tout seuls à mener cette bataille-là.
00:24:56 Pendant les municipales de 2014, c'était l'époque du Front de Gauche, le Front de Gauche a explosé chez nous.
00:25:02 On est partis sur une liste de rassemblement de la gauche,
00:25:05 qui comprenait le Parti Socialiste, les Verts, nous, les radicaux de gauche.
00:25:09 Et on n'était évidemment pas d'accord sur la gratuité des transports.
00:25:12 Nous, on y était favorables, et la gratuité des transports totale.
00:25:16 Il n'y avait pas d'accord à gauche, et on a trouvé un point d'accord,
00:25:21 c'était de faire une grande consultation sur la question des mobilités,
00:25:25 parce qu'on était assez en retard sur plein de choses.
00:25:27 C'est pour ça que si vous venez à Clermont aujourd'hui, c'est tout en travaux,
00:25:30 parce qu'on est en train de passer le cap, de modifier, d'améliorer notre réseau de transport.
00:25:38 Et donc on avait décidé de faire une grande consultation sur la question des mobilités,
00:25:44 dans laquelle il y avait la question de la gratuité des transports.
00:25:48 Parallèlement à ça, nous avons fait campagne sur la gratuité,
00:25:56 dans un moment où, quand même, ce n'était pas un sujet dominant.
00:25:59 Il est venu après, notamment grâce à Dunkerque, ce n'était pas un sujet extrêmement dominant,
00:26:04 mais c'était un sujet qui a interpellé une partie de nos concitoyens,
00:26:08 et ce qui était intéressant, une partie de la presse.
00:26:11 Je dis ça parce que ça a beaucoup compté aussi dans notre bataille,
00:26:14 parce qu'on fait une première réunion publique où on avait invité un philosophe,
00:26:18 il s'appelle Jean-Louis Sago du Voreau, que je vous conseille de lire,
00:26:22 et qui prenait la question de la gratuité sous son sens philosophique et historique.
00:26:26 Et qui disait par exemple, on a considéré à un moment, c'était normal,
00:26:30 qu'on pouvait acheter ou vendre des êtres humains.
00:26:34 Et puis on a considéré que c'était plus normal.
00:26:36 Et un jour, on a considéré que faire travailler des mômes de 12 ans dans des mines,
00:26:40 c'était plus normal.
00:26:41 Et donc on a modifié, et on a modifié constamment notre rapport à la marchandise, au transport.
00:26:48 Passé un moment, on considérait que c'était normal de mettre la tonlieue devant les ponts,
00:26:54 et de faire payer les gens qui traversaient.
00:26:55 Puis après, on s'est dit, pour le développement, ce n'est pas terrible, donc on va ouvrir.
00:26:59 Et donc on a eu ce débat avec Magali Giovannangeli,
00:27:04 qui était l'ancienne présidente de l'intercommunité d'Aubagne,
00:27:07 qui avait mis la gratuité des transports en place en 2001.
00:27:10 Et le vice-président de Châteauroux-Métropole, qui était un vieux gaulliste.
00:27:14 Donc Magali Giovannangeli, qui est une élue communiste,
00:27:17 et le vice-président de Châteauroux-Métropole, qui était un vieux gaulliste LR.
00:27:21 Enfin, à l'époque, c'était avant LR, UMP.
00:27:24 Il avait été au ARPR.
00:27:26 Et à la fin, c'était rigolo d'ailleurs, parce que les deux disaient exactement la même chose
00:27:29 sur la gratuité des transports.
00:27:30 Alors je ne sais pas si l'un était devenu COCO ou l'autre était devenu LR.
00:27:33 J'ai mon idée.
00:27:34 Mais ça avait montré qu'il y avait aussi un débat transpartisan là-dessus.
00:27:42 Et franchement, alors, cette salle est pleine, et c'est vachement bien.
00:27:46 Nous, quand on avait fait ce débat, on était une soixantaine sur la métropole clermontoise.
00:27:49 Ce n'est pas énorme.
00:27:50 Et dans les réunions traditionnelles de la gauche, c'était plutôt faible.
00:27:55 Et le lendemain, par contre, on avait deux pleines pages dans le journal local.
00:27:58 Et là, c'était plus 60 personnes qui étaient au courant, c'était des milliers.
00:28:02 Et donc, ça a aussi compté pour passer ce cap.
00:28:06 Donc, on fait cette grande concertation citoyenne
00:28:09 qui s'appelle la rencontre citoyenne de la mobilité.
00:28:12 Et en fait, on n'arrive pas à se mettre d'accord, parce que la question était plutôt mal posée.
00:28:16 On n'arrive toujours pas à se mettre d'accord à la fin de ce processus.
00:28:21 Et donc, on dit, il y a des gratuités partielles possibles.
00:28:25 Donc, on a fait la gratuité d'une navette nocturne qui s'appelle le Ben,
00:28:30 qui ramène les étudiants qui font la bringue.
00:28:33 Et donc, on a fait cette navette gratuite, un succès phénoménal d'entrée de jeu.
00:28:38 On a fait, on a le, alors, vous avez certainement ça aussi ici, les vélos en libre-service.
00:28:44 Donc, chez nous, ça s'appelle C-Vélo.
00:28:46 Et on a fait l'abonnement et la première demi-heure gratuite.
00:28:49 En moins de dix mois, on a multiplié par dix le nombre d'abonnements.
00:28:55 Donc, on est passé de 1 500 à 15 000 en dix mois.
00:28:57 C'était une explosion qui montrait que quand on mettait les choses gratuits,
00:29:01 d'un seul coup, il y avait une hausse de fréquentation.
00:29:03 Et je redis, on était dans un moment où même la question de l'augmentation de la fréquentation
00:29:09 due à la gratuité était remise en cause.
00:29:11 Et donc, ces gratuités-là permettaient de montrer que quand on rend gratuit,
00:29:15 ça permet d'augmenter la fréquentation.
00:29:19 Et dans cette gratuité partielle, enfin, ces gratuités partielles,
00:29:25 il y avait, ces rencontres citoyennes de la mobilité avaient donné 22 propositions
00:29:29 dont un pacte de gratuité.
00:29:31 Il y avait des gratuités partielles et surtout, il y avait une étude.
00:29:34 Parce que, vu qu'on n'était pas d'accord, on avait dit, on va objectiver.
00:29:37 Et objectiver, ça veut dire donner à un bureau d'études la question,
00:29:43 est-ce qu'on peut mettre notre réseau gratuit ?
00:29:45 Le bureau d'études qui a été choisi, c'est VIGS.
00:29:48 Un bon choix.
00:29:50 [Rires]
00:29:51 C'était un bon choix, parce que c'était le bureau d'études
00:29:53 qui avait accompagné la mise en place de la gratuité à Dunkerque.
00:29:57 Donc, on était évidemment très contents.
00:30:00 Et cette étude, elle conclut à deux choses.
00:30:02 La première, c'est que la gratuité totale n'est pas possible,
00:30:05 en l'état actuel de notre réseau.
00:30:07 Ça, c'était un peu la déception, mais on s'y attendait un peu.
00:30:10 Et la deuxième chose, c'est que, par contre,
00:30:12 on avait de la marge pour les week-ends.
00:30:14 Et qu'on pouvait passer à la gratuité des transports le week-end.
00:30:18 Et donc, on était parallèlement à ça,
00:30:22 en train de réfléchir à la réorganisation et au renforcement
00:30:26 de notre réseau de transport.
00:30:28 Donc, en fait, gratuit ou pas, de toute façon,
00:30:30 il fallait le transformer.
00:30:31 C'est ce qu'on est en train de faire,
00:30:32 et c'est pour ça qu'il y a des travaux partout.
00:30:35 Et donc, à la fin de ces travaux,
00:30:37 quand notre réseau sera mieux structuré,
00:30:40 ce sera plus charpenté,
00:30:42 la question de la gratuité totale se reposera,
00:30:44 et nous la reposerons.
00:30:46 Mais par contre, cette étude disait,
00:30:49 les week-ends, c'est possible.
00:30:52 Et donc, ils sont arrivés, là, en fin 2019,
00:30:55 les élections municipales arrivent.
00:30:58 La liste clairement oise de rassemblement de la gauche
00:31:01 porte cette idée,
00:31:02 gratuité des transports le week-end.
00:31:06 Donc, on est élu, tout va bien, tout ça.
00:31:08 Sauf que c'est la métropole qui a la compétence
00:31:13 qu'il a déléguée à un syndicat mixte.
00:31:15 Et donc, il fallait convaincre la métropole.
00:31:16 Et la métropole clairement oise,
00:31:18 elle n'est pas à gauche, elle n'est pas à droite non plus.
00:31:20 Elle est co-gérée entre des maires de droite
00:31:22 et des maires de gauche,
00:31:23 des vice-présidents de gauche, des vice-présidents de droite.
00:31:26 Mais là aussi, ça a son importance.
00:31:28 Parce qu'on a réussi à voter cette...
00:31:33 Alors, nous, on a dit, on fait une expérimentation de deux ans,
00:31:36 justement pour convaincre ceux qui, idéologiquement,
00:31:39 n'étaient pas convaincus par l'aspect positif de la gratuité.
00:31:42 On a dit, on va faire une expérimentation, deux ans.
