Violences faites aux femmes : comment devenir citoyen volontaire pour déceler les situations à risque ?

  • l’année dernière
Dans les Pyrénées-Orientales, la préfecture appelle les citoyens à rejoindre le dispositif de lutte contre les violences faites aux femmes. Déjà une vingtaine de personnes se sont engagées à déceler les situations à risque, afin d'orienter au mieux les victimes.
Transcript
00:00 Mais avant à 7h45, est-ce un féminicide ou pas ?
00:05 Toujours beaucoup de soupçons ce matin à Perpignan après la découverte du corps de cette femme de 38 ans.
00:10 C'était mardi, quartier du Moulin-Avent, dans un appartement.
00:14 L'occasion pour nous ce matin de revenir sur les dispositifs en place justement,
00:18 mis en place par les autorités pour protéger les femmes face aux violences.
00:21 Suzanne Chaudjahi, ce matin, votre invitée, c'est la déléguée aux droits des femmes et à l'égalité femmes-hommes à la préfecture des Pyrénées-Orientales.
00:28 Bonjour Pascaline, Robert Clément.
00:30 Bonjour.
00:31 On va bien sûr détailler tout ce qui a déjà été mis en place dans le département en matière de lutte contre les violences faites aux femmes.
00:36 Mais d'abord, expliquez-nous un peu ce nouveau dispositif.
00:39 Vous avez décidé de créer un réseau de citoyens volontaires, des citoyens capables de déceler les situations de violence.
00:47 Pour l'instant, il y a une vingtaine de volontaires.
00:49 Qui sont ces gens et comment vous les recrutez en quelque sorte ?
00:52 Alors c'est sur la base du volontariat.
00:54 On ne peut pas dire que c'est nouveau parce que ça fait déjà deux ans qu'on travaille sur ce projet avec un collectif d'associations et de partenaires publics.
01:02 Donc si vous m'interrogez sur les profils, on est sur tout type de profils.
01:06 Dans la mesure où ils sont obligés de s'engager dans une journée de sensibilisation.
01:10 Des femmes, des hommes ?
01:12 Alors pour l'instant, on a beaucoup de femmes.
01:14 Donc je lance un appel.
01:16 C'est un sujet qui doit être mixte.
01:18 Donc dans ces moments-là, si on peut s'en atteindre la mixité, ce sera victoire.
01:21 Donc au niveau des profils, c'est vraiment tout type de profils.
01:24 À ce jour, on a beaucoup d'élus local qui sont très concernés.
01:27 Parce qu'ils sont beaucoup au contact.
01:29 Et après, le travail du temps de formation dont je vous ai parlé, c'est aussi de veiller à ce que les personnes soient en capacité d'assurer cette mission.
01:39 Ce n'est pas une mission professionnelle.
01:40 Justement, c'est quoi la mission ? C'est de regarder ses voisins ?
01:44 Des pieds, c'est quoi en fait ?
01:46 Alors un terme qui parle bien, c'est sentinelle.
01:48 L'idée, c'est d'avoir un regard un petit peu plus avisé, plus acéré.
01:52 Et puis si les personnes sont confrontées à une situation, de ne pas être démunies pour aborder les choses avec la personne.
01:58 Là, comme ça, ça me fait penser aux voisins vigilants. C'est un petit peu le même principe.
02:02 Voilà, c'est un peu ce qu'on me dit. C'est un peu le principe.
02:03 Sauf que là, ça peut être vraiment dans son entreprise, ça peut être en tant que commerçant, ça peut être dans sa collectivité, dans son club sportif.
02:11 Et là où on est très vigilant côté organisation collective de formation, c'est que les personnes soient en capacité de se protéger elles-mêmes.
02:19 On ne va pas chercher des oraux qui vont sauver le monde.
02:22 On évite les personnes qui sont dans une recherche d'auto ou de thérapie.
02:25 Donc on fait ce travail-là aussi sur la journée.
02:27 Et puis les personnes ne sont pas obligées de s'engager.
02:29 Et nous, on peut aussi dire "là, ça ne va pas être bon".
02:31 C'est déjà arrivé une fois ou deux.
02:33 D'accord. Et après, ces personnes-là, leur mission, c'est soit de signaler aux autorités,
02:38 soit d'aller discuter avec la victime pour peut-être qu'elle fasse cette démarche ?
