Zoom - Romain Baubry (député) : Prisons, personnels pénitentiaires : le grand abandon

  • l’année dernière
Romain Baubry, député du Rassemblement National des Bouches-du-Rhône, est référent pour son groupe parlementaire de la mission "administration pénitentiaire" dans le cadre du projet de loi de finances 2024. Ancien gendarme et policier, surveillant pénitentiaire pendant plusieurs années, Romain Baubry s’est rendu sur le terrain pour connaitre les revendications des personnels des prisons françaises. Dans la continuité de la Commission d’enquête visant à mettre en lumière les dysfonctionnements de l’administration pénitentiaire à la suite de l’assassinat d’Yvan Colonna, Romain Baubry s’est déplacé dans plusieurs prisons ou centres de détention en Corse. Il a mené une étude et une évaluation approfondie des conditions de détention, des conditions de travail du personnel et du niveau de sécurité des structures. Il fait part de ses travaux et de ses conclusions dans un entretien accordé à TVL.

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Transcription
00:00 [Musique]
00:22 Et mon invité est le député Romain Bobry.
00:24 Bonjour Romain Bobry.
00:25 Bonjour.
00:26 Vous êtes élu hérène dans la 15e circonscription des Bouches-du-Rhône,
00:30 conseiller municipal de Sénat,
00:32 c'est une circonscription qui englobe, pour nos amis téléspectateurs,
00:35 Saint-Rémy-de-Provence.
00:37 Et nous allons parler avec vous de sécurité dans les prisons.
00:40 Vous êtes le référent du Rassemblement national
00:43 dans la mission administration pénitentiaire,
00:46 dans le cadre du projet de loi de finances 2024.
00:48 Et est-ce que c'est un atout précieux ?
00:50 Je pense qu'en dehors de votre parcours politique récent,
00:54 vous avez été gendarme, puis policier,
00:57 mais aussi surveillant pénitentiaire.
00:59 Est-ce que ça c'est pour vous un atout ?
01:01 Je le pense.
01:02 Je le pense parce que ça permet d'avoir vraiment les réalités du terrain
01:08 qui peuvent être portées au plus haut niveau dans ce pays,
01:11 c'est-à-dire à l'Assemblée nationale.
01:13 Effectivement, je me suis engagé à l'âge de 18 ans en gendarmerie.
01:17 Ensuite, c'était l'époque où il n'y avait plus de recrutement de sous-officiers
01:22 suite aux réductions d'effectifs.
01:24 Donc, je me suis dirigé, comme beaucoup d'autres à ce moment-là,
01:27 vers l'administration pénitentiaire,
01:29 administration dans laquelle j'ai exercé 5 ans.
01:31 Et puis ensuite, j'ai fait à peu près 8 ans au sein de la police.
01:36 Mais je pense qu'effectivement, ce parcours me permet d'avoir des éléments concrets
01:41 liés à la sécurité publique et puis à ce que vivent les Français au quotidien.
01:47 Peut-être une incidente quand même, rapidement.
01:49 Pourquoi ce parcours professionnel s'arrête avec un parcours politique ?
01:53 Pourquoi un engagement d'un secours politique ?
01:54 Il ne fallait plus continuer dans la police.
01:56 Il y a quelques années déjà, je m'étais bien rendu compte
01:59 que la police, au fond, ne pouvait pas grand-chose.
02:02 C'était surtout les politiques qui avaient les clés en main
02:05 pour assurer la sécurité des Français.
02:07 C'est eux qui étaient décisionnaires de toutes les bonnes solutions,
02:12 j'ai envie de dire, qui pourraient œuvrer pour assurer la sécurité des Français.
02:17 Sauf qu'en fait, ils font davantage de communication
02:20 que de choses qui permettraient d'assurer véritablement la sécurité des Français.
02:26 Donc en fait, il y a quelques années, je me suis dit que ces politiques,
02:28 il fallait les remplacer. Et c'est ce que je m'attache à faire.