00:31:45 Et au bout de deux ans, on fera le bilan.
00:31:47 Si ça marche, on continue.
00:31:48 Si ça marche pas, on arrête.
00:31:50 Pas beaucoup de doutes sur le fait que ça marche pas.
00:31:52 Mais c'était nécessaire pour convaincre
00:31:56 au-delà des rangs de la gauche.
00:31:58 Et donc, pour faire ça, on a séparé la poire en trois en plus,
00:32:02 puisque c'était la ville de Clermont qui avait porté ça au départ.
00:32:05 La ville de Clermont prenait un tiers du manque à gagner
00:32:10 des tarifs du week-end.
00:32:13 Le syndicat mix, puisque c'est lui qui met en œuvre,
00:32:15 prenait un tiers.
00:32:16 Et la métropole prenait un tiers, puisqu'elle en profite aussi.
00:32:19 Et ça, ça a fonctionné.
00:32:21 Et ça a permis d'avoir un vote à l'unanimité
00:32:24 au comité syndical du SMTC,
00:32:26 où il y a la droite et la gauche.
00:32:28 Évidemment, un vote majoritaire à la ville de Clermont.
00:32:31 Et un vote majoritaire avec des gens de droite
00:32:34 qui ont voté pour la gratuité des transports,
00:32:36 des gens du centre qui ont voté pour la majorité,
00:32:39 pour la majorité, pour la gratuité des transports,
00:32:42 et des macronistes qui ont voté pour la gratuité des transports,
00:32:44 en disant "on va faire l'expérimentation".
00:32:47 Demain matin, conseil métropolitain,
00:32:49 les mêmes vraisemblablement,
00:32:51 sauf quelques-uns, sauf coup d'éclat,
00:32:54 vont reconduire cette mesure, puisqu'elle a prouvé,
00:32:57 et je vais vous donner deux, trois éléments,
00:32:59 je ne sais pas combien j'en suis du temps,
00:33:01 pour ne pas me faire taper sur les doigts.
00:33:03 Parce que...
00:33:04 Ah, c'est bon, alors, je suis dans les temps.
00:33:06 Parce que cette mesure a prouvé son efficacité.
00:33:09 D'abord, elle a prouvé
00:33:11 qu'il y avait une augmentation de fréquentation.
00:33:13 Ça, c'était assez logique,
00:33:15 mais il fallait là aussi quantifier.
00:33:17 Donc, on a fait des comptages,
00:33:19 et on est entre +28% le samedi
00:33:22 et +62% le week-end.
00:33:24 C'est ce qui fait du 36%, je crois...
00:33:27 +62% le dimanche, pardon,
00:33:30 et ça fait donc 36% le week-end.
00:33:33 Et ce qui est intéressant,
00:33:35 c'est qu'on a compté le nombre de déplacements.
00:33:37 Parce que dans le monde du transport,
00:33:38 on compte aussi les déplacements.
00:33:39 On était à 4,5 millions de déplacements.
00:33:41 Avant, la gratuité, ça a généré
00:33:43 entre 1,5 et 2 millions de déplacements supplémentaires.
00:33:46 Et puis, on a fait bosser
00:33:49 des étudiants en socio et des chercheurs
00:33:52 sur deux choses particulières.
00:33:55 Les étudiants en socio, on voulait savoir
00:33:58 si ça générait des déplacements supplémentaires
00:34:00 et s'il y avait du report modal.
00:34:02 Donc, on a interrogé,
00:34:03 alors pas sur l'ensemble du réseau,
00:34:05 parce qu'en deux ans,
00:34:07 c'est assez difficile,
00:34:08 parce qu'il faut choisir précisément
00:34:10 où on interroge, comment ça...
00:34:12 Pour que ça soit plus simple,
00:34:13 on a fait des comptages,
00:34:14 on interroge, comment ça...
00:34:16 Pour que ça serve.
00:34:17 C'est-à-dire que si vous allez
00:34:18 et que vous comptez à n'importe quel arrêt,
00:34:20 vous ne pouvez pas généraliser à l'ensemble du réseau.
00:34:23 Mais on a vu que, suivant les lignes et les arrêts,
00:34:27 c'est entre 1 % et 10 % de déplacements
00:34:30 qui n'auraient pas été faits du tout
00:34:32 si les transports n'avaient pas été gratuits.
00:34:35 Ça, c'est la première chose.
00:34:36 Et la deuxième chose,
00:34:37 c'est qu'on est entre 20 et 45 %
00:34:41 de déplacements qui auraient été faits
00:34:42 avec un autre mode de transport
00:34:44 si le réseau n'avait pas été gratuit le week-end.
00:34:47 Et donc, on a du mal encore à quantifier
00:34:50 est-ce que c'est du report modal de la voiture,
00:34:52 au transport en commun, du vélo ou de la marche.
00:34:55 Et donc, on fait une grande enquête...
00:34:59 Alors, je ne sais plus le nom, mais c'est...
00:35:02 -C'est l'OMC2 ? -Oui.
00:35:04 -Oui, l'OMC2. -Oui, l'OMC2.
00:35:06 C'est des enquêtes déplacements
00:35:08 qui permettent tous les 10 ans
00:35:09 de savoir sur votre territoire
00:35:11 comment les gens se déplacent.
00:35:12 Donc, c'est un gros truc.
00:35:13 On est en train de dépouiller.
00:35:14 Et ça, ça va peut-être nous permettre
00:35:16 de savoir, d'affiner sur le report modal.
00:35:18 Mais globalement,
00:35:19 notamment en fonction de la configuration des lignes,
00:35:21 on sait qu'il y a un report modal de la voiture
00:35:23 vers le transport en commun.
00:35:25 C'est une évidence.
00:35:29 On avait aussi un point sur les incivilités,
00:35:32 parce qu'une partie de ceux
00:35:34 qui sont opposés à la gratuité des transports
00:35:36 disent "Rien n'est gratuit".
00:35:37 Bon, Julien en a parlé.
00:35:39 Mais en plus, quand vous payez pas,
00:35:40 vous respectez pas.
00:35:42 Ce qui est une connerie sans nom.
00:35:44 Parce que c'est pas vrai.
00:35:45 D'abord, parce que quand vous êtes dans un transport
00:35:48 et que vous enlevez l'échange d'argent,
00:35:51 vous avez moins de tension.
00:35:53 Puis vous avez un contrôle social plus important.
00:35:55 Et donc, on a une hausse des incivilités
00:35:57 continue depuis quelques années maintenant,
00:36:00 sur tous les réseaux.
00:36:01 Et nous, on n'est pas le plus à pleindre.
00:36:03 Et par contre, il n'y en a pas plus le week-end.
00:36:06 Voir même, ça diminue le dimanche.
00:36:08 Donc en fait, la gratuité ne génère pas
00:36:10 d'incivilité supplémentaire.
00:36:13 Et puis, la dernière chose,
00:36:16 et c'est un élément dont on est assez fier,
00:36:18 parce qu'on a fait bosser des chercheurs.
00:36:20 Alors, je ne vous expliquerai pas leur modèle,
00:36:22 comment il fonctionne,
00:36:23 mais ils ont créé un modèle économétrique
00:36:25 qui permet d'isoler les mesures
00:36:28 qui permettent l'augmentation
00:36:30 de la fréquentation des transports.
00:36:31 Et donc, ils ont isolé la mesure de gratuité
00:36:33 des autres phénomènes,
00:36:35 la météo, le prix de l'essence,
00:36:37 l'inflation, etc.
00:36:38 Et donc, dans l'augmentation de la fréquentation,
00:36:40 c'est entre +47 et +57% d'augmentation
00:36:43 de la fréquentation qui n'est dû qu'à
00:36:46 la gratuité des transports.
00:36:47 Et je crois que ça montre que la gratuité,
00:36:50 en tant que telle,
00:36:51 elle produit de l'augmentation de la fréquentation.
00:36:53 Parce que, quand il y a eu les expériences
00:36:56 de Dunkerque ou de Montpellier,
00:36:57 une partie de gens qui sont plutôt opposés,
00:37:01 a priori, sur ça, disent,
00:37:03 oui, mais il y a la météo qui joue,
00:37:05 le prix de l'essence, etc.
00:37:07 Oui, c'est des phénomènes aussi cumulatifs.
00:37:10 Mais la gratuité, en tant que telle,
00:37:11 elle permet une augmentation de la fréquentation.
00:37:16 Et donc, on est au bout de cette expérimentation,
00:37:22 parce que c'était il y a deux ans.
00:37:23 On avait commencé le 4 décembre 2021.
00:37:25 Donc là, on est en train de reconduire.
00:37:27 Demain matin, conseil métropolitain.
00:37:29 Demain, la semaine prochaine,
00:37:31 conseil municipal de la ville.
00:37:33 Et on va donc reconduire jusqu'en août 2027,
00:37:37 après les prochaines élections municipales,
00:37:38 la gratuité des transports.
00:37:40 Évidemment, là-dedans, ça va aussi nous permettre
00:37:42 d'avoir le débat sur la gratuité totale,
00:37:44 que moi, je porte depuis dix ans,
00:37:46 et que je porterai pour les prochaines élections municipales,
00:37:48 enfin, que nous porterons ensemble,
00:37:50 avec mes camarades,
00:37:51 et plus largement aujourd'hui,
00:37:53 une partie de la gauche,
00:37:55 parce que les choses ont bougé depuis.