02:42 Dans l'idée, c'est vraiment la victime qui aura les informations, qui aura des informations et qui fera les démarches.
02:48 Ce réseau de volontaires, qui s'appelle Récis, Ressources Citoyennes dans les Territoires,
02:52 on n'envoie pas vers les volontaires.
02:57 C'est les volontaires qui décèlent et qui orientent vers les professionnels.
03:00 Et si jamais il y a des auditeurs ou des téléspectateurs qui souhaiteraient rejoindre ce dispositif,
03:05 qui sont intéressés, comment est-ce qu'ils doivent procéder ?
03:08 À qui ils doivent s'adresser en fait ?
03:09 À moi.
03:10 Donc votre collègue me proposait hier d'en mettre mes coordonnées, mon adresse mail sur votre site.
03:15 Tout à fait. D'accord. Donc c'est à vous qu'il faut s'adresser.
03:17 On propose sa candidature et après il y a un entretien peut-être ?
03:20 Alors, il peut y avoir un temps d'explication individuelle et collective qui peut être fait avec un des partenaires.
03:25 Donc les partenaires premier cercle, c'est France Victime, l'Apex et le Centre d'information aux droits des femmes.
03:30 Conseil départemental aussi.
03:32 Donc il y a un temps d'explication qui est vraiment aussi important
03:36 parce que si la personne sent que ça ne va pas lui convenir, c'est vraiment essentiel.
03:41 Et puis ensuite il y a ce passage en journée de sensibilisation, 8h-15h.
03:46 Pour expliquer tout le dispositif et les procédures.
03:48 Plus qu'expliquer, Pascalin va travailler vraiment sur le sujet, sur la charte d'engagement.
03:58 Il est 7h48, Pascaline Robert-Clément est notre invitée.
04:01 Déléguée aux droits des femmes et à l'égalité femmes-hommes auprès du préfet des Pyrénées-Orientales.
04:05 Alors on vient de détailler ce nouveau dispositif, les citoyens volontaires.
04:09 Mais il y en a d'autres ces dernières années dans les Pyrénées-Orientales.
04:11 Par exemple ces bracelets connectés que vous distribuez aux femmes qui vivent une situation à risque.
04:17 Est-ce que grâce à ces dispositifs vous observez une amélioration dans la détection des cas de violence ?
04:23 Alors ça c'est une question qui est compliquée.
04:26 Moi je suis convaincue qu'il y a une amélioration.
04:28 Puisque vous avez entendu parler du Grenelle de lutte contre les violences conjugales.
04:32 Qui a quand même mis en place plus de 50 mesures dans différentes institutions.
04:37 Donc de toute façon il y a des mesures qui sont nouvelles.
04:40 Il y a tout ce qu'il faut pour que les personnes soient accompagnées.
04:43 Il y a tout ce qu'il faut vraiment aujourd'hui ?
04:45 L'arsenal est là.
04:47 Et la difficulté c'est que les personnes qui sont concernées ou les témoins ou les proches
04:55 se disent "je suis en situation de violence et je vais me rapprocher d'une association pour me faire accompagner"
05:00 ou "je vais aller à la gendarmerie ou à la police".
05:02 C'est ce passage là qui est compliqué.
05:04 Alors on voit passer les chiffres ces derniers temps, par exemple au niveau régional.
05:08 On voit plutôt que le nombre de faits de violence augmente.
05:11 Comment est-ce que vous interprétez ça ?
05:14 Pour moi ils augmentent pour deux raisons.
05:17 On peut peut-être se dire "la violence dans notre société augmente".
05:20 Bon ok, ça peut s'entendre mais c'est un débat, une polémique.
05:24 Pour moi, dans la mesure où c'est un sujet qui devient un sujet de société réellement,
05:30 la société civile s'en empare, les élus locaux s'en emparent, les institutions s'en emparent réellement.
05:37 Donc il y a une légitimité à pouvoir dire "je suis victime".
05:41 Vous voulez dire qu'il y a plus de plaintes ?
05:44 On a beaucoup entendu "la parole se libère, la parole se libère".
05:47 Mais à un moment donné, si la parole se libère, ça veut dire qu'il y a un accompagnement derrière
05:51 de différents opérateurs, publics et privés, qui permettent aux femmes d'aller vers la plainte.