02:31 Est-ce que c'est en raison de ce prisme professionnel
02:34 que quand vous visitez les établissements pénitentiaires,
02:37 comme vous l'avez fait, et on va en parler,
02:38 votre attention se porte plus sur les conditions de travail du personnel
02:42 plutôt que sur les conditions de détention des prisonniers ?
02:45 C'est aussi un vrai problème.
02:47 Les conditions de détention des prisonniers,
02:51 s'il y a de mauvaises conditions de détention,
02:52 ça influe de toute façon sur les conditions de travail du personnel.
02:55 Donc en fait, les deux sont extrêmement liées.
02:58 Lorsque je vais visiter un établissement pénitentiaire,
03:01 effectivement, j'apporte beaucoup d'attention sur l'aspect sécuritaire.
03:05 Mais je n'oublie pas du tout aussi les conditions
03:08 dans lesquelles se fait l'exercice de ce métier.
03:10 Il n'y a pas de plaisir à travailler dans un environnement dégradé,
03:17 au milieu des rats, au milieu des moisissures.
03:20 Donc non, l'un influe obligatoirement sur l'autre.
03:24 Dans la continuité, la commission d'enquête visant à mettre en lumière
03:27 les dysfonctionnements dans l'administration pénitentiaire
03:31 à la suite de l'assassinat d'Ivan Colonna,
03:33 vous avez visité plusieurs prisons Corse,
03:37 si je ne trompe pas, Borgo, Bastia, Ajaccio et Aleria.
03:41 Et votre constat, vous l'avez dit, il est sans appel.
03:44 Vous dites que c'est un état inquiétant pour la sécurité de nos prisons,
03:49 pour la sécurité des prisons en Corse ou pour la sécurité de toutes les prisons,
03:53 à partir de l'exemple Corse.
03:55 Il y a beaucoup à faire, de toute façon, sur tout le territoire
04:00 en termes de sécurité pénitentiaire.
04:02 Pour parler du sujet Corse, en fait,
04:05 je m'y suis rendu parce qu'à la suite de cette commission d'enquête,
04:09 je voulais voir par moi-même s'il était possible d'accueillir des détenus
04:14 avec des profils lourds, des détenus notamment classés DPS.
04:17 Ça avait été le sujet, c'était de cette façon-là qu'était classé Ivan Colonna.
04:22 Et c'est ce qui a empêché son retour en Corse.
04:25 Et il avait été du coup fait état,
04:28 l'État avait envisagé la possibilité d'accueillir ces détenus DPS,
04:33 notamment à la prison de Borg.
04:36 En fait, ce que je me suis rendu compte,
04:38 c'est que les conditions sécuritaires actuelles ne permettent pas
04:41 que ce soit à la maison d'arrêt d'Ajaccio
04:44 comme au centre pénitentiaire de Borg d'accueillir ces détenus.
04:47 Parce que, outre le fait qu'il y a un problème d'effectifs,
04:50 la structure telle qu'elle est faite,
04:53 en termes de niveau sécuritaire,
04:56 ne permet pas d'assurer une sécurité accrue
05:00 pour des profils dangereux et extrêmement surveillés.
05:05 – Oui, mais sur l'affaire Colonna,
05:07 ces dix enceintements que vous relevez,
05:10 est-ce qu'ils permettent de mieux comprendre,
05:12 en-delà des zones d'ombre sur l'assassinat d'Ivan Colonna,
05:16 que ça permet de comprendre que l'agression
05:19 qui avait été perpétrée par Franck Elenga-Abbé
05:22 ait pu durer 8 minutes, 8 minutes,
05:26 M. le député, sous le regard d'une caméra de surveillance,
05:28 sauf qu'aucun surveillant ne vienne intervenir ?
05:31 Est-ce que vous pensez qu'en regard de ce que vous avez vu,
05:35 ça peut exister ?
05:36 – On peut s'interroger, mais moi je ne suis pas surpris.
05:40 Je ne suis pas surpris parce qu'il y a un manque d'effectifs
05:43 dans l'établissement de militancière.