00:37:59 C'est-à-dire qu'en 2014,
00:38:00 on était les seuls à les porter.
00:38:02 On a discuté, débattu, convaincu,
00:38:05 une partie de la gauche,
00:38:06 qui a soit convaincu aujourd'hui
00:38:08 d'aller sur la gratuité totale,
00:38:10 soit convaincu de tenter l'expérimentation
00:38:12 et de voir ce que ça produisait,
00:38:14 et convaincu aujourd'hui de poursuivre,
00:38:16 et j'espère bien demain,
00:38:17 convaincu qu'il faut passer
00:38:18 à la gratuité des transports totaux.
00:38:20 Voilà.
00:38:21 (Applaudissements)
00:38:26 -C'est déçant.
00:38:27 Et toi, Thomas, c'était vraiment important d'être là,
00:38:29 même si c'était partiellement ce soir,
00:38:31 parce que je ne fais pas partie,
00:38:33 comme vous, des convaincus de la première heure.
00:38:37 Non, mais pour moi,
00:38:38 c'est extrêmement intéressant d'avoir cette réflexion-là.
00:38:41 J'ai rencontré le collectif
00:38:44 et je le remercie pour l'organisation de cette soirée.
00:38:47 Comme je l'ai dit,
00:38:48 je suis sortie du rendez-vous
00:38:49 beaucoup plus convaincue
00:38:50 de la gratuité des transports
00:38:52 qu'avant le rendez-vous.
00:38:54 Alors, je suis convaincue de très longue date
00:38:55 de la gratuité partielle,
00:38:57 mais comme beaucoup sur la gratuité totale,
00:39:00 la question, c'était est-ce que c'est possible
00:39:01 et comment c'est possible ?
00:39:03 Ce qui, moi, me convainc et ce qui me parle,
00:39:06 en tout cas, c'est déjà le combat social.
00:39:09 C'est-à-dire que les transports
00:39:10 ne peuvent pas être réservés à quelques-uns
00:39:12 et que dans le transport public,
00:39:14 il doit y avoir un accès avec le moins de trains possible.
00:39:18 La deuxième chose,
00:39:19 c'est l'aspect que vous avez dit sur les contrôleurs,
00:39:22 c'est-à-dire que dans le combat social,
00:39:23 il y a ceux qui utilisent les transports en commun
00:39:27 et puis il y a les conditions de travail
00:39:28 des personnes qui font vivre ce service public.
00:39:30 Et ça, effectivement, si ça diminue les tensions,
00:39:33 si ça permet d'éviter de passer son temps
00:39:36 à vérifier les tickets de transport,
00:39:37 mais en fait à se concentrer sur le travail,
00:39:40 c'est-à-dire les mobilités,
00:39:41 je trouve que c'est une solution
00:39:42 qui est extrêmement importante.
00:39:45 Après, pour moi,
00:39:46 la question du développement du transport,
00:39:48 et vous parliez du choix politique,
00:39:49 c'est qu'il doit se faire de manière
00:39:51 à ce qu'on n'oppose jamais la gratuité
00:39:53 et le développement de l'offre.
00:39:54 C'est-à-dire que dans les solutions,
00:39:57 on a besoin de plus de transports en commun.
00:40:00 Et on a en plus besoin à la fois
00:40:02 de transports en commun rapides,
00:40:04 parce que je ne vais pas utiliser les bons mots,
00:40:06 je ne suis pas une spécialiste,
00:40:07 mais ce que moi je vais dire, du lourd,
00:40:08 c'est-à-dire on a besoin de services express régionaux,
00:40:12 on a besoin de bus, les BHNS,
00:40:15 donc des choses qui vont très vite
00:40:16 d'un point à l'autre.
00:40:17 Et on a besoin de solutions aussi plus en dentelle.
00:40:21 Moi, je suis venue d'une circonscription
00:40:22 où j'ai à la fois du très urbain,
00:40:24 Saint-Paul, Saint-Martin d'Air,
00:40:25 où là, il y a eu des bus, des trams,
00:40:27 mais aussi où il y a des communes
00:40:28 comme Saint-Jean-de-Vau,
00:40:29 comme Saint-Martin-du-Mille-Séchillienne,
00:40:30 où là, il n'y aura pas de trams.
00:40:32 Mais alors, comment est-ce qu'on permet
00:40:35 à des personnes d'avoir le droit à la mobilité
00:40:37 en habitant dans des endroits
00:40:39 où il y a une faible densité de population ?
00:40:42 Et donc, il faut avoir une capacité
00:40:44 d'avoir un développement de l'offre
00:40:45 qui est assez souple
00:40:46 et qui permet aux personnes
00:40:47 d'avoir des alternatives,
00:40:49 notamment quand on a une augmentation
00:40:50 du prix de l'essence tel qu'on le connaît,
00:40:52 donc on voit l'impact environnemental qui est...
00:40:55 Et je sais que vous êtes tous et toutes convaincus
00:40:57 dans la salle comme moi
00:40:58 que les transports en commun,
00:41:00 c'est une des solutions
00:41:02 face au réchauffement climatique,
00:41:03 mais en plus, ça devient un enjeu social,
00:41:05 c'est-à-dire qu'on voit
00:41:06 qu'avec l'augmentation du prix de l'essence,
00:41:08 aujourd'hui, ce sur le qui ça a le plus reposé,
00:41:10 c'est des personnes qui habitent
00:41:12 en territoire soit ruraux, soit périphériques,
00:41:14 parce qu'en fait,
00:41:15 ils sont coincés dans la voiture.
00:41:16 Et donc, moi, là où je trouve
00:41:19 cette réflexion extrêmement intéressante
00:41:21 et là où je suis toujours convaincue
00:41:23 que les collectifs citoyens
00:41:24 et que les territoires, les collectivités
00:41:26 ont souvent un temps d'avance
00:41:27 sur les débats qu'on a au niveau national,
00:41:29 parce que nous, on est très loin de ce débat-là,
00:41:31 c'est que ça permet de se projeter
00:41:33 dans un monde où, en fait,
00:41:35 on n'est plus piégé par la voiture individuelle.
00:41:37 Et je pense que dans un moment
00:41:41 où on n'a plus le choix, en fait,
00:41:42 de réduire nos émissions de gaz à effet de serre,
00:41:44 on doit dire aux gens,
00:41:45 vous allez pouvoir vous déplacer,
00:41:47 vous allez garder votre liberté de déplacement,
00:41:49 mais en fait, ça sera autrement.
00:41:50 Et il faut qu'on arrive,
00:41:51 la voiture a su faire rêver,
00:41:52 va falloir qu'on arrive à faire rêver
00:41:54 par le transport en commun.
00:41:55 C'est pinçable,
00:41:56 Juliette vient d'arriver en train,
00:41:58 c'est vrai que quand on prend le TER,
00:42:00 Lyon, Grenoble, on est tous debout,
00:42:03 pour le moment, ça ne fait pas rêver.
00:42:04 On a une question de comment
00:42:05 on en fait un avenir durable.
00:42:07 Et juste pour vous dire,
00:42:08 là où nous, on en est dans nos batailles à l'Assemblée,
00:42:10 je vous l'ai dit,
00:42:11 on est très, très loin de la gratuité,
00:42:12 mais notre bataille aujourd'hui,
00:42:13 c'est d'avoir une loi de programmation
00:42:15 des dépenses pour les mobilités.
00:42:17 Il faut dire, sur ce sujet-là,
00:42:19 on est plutôt en phase
00:42:21 avec le ministre des Transports.
00:42:24 On lui a redit que nous,
00:42:25 on était dans l'opposition,
00:42:26 mais que sur ce sujet-là,
00:42:27 on serait, en tout cas,
00:42:29 qu'on pourrait être en soutien,
00:42:31 à deux conditions.
00:42:32 Un, en fait, que ça soit une loi
00:42:34 qui respecte ce qu'a voté
00:42:37 le Comité de financement des infrastructures,
00:42:39 c'est-à-dire un projet
00:42:41 qui correspond aux intents
00:42:43 en termes de transition écologique.
00:42:45 Et l'autre sujet, c'est de leur dire,
00:42:46 il ne faut pas essayer de faire du en même temps,
00:42:47 c'est-à-dire qu'il nous faut
00:42:48 du transport collectif,
00:42:50 mais il ne faut pas nous ramener
00:42:51 tous les projets climaticides.
00:42:52 C'est-à-dire qu'une loi de programmation
00:42:55 doit être une programmation
00:42:56 sur les mobilités dans ses différentes formes,
00:42:58 mais par contre,
00:42:59 elle doit dire un stop très clair
00:43:01 aux projets de type...
00:43:03 Alors, on parle beaucoup de la 69,
00:43:04 mais on en a un qui n'est pas très loin
00:43:07 entre Tonon et la Suisse,
00:43:09 où c'est pareil,
00:43:10 où c'est une autoroute de 16 km
00:43:12 qui détruit 18 exploitations agricoles.
00:43:15 Ça, ce n'est pas possible.
