• l’année dernière
Invitée ce mardi matin sur France Bleu Normandie, Stéphanie Yon-Courtin affirme travailler à un amendement pour exclure les boîtes à fromages en bois de la directive sur la suppression des emballages non recyclables

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Merci d'être avec nous, bienvenue si vous nous rejoignez.
00:03 8h15 sur France Bleu, France 3, l'heure de notre invité du 6/9 Didier Charpin.
00:07 Nous sommes avec la députée européenne du Calvado Stéphanie Yancourtin.
00:10 Et on va approfondir les enjeux autour de cette directive actuellement à l'étude
00:14 qui viserait à interdire l'utilisation de boîtes en bois pour les fromages à pâte molle.
00:19 Stéphanie Yancourtin, bonjour, bienvenue.
00:21 Bonjour Didier Charpin.
00:22 Est-ce que vous défendez ce projet, éliminer ces boîtes en bois pour le camembert par exemple
00:27 parce qu'elles ne sont pas recyclables ?
00:28 Non, je ne défends pas ce projet d'éliminer les boîtes en bois.
00:32 Justement avec des collègues eurodéputés, je suis en train d'aller chercher les signatures
00:40 pour porter un amendement qu'on doit déposer dans 24 heures demain
00:46 pour justement la semaine prochaine, en vue du vote en session plénière,
00:51 faire en sorte qu'on exclue, on déroge à cette proposition de la Commission européenne.
00:56 C'est une mauvaise idée, clairement, l'écologie c'est pas ça.
00:59 Non, justement, alors effectivement, voyez, c'est là où le diable est dans les détails,
01:03 si je puis dire, parce que l'idée est louable au départ,
01:05 il s'agit d'éviter les sur-emballages et de finalement recycler tous les emballages d'ici à 2030.
01:13 Ce qui n'est pas le cas.
01:14 Ce qui n'est pas le cas est pour lutter contre la pollution de ces sur-emballages.
01:19 L'idée est louable, mais évidemment, il y a des filières, comme cette filière des boîtes en bois léger,
01:27 qui par exemple emballent le camembert, mais aussi les bourriches d'huître,
01:32 finalement se retrouvent dans l'impossibilité de développer une filière d'emballage recyclable.
01:39 Pourquoi c'est pas possible ? Ca coûterait trop cher ?
01:43 Alors d'abord, ça coûterait trop cher, effectivement.
01:45 On a une filière qui, pourtant, chez nous en Normandie, est très importante.
01:51 Et en tout, rien que pour les boîtes de camembert, c'est 45 entreprises.
01:56 2000 emplois.
01:57 2000 emplois, on a à peu près 150-200 emplois entre le Sudman, chez Lornes, avec le groupe Lacroix.
02:05 C'est avec lui notamment qu'on est en train de travailler pour que la commission déroge à cette interdiction.
02:11 Donc c'est pas possible parce que c'est onéreux, mais aussi il nous se comporte au-delà du fait que,
02:14 économiquement, c'est pas viable pour les entreprises de développer une filière de recyclable,
02:19 c'est que ça fait partie de notre terroir.
02:21 Et que pour l'affinage, pour le goût, je parle là à tous les Normands qui sont en train de prendre leur petit déjeuner,
02:27 peut-être avec du camembert, ils savent très bien que cette petite boîte en bois léger,
02:33 elle permet d'avoir un meilleur goût.
02:36 Ça fait même partie de la reconnaissance des appellations d'origine protégée.
02:41 Cette petite boîte aussi fait partie intégrante.
02:44 - Donc cet amendement, qu'est-ce que vous visez ? Obtenir une dérogation pour le camembert ?
02:49 Pour tous les fromages à pâte moelle ? Il y en a d'autres ?
02:51 - Oui, il y en a d'autres.
02:52 Il y a aussi, je parlais hier avec mon collègue de Franche-Comté, avec Le Monde Or,
02:57 on est en train d'établir la liste, là, vraiment définitive,
03:02 de faire en sorte d'avoir aussi le plus possible, comme je vous l'ai dit, d'eurodéputés.
03:05 On est 705 pour les 27 pays de l'Union, et donc tout le monde n'a pas de camembert.
03:10 Mais en revanche, tout le monde est très friand de défendre, effectivement, ces spécificités.
03:17 - Dans toute l'Europe, la France est un pays de fromage,
03:19 mais est-ce que les députés d'autres pays ont la même sensibilité ?
03:21 - Ils ont la même sensibilité que quand on parle de Normandie et de camembert,
03:25 croyez-moi qu'on a des alliés, et donc ça c'est plutôt pas mal.
03:29 Parce que vraiment, moi j'insiste sur le fait qu'il faut en finir, forcément,
03:33 avec les emballages pelouan et sur-emballage, mais il ne faut pas exagérer.
03:38 Nos austréiculteurs, et je voulais le dire, ont été extrêmement touchés,
03:41 et je leur apporte vraiment tout mon soutien, ils le savent, par la tempête récente.