05:45 Donc en fait, un surveillant,
05:47 on lui demande d'effectuer de nombreuses tâches
05:49 annexes en même temps de surveiller la partie de secteur qu'il a à surveiller.
05:55 Donc en fait, on leur demande d'être au four et au moulin.
05:57 Concernant le fait que ça soit passé sous caméra,
06:02 là aussi je ne suis pas étonné.
06:05 Les surveillants qui ont ce retour caméra
06:10 ont extrêmement… enfin ont d'autres tâches à gérer en même temps.
06:14 Ils font face en fait à un mur de caméra
06:16 avec des dizaines, parfois même des centaines de retours vidéo.
06:20 Et ça ne leur permet pas d'assurer une surveillance accrue
06:26 du champ couvert par les caméras.
06:29 Ce qu'il faut, c'est pour ça que moi j'ai accès en ce sens,
06:33 en faisant le constat qu'il y avait un manque de personnel.
06:36 Il fallait peut-être aussi privilégier l'intelligence artificielle
06:39 par rapport à cette vidéosurveillance
06:42 pour faciliter le travail du personnel qui se trouve derrière les écrans.
06:48 – Alors revenons en Corse.
06:50 Vous avez rencontré les organisations syndicales.
06:52 Elles utilisent un terme que vous avez repris, c'est l'abandon.
06:56 Il y a un sentiment d'abandon.
06:58 Est-ce que vous considérez que les personnels pénitentiaires sont maltraités ?
07:03 – Oui.
07:04 – Maltraités ou maltraités en un seul mot d'ailleurs ?
07:06 – C'est-à-dire que ça ne date pas d'hier.
07:08 C'est un constat qui se faisait déjà mais il y a plus de dix ans.
07:13 Lorsque j'exerçais, je voyais bien que…
07:16 on voulait souvent mettre les problématiques sous le tapis.
07:18 On disait qu'il n'y avait pas de moyens, il n'y a pas d'effectifs, pas de moyens.
07:22 En fait, le personnel est laissé pour compte.
07:26 Dans de nombreuses prisons en France,
07:28 le personnel vient travailler avec la boule au ventre
07:30 parce qu'ils savent qu'ils vont faire face,
07:33 pendant leur temps de service, à des agressions, à des menaces, à des insultes,
07:38 qu'ils ne sont pas toujours soutenus par la direction
07:41 parce qu'on leur demande surtout que la détention soit calme.
07:45 Donc peut-être des fois de transiger avec les mesures sécuritaires.
07:49 Et en fait, ça crée de l'anxiété envers le personnel.
07:55 Et puis c'est ce qui conduit à de nombreux arrêts maladie
07:58 et puis aussi à beaucoup de démissions.
08:00 Il y a aussi beaucoup de personnel qui se dirigent ensuite
08:02 vers d'autres administrations dès qu'ils le peuvent
08:04 ou beaucoup qui arrêtent leur carrière.
08:07 – Vous avez fait toute une série de propositions très concrètes
08:09 sur les centres pénitentiaires de Borgo,
08:12 le centre de détention ouvert de Casablanca à Liera
08:15 ou encore la maison d'arrêt d'Ajaccio.
08:17 Rapidement, quelles sont les propositions que vous avez pu faire
08:20 qui sortent de l'ordinaire ?
08:22 – Ce que j'ai fait, c'est que j'ai proposé, notamment sur Borg,
08:27 la construction d'un nouveau bâtiment sur le domaine pénitentiaire.
08:31 Parce qu'on entend souvent le garde des Sceaux dire
08:33 qu'il veut construire des prisons mais les municipalités refusent.
08:39 Ce que je lui propose, c'est déjà de construire sur le domaine pénitentiaire existant.
08:43 Ce foncier appartient déjà au ministère de la Justice.
08:47 Il y a encore la capacité de construction sur ce domaine pénitentiaire.
08:50 Alors, utilisons-le.
08:52 Et là, c'est ce que j'avais proposé, notamment sur Borg.
