Depuis quelques temps, les guet-apens homophobes se multiplient. Le procédé est simple : des homophobes donnent rendez-vous, via des app de rencontres, à des personnes issues de la communauté LGBTQIA+, afin de les agresser.
Mohaaa en a été victime l'année dernière, il nous livre le récit de cette expérience traumatisante.
Mohaaa en a été victime l'année dernière, il nous livre le récit de cette expérience traumatisante.
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00:00 La première phrase qu'il m'a dit, c'est "Qu'est-ce que t'as peur ?"
00:02 Et cette phrase-là, jusqu'à maintenant, elle résonne dans ma tête
00:05 parce qu'à ce moment-là, je me suis dit "Ah ouais".
00:06 J'ai regardé mon pote, je lui ai dit "Ça y est, c'est un gay tapant".
00:10 "Salut, c'est Moha et j'ai été victime d'une agression homophobe."
00:13 Cette histoire-là, elle date de l'année dernière, dans mes débuts de live.
00:16 Il y a un soir où j'étais en comité restreint
00:18 et j'étais en train de leur dire que j'allais aller à Montpellier la semaine d'après.
00:21 Après ce live-là, j'ai reçu un ajout sur Snap
00:24 et c'était un mec qui habitait directement à Montpellier. On a commencé un petit peu à échanger, etc.
00:29 Il m'a dit "Ouais, alors comme ça, tu viens la semaine prochaine, tu viens chez moi, j'espère qu'on va se voir."
00:32 Et je lui avais dit "Bon, écoute, pourquoi pas ?"
00:33 Toute la semaine qui a suivi, on a discuté, on a fait connaissance, on a parlé.
00:37 Rien de bizarre, au premier abord, rien de bizarre.
00:39 J'aimais bien le délire qu'on avait, etc.
00:41 Cette semaine-là, elle passe.
00:42 C'est j'arrive au jour où j'arrive à Montpellier
00:44 et je mets un Snap dans ma story et directement, il commente.
00:47 Il me dit "Ah ça y est, t'es là et tout, vas-y, viens, on se voit, etc."
00:49 Il faut savoir que moi, j'étais parti avec trois potes à moi.
00:52 Je ne me voyais pas, dès mon arrivée à Montpellier, aller voir un mec sur le moment.
00:55 Alors que non, je voulais profiter avec mes potes.
00:57 Et puis, si j'avais le temps de le voir, j'irais le voir, mais je n'y allais.
01:00 Ce n'est pas non plus ma priorité ici.
01:02 Donc bon, premier jour, en gros, je lui mets un plan.
01:05 Il le prend mal, mais il comprend un petit peu que "Vas-y, je viens d'arriver, etc."
01:09 Donc, on va dire qu'il est dans la compréhension.
01:11 Deuxième jour, pareil, il m'envoie un message.
01:12 "Là, j'étais pris par le temps, j'étais à la plage la journée, j'étais en soirée le soir."
01:16 Pas le temps.
01:17 Et là, on arrive au troisième jour où là, il insiste.
01:19 Il me dit "Ouais, t'abuses et tout, t'es chez moi, t'es dans ma ville,
01:22 et puis tu ne me vois pas, on avait dit qu'on allait se voir, etc."
01:24 Et puis comme je lui avais quand même un petit peu donné ma parole,
01:26 je me suis dit "Bon allez, je vais le voir quoi."
01:28 J'aurais fait ce que j'avais à faire, et puis comme ça, il est content.
01:30 À ce moment-là, vraiment, je ne vois rien venir.
01:32 Pour moi, c'est un mec avec qui il m'a vu sur le réseau,
01:34 peut-être que je l'ai plu, et puis on fait connaissance.
01:36 Et puis, advienne qui pourra après, quand je viens de connaître une personne,
01:39 je ne me pose pas mille et une questions.
01:40 Je parle, et puis si ça passe, tant mieux.
01:42 Si ça ne passe pas, tant pis.
01:43 Et puis le troisième jour, je lui avais dit que la journée, j'allais aller à la plage,
01:46 et que le soir, avant de sortir en soirée,
01:49 je pensais que j'allais sortir sur la place de la Comédie,
01:52 prendre à manger, etc.
01:53 Et puis à ce moment-là, s'il a du temps, qu'il passe par là,
01:55 et puis on se voit, et puis ensuite après, il va quitter sa cocubation,
01:58 et moi aussi de mon côté.
01:59 Et là, je suis à la place de la Comédie.
02:01 On était à une pizzeria, c'est une pizzeria au comptoir,
02:03 donc il n'y a pas d'intérieur.
02:05 Je parle avec la dame, on fait nos commandes, etc.
02:06 Et puis à ce moment-là, il y a quatre, cinq mecs qui arrivent.
02:10 Quand ils passent, il y a des regards, il y a quelques petites réflexions,
02:12 et à ce moment-là, j'entends "ouais, je crois que c'est lui, je crois que c'est lui, je crois que c'est lui".
02:15 Je regarde mes potes et je dis "ouais, bizarre, là, il est en train de dire 'je crois que c'est lui',
02:18 je pense que là, vraiment, c'est pour nous".
02:20 Au début, c'était des petits regards, je les entendais rigoler de leur côté et tout,
02:23 mais vu que ça ne s'arrête qu'à des regards, tranquille,
02:25 c'est que des regards, en mode les gens, ils ont le droit de regarder,
02:27 ils ont des yeux, c'est fait pour.
02:28 De là, je parle avec le garçon, toujours en message.
02:31 Donc à ce moment-là, je me dis "bon, il va venir".