00:43:16 Mais donc aujourd'hui, nous, notre combat,
00:43:18 c'est d'arriver à soutenir le ministre
00:43:19 dans l'idée qu'il faut une loi de financement
00:43:22 pour les mobilités pluriannuelles
00:43:25 pour donner de la perspective,
00:43:26 donner de la perspective aux collectivités locales,
00:43:28 essayer de les financer plus,
00:43:30 parce que je sais combien ça coûte aussi
00:43:32 sur les finances des collectivités locales.
00:43:34 Donc nous, c'est à notre petite échelle,
00:43:37 la pierre qu'on essaye aujourd'hui
00:43:40 de mettre à l'édifice.
00:43:41 Et voilà, je vous remercie encore
00:43:43 pour cette discussion.
00:43:45 [Applaudissements]
00:43:47 Bonjour à tous.
00:43:48 Thibaut Vigouroux, moi, je suis chargé
00:43:50 de mission de gratuité
00:43:51 à la métropole de Montpellier.
00:43:53 Donc je suis dans la partie technique, en fait,
00:43:55 de comment on met en place la gratuité
00:43:58 dans une métropole de 500 000 habitants,
00:44:01 qui ressemble un peu à la vôtre.
00:44:05 Donc j'ai fait une présentation en trois points
00:44:07 assez rapide,
00:44:08 une présentation générale de Montpellier Métropole.
00:44:10 Il y a une coquille, il y a marqué quatre points,
00:44:12 mais les orientations de la grille tarifaire,
00:44:13 ce n'est pas forcément pour aujourd'hui.
00:44:16 La mise en œuvre progressive de la gratuité
00:44:18 à Montpellier Métropole et le parcours usagé,
00:44:20 c'est en gros à quoi va ressembler demain,
00:44:22 comment on se déplace à Montpellier demain,
00:44:25 qu'on soit métropolitain ou non.
00:44:28 Donc Montpellier, c'est une ville du sud de la France.
00:44:32 Donc on est dans une métropole qui compte 31 communes,
00:44:36 une métropole sur un territoire
00:44:38 qui compte à peu près 500 000 habitants,
00:44:40 un peu moins, on est à 490, je crois.
00:44:43 Donc on est un peu plus haut que Grenoble
00:44:46 en termes de nombre d'habitants,
00:44:47 mais avec une dynamique démographique assez importante.
00:44:50 On compte à peu près 8 000 nouveaux habitants
00:44:51 sur la métropole par an.
00:44:53 Et qui dit 8 000 nouveaux habitants,
00:44:55 dit fatalement des gens à transporter,
00:44:57 soit qui se transportent tout seuls en voiture,
00:45:00 soit qui restent à transporter dans les transports en commun.
00:45:03 Et on a un attachement à la voiture individuelle
00:45:07 et une spécificité d'aménagement,
00:45:10 puisque la métropole de Montpellier n'a pas de circulaire,
00:45:13 n'a pas de rocade autour.
00:45:15 On a une autoroute qui nous amène à l'ouest à Clermont-Ferrand,
00:45:22 et au sud qui, en fait, borde la Méditerranée.
00:45:25 Donc on a quand même une partie de notre population
00:45:28 qui se déplace, qui faisait du trafic de transit,
00:45:31 qui traversait Montpellier juste, mais sans s'arrêter.
00:45:35 Donc on avait une partie là-dessus qui était assez particulière.
00:45:38 Donc c'est le pourcentage qu'on a.
00:45:41 Presque 88 % des usagers d'une des autoroutes sont autosolistes
00:45:45 et en plus nous faisaient traverser.
00:45:47 Bon. Par ailleurs, on avait eu l'enquête dont parlait M. Sineux,
00:45:52 des enquêtes ménage-déplacement,
00:45:54 pour savoir un peu comment se déplaçaient nos populations.
00:45:57 Pardon.
00:45:59 Et on s'est aperçu que sur les parties des gens
00:46:02 qui faisaient moins de 3 km,
00:46:05 il y avait quand même 41 % de cette population-là
00:46:08 qui utilisait une voiture individuelle.
00:46:10 3 km, ce n'est quand même pas si énorme sur une ville plate.
00:46:13 C'est plat, Montpellier.
00:46:15 Pour ceux qui ne connaissent pas trop, il y a un petit mont au milieu,
00:46:18 mais après, globalement, c'est plat.
00:46:20 On n'est pas sur des endroits très compliqués d'usage là-dessus.
00:46:24 Donc la volonté du maire-président, suite aux élections de 2020,
00:46:29 a été de travailler sur tous les leviers des mobilités,
00:46:32 tant en termes d'investissement que de fonctionnement.
00:46:36 Donc la volonté principale, c'était la gratuité,
00:46:40 c'était une mesure de campagne, une mesure assez phare.
00:46:42 Le levier, enfin, un des leviers,
00:46:45 mais c'était un des leviers de la politique.
00:46:47 Donc la volonté, ça a été de travailler sur la marchabilité en centre-ville,
00:46:51 trouver une place pour le vélo,
00:46:53 donc travailler sur les développements de vélo-lignes,
00:46:56 de réseaux express vélo, un peu sur le modèle de ce que vous faites ici aussi,
00:47:01 mais aussi travailler sur l'offre de transport,
00:47:03 parce que c'est ce qu'on entend depuis le début de la journée.
00:47:06 La gratuité, c'est quelque chose.
00:47:08 La partie offre de transport, c'est quand même très, très important.
00:47:11 Du coup, ça a amené à un travail, forcément,
00:47:15 pour développer une cinquième ligne de tramway à Montpellier.
00:47:19 On a aussi des travaux, comme à Clermont, là-dessus.
00:47:24 Donc la gratuité, c'est vraiment un élément d'une politique globale.
00:47:28 Elle fait partie vraiment d'une...
00:47:30 C'est une des parts du cercle, en fait.
00:47:34 Donc, il y a eu ce travail qui a été fait sur la gratuité,
00:47:38 sur l'augmentation de l'offre,
00:47:39 mais on sait qu'on a des publics qui sont captifs
00:47:41 et qui sont obligés d'utiliser leur voiture,
00:47:43 parce que plus loin, parce qu'une offre de transport
00:47:46 qui n'est pas forcément toujours à la hauteur.
00:47:49 Et la métropole a décidé de travailler notamment sur du covoiturage,
00:47:53 pour permettre de rembourser le covoituré.
00:47:57 Pardon. C'était le temps que ça monte.
00:48:00 Non, le covoitureur. Lui, il est remboursé.
00:48:03 Oui, mais en gros, c'est gratuit pour l'utilisateur.
00:48:06 C'est vachement mieux écrit sur la diapositive que ce que j'ai dit.
00:48:09 [Rires]
00:48:11 Et du coup, aussi, des aides à l'achat et la réparation pour les vélos,
00:48:16 et des aides à l'achat sur les vélos électriques,
00:48:18 pour permettre à ceux qui sont notamment dans le centre-ville
00:48:20 ou un peu éloignés et qui veulent faire du domicile travail à vélo,
00:48:22 de pouvoir acheter des équipements, des vélos électriques,
00:48:27 qui peuvent être à des prix relativement élevés.
00:48:31 Voilà. Donc ça, c'est la projection du réseau métropolitain,
00:48:35 donc le réseau structurant, c'est-à-dire les grandes vélolignes,
00:48:38 les lignes de tramway et les lignes de bus-tram,
00:48:44 donc les cars au niveau de service,
00:48:46 dont on vous parle un peu depuis le début de la journée.
00:48:49 Bon, il faut savoir qu'il y aura aussi du réseau de proximité
00:48:53 pour permettre, en fait, parce que là, c'est le réseau structurant,
00:48:56 c'est ce qui permet d'arriver dans le centre-ville,
00:48:58 mais pour mailler entre,
00:49:00 ce qui est aussi une problématique à mettre en place.
00:49:03 Donc, tout ça pour en arriver à la mise en œuvre progressive
00:49:06 de la gratuité à Montpellier.
00:49:08 Donc, c'était une mesure de campagne,
00:49:10 donc mesure de campagne qui a été mise en avant par le candidat
00:49:15 à l'époque, Michael de La Fosse, qui est devenu maire-président,
00:49:18 donc maire de la ville de Montpellier, président de la métropole,
00:49:22 et qui a été fait en trois phases.
00:49:25 Donc, une première phase qui était la gratuité pour les week-ends.
00:49:28 Donc, nous, on a eu une gratuité directe,
00:49:31 c'est-à-dire que ça a commencé en septembre 2020
00:49:33 et les élections étaient en juin.
00:49:35 Autant dire que niveau service technique,
00:49:37 il a fallu aller assez vite pour mettre ça en place.
00:49:40 2021, une gratuité un peu plus sociale
00:49:44 pour les moins de 18 ans et les plus de 65 ans tous les jours,
00:49:46 donc ils sont déjà gratuits sur notre réseau.
00:49:48 Et une gratuité en commun pour tous les métropolitains
00:49:51 tous les jours le 21 décembre.
00:49:53 Donc là, ça commence à se rapprocher, on a un mois et demi.
00:49:56 Gratuité spéciale, du coup, parce que c'est une mesure universelle
00:50:00 qui a été mise en avant, mais pour les métropolitains.