08:56 C'était la construction d'un bâtiment spécifique
08:59 pour être en capacité d'accueillir des détenus classés DPS,
09:03 donc des détenus dangereux,
09:05 avec la construction d'un nouveau mirador qui donnerait face à ce bâtiment,
09:11 et ensuite avec tout un système de sécurité périphérique,
09:15 système de vidéosurveillance qui se récouplait
09:18 pour assurer une parfaite sécurité de ce bâtiment
09:21 et qui permettait de recevoir les profils qu'on ne peut pas accueillir actuellement en Corse.
09:26 – Vous avez fait appel au CIS technologie, vous avez parlé de l'intelligence artificielle.
09:30 Vous évoquez par exemple aussi la technologie qui viserait à intégrer l'utilisation
09:35 des bracelets électroniques dotés de géolocalisation.
09:38 Ce n'est pas gadget tout ça ?
09:40 – Alors ça, ce n'est pas gadget parce que ça, c'est notamment la proposition que j'ai faite
09:44 sur le centre de détention de Casablanca.
09:48 Parce que le centre de détention de Casablanca est quand même un établissement pénitentiaire,
09:52 parce que ça reste un établissement pénitentiaire, il ne faut pas l'oublier,
09:55 qui est particulier et unique en France.
09:57 C'est un domaine de 1500 hectares agricoles sur lequel, j'ai envie de dire,
10:06 vont et viennent à leur guise les détenus sans vraiment surveillance,
10:13 parce que le personnel est en petit nombre et ils ne peuvent pas surveiller
10:17 des détenus qui prennent le tracteur le matin, qui vont travailler sur l'exploitation agricole
10:23 et puis se dispersent un petit peu partout sur le domaine.
10:26 Ce n'est pas faisable, il y a eu des évasions de ce centre de détention.
10:31 – Mais c'est une question, finalement, est-ce que cette semi-liberté ou cette liberté surveillée
10:35 évite les évasions ou est-ce que c'est le même taux d'évasion que dans une prison normale ?
10:40 – Il y a eu, ça n'évite pas les évasions puisqu'il y en a eu.
10:45 Par le passé, il y a eu des détenus qui ont été notamment, un qui a été retrouvé à Saint-Etienne,
10:49 donc ça veut dire qu'il a même réussi à quitter Lille.
10:52 Et on parle quand même de détenus qui majoritairement sont là pour des affaires de meurtre.
10:56 Ils sont là pour des actes de pédophilie, des viols ou des meurtres dans la sphère privée.
11:04 Donc, savoir qu'une centaine de détenus peuvent circuler en totale liberté
11:12 sans mur d'enceinte autour du domaine pénitentiaire, ça pose des questions.
11:16 Il ne faut peut-être pas remettre en cause ce modèle qui est unique,
11:21 mais il faut peut-être y assurer davantage de sécurité.
11:24 Et notamment, c'est pour ça que je proposais ces bracelets géolocalisables,
11:28 un petit peu à la manière des bracelets lorsque des personnes sont placées sous bracelets électroniques.
11:34 C'est qu'on s'aperçoive rapidement qu'un détenu sort du domaine pénitentiaire
11:41 et puis si jamais il l'arrache, voilà, qu'il y a une alerte
11:43 et que le personnel puisse réagir rapidement.
11:45 – Alors, vous avez présenté ces propositions-là,
11:47 ce forme d'amendement à l'Assemblée nationale.
11:49 Quel est le cas qui a été réservé à la fois par l'État,
11:53 par le gouvernement ou par les autres partis politiques, les autres groupes politiques ?
11:59 – Le gouvernement s'est juste contenté de rejeter ces propositions,
12:04 sans vraiment, sans explication.
12:06 – C'est pas d'argument ?
12:07 – Pas d'argument, non, non, pas d'argument.
12:09 Mais je demanderai aux gardes d'Essode, je lui demanderai des comptes
12:12 sur comment ils comptent, du coup, notamment, faire pour accueillir des détenus DPS en Corse.
12:17 Parce que, alors, il faut donner quand même une suite à cette commission d'enquête.