05:56 Donc les chiffres augmentent.
05:58 Est-ce que vous estimez que l'accueil, la prise en charge de ces victimes,
06:01 par exemple dans les commissariales, chez les policiers, les gendarmes,
06:05 est-ce que cette prise en charge est meilleure ?
06:07 Parce qu'on en a parlé aussi de ça parfois, entre le mauvais accueil...
06:13 Est-ce que ça s'est amélioré ? Est-ce que vous avez des retours là-dessus ?
06:16 Ah oui j'ai des retours. Pour moi ça s'est clairement amélioré.
06:18 Côté gendarmerie, c'est un exemple, tous les gendarmes, tous les militaires
06:22 sont passés sur des... pas sur des journées de formation.
06:25 C'est une des mesures du Grenelle.
06:27 Ce qui est compliqué dans ces sujets-là, c'est ce qui va revenir aux oreilles.
06:30 Et moi j'ai des situations qui me reviennent, mais je vais en avoir une sur 300.
06:34 C'est-à-dire par exemple ?
06:35 Où l'accueil ne va pas être bien fait.
06:38 On peut avoir en face quelqu'un qui ne prend pas en compte
06:41 la manière dont il doit accueillir.
06:44 Et ces mauvais retours, vous en aviez davantage avant ?
06:47 C'est ce que vous voulez dire ?
06:48 Alors moi je suis sur mon poste depuis 5 ans.
06:50 Donc vous dire qu'il y en avait davantage avant,
06:52 honnêtement je ne vais pas chercher à vous inventer une réponse.
06:56 Les personnes sont formées, les services collaborent,
07:01 les services publics et les associations.
07:04 Il y a des instances où les structures échangent sur des situations.
07:07 On a deux instances.
07:09 Des informations sont échangées, sous réserve que les personnes, les victimes soient d'accord.
07:15 Donc on est vraiment dans des processus d'accompagnement.
07:18 Alors il y a toujours ce qui vient aux oreilles,
07:20 et qui est compliqué, qui ne fonctionne pas.
07:22 Mais c'est des centaines de cas qui sont accompagnés,
07:24 et pour lesquels ça fonctionne.
07:25 Et il y a aussi une quarantaine de permanences
07:27 que vous mettez en place sur tout le territoire, dans tout le département.
07:31 Est-ce que vous savez si les femmes sont au courant déjà qu'elles existent ces permanences ?
07:34 Est-ce qu'il y en a beaucoup qui poussent la porte ?
07:37 Alors, j'ai évoqué une quarantaine de permanences.
07:40 Donc on a des permanences qui sont assurées par les associations,
07:44 que j'appelle moi spécialisées.
07:46 Aide aux victimes, oui.
07:47 Voilà, CID 2F, APEX, France Victime notamment.
07:50 Mais on a aussi des permanences dans les maisons France Service, dans les MSP,
07:53 où les personnes sont formées aux violences conjugales.
07:55 Alors ça ne veut pas dire qu'elles vont assurer un accompagnement,
07:57 mais normalement il y a une écoute qui est plus fine, plus avisée.
08:00 Et pour rediriger aussi.
08:01 Voilà.
08:02 Mais on a quand même une quarantaine de permanences.
08:04 Est-ce que les femmes sont au courant ?
08:05 On est toujours sur à quel moment je communique ?
08:07 Est-ce que ça sert à quelque chose d'ultra communiqué ?
08:10 Moi si je dois vous donner une information, c'est le 3919.
08:14 Disponible 24h/24, 7 jours sur 7.
08:18 Et le 3919, en fonction de la situation, va orienter vers chacun des partenaires.
08:23 Il y a une base de données que je renseigne.
08:25 Et elle est à jour.
08:26 Et bien sûr en cas d'extrême urgence, c'est le 17.
08:28 Les forces de l'ordre, évidemment.
08:30 Que ce soit pour les témoins ou pour les victimes.
08:32 Merci beaucoup Pascaline Robert-Clément d'avoir été avec nous ce matin.
08:35 Vous êtes la déléguée aux droits des femmes et à l'égalité femmes-hommes
08:38 à la préfecture des Pyrénées-Orientales.
08:40 A bientôt.

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