Les tickets pour le frigo ou le resto ?

  • l’année dernière

Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie

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00:00 - Merci Anissa Haddadi. Emmanuel Ducroc c'est à vous. Alors on a entendu Bruno Le Maire tout à l'heure, ministre de l'économie, nous annoncer la prolongation
00:06 de la possibilité pendant toute l'année prochaine de payer ses courses avec les fameux tickets
00:13 restaurants. Eh oui parce que les tickets restos ça ne sert pas qu'à aller au resto. - Non il y avait une dérogation en août 2022
00:19 via la loi sur la protection sur le pouvoir d'achat
00:22 mais la mesure
00:23 temporaire de pouvoir acheter des courses avec les tickets restaurants doit s'arrêter au 31 décembre. Alors devant le tollé le gouvernement veut trouver un
00:29 moyen de la reconduire. Il faut une loi pour ça parce que le dispositif n'est pas initialement pensé pour faire les courses.
00:35 Il a été conçu il y a 50 ans pour permettre aux salariés qui n'ont pas accès à une cantine d'acheter un repas,
00:40 subventionné pour moitié par l'entreprise laquelle est exemptée de charges sur sa contribution.
00:45 C'est donc aussi, on oublie un peu de le dire, un dispositif qui est financé par l'état à hauteur d'1,5 milliards par an.
00:52 - Alors il faut dire que
00:53 bon les salariés qui leur bénéficient sont contents de cette idée de prolongation, de la possibilité de payer ses courses avec un ticket resto,
00:59 mais ça ne fait pas que des heureux. - Ah bah non, tout est une question de point de vue. Les professionnels de la restauration ne sont pas
01:03 du tout d'accord. Ils estiment que dans titre restaurant il y a un restaurant et qu'il doit donc continuer à leur profiter.
01:09 C'est un marché à plus de 8 milliards d'euros qui ne cesse de croître. Il y a 5 millions de bénéficiaires en France.
01:14 Les restaurateurs vivent assez mal que la grande distribution vienne siphonner cette manne. Pour les consommateurs c'est une autre paire de manches.
01:21 Les chiffres sont éloquents. 47% des titres restaurants sont utilisés hors des restaurants
01:28 depuis qu'on peut faire les courses avec.
01:29 On voit donc que les consommateurs en ont plus besoin pour maintenant remplir le frigo que pour payer les restos.
01:35 - Le gouvernement de toute façon est en train de réfléchir à la manière de faire évoluer ce
01:40 dispositif qui est surtout maintenant on va le dire c'est une béquille de pouvoir d'achat.
01:44 - Oui Bruno Lamer l'a dit tout à l'heure. Alors visiblement ça n'est plus très adapté. Le télétravail, les nouveaux besoins de pouvoir d'achat, vous venez de le dire,
01:50 font qu'il a besoin d'un lifting. Le problème c'est qu'il y a d'énormes intérêts économiques en jeu qui rendent le système très difficile à réformer.
01:57 Et c'est d'ailleurs ce que disait il y a peu l'autorité de la concurrence en octobre. Elle a rendu un rapport assez sévère sur le secteur.
02:03 Elle pointait un glaci de quatre acteurs qui trust 99% du marché du titre restaurant.
02:09 Ça rend impossible l'arrivée de nouveaux acteurs. Elle pointait aussi des commissions trop élevées
02:13 envers les restaurateurs. Une forme de captation de fonds puisque chaque acteur a l'exclusivité de ses titres.
02:18 Il les émet, il entretient un réseau de restaurateurs qui les acceptent. Tout ça est très peu transparent et il y a beaucoup de pertes.
02:24 - Il y a un côté d'ailleurs très paternaliste que vous pointez, du doigt en bonne libérale que vous êtes Emmanuel Ducrot.
02:30 Côté très paternaliste à ces tickets restaurants.
02:32 - Bah oui les tickets restaurants, les salariés en financent la moitié mais pour autant c'est une forme d'argent qu'ils ne peuvent pas dépenser
02:37 comme ils le veulent. La somme quotidienne est limitée, l'utilisation le dimanche est interdite par exemple. Même quand on travaille
02:43 c'est une liberté acquise mais c'est une liberté qui n'en est pas trop une quand même.
02:47 Ça mérite vraiment réflexion cette histoire. Subventionner un déjeuner,
02:50 tout le monde est d'accord, ça doit pouvoir s'entendre au restaurant, à emporter mais aussi préparer à la maison.
02:55 Alors est-ce qu'on ne pourrait pas imaginer simplement une enveloppe que les salariés dépenseraient à leur guise
02:59 plutôt que de diluer tout ça avec des fonds intermédiaires et de nourrir des sociétés au passage.
03:05 Alors les titres restaurants tels qu'ils sont ici sont une invention très française qui s'est d'ailleurs très très bien exportée
03:11 et on finit ici dans une de ces situations si françaises ou pour simplifier la vie des gens, pour les libérer,
03:16 on a fini par créer une bureaucratie compliquée, des parcours ultra fléchés.
03:21 Cette usine à gaz n'est pas publique, elle est privée mais ça ne change finalement pas grand chose.
03:25 C'est une autre de nos addictions à la subvention dirigiste dont nous devrions peut-être nous sevrer.
03:30 - D'ailleurs il faut rappeler que Ticket Resto en fait c'est une marque.
03:33 - C'est une marque, il y en a quatre sortes.
03:34 - Du groupe Eden Red qui à la base est une filiale d'AccorHotel et ils se sont séparés.
03:38 Ce qui est intéressant c'est qu'Eden Red ça pèse quasiment 13 milliards d'euros et AccorHotel ça en vaut 8.
03:42 C'est plus gros que la maison mère.
03:45 - Des chèques pour le déjeuner mais aussi des chèques cadeaux sur le même modèle.
03:48 - Tout à fait. Merci beaucoup Emmanuelle Ducrox, on vous retrouve demain mai-meur.

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