12:20 Si ça ne s'agit pas juste de faire une commission d'enquête en faisant des recommandations,
12:23 d'ailleurs, c'est bien de les mettre en œuvre.
12:25 Ou alors, on ne veut rien changer et puis on attend aussi le prochain drame
12:29 et la prochaine problématique.
12:31 Et quant aux autres partis, enfin, surtout le parti de la majorité présidentielle
12:38 allié avec la gauche et l'extrême-gauche,
12:41 ils ont balayé d'un revers de la main ces propositions,
12:44 mais parce qu'ils ne connaissent pas, ces personnes-là ne connaissent pas,
12:49 ils sont hors sol, ils n'ont aucune expérience dans le domaine de la sécurité publique.
12:55 Vous en avez qui en parle beaucoup, mais jamais l'ont exercée.
12:59 Et ça, ça pose un problème parce que lorsque vous avez la chance
13:04 d'avoir une Assemblée nationale aussi diversifiée comme elle ne l'a jamais été auparavant,
13:08 avec des députés qui viennent de milieux professionnels variés,
13:16 c'est bien aussi de prendre en considération peut-être leur expérience,
13:20 ce qu'ils connaissent du terrain, et puis alors qu'ils vont encore en plus
13:23 prendre l'avis du terrain, d'écouter ce qu'on a à leur dire.
13:26 – Ce qui me surprend, c'est que ce ne sont pas des propositions idéologiques,
13:30 en fait, c'est-à-dire qu'elles pourraient trouver l'agrément
13:33 et l'accord de l'ensemble de la classe politique.
13:36 Est-ce que vous pensez aussi que là, vous avez rencontré les organisations syndicales,
13:40 elles ont bien raison de le faire, qu'il faudrait mieux payer
13:44 les personnels pénitentiaires, est-ce que vous pensez que c'est une réponse aussi à la question ?
13:51 – Alors là, vous savez, le personnel pénitentiaire, notamment le personnel de surveillance
13:55 qui est actuellement catégorie C de la fonction publique, va passer catégorie B.
14:02 Ça, c'est une demande qu'ils ont depuis très longtemps.
14:04 Mais je n'ai pas attendu les annonces du garde des Sceaux
14:07 pour le proposer à l'Assemblée nationale.
14:11 Je l'ai proposé, il y a plus d'un an déjà,
14:14 déjà j'en parlais il y a un an en commission des lois,
14:16 où j'expliquais qu'avec ce problème de recrutement d'effectifs,
14:22 il fallait peut-être valoriser, revaloriser le métier de surveillant.
14:26 Et bien sûr, les conditions salariales, ils font pour beaucoup.
14:31 Les faire passer en catégorie B, mais c'est une juste reconnaissance
14:36 de la pénibilité aussi de ce métier, qui est exercé par un personnel
14:42 qui a vraiment le courage, chaque jour, d'aller prendre les clés des étages,
14:47 puis d'aller gérer la population pénale.
14:49 Mais il faut aussi travailler sur les conditions de vie de ces surveillants.
14:54 Parce qu'en fait, le rythme de travail est très particulier dans l'administration pénitentiaire.
14:59 Ça ne permet pas forcément d'allier aisément le côté professionnel et le côté familial.
15:09 Quand vous avez un week-end sur six, c'est difficile pour la famille aussi.
15:12 Donc en fait, il faut aussi travailler sur cet aspect conditions de vie,
15:16 conditions de travail en règle générale, et pas juste là, accepter,
15:21 c'est bien, oui il fallait qu'ils passent en catégorie B,
15:24 mais ça ne doit pas s'arrêter là. Il faut aussi y aller voir plus haut.
15:26 Je pose cette question-là parce qu'en lisant vos propositions, je me suis dit aussi,
15:30 à un moment donné, bon ben voilà, député Bobry, il faut supprimer la vétusté dans les prisons,
15:36 qu'il faut faire plus de prisons, petit ajaxo par exemple,
15:39 en dehors du centre-ville, une supplémentaire.