00:50:03 Il y avait une volonté de redistribution juste de l'impôt.
00:50:07 Comme on a dit, le financement est quand même porté globalement
00:50:12 par la collectivité et dans la logique du maire-président,
00:50:14 c'était de payer des impôts qui sont liés à votre collectivité.
00:50:19 Vous avez un service en adéquation avec ça.
00:50:22 Donc une volonté d'avoir une gratuité pour les métropolitains,
00:50:26 mais pas pour les usagers extérieurs.
00:50:30 Actuellement, on est à 218 000 passes gratuites en circulation
00:50:35 qui génèrent 8 millions de déplacements.
00:50:38 Donc ça veut dire à peu près 35 % des déplacements.
00:50:41 218 000 passes pour à peu près 500 000 habitants,
00:50:44 ça veut dire qu'on est à 41-42 %, quelque chose comme ça.
00:50:49 Avec forcément, là pour l'instant, on est à moitié-moitié entre
00:50:53 les passes week-end et les passes plus de 65 et moins de 18 ans
00:50:57 qui sont pour les jeunes et pour les seniors.
00:51:01 Et forcément, les passes week-end deviendront des passes gratuité totale
00:51:05 et les passes moins de 18 ans, tout ça deviendra une passe gratuité totale
00:51:08 au 21 décembre.
00:51:11 En moyenne, les populations qui ont une gratuité totale,
00:51:14 on voit qu'on a un taux de pénétration, c'est-à-dire le nombre de personnes
00:51:17 qui ont fait un pass par rapport à la population totale qui est de 60 %.
00:51:23 Ce qui n'est pas inintéressant parce qu'on sait qu'on a une population
00:51:26 d'hypercentres qui forcément a un peu plus de réseaux de transport
00:51:30 parce qu'elles ont des trams, etc. et on a des communes un peu plus rurales
00:51:33 qui ont des taux un peu plus faibles.
00:51:36 Voilà.
00:51:39 Donc, modalité qui est arrivée, nous, parce qu'on a une gratuité particulière,
00:51:43 il a fallu travailler particulièrement sur comment distribuer un titre.
00:51:47 C'est-à-dire que demain, la volonté de nos élus a été d'abandonner
00:51:51 le geste de validation, un peu comme ça peut être le cas sur les réseaux gratuits,
00:51:55 pas sur les réseaux payants en général.
00:51:58 Donc nous, vu que ça va être un réseau mixte, on aura un abandon de la validation
00:52:02 et du coup un allégement des équipements de vente, mais il y aura quand même
00:52:05 besoin de justifier un titre de transport.
00:52:08 Donc on a eu toute une période de travail qui a eu lieu pendant deux ans
00:52:12 pour recréer une manière de valider, enfin une manière pas de valider,
00:52:17 mais une manière de justifier son titre de transport une fois qu'on est
00:52:21 sur le réseau métropolitain.
00:52:24 Donc ça a fait énormément de liste à puce, remplacement d'étiquettes magnétiques,
00:52:28 maintien des applications, mise en place d'un site d'achat rapide,
00:52:32 tout ça pour en arriver à un parcours usagé qui est, pour un résident
00:52:36 de Montpellier Métropole, il devra juste avoir un pass gratuité,
00:52:40 parce qu'il durera entre un an et deux ans, et l'avoir sur lui,
00:52:45 et il pourra prendre n'importe quel bus qui passera, n'importe quel tram qui passera,
00:52:49 et il y aura une démarche à faire par an sans avoir à valider systématiquement.
00:52:53 Pour les non-résidents, il y aura besoin soit d'avoir un abonnement annuel,
00:52:56 soit d'acheter un titre de transport avec toutes les modalités qu'on a mis en place,
00:52:59 c'est-à-dire des sites internet d'achat rapide, des applications,
00:53:03 des distributeurs de titres, tout ce qui est assez classique là-dessus.
00:53:07 Voilà. Donc comment s'applique la gratuité chez nous ?
00:53:11 Elle s'appliquera pour les habitants avec un besoin de retirer un pass,
00:53:15 avec les autres usagers avec un moyen de payer,
00:53:18 de continuer à payer un titre de transport.
00:53:21 Plus de validation, mais du coup, il y a une volonté de continuer
00:53:25 à utiliser les contrôleurs aussi parce que c'était une crainte
00:53:29 de certains de nos usagers de voir un problème de sécurité dans les transports.
00:53:34 Et du coup, il y a eu une volonté de maintenir ça,
00:53:37 et en plus de développer une police intermétropolitaine des transports,
00:53:40 enfin intercommunale des transports, qui va être aussi là pour mener
00:53:43 des opérations conjointes et essayer de maintenir une qualité de transport
00:53:48 tant en termes d'offres que de tranquillité pour les usagers.
00:53:53 Voilà. C'est aussi la campagne de com, ça ne fait pas de mal.
00:53:58 [Applaudissements]
00:54:08 Sur le territoire français, environ 30% des émissions de gaz à effet de serre
00:54:12 sont dues aux transports, dont plus de la moitié à l'usage des voitures particulières.
00:54:17 Au problème climatique s'ajoute le problème de la pollution de l'air,
00:54:20 ainsi que les crises énergétiques et la disponibilité limitée de ressources métalliques.
00:54:25 Pour toutes ces raisons, nous encourageons une transition la plus rapide possible
00:54:28 des mobilités avec une réduction forte de l'usage et de la masse des voitures,
00:54:33 remplacée par des modes de déplacement plus sobre et moins polluants,
00:54:36 vélo, vélo électrique, transport en commun et transport ferroviaire.
00:54:41 Tous les territoires ne sont pas égaux face aux problèmes,
00:54:44 c'est pourquoi il est essentiel que les territoires denses comme les métropoles
00:54:47 aient des politiques particulièrement ambitieuses sur le sujet.
00:54:52 En parallèle du développement de l'offre de transport public,
00:54:54 il faut encourager les changements de pratiques et les comportements plus vertueux.
00:54:59 La gratuité des transports en commun fait partie des outils
00:55:01 qui incitent fortement à leur utilisation.
00:55:05 L'intérêt social de la gratuité des transports en commun est plutôt consensuel.
00:55:09 Comme tout service public, il permet d'atténuer les inégalités.
00:55:13 Son intérêt écologique est plus discuté.
00:55:16 Une des controverses principales étant que si on raisonne à budget constant
00:55:21 des syndicats de transport, la perte de recettes de billetterie
00:55:24 limite l'offre de services et la capacité d'investissement.
00:55:28 Nous pensons néanmoins que la gratuité des transports
00:55:31 doit être défendue pour de multiples raisons.
00:55:34 Tout d'abord, nous ne pensons pas que la question écologique
00:55:37 puisse se régler indépendamment de la question sociale.
00:55:40 Tout le monde se souvient évidemment du début du mouvement des Gilets jaunes.
00:55:44 D'autre part, autorisons-nous un raisonnement par l'absurde.
00:55:48 Si la gratuité des transports en commun empêche d'augmenter l'offre de transport,
00:55:52 l'absence de gratuité devrait donc permettre d'augmenter l'offre de transport.
00:55:56 Ce n'est pourtant pas le cas.
00:55:59 Dans le bassin grenoblois, le développement de l'offre de transport est lent
00:56:02 et se heurte à des limites budgétaires.
00:56:05 La billetterie ne représente actuellement que 18% des recettes du SMAG.
00:56:09 Par conséquent, si on imagine une augmentation de l'offre de transport
00:56:13 de 20% qui reposerait uniquement sur la billetterie,
00:56:17 cela entraînerait une hausse de l'ordre de 75% du prix des billets et des abonnements.
00:56:22 Arrivera-t-on à augmenter le nombre d'usagers de 20%
00:56:26 en faisant passer le prix du billet à 3,50 euros ?
00:56:29 Nous n'en sommes pas entièrement convaincus.
00:56:32 La question du coût de la gratuité des transports en commun
00:56:36 masque donc un débat plus général sur l'insuffisance des moyens alloués
00:56:40 à la transition énergétique et le manque de volonté politique,
00:56:43 en particulier de la part de l'État, pour soutenir une décarbonation rapide
00:56:47 du secteur des transports.
00:56:49 Nous n'acceptons pas de réduire le débat à la situation budgétaire actuelle.
00:56:53 Nous demandons la gratuité et le développement massif de l'offre de transport public.
00:56:58 Par ailleurs, si nous voulons réussir une transition écologique,
00:57:02 nous avons besoin de changements culturels,
00:57:05 que les mobilités douces couplées aux transports en commun
00:57:08 deviennent une nouvelle norme sociale,
00:57:10 un contre-modèle face à l'usage généralisé de la voiture,
00:57:13 et nous avons besoin que la transition écologique soit un projet enthousiasmant.
00:57:17 Dans ce cadre, pourquoi ne pas explorer la gratuité des transports en commun ?
00:57:22 La gratuité ne se met pas en place aux mêmes échelles
00:57:25 et à la même vitesse selon les territoires.
00:57:28 Elle ne suffit pas en elle-même et doit être pensée en lien
00:57:31 avec les autres politiques de transport et d'urbanisme.
