Tickets restaurant : «Il faut donner du pouvoir d'achat et apprendre à bien manger», estime Richard Ramos

  • l’année dernière

Richard Ramos, député Modem du Loire, répond aux questions de Lionel Gougelot. Ensemble, ils reviennent sur l'intérêt de la possibilité de pouvoir utiliser les tickets restaurant dans les magasins d'alimentation. Une mesure finalement prolongée par le gouvernement sur toute l'année 2024.
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00:00 - Europe 1 6h41 - 5 millions de salariés utilisent chaque année les titres "restaurant". Depuis l'an dernier, ils peuvent être utilisés pour acheter des produits alimentaires
00:07 dans les commerces. Le gouvernement voulait supprimer cette possibilité et bien finalement il fait marche arrière.
00:12 - Lionel, vous recevez Richard Ramos, député Modem. - Bonjour Richard Ramos. - Bonjour. - Merci d'être en direct ce matin sur Europe 1.
00:19 Votre coup de gueule hier sur cette affaire des tickets restaurant semble avoir été entendu par le gouvernement
00:24 puisque Olivia Grégoire a confirmé hier soir chez nos confrères d'M6 que leur utilisation pour acheter des produits alimentaires, pour faire simple,
00:30 sera prolongée l'an prochain. - Ça va continuer tout au long de l'année 2024.
00:36 C'est une mesure que nous avons étudiée avec Bruno Le Maire,
00:38 mais je vous annonce que les bonnes idées je crois qu'il faut les considérer, les prolonger. C'est une bonne idée qui a été proposée par une
00:45 sénatrice en 2022 qui devait s'arrêter le 31 décembre 2023.
00:50 Ça continuera tout au long de l'année 2024, rien ne changera pour les français.
00:55 - Vous êtes rassuré Richard Ramos ? - Oui, je suis rassuré mais ça n'empêche pas d'être vigilant comme dirait ma grand-mère,
01:03 la confiance n'exclut pas le contrôle.
01:05 - Le bon sens l'a emporté d'une certaine façon. - Oui, le bon sens l'a emporté. Il n'y a pas tant de bonnes idées que ça,
01:12 par les temps qui courent. Quand il y en a une, il faut... et elle a raison Olivia Grégoire, grande ministre qui connaît bien ce sujet.
01:18 Mais il faut la garder. Puis c'était incompréhensible
01:21 comment alors qu'on se bat pour qu'on mange mieux, qu'on n'ait pas des produits trop industrialisés,
01:27 on ait la possibilité d'acheter une pasta box de merde,
01:31 et demain on n'aurait pas eu le droit de faire sa petite salade de pâtes chez soi pour l'emmener au boulot.
01:36 On marchait sur la tête dans cette affaire-là. - Alors on va revenir sur la question du pouvoir d'achat finalement, parce que c'était aussi ça
01:43 la philosophie de la réforme du ticket restaurant. Enfin si je puis dire, cette mesure avait été
01:47 prise pour donner un coup de pouce aux consommateurs,
01:49 dans ce contexte de l'inflation, donc ce plus, ce petit plus, il va rester pour les consommateurs, c'est important. C'est aussi pour ça que vous
01:55 aviez poussé un coup de gueule hier. - Oui parce que
01:57 c'est quand même grave. Aujourd'hui on voit bien qu'il y a des gens, ils sont à 10 euros près à la fin du mois.
02:02 Ça permettait je dirais de d'acheter des pâtes, d'acheter du riz, de faire un petit peu à manger à la maison
02:08 pour le bureau, et ensuite ça permet de compenser un peu la perte de pouvoir d'achat
02:14 pour faire des courses pour la maison, ou si on avait un gamin ou une gamine étudiante à 300-400 km,
02:19 on lui faisait part de nos tickets restaurant, et puis elle pouvait acheter un petit peu.
02:24 C'était ces petites courses, et donc c'était simplement du bon sens, et donc je pense que c'est juste ce qui est arrivé,
02:31 et le fait qu'on les maintienne. - Qu'est-ce qui fait selon vous, Richard Ramos, que le gouvernement avait
02:36 voulu revenir finalement sur ce coup de pouce au pouvoir d'achat ?
02:40 - C'est une vieille idée de Bruno Le Maire, je pense que c'était les restaurateurs qui avaient fait leur...
02:46 Moi je suis à très à l'aise, les restaurateurs le savent, j'ai défendu beaucoup la restauration, je les défends,
02:51 mais là c'était le lobbying de la restauration qui leur avait dit "il faut y aller".
02:55 Et puis je vous le dis, dans un village, dans nos villages de France, si vous avez une entreprise,
03:00 et qu'il n'y a qu'un seul restaurateur, et que ce restaurateur vous fait une viande avec de la poudre de perlimpinpin
03:06 et que c'est dégueulasse, ben vous avez envie de manger autre chose ?
03:09 Et ben voilà, donc je pense que c'est une bonne idée, et je pense que c'est un mauvais choix des restaurateurs.
03:14 Ce qu'il faut faire pour les restaurateurs, il y a un combat qu'il faut mener,
03:18 c'est que quand vous êtes un petit restaurateur en ruralité en France, vous donnez vos tickets restaurants,