15:42 Et je me suis dit, tout ça, ce sont des propositions que j'entends moi.
15:45 Alors, vous êtes jeune, vous avez 34 ans, moi je suis un petit peu plus âgé que vous,
15:48 et j'entends ça depuis des décennies, des décennies, sur les questions des prisons.
15:54 J'ai eu le rapport Christine Boutin, il y a une dizaine d'années,
15:57 qui avait posé les mêmes problématiques que vous.
15:59 Tout ça, tout s'effondre, on a le sentiment que les prisons, tout s'effondrent,
16:03 et que finalement, rien ne bouge. Pourquoi rien ne bouge ?
16:05 C'est idéologique, politique, ou c'est parce qu'il n'y a pas l'argent ?
16:08 Si il n'y a pas l'argent, on peut comprendre, si c'est politique, idéologique, c'est différent.
16:12 C'est peut-être un peu d'étroit.
16:14 Bien sûr, il y a un vrai côté politique, surtout quand c'est des propositions
16:18 qui émanent de députés du Rassemblement National, on va tout de suite l'écarter.
16:25 Donc oui, il y a une question politique, une question idéologique certainement,
16:30 parce qu'au fond, on ne veut pas voir la réalité de la situation.
16:38 Il faut bien sûr construire des places de prison, c'est un coup.
16:41 Mais aussi, on peut libérer des places de prison.
16:44 Et ça commence déjà par expulser de nos prisons les délinquants et criminels étrangers.
16:49 C'est à peu près 25% des détenus dans nos prisons.
16:58 Et je ne parle pas de binationaux, je parle vraiment là, strictement, de détenus étrangers.
17:02 Donc en fait, il n'y a jamais eu cette volonté d'expulser ces délinquants et criminels.
17:07 Donc effectivement, à côté de ça, on manque de places de prison,
17:11 on n'encarcère pas assez aussi, courte peine.
17:14 – Est-ce qu'il faut jouer sur le répressif ?
17:16 Je vous ai vu monter à la tribune de l'Assemblée Nationale
17:20 pour défendre l'idée de la suppression des allocations familiales,
17:23 pour les parents de délinquants, ça c'est un caractère répressif.
17:26 C'est aussi une notion qu'il faut intégrer dans un combat comme le vôtre.
17:30 – Bien sûr, mais l'aspect répressif, ça a aussi un aspect dissuasif.
17:34 Il faut aussi le mettre en corrélation.
17:37 Mais à un moment donné, je pense qu'il faut de toute façon passer par la répression.
17:41 Il ne reste que ça.
17:42 Lorsque vous avez des personnes qui ne sont pas incarcérées,
17:45 parce qu'ils ont pris moins d'un an de prison,
17:50 parce que c'est directement aménageable, donc ils ne sont pas incarcérés,
17:53 mais en attendant, ils sont encore, j'ai envie de dire, dans l'espace public,
17:56 mais ils multiplient le nombre de victimes.
17:59 Et ça, la société, aujourd'hui, je pense qu'elle ne peut plus l'entendre.
18:04 C'est ce qui vient aussi encombrer les services de police.
18:08 C'est toutes ces infractions commises toujours par les mêmes individus.
18:12 Si on les mettait hors d'état de nuire rapidement,
18:14 je vous garantis qu'il y aurait moins de dossiers
18:16 qui s'entasseraient sur les bureaux des officiers de police judiciaire.
18:19 – Vous pouvez dire, en arrivant, que vous saviez que votre engagement
18:22 au Rassemblement national datait de plus de 10 ans.
18:24 Je regardais, avant cet entretien, vos propositions,
18:27 les propositions de votre mouvement sur la sécurité,
18:30 notamment la bourgeoise qui a été faite dans le cadre de la présidentielle de 2022.
18:33 Il n'y a rien sur les prisons, alors strictement rien.
18:36 Est-ce que ça, c'est de votre responsabilité
18:38 ou est-ce que vous êtes là pour faire bouger les choses ?
