L'interview d'actualité - Armel Le Cléac'h 

  • l’année dernière
Il a remporté la Transat' Jacques Vabre à la voile avec Sébastien Josse, le navigateur Armel Le Cléac'h est l'invité de Marie Portolano. Un périple entre le Havre et Fort de France de 14 jours, 10 heures, 14 minutes et 50 secondes sur lequel il revient pour nous. 

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Transcription
00:00 Bonjour Armel Cléac'h.
00:01 Bonjour.
00:01 Merci d'être avec nous ce matin.
00:03 Alors on va saluer également Sébastien Joss qui est en direct de la mer des Açores.
00:07 Alors la liaison est un petit peu aléatoire puisque évidemment il est en plein milieu de la mer.
00:11 Donc si jamais il revient, vous me dites.
00:13 Le 12 novembre dernier, tous les deux, avec Sébastien Joss,
00:16 vous avez remporté la Transat Jacques Vabre dans la catégorie ultime.
00:20 Il vous a fallu 14 jours, 10 heures, 14 minutes et 50 secondes
00:24 pour faire ce trajet entre Le Havre et Fort-de-France.
00:26 C'est votre première victoire à vous sur la Jacques Vabre en 8 participations.
00:30 Qu'est-ce qui a fait la différence cette fois ? Pourquoi ça a marché ?
00:34 Pourquoi ça a marché ?
00:35 Déjà le fait de partir avec Sébastien parce qu'on n'avait jamais couru ensemble en double.
00:39 Donc c'est un marin d'exception, c'est un marin qui a une grosse expérience.
00:42 Il avait déjà gagné cette course il y a 10 ans.
00:44 Et puis c'est aussi tout le travail d'une équipe parce que bien sûr nous,
00:46 on est tous les deux sur notre bateau pendant la course,
00:48 mais on a toute une équipe qui nous aide à préparer les grands rendez-vous.
00:51 Et là, je crois qu'après deux années de travail,
00:53 on a réussi à trouver les petits réglages, à voir la fiabilité du bateau aussi
00:58 parce qu'on a quasiment eu aucun souci pendant toute cette course.
01:00 Et c'est ce qui a fait la différence par rapport aux autres bateaux et aux autres concurrents.
01:03 Alors, qu'est-ce qui se passe ?
01:04 J'ai envie de savoir, quand on est navigateur, qu'on a passé 14 jours en pas de mer,
01:08 qu'est-ce qui se passe quand on franchit la ligne d'arrivée et qu'on comprend qu'on a gagné ?
01:12 Déjà, quelques heures avant l'arrivée, on savait qu'on avait 11 gagnés,
01:16 on avait assez d'avance sur…
01:17 Vous aviez 5 heures d'avance sur Fort Saint-Gabart.
01:18 Sur Fort Saint-Gabart et Tom Laperche.
01:21 À part une grande catastrophe, rien ne pouvait nous arriver.
01:23 Donc, on a essayé de profiter un petit peu de ces moments-là avec Sébastien.
01:26 Nous, on a plus de 20 ans de course au large tous les deux,
01:28 on a vécu des grandes victoires, mais aussi des moments plus compliqués, voire très compliqués.
01:33 Donc, on s'est dit, il faut qu'on ressorte un peu la tête du bateau, qu'on profite des lumières.
01:36 Il faisait encore jour, on a pu apercevoir la Martinique.
01:39 Le coucher de soleil, c'était vraiment incroyable.
01:40 Et on profitait de ces moments-là parce que…
01:42 Qu'est-ce que vous avez ressenti ? Ça doit être incroyable.
01:45 C'est de la joie, c'est de la satisfaction, c'est un peu de la plénitude.
01:50 C'est des heures et des heures de travail, c'est beaucoup d'entraînement, c'est beaucoup de sacrifices.
01:55 Et puis, on a vécu un an auparavant une route du Rhum qui avait été compliquée pour moi
02:00 parce que j'avais dû faire demi-tour, il y a eu un problème technique sur le bateau.
02:03 Donc, j'étais reparti, mais j'avais terminé plutôt à la fin du classement.
02:06 Donc, on sait que la route tourne rapidement.
02:08 C'est votre première victoire depuis 2020, vous n'avez pas gagné de course.
02:11 Ça fait du bien de gagner de course.
02:12 Ça fait beaucoup de bien.
02:13 Ça met en confiance parce qu'on travaille, on sait qu'on n'est pas loin d'y arriver à chaque fois.
02:18 Mais c'est vrai que tant qu'il n'y a pas la victoire, c'est toujours un peu douloureux.
02:21 Et puis là, à quelques semaines d'un grand rendez-vous,
02:23 parce qu'il y a une autre course qui arrive très vite, ça met en confiance.