00:57:34 Dans le bassin grenoblois, une gratuité intégrale
00:57:36 ne se mettra pas en place du jour au lendemain,
00:57:38 surtout sans évolution législative.
00:57:40 Pour autant, des gratuités partielles,
00:57:43 par exemple le week-end ou pour certaines tranches d'âge, sont accessibles.
00:57:47 Nous défendons la mise en place de ces expérimentations
00:57:51 pour accumuler les retours d'expérience sur la question
00:57:53 et participer à la construction politique du développement de la gratuité.
00:57:58 [Applaudissements]
00:58:05 Oui, très bien.
00:58:06 Donc moi je vais vous parler de l'urgence sociale
00:58:09 parce que c'est une dimension importante de la question de la gratuité
00:58:13 et on ne mesure pas toujours à quel point il y a une situation difficile
00:58:18 dans la société française depuis ces dernières années.
00:58:21 Alors il y a quelques chiffres mais qui sont parlants.
00:58:24 C'est qu'en 2022, il y a 14% de la population en France
00:58:27 qui est en situation de privation matérielle et sociale.
00:58:30 Et on a 16% qui est en dessous du seuil de pauvreté.
00:58:34 16% de la population française qui est dans cette situation-là.
00:58:38 Il y a une personne sur dix qui vit dans un ménage
00:58:41 qui n'a pas les moyens de se chauffer correctement.
00:58:44 Il y a un baromètre Ipso, ce secours populaire,
00:58:48 qui est sorti à l'automne,
00:58:50 qui montre que 45% des Français déclarent rencontrer des difficultés
00:58:56 pour payer les frais médicaux,
00:58:59 45% pour payer les dépenses d'énergie
00:59:02 et près d'un Français sur trois rencontre des difficultés
00:59:06 pour se procurer une alimentation saine
00:59:09 lui permettant de faire trois repas par jour.
00:59:12 Et en matière de déplacement,
00:59:15 on a 13 millions de Français,
00:59:18 c'est-à-dire 27%,
00:59:21 qui ont des difficultés pour se transporter.
00:59:24 Alors là-dedans, il y a des situations très diverses.
00:59:28 En fait, il y a des personnes qui n'ont pas d'autre choix
00:59:32 suite à leur habitat et autres
00:59:36 que de faire des longs déplacements.
00:59:38 Et je dis pas d'autre choix parce qu'on ne va pas par plaisir habiter loin.
00:59:42 Il y a le prix du foncier qui vient jouer là-dessus,
00:59:45 le prix des loyers et tout ça.
00:59:48 Et ils se retrouvent dans des situations où leur lieu de travail est éloigné
00:59:52 et avec des voitures vieillissantes et un prix du carburant qui explose.
00:59:57 Il y a des gens, là par exemple, dans les chiffres,
01:00:06 il y a 3 millions de personnes qui ont un bas revenu,
01:00:09 qui n'ont plus les moyens de se payer l'essence.
01:00:12 Il y a 4 millions de personnes qui ont de plus longues distances à parcourir.
01:00:17 Il y a 6 millions de Français qui n'ont pas d'autre choix
01:00:20 parce que l'offre en transport collectif n'existe pas
01:00:24 et ils ne peuvent plus faire face à ce qui est en train de se passer.
01:00:28 Et dans tout ce panorama,
01:00:31 il y a aussi la question des inégalités face aux déplacements
01:00:35 qui peuvent avoir un aspect vertueux à condition qu'on en sorte par le haut.
01:00:38 C'est-à-dire que 30% des Français les plus riches
01:00:45 ont 2 fois plus de voitures que les 10% des Français les plus pauvres.
01:00:49 Et on a 60% des Français les plus riches
01:00:56 qui se déplacent 2 fois plus en voiture que les 10% les plus pauvres.
01:01:00 Donc aujourd'hui, ça, c'est un handicap.
01:01:04 Mais si demain, on a une offre dans le transport collectif
01:01:08 qui est abondante et qui est gratuite,
01:01:11 cela veut dire qu'aujourd'hui, il y a dans la population
01:01:14 une masse de gens qui est prête à prendre des transports en commun de manière massive.
01:01:19 Et la gratuité des transports publics dans ces conditions-là,
01:01:24 c'est à la fois une mesure d'intérêt général,
01:01:27 mais c'est aussi une mesure qui permet aux plus modestes de mieux vivre
01:01:32 alors qu'ils ont déjà des pratiques de déplacement
01:01:35 qui correspondent en fait aux besoins actuels de la société.
01:01:40 Et là, je viens sur le fait que la gratuité des transports,
01:01:44 du coup, c'est aussi une autre façon de faire société.
01:01:47 C'est ça qui est important.
01:01:49 À la fois, cela permet de sortir des personnes de l'isolement,
01:01:53 de l'assignation à résidence.
01:01:55 Cela facilite l'accès à l'emploi, aux services publics,
01:01:58 mais aussi aux lieux de culture.
01:02:00 Cela facilite la rencontre.
01:02:02 Par exemple, les témoignages à Aubagne ou à Dunkerque
01:02:04 montrent qu'il y a des personnes qui avaient du mal à se déplacer
01:02:08 et à voir des amis ailleurs dans la ville.
01:02:10 Et ça facilite ces rencontres-là.
01:02:13 Et ça, ce n'est pas négligeable du tout
01:02:15 parce qu'il y a des déplacements futiles qui sont des déplacements essentiels.
01:02:20 Il ne faut pas regarder que sous l'ordre de l'utilité sociale la plus basique,
01:02:25 pouvoir aller rencontrer des gens,
01:02:27 c'est quelque chose qui est essentiel pour la vie sociale.
01:02:31 C'est un droit nouveau.
01:02:34 On a déjà, tout à l'heure, un historique qui montrait
01:02:38 qu'il y avait une évolution dans l'histoire de ce qui était permis.
01:02:41 Je crois que c'est le camarade de Clermont-Ferrand qui le disait progressivement.
01:02:47 Mais l'éducation, la santé, la retraite ont été des droits reconnus,
01:02:51 même s'ils sont régulièrement remis en cause.
01:02:54 La question de la mobilité, c'est un droit nouveau
01:02:57 qui complète la mise en sécurité de l'individu,
01:03:01 c'est-à-dire une garantie supplémentaire pour que les personnes puissent vivre une vie digne.
01:03:05 Et ça, c'est une évolution qui est importante.
01:03:10 Et c'est aussi avec ces dignités des rapports sociaux qui sont apaisés.
01:03:16 Et ça, à Dunkerque, ça se vérifie, à Aubagne, ça se vérifie.
01:03:19 C'est-à-dire que la gratuité des transports publics provoque des changements
01:03:23 qui transforment le rapport des usagers aux transports publics
01:03:26 puisque ça devient un bien commun.
01:03:28 Et à partir de là, il y a un effacement des barrières sociales
01:03:31 et un effacement des tensions liées à la fin des contrôles.
01:03:34 Et à Dunkerque, par exemple, ils ont pu mesurer que les frais liés
01:03:38 à la rénovation des transports collectifs et notamment du haut dégradation
01:03:43 deviennent deux fois moins élevés depuis la gratuité
01:03:47 parce qu'il y a ça qui se passe.
01:03:50 Et du coup, la gratuité ouvre aussi un débat qui est riche et intéressant
01:03:54 sur la question de la tarification sociale et solidaire,
01:03:57 dont je vais dire quand même quelques mots.
01:04:01 Parce que la tarification sociale et solidaire, il faut savoir que,
01:04:04 par exemple, à Dunkerque, on a trouvé des gens, des personnes
01:04:08 qui, avec la gratuité, se sont mises à fréquenter les transports en commun
01:04:11 alors qu'ils ne le faisaient pas avant, alors qu'ils avaient droit
01:04:14 à une tarification sociale. Et à Dunkerque, la tarification sociale
01:04:17 allait même jusqu'à une tranche de gratuité.
01:04:20 Ce qui veut dire que l'ouverture d'un droit apporte des comportements
01:04:24 que n'ouvre pas la tarification sociale et solidaire.
01:04:28 Et là, il y a un certain nombre de travaux qui existent sur cette question-là
01:04:33 qui montrent que, d'une part, maintenant c'est un phénomène connu
01:04:36 qui a entre 20 et 40% de non-recours au droit
01:04:39 suivant les prestations liées à la tarification sociale et solidaire.
01:04:43 Et une des raisons, ce n'est pas la seule raison, mais une des raisons,
01:04:46 c'est qu'un droit et une allocation ne donnent pas la même définition
01:04:52 de soi-même et n'ouvrent pas la même dignité de soi-même.
01:04:56 Et ça, c'est quelque chose qui est extrêmement important.
01:05:00 Et en plus, la tarification sociale et solidaire, et nous, on l'avait regardé
01:05:04 sur Renob sous cet angle-là, rencontre vite des limites parce que
01:05:07 plus le public ciblé est restreint, plus il faut convaincre le reste
01:05:13 de la population qu'il est normal de financer une partie minoritaire
01:05:17 de la population, et ça fait des clivages au sein de la population
01:05:21 et ça divise, et plus le public visé est large, plus finalement,
01:05:26 le coût de la mesure n'est pas si éloigné que ça, que du coût de la gratuité,
01:05:30 alors que le sens symbolique est complètement différent.