18:41 – On est tous là pour faire bouger les choses.
18:43 Après, il n'y avait peut-être rien spécifiquement concernant les prisons,
18:47 bien que je ne sois pas forcément en accord,
18:49 parce qu'en fait Marine Le Pen proposait aussi
18:51 la création de places de prison supplémentaires.
18:54 Elle avait même annoncé le chiffre de 40 000 places.
18:57 Elle veut des établissements aussi spécifiques
18:59 en fonction des profils des détenus.
19:02 Pour des détenus avec des troubles psychiatriques,
19:06 des établissements pénitentiaires spécifiques aux détenus radicalisés
19:10 ou incarcérés pour des actes de terrorisme.
19:13 Et également des établissements spécifiques pour des courtes peines.
19:18 Donc en fait, il y a quand même des propositions.
19:21 Alors peut-être qu'elles n'ont pas été suffisamment mises sur le devant de la scène,
19:26 mais en tout cas, on a quand même des éléments
19:29 sur le domaine pénitentiaire à apporter.
19:31 Et d'ailleurs, pendant le projet de loi de finances,
19:35 ou lors du projet de loi de justice,
19:38 mes collègues députés avaient eux aussi fait des propositions
19:42 concernant l'administration pénitentiaire et les prisons françaises.
19:45 – Je me souviens encore, pendant longtemps,
19:47 votre parti a établi dans l'échelle des peines pénales en France,
19:51 avec un caractère répressif, j'entends,
19:54 le rétablissement de la peine de mort.
19:56 Est-ce qu'à titre personnel, vous êtes favorable
19:58 au rétablissement de la peine de mort ?
19:59 Je parle à l'ancien policier, à l'ancien gendarme,
20:01 à l'ancien surveillant pénitentiaire.
20:03 Ou est-ce qu'il faut interroger les Français par référendum ?
20:07 – Je pense que sur ce genre de sujet, effectivement,
20:09 c'est les Français, dans leur ensemble, qui doivent se prononcer,
20:13 parce que c'est quand même un sujet extrêmement important,
20:17 clivant aussi.
20:19 Donc effectivement, je pense que c'est le genre de sujet
20:22 sur lequel les Français devraient donner leur avis.
20:25 – Et à titre personnel ?
20:26 – Et à titre personnel, c'est pareil,
20:31 je ne suis pas forcément fermé sur la question.
20:35 C'est pareil, c'est vraiment un sujet délicat.
20:39 Ça peut peut-être correspondre à une attente
20:42 par rapport à certains crimes.
20:44 On voit notamment des crimes sur enfants,
20:48 parce qu'on sait que des tueurs en série
20:51 qui sont incarcérés ou qui ont été incarcérés sont ressortis.
20:55 Et puis ont pu réitérer leurs actes.
20:58 Donc peut-être que cette question-là devrait être tranchée avant tout
21:03 par les Français, parce que je pense que c'est à eux,
21:06 sur un sujet comme celui-ci, avec leur intime conviction,
21:09 de se positionner.
21:11 – Je vais vous formuler la question différemment,
21:13 je vais quitter le titre personnel, j'ai bien compris,
21:15 pour arriver plutôt à une autre notion,
21:17 c'est est-ce que s'il y avait un référendum,
21:19 initié par votre mouvement "Arrivée aux affaires",
21:22 qu'est-ce que les Français répondraient, de votre point de vue ?
21:27 Est-ce qu'ils seraient partisans du retour de la peine de mort,
21:30 ou est-ce qu'ils ont considéré que l'abrogation de la peine de mort,
21:33 c'est une avancée historique, et qu'il faut mieux une perpétuité réelle,
21:38 etc. En votre intérieur, la réponse des Français ?
21:41 – Il faudrait déjà une perpétuité réelle incompressible.
21:44 Mais effectivement, ce n'est pas forcément encore le cas aujourd'hui.
21:47 Honnêtement, je ne sais pas.