02:33 Je ne voulais pas le...
02:34 Parce que je sais que c'est un mec, il ne s'assume pas, personne ne sait aussi pour lui,
02:36 il m'avait déjà prévenu, etc.
02:38 Et je voulais le prévenir au cas où, genre, mode, il y a quand même des mecs,
02:41 donc il fallait aussi qu'il fasse attention.
02:42 Donc dans un sens, je m'inquiétais aussi pour lui.
02:45 Et la première phrase qu'il m'a dit, c'est "qu'est-ce que t'as, t'as peur ?"
02:47 Et cette phrase-là, jusqu'à maintenant, elle résonne dans ma tête
02:50 parce qu'à ce moment-là, je me suis dit "ah ouais".
02:52 J'ai regardé mon pote, je lui ai dit "ça y est, c'est un gay tapant".
02:55 Et là, je le vois arriver avec un pote à lui, et je me dis "ah non".
02:58 Je vois, il est tchèque, il leur serre la main et tout, et là, je comprends, ça y est.
03:01 Et là, il m'appelle, il me dit "vas-y, viens, viens, viens".
03:03 Je le regarde, je me dis "mordez, il revient où ? Je ne viens nulle part".
03:05 Et là, il s'approche, il me prend le bras et il me tire vers lui.
03:08 Je le repousse, je lui dis "mais toi, t'es fou ou quoi ?"
03:10 Genre, mode, "tu joues à quoi ?"
03:11 Et là, ça commence un petit peu à partir en embrouille.
03:13 Ses potes, ils insultent et on connaît l'effet de groupe.
03:16 À ce moment-là, je n'arrive pas à fermer ma bouche.
03:19 Genre, OK, je sais très bien qu'il y a un danger qui va se passer,
03:22 mais je n'arrive pas à me taire.
03:23 Ça veut dire que je continue à répondre et tout.
03:24 Et ça va, il faut savoir aussi que j'ai oublié de préciser
03:27 que la dame de la pizzeria, elle avait remarqué qu'il se passait quelque chose,
03:29 qu'il y avait un engouement.
03:30 Donc, elle a directement appelé la police et ensuite, elle s'est aussi interposée.
03:34 Elle s'est embrouillée avec eux, elle leur a crié dessus, etc.
03:36 En soi, ils ne voulaient rien savoir et la dame, quand elle voyait
03:38 que ça commençait à partir en couille, clairement,
03:41 elle nous a fait rentrer à l'intérieur de la pizzeria.
03:43 Entre-temps, la police allait arriver et quand ils ont su que la police allait arriver,
03:46 ils se sont un petit peu dispatchés dans la place de la commune,
03:48 parce que c'est assez grand.
03:49 Et le lendemain, je sais que j'avais reçu des messages en mode,
03:52 "Reviens pas ici, il vaut mieux que vous partiez
03:53 parce que vous allez voir ce qu'on va vous faire, etc."
03:55 Je ne vais jamais me remettre ma vie ou ma personne en question
03:57 pour des personnes arriérées, genre, "T'es fermée d'esprit,
04:00 c'est toi, c'est ton problème, c'est pas mon problème."
04:02 Le lendemain, j'avais vu encore sur Snapchat,
04:03 j'avais reçu encore des ajouts, des messages de haine et tout.
04:06 Avec mes potes, on s'est dit clairement, en gros,
04:07 on ne va pas rester enfermés toute la journée, c'est notre dernier jour.
04:10 On est partis à la plage, on a profité et il ne s'est rien passé.
04:14 Par la suite, j'ai encore reçu, "Ouais, reviens plus jamais, etc."
04:16 Le mec en question, il faut savoir que quand j'ai fait l'interview,
04:20 il n'y a pas longtemps, il m'a ajouté tout en l'un,
04:22 il m'a dit, "C'est de moi que tu parles."
04:23 "Oui, c'est de toi que je parle."
04:26 Je pensais qu'il allait se dire, "Désolé, je m'excuse, etc."
04:30 Mais non, pas du tout.
04:31 Il a compris que ça m'avait fait de la peine,
04:33 mais en soi, pour lui, c'était totalement normal
04:35 et que je méritais ce qui m'arrivait.
04:36 Des homophobes, quand ils viennent s'attaquer à toi,
04:38 c'est parce qu'ils te sous-estiment, ils pensent que tu es en dessous d'eux.
04:41 Et si tu te tais, ça va confirmer ce qu'ils pensent.
04:44 Même si je suis contre la violence, il faut faire attention,
04:47 mais il faut montrer aux gens qu'en fait, non, le respect,
04:49 il ne se demande pas, il s'impose.
04:50 Ils ont vu que j'avais la bouche, ils ont vu que je me défendais.
04:52 Je pense que c'est ce qui a touché un petit peu leur égo,
04:54 parce que de savoir qu'un gay ouvre sa bouche et a les couilles
05:00 de répondre face à autant de personnes, ça leur a fait chier.
05:03 Tu n'as pas à te laisser faire.
05:04 Si vous êtes victime de gays tapants, déjà, parlez-en.
05:06 Ne gardez pas les problèmes en vous extériorisés
05:09 et faites attention à qui vous parlez, où est-ce que vous pouvez vous trouver.
05:12 Et si un jour, vous êtes dans une situation comme ça,
05:14 n'hésitez pas à attraper une personne dans la rue
05:16 et à faire en sorte que des gens interviennent ou courent.
05:19 Courez.
05:21 Courrez. Moi, je sais que je cours vite grâce à ça, donc courrez.