01:05:34 Donc, la gratuité met tout le monde à égalité et c'est un effet fondamental.
01:05:39 Après, la gratuité des transports s'insère dans un mouvement
01:05:44 qui correspond à la fois aux questions sociales mais aussi aux questions
01:05:47 environnementales qui ont été citées, c'est-à-dire la revalorisation nécessaire
01:05:50 des transports publics. C'est-à-dire que le développement des transports
01:05:53 publics et la gratuité vont de pair. Il est nécessaire de sortir
01:05:56 de l'imaginaire de la voiture individuelle pour aller vers un imaginaire
01:06:00 désirable du transport collectif. Et la gratuité fait partie
01:06:04 de cet imaginaire désirable. On n'ira pas suffisamment loin
01:06:09 dans le recours au transport public s'il n'y a pas un aspect de désir,
01:06:14 c'est-à-dire des transports de qualité et gratuits.
01:06:17 Et aujourd'hui, on sent qu'il y a une accélération, donc simplement,
01:06:21 je finirai là-dessus, c'est que sur les 17 territoires de plus de 50 000 habitants
01:06:25 qui sont en gratuité, si on regarde depuis... En 2000, il y avait
01:06:29 deux territoires. En 2016, en 2020, 12. Et en 2025, 17.
01:06:34 Donc on sent qu'il y a une accélération et on espère que ça ira vers
01:06:38 une généralisation de la gratuité sur l'ensemble des territoires
01:06:41 qui marquera une époque nouvelle pour les transports collectifs.
01:06:44 Merci.
01:06:45 Merci. Bonsoir. Je vais vous donner quelques éléments chiffrés,
01:06:58 financiers, parce qu'au fil de nos distributions aux différents lieux
01:07:04 où nous avons soit fait signer la pétition, soit distribué des invitations
01:07:09 pour la réunion de ce soir, la question qui revient très souvent,
01:07:13 c'est la gratuité, qui va payer et combien ça coûte ?
01:07:17 Donc on a essayé d'approfondir un petit peu la question.
01:07:21 On n'est pas allé au bout de l'exercice parce que pour cela,
01:07:25 il faudrait rencontrer les responsables du syndicat mixte des mobilités
01:07:29 sur l'agglomération globoise et les responsables de la TAG,
01:07:34 autrement dite de l'autorité organisatrice des mobilités,
01:07:39 ce que, pour le moment, nous n'avons pas pu faire.
01:07:42 Alors, quelques réflexions pour essayer d'avancer sur cette question
01:07:48 des mobilités gratuites.
01:07:51 Aujourd'hui, le financement des transports en commun,
01:07:55 il est assuré à la fois par les contribuables et par les usagers.
01:07:59 C'est le cas partout en France.
01:08:02 Soit c'est totalement les contribuables, lorsque il y a gratuité,
01:08:06 soit c'est totalement les usagers, mais en réalité,
01:08:10 ce n'est jamais totalement les usagers, puisque les autorités organisatrices
01:08:14 ont toujours une part de financement autre.
01:08:19 Ce qu'il faut bien savoir aussi, c'est que les dépenses d'investissement
01:08:22 pour les mobilités, réalisées, ces investissements,
01:08:27 par les autorités organisatrices des mobilités, de la mobilité,
01:08:31 sont principalement prises en charge par des subventions publiques
01:08:35 et ne sont jamais prises en charge par les recettes commerciales
01:08:40 de ces autorités.
01:08:43 Donc lorsqu'on dit qu'il y a une potentielle gratuité
01:08:49 des transports publics, des transports en commun,
01:08:53 cela ne remet pas en cause la question des investissements
01:08:58 nécessaires pour développer les transports en commun,
01:09:01 puisque les transports en commun ne sont jamais financés
01:09:04 par les recettes commerciales.
01:09:06 Alors d'où viennent les recettes commerciales ?
01:09:09 Eh bien, selon les coûts d'exploitation,
01:09:14 les usagers contribuent au niveau national.
01:09:17 Ces chiffres viennent d'un rapport du Sénat sur la question des mobilités
01:09:23 qui a été notamment, qui a eu pour rapporteur un sénateur
01:09:27 que nous connaissons bien dans l'ISER, puisqu'il s'agit de Guillaume Gontard.
01:09:30 Eh bien, donc, d'après ce document, la moyenne du coût financé
01:09:37 par les usagers dans les transports en commun en France est de 23%.
01:09:42 En ce qui concerne l'ère d'intervention du SMAG,
01:09:46 donc l'ère métropolitaine grenobloise, qui va au-delà de la métropole,
01:09:50 puisqu'il y a aussi le Grésil-Vaudan et le Poironnais,
01:09:54 les usagers représentent 18% des recettes d'exploitation,
01:09:58 soit environ, ça varie un peu selon les années,
01:10:02 évidemment, environ 38 millions d'euros.
01:10:05 Eh bien, ce chiffre, 38 millions d'euros.
01:10:08 La recette principale du SMAG, en ce qui concerne, donc, le fonctionnement,
01:10:19 c'est le versement mobilité.
01:10:21 Alors, le versement mobilité, c'est quoi ?
01:10:24 Avant, ça s'appelait le versement transport,
01:10:26 et le versement mobilité, c'est un impôt, une taxe,
01:10:30 versé par les entreprises de plus de 11 salariés,
01:10:36 en fonction de la masse salariale de ces entreprises de plus de 11 salariés.
01:10:42 Donc, il faut être une entreprise de plus de 11 salariés,
01:10:46 et à ce moment-là, on verse un versement mobilité
01:10:50 qui représente un certain pourcentage de la masse salariale.
01:10:54 Ce pourcentage, le Parlement l'a plafonné, hors Île-de-France,
01:11:02 à 2% de la masse salariale.
01:11:05 Donc, ensuite, ce sont les autorités organisatrices des mobilités
01:11:10 qui décident de se mettre au plafond, 2%,
01:11:14 ou de ne pas percevoir ce versement mobilité, ça n'existe pas,
01:11:19 ou bien de se mettre à 1%, ou 1,3, ou 1,5, 1,8,
01:11:23 mais de toute façon, c'est plafonné à 2% par la loi.
01:11:27 Cette même loi prévoit que pour l'Île-de-France,
01:11:32 le versement mobilité n'est pas plafonné à 2%,
01:11:35 mais il était plafonné jusqu'à présent à 3,1%,
01:11:40 et le Parlement, dans le cadre de la loi de finances pour 2024,
01:11:44 qui est en cours de discussion actuellement,
01:11:46 va légèrement augmenter ce versement mobilité,
01:11:49 mais uniquement pour l'Île-de-France.
01:11:52 Donc, on reste à 2% pour l'ensemble des métropoles françaises,
01:11:58 par contre, pour l'Île-de-France, ça passe de 3,1, je crois,
01:12:02 à 3,5% possible.
01:12:06 Ceci pour permettre à l'autorité organisatrice
01:12:12 des transports d'Île-de-France de mieux financer
01:12:16 le déploiement du nouveau réseau du Grand Paris.
01:12:21 Il faut savoir donc que le SMAG, aujourd'hui,
01:12:28 perçoit, grâce au versement mobilité,
01:12:34 126 millions d'euros chaque année.
01:12:38 Essentiellement issu de la métropole,
01:12:42 qui a voté un taux de 2%,
01:12:46 qui représente ces 2%, 112 millions d'euros chaque année.
01:12:52 Le reste, ça vient du Grésil-Vaudan,
01:12:55 qui lui a voté un taux à 1,3%,
01:12:59 qui représente aujourd'hui 12,8 millions.
01:13:02 Quant au Voironnais, compte tenu de son affiliation au SMAG
01:13:07 qui est seulement partielle,
01:13:09 il perçoit la totalité du versement mobilité
01:13:12 des entreprises du Voironnais,
01:13:14 vers simplement une subvention de 1,2 million au SMAG.
01:13:19 Donc, les chiffres qu'il faut avoir en tête,
01:13:22 c'est que 112 millions, ça correspond à 2%.
01:13:26 Donc moi, je ne suis pas très fort en mathématiques,
01:13:30 mais si 112 millions correspondent à 2%,
01:13:33 eh bien si vous rajoutez 50%,
01:13:35 c'est-à-dire si vous passez à 3%,
01:13:37 eh bien vous rajoutez 56 millions d'euros.
01:13:41 56 millions d'euros, c'est supérieur,
01:13:45 ça aussi j'arrive à le calculer, à 38 millions.
01:13:49 Alors, ça veut dire quoi tout ça ?
01:13:51 Ça veut dire que le combat principal
01:13:54 pour avancer vers la gratuité
01:13:58 pour les usagers des transports en commun
01:14:01 sur l'air métropolitaine grenobloise,
01:14:04 elle passe par un combat politique
01:14:06 pour que le versement mobilité
01:14:09 dans les métropoles autres que l'île de France
01:14:12 ne soit plus plafonné à 2% comme actuellement,
01:14:15 mais devienne plafonné à 3%.
01:14:18 Ça, c'est le premier combat politique.
01:14:20 Et on a sollicité, on a interpellé
01:14:23 les parlementaires Iserroy de la NUPES
01:14:26 et Guillaume Gontard sur ce sujet
01:14:28 pour qu'ils intègrent ça dans les discussions parlementaires
01:14:33 dans le cadre de la discussion et du vote du budget 2024.