21:50 Je ne sais pas parce que ce sujet est tellement…
21:54 Je pense que les avis sont vraiment divers,
22:02 en fonction aussi peut-être des personnes qui seraient interrogées,
22:06 moi-même, dans mon entourage, pour avoir déjà abordé cette question-là,
22:12 les avis divergent.
22:14 – Y compris dans vos militants ?
22:16 – Je ne parle pas forcément du militant,
22:18 mais dans le milieu de la sphère familiale ou amicale,
22:22 c'est vrai que c'est un sujet qui ne réunit pas unanimement les personnes
22:28 sur un oui ou sur un non.
22:30 Il y a toujours un critère peut-être aussi,
22:33 en fonction de la question qui serait posée,
22:36 en fonction du crime qui aurait été commis,
22:38 est-ce qu'on rétablit pour ce genre de crime la peine de mort,
22:42 et pour d'autres, peut-être pas.
22:44 – Ça fait 18 mois que vous êtes à l'Assemblée nationale, à peu près.
22:47 En quelques minutes, quelques instants même,
22:49 le regard que vous portez sur votre travail sur l'Assemblée nationale elle-même ?
22:54 – Eh bien, on se rend compte quand même que les faire bouger,
23:00 faire bouger le gouvernement, c'est difficile,
23:03 parce qu'ils sont dans une position très dogmatique.
23:08 Nos propositions sont quand même plébiscitées par une majorité des Français,
23:12 et pour autant, à l'Assemblée nationale, on fait comme si ça n'existait pas.
23:19 On préfère, le gouvernement préfère quand même s'allier avec l'extrême gauche,
23:25 qui marche sur nos institutions, mais apparemment c'est pas si grave que ça,
23:30 plutôt que d'écouter ce que nous proposons.
23:33 Parce que nous, on estime être un parti de gouvernement, et on l'est.
23:38 On l'est, et on est en train de démontrer que nous sommes prêts, dans tous les cas,
23:42 à gouverner en 2027.
23:44 Donc, ce que l'on fait à l'Assemblée nationale,
23:46 je pense que les Français le perçoivent.
23:50 Avant, il n'y avait pas cette capacité,
23:54 il n'y avait pas cette capacité de la part de nos députés
23:58 à faire savoir le travail qui pouvait être mené par tout un groupe politique,
24:03 comme le nôtre, et là, actuellement, on est en train de le démontrer.
24:06 Donc, notre position à l'Assemblée nationale, le travail que l'on fournit,
24:10 est extrêmement dense, et je pense qu'il sera bénéfique pour la suite,
24:14 et pour les prochaines échéances.
24:16 – Allez, toute dernière question, Romain Boeubry,
24:18 il se trouve mieux à Sénas comme député dans sa circonscription,
24:21 ou à l'Assemblée nationale pour défendre ses textes ?
24:24 – Ah ben écoutez, moi j'essaie d'avoir un parfait équilibre
24:28 entre l'Assemblée nationale et la circonscription.
24:32 – Ce que vous préférez, vous ?
24:33 – Ce que je préfère, moi, ben en fait…
24:34 – C'est pas facile de vous faire parler de vous, c'est remarqué, on va y arriver.
24:37 – Oui, alors, j'adore être ici, et j'adore être sur ma circonscription,
24:42 parce que j'aime beaucoup aussi la politique nationale,
24:44 donc ce que je viens défendre ici, pour moi, est extrêmement important,
24:48 et bien que ce que je défends ici, c'est aussi souvent un travail de réflexion
24:55 mené sur la circonscription, et puis effectivement,
24:59 d'être sur la circonscription avec la population,
25:02 dans tous les événements auxquels je participe,
25:04 c'est aussi très enrichissant, parce que l'un doit aller avec l'autre,
25:08 on ne peut pas juste rester à Paris, et puis défendre une politique à Paris,
25:14 qu'on va faire appliquer ensuite dans nos circonscriptions,
25:16 au contraire, ça doit venir de nos circonscriptions, pour être défendu à Paris.
25:20 – Merci monsieur le député.
25:21 – Merci à vous.
25:22 [Musique]

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