03:45 On ne va pas en rajouter, ce sont des mesures de bon sens,
03:48 et encore une fois, c'est économiquement impossible,
03:51 écologiquement, on voit qu'en plus, on a fait une étude,
03:55 on voit que ces boîtes en bois léger sont biodégradables,
04:00 et que donc elles seraient beaucoup moins polluantes qu'un produit de remplacement.
04:07 - Donc vous critiquez cette mesure ?
04:09 - La Commission européenne, oui, on critique la proposition de la Commission européenne,
04:12 nous, au Parlement, on...
04:13 - Beaucoup d'auditeurs nous disent ce matin, mais franchement,
04:15 l'Europe n'a pas des sujets plus importants à traiter ?
04:17 - Bah écoutez, c'est une demande des industriels au départ, cette demande-là.
04:20 Parce que c'est quoi ? C'est une idée d'harmoniser,
04:23 et l'idée n'est pas complètement bête, on est sur un marché intérieur de 27 Etats membres,
04:26 450 millions de consommateurs de camembert potentiels,
04:30 450 millions de consommateurs,
04:32 et qui ont envie d'avoir affaire, quel que soit le pays dans lequel ils achètent le camembert,
04:36 à un même étiquetage, un même empaquetage...
04:38 - Mais vous le dites vous-même, c'est pas polluant, donc pourquoi ?
04:41 - Non mais parce que les industriels nous demandent un étiquetage harmonisé,
04:45 et un emballage harmonisé, avec les mêmes règles,
04:49 on n'y comprend plus rien, entre le recyclable, le biodégradable.
04:52 Donc, dont acte !
04:53 Et effectivement, on voit que, en plus, quand c'est pas harmonisé,
04:57 ça va dans tous les sens, et ça peut être potentiellement polluant.
05:00 Ça, c'est vraiment l'idée.
05:01 Donc on a entendu, la Commission européenne a entendu, les industriels.
05:05 Maintenant, entendons les entreprises du territoire,
05:08 et c'est pour ça qu'à chaque fois, nous c'est ce qu'on fait au Parlement européen,
05:11 on prend un texte, effectivement l'objectif s'il est louable,
05:14 on doit absolument l'analyser au plus fin,
05:17 pour voir pourquoi dans nos territoires ça va pas.
05:19 Moi, depuis que je suis élue en 2019,
05:22 j'ai ma permanence locale à Saint-Comté, où j'étais maire,
05:25 parce que justement, l'ancrage est important,
05:27 et à chaque fois qu'on étudie des textes,
05:29 je vois sur le terrain, avec nos acteurs, économiques en l'occurrence,
05:34 agriculteurs, pêcheurs, chefs d'entreprise bien sûr,
05:37 pour, et élue, puisque en tant qu'ancienne maire, je suis très proche d'eux,
05:42 pour voir comment c'est impactant, et comment on peut faire changer les choses.
05:46 Le Parlement européen, il est que législateur.
05:47 Là, c'est une proposition de la Commission européenne,
05:50 en tant que co-législateur.
05:51 - En gros, ce sont des fonctionnaires, qui sont parfois déconnectés.
05:53 - Ça peut arriver, effectivement.
05:55 Et donc là, c'est un cas, peut-être, de technocratie, de bureaucratie,
05:58 mais je ne doute pas que le Conseil de l'Union européenne,
06:01 c'est-à-dire les Etats membres, qui sont co-législateurs avec nous,
06:04 et la France est à l'écoute, bien évidemment,
06:06 feront comme nous, en demandant à ce qu'il y ait des dérogations
06:09 à la Commission européenne.
06:10 On va se battre jusqu'au bout.
06:12 - Vous pouvez vivre en tant que député,
06:13 c'est votre premier mandat qui va s'achever,
06:15 vous serez un nouveau candidate.
06:16 - Écoutez, je vais dire que c'est un peu tôt pour le dire,
06:19 malgré tout, parce qu'on a encore, vous voyez,
06:21 du pain sur la planche, avec du camembert sur la planche,
06:23 jusqu'au dernier moment, parce que c'est dans un peu moins de 8 mois,
06:29 c'est vrai, c'est court, mais pour nous, c'est long encore,
06:32 parce qu'il y a encore beaucoup de choses à défendre.
06:33 - Vous avez l'envie de y retourner ?
06:34 - Oui, j'aimerais y retourner.
06:36 Moi, j'ai toujours du mal à faire des grands calculs comme ça,
06:39 parce qu'il y a beaucoup de choses sur le terrain, vous voyez,
06:42 mais oui, un mandat de 5 ans est court,
06:45 surtout quand il a été amputé 2 ans avec le Covid.
06:48 Donc voilà, maintenant, on s'occupe du camembert.
06:51 - Et après, vous trancherez, sans mauvais jeu de mots,
06:53 pour savoir si vous êtes un nouveau candidat.
06:55 - Exactement, une fois qu'on aura travaillé sur le pain sur la planche.
06:58 Il n'y aura plus de pain sur la planche.
07:00 - Bon appétit, avec du pain ou pas, ça vous déguste.
07:03 - Bon appétit, messieurs.
07:05 - C'est une députée européenne, donc, du Kelvados,
07:07 également membre du Conseil régional.
07:09 - Oui, et non pas députée, hein.
07:11 - On a retenu.

Recommandations