02:27 C'est quoi la première chose que vous avez faite une fois arrivé sur Terre ?
02:31 Alors, vous n'avez passé que 14 jours en mer, ce qui n'est pas énorme,
02:33 mais quand même, c'est quoi la première chose qu'on fait ?
02:35 Qu'est-ce qu'on mange, par exemple ?
02:37 Qu'est-ce qu'on mange ? On a mangé un bon repas déjà,
02:41 on a fait une bonne viande avec des frites, tout simplement, une chose assez simple.
02:45 Mais on était contents de retrouver la terre ferme, bien sûr,
02:48 de passer une vraie nuit aussi dans un vrai lit,
02:51 parce que sans être réveillé toutes les deux heures,
02:53 parce qu'avec Sébastien, on se relayait à la barre,
02:55 et donc on alternait comme ça pendant 14 jours.
02:57 Et puis très vite, il y a eu beaucoup de sollicitations, donc la nuit a été quand même très courte.
03:00 On a fêté ça avec l'équipe aussi quand même, donc on a bien rigolé, c'était sympa,
03:04 parce que c'est une vingtaine de personnes qui nous aident toute l'année,
03:06 donc on a aussi dû partager ça avec eux.
03:09 Et puis, comme il y avait le décalage horaire,
03:10 il fallait se lever très tôt pour les premiers rendez-vous.
03:13 Sébastien Josse est en direct avec nous au large des Açores.
03:16 Est-ce que vous nous entendez Sébastien ?
03:18 Oui, je vous entends très bien.
03:23 Bonjour à tout le monde.
03:24 Bonjour. Alors Sébastien, j'ai juste une petite question,
03:26 parce que quand même, ça met un petit peu de temps à arriver jusqu'à vous.
03:28 Comment vous avez décidé de naviguer ensemble tous les deux ?
03:31 Alors, je n'ai pas entendu, c'est à tout de suite.
03:38 J'ai entendu "naviguer ensemble tous les deux".
03:41 Alors, je vais vous poser la question à vous, Armel.
03:43 Comment vous avez décidé de naviguer avec Sébastien Josse ? Pourquoi lui ?
03:45 Sébastien, c'est quelqu'un qui a une grosse expérience, comme je disais tout à l'heure.
03:49 Il a beaucoup navigué sur différents bateaux, beaucoup en multicoc.
03:52 Et l'année dernière, en fait, je cherchais, enfin on cherchait avec l'équipe,
03:55 quelqu'un qui pouvait me seconder pour préparer la route du Rhum, notamment.
03:58 On prend souvent un remplaçant pour les courses en solitaire,
04:01 au cas où on peut se blesser à quelques jours du départ,
04:04 il peut prendre la place.
04:06 Ça m'était arrivé en 2014,
04:08 je m'étais blessé à la main à quelques semaines du départ,
04:10 et c'était Loïc Perron qui m'avait remplacé.
04:12 Donc Sébastien, c'était un peu mon remplaçant.
04:14 Et donc là, quand il y a eu cette proposition pour faire la Transat Jacob,
04:17 qui est une course en double, bien sûr, c'était l'équipier idéal.
04:20 Donc le choix était assez simple.
04:22 Et donc, il a répondu présent et on a préparé cette course ensemble.
04:25 Alors, comment on vit dans un espace aussi réduit ?
04:28 5 mètres carrés, je crois, c'est ça ?
04:30 5, 6 mètres carrés.
04:31 Comment on vit à deux ?
04:32 Il y a quelques règles de vie en commun.
04:35 C'est un petit peu de la colocation, donc on doit bien ranger ses affaires.
04:38 C'est un petit peu minutieux.
04:40 Donc j'essaie de…
04:41 Je sais que Sébastien, il laisse un peu traîner ses affaires,
04:43 donc je lui dis de temps en temps de ranger ses vêtements.
04:45 Mais on essaie de profiter de l'espace,
04:49 d'avoir un endroit pour dormir qui est commun.
04:53 En fait, on a une espèce de grand pouf dans lequel on va se relayer.
04:56 On a une petite cuisine, mais c'est vraiment spartiate.
04:58 C'est comme au camping, donc on a juste un réchaud.
05:00 Et donc, on a cet espace de vie qui est assez limité,
05:05 mais qui est largement suffisant pour une course en double,
05:07 surtout dans les conditions qu'on a eues.
05:09 On a quand même eu des conditions difficiles au départ,
05:11 mais après, les conditions étaient quand même assez sympas.
05:13 On était au niveau de l'équateur, il faisait très chaud.
05:16 Donc on navigue souvent en short t-shirt et ce n'est pas désagréable.
