Comment l'armée malienne a-t-elle repris Kidal ?

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Transcript
00:00 Ça fait 10 ans que Bamako attendait ce moment, revenir dans Kidal et en reprendre le contrôle.
00:05 Ces choses faites depuis mardi, les famas aidées de Wagner sont entrées dans ce bastion
00:10 de la rébellion Touareg.
00:11 Cette dernière a reconnu s'être retirée mais elle affirme que la lutte va continuer.
00:16 Wassim Nasr, vous nous avez rejoint.
00:17 Lundi, sur ce même plateau, vous nous disiez que l'armée s'approchait de Kidal.
00:21 Cette fois, ça y est, la ville est reconquise.
00:23 Effectivement, on l'a dit lundi qu'ils étaient à 15 kilomètres.
00:26 Puis dans la journée, ils sont entrés dans le camp de la Minusma de Kidal.
00:30 Et puis hier, ils ont investi la ville.
00:33 Ce qui est intéressant à savoir, et on a les images de ce mouvement qu'il y a eu,
00:38 parce que l'avancée était sur la RN18, on voit sur la carte.
00:41 Puis il y a un contournement de la vallée vers le camp de la Minusma, puis vers la ville.
00:46 Et ce qui est intéressant, c'est que les mouvements rebelles qui étaient présents
00:50 à Kidal n'ont pas combattu.
00:51 Donc ils ont décidé de quitter la ville sans combat.
00:55 C'est assez intéressant.
00:56 Ils n'ont pas attendu l'arrivée des forces maliennes et de Wagner qu'on va voir en vidéo,
01:01 mais ils ont décidé de quitter avant.
01:03 Ils sont, d'après mes informations, à à peu près 30 kilomètres de la ville,
01:08 à l'heure où on parle.
01:10 Et là, on voit les éléments de Wagner et de l'armée malienne
01:13 dans des blindés typhoons et des blindés chinois.
01:16 Là, sur moto, on voyait un combattant de Wagner.
01:19 Et ce qui est intéressant là-dedans, c'est la première fois que Wagner accepte
01:22 ou laisse les gens filmer.
01:24 Donc là, on parle des gens, on l'a évoqué aussi lundi,
01:27 les gens qui ont décidé de rester et qui n'ont pas fui devant l'armée malienne.
01:32 Donc la majorité, on va dire des Touareg et des Arabes,
01:36 ont décidé de fuir en cours de route.
01:39 Mais d'autres Touareg, Arabes et d'autres populations,
01:42 comme les Sanghaïs, par exemple, ils ont décidé de rester
01:45 parce que pour eux, l'armée malienne et Wagner ne constituent pas une menace
01:50 comme pour les mouvements rebelles.
01:54 Même si c'est une petite foule qui a accueilli l'armée à son arrivée à Kidal.
01:58 Absolument, parce qu'il y a eu beaucoup de fuite en cours de route.
02:00 Les gens ont eu peur, en fait.
02:02 Comment est-ce que la campagne militaire a commencé, Wassim ?
02:05 On va voir sur une autre carte comment la campagne militaire a évolué
02:11 dans les dernières semaines.
02:14 Et donc, voilà la carte où il y a eu les principaux combats dans cette zone.
02:18 Donc, surtout, Bamba et Bourrem, où les forces rebelles ont essayé de contrer
02:23 la montée en puissance de l'armée malienne et les rassemblements de l'armée malienne,
02:28 mais aussi les combats à Annefis et à Alkit, juste avant Kidal,
02:33 ce dont on a parlé lundi.
02:35 Et on a des images du convoi de l'armée malienne et des Wagner
02:39 qui a été arrêté à Alkit.
02:41 Et là, on voit, c'est filmé de loin, mais c'est les dernières images,
02:44 des dernières positions que les forces rebelles ont tenues
02:49 avant l'arrivée en ville et vers le camp de l'aménagement
02:52 des forces maliennes et de Wagner.
02:55 Donc, ils avaient stoppé le convoi pendant plusieurs heures,
02:57 tout le long du week-end à peu près.
02:59 Donc, ça, c'était samedi. Ces images étaient samedi.
03:01 Et puis, on va regarder ce dont ils ont subi, en tout cas, les forces rebelles,
03:07 parce qu'Annefis, qu'on a vu sur la carte, rendait possible les frappes de drones à Kidal.
03:12 Et on va voir des images inédites, en tout cas, ou assez rares, disons,
03:16 de frappes de drones barriactaires turcs.
03:18 Donc, on les voit, on va les voir.
03:20 Ce n'est pas dans la même zone, mais juste pour qu'on ait une idée
03:25 de ce que ça signifie, une frappe de drone face aux forces rebelles.
03:31 - Et ça a changé la donne, ça ?
03:32 - Ça a changé la donne parce que la puissance aérienne
03:36 qui a ciblé les forces rebelles les a mis en situation très difficile.
03:41 Et là, on voit les rebelles en train de regarder le ciel.
03:44 Et tout de suite après, on va voir la frappe de drone.
03:47 Et c'est le seul exemple, en tout cas, de frappe de drone de l'armée malienne
03:50 filmée par les rebelles.
03:54 Et donc là, la frappe va avoir lieu.
03:56 Donc, ils essayent de tirer.
