Younous Omarjee : “Il y a une inquiétude renforcée et une forme de colère chez les pêcheurs”

  • l’année dernière
Le député européen Younous Omarjee revient sur les annonces faites lors de cette visite de Virginijus Sinkevicius, commissaire européen à l’environnement, aux océans et à la pêche. Le parlementaire a bien l’intention de faire respecter les engagements pris auprès des pêcheurs péi sur le renouvellement de la flotte de pêche.
Transcript
00:00 Je ne vois pas où est l'enthousiasme.
00:04 Il y a peut-être de l'enthousiasme du côté du commissaire parce qu'il a fait le survol
00:10 de l'île et qu'il a trouvé ça extraordinaire.
00:13 Il y a peut-être de l'enthousiasme chez lui parce qu'il a fait quatre sorties en bateau,
00:18 y compris de la pêche au gros, et qu'il a trouvé ça formidable.
00:21 Mais il n'y a pas d'enthousiasme du côté des pêcheurs et de mon côté.
00:26 Il y a au contraire une inquiétude renforcée et puis aussi une forme de colère que j'ai
00:33 vu hier s'exprimer dans la rencontre entre le commissaire et les pêcheurs.
00:40 Et si cette visite devait être utile, alors il faut qu'elle soit suivie de décisions.
00:47 Et de décisions très rapides pour mettre en œuvre l'amendement que j'ai fait adopter
00:54 en 2017.
00:56 Nous sommes en 2023.
00:58 2017, le Parlement européen vote mon amendement.
01:01 2018, la Commission européenne honore l'engagement pris auprès du Parlement européen et prend
01:09 la décision d'autoriser pour l'Érupe la modernisation et le renouvellement des flottes
01:15 de pêche, avec une condition que la France transmette un certain nombre de données sur
01:20 la ressource à la Commission européenne.
01:24 Et bien figurez-vous qu'en 2019, la France ne transmette pas de données.
01:28 En 2020 non plus, en 2021 non plus, elle se réveille tout à la fin et les données qu'elle
01:35 transmet à la Commission européenne sont considérées comme non conformes à une méthodologie
01:41 épartielle.
01:42 Mais en réalité, les pêcheurs comme moi-même sommes fatigués que l'État et la Commission
01:49 ne cessent de se renvoyer la balle.
01:51 Le moment est venu aujourd'hui de prendre des décisions.
01:55 C'est ce que nous avons dit au Commissaire.
01:58 Il y a un Conseil scientifique qui doit se réunir très prochainement, qui peut rendre
02:04 un avis favorable.
02:05 Et s'il ne rend pas d'avis favorable, le Commissaire, en réponse aux questions que
02:11 nous lui avons posées, a pris l'engagement devant nous de prendre une décision favorable
02:17 avant la fin de son mandat.
02:19 Il ne faut pas qu'il croit que les promesses faites à la Réunion sont oubliées à Bruxelles
02:25 parce que figurez-vous que je reprends l'avion et que je serai à Bruxelles dès la fin de
02:32 la semaine et en début de semaine prochaine.
02:35 Et qu'à Bruxelles, je vais lui rappeler publiquement l'engagement qu'il a pris
02:41 auprès des réunionnais.
02:42 Et donc nous resterons au plus près de lui pour qu'il honore l'engagement pris devant
02:49 nous autrement.
02:51 Autrement, la confiance entre les institutions européennes, les peuples, les peuples ultramarins
03:00 sera encore un peu plus distendue.
03:05 Et ce sont ces types de décisions qui ne viennent pas, ces complications permanentes,
03:14 ce sentiment d'injustice qui nourrisse le désamour entre les peuples et l'Union européenne.
03:21 On ne peut pas dire bravo l'Europe, bravo l'Europe, bravo l'Europe en permanence
03:26 qu'en permanence alors que nous avons fait le travail.
03:30 Enfin, vos auditeurs doivent savoir que les pêcheurs ont passé énormément de temps
03:38 entre 2012, parce que j'ai ouvert ce dossier en 2012 au Parlement européen.
03:43 Nous avons fait une série de réunions en 2013, en 2014.
03:48 Ils ont transmis énormément d'éléments.
03:51 Ça fait des années qu'ils travaillent pour qu'à la fin tout ça se termine encore
03:56 par des points d'interrogation.
03:58 Je ne fais pas de procès d'intention.
04:00 Je me dis que tout le monde doit se mettre au travail très rapidement.
04:05 Il faut bien reconnaître que depuis quelques mois, la France a essayé de rattraper le
04:14 temps perdu.
04:15 Il faut être dans une logique de construction, une logique positive.
04:20 Il s'agit de la vie des pêcheurs, de la vie de leur activité.
04:26 Ils souffrent énormément.
04:28 Ils ne savent pas comment garantir l'avenir.
04:30 Un bateau à la réunion, ça coûte entre 100 et 150 000 euros.
04:36 Qui aujourd'hui peut financer sur ses fonds propres un bateau ?
04:41 Alors que les banques ne suivent pas, les taux d'intérêt ont augmenté, que les
04:47 pêcheurs ont de plus en plus de mal à trouver du poisson, que leur activité est parfois
04:54 en baisse.
04:55 On ne peut pas faire de la petite politique là-dedans.
04:59 Nous, nous essayons de trouver des solutions.
05:03 C'est ce à quoi on s'emploie lorsqu'on hausse le ton.
05:06 C'est parce qu'il est nécessaire de le faire pour justement que celles et ceux qui
05:12 sont décisionnaires aujourd'hui avancent vers les solutions que nous attendons.
05:19 Mais ce n'est pas en faisant des tapes dans le dos des commissaires et des grands sourires
05:26 qu'on obtient quoi que ce soit.
05:27 [Musique]

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