05:20 Pourquoi il est en mer, Sébastien Joss, là ?
05:22 Alors là, Sébastien, il ramène le bateau.
05:24 Il ramène le bateau à Lorient, c'est ça ?
05:25 Voilà, c'est vrai.
05:26 Il a la chance d'être en mer avec une partie de l'équipe technique.
05:30 Ils sont sept à bord.
05:31 Donc ils sont partis de Martigny il y a trois, quatre jours.
05:34 Ils devraient arriver en fin de semaine à Lorient.
05:36 Deux jours, on m'a dit à peu près.
05:37 Voilà.
05:38 Il lui reste deux jours.
05:39 Deux jours et donc ça permet au bateau de rentrer rapidement,
05:42 de ne pas mettre le bateau sur un cargo, ce qui est compliqué, ça coûte cher.
05:45 Ce n'est pas forcément très écologique.
05:46 Donc là, c'est idéal pour nous.
05:48 Et puis ensuite, on va le préparer pour une course qui va arriver très vite pour moi.
05:51 Début janvier.
05:52 Voilà, j'ai eu la chance de rentrer en avion parce que j'ai eu le droit de me reposer un peu.
05:56 C'est le tour du monde en solitaire, début janvier.
05:58 C'est pas où vous serez seul.
05:59 C'est ça.
06:00 Ça va ?
06:01 Ça va, ça va.
06:02 Ça va être un sacré défi.
06:03 Moi, j'ai eu la chance de faire trois fois le Vendée Globe.
06:05 C'est une course qu'on connaît bien.
06:06 C'est une course en solitaire en monocoque.
06:07 Là, c'est la première édition d'une course en solitaire en multicocque.
06:10 Ça ne s'est jamais fait.
06:11 On a rêvé de ça avec d'autres marins, avec Thomas Coville, avec Charles Caudrelier,
06:17 et d'autres grands skippers.
06:18 Et on va partir à l'aventure.
06:19 On va être les pionniers de ce grand défi.
06:21 Alors, j'ai une dernière question puisque le Multicocque Banque Populaire 11 est chargé
06:24 de convoyer la flamme olympique jusqu'aux Antilles le 7 juin prochain.
06:28 Il y a un grand secret autour de l'équipage.
06:30 Vous y serez vous avec Sébastien Joss.
06:31 Il y aura qui ?
06:32 Il y aura des personnalités françaises.
06:35 Vous ne pouvez pas nous dire un petit nom comme ça ?
06:37 Je n'ai pas trop le droit de dire, mais ce sont des gens que vous connaissez très bien,
06:40 qui sont connus du grand public.
06:41 Teddy Rayner, par exemple.
06:42 Il lui sera peut-être à préparer ses Jeux olympiques.
06:44 Ce ne sera pas forcément des sportifs qui seront aux Jeux olympiques cette année,
06:48 mais des gens qui ont une grande actualité, qui sont reconnus du grand public,
06:52 et puis surtout qui ont l'habitude de vivre peut-être dans un espace un peu réduit.
06:56 Thomas Pesquet, par exemple ?
06:57 Je ne dirai rien.
06:58 Très bien.
06:59 J'ai noté Thomas Pesquet.
07:00 Vous allez devoir garder la flamme olympique allumée pendant tout le trajet.
07:05 Sept jours entre Brest et la Guadeloupe.
07:07 C'est compliqué, non ?
07:08 Oui, c'est une grande mission.
07:09 Nous, c'est une grande fierté.
07:10 La course au large n'est pas une épreuve olympique,
07:12 mais la course au large à représenter avec notre bateau pendant cette traversée,
07:15 c'est une vraie fierté.
07:16 On va avoir la mission et l'honneur de traverser l'Atlantique avec la flamme.
07:20 C'est la première fois que ça se fait dans l'histoire de la flamme olympique.
07:22 Tout à fait.
07:23 Donc, c'est une grande mission.
07:24 On l'a amené aussi en Guadeloupe.
07:25 On va aller en Martinique et en Guadeloupe avec l'équipe pour voir les autorités sur place,
07:29 pour préparer l'accueil, l'organisation et la sécurité de l'arrivée de la flamme.
07:32 Donc, ça va être un grand moment.
07:33 Merci beaucoup, Armel Leclerc, d'avoir été avec nous.
07:35 Sébastien Joss, on n'a pas pu trop l'entendre, mais il était avec nous par la pensée.
07:38 Bravo pour votre victoire sur la Transat de Jacques Vabre.
07:42 C'était le dernier jour.
07:43 Merci beaucoup.
07:44 Merci à vous, Guélanon, qui vogue victorieusement sur les flots.

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