03:59 Mais bon, c'est très, très, très difficile à contrer,
04:03 sachant que les forces rebelles ont quand même descendu
04:05 plusieurs aéronefs de l'armée malienne.
04:07 Donc là, la frappe a lieu.
04:09 Vous voyez, ce qui est le propre des drones, c'est qu'ils peuvent rester longtemps en vol.
04:13 Il n'y a pas de pilote. Ils sont très manœuvrables.
04:15 Donc, il n'y a pas de drones qui ont été descendus par les rebelles,
04:18 mais des Su-25 ont été descendus, des albatros ont été descendus,
04:22 donc des avions de chasse en soutien au sol étaient descendus,
04:24 des hélicos ont été descendus, que ce soit par les rebelles ou par Al-Qaïda,
04:27 mais pas de drones.
04:29 Et c'est le facteur déterminant,
04:30 et ce qui a poussé, en tout cas, l'armée à prendre un éffice.
04:33 - Qu'est-ce qui a été différent à Kidal ?
04:35 Et puis, quelles conséquences politiques et militaires on peut tirer ?
04:38 - Ce qui a été différent à Kidal, on va voir là, on voit les images de Bamba.
04:43 Donc, Bamba, c'est une base qui a été attaquée par les rebelles,
04:45 justement, par rapport à ce qu'on a dit,
04:46 pour empêcher le regroupement de forces.
04:48 Il y a eu aussi une attaque à Bourême,
04:50 pour empêcher un regroupement de forces à Bourême,
04:52 où il y avait aussi des recrues Tuareg, pro-Bamako,
04:55 qui allaient participer à la montée vers Kidal.
04:59 Donc, ce qui est intéressant, c'est que ce qu'on voit ici,
05:02 et ce qu'on peut constater, en tout cas,
05:06 c'est que, que ce soit les forces rebelles du HCUA ou du MNLA dans le CSP,
05:11 elles travaillaient main dans la main, dans la région de Toumbouctou,
05:14 dans la région de Bamba, dans d'autres régions,
05:16 sauf que là, c'est des images de l'attaque d'Acharan d'Al-Qaïda,
05:20 et Al-Qaïda aussi était dans la danse, mais chacun de son côté.
05:23 Mais tout cet effort militaire, chacun de son côté,
05:26 empêchait l'armée malienne d'avancer.
05:28 Ce qui est intéressant à Kidal,
05:30 c'est qu'on a vu qu'Al-Qaïda a arrêté ses opérations
05:32 dans la région de Kidal depuis la mi-octobre.
05:35 Et que même au sein des forces rebelles, donc du CSP,
05:38 le HCUA qui était à Kidal a décidé de partir,
05:41 alors que le MNLA continue le combat.
05:44 Donc les conséquences sont,
05:46 puisque j'ai pu m'entretenir avec plusieurs acteurs,
05:49 on va dire, sur la région,
05:51 et Al-Qaïda, qu'on voit ici dans une autre vidéo, au Mali,
05:54 qui continue d'opérer ailleurs au Mali,
05:56 donc c'était une vraie question,
05:57 pourquoi ils ne sont pas rentrés dans la danse à Kidal ?
06:01 - Soutenir les rebelles. - Soutenir les rebelles.
06:02 Donc c'est une décision dogmatique d'Al-Qaïda
06:04 de ne pas soutenir les rebelles,
06:05 parce qu'il considère que Kidal est la capitale
06:08 des mouvements rebelles à majorité touareg,
06:11 et il ne voulait pas leur faire ce cadeau.
06:12 Et dans la logique d'Al-Qaïda,
06:15 la perte de Kidal, pour les mouvements rebelles,
06:18 va inciter les gens à plutôt rejoindre ces rangs à elle
06:21 que les rangs des groupes rebelles,
06:22 qui militairement, selon Al-Qaïda,
06:25 ont montré leur inefficacité et surtout leur division.
06:29 C'est ça qui est très intéressant à suivre.
06:31 Et d'ailleurs, dans les conséquences qu'on voit sur le terrain,
06:33 on voit sur ces vidéos,
06:34 ce sont les images de déplacés qu'on a pu avoir,
06:37 donc filmées par Suleymane Ag Anara,
06:39 c'était avant-hier, donc les déplacés à la frontière
06:42 avec l'Algérie.
06:43 Donc la situation militaire est très difficile.
06:46 Et ce genre de situation
06:47 pousse les gens aussi à prendre les armes.
06:50 Donc certes,
06:51 Bamako a pris Kidal, c'est un gain symbolique,
06:53 c'est un gain politique.
06:55 - Pour la junte.
06:56 - Pour la junte, exactement.
06:57 Mais la situation militaire n'est pas du tout stabilisée.
07:00 Et la position militaire la plus importante pour la junte aujourd'hui
07:03 n'est pas Kidal, mais plutôt Tessalit,
07:05 aussi à la frontière algérienne.
07:06 Donc c'est une nouvelle page qui s'ouvre.
07:09 Il y a des perdants, il y a des gagnants,
07:10 et il y a un équilibre sociétal et politique
07:13 qui va changer à Kidal.
07:15 - Et vous viendrez nous en parler.
07:16 Merci beaucoup, Wassim.

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