01:14:38 Et ça, c'est le premier point.
01:14:41 Et ensuite, il y aura un deuxième combat
01:14:43 beaucoup plus local, c'est si effectivement
01:14:45 la loi autorise de monter jusqu'à 3%,
01:14:48 eh bien, il faudra que l'autorité organisatrice
01:14:51 des mobilités de l'air grenobloise
01:14:54 s'inscrive dans cette marche vers les 3%,
01:14:58 puisque le passage de 2% à 3%
01:15:01 permettrait d'avoir davantage de recettes commerciales
01:15:06 que ce que représente la contribution
01:15:11 des simples usagers aujourd'hui.
01:15:13 38% les recettes des usagers,
01:15:16 presque 56 millions,
01:15:19 38 millions les usagers, pardon,
01:15:22 56 millions si on passait de 2% à 3%
01:15:26 pour le versement mobilité.
01:15:27 Donc, la gratuité, elle est envisageable,
01:15:32 ce n'est pas quelque chose de totalement utopique,
01:15:34 complètement impossible.
01:15:35 Elle est envisageable,
01:15:37 cela passe par un double combat,
01:15:39 l'augmentation du taux maximal du versement mobilité
01:15:43 et le vote par la métropole de ce taux maximal.
01:15:47 Alors ça, c'est pour le versement mobilité.
01:15:52 Alors, vous allez me dire,
01:15:53 oui, mais les entreprises, elles m'ont râlé,
01:15:55 et notamment celles qui ont plus de 11 salariés,
01:15:57 ça ne va pas du tout leur plaire.
01:15:59 Alors, il faut savoir qu'aujourd'hui,
01:16:01 les entreprises et les administrations,
01:16:04 toutes les entreprises et toutes les administrations
01:16:07 contribuent aujourd'hui, depuis le 1er septembre,
01:16:11 à hauteur de 75%
01:16:13 à la prise en charge des abonnements
01:16:16 de leurs salariés pour les transports en commun,
01:16:19 sans compter les indemnités kilométriques
01:16:22 pour ceux qui n'ont d'autres possibilités
01:16:24 que de se déplacer et de venir travailler en voiture.
01:16:28 Donc, là aussi,
01:16:30 nous n'avons pas dans le cadre de ce collectif
01:16:33 les moyens d'approfondir jusqu'au bout la réflexion
01:16:36 et de vous donner des chiffres
01:16:38 complètement solides sur la question,
01:16:40 mais vous voyez bien que des grandes entreprises
01:16:43 du bassin grenoblois
01:16:45 ou des grandes administrations du bassin grenoblois,
01:16:47 qui doivent prendre en compte 75%
01:16:50 des abonnements de leurs salariés,
01:16:52 de leurs agents, pour certaines,
01:16:54 eh bien, si demain, c'était gratuit,
01:16:58 elles n'auraient plus à prendre la gratuité à 75%,
01:17:02 parce que 75% de zéro, c'est quand même pas beaucoup,
01:17:06 et donc, elles pourraient contribuer davantage
01:17:08 au versement mobilité.
01:17:10 Et donc, je ne suis pas en capacité
01:17:12 de répondre jusqu'au bout à la question,
01:17:14 à savoir, est-ce que c'est équivalent
01:17:16 de passer de 2 à 3%
01:17:18 ou à l'absence de contribution au déplacement,
01:17:23 mais toujours est-il que là, il y a un chantier
01:17:25 qui montre que l'augmentation de 2 à 3%
01:17:29 ne serait pas insurmontable
01:17:31 pour les entreprises, d'ailleurs,
01:17:33 beaucoup d'entreprises l'ont compris,
01:17:35 et ce qui les intéresse,
01:17:37 c'est le développement des transports en commun,
01:17:39 beaucoup plus que la question de la gratuité,
01:17:42 l'augmentation du versement mobilité, etc.
01:17:45 Donc, ça, c'est pour le fonctionnement,
01:17:47 mais comme il a été dit déjà
01:17:49 par plusieurs intervenantes depuis tout à l'heure,
01:17:53 le développement de la gratuité n'a d'intérêt
01:17:56 et ne peut se faire que si, en même temps,
01:17:59 l'offre se développe,
01:18:02 ce qui passe par des investissements,
01:18:04 et comme je vous l'ai dit tout à l'heure,
01:18:06 les investissements, ce ne sont pas les recettes commerciales
01:18:08 qui les assument, mais c'est, en général,
01:18:10 soit les collectivités, directement,
01:18:14 soit des subventions par l'État
01:18:19 ou par les...
01:18:23 Oui, par l'État ou les collectivités.
01:18:26 Donc, pour permettre
01:18:30 d'améliorer l'offre de transport,
01:18:33 il faut des investissements.
01:18:35 Ces investissements,
01:18:37 cette augmentation des investissements,
01:18:39 plusieurs pistes sont proposées,
01:18:42 et notamment par le rapport auquel a contribué Guillaume Gontard.
01:18:46 Une des premières pistes qu'il évoque,
01:18:49 c'est de revenir à un taux de TVA
01:18:52 à 5 % pour les transports en commun,
01:18:55 alors qu'aujourd'hui c'est à 19 %,
01:18:58 et... 20, pardon, excusez-moi,
01:19:02 cette erreur de 20 %,
01:19:04 et donc revenir à 5 %,
01:19:07 mais ceci n'a d'intérêt que dans la mesure,
01:19:09 puisque c'est 5 % sur la TVA,
01:19:12 n'a d'intérêt que tant que ce n'est pas entièrement gratuit.
01:19:14 Voilà, mais, comme ça a été dit
01:19:17 concernant Clermont-Ferrand, Montpellier,
01:19:19 ou même d'autres collectivités,
01:19:22 on ne passe pas du jour au lendemain du tout payant à tout gratuit,
01:19:27 donc on a là une démarche intéressante de progressivité.
01:19:31 Deuxième piste
01:19:34 qui serait intéressante de travailler,
01:19:38 ce serait de mobiliser une part
01:19:41 de la taxe intérieure sur les produits pétroliers,
01:19:46 et la taxe intérieure,
01:19:50 maintenant elle ne s'appelle plus sur les produits pétroliers,
01:19:52 elle s'appelle la taxe intérieure de consommation
01:19:54 sur les produits énergétiques, la TIPCE.
01:19:58 Alors, cette taxe qui est,
01:20:02 comment dire, prélevée sur toutes les consommations,
01:20:07 que ce soit le pétrole, le gaz, l'électricité,
01:20:10 cette taxe, elle a rapporté à l'État,
01:20:16 au budget 2023,
01:20:19 18 milliards d'euros.
01:20:23 Dans le même temps, les régions et les départements
01:20:26 en ont profité à hauteur de 11 milliards.
01:20:30 Et le reste,
01:20:34 puisque c'est aux alentours de 32 milliards en tout,
01:20:37 le reste, ça a profité à l'Agence française
01:20:40 pour les investissements dans les transports.
01:20:44 Donc, on pourrait imaginer, en rêvant,
01:20:49 que demain, le Parlement vote qu'une part
01:20:53 de cette taxe soit affectée au développement
01:20:57 des transports en commun, alors qu'aujourd'hui,
01:21:00 elle est pour essentiel attribuée à des investissements,
01:21:05 notamment aux routiers et aux autoroutiers.
01:21:09 Et donc, si, dans le prolongement de ce que a dit
01:21:12 Jérémy tout à l'heure au nom d'Alteratiba,
01:21:15 ou de ce que a dit Cyril Châtelain,
01:21:18 madame la députée tout à l'heure, si on veut
01:21:21 effectivement développer les transports en commun
01:21:25 et aboutir un jour à la gratuité, ça passe par
01:21:28 une augmentation des investissements et un développement
01:21:32 de l'offre, ce qui passe par des choix budgétaires,
01:21:35 pas simplement au niveau local par les autorités organisatrices,
01:21:38 mais aussi au niveau national, et donc,
01:21:41 par une affectation des taxes qui sont prélevées
01:21:46 sur les énergies en faveur des transports en commun.
01:21:50 Parce que, très souvent, dans les contacts qu'on a eus
01:21:53 avec les personnes, on nous a dit, je termine,
01:21:58 que oui, mais les transports en commun,
01:22:01 il faut qu'ils soient payants, parce qu'il n'y a pas de raison,
01:22:03 il faut qu'ils soient payants et que l'usager paye.
01:22:05 Et à ce moment-là, on répond souvent,
01:22:07 oui, mais les routes en France, à part les autoroutes
01:22:10 à péage, elles sont gratuites, et tout le monde
01:22:14 ne les utilise pas, et pourtant, tous les contribuables
01:22:19 y contribuent à leur investissement d'une manière ou d'une autre.
01:22:23 Donc, ce qui est possible pour le routier,
01:22:25 c'est possible aussi pour les transports en commun,
01:22:28 mais il s'agit de choix politiques, et donc,
01:22:31 c'est la mobilisation des uns et des autres
01:22:33 qui pourront faire évoluer ces choix.
01:22:35 Je vous remercie.
01:22:37 (Applaudissements)

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