03:22 et quand on vous remet l'argent sur votre compte, vous pouvez avoir trois fois plus de frais que quand McDo, lui, va le faire.
03:29 Et donc la commission des tickets restaurants, auxquels il y a plein de petits restaurants en France qui nous écoutent
03:34 et qui le savent, ils ne peuvent pas prendre le ticket restaurant.
03:37 Quand en France, on a dans un restaurant un menu à 16 euros, qui reste que 2,50 euros de marge nette,
03:44 ils n'ont pas les moyens, avec quasiment 10% de frais de ticket restaurant, de les prendre.
03:49 Et donc c'est ça, c'est zéro pour les restaurateurs sur les frais de ticket restaurant.
03:53 - Enfin, ces mêmes restaurateurs, Richard Ramos, vous disent que les tickets restaurants,
03:58 ils avaient été détournés finalement de leur, comment dirais-je, de leur vocation première.
04:03 J'ai lu que moins d'un ticket restaurant sur deux était effectivement utilisé dans la restauration.
04:09 - Alors autrefois, c'était, mais on me fait rigoler, on me dit c'était frais pour les restaurateurs, c'est un restaurateur qui l'a créé.
04:14 Oui, les tickets restaurants, ils ont été créés en 1962 par un faiseur de malbouffe qui s'appelait Jacques Borrel.
04:20 Certains auditeurs sont trop jeunes, mais c'était la malbouffe sur les autoroutes.
04:25 On s'en souvient tout, quand on avait vacances avec nos parents.
04:28 - La caricature de l'aile ou la cuisse avec Louis de Funès.
04:30 - C'est exactement ça. Et donc, c'est fait pour se restaurer.
04:33 Et donc, oui, ça permet d'aller au restaurant, mais oui, on doit pouvoir faire un petit peu à manger chez soi pour le manger dans la cuisine du bureau.
04:41 Parce que c'est très important. Une fois que vous aurez gagné un petit peu en faisant votre salade de pâtes ou salade de riz,
04:46 vous aurez un peu plus de pouvoir d'achat et vos tickets restaurants.
04:49 Soit ça va vous aider, soit vous pourrez aller manger dans un bon restaurant.
04:53 - Mais est-ce qu'on ferait pas mieux de créer un chèque alimentaire finalement,
04:56 pour permettre aux gens les plus défavorisés, enfin qui ont le plus besoin,
04:58 les consommateurs qui en ont le plus besoin justement, de pouvoir faire des achats dans le commerce ?
05:04 - Peut-être qu'il vous a échappé que je suis en train de mettre en place une proposition de droit
05:10 sur la sécurité sociale alimentaire universelle.
05:13 Voilà, et donc ça demandera un grand débat, mais c'est pas pour les plus humbles.
05:17 C'est tout le monde à qui on donne une carte de crédit pour aller manger.
05:21 Et je vais expliquer comment on implémentera cette carte.
05:25 C'est-à-dire qu'on donne 20 euros à tout le monde sur cette carte, à tout le monde, à tout le monde.
05:28 Et par une activité, par exemple pour les étudiants en faisant l'aide au devoir,
05:32 on va implémenter cette carte jusqu'à 150 euros par mois.
05:36 Et là c'est intéressant parce que ce sera sans charge et sans impôts.
05:39 Donc oui pour aller manger, pour aller bien manger, il faut comme on fait le droit au logement,
05:44 il faut un droit au bien manger, on met une carte de crédit à tout le monde,
05:47 comme la carte ticket restaurant, c'est la même, mais universelle, universelle,
05:52 avec un prix très bas, et après c'est par son activité, je l'ai dit, les étudiants en l'aide au devoir,
05:57 quelqu'un qui est au RSA, il va venir aider à faire la plonge à la cantine,
06:00 et on va implémenter. Oui, il faut donner du pouvoir d'achat, oui, il faut apprendre à bien manger,
06:05 et c'est pour ça que je vais déposer bientôt la Sécurité Sociale Alimentaire Universelle.
06:10 - On aura l'occasion d'en reparler, Richard Ramos, une dernière question rapidement.
06:13 Donc ce ticket restaurant sous la forme que l'on connaissait, il est reconduit pour l'année 2024.
06:19 L'année prochaine, la question va se reposer, le gouvernement va vouloir revenir,
06:22 donc il va falloir rester vigilant. - Oui, la question va se reposer.
06:24 Moi je pense qu'il faut qu'on étudie à élargir le panier du ticket restaurant.
06:29 C'est-à-dire qu'on avait des produits qui étaient dedans, pas dedans, eh bien on va l'élargir,
06:34 c'est-à-dire que là où il faudra acheter de l'alcool, on ne prendra pas,
06:36 mais par contre pour les produits qui permettraient de faire à manger chez soi pour le bureau,
06:42 et tous les produits de base, on le ré-ouvre dans le panier du ticket restaurant,
06:47 et je pense que ça ferait une solution qui va être pérenne.
06:49 - Merci, merci Richard Ramos d'avoir été en direct ce matin sur Europe 1.
06:53 Député Modem du Loiret, excellente journée à vous.

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